En... ENCORE ?!

« Cherche pas, tu l’auras pas… »  

Malgré tout l’aplomb de ma phrase, le rat qui me faisait face n’avait pas l’air de daigner voir ailleurs si mon lézard LMS y était. Ce dernier semblait d’ailleurs partager mon avis car il s’accrochait désespérément à mes cheveux, ne manquant pas  de m’esquinter le cuir chevelu. Ne désirant pas avoir un début de calvitie à mon âge, je jetais une pierre sur le rongeur à l’hygiène douteux. Je fus cependant forcé de constater que la caillasse n’y changeait rien.
Cachée dans la pénombre, cette saloperie me suivait depuis mon arrivé dans les égouts. Je l’aurais bien massacré à coup de pied si je n’avais pas été dans l’affreux doute que cette chose soit un élève transformé. Tout cela à cause de Primsver !  Cette école m’avait poussé à la paranoïa. A force de voir des abrutis se transformer en chèvre, cracher du feu, courir à la vitesse d’un guépard et j’en passe, j’avais maintenant un mal fou à ne pas m’interroger sur tout et n’importe quoi. Cet inconfort avait d’ailleurs un don certain pour m’irriter les nerfs. Non que je sois d’un naturel soucieux du bien être de mon prochain, cependant être accusé de meurtre ne faisait pas partie de mes ambitions futures. Quoi que… les égouts c’est plutôt vaste et profonds non ? Puis de toute façon, s’il n’était pas con, l’élève en question se retransformerait en humain pour me montrer que le code pénal s’appliquait à sa personne, n'est ce pas?

Soudain démunie de tout scrupule, je gambadais joyeusement jusqu'à la boule de poil aux petits yeux vicieux. Néanmoins, semblant enfin constater tout mon potentiel guerrier, la chose déguerpie sans demander son reste.  A moins que cela ne soit du au « putain » retentissant qui vint m’agresser les oreilles et celles, très certainement plus sensible, de la mocheté poilue. Curieux, je me demandais s’il s’agissait de ma prof qui s’était amusée à me chercher dans les tréfonds de ce labyrinthe de boyaux humides et crasseux. Subitement désireux de connaître l’origine de cette exclamation, je partis en trottinant jusqu’à la source du bruit. Bien Aimé, mon brave LMS, s’était détendu et reposait maintenant sur mon épaule, à la grande satisfaction de ma tignasse ébène.

Je progressais rapidement grâce à l’aide délicate que m’apportait le petit chapelet d’insultes qui avait suivis le « Putain » sonore. Je devais admettre que l’individu en question devait avoir une sacrée cage thoracique pour débiter autant de tendresses à un tel volume. Toute envie de m’en plaindre était néanmoins loin de moi car cela me faisait un divin GPS. Plus il continuait et plus aisément je m’orientais. Par ailleurs, j’optais maintenant d’avantage pour un élève en pleine crise existentielle que pour un adulte quelconque. M’approchant de la source de l’écho, je percevais maintenant les accents juvéniles de la voix. Un jeune homme. Très certainement de classe E vu la diversité ordurière que possédait son vocabulaire.

Finissant par entendre le bruit d’une démarche trainante, je m’arrêtais et jetais un rapide coup d’œil dans le couloir qui suivait l’angle qui me couvrait. Un mec châtain à l’air dépité progressait lentement, comme s’il avait vu sa mère périr dans les eaux vaseuses qui dévalaient les tuyaux géants. Alors que je décidais de faire une bonne surprise au nouvel arrivant, j’entendis un petit « splatch ».
Bien Aimé venait de se viander sur le sol avec toute la discrétion qui le caractérisait.  Son désir initial avait visiblement été d’atteindre l’araignée qui patientait sur la toile non loin de ma tête. Ambition qui avait été écourté par sa chute du haut de mon épaule. Comment une chose aussi petite pouvait faire autant de bordel ? Les mystères de la vie me direz-vous… J’envoyais donc un regard mi colérique mi blasé à la bestiole en me demandant une fois encore pourquoi je ne lapidais pas cet abruti fini. Bien évidemment, l’élève avait du l’entendre. Je donnais donc un petit coup de pied dans mon porteur de message qui en gémit d’indignation et je sortais de ma cachette.

Pouvant ainsi observer de tout mon saoul le roi de l’injure, je constatais qu’il était encore plus jeune que je ne l’imaginais. Un petit gosse qui n’avait même pas 14 ans. Bonjour l’éducation pour être aussi grossier ! Et puis franchement, se taper une crise existentielle dans un égout… plus pathétique j’avais du mal à imaginer. Hein ? Mon empathie vous emmerde.

"Hum… la voix délicate je suppose que c’était toi ? A ton âge, autant de grossièreté, ça à un arrière goût de blasphème. Je peux savoir ce qui t’a poussé à me niquer les tympans de la sorte ?"

Croisant les bras, je m’appuyais nonchalamment le dos contre un mur. Je bénissais mon long manteau bleu qui me protégeait de toutes les saloperies qui devaient grouiller contre mon support. Mes gants noirs étant tout aussi précieux dans ce contexte.
Du coin de l’œil j’observais Bien Aimé qui tentait d’escalader ma chaussure et je le poussais du pied. Il couina une nouvelle fois, et revint s’écraser contre ma chaussure. Il allait finir dans la flotte s’il continuait ce con… Puis je reportais mon regard sur le Roi de l’injure. Mes yeux bleus gris cendre reflétait un agacement que je ne ressentais pas. J’étais juste curieux de savoir comment il allait réagir à ma venue. Etait il toujours baigné dans un sentiment houleux où s’était il calmé comme un soufflet qui retombait brusquement ? Je l’ignorais et préférais tâter un peu du terrain avant de m’engager dans une stratégie quelconque. Moi lâche ? Pas du tout. Prudent serait un qualificatif plus juste. Voyez-vous, quand vous savez que certaines personnes peuvent contrôler votre esprit à distance, on devient plus sujet à tester l’autre avant de laisser libre court à tout l’aspect exécrable de son caractère. Chose d’autant plus applicable lorsque l’on est seul dans des égouts… Comme je vous le disais pour ce cher Marty (surnom affectueusement donné à la mocheté poilue), un cadavre disparait aisément dans ce type de contexte. Qui plus est, un accident est tellement vite arrivé… pas vrai ?

C’est sans grande surprise que je vis que le gosse n’avait pas l’air des masses rassuré par ma présence.  Il faut dire que dans n’importe quel film, c’était quand le héro se retrouvait à gambader dans un lieu lugubre qu’une personne douteuse venait à sa rencontre. Néanmoins nous n’étions pas dans une quelconque fiction, il pouvait donc m’adresser au minimum un coucou sympathique ! Ce n’était pas marqué psychopathe sur mon crâne tout de même ! Enfin je crois…

"...Ca te regarde ?"

Je clignais des yeux abasourdis. Le truc qui ne m’arrivait même pas aux épaules me causait comme ça ? Il n’avait pas vu les eaux troubles dans lesquelles je pouvais balancer joyeusement son cadavre? Soit il était très très courageux, soit beaucoup trop con pour son propre bien. Néanmoins, pour répondre à sa question, j’estimais que OUI ça me regardait. Tout ce qui m’intéressait me regardait, que cela plaise ou non. De plus, m’ayant niqué les tympans, il pouvait tout de même bien m’expliquer la cause de son monologue au combien poétique non? Ah moins qu’il n’en est honte?

"Et, mais... Tu es là toi »

Apparemment oui. A moins qu’il ne me considérait comme une pure invention de son esprit. Ce qui était possible car rien ne me garantissait que se mioche avait toute sa tête. En faite, certains évènements m’amenaient même à sérieusement envisager l’hypothèse des troubles mentaux.

« ... Dans cet endroit... »

Ouai, j’aimais les égouts. C’était bien le dernier endroit où les profs auront envie de venir me chercher. Le seul inconvénient étant l’aspect insalubre des lieux. J’aimais autant la crasse et les rats que le corps enseignant ma divine personne. Néanmoins, sans l’aspect repoussant de ma cachette, cette dernière n’en serait plus une. Au final c’était donc un bien pour un mal, même si la perspective de devoir mettre 30 ans à me décrasser ce soir sous la douche me réjouissait peu....voir même pas du tout.

« Comment t'es arrivé là ? »

Avec ma Batmobile… Non mais franchement. Il n’avait pas mieux comme question? J’étais bien évidemment venu à pied.  Plus précisément en courant car peu désireux de me faire choper.

« Je veux dire... Tu sais comment sortir ?! »

Évidemment. Faut être con pour s’aventurer dans de pareil labyrinthe sans connaître la sortie. Surtout que de se repérer n’avait rien de compliqué. Il suffisait de mémoriser les intersections ou alors de se laisser des repères visuels au fil de la progression. Rien de bien sorcier. Néanmoins, vu l’intonation et la graine d’espoir qui semblait avoir germé dans la voix du mioche, j’en déduisais que ce marmot avait réussi à perdre son sens de l'orientation.
Doooooooonc, il avait l’air d’avoir besoins de moi n’est ce pas ? Hum…ce n’était pas lui qui m’avait envoyé bouler dès le départ? Si hein…  
Ca ne se foutait pas un peu de ma gueule par hasard ? Déjà, est ce que j’avais l’air d’un abrutis de bon samaritain ? NON! J'étais le Mal et l'incarnation de l'égoïsme par excellence! Même moi je daignais bien l'admettre!
Bref, suite à sa dernière question, je lâchais un rire sarcastique et lui tournais le dos. Tout en m’éloignant pour retourner m’enfoncer dans ce labyrinthe de boyaux crasseux, je lançais avec un ton narquois.

« T’as raison, ça ne me regarde pas au final. »

Puis, tournant juste la tête pour le regarder du coin de l’œil tout en continuant de m’éloigner, je lâchais en découpant lentement chaque syllabe :

« Dé-mer-de. Toi ♥ »

Pardon ? La non assistance à personne en danger ? Bah il avait l’air d’aller très bien! Et puis il allait bien finir par trouver la sortie avant de se faire bouffer par les rats non ? Enfin, je lui le souhaitais. Parce que les rongeurs, que ça les regardes ou pas, ils sont du genre curieux. Surtout dans le domaine gastronomique!

Bonjour, bonjour !
Où en est ce rp ? Est-il toujours en cours, ou est-il abandonné ?
Merci de ne pas répondre à ce message et de poster la suite normale du rp. Ce message sera supprimé après.
Vous disposez d'un mois pour donner des nouvelles. ♥