[ R ] ythme de la batterie, se répétant frénétiquement, accompagné par les divers accords de la guitare électrique, résonance se graduant, augmentant à chaque secondes écoulées, c'est fort, c'est puissant. L'intro tintant dans les oreilles, permettant à cet immonde âme de s'épanouir avant que la voix rauque du chanteur du groupe ne vienne prononcer les paroles - la musique au volume maximum, sa tête s'oscillant à la même cadence que le son, tignasse remuée dans tous les sens, mains dans les airs alors qu'une d'elle tenait le
MPEG-1 Audio Layer communément aussi appelé
mp3.
Cette vue n'était pas habituelle, aux yeux de n'importe quels étrangers, mais aux siens, c'était une routine quotidienne qu'il se voyait faire, dès que le casque audio était mis sur ses oreilles: il bougeait, il vivait, pour un court instant, il se trouvait autre part que son monde à lui, autre part que la vraie vie, entre réalité et rêve, c'est là qu'il se baladait. Hamish, ce n'est pas hors du commun, qu'il soit aussi particulier, d'un jour à l'autre, c'est le jeunot qui change de visages comme de chemises: un jour, celui-ci peut se montrer extrêmement froid, le jour suivant, c'est le petit chieur de tous les jours qui ne cherchait que des difficultés.
Il huma la mélodie, la chantonnant bouche close, petites étendues de bleu-gris fermées, laissant simplement un visage de marbre tachetés, visible aux regards blasés des passants; il leur dit 'merde' et s'en fout. Corentin, il n'était pas avec lui pour aujourd'hui, pour changer, sûrement en train de regarder les filles avec cette expression d'envie, comme d'habitude. Bien sûr qu'il avait remarqué cela, qu'il se cherchait
une compagne, même si ceci l'empoignait un peu le coeur, ce n'était pas bien grave. Y'avait mieux que lui, Hamish, de plus, c'était un gars ce qui limite pouvait le repousser, tant pis, il ferait avec, tant que son meilleur pote était heureux, il le serait aussi,
il supposait.
Les autres se retournent, l'observent, sans rien dire; avant se susurrer des mots à leur ami, créant de minables rumeurs qui allaient encore parcourir l'établissement en entier, c'était
toujours ainsi, quand notre écossais faisait quelque chose singularisait trop de ce qu'il faisait normalement. Les gens le connaissant pour son caractère d'asocial, âpre de temps à autres, voir même bestial, mais quand il est dans son mode 'non-berserk', tout le monde est plus ou moins accommodé de le voir calme, distant et pensif. Hamish, il ne partage pas leur avis, ne partage pas leurs points de vue, il aperçoit les choses d'une différente manière et se dit qu'en fait, personne ne pouvait le définir - c'était simplement un jeune troublé à la personnalité typique à celui d'un lunatique.
Il ne fallait pas chercher à le comprendre; Hamish ne se comprenait pas non plus. Cela faisait une éternité qu'il avait cessé de se chercher et de figurer pourquoi était-il devenu ce qu'il était à présent - complètement arrêté la recherche de sa nature. Car le brunet ne voyait qu'une chose: il était lui, même si ayant des tendances d'un individu instable. Et ce n'était pas bien grave. Étant déjà trop habitué pour se plaindre. Il faisait avec et essayait de rester à la surface, même si nombreuses choses le forçaient à couler dans les profondeurs d'une eau glaciale, cynique et fragile.
Musiques défilant les unes après les autres, variant de style, allant de la ballade au heavy rock, puis retournant dans l'electro pour une musique classique et ainsi de suite; Hamish écoutait de tout, tant qu'il aimait la sonorité, il était vendu. Ne suivant pas la mode, car il ne savait pas s'y prendre, étant quelque peu 'old school', celui-ci se voyait souvent écouter des groupes des années huitante ou nonante, même des années quarante, pas trop du genre à écouter de la musique moderne - peut-être dès fois, si c'était de la bonne musique, on pouvait le surprendre à écouter quelque chose de plus récent. Celui-ci préfèrait tout de même rester dans les musiques datant de quelques années déjà. C'était toujours meilleur à ses oreilles.
Les premières neiges se faisaient déjà voir en dehors des grands carreaux. Yeux qui s'étaient finalement ouverts, laissant apparaître un peu de couleur sur ce visage pâlot, quoi que ceci attristait aussi ses traits à cause des nuances quelque peu maussades se reflétant sur ses deux petits miroirs. Silhouette entière se figeant, seul la musique sonnait dans le fond de sa tête, étang terni scrutant le ciel aux nuages se trouvant de l'autre côté de ce glace qui les séparait avec tant de courage. Une respiration se ralentissant après tant de mouvements, Hamish reprit son chemin, en direction le rez-de-chaussée, il souhaitait sortir. Pour faire la seule chose qu'il était ô-si-familiarisé à faire.
Fumer.
Son esprit s'étant calmé, avait-il dévalé les escaliers, trop pressé à satisfaire ses besoins primordiaux - affamé, la bête en lui hurlait déjà, lui arrachant presque les entrailles, lui suppliant de le faire prestement dans les secondes à venir. Curiosité d'une tentation s'étant transformée en une addiction indispensable pour sa survie et son bien-être; avoir une cigarette entre ses mains le calmait tellement, au point que nul ne pouvait vraiment se plaindre si celui-ci retrouvait des effets quelque peu narcotiques, mais aussi décontractant.
Ayant presque atteint son objectif, il s'était déjà empressé de sortir son paquet de clope, cette fois-ci rien de bien d'extraordinaire, pas de cigarettes fruitées à bonne odeur, tout simplement des clopes banales à la Marlboro. Hamish ouvre la porte et c'est le vent qui le reçoit, bras grands ouvert. L'écossais déambulant dans la cour intérieure, il se trouve un coin pour fumer, c'est contre un mur qu'il alla s'adosser, hors de la vue des regards indiscrets et intéressés, si un professeur s'amenait, il prendrait les jambes à son cou.
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Après avoir prit des bouffées, celui-ci s'amusa à faire des formes avec la fumée nacrée, des O et d'autres trucs que seul les bons fumeurs étaient capables de faire. Fermant ses yeux pour un instant, bras gauche tendu, cigarette entre ses doigts, apaisé et pleins d'espoir qu'il aurait la paix pour ce léger instant. En un clin d'oeil, sa clope n'y était plus, elle s'était envolée. Hébété, même si ne le montrant pas, le jeunot observa à sa droite pour remarquer un bouquin - mais putain de bordel, s'était il dit tout en se penchant, levant le livre pour apercevoir une pauvre cigarette entière, écrasée, son contenu s'étant éparpillé sur le sol carrelés. Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres, il s'assura que sa clope fût bien éteinte en l'écrasant par la suite et se retourna, agacé, livre à la main.
Le carcajou acajou chercha pour le possible fautif de l'année.