Walked into the room you know you made my eyes burn ♪

Flammes

Ses mains sont brûlées. Il a mal. Horriblement mal. Il rugit. Son coeur s’enflamme, tout comme cette sphère autour de lui. Assis dans les ruines, sur le rocher d’où Anshu lui avait donné sa puissance magique, il pleure. Jambes pliées, coudes sur les genoux, visage enfoui dans ses mains, son visage est trempé, ses mains tremblent, le brûlent, et autour de lui, les flammes dansent. Ou plutôt, explosent. Explosent dans tout les sens. A chaque instant, il peut se brûler. A chaque instant, une nouvelle flamme peut lui mordre la chair, abîmer plus encore son visage défiguré. A chaque instant, il peut se provoquer une blessure mortelle.

Mais il ne contrôle rien. Plus rien. Il meurt de chaud au milieu des flammes. Il meurt d’amour au milieu des larmes. Il se sent abandonné. Il se sent trahi. Anshu. La simple pensée de ce mot l’écoeure, la simple vision de son visage accentue chaque flamme autour de lui. Son visage. Leurs visages. Vision. Anshu et Sarah, se prélassant dans des draps de soie, en Egypte. Anshu et Sarah, nus. Anshu et Sarah se caressant. Anshu et Sarah, s’embrassant. Anshu, faisant l’amour à Sarah. Leurs corps entrelacés. Son membre qui la pénètre. Ses gémissements alors qu’il est en elle.

Il hurle. Le feu court tout le long de son bras, il hurle de douleur, serre les poings, serre les dents, pleure toutes les larmes de son corps sous la douleur. Il se plie en deux, le bras sur le ventre, la chair brûlée, le visage noyée. Il se tord de douleur, s’écroule, épuisé.

Il pleure. Il pleure sa propre bêtise. Il n’a pas su lui donner ce qu’il cherchait. Il n’a pas su assumer. Il n’a pas su le garder. Et Anshu est parti. « Oui, Sarah l'accompagne... J’suis désolé, je pensais que tu savais... Il revient toute à l’heure, faut que vous discutiez... » Le regard désolé de Jim. Le blond qui lui court après, alors que Corentin part fout de rage, pleurant. Le B qui se tourne, lui lance une gerbe de flamme dessus, et Jim qui abandonne sa filature après quelques essais de dialogue.

Il brûle. Il brûle de rage, de peine, et de souffrance. Parce-qu’il a perdu la seule personne capable de lui donner un minimum d’affection. Il a perdu Anshu. Quand à Sarah... Jamais sa haine n’a été si forte. Jamais.

Ses larmes s’écrasent sur la roche. Et petit à petit, elles ne coulent plus. Son regard de braise s’éteint. Cendres. Les flammes ne jaillissent plus. Il ne sent plus que la douleur de son coeur, de ses mains et de son bras, sans parvenir à savoir où est-ce qu’il a le plus mal.

Ses pieds le traînent. Peut-être lévite t-il, d’ailleurs. Il ne se sent même plus bouger. Il est épuisé. Arrivée au cabanon. Les autres ne sont pas là, ils ne reviennent que demain soir. Parfait. Parfait, laissons le crever dans sa solitude, c’est vraiment parfait. L’oeil vide, il se dirige vers le coin de Morgan. Il fouille, fout tout en l’air, jusqu’à trouver un paquet de clopes. Il y a jamais goûté, à la clope. Mais il paraît que ça détresse. Alors pourquoi pas, heh ? Qu’est-ce qu’il a a perdre ?

Il a plus rien à perdre, il vient de perdre la seule chose qu’il avait.

Il se vautre sur le canapé. Il allume une clope, tire dessus, fort, beaucoup trop fort. Il s’étouffe. C’est horrible. Il recommence. Finalement, il fume toute la clope; il préfère souffrir de cette sensation horrible que des autres. Drew fumait. Beaucoup. Quelle ironie. Tout ça n’est qu’une putain d’ironie. Drew était l’homme de ta vie Anshu ? Et avec lui aussi, tu allais baiser Sarah ? Tire. Avale. Crache. Etouffe. Deuxième clope en bouche. Il n’y prend aucun plaisir. C’est juste atroce. Il aime ça. Il aime trouver ça dégueulasse. Il aime l’idée de s’intoxiquer. Il aime même l’idée d’être totalement stupide de faire ça.

Allongé sur le canapé, ses mains tremblent toujours. Ses mains brûlées, tout comme son bras. Sa gorge est en feu. Il a du mal à respirer. Mais ça lui fait tellement de bien. Tellement du bien de se faire du mal. Tellement du bien de...

Ses yeux se ferment. Son bras tombe, sa cigarette roule sur le carrelage, à peine plus loin. Dans le cendrier, trois mégots encore chauds. Dans son coeur... la cendre.

Sommeil.
 

Flammes

J’ai tant besoin de toi, tout à côté de moi.

Il cille, tremble. Son rêve n’a plus aucun sens. Crystal, Jim, Ulysse, Morgan. Il se passe n’importe quoi, s’en est presque drôle. Les rêves s’enchaînent finalement sans qu’il en ait conscience. Il ne dort pas longtemps, mais épuisé, a le temps de plonger dans un sommeil profond. Si bien que lorsqu’il ouvre les yeux sur Anshu, il fronce les sourcils, mais il lui faut quelques secondes pour comprendre. Comprendre qu’il est éveillé, comprendre qu’il est sur son canapé, Anshu à ses côtés.

Alors, son être semble se séparer en deux, l’un souhaitant le prendre avec force dans ses bras, l’autre souhaitant lui casser le nez. Sommeil, il lui faut encore quelques secondes pour lui rappeler pourquoi il est en colère contre lui. L’odeur et le goût de la clope lui reviennent soudainement, le faisant grimacer alors qu’il se redresse difficilement, grognant en dégageant la main d’Anshu de son épaule.

« Gnnnn. »

Il porte sa main à son crâne, grimaçant sous la douleur qui le prend. La fatigue, le tabac à outrance alors qu’il n’en avait pas du tout l’habitude. Ca pue. C’est écoeurant. Il se lève, la tête dans l’cul l’cul dans l’brouillard. Il se vautre presque sur la fenêtre, ouvrant grand cette dernière sur le soleil couchant. Respire. Il a l’impression que ses poumons marchent plus. Il prend quelques bouffées d’air froid, ayant pour effet de le requinquer un minimum. Alors, jetant un regard sombre à Anshu, il se dirige vers la cuisine.

Placard, aspirine, effervescence.

Tandis que le cachet se dissout, il laisse l’eau couler sur son bras meurtri. Et plus les secondes passent, plus les choses se remettent en place dans sa tête. Egypte. Anshu. Sarah. Conséquence logique : il se l’est tapée. Il serre les dents, fixant l’eau. Silence. Il observe sa brûlure. Il ne doit pas s’énerver. Qu’importe ce qu’il se passe, il ne doit pas s’énerver comme toute à l’heure. Il est beaucoup trop dangereux, il en perdrait le contrôle, risquerait de leur infliger à tout deux de graves blessures. Intériorise Corentin. Intériorise. Ses lèvres tremblent, et de lourdes larmes s’échappent de nouveau de ses yeux, coulant à grand vitesse pour contourner ses lèvres et s’écraser sur son bras. Il ferme les yeux, noyés. Son front vient se poser doucement contre le placard face à lui, et il reste ainsi, épuisé, pleurant à chaudes larmes, secoué de spasmes.

Il n’a même pas la force de s’énerver. Il est brisé. Juste brisé.

Flammes

« T'es pathétique Corentin. » Il ouvre les yeux. Ces derniers se fixent sur le carrelage qui lui fait face. Ils brillent, humides, mais doucement, brûlent aussi. Lorsqu’Anshu est venu recueillir sa larme, il n’a rien dit. Il s’est contenu. Désormais, Anshu plante ses ongles dans sa peau. Il lui parle. Il lui dit que c’est injuste, lui demande pourquoi il réagit comme ça. Il lui dit que ça lui fait mal. Oh, ça lui fait mal, quand il se montre violent ? C’est donc comme ça qu’on peut atteindre le grand et victorieux Kyo ? C’est ça qui lui fait du mal ? Et bien tant mieux. Tant mieux, parce-que du mal, il veut lui en faire. Il compte bien lui en faire. « Dépêche-toi. » Il tique, fronçant légèrement le nez, et posant son regard brûlant sur celui d’Anshu. Il a osé faire ça avec Sarah, et ose revenir comme une fleur, comme si rien ne s’était passé. Et en plus de ça, il ose lui faire encore du mal en lui lacérant le bras, volontairement, sur sa blessure ? Pour couronner le tout, il lui a même donné un ordre... ? Brûle. Corentin brûle de rage, alors qu’il le fixe, haineux.

Et finalement, un sourire se dessine sur ses lèvres. Un sourire qui n’a rien de bienveillant. Il se dégage de la prise d’Anshu d’un geste sec, sentant ses ongles lui griffer la peau sous le mouvement. « Bien. » Sa main vient saisir, aussi soudainement que brutalement, la gorge d’Anshu. Il pivote, de sorte à ce qu’Anshu se retrouve entre le plan de travail et lui. Il le fixe ardent. « Je suis pathétique. Je suis faible. Tu me l’a assez dit. J’ai été trop faible pour assumer, et t’a été voir ailleurs. T’a été baiser Sarah. Et ne me dis pas le contraire, c’est inutile, de toute façon je n’ai aucune confiance en toi, alors tu peux bien me raconter c’que tu veux.» Brûle. Il ressert légèrement la pression sur sa gorge. Anshu l’a déçu. Anshu est tombé de son piédestal. Il ne l’admire plus. Il n’est plus un sur-homme. Il n’est qu’un homme, un homme qui l’a déçu, et blessé. Il n’a plus peur.

« J’ai compris la leçon. Je ne serai plus faible. Pas face à toi. » Il le lâche, amer. Un regard, lourd, écoeuré, et il lui tourne le dos, sortant de la cuisine.

« Tu ne me toucheras pas tant que je n’en aurai pas envie. Et si ça te démange, tu n’aura qu’a retourner baiser Sarah. Je suis sûr que c'était excellent. »