Let me sing if I want and let me alone [PV Noah]

La cuisine. C'était mon sanctuaire, et c'étais à peine si j'y laissais un autre membre de la cabane y entrer sans ne pas y réprimer une envie urgente de lui hurler au visage pour sa frasque impardonnable. Elle m'appartenait, cette cuisine. À moi et à moi seul. Elle était à moi pour la simple et bonne raison qu'aucune personne de ma cabane n'étais foutu de savoir cuisiner, et j'étais donc le préposé aux plaques. C'est moi qui m'occupais des faires vivres et j'en étais heureux, excepté pour Tom. Car ce blond, tout ce qu'il savait faire, c'était insulté ma cuisine et l'amour que je portais à mes plats même si je prenais la peine de toute faire cela pour lui. Il ne se gênait aucunement pour me faire part de son avis que j'acceptais sans broncher car il daignait tout de même manger ma cuisine, mais je trouvais qu'il forçait violemment le bouchon. Je ne l'endurais plus, celui-là. Au tout début, j'étais capable de le supporter, mais maintenant dès que je vois son visage dans un miroir, c'est à peine si je m'interdis de détruire ce fameux miroir à l'aide de mes poings sur son reflet.

En parlant de cuisine, étais-je réellement obligé à préciser que j'étais dans celle-ci, silencieusement occuper à cuisiner ? Ce soir je ne serais pas là, alors je préparais leur dîner à l'avance, prêt à être dégusté avec tout le dégoût de notre blond exécrable. La prochaine fois qu'il me fera une remarque, je pense sérieusement à empoisonner son repas. Les minutes passaient calmement et discrètement alors que soudainement, je put distinguer la porte d'entrée de l'appartement s'ouvrir. Je jetais donc un coup d'oeil subtil, espérant que la seule personne qui se tenait maintenant devant la porte était Kelya. Cependant, je put constater avec regret que je n'avais aucune chance aujourd'hui ; monsieur Tom Castor était arrivé, probablement déterminé à me faire tourner en bourrique ce soir.

« Dommage, petit castor. Je ne suis pas là ce soir, murmurais-je dans ma barbe avant de pénétrer de nouveau dans la cuisine. »

N'ayant pas l'air de m'avoir entendu, il s'étala sur son lit avant d'enfiler ses écouteurs et de commencer à chanter allègrement. Oh non, s'il vous plaît. J'avais connu de véritable supplice dans ma vie, mais celui-là était probablement le pire du pire. Je me raclai donc faiblement la gorge, comme si je réavalais un « ferme ta gueule, le castor. » avec mépris. Vraiment, il me poussait à bout.

Désolé de ne pas t'avoir répondu vite. ❞

Soudainement, le blond arrêta de chanter et je put constater des bruits de pas se diriger vers la cuisine. Simple et nonchalant, comme s'il ne se souciait aucunement des dangers qu'il courait en s'infiltrait ainsi dans la pièce. Une casserole vide et autre petites babioles avait été abandonner avec mépris sur le côté du comptoir. C'est au moment où je remarquai ces objets que Tom pénétra dans la cuisine et se dirigeait vers le frigo pour y attraper un aliment quelconque dont je n'y portais aucune attention. Il faut dire que ce n'est pas comme si je me préoccupais de lui, mais comme je devais également m'occuper des courses comme j'étais le cuisinier de la cabane, je n'appréciais pas que l'on vide les stocks aussi rapidement.

« Wow. Ca pue ici. Il y a eu quoi, une boule puante ou je sais pas quoi ? »

'' C'est parce que tu viens d'entrée dans la cuisine, idiot. ''. Voilà ce que j'aurais voulu lui cracher au visage. Cependant, j'étais beaucoup trop respectueux pour le faire, et me contentais donc de ne pas réagir face à cet élève plus qu'indiscipliné.

« Ah non. C'est juste toi qui fait de la bouffe. Pitié. Dis-moi pas qu'on va devoir manger ça ? Juste à voir la tête que ça a ça donne pas du tout envie. Tu devrais sérieusement songer à t'améliorer. Conseil d'ami. »

Ah oui. La fameuse casserole. Je l'empoignais d'une main ferme puis pivota rapidement sur moi-même avant de la lui balancer au visage avec force. Ce n'était pas car elle agonisait, seule, sur le comptoir que je ne pouvais pas l'utiliser et dans le cas précédent, je recquérais efficacement sa présence.

« Tiens, prends-la. Elle te servira de choeur lors de tes entraînements de chant. Les casseroles doivent coopérer et s'épauler entre elle-même, non ? Tu chante comme une casserole, vos voix s'harmoniseront donc très bien, lui répondis-je sérieusement, lui renvoyant son insulte au visage. »

Moi, colérique ? Je ne vois aucun lien ou indices par rapport à ça. Es-tu capable de le prouver, avant d'affirmer une telle chose ? C'est bien ce que je croyais, alors contentes-toi de fermer ta grande gueule et de lire la suite.

C'était donc sur cet air un peu plus tendu que je retournais à ma cuisinière, Tom sur les talons avec sa pomme dans la bouche. Oh mon Dieu qu'il me faisait penser à quelque chose que j'avais aperçu auparavant, mais quoi ? Je me grattais donc le menton, pensif et m'exclamai bruyamment et sans gêne :

« Ah oui, c'est ça ! Tu ressembles aux cochons dans les films. Tu sais là, ceux qui sont étendus dans un plateau avec une pomme dans la gueule ? admettais-je, hilare. »

C'est court désolé. ❞

« Puisque je ressemble à un cochon autant me comporter comme tel. »

'' Tu te comportes déjà comme tel, imbécile. ''. J'avais une fois de plus gardé la réplique pour moi et me contentais de regarder le castor blond faire ce qu'il désirait faire. Ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à en branler de lui et ses conneries, mais il allait bien finir par comprendre qu'avec moi, tout ce que je n'endurais pas finissais mal. Il s'approchait donc de la cuisinière et attrapa la poignée avant de secouer le récipient de tous bords tout côté, menaçant à tout manger de jeter le repas au sol. Néanmoins, je me contenais et le laissais s'amuser tel un enfant avec l'objet, retournant mon dos pour couper des légumes. La planche sous l'aliment et le couteau par-dessus ce dernier, je m'apprêtais à commencer mais j'eus soudainement l'idée de prévenir Tom de bon coeur.

« Oh, c'est gentil d'essayer de m'aider à faire la cuisine, mais tu vas tout ruiner. Si au moins tu pourrais être aussi efficace une fois de temps en temps, c'est tellement rare mais malheureusement, je pense qu'il serait préférable autant pour toi que pour notre colocataire que leur dîner soit mangeable. Je ne cuisinerai rien d'autre excepté cela, donc si tu t'amuses à en faire un dégât, tu te passeras de repas, avouais-je naturellement. »

Si ça pouvait l'amuser de jouer avec la nourriture, cela m'importait peu. Il n'allait probablement que mourir de faim pendant la soirée, et j'étais assez gentil pour lui éviter une fin aussi affreuse. Car oui, peut-être que ça ne paraît pas tant que cela, mais au fond je suis tout de même un minimal agréable envers mes ennemis. Enfin, ça dépend pourquoi et pour quelle cause. Ouais, en fait je me foutais légèrement qu'il meurt de faim. Je ne le prévenais que pour que Kelya puisse librement se rassasier lorsqu'elle arriverait. Je retournais donc à ma planche et mes légumes avant de les scier en plusieurs sections, prêt à faire évoluer mon plat. Je savais que Tom ne désirait pas être affamé ce soir et qu'il n'aurait strictement pas le goût de devoir payer du restaurant alors qu'il aurait pu se sauver bien de l'argent en restant calme et distingué. Et s'il oserait, je l'aurais tout simplement laissé nettoyé le sol et j'aurais laissé Kelya se disputer avec lui pour se faire payer son assiette du soir. Ce n'était pas que, sur le coup de la frustration, elle pourrait faire exprès de prendre le plus cher repas pour enrager Tom de sa stupidité, mais oui. Ce serait son problème après tout et pas les miens. Je n'avais pas à m'occuper de ce qu'adviendraient les conséquences de Tom par rapport aux dégâts qu'il menaçait de faire.

C'est court sorry. ❞

« Je-Je pe-peux f-faire quelque chose po-pour t-aider ? »

Si j'aurais été occupé à vider un verre d'eau, j'aurais pu jurer que j'aurais tout craché. Tom, qui tentait vainement d'être sympathique à mon égard ? Hallucinant. J'en étais même bouche bée. J'aurais sans regret accepté son aide, mais comme Tom n'était qu'un bon à rien en ce qui concernait la cuisine, je préférais avec raison refuser son offre. Des plans pour empoisonner Kelya, la pauvre. Je ne pouvais me permettre une telle erreur, quoique le pauvre blond requière bien quelques bases en la matière. Cependant, la question était : pourquoi lui ferais-je une telle faveur ? Il ne méritait aucunement une telle aide, après tous les sales coups qu'il avait planifiés dans mon dos. Nous étions nées pour se détester, avoir une rivalité sans bornes. Collaboré avec lui n'aurait aucun sens. Néanmoins, étant quelqu'un de bien élevé et poli, je me contentais de lui dire qu'il n'était pas nécessaire de m'aider et que je n'avais pas besoin d'aide dans le moment présent, même si en fait je ne désirais qu'éviter les désastres affreux qui pourraient advenir car Tom s'amusait dans ma cuisine.

« Je pense être amplement capable de me débrouiller pour le moment. Ton aide ne ferait que me retarder en vérité, et selon moi. Pourquoi ne pas t'occuper des autres détails dont il serait temps que quelqu'un s'occupe, tel que la lessive ? »

Ce n'était pas car je voulais être désagréable, mais probablement par pure sécurité. Je ne cherchais pas à ce que ma seule maison flambe telle une torche, non merci. Je pense que Tom allait être apte à s'occuper plutôt de la lessive ou de quelque chose d'autres, plutôt que de vouloir m'occuper à faire la cuisine. De toute façon, si j'aurais accepté, il aurait été probable que cette scène de paix et d'harmonie finit en bataille sur le sol de la pièce.

C'est, une fois de plus, court. Pardon. ❞

« Ah, tu crois que je peux pas cuisiner bien ? On va voir ça. »

Je réprimais un énorme éclat de rire à l'intérieur de moi-même sur le coup. C'était quoi cette crise, sérieusement ? Il ne fallait pas prendre mon commentaire du mauvais côté, il fallait juste savoir assumer la vérité. J'esquissais un sourire mais ce dernier disparu rapidement lorsque j'apercevais Tom empoigner mon matériel d'une main ferme. Mon matériel, oh ça non. Des moyens pour devoir m'acheter une nouvelle panoplie ou quoi ? Il allait détruire mon matériel, cet incapable, et je ne le prenais pas du tout. Cependant, je ne chignais pas et me dis que j'allais l'obliger à ré-acheter mon matériau si jamais un d'eux n'étaient-ce qu'égratigner. Lorsqu'il s'agissait de ma cuisine, j'étais plutôt sévère.

Je retournais donc à la préparation de mon mets, légèrement vexé de son aisance dans la salle. Il était énormément perturbant, pour tout dire. Je l'entendais cuisiner à l'opposé de la pièce et je réprimais un haut-le-coeur.

« Je ne sais pas ce que tu essayes de cuisiner, mais je ne compte aucunement goûter à l'atrocité que tu t'apprêtes à créer, lançais-je naturellement. »

Il n'y a rien à savoir. Une douce odeur de piment se laissait propager dans la pièce silencieuse alors que Tom et moi étions toujours préoccupés par notre plat. Attend... du piment ? Pourquoi y avait-il cette drôle odeur de piment alors qu'aucun d'entre-nous n'en utilisait ? Ce crétin de castor devait être occupé à concocter un poison pour intoxiquer la pauvre Kelya qui allait probablement goûter la création du cher blond. Je roulais des yeux et dessinais un faible sourire sur les coins de mes lèvres à cette idée puis retournais à ma cuisine.

« Tu feras attention de préciser à notre chère colocataire qui à cuisiner quoi. C'est une mesure de précaution très importante, tu sais. »

Moi, méchant ? Je sais qu'il se forçait, du moins, qu'il donnait l'impression. Car en vérité, il était évident qu'il ne cherchait pas à bien faire les choses vues l'odeur de piment envahissant la pièce et sa mixture à la couleur intrigante. Je n'allais même pas prendre la peine de m'approcher de son poste de travail pour ma sécurité, n'osant pas risquer d'exploser comme une vulgaire bombe atomique. Son poste allait certainement donner l'impression d'un champ de bataille d'ici quelques minutes, et personne à l'exception de Tom n'allait ramasser ce futur désastre. Les seules personnes qui allaient manger sa cuisine n'étaient rien d'autre excepté des suicidaires, voilà tout.

J'espère que ça te plait. ❞

Du coin de l'oeil, j'observais l'atrocité qu'il était en train de mettre au point. Dégoûtant. Ça ne ressemblait à rien du tout, franchement. Je déposais donc le plus naturellement possible mes objets et mettais en pause mon activité pour sans gêne, m'approcher de la création du blond. Dégoût total, dix sur dix. J'avais l'impression d'être devant ce genre de mixture infecte et verte plein de bulle accompagné de magnifiques yeux qui flottent à la surface. Ça semblait grumeaux. Non, s'il vous plaît, c'est une honte à l'art gastronomique. Je me penche sous les yeux de Tom et prends une gigantesque bouffé d'air avant d'apporter ma main à ma bouche et de me retourner, fixant le réfrigérateur avec intensité. Ne pas vomir, ne pas vomir. Ce serait de l'irrespect. Même s'il le mériterait, j'étais trop bien élevé pour lui vomir au visage. J'essayais donc tant bien que mal de reprendre mes esprits et retourner à ma cuisine sans dire un mot. Ça avait une forte odeur de piment, de sucre, de lait et de chocolat. De plus, comme ça ne suffisait pas, il devait y avoir une texture pâteuse au tout. Un enfant n'aurait pas fait pire.

« Je ne dirai rien excepté ça ; penches-toi et sens. »

Ouais. Donnes-toi mal au coeur toi aussi. Rends-toi compte à quel point un défi de cuisine contre moi ne t'apporterais à rien. Maintenant que l'odeur s'est incrusté dans mon nez, elle me suit partout. Je ne désire que sauté dans la douche et me lavé à fond. Ou une combinaison antigaz, ce serait également utile. Il va foutre un bordel pas possible et ça va sentir la mort aux quatre coins de la salle, qui va nettoyer tout ça ? Les petits contenants de Febreze ne suffiront pas et les chandelles aromatisées non plus.

J'ai mis un temps pas croyable à répondre, pardon. ❞

Comme un imbécile, après avoir exécuté mon ordre et entrepris de jeter l'exécrable mixture, il se vautra comme une misérable merdre sur le sol, renversant le contenant dégoûtant sur le sol. J'éclatais donc de rire sans gêne, étant littéralement plié en deux par la malchance incroyable que Tom avait. Il sait rien faire excepter du sport, insulté et se disputer celui-là. C'est vraiment trop ridicule, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi incapable.

« Putain, tu ne serais même pas assez bon pour tourner des boulettes de viande chez McDonald's, tentais-je vainement d'articuler entre deux fous rires. »

Je le laissais donc quelques secondes seules dans la cuisine, me dirigeant à la place dans le placard et en empoignant un seau et une serpillière. Je revinsse par la suite dans la pièce, ouvrant l'évier et remplissant le seau d'eau bouillante. C'était le minimum que je pouvais faire pour réparer son dégât, mais je ne comptais aucunement l'aider à nettoyer. Je lui apportais les matériaux, c'était déjà un bon geste. Je n'aimais pas assez le ménage pour aider mon ennemi à régler ses petits problèmes de malchance. À force, il avait fait parvenir à faire brûler son dîner et celui de Kelya, quelle gourde il est. Vraiment Tom, tu est pitoyable.

Une fois fini, je ferme l'évier et dépose la serpillière et le seau à ses côtés et retournais à mon four avant que ma préparation ne brûle pas sa faute. Ce n'est pas que ça me ferait chier, mais oui. Pour un imbécile comme lui, j'exploserais littéralement de rage, mais il m'aura bien fait rire. Je ne disais donc rien, me contentant d'attendre le prochain spectacle qui s'annonçait à moi ; Tom qui fait du ménage. Il ne manquerait plus que le superbe habit de maid et le compte serait bon. Trop bon. Il ne resterait qu'à filmer et à poster sur Youtube.

Pardon c'était long. ❞