Première convocation [PV with Ruthel Prismver]

Qui a éteint la lumière ?

Pendant que le pingouin géographe faisait maintes manipulations un peu partout, toi, t'étais juste dans les vappes. Tu repensais à tes premiers cookies, ils étaient infects, mais tu les aimais bien quand même. Tu songeais à tes premiers élèves, ils étaient infects eux aussi.

Mais tu les aimais bien. Parce que, même si tu ne te le dis jamais, tu te sentais horriblement seul. Maintenant que tu es entouré de tes petits choux, tu revois le bonheur qui t'avait échappé pendant si longtemps. Tu ne passes plus une journée sans entendre de rires, et ça te suffit pour t'épanouir. Est-ce qu'il suffit de sourire pour être heureux ? En toi, la réponse est oui, clairement oui.

Alors, pas besoin de te soucier du reste. Pas besoin de savoir ce qui se passe dehors, si on pense toujours à toi, si tes amis se souviennent de toi, si tu y retourneras un jour. Prismver existe, c'est bon, ça te va. Pas besoin d'autre chose... Oui, pourquoi se souvenir qu'on est seul quand on peut juste penser qu'on est entouré ? C'est stupide, idiot, absurde, simple. Autant se leurrer, autant croire, autant se fourvoyer, et alors la vérité sera plus facile. Laisser derrière tout ce qui nous embête, pour le remplacer par autre chose...

Enfin tu voudrais. Tu fais tout pour combler ce vide qui grandit en toi, ce manque qui te dévore de jour en jour. Par des sourires, des attentions, des cadeaux. Tu en viens à te persuader que tu es niais et candide. Navrant. Et ça marche. Ça fonctionne tellement bien que tu te demandes si ça continuera longtemps. Combien de temps tu vas tenir, hein, le doute est permis. Peut-être cent ans, dix mille.. Quand on ne vieillit plus, on compte en siècles.

Cent ans à attendre, facilement. Cent ans de comédie, quel bonheur.

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Tes yeux papillonnent. Une sieste ça fait du bien, surtout que tu étais fatigué. Tu laisses l'air pénétrer dans tes poumons calmement, sans rien paraître. Des pas résonnent dans la pièce où tu te trouves et tu sens qu'ils se rapprochent. Il se passait quoi, déjà ? Tu as encore loupé un épisode, on dirait. Enfin, pas grave, ça t'arrive souvent.

Les pas, ou du moins le propriétaire des pas, se trouve tout près. Et il te fout des claques, ma parole. Même sous la torture, tu n'avoueras pas où se cache la nourriture de Tartiflette ! Le coffre non plus ! Et puis, s'il t'arraches les yeux, tu en achèteras de nouveaux, mais tu ne diras rien. Ça c'est sûr. Bon, par contre, impossible de te souvenir de...


AH. C'est vrai, ça te revient. Lui, c'est un professeur qui tu as gentiment convoqué parce que c'est un gros méchant. Bouh, pas bien. Ensuite, tu lui as fais l'honneur de le laisser porter un de tes magnifiques costumes. Pourquoi, déjà.. Les cookies. Tu ne te demandes même pas ce qu'ils sont devenus à l'heure actuelle.

" Salut ! " tu t'exclames en ouvrant les yeux. " Ça va ? "

Maintenant tu le regardes. Qu'est-ce qu'il a foutu tout ce temps ? Il s'est peut-être égorgé un ou deux élèves pour tuer le temps. Ce serait macabre. Rire un bon coup, tu voudrais bien... En attendant, quelque chose te turlupine, et étrangement c'est beaucoup plus important que les question typiques " où suis-je ? que s'est-il passé ? j'ai dormi pendant combien de temps ? qui m'a lancé une chaussure dans la tête ? " .. Beaucoup plus futile, surtout.

" Il est quelle heure ? "
En souriant bêtement.

Tu aimerais bien qu'il soit tôt.

Spoiler: