Black-out into the ruins [ pv OMG ]

• O M G  &  S E X •

Tu t’ennuyais. Tu t’ennuyais tellement que même les cours auraient pu être moins emmerdants que d’ordinaire. Mais ils auraient fini par laisser l’ennui revenir au galop. Alors tu es parti te promener. Histoire de ne pas tomber sur un certain surveillant mal luné, tu as préféré opter pour une virée en ville. Tu es allé de boutique en boutique, sans rien acheter. Si ce n’est un peu de nourriture et des briques de jus de fruits, le tout rangé dans un sac que tu as pris soin d’emporter pour ta petite balade. Ces derniers temps, tu adores en boire. Ça te rappelle l’époque où tu étais enfermé dans un orphelinat. L’époque où la misère était maîtresse et les repas pauvres. Brique de jus de pomme en main, tu sirotes à la paille, l’autre main dans ta poche. Et tu avances parmi les quelques badauds présents.

Finalement, après quelques minutes d’errance, tu finis par aller vers les ruines. Certaines personnes te regardent d’un œil inquiet, mais tu n’y prêtes pas attention. On raconte que c’est un endroit fréquenté par des personnes peu recommandables. Certains vont même dire qu’il y a des fantômes et que les ruines, derniers vestiges d’un petit village, abriteraient des secrets si sombres que le simple fait d’en faire allusion flanquerait la frousse au plus courageux des hommes. Si tu y crois ? Que nenni. Ton grand-père t’a appris qu’il existait toujours une explication rationnelle à tout ce qui nous entourait. Enfin, ça c’était avant que tu exploses son bureau avec ton don.

Tu t’arrêtes au bout d’un moment, esquissant un sourire face au spectacle. La verdure a pris entière possession des murs encore debout. La flore s’est fait un plaisir particulier à envahir les ruines, créant un aspect presque féerique. Un rêveur prendrait plaisir à s’isolait ici pour laisser libre court à son imagination débordante. Les amateurs d’aventures aussi. Ou il y encore les intrépides, les têtes brûlées comme toi. Explorer ce genre d’endroit est fascinant. N’importe qui pourrait se prendre au jeu. Un aventurier seul et perdu dans les décombres d’une ville détruite il y a des siècles par un mal inconnu, tuant toute la civilisation. Archéologue dans l’âme, l’aventurier s’amuserait à déterrer quelques babioles avec enthousiasme. Tu es un peu de cet acabit là. Le côté niais en moins.

Toi tu préfères plutôt grimper aux arbres, entrer des les vieilles maisons qui, heureusement soutenues par la végétation, auraient pu s’écrouler sur toi à tout instant. Mais tu t’en moques bien. Pour l’heure, ce qui compte, c’est de pouvoir profiter du paysage et des secrets qu’il renferme. Tu escalades quelques maisons, tu trouves quelques fruits et fleurs que tu n’avais jamais vu.

Lorsque tu réalises enfin que le soleil décline, tu te décides à rentrer. Si tu avais eu le matériel nécessaire, tu n’aurais pas hésité à camper sur place. Au diable le couvre-feu et les règles. Mais bon, cette escapade dans les ruines n’était pas planifiée. Autant rentrer maintenant. Tu avances donc sur ce qui devait être un ancien chemin de rue avant de sortir une nouvelle brique de jus de fruit de ton sac. Comme plus tôt, tu sirotes à la paille en avançant, l’autre main dans ta poche.

Soudain, au détour d’un arbre, tu tombes face à face avec une forme accroupie. Tu restes immobile un instant, paille en bouche. Tu reconnais la fille. De longs cheveux noirs et de grands yeux. Tu penches la tête sur le côté. C’est une A, d’après tes souvenirs, qui te regarde parfois avant de détourner la tête quand tu remarques son regard posé sur toi. C’était bien ta veine de tomber sur l’ennemi naturel de ta classe. Tu poses un pied sur une des larges et noueuses racines de l’arbre contre lequel elle est adossée afin de garder l'équilibre sur ce sol inégal.

▬ Qu’est-ce que tu fais ici toute seule à cette heure ?

Elle a l’air complètement paumée et effrayée. Ça te surprend et t’amuse en même temps. Tu trouves les A si fiers en temps normal. Bah… ça arrive à tout le monde d’avoir un moment de faiblesse, n’est-ce pas ? Et tu n’oublies pas une chose essentielle. Une chose que tu as appris à l’orphelinat.

▬ Tu t’es perdue ?

L’entraide.

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Elle semble plutôt soulagée de te voir malgré ses yeux humides. Tu sirotes tranquillement ton jus de fruit, l'observant avec une main dans ta poche de pantalon. Elle semble si seule, si vulnérable. Depuis que tu as quitté le pensionnat, on t'a fait comprendre qu'il fallait être attentif et galant avec les dames. Seulement, toi, tu n'as jamais vraiment compris le sens de tout ça. Pas comme on aurait voulu du moins. Selon toi, les hommes sont là pour protéger les femmes. C'est leur rôle, ça doit venir naturellement. Et c'est donc dans cette optique que tu prends silencieusement la décision de l'aider. Qu'elle soit en A ou en E n'aurait rien changé.

Elle te fixe et finit par détourner la tête, expliquant qu'elle explorait les lieux avant de se perdre. Tu regardes autour de vous, machinalement. T'as fière allure, ta brique dans la main. Tu reportes ton regard sur elle, prêtant attention à ce qu'elle fait. Elle se relève trop rapidement, visiblement, puisqu'elle perd l'équilibre et se raccroche à la première chose qui lui tombe sous la main : toi. Enfin, ta veste plutôt. Tu clignes des yeux, surpris, une main tenant son coude. Tu as cherché à la retenir malgré toi. Réflexe.

▬ Désolée...
▬ C'est rien.

Courte pause.

▬ J'ai perdu la carte que je me faisais et je me suis perdue. Ça fait un moment que je tourne en rond...
▬ Vraiment ?

Elle croise les bras avant d'avancer à l'aveuglette. Tu penches la tête sur le côté, la regardant s'éloigner. Est-elle trop fière pour demander de l'aide ? Ou trop honte pour avouer qu'elle est incapable de rentrer seule ? Difficile à dire. Tu l'as plusieurs fois surprise en train de te regarder, mais tu ne sais rien d'elle. Pas même son prénom. Tu te grattes la nuque, machinalement.

Soudain, elle revient, à la fois apeurée et gênée. Tu la regardes. Elle fait si petite, si fragile. Tu l'interroges du regard, quelque peu surpris.

▬ Eum.... Tu voudrais m'aider à sortir ?
▬ ...mes services ne sont pas gratuits.

Léger silence. Puis tu émets un rire amusé, lui ébouriffant les cheveux avant de faire un pas sur le côté pour lui indiquer une direction.

▬ Je plaisante, viens.

Tu avances, mains dans les poches. La fraîcheur se fait sentir tout autant que la visibilité disparaît peu à peu. Tu avances un peu à tâtons, ne distinguant plus très bien le sol. Néanmoins, tu ne cherches pas à trouver un quelconque équilibre, gardant tes mains dans tes poches.

▬ Fais gaffe où tu mets les pieds, hein.

Tu continues à avancer. Tu donnes l'impression de savoir où tu vas. En théorie c'est le cas. Mais avec cette obscurité naissante, difficile de reconnaître les arbres et autres points de repère. Tu le savais que t'aurais dû chaparder une tente à quelqu'un. T'avais pas prévu que la nuit tomberait si vite. Tu jettes un coup d'oeil par dessus ton épaule. Elle continue à te suivre. Peut-être vaut-il mieux engager une conversation histoire que le calme plein agrémenté par le bruit de la faune et vos pas ne commence à la faire paniquer.

▬ Au fait... moi c'est Orwenn. Et toi ?

Bon, t'aurais pu trouver mieux. Qui te dit que la fille qui t'épie -avant de détourner la tête quand tu la remarques- va soudainement être bavarde et se présenter ? C'est assez stupide. Bah, ça coûtait rien d'essayer, non ? Tu fouilles alors dans ton sac, en sortant deux nouvelles briques de jus de fruits. Tu en lances une à ta camarade avant de planter la paille dans la tienne, te remettant à suçoter comme si de rien n'était.

▬ Tiens, bois. On dit que le sucre est bon contre le stress. Un truc du genre.

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