Should I Go.. ? [Ft Jayson Berkelay]

Should I Go.. ?

Découverte du monde. Hier, une connaissance m'a parlé d'un endroit apparemment magnifique, selon ses mots "il ne faut absolument pas louper ça". Bien que je sois là depuis quelques années, je ne connais pas encore chaque recoin du pensionnat et de ses alentours. Aujourd'hui, c'est donc visite des ruines au programme ! J'imagine déjà le charme du lieu. Reflex au cou, je quitte ma chambre avec un sourire réjoui. Mon ami m'a indiqué comment m'y rendre, en me précisant que je devrais trouver facilement. En même temps, trouver des ruines, ce ne doit pas être bien dur...

Je franchis la porte du pensionnat, et me dirige vers l'extérieur. Je suis le chemin que l'on m'a expliqué, pour l'instant je trouve la tâche relativement simple. Il fait plutôt beau, du moins il ne pleut pas. Le vent souffle relativement fort, mais on s'y habitue ici. Globalement, je suis satisfaite des conditions météorologiques et pense déjà aux photos que je vais pouvoir prendre. Un flot d'inspiration continu navigue en moi et des idées par dizaines me viennent à l'esprit. C'est une journée agréable, ça fait du bien.

Après une vingtaine de minutes de marche, me voilà devant ces fameuses ruines. D'aspect, je les trouve magnifiques. Ces bâtiments écroulés partiellement, qui devaient être autrefois d'une splendeur exceptionnelle. Les restes d'une vie disparue. Je trouve l'endroit presque magique, je reste silencieuse, comme écrasée par le poids du lieu. Je m'avance alors, intimidée par cette grandeur figée dans le temps. Mes yeux furètent tout autour de moi, je ne sais plus où donner de la tête. Armée de mon appareil, je mitraille ce paysage resplendissant de par sa décomposition. Je me sens juste parfaitement bien ; il faudra que je remercie mon ami !

Je suis plongée dans mon monde, passionnée et ne prêtant attention qu'aux bâtiments en ruine. J'avance, sans trop regarder où je pose mes pieds. Au bout d'un certain temps, je sors de ma torpeur, et prends conscience de la vie à côté de moi. Le bruit des oiseaux au loin, peut-être même les bruits de la ville étouffés. Des voix et.. Des voix ? Sourcil perplexe. Je ne pensais pas que le lieu était visité, j'étais persuadée d'être seule depuis mon arrivée. En cherchant à trouver d'où viennent ces bruits, je me rends compte que je suis empêtrée dans un dédale de murs délabrés. On dirait un labyrinthe. D'où est-ce que je viens ? Stupeur. On dirait bien que je suis perdue... J'essaye de me guider à l'aide des voix que j'entends, et finis tant bien que mal  par tomber dessus. Je me cache derrière un muret et observe : un groupe d'élèves du pensionnat discute. Vu leur façon de s'exprimer et leur air rebelle, c'est sans doute une bande de E. Je ne pouvais pas rêver pire que ça... Comment vais-je me sortir de là...? Surtout, il ne faut pas qu'ils me remarquent.

Angoisse qui commence à grandir en moi. Je suis perdue, avec un groupe d'élèves qui s'amuseraient sans doute bien à me persécuter s'ils me trouvaient. Il ne faut pas que je fasse de bruit, au risque de me faire repérer. Peut-être que c'est déjà trop tard... Il faut que je m'éloigne, tout de suite. Par où partir ? Je soupire, tentant de garder mon calme. Je n'aurais pas dû. Paralysée, je vois alors un grand brun du groupe tourner la tête dans ma direction. Il m'a entendue, c'est sûr. J'ai juste le temps de me cacher, priant pour qu'il lâche l'affaire. J'entends de loin un "Tu rêves, il n'y a rien.", et c'est tout. Plus rien. Puis, j'entends quelques pas qui glissent sur des feuilles mortes. Bon sang, est-ce qu'ils se dirigent vers moi ? Ce que j'aimerais que quelqu'un me sorte de là, immédiatement de préférence...

So bad.

Mon cœur s'accélère. Sueur froide le long de ma colonne vertébrale. Vague de panique. J'entends ces crissements sur les feuilles mortes, rien d'autre que ce bruit angoissant. Quelqu'un doit marcher en ma direction. Peut-être tout le groupe ? En même temps, personne ne sait que je suis là. Ce serait absurde d'envoyer toute l'armada aux trousses d'un ennemi inconnu ! J'ai peur. On m'a raconté tellement d'histoires à propos de cette classe.. J'ai toujours pensé que c'était exagéré dans la plupart des cas, mais maintenant je ne suis plus si sûre. Ce doute s'empare de moi, et je me mets à imaginer les pires choses. Peut-être que ce sont des psychopathes qui tuent leur victime d'une manière affreuse, qu'ils découpent le cadavre pour éparpiller les morceaux un peu partout dans la forêt ? Bon ok, là c'est n'importe quoi. Mais quand même, je suis certaine qu'ils font des trucs pas nets. Mais pour l'instant, aucune raison de paniquer, pas vrai.. ?

J'entends une branche qui craque. Pas très loin derrière le muret, il me semble. Je crois que je vais devoir vite trouver une issue. Mes yeux balayent rapidement les alentours, je cherche désespérément du regard un endroit où me cacher, faute de trouver la sortie de ce labyrinthe de roche. Les bruits se rapprochent, maintenant je ne doute plus : un ou plusieurs élèves sont à ma recherche. J'entends des murmures sans les comprendre, mais mon instinct de survie se met en marche : maintenant, il faut fuir. Fuir à tout prix. Sans réfléchir, je bondis hors de ma cachette bientôt découverte, et fonce vers le premier chemin que je croise. Aucune idée d'où je vais, mais qu'importe. J'espère juste courir plus vite qu'eux, ou trouver un lieu pour me dissimuler. Lorsque je me mets à foncer, j'entends les pas qui accélèrent derrière moi. Une voix s'élève et je l'entends de loin "C'est parti par là-bas !"

Je me sens tel un animal traqué. C'est affreux, cette sensation. J'ai l'impression de mettre ma vie en jeu. Ces personnes sont terrifiantes. On dirait cette histoire sortie tout droit d'un film d'horreur. Je suis rapidement à bout de souffle mais je m'empêtre de plus en plus profondément dans les dédales des ruines. Impossible de sortir d'ici, bon sang.. Quelle poisse. Je jette de rapides coups d’œil derrière moi, jusqu'à ce qu'ils apparaissent dans ma ligne de mire. Je suis fichue. Je les entends crier en me pointant du doigt, je distingue quelques rires mauvais. Note pour plus tard : à mon retour, hurler tellement fort sur mon ami qu'il regrettera d'être né. Enfin pour ça, il faudrait que je m'en sorte.

Et là, stupeur. Je me stoppe net. Le chemin s'arrête promptement devant moi. Je ne sais quel bâtiment s'est effondré et forme maintenant un cul-de-sac. Ce genre de choses n'arrivent qu'à moi... Volte-face, me voilà en train de regarder mes futurs agresseurs arriver. Je vois leur sourire satisfait et mauvais se dessiner sur leur visage. Je me sens comme un animal pris au piège, bêtement. Ils doivent connaître le lieu comme leur poche, ils savaient que j'allais me faire avoir. Et maintenant, que comptes-tu faire petit génie ? Crier. De toutes mes forces. Pour que quelqu'un vienne m'aider.

- AU SECOURS !

Some help ?

Coincée. C'est oppressant, comme situation. Je me sens comme une biche en plein dans les phares du voiture, un gibier traqué en pleine partie de chasse. Palpitations du cœur. Sueur froide. Adrénaline, presque instinct de survie. Il faut que je me sorte de là, mais comment ? A cet instant précis, je rêverais de pouvoir voler, plutôt que de détecter les mensonges. Voler, ou se téléporter. Peu importe, du moment que je parte loin de ce traquenard.

Ils se rapprochent, je vois de mieux en mieux leur visage malsain. Ils doivent être une dizaine, peut-être un peu moins. Je n'ai pas vraiment le cœur à compter, à vrai dire. Mes yeux balayent tout autour de moi, mais je ne vois aucune issue. Peut-être que je pourrais escalader le mur en ruines derrière moi ? J'essaye de prendre mon appui sur un pierre qui dépasse, je tente le tout pour le tout. Cependant, mon espoir se brise très vite : la pierre s'effrite et tombe au sol. Mmh. Je ne suis pas certaine que ce soit une très bonne idée.

Volte-face, les voilà à deux mètres de moi. Ils m'encerclent, certains ricanent, d'autres observent en silence. Le garçon qui avait entendu mon souffle s'avance d'un pas, je me recroqueville sur moi-même. Il est grand, peut-être deux ou trois têtes de plus que moi. Les autres attendent derrière, comme spectateurs. Il tend la main vers moi, je lui lance un regard effrayé et suppliant. M'attrapant par le pull, il me soulève légèrement et me juge rapidement, m'inspectant de haut en bas. Puis, il me pousse vers les autres, et me voilà au milieu d'un groupe de E déchaînés.

"Regardez-moi quelle petite fouine nous a rejoint ! Peut-être devrions-nous lui faire comprendre qu'elle n'est pas la bienvenue ?"

Bon sang. Je veux juste disparaître. Je ne pensais pas que ce genre de chose m'arriverait. Pour moi, ces situations-là n'existaient que dans les films, ou avec les gars qui cherchent les ennuis. Alors que mon cerveau est en fusion, je sens un choc. Je ferme les yeux, un cri s'échappe de moi sans réfléchir. Souffle coupé, je crois bien que je viens de me prendre un coup en plein dans le ventre. Suffocation. Pitié, que quelqu'un me sorte de là..

[[ HS : Je pense que tu peux arriver là, sinon ça va traîner en longueur ! ]]

It hurts.

Mon corps brûle en entier. Je ne me rappelle pas avoir déjà été frappée, et c'est une sensation si désagréable.. Mon ventre est rempli de fourmis. Je me sens engourdie. J'ai du mal à retrouver mon souffle -car le E a frappé en plein dans mon sternum-. Je me prépare à me prendre d'autres coups. Par instinct, je me recroqueville sur moi-même. Ferme les yeux. Retiens ma respiration. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar, que je vais me réveiller et que je serai dans mon lit, tranquillement, bien au chaud. Mais dans les rêves, on ne ressent pas la douleur pas vrai ? Or là, elle est cuisante.

Pourquoi les autres coups ne viennent-ils pas ? Je n'arrive plus à me concentrer sur les autres, sur ce qu'il se passe à côté de moi. J'entends quelques ricanements, mais plus aucune voix. Chaque seconde semble durer une heure. Est-ce qu'ils abandonnent ? Aurait-ce été juste un coup de prévention ? De dissuasion ? Soudain je retrouve mon ouïe, ou alors peut-être que je ne l'avais jamais perdue. Un grand fracas retentit juste derrière moi. Comme si le mur venait de s'écrouler. Ou d'être écroulé, plutôt. Je relève la tête, me risque à ouvrir un œil, et la barrière qui m'empêchait de fuir tout à l'heure a disparue. Je n'entends plus de rires mauvais. Je vois.. du feu ? C'est bon, je suis en plein rêve.

Cependant quelque chose retient mon attention. Derrière la boule de feu, je vois un poing.. Un poing ? Je me redresse, pas sûre de ce qu'il est en train de se passer. Un peu perdue. Désorientée. Derrière le poing, il y a quelqu'un.. Quelqu'un, ou plutôt un garçon. Qui me semble familier. Je cligne des yeux, et reste bouche bée. Je n'aurais jamais imaginé revoir Jayson ici, me porter secours, et.. en flammes. Il se place devant moi sans que je n'ai le temps de réagir. Il a l'air plutôt en colère.. C'est donc ça, son pouvoir. Contrôler le feu. Plutôt impressionnant, je dois dire ! Et surtout très efficace. Plus efficace que de détecter les mensonges, en tout cas. Je me relève péniblement, et me retrouve face au dos du blond. Une nouvelle barrière entre moi et les autres, que je trouve très agréable maintenant. Je lui tire la manche doucement, avant de lui murmurer quelque chose, avec difficulté tout de même.

- C'est rien Jayson, ok ? T'enflammes pas. Je veux juste partir d'ici.. Vivante, si possible.

Pourquoi j'ai dit ça ? "T'enflammes pas". C'est ridicule ! Sorti instinctivement, je ne pensais pas faire une référence à son pouvoir. Je vois les E hésitants, mais pas non plus suffisamment pour renoncer. Ils sont plus nombreux que nous, et je n'ai pas vraiment envie de déclencher une bagarre générale. Je vois déjà mon agresseur se relever suite au coup de Jayson. A mon avis, s'il faut partir, c'est maintenant.

Bloody day.

Les faits se suivent et me surprennent chaque fois davantage. J'ai la désagréable impression que Jayson ne m'écoute pas. Que je parle en vain. Pourtant s'il y a une chose que je souhaiterais, c'est partir sur le champs. Mais je le vois s'avancer vers le groupe de E, et mon sang ne fait qu'un tour. Pourvu qu'il ne les provoque pas.. Tout mon corps est tendu, malgré les meurtrissures. Prête à fuir, plus qu'à attaquer. Cependant, mon allié décide de celer notre sort, lorsqu'il se vante de ses talents devant une bande de dégénérés enragés.

Je me dis qu'il va les mettre en fuite, j'imagine ses bras prendre feu et qu'ils nous sauve la peau in extremis ; que la fin soit digne d'un film d'action et qu'on parte en courant. Pour une fois depuis notre rencontre, j'estime Jayson et je me repose sur lui.. Pas vraiment le choix en fait. Mais au lieu de ça, il se plante au beau milieu du cercle et se laisse faire frapper. Mes yeux s'écarquillent, mes bras restent ballants et je suis bouchée bée. Pourquoi fait-il ça ? Ça me semble clairement volontaire. Je ne comprends pas son acte. Pur masochisme ? Soit, ça ne regarde que lui. Mais en attendant, la situation dégénère et je vais bientôt me retrouver mêlée de nouveau à ça.

Figée sur place, je ne sais pas quoi faire. Le E qui a initié ma traque a dû sentir mon hésitation et ma fébrilité, car je le vois qui relève la tête vers moi. Bon sang Jayson, qu'est-ce que t'as fichu ? Cette fois ci, mon instinct de survie s'enclenche d'une manière différente. Au lieu de me laisser frapper, recroquevillée sur moi-même, je prends les devants. Telle une fusée agile, je me faufile entre les E qui tiennent le blond contre le mur. Coup de coude dans le ventre, celui qui l'agrippe par le col lâche prise sous l'effet de surprise. Mon cœur bat à mille à l'heure, j'ai la sensation d'être invincible : adrénaline. Je ne réfléchis plus, j'agis.

Sans lui laisser le choix, je prends Jayson par le bras et le tire de cet attroupement. Je cours vers la sortie qu'il a fait apparaître un peu avant, et on dirait que mes jambes ne touchent plus le sol. Jamais je n'ai été aussi vite, je pense. Tandis que nous avançons droit devant, à toute allure, j'observe le garçon très brièvement. Il a l'air amoché. Sa lèvre est en sang, il a dû prendre quelques bons coups et je me demande si je vais trop vite pour lui. Cela dit, je n'ai pas vraiment le choix si nous voulons échapper à nos assaillants. Après quelques minutes de course, je tourne la tête pour voir s'ils nous suivent encore. Plus personne. Peut-être ont-ils simplement lâché l'affaire, qu'ils ont eu leur compte de violence pour aujourd'hui.

La sortie des ruines approchent, je ralentis légèrement. Mon rythme cardiaque se calme, mon instinct de survie s'est éteint. Nous somme hors de danger. Quelques mètres de plus et nous voilà hors d'atteinte pour de bon, nous quittons l'enceinte de ce lieu. Je m'arrête alors et reprends mon souffle difficilement contre un arbre. Mon regard se pose sur Jayson, qui a l'air mal en point. Je me redresse avec une lenteur affolante et me dirige vers lui. Ma main se pose sur son épaule, je me penche en sa direction, tout de même inquiète de son sort.

- Eh, tu vas bien.. ?

Je marque une légère pause avant de continuer.

- Qu'est-ce qui t'as pris de te laisser frapper comme ça ? Ça aurait pu finir vraiment mal !

Mes sourcils froncés, je n'ose pourtant pas me disputer avec lui, et encore moins lui en vouloir. Après tout, sans lui je ne serais sûrement pas dehors à l'heure qu'il est..