Rêve arraché. | Pv R. Amy Williams.

« The reality is too hard for me. »

R. Amy Williams & Kyara A. Scarlet.

La lumière envahit la pièce. Ses yeux s'ouvrent brusquement, elle sursaute. Son rythme cardiaque s'accélère légèrement. Cours. Elle doit se lever. Faiblement, lentement, comme si elle était morte, ses membres la soulèvent, elle se redresse. Bâillant, grattant son crâne. Le peu de motivation se voit dans ses yeux, tout comme la fatigue. Ses cernes, sur-développées depuis si longtemps, semblent être une part d'elle-même, qui plus jamais ne partirait.

Un long soupir de lassitude s'échappe d'entre ses lèvres, Kyara n'a décidément pas envie de travailler. Comme d'habitude, elle attrape son sac, contenant uniquement des mangas et des jeux, ses vêtements. Elle se vêtit rapidement, laissant sa coiffure ébouriffée telle quelle. Semblable à un zombie, elle sort de sa chambre, laissant derrière elle un lit mal fait, l'oreiller encore légèrement mouillé par sa bave.

La traversée des couloirs s'avère plus laborieuse que prévu. Bon nombre d'élèves courent pour ne pas arriver en retard en classe, alors qu'elle, pauvre petite chose brune qui zig-zag entre eux, marche aussi vite que si elle avait la vie devant elle. Effectivement, pourquoi se presser pour côtoyer des inconnus ? Aucune idée.

Bercée d'illusions, coincée dans son monde, Kyara ouvre discrètement la porte de la salle de cours, et se glisse jusqu'à une place. Là, le bonheur peut commencer. Au milieu du tumulte des élèves rechignant l'apprentissage normal, elle ouvre son premier tome, elle sort une boite de Pockys, et entreprend sa lecture tranquillement, grignotant les bâtonnets en guise de petit déjeuner. Petit déjeuner qui manque cruellement de jus de fruits, mais le temps n'y est plus.

Incapable de lever les yeux, elle ignore les cris et le chahut de ses camarades de classe, se contentant d'éviter du mieux qu'elle peut les projectiles lancés par les plus violents. Du bout de papier au livre, ils n'hésitent pas à détruire tout ce qui se trouve dans la pièce, les changeant en arme de "combat".

Mais Kyara est hors de tout ça. Elle n'y prête pas attention. Pour elle, personne ne l'embêtera, personne ne voudra même lui adresser la parole. Elle vit dans son monde depuis ses dix ans, et en sortir ne lui est jamais venu à l'esprit. Perdue dans les pages de son manga, elle s'autorise un maigre sourire tout en mastiquant ses gâteaux.

Constamment, elle rêve. Inconsciemment, elle semble dormir. Pourquoi la réveiller ? Elle ne gêne personne. Mais les esprits indéchiffrables des personnes présentes dans la classe pourraient se sentir visée par son indifférence.

« Au bord de la crise de nerfs. »

R. Amy Williams & Kyara A. Scarlet.

Plongée dans son manga, elle laisse ses pupilles vertes parcourir chaque case, passionnée. Enfin, enfin elle va savoir si Usui et Misaki vont s’embrasser. Depuis le temps qu’elle attend ça … Quelques rougeurs tapissent ses joues, une étrange chaleur enfle dans son bas-ventre. L’excitation de la révélation lui aurait arraché un cri si elle n’était pas dans une salle de cours. Dans sa bulle, dans son monde, Anarchy a presque l’impression d’être à l’intérieur de ce monde.

« Hé ho, on est en cours. En cours, on étudie, tu sais ? »

Sursaut. Anarchy essaye de sa cacher à l’aide de son livre, désormais toute rouge. Analyse : voix féminine, vu la hauteur elle n’est pas si grande, mais pas trop petite non plus. Zut, crotte, oups, et puis merde tiens ! A côté d’elle. Assise. Echec pour l’analyse de la taille. La brune jette un tout petit regard à l’inconnue, et sursaute une nouvelle fois. Bon Dieu, elle a pas l’air content. Lentement mais sûrement, elle abaisse son manga, fixant nerveusement la table. Si elle était un animal, par exemple un chien, sa queue remuerait si vivement qu’elle en aurait mal aux fesses.

Merde. Chien. Animal. Un aboiement trèèèès lointain retentit. Anarchy se mord vivement les lèvres. C’est pas elle, c’est pas elle, c’est pas elle. Bien sûr que si c’est elle. Ses yeux émeraude se tournent rapidement, une nouvelle fois, vers la fille. Cheveux châtain. Une bonne informa-… Wait. Elle a posé une question y a au moins cinq minutes, Nana va se faire tuer … Elle inspire profondément, toujours plongée dans la contemplation du bois droit devant elle.

« J-je … »

Elle se rappelle plus la question. Anarchy serre les poings, eux-mêmes posés sur ses cuisses. Flûte. Pour être polie. Elle se gratte mentalement le crâne, paralysée extérieurement. Vu la tête de cette inconnue, c’est pas bon pour sa pomme. Son rythme cardiaque s’accélère, tout comme sa respiration. Stress. Stress. TROP DE STRESS AAAAAH !!!

Inspiration. Expiration. Elle tentait de se calmer, de ne pas trop paniquer. Ses yeux se ferment lentement, elle continue son exercice de respiration. Elle veut juste oublier cette fille, faire comme si elle était seule. Mais comment oublier ce regard posé sur elle, agacé, froid et méprisant ? Elle a l’impression que sa nuque gèle, que ses os vont se briser sous cette pression trop intense. Ses joues brûlantes font contraste, elle bouillonne et elle gèle en même temps.

Sous le coup des émotions trop fortes, la brune se redresse brusquement, et jette un regard effrayant à sa voisine. Sa voix fluette tremble, comme si elle était menacée par une arme blanche chargée et prête à lui éclater la cervelle.

« J-je … S-sais pas c-ce qui te gêne ch-chez moi … M-mais … J’ai rien fait d-de mal. »

Droite sur sa chaise, elle se remet à fixer droit devant elle … Et se prend un livre en pleine tête. Un gémissement de douleur terrifiée lui échappe, elle retient ses larmes. Bon Dieu, celui qui a fait ça va … Va … Non, elle aura jamais le courage de faire quoi que ce soit. Elle prend le bouquin, elle le pose sur sa table calmement. Cre-scen-do. Ses émotions vont ainsi. Une espèce de colère la fait frémir, elle tripote nerveusement l’ouvrage, et finit par le lancer au hasard dans la pièce.

Bruits, bruits, bruits. Boucan, même. Un sourire stressé étire ses lèvres abîmées, elle jette un nouveau regard à sa voisine.

« A-alors ? Qu-qu’est-ce que tu voulais au juste ? »

Comme d’habitude, elle balbutie. Ca l’exaspère, mais son coeur bat trop vite pour elle. Si ça continue comme ça, elle va tomber dans les pommes en plein cours.

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