I will help you [Pv Tinou ♥]

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Coucou, je me présente : ton futur ange gardien.

Cours banal dans la salle des B. Une trentaine d’élèves penchés sur leur feuille, prenant consciencieusement des notes tandis que le professeur dicte son cours. Routine imperturbable, sauf rares exceptions. Mais ce matin, tu avais beau être présente, noter ton cours, ton esprit n’était pas vraiment là. Ton stylo glissait sur le papier comme mue d’une volonté propre quand toi, tu pensais à complétement autre chose. Ton regard, dans le vague, finit par se poser plus ou moins consciemment sur le petit nouveau de la classe : Corentin Bolton. Le jeune homme était placé à côté de Hamish et semblait relativement bien s’entendre avec lui, mais c’est bien la seule personne avec qui tu l’avais jamais vu parler. A croire qu’il restait volontairement à part. Sans compter que son visage tout entier appelait à l’aide, que son regard perdu t’en rappelais un autre, que tu n’avais pas su voir assez tôt. Il fallait croire que la détresse était un trait récurrent chez les Bolton …

Après une très brève hésitation, tu étais allé voir Mercedes, votre aimable secrétaire préférée qui, heureusement, appréciait assez ton calme pour ne pas t’envoyer balader quand tu lui demandais des informations, pour lui demander s’il existait bien un lien entre les deux Bolton et quel en était la nature. C’est ainsi que tu avais appris que Corentin n’était autre que le cousin de Drew. Tu te mordillas la lèvre, légèrement, un peu hésitante sur la conduite à tenir. Tu ne voulais pas lui parler tout de suite du défunt, ni lui dire que tu avais été t’informer sur lui, un peu flippant quand-même, et tu avais surtout peur qu’il ait l’impression que tu n’allais le voir que pour ce lien de parenté. C’était certes la première raison qui t’avais poussé à t’intéresser à lui, mais c’est son regard qui t’avais convaincu qu’il fallait que tu ailles le voir. Qu’il fallait que tu l’aides. Et cette fois, tu ne ferais pas la même erreur qu’avec Drew, tu ne lui laisserais pas le choix entre glisser dans des ténèbres quelconques ou s’accrocher et vivre. Sa façon d’agir te laissait à penser qu’il s’accrochait encore assez par lui-même pour que tu puisses l’aider, qu’il avait encore assez envie de s’en sortir pour prendre la main que tu lui tendais.

La fin du cours étant annoncé, tu manœuvras pour sortir de ta place et fis rapidement avancer ton fauteuil jusqu’au jeune homme. Tu respiras longuement sur le chemin, puis t’arrêtas face à lui, en lui offrant ce sourire lumineux qui n’appartenait qu’à toi. Pour être honnête, cela ne faisait pas énormément de temps que tu arrivais à sourire ainsi à nouveau et ils étaient encore légèrement plus rares qu’avant. Mais ils n’étaient plus forcé comme c’était le cas il y a encore un mois, ils avaient retrouvé cette spontanéité qui les rendait aussi beaux et sincères. Puis ta voix s’éleva, douce, pleine de gentillesse, une voix qui cherche à mettre en confiance, parce que tu n’oubliais pas que tu forçais actuellement clairement la main au jeune homme qui n’avait peut-être pas la moindre envie de te parler, alors autant faire bien les choses.

« Corentin, c’est ça ? Tu es nouveau ici, pas vrai ? Moi c’est Selphie, Selphie Nyström. Je connais le pensionnat comme ma poche depuis le temps que je m’y balade, alors si tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit, n’hésite pas ! »

Au moins, pour le moment, tu n’avais pas trop l’air de harceler le pauvre garçon qui ne t’avais rien demandé, c’était déjà ça ! Tu t’interrogeas vaguement, ignorant s’il avait déjà fait attention à toi ou à ton fauteuil. En général, son effet était extrême : ou il gênait affreusement, ou le regard de la personne en face se faisait plein de pitié. Parfois, associé à ton sourire, il créait attendrissement ou admiration. C’était en général une assez bonne information sur la façon dont la personne agirait envers toi. Sûrement était-ce aussi le cas pour lui, avec sa cicatrice. Tu avais d’ailleurs agis face à ça comme tu aimerais qu’on le fasse avec ton fauteuil : sans ne fixer qu’elle, sans chercher pour autant éviter à tout prix de la regarder, en agissant simplement comme si elle faisait partie de lui, puisque c’était le cas, et que sa présence ne changeait rien, ce qui était également le cas, au moins pour toi.

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Sweetie.

« Raaaah, je comprend rien ! Tu comprends toi ?!»

Hamish acquiesce, me dit que c’est pas si compliqué, et qu’il m’expliquera. Je fronce les sourcils, le regarde, vexé, jaloux aussi. Un coup d’oeil vers les autres; tout le monde écrit tranquillement. Ca n’a l’air de déranger personne; y’a que moi qui capte rien à ce cours ?!

Le prof annonce la partie suivante, et je me rend compte que ça correspond pas. Il en est au 5, moi au 4. Y’a un problème. Je grogne, étale mes feuilles, les retourne dans tout les sens, repère les numéros, cherche, rectifie, fout un joyeux bordel pour comprendre pourquoi, diable, j’en sus pas au même niveau que le prof et le reste de la classe. Hamish se moque gentillement, me conseille de continuer d’écrire et de voir ça après. Et me voila déja en retard, à recopier ses notes à lui parce-que le prof m’a largué depuis cinq bonnes minutes.

Epuisant.

La cloche sonne, et je décide de rester quelques secondes, rattrapant les notes que j’ai loupé sur ses feuilles, et remettant au clair mes numéros de parties. On a pas cours après, de toute façon, j’ai le temps. Et tout le monde a quasiment quitté la salle quand je me lève enfin, prenant soin de bien ranger mes feuilles dans mon classeur, dans lequel je me pince le doigt, pestant et l’enfournant dans ma bouche en grognant de douleur.

« Corentin, c’est ça ? Tu es nouveau ici, pas vrai ?» J’me retourne vivement, mon pouce encore dans la bouche, que j’enlève aussi vite que je l’y ai mis, essuyant ma bave sur mon tee-shirt avec grande classe.

« Heu, ouais ! »
« Moi c’est Selphie, Selphie Nyström. Je connais le pensionnat comme ma poche depuis le temps que je m’y balade, alors si tu as besoin d’aide pour quoi que ce soit, n’hésite pas ! »
« C’est gentil. »

Je lui adresse un sourire timide, passe ma main dans mes cheveux, légèrement gêné. D’habitude, je m’applique a être grognon, farouche, mais là, elle m’a juste pris de cours. Mon regard glisse sur son fauteuil un instant. Mmmh. Un détail, rien de plus. Ce n’est pas moi qui vais juger le handicap d’une personne. Mais je salue sa joie de vivre malgré une telle blessure, bien aussi visible que la mienne, quoi qu’encore plus encombrante. Je détaille quelques secondes son visage. Elle me fait penser à un bonbon. Elle est là, toute douce, souriante, adorable. Comment la rejeter... ? Je range mes affaires dans mon sac en bandoulière, et nous regardant timidement, on sort l’un après l’autre de la salle. Je jette un oeil à ma montre. « On a donc une heure de libre d’ici le cours de maths... » Je regarde autour de moi, cette saleté d’Hamish s’est fait la malle. Bah. « Qu’est-ce qu’il y a à faire ici, quand on a une heure à perdre ? » Je tente un sourire, même si c’est bien une expression à laquelle mon visage n’est pas habitué, et ça se voit. Mais à cet instant, j’ai décidé, pour une fois, de faire preuve d’un peu de bonne volonté. Peut-être que c’est l’effet de Miss-Bonbon, qui sait.

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Coucou, je me présente : ton futur ange gardien.

Il esquisse un léger sourire, passe sa main dans ses cheveux tandis qu’il te remercie, semble gêné ; et pour être honnête, tu trouves ça attendrissant, comme pourrait l’être un petit enfant. Ou un poussin. Enfin vous voyez. Il se détourne finalement de toi pour ranger ses affaires et tu l’attends un peu pour passer la porte, restant à ses côtés sans vouloir trop imposer ta présence. De toute façon, quand bien même il préférerait rester seul pour cette fois, ce n’est pas comme si tu en resterais là, n’est-ce pas ? Finalement, après avoir rapidement regardé l’heure, il évoque le trou dans votre emploi du temps et semble chercher quelqu’un du regard. Hamish tu supposes, ne l’ayant encore jamais vu avec quelqu’un d’autre.
Tu regardes à ton tour, ta vision étant meilleure que tout le monde ici étant donné que tu semblais être la seule à avoir ce don, si quelqu'un était dans le couloir, aucun doute que tu le verrais. Malheureusement, personne à l'horizon, à priori Corentin avait été lâchement abandonné. Puis la voix de ce dernier s'élève à nouveau et tu reporte ton regard sur lui.

« Qu’est-ce qu’il y a à faire ici, quand on a une heure à perdre ? »

Un nouveau petit sourire auquel tu réponds avec joie. De ce que tu as vu jusqu’à présent, vous n’avez pas vraiment ce trait en commun : souriant n’est pas le premier adjectif que tu utiliserais pour le décrire. Ce qui ne rendait ce geste que plus plaisant à vrai dire, étant donné sa - plus que probable - rareté. Finalement, tu joues avec une mèche de tes propres cheveux en réfléchissant à voix haute.

« Et bien il y a … La bibliothèque si tu veux lire ou bosser. Sinon il y a le parc ou les jardins qui sont toujours bien sympas ou bien toutes les salles un peu particulières – mais honnêtement je n’en suis pas une grande fan, quoi que la salle illusoire soit très amusante quand on sait dessiner. Y a une piscine aussi mais je retiens jamais les horaires du club de natation. Sinon y a la ville de l'île mais en une heure ça fait un peu court peut-être … »

Tu t’arrêtes. Tu lèves les yeux vers lui. Et tu rigoles. Un jour, il faudra que tu arrêtes de partir dans des longs monologues comme ceux-là ; non seulement ça peut agacer les gens s’ils essayent d’en placer une, mais en plus ça à plus tendance à effrayer les gens timides qu’à les mettre en confiance. Alors si en plus tu pars dans un fou rire toute seule, ne t’étonnes pas d’être vue comme quelqu’un de bizarre.

« Je suis pas sûre que tout ça t’aide beaucoup et je parle décidemment trop ! Il y a quelque chose qui te tente ? Sinon, tu peux me dire ce que tu aimes faire et je vois si je trouve un endroit qui correspond ! »

Et pam, un nouveau sourire pour la route. C’est mimi, c’est gentil, c’est gratuit, c’est Selphie ! Au passage ça te permet de chercher à connaître un peu le jeune homme sans avoir l’air de lui faire passer un interrogatoire, une fâcheuse manie que tu sembles avoir prise également ; très certainement due à ta trop grande curiosité. Et puis tu esquisses une petite moue avant de relever un léger détail dont tu n’apprécies jamais vraiment de parler : les escaliers et ton fauteuil. Une grande bataille et aucun moyen de t’en sortir par toi-même à moins d’essayer de rouler sur les marches et de te retrouver en bas beaucoup plus rapidement que prévu ~~(Et je ne voudrais pas frustrer Anshu en me jetant moi-même en bas des escaliers 8D)~~.

« Par contre, si on change d’étage … Va falloir trouver un surveillant ou alors que tu m’aides » Tu esquisses un sourire et hausse les épaules d’un air contrit « Y a pas d’ascenseur ici. »

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Lubie.

« Et bien il y a … La bibliothèque si tu veux lire ou bosser. Sinon il y a le parc ou les jardins qui ... pia pia pia pia pia pia pia... peut-être … »
« Mmmh... ouais... »

Ok, j’ai décroché après les jardins. Il faut dire que ce n’était pas une réelle question, en fait, c’était plutôt genre, bon, qu’est-ce que t’a l’habitude de faire ? Vas-y, je te suis. J’ai pas demandé un monologue sur toutes les choses géniales qu’il y a ici, autant qu’elle me donne le même dépliant qu’à mon arrivée.

... Et voila ma mauvaise foi qui revient. L’effet Miss Bonbon n’a pas duré très longtemps on dirait. Il m’a fallu peut de temps pour m’immuniser contre ses sourires et ses yeux de mérlan frit. La voila qui rit, maintenant, et j’esquisse un sourire discret, pour ne pas paraître trop désagréable, alors que bon, concrètement, elle est quand même adorable. C’est juste que, les sucreries, les arc-en-ciels et les bisounours, c’est pas mon univers. « Je suis pas sûre que tout ça t’aide beaucoup et je parle décidément trop ! » Si peu. « Il y a quelque chose qui te tente ? Sinon, tu peux me dire ce que tu aimes faire et je vois si je trouve un endroit qui correspond ! » Ce que j’aime faire ? M’asseoir, et attendre que le temps passe. Maudire les passants qui me regardent. Traiter d’hypocrites ceux qui ne me regardent pas. Et attendre que le calvaire de l’attente ne se termine.

« Par contre, si on change d’étage … Va falloir trouver un surveillant ou alors que tu m’aides... Y a pas d’ascenseur ici. »
« ... Ouuuu alors on reste dans cette salle. » Et sans un mot, je fais demi tour, retournant m’installer dans la salle vide. C’est impoli, et lâche. C’est tout moi, après tout. Je n’ai pas envie de la traîner je ne sais où, à me taper son fauteuil à monter ou a descendre. Je veux bien aider les plus faibles, mais là, franchement, la flemme. Je sais, je mérite des baffes, des fois. Je m’assoie à la première table qui passe, soupirant, m’affalant dessus, posant mon menton sur mes mains, jointes sur la table. « Nÿstrom c’est suédois pas vrai ? Je sais dire quelques mots en suédois. Mon cousin, un moment, avait la lubie d’apprendre les bases du suédois, alors j’me tapais les moments dicos avec lui. C’était drôle, lui, l’écossais, et moi, le français, en train de nous intéresser à une toute autre langue.» Je lève les yeux au ciel, à travers la fenêtre. J’entame un long soupir, profond, malgré mon léger sourire, sans même m’en rendre compte.

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« ... Ouuuu alors on reste dans cette salle. »

Sur ces mots, le jeune homme fait demi-tour et rentre à nouveau dans la salle. Soit. Tu conçois aisément qu’on ait pas envie de s’amuser à faire des allers-retours dans les escaliers, encombré tour à tour de toi et de ton fauteuil ; et puis cette salle te conviens très bien après tout. Alors tu le suis dans la pièce, et t’arrêtes plus ou moins en face de la table ou il vient de s’installer : l’un des avantages de ce fauteuil reste tout de même de t’exempter du problème de trouver un siège pour t’installer comme tu le souhaite. Tu relèves les yeux vers le jeune homme en entendant sa voix.

« Nÿstrom c’est suédois pas vrai ? Je sais dire quelques mots en suédois. »

Tu souris et hoche la tête. Le suédois. Certaines personnes trouvent cette langue étrange, surement à cause de sa sonorité différente de la leur, mais à tes oreilles elle était la plus belle des mélodies, particulièrement depuis que tu étais forcée de parler anglais à longueur de temps avec le pensionnat. Ta langue natale était réservé à tes réflexions ou certaines exclamation, de joie ou de colère, où l’habitude reprenait le dessus ; ainsi que, parfois, quand tu ressentais l’envie de faire partager ta langue à quelqu’un.

Mais ton sourire se bloqua rapidement à la suite de la phrase. « Mon cousin, un moment, avait la lubie d’apprendre les bases du suédois, alors j’me tapais les moments dicos avec lui. C’était drôle, lui, l’écossais, et moi, le français, en train de nous intéresser à une toute autre langue.» Drew … C’est vrai qu’il lui était arrivé de te répondre en suédois mais tu ne lui avais jamais demandé comment il connaissait ta langue ou depuis quand et cette question te brulait actuellement les lèvres. En même temps … Tu ne savais pas trop si c’était vraiment le moment d’aborder le sujet. D’une part parce que tu en avais involontairement fait quelque chose de tabou et ensuite parce que tu craignais vraiment qu’il ait l’impression que tu ne sois venu le voir qu’à cause de son lien de parenté. Une conclusion un peu hâtive et pas entièrement vrai, qui pourrait le vexer ou le blesser : à peu près tout l’inverse de ce que tu cherchais en somme.

Tu ne pus pourtant pas empêcher un sourire, un peu triste, de venir orner tes lèvres alors que tu pris la parole à ton tour. « C’est une lubie comme une autre, même si le suédois n’est pas vraiment la première langue que l’on cherche à connaître, c’est pas comme si c’était très parlé ! » Tu laisses échapper un léger rire, rapide. Tu l’observes un instant et finis par te dire que s’il apprend par quelqu’un d’autre que tu étais une amie proche de son cousin, la probabilité qu’il le prenne mal était encore plus élevé : la vérité blesse quand on l’apprend trop tard, tu as assez bien retenu la leçon. Alors, tu plantes tes prunelles violacées dans les siennes, laisse planer une demie seconde de silence, et parle.

« Ton cousin. L’écossais. C’était Drew, c’est ça ? ». Cette question a dû lui être posée tellement de fois depuis son arrivée, par tellement de gens, plus ou moins proche du défunt et plus ou moins amical à son égard. Tu ne lui laisse pas le temps de te répondre vraiment que tu enchaines. « Je. Oui je le connaissais et oui j’ai fait le lien. Mais … C’est avec toi et de toi que je suis venue parler. Alors … On peut s’en tenir là à son sujet si tu le désires.». Etant son cousin, il avait surement d’autre souvenir commun avec lui qu’il pourrait vouloir partager. Tout comme il pouvait préférer se taire à son sujet. Dans un cas comme dans l’autre, tu étais loin d’être bien placée pour dire quoi que ce soit sur ce qu’il ferait. Tu fis une moue. Tu avais vraiment l’impression de t’enfoncer parfois, avec ta manie de chercher à te justifier pour ne pas risquer de blesser les gens à cause d’une mésentente sur ce que tu aurais pu vouloir dire. Ne te restait qu’à espérer que le fait que tu ais posé la question fatidique de son lien avec Drew ne le mette pas de trop méchante humeur, tu voulais l’aider, pas l’énerver.

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feat. SELPHIE

« [...] je suis à des kilomètres de penser qu’il ait pu s'intéresser à elle [...] »

« C’est une lubie comme une autre, même si le suédois n’est pas vraiment la première langue que l’on cherche à connaître, c’est pas comme si c’était très parlé ! » J’hausse les épaules. « C’était pour une fille. Il était un peu prêt à tout quand il était question de séduction. » Je laisse échapper un léger rire nostalgique, sans avoir conscience que la fille en question était elle. Je ne fais simplement pas le lien, à ce moment, entre cette période, Prismver, et ses possibles relations là-bas. En plus, c’est bien connu, Drew aimait les femmes fatales; je suis à des kilomètres de penser qu’il ait pu s'intéresser à elle. Elle semble alors légèrement troublée, mais je n’y prête pas attention. Mon visage posé sur ma main, à moitié affalé le coude sur la table, je regarde ailleurs, distrait.

« Ton cousin. L’écossais. C’était Drew, c’est ça ? »
« Ouais. »

Rapide. Simple. Je dévie à peine les yeux sur elle, comme si j’avais envie de voir de la pitié dans ses yeux. Au contraire. Cette pitié m’agace plus encore. Mais à cet instant, je ne vois qu’une profonde tristesse dans ses prunelles violacées. Peut-être qu’elle le connaissait. Décidément... D’abord Anshu, puis Sarah, et maintenant elle... Je comprend que ce qui suscite le plus de curiosité ici n’est pas ma cicatrice, mais bien mon lien avec Drew... Et honnêtement, je ne sais pas ce qui est le pire.

« Je. Oui je le connaissais et oui j’ai fait le lien. Mais … C’est avec toi et de toi que je suis venue parler. Alors … On peut s’en tenir là à son sujet si tu le désires.»

J’hausse les épaules, désinvolte et puéril. Je m’en fiche. Je ne suis pas à ça près. Si elle veut parler de lui, ça ne me dérange pas. Même si ça me fait toujours mal, ça me fait aussi un certain bien dans un sens. Discuter avec ses connaissances, ça me rapproche encore un peu plus de lui. Je pose enfin les yeux sur elle. Je l’ai négligée depuis le début. Miss Bonbon. Des personnes qui ont connu Drew, elle m’a l’air la plus saine, la plus innocente. La plus vraie, aussi. Alors je profite de cette opportunité. Je me redresse, inspire, cherchant mes mots. Et puis, je m’accoude à la table, posant mes mains devant moi, entre nous. Je laisse mon regard ambré trouver le sien. « Est-ce que... Est-ce que tu peux me dire absolument tout ce que tu sais sur Sarah Blackmore, Anshu, et ce qui les liait à Drew ? » Mes traits se sont légèrement durcis, mais c’est l’incompréhension qui stagne dans mes prunelles. « Je les ai rencontré, tour à tour... Ils sont, étranges. Vraiment. J’ai l’impression que tout les trois étaient très liés par quelque chos de très fort, mais honnêtement, je n’y comprend pas grand chose... »

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« C’était pour une fille. Il était un peu prêt à tout quand il était question de séduction. »

Ton cœur se serre et ton regard se trouble, tu ressens à la fois plus violemment la douleur de sa mort tout en gardant cette information dans les souvenirs auxquels penser avec le sourire. Quand tu seras de nouveau assez forte pour le faire. En attendant, tu finis par avouer au jeune homme que tu connais son lien avec Drew et tu te sens à la fois soulagée et inquiète de sa réaction. Il se contente néanmoins de hausser les épaules, te laissant perplexe sur la manière de réagir désormais.

Finalement, c’est lui qui réengage la conversation, s’accoudant à la table, t’accordant un regard que tu soutiens avant qu’il ne pose finalement sa question.« Est-ce que... Est-ce que tu peux me dire absolument tout ce que tu sais sur Sarah Blackmore, Anshu, et ce qui les liait à Drew ? » Pour le coup, tu ne peux empêcher une grimace. Relier ces trois noms dans une même phrase te fais immanquablement penser à une certaine scène dans le réfectoire. « Je les ai rencontré, tour à tour... Ils sont, étranges. Vraiment. J’ai l’impression que tout les trois étaient très liés par quelque chos de très fort, mais honnêtement, je n’y comprend pas grand chose... »

Tu soupires. Longuement. Tu mordilles ta lèvre. Tu cherches tes mots. Jamais tu n’oserais lui refuser la vérité que tu as appris ce jour-là, à mi-mots et que tu n’as vraiment comprise que plus tard, mais tu ne sais pas trop comment le faire. Finalement, au bout d’une ou deux bonnes minutes, ta voix s’élève, clairement hésitante.« Je ne suis pas la plus informée à ce sujet mais … »Tu reportes ton regard vers lui.« Je ne sais pas comment tu te rappelles de Drew, mais au fur et à mesure du temps qu’il passait ici, il se brisait. Petit à petit. De plus en plus. Et on peut dire qu’ils étaient plus ou moins liés à ça. »

Pour être honnête, tes pensées tourbillonnent actuellement dans ton esprit, mêlant souvenirs et points de vue plus ou moins agréables au sujet de ceux de qui tu parles. « Sarah. Sarah était son ex, mais je crois qu’il était encore très attaché à elle. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre eux, mais il y avait une telle tension quand ils étaient ensemble que c’était impossible de ne pas deviner qu’ils étaient liés, fortement, peut-être trop. Enfin … presque impossible. » . Tu grimaces à nouveau, face à ta propre naïveté. Puis ton regard se fait plus dur alors que tu continues. « Anshu. » Froid polaire dans ta façon de prononcer son nom, tu lui en veux toujours d’avoir réussi à faire sombrer définitivement Drew. « Je crois … Je crois qu’ils tenaient beaucoup l’un à l’autre. Mais ils se brisaient mutuellement. Ils se faisaient du mal, s’attiraient l’un l’autre vers le fond, tout en étant comme … dépendants de cette relation. Il avait essayé de remonter. Drew, je veux dire. Après un événement qui l’a renvoyé du pensionnat pendant un mois, il avait décidé de changer … Il a suffi qu’il revoit Anshu pour sombrer à nouveau. » Tu baisses ton regard dans lequel flotte à la fois rancune et tristesse. Un pauvre sourire, plus une moue qu’autre chose, se dessine sur ton visage. Tu es presque désolée d’avoir à parler de ça. Quitte à parler de Drew avec son cousin, tu aurais préféré lui raconter le jeune homme brisé mais merveilleux que tu avais rencontré, celui qu’il s’efforçait d’être avec toi, celui qu’il était redevenu pour un temps trop court avant qu’Anshu ne le récupère. Mais Corentin avait demandé une information, tu la lui donnais, du mieux que tu pouvais. Parce que non, tu n’étais pas la mieux placée pour parler.

« C’est tout ce que je sais. Ce que j’ai appris par eux, par les bruits qui courent et par mes propres déductions. Drew m’en a très peu dit à leur sujet, il avait la fâcheuse manie de chercher à m’éloigner de tout ce qui pouvait être sombre chez lui. » Tu lui en veux un peu pour ça, pour autant que tu puisses en vouloir à Drew. Surtout maintenant qu’il n’était plus parmi vous. Parce que c’est en partie parce que tu ne savais rien de lui que tu n’avais pas vraiment pu l’aider.

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feat. SELPHIE

« [...] dans ces prunelles à la douceur infinie [...] »

Un temps. Long. Je m’impatiente, mais ne laisse rien paraître. Alors elle commence à parler, hésitante. Elle me dit que Drew s’assombrissait à mesure du temps qu’il passait ici. Je fronce les sourcils, baissant les yeux, cherchant dans ma mémoire. Je le voyais souvent, du moins, pendant les vacances... Y’avait-il des signes ? Suis-je réellement passé à côté de sa détresse ? A cette idée, mon coeur se serre. Il aurait dû m’en parler. Mon anglais était devenu convenable, on communiquait de mieux en mieux... Et quoi qu’il ait eu à me dire, je l’aurai compris... M’avoir tenu à l’écart de ses soucis m’attriste légèrement, mais je peux le comprendre. Je n’étais que son cousin, après tout. Ici, il y avait des personnes qu’il fréquentait tout les jours. Des meilleurs amis, et son copain... Moi, je n’étais que le cousin qu’il voyait en vacances en Ecosse ou en France... Mon coeur se serre. Moi, je n’ai jamais eu beaucoup d’amis. Encore moins de petite-amie. Drew était l’une des personnes les plus proches, dans mon coeur. « Et on peut dire qu’ils étaient plus ou moins liés à ça. » Je lève les yeux vers elle, mon regard s’allumant d’une légère braise. Qu’ont-ils fait ? Qu’on t-il fait pour que mon cousin soit malheureux ? Je déglutis, retiens mes questions, faisant preuve d’une grande patience et me contentant d’attendre la suite, ce qui constitue un grand effort pour moi.

« Sarah [...] il y avait une telle tension quand ils étaient ensemble que c’était impossible de ne pas deviner qu’ils étaient liés, fortement, peut-être trop. » Ca ne m’étonne pas. Car sans que je la connaisse, ma seule entrevue avec elle a été d’une tension incontestable. Elle m’a en quelques sortes retourné le cerveau, tout au long de nos discussions. Je mettais ça sur le compte de son pouvoir de séduction, de mon inexpérience dans ces choses là... Mais peut-être est-ce dans sa nature. De faire tourner la tête aux gens, dès qu’elle le souhaite. Pourquoi ne m’a t-il jamais parlé d’elle ? Je l’ai découverte à son enterrement. Tout ce que j’ai su, à ce moment, c’est que c’était un ex, qui, étant donné sa présence, avait beaucoup compté pour lui. Mais je n’imaginais pas que, quelques temps avant sa mort foudroyante, elle s’employait encore à le détruire un peu plus. Quelle hypocrisie.

« Anshu. »

Douleur. Amertume. Son ton est devenu glacial, tout comme son regard. Miss Bonbon a disparu à l’apparition de ce nom. Tout comme Sarah s’est métamorphosée en l’entendant elle aussi. Peut-il réellement changer les gens à ce point... ?

« [...] Ils se faisaient du mal, s’attiraient l’un l’autre vers le fond, tout en étant comme … dépendants de cette relation. [...] » Ca n’a pas de sens, qu’est-ce que je suis sensé comprendre ? Une vision. La salle des miroirs. Anshu qui regarde la cicatrice sur sa main avec amour, lorsque l’on parle de Drew. Alors... Ils se faisaient mal physiquement ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas. Pourquoi. Pourquoi vouloir faire du mal à celui que l’on aime.« [...] il avait décidé de changer … Il a suffi qu’il revoit Anshu pour sombrer à nouveau. » Mon regard se fait dur. Celui que j’ai choisi comme professeur, pour m’apprendre la puissance, celui que, dans un certain sens, j’admire, s’amusait à détruire Drew. Pourtant, Drew était un mec bien. Il était adorable. Certes, avec l’âge, je le voyais de plus en plus... fermé, mais je prenais ça pour de la force, de la maturité. Pour moi, il avait un mental d’acier. il était un super héro, sans peurs et sans reproches. Il était fort. Mais finalement, peut-être que je ne savais plus rien de lui, à la fin... Pourquoi avoir érigé cette façade devant moi ?

« [...] il avait la fâcheuse manie de chercher à m’éloigner de tout ce qui pouvait être sombre chez lui. » Je pose mon regard dans le sien, pantois; c’est comme si elle avait lu dans mes pensées. Une lueur triste et nostalgique éteint la flamme dansante dans mes yeux. « ... Alors on est deux. » J’esquisse un sourire faible, complice. Je la regarde. Je l’ai mal jugée. Je la voyais comme la petite handicapée innocente, faible. La miss bonbon gluant. Une distraction pendant notre heure de battement entre deux cours. Mais elle est la première à me parler avec franchise de Drew, et aussi la première à sembler aussi perdue que moi dans tout ça. Elle dégage beaucoup d’amour. Pour Drew, certes, mais également pour la vie en général. Je suppose que c’est une caractéristique récurrente, chez nous, les abîmés de la Vie. Je la regarde désormais d’une toute autre manière. Avec respect, complicité et affection. Je finis par lui adresser un véritable sourire. Franc. Et puis, soudainement, le déclic. Drew savait ressentir la beauté des gens. Il était, certes, dragueur et collectionneur, mais il savait qui avait de la valeur. Il savait voir la beauté du monde là où elle était.

Et il y en a beaucoup, là, dans ces prunelles à la douceur infinie. J’esquisse un fin sourire, cillant.

« Det är du. N’est-ce pas ? »

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Tu finis ton long monologue avec soulagement, parce que ça ne t’es jamais simple de parler d’eux. A vrai dire, il est le premier à qui tu parles plus ou moins de ça, si l’on excepte Betsabe à qui tu dis tout. Pendant que tu parlais, tu as pu observer diverses réactions passer dans les yeux de Corentin, pour qui le proverbe disant qu’ils sont le miroir de l’âme se révèle assez proche de la vérité. Et quand tu clos tes explications, tu croirais presque voir ton propre regard en face de toi, avant qu’il ne t’adresse un léger sourire. « ... Alors on est deux. »

A ton tour de sourire doucement. D’après ce que tu as pu comprendre, le jeune homme tenait beaucoup à son cousin. Assez pour chercher à comprendre quel lien il avait avec Anshu et Sarah, assez pour sentir qu’il y avait quelque chose d’énorme entre eux trois. Même si tu n’avais jamais eu l’occasion d’entendre parler du français auparavant, tu pouvais supposer que cette affection était réciproque. « Je crois que c’était une manière maladroite de chercher à nous protéger. »Ça vous faisait un point commun en plus au final, celui d’avoir été laisser un peu à l’écart de toute cette histoire, dans le but d’être préservés.

Le silence règne finalement dans cette pièce, sans être pesant. Tu penses. A Sarah et Anshu qu’il a rencontré et au soulagement d’avoir pu lui dire ce que tu savais, la volonté de faire en sorte qu’il ne tombe pas dans leurs griffes que ce soit l’un ou l’autre. Parce qu’il n’est pas un substitut de Drew, qu’il a beau arriver trop peu de temps après sa mort pour qu’on puisse faire comme si de rien n’était, ce n’est pas une raison pour chercher à remplacer le défunt par son cousin et que tu crains fort que le lien destructeur du trio ne fasse de Corentin un dommage collatéral. Alors, pour ne pas changer, tu resteras là, prête à le rattraper si jamais il lui arrive quelque chose. C’est comme ça que tu vie après tout : en aidant les autres à rester debout, puisque tu ne peux pas le faire

Finalement tu vois le sourire se transformer, son regard s’adoucir et tu ne peux t’empêcher de sourire à nouveau, à ton tour. Parce que voir que tu as finalement réussi à obtenir un véritable sourire te met du baume au cœur. Tu préfères amplement ce regard-là à celui que tu as pu observer jusqu’à présent.

Il brise alors le silence.« Det är du. N’est-ce pas ? » Serrement de cœur à nouveau, légèrement, mais la chaleur prend le dessus sur la douleur, de plus en plus. Et un sourire tendre étire tes lèvres.« Jag antar, ja »Ton regard se fait complice quand tu enchaînes.« Ton accent n’est pas mauvais, mais vous avez une de ces manies d’accentuer les r, les français ! »Tu ris doucement, heureuse. « Je t’apprendrais, si tu veux, à parler suédois. » Ce pourrait être amusant après tout et c’était une occasion comme une autre de passer du temps avec lui et d'apprendre à le connaître un peu.

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feat. SELPHIE

« Ensoleillé. »

« Jag antar, ja »

Jag... Jag veut dire Je, et Ja signifie Oui. Je comprend le sens de la phrase, même si Antar ne me dis rien. C’est donc elle. Alors comme ça, Drew a cherché à apprendre le suédois pour elle... Délicate attention. Mais il m’avait clairement parlé d’attirance, à l’époque où il s’évertuait à prononcer ces mots, le nez dans son dico. Je m’imaginais alors une grande blonde, aux jambes de gazelles, aux magnifiques yeux bleus. Une fille pour Drew quoi, je sais qu’il s’en tapait des dizaines, alors avec le succès qu’il avait, il ne pouvait qu’être exigeant... Si j’avais su que la belle suédoise était une jeune fille en fauteuil roulant, certes très jolie mais... Elle n’a rien d’une séductrice, d’une femme fatale. C’est peut-être pour ça qu’il a cherché de délicates attention du genre, plutôt que de simplement la mettre dans son lit. Je pense que Drew avait des sentiments pour toi. J’ouvre la bouche, réellement sur le point de prononcer ces mots, mais quelque chose me bloque.

... Est-ce réellement utile de dire ça ? Ca peut-être à double tranchant. Mais dans tout les cas, et quoi que je dise, quoi que l’on fasse, il n’est plus là. Alors... Plus rien n’est possible, pour eux. Je ne veux pas éveiller plus de regrets en elle. « Je serais ravi. D’apprendre le suédois, je veux dire. » Je me contente de dire ça, regardant la pendule, essayant de masquer le fait que j’allais lui dire quelque chose d‘autre. « L’heure tourne, on va bientôt reprendre. » Déja. Mes yeux retombent sur elle. Affection. Je me sens proche d’elle. Il ne nous a fallu qu’une heure pour lier quelque chose de sincère entre nous.

C’est si facile, avec les bonnes personnes.
Je me lève, alors qu’un groupe d’une dizaine de nos camarades rentrent dans la salle. Il y a même le prof, qui entre à la suite. Je m’approche de Selphie. Il y a quelque chose de spécial en moi. Quelque chose de fort. Je me penche en avant, la prend dans mes bras. Je suis un peu brutal, j’essai d’être le plus doux possible, mais je suis maladroit, et brusque. Mais je souris. Et pour la première fois, une étreinte ne me met pas en colère. Moi qui déteste que les gens me touchent, moi qui pense que tous sont écoeurés à la simple idée de m’effleurer, je viens de fondre sur elle, avec sincérité. « Heureux de te connaître, Selphie. » Parce-que nous sommes liés par Drew. Mais différemment de Sarah et Anshu. Nous sommes liés par ce qu’il y avait de beau et de bon en lui. Nous sommes liés par son souvenir positif. La beauté d’un être cher, envolé. Sarah et Anshu l’ont peut-être envoyé en Enfer. Mais nous deux, nous savons qu’une partie de lui mérite le Paradis. Je me redresse, lui adresse un sourire léger; comme apaisé, alléger de mes doutes et de mes peines. Un signe de tête, et je retourne à ma place, à l’autre bout de la pièce, tandis qu’Hamish me retrouve, une tape sur l’épaule. Et je m’assieds, le visage éclairé.

Ensoleillé.

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Tu vois Corentin ouvrir la bouche. Se bloquer un instant et puis enchaîner. « Je serais ravi. D’apprendre le suédois, je veux dire. » Sa façon de regarder ailleurs te laisse à penser qu’il allait rajouter autre chose, mais tu laisses couler ; inutile de harceler le jeune homme comme ça, surtout qu’il s’agissait peut être uniquement d’une hésitation sur sa réponse. Alors tu te contentes de sourire, simplement, juste heureuse à l’idée de pouvoir apprendre cette langue, ta langue, que tu aimes tant au jeune homme. Parce que c’est aussi une des façon de se lier à quelqu’un après tout, d’apprendre à parler un même langage, il n’y a qu’à Prismver que tant de personne de nationalité différentes peuvent se comprendre aussi facilement, les cookies spéciaux de Ruthel ne se trouvent pas partout.

« L’heure tourne, on va bientôt reprendre. » Tu regardes l’horloge à ton tour pour constater que le jeune homme a raison. Une heure déjà, le temps est passé vite ; il y a à peine quelque minutes, tu voyais en lui quelqu’un de plutôt renfermé, un jeune garçon à qui tu voulais apprendre à sourire à la vie, que tu regardais avec un semblant de nostalgie. A cet instant, c’est une grande tendresse que tu ressens pour celui qui te fait face. Tu ne regrettais en rien d’être venu lui parler, ni d’avoir abordé le sujet Drew, au contraire, c’est un peu grâce à lui si vous vous étiez liés aussi rapidement au final. Il avait certes tendances à se mettre de côté, manquait surement de confiance en lui, mais ce que tu voyais avant tout était une personne adorable qui méritait bien plus que d’être mis dans une case, que ce soit à cause de sa cicatrice ou de son nom de famille et pour qui tu ressentais l’envie de protéger et d’aider.

D’un coup, tu es sortie de tes pensées par une étreinte. Maladroite. Un peu brusque. Mais surtout indéniablement sincère et spontanée. Et tandis que les gens entrent dans la salle pour regagner leur place, tu finis par refermer tes bras autour du jeune homme, souriante. Tu es quelqu’un de très tactile mais tu sais que c’est loin d’être le cas de tous, alors tu ne peux qu’apprécier encore plus lorsque quelqu’un agit ainsi envers toi. « Heureux de te connaître, Selphie. » Tu poses un baiser sur sa joue, léger, avant de lui répondre « Moi de même, Corentin. »

Corentin finit par se relever et tu réponds à son sourire par un des tiens, rayonnant. Tu regagnes ta place, le cœur plus léger qu’il n’a pu l’être ces derniers temps. Simplement heureuse.

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{ Toujours un plaisir. ♥ Yetem. J'archive :) }

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