Rencontre photographique. [Ft Aaron N. Strauss]

Rencontre photographique.

10:15. Ce matin, je dépose une annonce sur la porte du club de photographie. Sur le petit bout de papier rose qui traînait dans ma chambre depuis des jours, j'inscrit quelques mots. "Bonjour à tous, je recherche un confrère photographe pour faire une petite sortie ; histoire de se faire plaisir. Pour me joindre, référez-vous à mon lézard Monsieur Pouet ! Excellente journée à vous, Rose Davis."

12:49. Toujours aucune réponse, j'espère que j'en aurais une dans la journée tout de même. Je n'ai pas vraiment envie de sortir toute seule, si quelqu'un pouvait m'accompagner, ce serait mieux ! Plus convivial, ça me ferait rencontrer un membre du club, et puis ça me permettrait peut-être d'échanger des techniques photographiques. Je ne suis jamais contre enrichir ma culture ! Enfin, pour ça il faudrait qu'on me fasse signe. J'attends toujours..

14:30. Je commence à désespérer, je tourne en rond dans ma chambre. Soudain, j'entends gratter à ma porte. Surprise, je vais ouvrir. Sous mes yeux, Monsieur Pouet, avec un joli message attaché sur son collier. Enfin ! Sourire aux lèvres, je détache le mot et voit l'écriture d'un garçon. Un dénommé Aaron, qui fait partie du club et qui se propose pour m'accompagner. Je lui réponds donc dans la foulée, comme par peur de laisser partir mon volontaire. Je glisse la réponse à mon lézard, qui s'en va alors avec. J'ai hâte de recevoir la confirmation !

14:55. Vingt-cinq minutes que j'attends. J'espère que le lieu que j'ai indiqué à mon homologue masculin lui va.. La plage. C'est une journée à y aller ; ciel bleu, soleil éclatant. Certes, un vent plutôt fort, qui fait chuter la température. Mais justement ! Ça dissuade les gens d'y aller, du coup je ne pense pas que ce sera peuplé. J'ai donné rendez-vous au fameux Aaron pour 16 heures, car c'est l'heure où le soleil commence à se coucher. J'espère sincèrement que ma proposition lui plaira. Monsieur Pouet revient alors griffer à ma porte, avec la réponse tant attendue. "D'accord, je t'y attendrais. A tout à l'heure."

15:38. Me voilà qui part, appareil dans sa sacoche sur mon épaule. Munie d'un objectif 55mm f/1.8 et d'un 18-200mm, je suis prête ! Afin de parer le vent froid, je me suis vêtue d'un jean, un pull chaud et ample comme je les aime, mon manteau à capuche et des boots sans talons. La plage n'est pas très loin des dortoirs, mais je préfère partir tôt afin d'être sûre d'arriver à l'heure, voire même un peu en avance. Ne connaissant pas l'identité ni le visage de l'homme que je dois retrouver, je sais que la tâche va être ardue. J'espère qu'il y aura un bon feeling entre nous !

15:55. Je suis arrivée, le lieu est encore plus beau que ce que je n'imaginais. Le ciel est orangé, avec des teintes rosées et rouges. Aucun nuage à l'horizon, et le vent apporte une sorte de silence surprenant, c'est presque magique. Vivement que Aaron arrive pour découvrir le lieu ! Je m'assois dans le sable froid, pose mon sac à coté de moi et contemple la mer. Les plages m'ont toujours fascinées, apaisées. Mon regard balaye ma droite et ma gauche, guettant l'arrivée d'un inconnu qui serait peut-être celui que j'attends. J'espère qu'il ne me fera pas faux bond..

Nice to meet you.

Je regarde attentivement autour de moi pour détecter la moindre présence que je n'aurais remarquée avant. Mais il faut croire que je n'ai pas une très bonne vue, car un homme de taille plutôt grande s'avance vers moi, après avoir quitté son rocher. Se pourrait-il que ce soit mon rendez-vous ? Je ne suis pas certaine. Fronçant les yeux comme pour me concentrer, je l'observe de haut en bas. Une tignasse brune assez longue, plutôt bien bâti, et cet air mystérieux. Vu de loin, je dirais qu'il a l'air âgé. Peut-être une vingtaine d'années, ou un peu moins. Chaque pas le rapproche de moi, et je commence à croire que ce doit-être le fameux Aaron. Comment a-t-il fait pour se diriger instinctivement vers moi ? Peut-être parce qu'il n'y a pas grand monde sur cette plage. Peut-être aussi parce que j'ai un gros sac de photographie, patate.

Le garçon se plante finalement devant moi, et m'adresse la parole. "Bonsoir… Tu es bien Rose, la photographe ?... Je suis Aaron, celui qui t’a contacté par ton lézard…" Sa voix est douce, et agréable à écouter. Il a l'air plutôt gentil, en tout cas le calme dans sa voix le fait croire. Il me semble également timide, ou alors peut-être qu'il n'aime pas vraiment avoir de la compagnie. Ceci dit, je ne vois pas ce qu'il ferait ici avec une inconnue pour faire de la photo alors. Non, il doit juste être timide. Je lui souris naturellement, avant de lui dévoiler mon identité à mon tour.

- Bonsoir, c'est bien moi ! Enchantée Aaron, je suis contente de te voir.

Joignant le geste à la parole, je me lève et tends ma main à mon locuteur. Je n'ai pas l'habitude de faire face à ce genre de situation, et ne sais donc pas vraiment comment agir. Maintenant qu'il est près de moi, je remarque chaque détails qui le constituent. Son visage est délicat, ses traits sont fins mais musclés. C'est drôle, on dirait presque plus un mannequin qu'un photogr.. J'espère qu'il a bien lu l'annonce et que c'est bien un photographe ? Oh non. Ça m'embêterait vraiment, ce quiproquo, parce que je n'ai pas du tout prévu de faire du portrait et ce serait assez gênant comme malentendu.. Et puis lui poser la question ne serait pas très diplomate. Alors que je m'apprête à lui demander tout de même, j'aperçois un sac à son épaule et me ravise. Ouf, un appareil photo. Je suis sauvée !

Il faudrait peut-être que je fasse un brin la conversation, plutôt que de conserver ce silence plutôt gênant.. Passant ma main à l'arrière de mon crâne, dévoilant ainsi que je suis mal à l'aise, j'entreprends un dialogue, pour détendre l'atmosphère.

- J'espère que le lieu te conviens ? Je trouve que c'est un petit bout de paradis ici, mais si ça ne te va pas on peut aller ailleurs..

Avec mon plus beau sourire, je l'encourage à me répondre sincèrement. Bien sûr, j'aimerais beaucoup rester ici, mais après tout.. Je pourrai toujours y retourner un autre jour ! J'espère que ce Aaron est loquace, parce que sinon le temps va être long.. Je me demande si j'ai bien fait de poster cette annonce, et si je ne vais pas bientôt le regretter. Enfin, restons positifs : tout va très bien se passer !

Just breathe.

Alors que je tends la main à Aaron, il se met à rire. Débile, qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais en même temps je me mets à sa place, et j'aurais sûrement agit comme lui. Je souris bêtement, un peu gênée et mal à l'aise, et remets ma main à sa place : dans mon poche de manteau. Le silence qui s'installe est si pesant.. Mais vite, nous le comblons. Moi d'abord, lui ensuite. Sa réponse me fait sourire. "Euh… J’aimerais te faire part d’une chose avant que l’on commence… Je n’ai jamais pris en photo quelconque paysage, professionnellement parlant, je veux dire…"

Ça ne me fait pas sourire parce que je me moque, non. Ce n'est pas vraiment mon genre. Je souris parce qu'à vrai dire, je n'ai pas vraiment l'habitude des paysages non plus. J'ai justement proposé ce rendez-vous dans ce lieu parce que je voulais m'entraîner un peu, m'exercer. Mes sujets favoris, moi, ce sont les animaux. La photographie animalière, c'est mon dada. Ahah, jeu de mot. Enfin bref. Je fais aussi pas mal de portraits, mais quasiment toujours en extérieur -l'intérieur, ce n'est pas naturel et j'ai beaucoup de mal-. Comment lui dire ça sans passer pour une idiote ? Parce que c'est vrai qu'au final, ça réduit beaucoup mes possibilités photographiques. Bien sûr, ce n'est pas comme si j'étais incapable non plus, mais bon.. C'est tout de suite moins impressionnant.

- Eh bien, tu vas sans doute rire mais.. Je n'ai pas vraiment l'habitude non plus ! Je me suis dit que ce serait l'occasion de s'entraîner, qu'en penses-tu ?

En guise de ponctuation, j'attrape mon appareil photo ; un joli Nikon D5000 équipé d'un objectif 18-200mm. Je l'ai depuis tellement longtemps, mais il est toujours dans un état impeccable. En même temps, j'y prends tellement soin.. C'était un cadeau de mon père. Lui qui m'a transmis cette passion, il a tout fait pour m'encourager à m'y consacrer. Bien évidement, il était hors de question pour lui que j'en fasse une carrière, mais en tant que passe-temps il m'encourageait beaucoup. Je me demande comment Aaron a commencé la photographie, c'est toujours intéressant à savoir je trouve. Et puis ça peut faire un bon sujet de discussion ! Je pose ma question avec sourire.

- Au fait, comment tu as découvert ta passion pour la photo toi ?

En attendant sa réponse, je commence à déclencher mon obturateur plusieurs fois. Je capte la lumière du soleil rasant, j'essaye de capturer l'émotion du moment. En jetant un coup d’œil rapide à l'aperçu des clichés, je tente de me faire une idée de ce que je pourrais améliorer. Le ciel est vraiment magnifique.. Cette ambiance magique. Encore, toujours ce mot qui flotte dans ma tête. Mais il faut avouer que c'est sans doute le plus beau des paysages qui puisse être. En tout cas, selon moi. Attendant tranquillement sa réponse, je fais retentir le "clic" de l'appareil.

[[HS : C'est vraiment pas terrible, je suis désolée .__. Promis promis, je fais mieux au prochain !]]

Travel.

Je le vois pensif. Ses yeux voguent ailleurs. Peut-être ai-je soulevé une question que je n'aurais pas dû évoquer ? Je l'observe en silence. Pas un mot. Mon goût pour voyeurie refait surface. Dit comme cela, ça peut prendre une dimension quelque peu malsaine, voire perverse. Mais il n'en est rien. J'aime simplement les gens. Laisser mon regard glisser sur eux. Détailler chacun de leur mouvement, leur visage lorsqu'ils pensent. Détecter la nostalgie, la colère, l'angoisse, la joie. Avec mon pouvoir, j'ai aussi essayé d'apprendre à assimiler chaque expression faciale à une émotion, afin de m'aider.

Aaron, lui, est typiquement en train de se remémorer certains souvenirs. Lorsque je l'interroge, je le tire de ses pensées. Il pose ses yeux sur moi, répond d'une voix neutre, calme. Souvent, c'est souvent là que je remarque le mensonge. C'est trop faux, être dénué d'expression quand on parle. Il me répond donc, et je sens mon corps picoter. Comme si j'étais à une séance d’acupuncture. Un frisson me parcoure l'échine. Désagréable. Je fronce les sourcils. Pourquoi me ment-il sur une question avec aussi peu d'intérêt ? Je ne saisis pas.

Je ne dis pourtant pas un mot. Pas tout de suite. J'attendrai le moment propice. Il me tend sa main et m'invite à marcher, ailleurs. Il me propose de découvrir des lieux encore plus magiques. La plage ne lui plaît donc pas ? Je prends sa main et me relève, lui jetant au passage un regard à la fois interrogatif et déçu. Doucement, nous commençons à marcher. J'attends encore quelques instants avant de finalement prendre la parole.

- Pourquoi tu mens ? Je ne comprendrai jamais à quoi ça sert, tout ces mensonges.

Je marque une pause, légère. Juste de quoi le faire culpabiliser, qu'il s'interroge. Le faire douter de lui. Puis, je poursuis. Nos pas se marquent dans le sable, tandis que nous avançons sans but.

- Pour ma part, la photographie m'a vraiment été transmise par mon père. Mais il ne voulait pas que j'en fasse un métier, alors je me suis entraînée toute seule, de mon côté.

Dans mes mots, j'insiste sur le "vraiment" pour lui montrer ma déception. S'il y a bien une chose que j’abhorre, c'est le mensonge. J'hésite à clore mon discours là-dessus, mais je me rends compte que nous marchons sans savoir où, et le soleil commence à décroître fortement. Je regarde Aaron, soupirant, et lui pose une dernière question.

- Où marchons-nous, comme ça ?

❝ Je connais ton pouvoir... ❞

• feat. Rose Davis •

Ils avaient commencé à marcher dans le sable fin de la plage, le soleil commençait à s’endormir en laissant place petit à petit à sa consœur, la lune. Ce couché de soleil était vraiment magnifique… Aaron s’arrêta et  essaya de prendre la  plus belle photo de ce moment magique, qui arrivait, certes, tous les jours à la même heure, mais cette fois-ci, il n’était pas seul pour l’admirer, il voulait absolument capturer cet instant et le garder dans ses souvenirs. Cette minute de silence fut interrompu par Rose, il se retourna donc dans sa direction, écoutant ainsi ce qu’elle allait lui répondre, tout en reprenant leur promenade.

❝Pourquoi tu mens ? Je ne comprendrai jamais à quoi ça sert, tous ces mensonges.❞

Aaron fut surpris de sa réaction… Comment pouvait-elle savoir qu’il lui avait menti ?... C’est impossible… Enfin pas tant que ça, à vrai dire, il connaissait une personne capable de faire ça, mais il ne pensait pas que Rose pouvait le faire aussi… Il fronça les sourcils, agacé, comment allait-il se sortir de se pétrin ?… Avant même qu’il ne puisse la répondre, celle-ci répliqua alors sur la vrai question qu’Aaron lui avait posé un peu plutôt.

❝Pour ma part, la photographie m'a VRAIMENT été transmise par mon père. Mais il ne voulait pas que j'en fasse un métier, alors je me suis entraînée toute seule, de mon côté.❞

Elle essayait de le faire culpabilisé sur ce qu’il lui avait rétorqué précédemment, mais ce genre de chose ne lui faisait rien… Il était habitué à ce genre de situation… Aaron soupira en même temps que sa consoeur, il commença à ouvrir la bouche, mais Rose ne lui en laissa pas le temps de répondre qu’elle lui reposa une autre question.

❝Où marchons-nous, comme ça ?❞

Le jeune homme sourit, en regardant tout droit devant lui. Il mit son appareil photo autour du cou, et jeta un œil sur la jeune femme, avant de détourner une nouvelle fois son attention sur ses gants, qu’il portait en permanence… Il n’avait plus le choix, il enleva un de ses gants avant d’effleurer délicatement la belle photographe. Il remit ensuite son gant, sourit de nouveau et lui répondit enfin.

❝Hum… Tu es une détectrice de mensonge, qui l’aurait cru… Pour répondre à ta première question, je n’ai pas vraiment le droit de dire exactement, comment j’y ai découvert la photographie… Il est vrai que ce n’est pas mon père qui me l’a apprise… Je pourrais juste te dire cela… Je l’ai apprise en travaillant… Je te demanderai donc, sans te vexer de ne pas chercher plus loin…❞

Aaron reprit son souffle avant de reprendre.

❝Et si tu essayes de me faire culpabiliser d’avoir menti, ce n’est pas chose simple, car il est strictement à impossible d’y arrivé… Après tout, j’ai toujours été comme ça… Mais ne t’inquiète pas je ressens ta déception dans ta voix… Pour te rassurer, tu n’es pas la dernière personne que j’ai déçu... ❞

Il quitta les yeux de sa route, sortit de sa poche un petit livre pour touriste et l’ouvrit à une page qui parlait de la plage où ils se trouvaient. Il regarda Rose une dernière fois en lui tendant le livre à la page qu’il avait ouvert, avant de retourner son regard dans la direction de sa nouvelle destination.

❝Pour ta dernière question, je te rassure, nous allons rester ici, nous nous dirigeons juste vers un petit bassin qui se trouve non loin d’ici, et qui semble être, apparemment, un endroit magnifique, où l’on peut voir des poissons dans l’eau claire… J'espère que l'on pourra prendre de belles photos... ❞

Ils continuèrent à marcher, croisant les derniers occupants de la plage, qui se dépêchaient de remballer leurs affaires, avant que la nuit ne les rattrape… Aaron ne comprenait pas vraiment cette réaction… ils avaient l’air de courir avant même de faire face à l’obscurité, à leurs propres démons… Il y a des jours où Aaron, ne se sentait pas du tout comme humain, comme en ce moment même…

•••

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HRP:

Démasquée.

Un pied devant l'autre, nous marchons. La cadence de nos pas est très rythmée, on pourrait presque se croire à l'armée. Pendant que je lui parle, je vois bien Aaron surpris et gêné d'avoir été repéré. Cependant, pas une once de culpabilité. Sa bouche s'ouvre et se referme, je ne lui laisse pas le temps de s'expliquer. Pas tout de suite. Non, je continue à essayer de lui faire comprendre mon mécontentement, et je lui demande enfin où nous allons. Enfin, il peut répondre.

Il me regarde, et un flot de mots s'échappe de sa bouche. Tout d'abord, il me dit quelque chose de surprenant. Je n'ai pas vraiment l'habitude qu'on comprenne mon pouvoir si facilement, mais lui, il lui a fallu seulement quelques secondes pour me décrypter. Il doit déjà connaître une personne ayant le même don que moi, c'est à la fois étrange et frustrant d'être ainsi percée à jour. Je le regarde retirer son gant, et me demande ce qu'il compte faire. Contact sur ma peau, comme un électrochoc. Ce frisson qui me parcoure toute l'échine. Pourquoi cette caresse ? Ce sourire apaisant. Comme il est troublant.. Interrogation dans mes yeux, mais je doute qu'il ne la lise. C'est sans doute mieux ainsi..

"Je pourrais juste te dire cela… Je l’ai apprise en travaillant… Je te demanderai donc, sans te vexer de ne pas chercher plus loin…" En travaillant, hein ? Je me demande à quel genre de travail il fait allusion. Mon esprit imaginatif se met instinctivement en route et je lui imagine tout un tas de passés possible. Reporter ? Pour quelqu'un qui n'a jamais pris de paysage de sa vie, plutôt peu envisageable. Espion ? Je ris intérieurement. Non, je ne vois pas. Ma tête penchée sur le côté, j'aimerais lui poser des questions. Par politesse, je ne le fais pas.

Soupir. "Et si tu essayes de me faire culpabiliser d’avoir menti, ce n’est pas chose simple, car il est strictement à impossible d’y arriver…" Ce garçon a l'air d'être un sacré numéro. Un de ceux à qui il ne faut pas se frotter, si vous voyez ce que je veux dire. Il a un je ne sais quoi mystérieux, comme ces vétérans qui ont connus la guerre et qui vivent le restant de leurs jours dans cette atmosphère que personne ne pourra jamais comprendre. Un incompris. Il est intimidant je dois dire. Je ne sais pas quoi répondre, et il ne m'en laisse pas vraiment le temps. A son tour de monopoliser le dialogue. Je me contente d'écouter sans un mot, son assurance m'ayant calmée rapidement.

Il poursuit en me tendant un livret de tourisme. J'hausse un sourcil interrogateur, mais je me rends vite compte d'où nous allons. Au même instant, il s'explique, bien que ce ne soit déjà plus la peine. "Pour ta dernière question, je te rassure, nous allons rester ici, nous nous dirigeons juste vers un petit bassin qui se trouve non loin d’ici, et qui semble être, apparemment, un endroit magnifique, où l’on peut voir des poissons dans l’eau claire… J'espère que l'on pourra prendre de belles photos..." Oh ça, je n'en doute pas. Je connais cet endroit, et je ne sais pas pourquoi, il m'était sorti de la tête. Je plante mon regard dans celui d'Aaron, et lui sourit de toutes mes dents. Peut-être que nous allons bien nous entendre, finalement..

- Je ne te poserai plus de question, tu es enfin tranquille !

Je ris délicatement avant de poursuivre. Je veux lui faire comprendre qu'il a en face de lui une potentielle amie, et non pas une ennemie. Après tout, mon but est juste de passer un bon moment !

- Par ailleurs, je connais ce lieu. Il m'était complètement sorti de l'esprit, mais suis-moi ! Tu verras, c'est magnifique.

Sans demander la permission, je saisis doucement sa main et l'entraîne vers le bassin. Le soleil décroit de plus en plus, et nous devons nous dépêcher pour profiter des dernières lueurs du jour -ce sont les plus belles-. En à peine cinq minutes, nous y sommes. Je lâche alors sa main, sans pudeur aucune. Non, je ne me rends pas compte que cet acte pourrait être interprété autrement. J'écarte les bras et annonce fièrement à mon compagnon :

- Tadam, nous y voilà ! Maintenant, si nous passions aux choses sérieuses ?

Je dégaine alors mon appareil et sans qu'il n'ait le temps de réagir, prends une photo du grand brun. Il est vrai que ce n'est sûrement pas très correct, mais je lui ai bien dit que je n'avais pas tellement l'habitude des paysages.. Autant commencer en douceur, par quelques portraits.

❝ Je me sens à l'aise avec elle... ❞

• feat. Rose Davis •

Aaron la fixa, puis soupira avant de voir que la jeune fille le fixer à son tour, et lui sourit, il semblerait qu’Aaron l’avait rassuré. Il sourit à son tour, il n’avait vraiment plus rien à craindre d’elle, elle avait l’air de comprendre, ce qui le rassura, lui aussi. La jeune demoiselle rigola, elle voulait faire partie des amis d’Aaron, celui-ci baissa la tête, il pouvait ressentir ça aussi avec une autre personne que ces deux-là.

❝Par ailleurs, je connais ce lieu. Il m'était complètement sorti de l'esprit, mais suis-moi ! Tu verras, c'est magnifique.❞

Aaron jeta un coup d’œil à Rose, mais avant même qu’il put le faire, celle-ci lui saisit la main, et le traîna vers le bassin. Il était surpris, c’était bien la première personne qui réagissait ainsi avec lui. Ils avaient pris à peine cinq minutes pour arriver à destination, la demoiselle lui lâcha la main, Aaron sera sa main contre lui avant de reprendre son appareil photo. Le jeune homme releva ensuite la tête et vit les derniers rayons du soleil se poser sur le visage délicat de la belle.

❝Tadam, nous y voilà ! Maintenant, si nous passions aux choses sérieuses ?❞

Avant même que celui-ci ne réagisse, sa consoeur avait déjà capturé son image, il fronça les sourcils, avant d’attaquer à son tour, il prit quelques clichés de Rose, avant de sourire et de rétorquer.

❝Tu es une traîtresse en fait ! Attention, je ne pardonne pas facilement…
❞

Aaron rigola ensuite, pour ne pas que la demoiselle se méprend sur ses dits. Après avoir pris sa revanche, Aaron se dirigea vers l’un des rochers, et apprécia la douce brise qui lui caressé le visage, ce qui lui donna envie de fermer les yeux. Il tourna son dos au soleil, pour faire face à Rose, il ouvrit les yeux, sourit de nouveau, et prit quelques photos de Rose.

❝Cet endroit est vraiment magnifique, il souligne la beauté des personnes qui viennent le voir. En plus, le lieu et bien plus beau en vrai qu’en photo… Comment allons-nous le sublimer en photo ? Tu as une idée ?...❞

C’est bien l’une des premières personnes à qui il pouvait parler de cette manière, amicalement, bien entendu, elle le mettait de plus en plus à l’aise, une vraie fée, Aaron sourit à cette idée, et baissa la tête pour éviter que interlocutrice ne le voit.

•••

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HRP:

Freedom.

Alors que notre rendez-vous aurait pu mal tourner il n'y a de ça que quelques minutes, nous voilà maintenant tout sourires. Les relations humaines, quel beau mystère. L'ambiance bonne enfant me fait du bien. Le vent fait voler mes cheveux, et le soleil décroissant rempli mes pupilles de joie. Je suis simplement bien. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie ainsi !

Après avoir lâché sa main pour lui présenter le lieu où nous sommes, je le vois la porter contre lui. Ai-je mal agis ? Je me rends alors compte que mon geste a pu être interprété différemment. Mes joues rosissent légèrement, mes yeux fixent le sol mais je n'ose rien dire. Il ne fait aucun commentaire, peut-être que ça ne vaut pas la peine de m'excuser.. Ceci dit, c'est plus fort que moi : je ne veux pas qu'il y ait un quelconque malentendu. D'une voix teintée de gêne naissante, je précise mon acte.

- Oh excuse-moi, je ne voulais pas..

Ma phrase reste en suspens. Eh bien oui, petite idiote, tu ne sais pas quoi rajouter derrière ce verbe. J'espère simplement qu'il comprendra le fond de ma pensée. Je le regarde, sourire angélique aux lèvres, comme pour qu'il voit que mes intentions n'étaient pas enjôleuses. Alors qu'il me traite de traîtresse et avant que je n'ai le temps de réagir, il profite de mon silence pour prendre quelques clichés de moi. Je sens mon épiderme se réchauffer, se colorer sans doute d'une légère teinte rougeâtre.

"Cet endroit est vraiment magnifique, il souligne la beauté des personnes qui viennent le voir. En plus, le lieu et bien plus beau en vrai qu’en photo… Comment allons-nous le sublimer en photo ? Tu as une idée ?..." Je le fixe, perplexe et heureuse à la fois. Serait-ce un compliment caché ? Je secoue la tête comme pour chasser cette idée saugrenue de ma tête. Mes yeux se posent tout autour de moi, et j'observe le paysage. Les rochers, ciel dégagé, presque mauve, le soleil qui rase l'horizon avec ses couleurs orangées. Les couleurs présentes sont à la fois froides et chaudes. Le vent balaye le décor, faisant se mouvoir l'eau tel un ballet.

Sans un mot, je saisis mon appareil photo et porte mon œil au niveau du viseur. Mes genoux fléchissent jusqu'à ce que je sois accroupie. Lorsque je suis pratiquement au niveau du sol, j'oriente mon objectif vers le soleil, en contre plongée, prenant comme sujet un petit crabe qui passe par là. Ce n'est pas vraiment une photo de paysage, certes. Mais je vérifie rapidement sur mon écran le rendu, et je suis plutôt satisfaite de moi. Me relevant, je me tourne vers Aaron. Il faudrait tout de même que je lui trouve une réponse..

- Tu as raison, ce lieu sublime tout le monde, ici. Et si nous essayions de prendre des émotions, et non pas de simples clichés ?

Léger clin d’œil complice à mon compagnon. Pas sûr qu'il ait compris mes paroles, je n'en suis pas certaine moi-même. Prendre des émotions, c'est bien beau ! L'expression de nos sens. Notre signification personnelle. Mais comment ? Là plane le mystère.. Je me mordille la lèvre inférieure en penchant légèrement la tête sur le côté droit, signe de ma réflexion. Puis mon esprit s'illumine, et mon regard doit refléter mon éclat d'inspiration. Je prends des risques, mais sans réfléchir.

Un pas, puis deux en direction d'Aaron. Mon cœur bat vite, c'est sans doute l'adrénaline. Je ne sais pas pourquoi je fais cela, ni comment m'en est venu l'idée. Je le fais, simplement. Un autre pas qui me rapproche de lui, et me voilà maintenant à côté de lui. En silence, mes doigts s'accrochent aux siens. Nerveuse, je regarde à l'opposé de lui. Cette sensation est agréable, sans que je ne sache l'expliquer. Au bout de quelques secondes, quelques mots raisonnent, une question.

- Que veux-tu que ce lieu signifie ?

[[ HRP : Pour briser un peu ce manque d'action, je mets le paquet ! A toi de jouer ;) ]]

Mais que fais-tu ?

Mon cerveau se barre est sucette. Mon corps agit sans réfléchir. Je ne sais pas ce que je fais, ni à quoi ça rime. Une pensée traverse mon esprit, "Je crois que j'aime bien ce garçon". Ah oui, et je ne m'en rends compte que maintenant ? Je ne pouvais pas le réaliser avant d'agir sous une pulsion inexplicable ? Maintenant je suis dans une position délicate. Mes joues sont en feu. Lui aussi, a l'air gêné. Il rougit et bégaye lorsqu'il s'adresse à moi.

"Je… Je vois… Mai…mais, je veux être sûr de ce que… de ce que tu me parles… Est-ce que… est-ce que j’ai bien compris ce que tu voulais… euh… me faire comprendre par ces gestes et ces mots… ?" Bon sang, je m'en veux. A sa place, je serais pareil. Comment est-ce que j'ai pu faire ça sans réfléchir aux conséquences que ça aurait pu avoir ? D'ailleurs, je ne sais même pas quoi lui répondre. Mes yeux baissés, je fixe mes pieds et mes mains qui se tordent, sous l'anxiété. De longues secondes s'écoulent alors que je cherche mes mots.

Je prends conscience de ce que je viens de faire sous l'impulsivité, mais je n'en suis pas encore tout à fait sortie. Comme si un élan de courage c'était insufflé en moi pour un court temps, et que je devais en profiter avant qu'il ne reparte. Cependant, je n'ai pas envie d'aller trop vite : ce n'est pas mon genre. Alors que je m'apprête à retirer ma main et m'excuser, le voilà qui la serre plus fort davantage contre la sienne. Mon cœur fait un raté, avant de s'emballer. Je tente d'aligner une phrase sans balbutier, mais c'est loin d'être gagné.

- Ahum je suis désolée.. Je voulais pas te gêner comme ça.. Je ne voulais pas.. Je voulais pas donner ce ton là.. Enfin pas à ce point-là..

Ça ne veut rien dire, mais ça signifie : "Je crois que je t'aime bien, mais je ne voulais pas te le montrer aussi vite et d'une manière aussi invasive." Cette pensée me traverse l'esprit et brutalement, mes joues s'empourprent. Je voudrais pouvoir lui dire ça, pour lui faire comprendre que ce genre d'actes, ce n'est pas moi, que je ne sais pas ce qui m'a prit. Mais je reste muette, incapable de dire un mot de plus. J'ose me risquer à lui jeter un coup d’œil, et je le vois. Mal à l'aise, joues rouges, regard fuyant, air perdu, cerveau écumant de questions. A peu de choses près, je pense pouvoir dire que nous sommes dans le même état.

Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas vraiment l'habitude de prendre les devants. Alors je m'imaginais que les choses seraient plus simples ensuite, qu'elles couleraient de source : soit tu te fais recaler, soit ça se fait tranquillement. Mais là, ce n'est ni l'un ni l'autre. Aaron m'a posé des questions. Il n'a pas compris. A cherché à savoir pourquoi. Mais je n'en sais rien moi. J'ai juste fait ça, parce que c'était le bon endroit, le bon moment. Je le sentais bien. Peut-être un peu trop, d'ailleurs.

- Tu veux peut-être que je ..?

Joignant la parole au geste, je fais mine de dégager ma main tout doucement. Cet acte, comme une question, lui laisse le choix : me laisser partir sans paraître trop cruel et passer à autre chose, ou.. Peut-être.. Garder ma main dans la sienne ?

Heartbeat.

Tout mon être s'emballe, mon cœur va sans doute imploser sous peu. Je me sens fébrile, je souhaiterais qu'il garde ma main dans la sienne. Mais c'est effrayant. Ses yeux me fuient. Mais sa bouche s'ouvre, et j'ai presque l'impression de boire ses mots. "Attends… C’est juste que… je ne pensais pas que… que tu pensais ça de moi… C’est allé un peu vite, c’est vrai, mais je te comprends tout à fait… J’ai ce sentiment… presque que similaire… je ne sais pas vraiment comment le décrire, mais la seule chose que je peux te dire, c’est que… Je te comprends…"

Mon sourcil droit se hausse, perplexe. De toutes les phrases, je n'en ai retenu qu'une. "C'est allé un peu vite, c'est vrai" ? Je ne me rappelle pas l'avoir dit. Je réfléchis quelques instants, avant de m'interroger. Je l'ai pensé, c'est vrai, mais.. C'est impossible, n'est-ce pas ? Je ne peux pas l'avoir dit à voix haute. Je m'en serais souvenue. Tête penchée sur le côté, j'observe Aaron en silence, essayant de comprendre. Je finis cependant par la secouer, c'était certainement le hasard. J'essaye de passer outre, de me concentrer sur ce qu'il dit.

Il me comprend. Mais que comprend-t-il ? Moi même je n'en sais rien. Je ne saurais identifier ce sentiment qui m'habite. De l'attirance ? Sans doute. Il faut avouer qu'Aaron est un assez beau garçon. Il a ce petit quelque chose qui donne envie de rester à ses côtés, juste passer du temps avec lui. Je ne voudrais pas qu'à cause de moi, une éventuelle relation soit avortée. Je me plonge dans ses yeux qui regardent ailleurs, et j'essaye de capter leur étincelle. Malgré la gêne, il a l'air calme. Je ne sais que lui répondre, ma bouche reste close encore un peu. Soudain, je sens ma main capturée par la sienne et mon corps bouger.

C'est lui. Il me tire dans sa direction et nous voilà maintenant à quelque centimètres l'un de l'autre. Yeux dans les yeux. Face à face. Bon sang, je ne savais pas qu'une telle sensation était possible. Mon cœur bat la chamade, mes joues deviennent un brasier ardent, mon ventre se noue et j'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais reprendre mon souffle à nouveau. Sa peau aussi prend des pigments carmins.  "J’espère que l’on pourra se connaitre un peu plus… Enfin, si tu me laisse l’occasion de le faire bien entendu…"

Il détourne encore le regard, mais cette fois-ci je décide de ne pas le laisser faire. Ma main se lève et entre en contact avec sa joue. Mes doigts effleurent sa peau, presque tremblants. La peur me ronge l'estomac, mais c'est comme un aimant, je ne peux me détacher de lui. Avec douceur, je l'oblige à tourner la tête vers moi, afin qu'il cesse de fuir. Moi aussi j'aimerais fuir. Mais il me semble que parfois, nous devons nous forcer à rester là. Malgré l'effroi, malgré la honte, malgré tout ça. Juste rester en place, et affronter ce qui nous fait face. Lorsque ses yeux recroisent les miens, je murmure ma réponse, comme si je voulais que mes mots n'atteignent que lui.

- Je ne demande que ça, alors je ne te l'interdirai pas..

Cette proximité pourrait facilement me faire tourner la tête, mais il faut garder le contrôle. "Contrôle-toi", cette phrase en répétition dans mon esprit comme un leitmotiv. Et pourtant, pourquoi s'abandonner serait-elle une mauvaise idée ?