Y a des jours où faut rester au lit.

Bonne journée. Oui assez bonne journée pour Bronx. Un réveil en douceur, des cours qui passaient trop vite, preuve qu'ils étaient intéressants, aucune tension avec d'autres élèves, juste des sourires, des rires, des yeux pétillants. Des pauses qui ne s'éternisaient pas, pour une fois. Oui, on aurait pu qualifier cette journée de parfaite. Juste idéale. Oh, c'était la première fois en seize ans qu'il en vivait un. C'était quelque chose d'exceptionnel, qui laissait un goût sucré dans la bouche, qui vous ressourçait. Ces trente-neuf mille six cent secondes, on voudrait qu'elles continuent comme elle ont commencé. Qu'elles se répètent, le lendemain. Et le surlendemain. Mais aussi, on ne voudrait pas que ça se répète trop souvent, car il n'y aurait plus de plaisir à savourer une journée parfaite. Le mécheux se sentait plein de vie, flamboyant. Empli d'une force nouvelle, qui semblait pouvoir le porter longtemps.

17h20, il se faufile hors du bus en sueur, pourquoi diable tous ces gens se sont mis en tête de prendre le même moyen de transport que lui ? Une vraie fournaise. Course, marathon même. Lui qui voulait etre tranquille, c'était raté. Pourquoi ces bouffons avaient décidés eux aussi de se rendre dans la meme direction que lui ?
Il profita de la longue queue (Qui diable va au planétarium un mardi soir ? Les gens avaient vraiment décidé de lui pourrir la vie ce jour la) pour regarder autour de lui. Que des vieux. Cette soirée allait s'avérer franchement merveilleuse. La bonne humeur du matin se dissipa très vite et laissa place à la morosité habituelle de Bronx. Il allait se faire chier.

Il flottait. Flottait dans la salle intemporelle en regardant les étoiles qui se trouvaient autour de lui. Il était seul, il se sentait bien, et pensait. Pensait sur un petit peu tout, ses cours terminés, après une journée banale et répétitive comme tous les jours, de ce qu'il s'était passé plus tôt dans le mois, des gens rencontrés, des questions auxquels il n'avait pas encore de réponse... Ou des chose un peu plus profonde, des trucs métaphysiques, philosophiques, plein de trucs en -iques assez chiants en fait quand on n'est pas dans son délire. Et à un moment, Phileas finit par se demander si les étoiles qu'il mirait étaient vraies ou pas. Vraies dans le sens, bah, si elles étaient les mêmes que celles que l'ont trouve en mettant le nez dehors. Il chercha la Grande Ours. Elle était nulle part. L'étoile du berger ? Non plus. Ses connaissances en astronomie n'étaient pas exemplaires et il s'en mordait désormais les doigts de ne point avoir plus de repère pour connaitre les étoiles. Une seule solution pour remédier à ce problème : se cultiver. Et quoi de mieux que d'aller à un planétarium créé en partie grâce à Prismver pour s'instruire sur la place des étoiles.

Phileas prit rapidement cette résolution et s'en alla le plus rapidement possible. Il flotta, en s'accrochant à toute grosse masse pouvant lui servir de point centrale pour sa gravité pour prendre de la vitesse. Il pouvait ressembler à un oiseau, et s'en fichait d'être vu dans de telles circonstances, en ville. Après tout, sur l'île, les cas et les sorciers sont courants, merci le pensionnat pour le crédibiliser un peu.

Dans le planétarium, il y avait foule. Des vieux. Tout plein de vieux. Ils font du tourisme ou quoi ? Ah non, on sort les retraités car ils s'ennuient et deviennent fous dans leur maisons de retraite... Non, ils avaient l'air trop riche pour. Croisière ? On est sur une île, après tout. Nathan passa la file calmement. Tarif de groupe, il n'allait pas attendre trente mille heure et avait gratuitement et légalement le droit de doubler les personnes... ...Dont Gody ! Gody, qu'est-ce qu'il foutait ici ? Nathan s'approcha calmement de lui et lui poka la joue doucement du bout du doigt. Il lui sourit timidement « Tu n'as pas à attendre autant de temps pour rien, on peut passer sans attendre... ».