Jean évasé traînant sur le quai, recouvrant mes fines ballerines. Bras croisés, ipod en main, je me balance doucement des pointes aux talons, regardant à droite, attendant l’arrivée du train en approche. Il fait froid et je grelotte presque; j’aurai dû mettre un manteau au lieu de mon petit blouson en cuir marron. Ma tunique crème, en dessous, est toute légère, je sais pas ce que j’avais dans la tête en partant. C’est le soir, forcément qu’il allait faire froid. Et je suppose que dans le train, ça sera pire. Impatiente, je glisse mon ongle entre mes dents, entreprend de le mordiller mais retire vite ma main, me souvenant de ma bonne résolution du moment: essayer d’avoir de beaux ongles longs. Oeillade sur mon pouce gauche; c’est loupé. Je me met à la recherche d’une chanson quand le haut parleur, puis le train arrivant, couvrent le son de ma musique. Je saisi ma valise, serre mon sac à main contre moi et m’approche, comme les quelques personnes présentes, des portes du wagon le plus proche.
A l’intérieur, il fait plutôt bon, contre toute attente. Du moins pour l’instant, c’est probablement parce-que je viens de dehors que j’ai cette sensation de chaud. Je croise quelques élèves que je connais de vue, salut d’un sourire discret l’un de mes professeurs. Trop de monde à mon goût, je change de wagon. J’aime la solitude, je la recherche souvent dans des moments comme celui-ci. Ce train va sur l’île de Prismver, il n’y a pas non plus une foule énorme, malgré le retour de vacances. Je traverse un wagon entier et trouve une place isolée; j’ai dépassé quelqu’un qui était déja assis, sans prêter attention à lui. Du coup on est que deux dans ce wagon, c’est parfait.
Je m’assied, j’ai laissé ma valise sur le siège à côté de moi, j’ai pas vraiment confiance en mes muscles pour la caler la haut. Un contrôleur passe, me demande de le faire, je lui explique le problème et il a la gentillesse de mettre ma valise en place. Je le remercie, le laisse partir dans un sourire en pestant intérieurement; je vois pas qui ça gène que ma valise soit là, et je vais galérer à la récupérer. Mais soit. Je ne suis pas du genre à désobéir, alors je reste sagement assise.
Et le train se met en marche. Il ne me faut que quelques minutes pour me décider à sortir mon carnet. C’est aussi - et surtout - pour ça que j’aime être seule dans le train. Je n’aime pas qu’on jette un oeil sur ce que je fais. Oui, je suis peut-être parano, peut-être que le monde entier se fiche de ce que je peux y écrire, mais je ne peux pas m’empêcher de stresser quand je sais que quelqu’un est derrière moi et peut potentiellement voir ce que je fais. Oui, cela inclu que la personne en question puisse voir à travers le fauteuil et mon corps. Je suis la personne la plus débile de l’univers. Mais je me porte plutôt bien.
Me moquant intérieurement de moi-même, impitoyable, je commence à griffonner. J’ai toujours ma musique dans les oreilles, et je laisse mon esprit divaguer, mes yeux glissant parfois sur le décor défilant dehors. Un corps se forme sur ma feuille. Dynamique. Un ballon orange apparaît, une tenue de basket aux couleurs de Prismver. Le joueur n’a pas encore d’identité. J’esquisse des traits de visage - je ne suis pas assez douée pour qu’on reconnaisse qui que ce soit. Visiblement un brun aux cheveux courts, habillé comme nos joueurs, ça pourrait être Heath, Skygge ou même Joach. Les traits sont trop abstraits pour qu’on puisse analyser la musculature. Je pose mon menton sur ma main, observe mon dessin d’un oeil très critique. J’aime pas. J’aime jamais ce que je fais. Alors, légèrement agacée, je me contente d’écrire grossièrement un 5 sur le maillot du joueur, sans aucun effort, histoire que ce soit définitivement laid, et je rature le tout avant de lâcher mon stylo bic. Je ramène mes pieds sur mon siège, cale mes bras autour de mes jambes, et cherche de nouvelles musiques dans mon ipod.
Alors, une secousse, et le train freine violemment, m’éjectant en avant. Mes mains s’écrasent contre le siège devant moi, j’essai de me maintenir en place mais la vitesse me presse contre la tablette déployée devant moi. Je met toutes mes forces pour me retenir en place, et j’entend ma valise glisser et tomber au sol, mon carnet quand à lui a volé bien loin. Dans les autres wagons, un brouhaha. Et tout s’arrête. Souffle. Je râle, peste intérieurement contre le chauffeur qui fait n’importe quoi. Mais bon, j’ai rien. Juste les cheveux en vrac. Je me lève, tandis qu’au micro, on nous annonce qu’on va être bloqué là un moment. Génial. Je vais chercher ma valise, reviens, et tente de la hisser sur le porte-bagages avant que le contrôleur revienne m’emmerder. Mais elle est lourde, trop lourde, et je sens mes bras faiblir, j’ai l’air ridicule, heureusement qu’il y a personne. Ou presque. Je crois que je vais mourir sous le poids de ma valise.
Mais une main se pose sous elle, la soutient, me soulageant immédiatement de son poids.
Adieu le soleil de Floride. Adieu la chaleur étouffante de Miami. Adieu les pétasses en bikini. Adieu les américains à l’ego aussi énorme que leurs muscles obtenus avec des produits illicites. Retour à Prismver. Là où la température est supportable, et là où tu risques pas d'être ébloui par le soleil en levant la tête vers les nuages. Que c'est bon de rentrer. T'aurais bien aimé faire un gros détour, retourner chez toi. Mais l'administration n'aurait certainement pas apprécié. Et tes connaissances non plus. Tu sais pas si Heath et Lys l'auraient mal pris que tu files à l'anglaise. Mais Voltaire, c'est sûr. Enfin, passons.
La gare. Le bas du visage dissimulé derrière le col de ton vêtement, tu en profites pour esquisser un sourire nostalgique. T'as toujours aimé les trains. Un peu comme tous les gosses, ton premier jouet a été un petit train. Le pauvre objet a malheureusement bien vite été remplacé par un ballon de basket, mais jamais tu n'oublierais la joie que t'as procuré une babiole aussi commune. Tu fixes les rails, écouteurs vissés dans les oreilles, mains dans les poches de ta veste.
Quand le train arrive, tu embarques, en même temps que d'autres. Certains te reconnaissent aisément et s'assurent de ne pas s'installer dans le même compartiment que toi. Les autres, eux, en voyant ton air, adoptent alors le même comportement que les précédents. Te voilà donc installé, seul, dans un wagon. Le calme, la solitude. Tu poses ton sac dans les emplacements à bagages au dessus de toi, et tu t'installes. L'espace entre ton siège est celui de devant est réellement insuffisant pour tes grandes jambes. Tu te cales alors côté fenêtre, étalant tes jambes vers le couloir.
Fatigué, le sommeil vient rapidement et tu croises les bras, bercé par les mélodies sortant de tes écouteurs. Mais, bientôt, des mouvements te réveillent. Quelqu'un est entré. Tu ne bouges pas pour voir qui c'est. La personne -une fille- te dépasse et va s'installer plus loin. Ses cheveux te rappellent quelqu'un, mais tu te dis que toutes les nanas se ressemblent de dos.
Le train démarre. La fille n'est pas trop loin puisque tu arrives à percevoir ses mouvements. Tu émets un discret grognement, priant pour que le sommeil s'empare de toi le plus rapidement possible. Mais c'était sans compter sur ce satané train. Une étrange sensation s'est emparée de toi. Comme à chaque fois que tu pressens un mouvement. Mais là c'est différent. Tu sens quelque chose mais, pour une fois, tu ne parviens pas à comprendre ce que c'est ni d'où ça vient. Le tout en une fraction de secondes, et le train freine brusquement, faisant couiner les rails.
Tu te casses la gueule de ton siège, te retrouvant le cul par terre entre le dossier du siège de devant et ton siège. Tu pousses un juron entre tes dents et tu galères à te redresser, vu ta carrure de gorille. Debout, tu te frottes la tête qui s'est cognée contre le rebord de la fenêtre dans ta chute, puis tu regardes autour de toi. On annonce bientôt que le train est bloqué. Nouveau grognement. Coup d’œil à la fille. Elle semble aller bien.
Tu te masses la nuque, ramassant ta valise pour la remettre à sa place. Et tu t'aperçois qu'elle en fait de même. Enfin, qu'elle essaie d'en faire de même. Tu lèves les yeux au ciel avant de sentir ses muscles se tendre. Elle va se prendre la valise sur la tronche. Tu traverses la courte distance qui vous sépare et tu passes ta main sous sa valise, la retenant.
▬ Laisse. J'vais le faire avant qu'elle te tombe dessus.
En peu de temps qu'il n'en faut pour le dire, la valise est retournée à sa place. Tu cherches à regarder la fille et t'es obligé de baisser la tête pour la voir. Puis c'est l'illumination. Tu arques un sourcil, ne pouvant dissimuler ta surprise.
▬ ...Johanna ?
Dire que tu es surpris serait assez faible. Quelles étaient les chances pour que la personne qui soit dans le même wagon que toi soit Johanna ? Jim, pourquoi t'es jamais là quand il faut ? Tu recules d'un ou deux pas, te massant la nuque.
▬ Rien de cassé ?
Tu remarques alors un calepin jonchant le sol, un peu plus loin. Tu vas alors le ramasser, tournant la tête vers la brune tout en désignant l'objet sans y jeter un coup d'oeil.
▬ C'est à toi ?
Tu reviens vers elle et, curiosité oblige, tu poses ton regard sur le papier légèrement froissé. Tu as tout juste le temps de distinguer un ballon orange avant que le calepin ne quitte ta main. Tu n'es pas plus étonné que ça, ayant pressenti le mouvement. Mais la gêne est là.
▬ Désolé, j'aurais pas dû regarder.
InvitéInvité
Sujet: Re: Instant. Jeu 27 Fév 2014 - 18:49
it doesn't matter
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« Laisse. J'vais le faire avant qu'elle te tombe dessus. » Boom. Boom. Je le regarde. Je ne peux rien faire d’autre que le regarder. Parce-que tout le reste a déja disparu. Je ne réfléchis même pas aux probabilités que l’on se retrouve ici, ou à la gentillesse de son geste. Pendant les premières secondes, avant qu’il ne me regarde, je le fixe, et profite. Profite de la sensation de mon coeur qui s’emballe. Du frisson qui m’enveloppe. De mon souffle qui se coupe. Cette euphorie étouffée. Ces pirouettes du coeur.
C’est tout ce que je demande. Me sentir vivante.
« ...Johanna ? »
Et la magie de l’instant est brisée. Du moins, le calme, la sécurité de le regarder sans qu’il ne me voit. Car à la seconde où il pose les yeux sur moi, ce sont d’autres sensations qui font surface. L’euphorie est toujours là, oui, mais tout revient. Retour au réel. Le train. Le blocage. Et lui et moi, seuls.
« Rien de cassé ? » « Non, ça va, merci. »
Un souffle, et j’extirpe mon regard du sien. Le regarder me fait mal. Ca me fait mal tellement c’est bon. Bon, et inaccessible. Fixant mon siège, mes yeux glissent dans son dos tandis qu’il va chercher quelque chose. Je détaille son dos, probablement la partie de son corps qui me fait le plus frémir. Je veux détourner les yeux mais n’y arrive pas. Car à chaque fois qu’il a le regard ailleurs, je ne peux que le regarder lui. Me nourrir. Me nourrir de ce que je vois. J’ai soif de le regarder. Alors dès que je le peux, je le fais. Et je m’en contente. Je suppose que le simple fait de le regarder me suffit à être heureuse, grâce à ces papillons qui tournoient dans tout mon être.
Mais dès que c’est lui qui pose les yeux sur moi, je me rend compte qu’à ses yeux je ne suis rien. Du moins, je me rend compte que j’existe, moi aussi. Et je me sens minable. Infime. Come un papillon sans ailes aux pieds d’un colosse de marbre. Skygge est terrifiant. Mais plus encore, c’est ce que je ressens qui l’est.
« Désolé, j'aurais pas dû regarder. » « Y’a pas de soucis. »
Je lui souris, sans le regarder. Je fuis toujours son regard. J’ai honte, j’ai peur. Son regard m’a toujours effrayé, et plus encore, c’est ce que je pourrai y lire qui m’effraie. Mon pouvoir risque à tout moment de se déclencher, et je ne veux pas. Je ne veux pas lire en lui. Je ne veux pas accéder à ses souvenirs. Par respect pour lui, mais aussi pour me préserver. Je ne veux pas voir combien il aime Cale. Combien il souffre depuis. Je ne veux pas voir ses souvenirs d’enfance, je ne veux pas voir la couleur de son âme. Tout est plus intense avec une personne, une fois que j’ai eu accès à son âme. Je la vois différemment. Et je ne veux pas le voir différemment. Je ne veux pas que ce soit encore plus intense que ça ne l’est. Skygge m’attire, plus que les autres. Mais j’ose espérer que c’est passager. Je ne veux pas tomber amoureuse de lui. Je ne veux pas souffrir pour quelqu’un qui ne me provoquera jamais la Passion. Et de nouveau, j’envie Sarah. Que ce soit Drew ou Marwin, ils l’aiment. Elle en souffre, mais elle a leurs coeurs.
Mais moi je n’ai aucun coeur. Et celui-ci appartient à Cale. Alors je fais une croix dessus, et me contente de ces petits papillons dans le ventre, en espérant qu’un autre mec me fasse bientôt cet effet. Et peut-être qu’un jour, moi aussi, je ferais réellement cet effet à quelqu’un.
Je m’extirpe de son aura. Parce-que sa présence, si proche, me fait trop d’effet. Elle perturbe mes sens, noie mes pensées. Je jette mon carnet sur la tablette, j’ai confiance en Skygge. Il n’ira pas le regarder. C’est un jeune homme très respectueux, et je l’admire pour ça. Je fais quelques pas, m’éloigne de lui pour mon bien. Ma main glisse sur les dossiers des sièges, et je regarde dehors, essai de discerner quelque chose. Je ne vois que le soleil couchant, et cette légère buée sur les vitres. Je m’arrête finalement, m’appuie sur un dossier de mes avants-bras, regardant toujours dehors. « Je savais pas que vous étiez déja rentrés. C’était bien ? T’a eu la bonne idée d’abandonner ces idiots là-bas ou pas ? » Oeillade amicale, sourire. Et me balançant un instant, je reviens finalement vers lui et m’assied juste à côté de là où il est, encore debout, me moquant de ne pas être à ma place initiale. Qu’importe, y’a personne, on peut se mettre là où on veut. Je lève les yeux sur lui, une seconde, et détourne de nouveau le regard sur le bout de ma mèche que j’enroule autour de mon doigt.
Et sa simple présence me suffit à me sentir au Paradis. Même si ce n’est qu’éphémère, et non réciproque.
Aussi loin que tu puisses te souvenir, Johanna ne t'a jamais fixé droit dans les yeux plus de deux secondes. Si ce n'est pas moins. Elle ne te regarde jamais très longtemps. Et tu en ignores la raison. Peut-être que la différence de taille la gêne et elle se sent intimidée. Ou peut-être que ça vient simplement de ce que tu dégages. Tu peux comprendre. T'es loin d'être le mec le plus agréable à regarder. Tu souris rarement. Enfin, il faut avouer que, depuis quelque temps, tu souris de manière un peu plus naturellement et de façon un peu plus régulière. Même si ce n'est pas le genre de sourire que Lys qualifie de "Colgate".
Tu t'appuies contre un siège, glissant tes mains dans tes poches de pantalon. Tu regardes autour de vous. Personne ne semble venir voir si vous allez bien. Le contrôleur a-t-il seulement pris la peine de se déplacer dans un seul wagon ? Difficile à dire. Bah, y a rien de grave. C'est pas comme si le train avait déraillé. Scénario catastrophe, ombre de sourire. Furtif, insaisissable.
Johanna abandonne son carnet auquel tu accordes un bref regard. Puis tu la suis du regard. Elle regarde dehors, semble chercher des réponses à ses interrogations. Tu continues à la fixer un moment avant de soupirer et de regarder sur le côté, sans chercher à fixer quoi que ce soit en particulier.
Néanmoins, tu te demandes encore pourquoi Johanna évite ainsi ton regard. Elle est toujours là aux entraînements, venant avec Heath. Pour lui d'ailleurs. Elle est amoureuse de lui ? Non, probablement pas. Heath a dû lui dire qu'il sort avec Ulysse. Ils semblent proches. Si proches qu'Heath aura forcément expliqué que t'es pas le pire des connards au monde. Ou peut-être que si. Bah. C'est pas comme si ça avait une réelle importance. Quoique...
Soudain, elle te sort de tes pensées.
▬ Je savais pas que vous étiez déjà rentrés. C’était bien ? T’as eu la bonne idée d’abandonner ces idiots là-bas ou pas ?
Elle te sourit avant de vite détourner le regard et d'aller s'asseoir pas très loin de toi. Tu hausses les épaules, léger sourire en coin.
▬ J'ai essayé de noyer Heath et d'enterrer Lys dans le sable. Mais ce sont des coriaces, désolé. La prochaine fois peut-être ? Tu regardes ailleurs, par-delà la fenêtre du train. Non, c'était vraiment super. Tu poses de nouveau ton regard sur elle. Et toi, t'as été quelque part en particulier ?
Tu la regardes un instant. Puis la question vient alors toute seule, sans prévenir.
▬ Est-ce que tu fuis mon regard parce que tu as peur de moi, ou parce que tu me détestes ?
C'est sorti tout seul. Tu es sérieux mais, pourtant, tu es toi-même surpris par ta propre question. Tu te redresses, légèrement gêné d'avoir pensé si haut.
▬ Ah, oublie. C'est sorti tout seul, fais pas attention.
InvitéInvité
Sujet: Re: Instant. Jeu 27 Fév 2014 - 21:56
lie
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Assise dos à la fenêtre, tournée vers Skygge et mes bras entourant mes jambes, je joue avec ma mèche, souriant à sa réponse. Il me retourne plus ou moins la question, me demandant où j’étais.
« J’ai passé les vacances chez mon père. A Lond... » « Est-ce que tu fuis mon regard parce que tu as peur de moi, ou parce que tu me détestes ? »
Ma voix se brise, mon souffle se coupe. Surprise. Lèvres entrouvertes, je lève les yeux sur lui, cille, abasourdie, tandis que c’est lui qui détourne le regard, s’excusant. ... Il croit vraiment... que je le déteste ?! Non ! Je veux pas qu’il croit ça ! Je me redresse et instinctivement, sans parvenir à retenir mon geste, pose ma main sur la sienne, sur le dossier du siège à côté de moi. « J’te détèste pas Skygge ! Tu rigoles... » Je souffle un petit rire se voulant rassurant, et mes yeux glissent sur nos mains, tandis que je me rend compte que ce contact chaud, sous la mienne, c’est bel et bien la sienne. Je me pince les lèvres, sourit et détourne les yeux en ôtant ma main calmement, l’air de rien, l’air sûre. Ne pas paniquer.
« Je sais que je peux paraître un peu sauvage ou méprisante... j’suis désolée, c’est pas mon intention. » J’explique ça en me redressant pour changer de position, glissant un pied sous mes fesses - faut toujours que je m’assied n’importe comment. Pour revenir à mon comportement, c’est vrai que je peux paraître hautaine. J’suis toujours cachée derrière mon énorme frange, le nez dans mes bouquins, j’suis vraiment pas aussi sociable qu’Ashley ou Charlie. Mais je suis pas méprisante. ... je crois pas. Pas avec lui en tout cas. Je relève les yeux sur lui. Il est si grand. « J’évite de te regarder parce-que... »
Contact. Il me fixe. Et je me perd dans ses yeux. ... Il me regarde. Moi. Son regard me transperce. C’est moi qui suis sensée lire l’âme, et pourtant, sous ce regard, je me sens mise à nue. Son regard me pénètre, j’ai l’impression qu’il peut lire en moi. Qu’il voit au plus profond. Et je n’arrive pas à me défaire de son regard.
Hypnotisée. Je cille, prend conscience de la réalité, de ce lourd silence, et reprend, étirant un fin sourire, mon coeur se serrant violemment. « ... Je crois que j’ai toujours eu un peu peur de toi. Tu es impressionnant, Skygge. » Je cligne des yeux, lui sourit, rompt l’emprise de son regard, me défait de ses chaînes invisibles en détournant de nouveau les yeux. Je lui mens. Enfin, c’est pas totalement faux, mais ce n’est pas la principale raison pour laquelle je ne le regarde pas. Mais il vaut mieux qu’il croit ça. Alors, je continue, allant plus loin dans cet argument. « Tu sais, tu fais cet effet à beaucoup de gens hein... On a l’impression que tu peux nous broyer avec une main. » Et sans m’en rendre compte, je me recroqueville légèrement, comme illustrant mes propos. « Mais c’est pas de ta faute. Je suis persuadée que tu ferais pas de mal à une mouche. » Je me trompe peut-être. probablement. Mais il me plaît d’imaginer ça. Oui, j’idéalise. Je fantasme. Qu’est-ce que ça peut faire ? je ne découvrirai jamais le vrai Skygge, je ne saurai jamais qui il est réellement. Alors autant laisser mon imagination idéaliser. Je relève les yeux sur lui, appréciant sa carrure, soulignant des yeux son épaule. Je me sens tellement faible à côté de lui. Tellement rien.
Sa main se pose sur la tienne. Tu n'avais pas pensé que c'était ce mouvement-ci qu'elle avait amorcé. Tu regardes sa main, presque froide, sur la tienne, surpris. Puis tu relèves les yeux vers elle alors qu'elle prend la parole.
▬ J’te déteste pas Skygge ! Tu rigoles...
Elle retire sa main et détourne le regard. Tu récupères machinalement ta main, pas vraiment habitué à ce genre de contact, sauf avec Voltaire, à la limite. Ou avec Cale, dans le passé. Les deux seules personnes que tu laissais faire sans grogner. Là, dans le cas présent, la surprise t'en a empêché.
▬ Je sais que je peux paraître un peu sauvage ou méprisante... j’suis désolée, c’est pas mon intention.
Haussement de sourcil. Si elle paraît sauvage ou méprisante, qu'est-ce que toi tu devrais dire ? Tu la quittes un moment du regard tandis qu'elle se positionne. A tes yeux, Johanna est cette timide. Une sorte d'artiste qui, par manque de confiance en elle, a peur de faire partager ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent. Mais, au fond, tu ne la connais même pas. Elle est toujours là aux entraînements, mais t'as jamais vraiment engagé la conversation.
▬ J’évite de te regarder parce-que...
Tu la regardes de nouveau et vos yeux se croisent. Tu plonges tes iris dans les siennes, scrutant attentivement cette profondeur. Tu essaies de la forcer à soutenir ton regard, ne serait-ce qu'une fois. Pour essayer de comprendre pourquoi elle semble te fuir. Elle finit par étirer un sourire. Ce qui te fait pencher légèrement la tête sur le côté, sourcil légèrement haussé. C'est officiel, tu la comprendras jamais. En fait, disons plutôt qu'elle s'ajoute à la longue liste des gens que tu ne comprends pas.
▬ ... Je crois que j’ai toujours eu un peu peur de toi. Tu es impressionnant, Skygge.
Elle quitte finalement ton regard tandis que tu te redresses un peu, les yeux légèrement plissés, songeur. Ainsi, elle a donc bien peur de toi. Tu esquisses un demi sourire ironique. C'est vrai que tu ne fais absolument rien pour aider les gens à te percevoir autrement qu'un ours grognon et acerbe. Quand bien même tu voudrais le faire, tu n'y arrives pas. Tu sais que, depuis quelque temps, t'es un peu plus calme, un peu plus ouvert. Mais c'est tellement plus facile pour toi de te cacher derrière cette façade d'asocial. Toujours choisir l'option de la facilité.
▬ Tu sais, tu fais cet effet à beaucoup de gens hein... On a l’impression que tu peux nous broyer avec une main. Mais c’est pas de ta faute. Je suis persuadée que tu ferais pas de mal à une mouche.
Tu détournes la tête, perdu dans tes pensées. Tu sais ce que les gens pensent de toi en général. Briser une main serait une chose que tu pourrais faire aisément, si tu en avais la force. En entendant, t'es juste capable d'écraser les phalanges et de faire trembler les autres d'un simple regard. Volontairement ou non. Tu fermes un instant les yeux et tu te laisses glisser au sol, le dos contre le siège. Tes bras sont appuyés sur tes genoux repliés, ton regard vrillé au sol.
▬ Pas de mal à une mouche hein ? Léger sourire ironique. Je pense pas que Reed soit de cet avis. Pause. J'suis quelqu'un de violent, d'impulsif. J'suis pas quelqu'un de gentil, d'adorable. Les gens ont peur de moi et me fuient parce que je ne veux pas leur laisser l'occasion de m'approcher. Alors, si, c'est de ma faute. Tout simplement parce que je ne veux faire aucun effort.
Tu hausses les épaules, dirigeant ton regard vers le plafond.
▬ Quand tu dis que tu es sauvage et méprisante, j'pense que tu fais fausse route. T'es juste trop timide. Moi, on peut dire que je suis sauvage et méprisant.
T'as trop souffert par le passé pour oser accorder ta confiance de nouveau. Seuls certains sortent du lot. Mais ils restent peu nombreux. Tu fermes les yeux avant de redresser la tête et de regarder de nouveau la brune.
▬ Je ne veux pas être ce que les gens veulent que je sois. Et pourtant... Pause durant laquelle tu souris ironiquement, regardant ailleurs. Les gens se sont habitués à mon caractère sans chercher à comprendre pourquoi. C'est comme dans les contes. Y a les princesses, comme toi, Ashley, Voltaire, et d'autres. Y a les princes et les chevaliers servants, comme Cale, Jim ou encore Heath. Puis y a les méchants, comme moi. Il faut toujours une personne que l'on pourra haïr sans que ça dérange.
Tu soupires avant de bâiller et de te relever, t'étirant de tout ton long. Une de tes mains glisse dans la poche de ton pantalon tandis que l'autre tapote gentiment la tête de Johanna.
▬ Dans l'fond, t'as peut-être pas tort d'avoir peur de moi. Qui sait ce qu'il pourrait t'arriver en ma compagnie.
Tu t'éloignes de quelques pas, retournant simplement t'affaler sur ton siège. Oui, peut-être que Johanna a raison de baisser les yeux, de te fuir. Elle sera quitte de voir la laideur de ton âme noire et pourrie.
InvitéInvité
Sujet: Re: Instant. Mer 5 Mar 2014 - 22:50
taming
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« Pas de mal à une mouche hein ? Je pense pas que Reed soit de cet avis. » Mmh ? Ah, oui, Mo m’a raconté. Il l’a frappé en apprenant qu’il avait couché avec Cale. J’hausse les épaules. C’est légitime. j’aurai fais pareil. ... Avec certainement bien moins d’effet.
« Les gens ont peur de moi et me fuient parce que je ne veux pas leur laisser l'occasion de m'approcher. Alors, si, c'est de ma faute. Tout simplement parce que je ne veux faire aucun effort. » « C’est bien dommage. »
Ca m’échappe. Tant pis. Je suis franche, et j’ai l’habitude de dire ce que je pense, même si face à lui, plus d’une chose se bloquent dans ma gorge. Peur de lui dire, peur de passer pour une idiote. Peur de ses réactions. Je ne le connais pas. Toujours cette même évidence qui me désole et me rassure à la fois. « Quand tu dis que tu es sauvage et méprisante, j'pense que tu fais fausse route. T'es juste trop timide. Moi, on peut dire que je suis sauvage et méprisant. » Je me contente de le regarder, l’écoutant. Attentive. Parce-que, chacune de ses paroles est un petit trésor. Des mots qu’il m’offre à moi, et à moi seule. Pour une fois, c’est à moi qu’il parle, personne d’autre. Et, plus il m’en dit sur lui, plus j’ai soif d’en savoir plus. « Les gens se sont habitués à mon caractère sans chercher à comprendre pourquoi. » Moi j’aimerai savoir pourquoi. Ca me brûle de le savoir. Mais ça me fais peur, de le savoir. Je pourrai le lire dans ses yeux. Je pourrai savoir. Et pourtant, je m’en abstiens, à la fois pour le respecter et pour me préserver. Et alors, il m’énumère les rôles des contes de fées, métaphorise nos relations communes. Et lorsqu’il prononce le nom de son amour, je grince des dents. Et lorsqu’il associe Heath à un Prince, j’hausse les sourcils, étire un sourire. « Il faut toujours une personne que l'on pourra haïr sans que ça dérange. Dans l'fond, t'as peut-être pas tort d'avoir peur de moi. Qui sait ce qu'il pourrait t'arriver en ma compagnie. » Ce tapotement de tête, à la fois protecteur et... paternel. Est-ce qu’il me voit comme une enfant ? ... Comment ne pas me voir autrement. Tout ce qu’il voit de moi, c’est une gamine rêveuse, souvent dans la lune, quand elle n’est pas à glousser avec ses copines ou se faire taquiner par ses copains. Je soupire tandis qu’il s’éloigne.
On est pas du même monde. Ce serait stupide d’essayer d’y croire.
Et pourtant, me voila à me lever, et à aller vers lui. Arrivée à la hauteur de là où il est assis, je croise les bras, hausse un sourcil avec un petit sourire narquois. « Et bien, si Heath est sensé être un prince charmant, on est mal barrées, nous les princesses. » C’est de plus en plus simple. Au fur et à mesure que les secondes passent, je me sens de plus en plus détendue. Je l’apprivoise, tout doucement, prudemment. Mais il est vrai que je n’ai pas à le craindre. Non, la seule chose que j’ai à craindre, c’est de trop l’aimer, alors que lui ne me regardera jamais de la façon que je le voudrais. Je devrais m’en faire une raison.
Je soupire et m’assied sur le fauteuil devant lui, mais à genoux, et tournée vers lui. Je pose mes mains sur le dossier de mon fauteuil, et y appose mon menton, glissant mon regard sur le décor, quelque part au dessus de nos têtes. « Mais quitte à comparer... Je dirais plutôt que tu es comme la Bête de la Belle. Comme... Un gros nounours qui grogne beaucoup, peut mordre, mais renferme de bien belles choses en lui. » Je déglutis - je sais pas si je me rend bien compte de ce que je raconte, et surtout, à qui je le raconte.
« Preuve en est de... des sentiments que tu as eu pour Cale. Et de ton amitié avec Lys et Heath. » Je cille, et me retourne, glisse pour me laisser tomber dans le fauteuil, encore une fois assise n'importe comment. Je ne pense pas que parler de Cale soit une bonne idée. Je ne sais pas comment il pourrait réagir, et ce serait me faire du mal inutilement.
Non, n’en parlons pas.
Je tourne alors mon visage vers la vitre, et dans le verre, vois son reflet, qui me regarde par le même biais. Je déglutis.
Elle te dit que c'est dommage. Tu arques un sourcil, mais tu ne commentes pas. Qu'est-ce que tu pourrais dire ? Johanna doit être probablement la seule à penser ça. Tu hausses les épaules, reprenant le fil de tes pensées que tu lui confies à voix haute. Tu ne la connais pas vraiment, mais c'est étrangement facile de lui parler. Comme si elle avait poussé la porte de ton âme, comme si elle caressait ton coeur de manière apaisante. Et tu vides ton sac, sans vraiment pouvoir t'arrêter.
Tu t'en retournes ensuite à ta place, t'y installant simplement. Et tu sens ses muscles se tendre, elle hésite. Mais bientôt, tu la sens se rapprocher. Elle finit par se planter à ta hauteur, croisant les bras et souriant. Les mains dans les poches de ton pantalon, tu la regardes attentivement. Tes yeux sombres ne parviennent pas à se détacher d'elle pendant un moment qui semble être long. Alors qu'il ne s'agit que de quelques secondes. Jusqu'à ce qu'elle prenne la parole.
▬ Et bien, si Heath est sensé être un prince charmant, on est mal barrées, nous les princesses.
Tu hausses un sourcil avant de détourner la tête. Et un sourire en coin étire tes lèvres. C'est vrai qu'Heath est loin d'être un prince charmant. Mais il a davantage cette étoffe que toi et ton caractère sombre et pas très social. Tout doucement, tu te rends compte qu'elle est un peu plus détendue. Ses muscles ne sont pas crispés et bougent avec moins d'hésitation. Elle s'installe alors en face de toi, passant la tête par-dessus le dossier du fauteuil de devant pour te regarder. Tu lui accordes un regard, légèrement surpris. Elle ne te regarde pas et tu la fixes. Pas encore assez à l'aise pour te regarder dans les yeux, hein ? Tu détournes la tête, plongeant ton regard vers l'extérieur du train. Le paysage est fixe. Quand est-ce que le train va redémarrer ?
▬ Mais quitte à comparer... Je dirais plutôt que tu es comme la Bête de la Belle. Comme... Un gros nounours qui grogne beaucoup, peut mordre, mais renferme de bien belles choses en lui.
Tu fronces les sourcils avant de poser de nouveau tes yeux sur elle. Elle te compare à un nounours... ?
▬ Tu te fous de moi là ? ▬ Preuve en est de... des sentiments que tu as eu pour Cale. Et de ton amitié avec Lys et Heath.
Lorsqu'elle prononce le nom de Cale, tu te crispes. Tes poings se serrent dans tes poches et tu finis par détourner la tête. T'apprécies pas tellement qu'on te dise ce genre de choses. Qu'on laisse à penser qu'on comprend ce que tu ressens. Qu'on comprenne qui tu es. Tu pousses un grognement, te tassant un peu dans ton siège. Comment Johanna pourrait-elle te comprendre ? C'est absurde. Elle se laisse glisser son sur siège. Tu pousses un soupire avant de te masser la nuque, te redressant un peu. Et, par hasard, ton regard croise le sien dans le reflet de la vitre du train.
▬ ... Est-ce que tu l’aimes encore ?
Tu la regardes longuement par le biais de ce reflet. Tes sourcils se froncent légèrement et ton regard finit par se perdre dans le vide. Songeur. La réponse est évidente. Tu fermes un instant les yeux avant de basculer ta tête en arrière, laissant ton regard se perdre dans le plafond. Est-ce une bonne idée de lui répondre ?
Tu finis par te lever. Tu traînes ta carcasse jusqu'à elle, la laissant tomber dans le siège à côté d'elle. Et tu prends bien soin de ne pas la regarder. Parce qu'elle ne soutiendrait pas ton regard. Et parce que tu veux, quelque part, respecter son choix de ne pas vouloir le faire. Même si tu aimerais qu'elle ait le courage de le faire de son propre chef.
▬ Je l'aime encore, oui.
Tu fermes les yeux. C'est toujours difficile pour toi d'en parler. Heath et Lys ne semblent pas vraiment ce sujet de conversation. Tu n'as personne d'autre à qui en parler. Il y a Kovu, mais elle est trop jeune pour ce genre de trucs. Il y a Voltaire, mais tu ne peux pas toujours tout lui dire. D'autant plus que tu as l'impression qu'elle déteste Cale depuis votre rupture. A moins que ce ne soit qu'une impression, ou une simple rancoeur, qui sait.
▬ Parce que grâce à lui, j'ai réussi à m'ouvrir un peu plus aux autres. Parce que grâce à lui, j'ai pu découvrir ce sentiment. Pause. Tu fermes les yeux, posant ton front contre le dossier en face de toi. Parce que sans lui je ne suis pas moi-même. Alors je l'aime. Je l'aime plus que permis. Et j'espère inutilement qu'un jour il me reviendra. Rire nerveux, désabusé. Je l'ai perdu.
Tu tournes machinalement la tête vers elle. Tes yeux sont embués mais tu ne pleures pas. Pas devant elle. Ni devant qui que ce soit. Tu baisses de nouveau la tête, heurtant doucement le dossier à côté de toi. Et ta main cherche alors la sienne. La chaleur de ta main vient trouver la presque froideur de la sienne. Tu serres sa main avec force, sans pour autant lui lancer l'impression que tu vas la lui briser. Un sourire étire tes lèvres, et une larme perle sur ta joue. Trop tard.
▬ Je suis une Bête sans Belle.
InvitéInvité
Sujet: Re: Instant. Lun 24 Mar 2014 - 11:58
Il se lève, et l’espace d’une seconde, elle craint que sa question ne l’ait vexé, ne l’ait effrayé. Peut-être va t-il s’asseoir plus loin, et la haïr pour se mêler de ce qui ne la regarde pas ? Pour raviver en lui de douloureux sentiments ? Elle reste figée, tendant l’oreille; mais elle n’a pas à chercher bien longtemps car déja, il entre dans son champ de vision, et vient s’asseoir à côté d’elle, provoquant une nette hausse de son rythme cardiaque.
« Je l'aime encore, oui. »
Je pourrais dire que ça lui broie le coeur. Je pourrai dire que ça la déchire. Mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas car c’est le jeu, et elle en connaît les règles depuis le début. Quand elle a posé les yeux sur Skygge, quand elle a compris que c’était l’un des meilleurs amis d’Heath, lorsqu’il a intégré la bande... Il était Skygge, le basketteur incroyable, le mec sombre et mystérieux qui sort avec l’ultra populaire Cale.
Et puis il y a eu leur rupture. Et elle l’a vu sombrer. Et au fur et à mesure qu’il sombrait, elle se sentait happée. Comme si il avait le pouvoir de l'entraîner avec lui dans sa chute. Aujourd’hui, il n’en a pas conscience, mais Johanna, ça fait longtemps qu’elle a l’impression de lui tenir la main. De tomber avec lui. Envoûtée, elle aurait été prête à découvrir le fond du gouffre avec lui. Si sombre. Attirant. Magique.
« Et j'espère inutilement qu'un jour il me reviendra. ...Je l'ai perdu. » « Rien n’est définitif dans la vie. »
Un souffle, une pensée, alors qu’elle tourne son regard dehors. Une relation qui marche ne veut pas dire qu’elle sera éternelle. Une rupture ne signifie pas que c’est définitivement terminé entre les deux personnes. Et c’est bien pour cette raison que Johanna s’interdit de croire quoi que ce soit avec Skygge. C’est pour cela qu’elle ne fait que le regarder de loin, invisible, sans tenter de lui transmettre le moindre message, sans chercher à lui faire comprendre. Elle ne veut pas qu’il sache. Parce-qu’elle ne pense pas avoir la moindre chance. Cale ou non, elle n’y croit déja pas elle-même. Le fait qu’il aime encore le blond n’est qu’une bonne raison de plus d’abandonner cette attirance au plus vite.
Elle regarde dehors, triste, à la fois pour lui et pour elle. Il est temps qu’elle arrête. Qu’elle arrête tout ça. Qu’elle arrête de courir après l’impossible, de se raccrocher au mauvais. Skygge, Léocade. Le Prince inaccessible et le Démon. N’y a t-il pas quelqu’un, entre les deux ? Quelqu’un qui, comme elle court après eux, court après elle ? Quelqu’un prêt à l’aimer plus que permis aussi ?
Si, il y a quelqu’un. Mais ça, elle ne le saura que plus tard.
Alors quand Skygge lui prend la main, c’est une explosion de frissons qui chahute l’intégralité de son corps. Une bouffée de chaleur qui lui fait entrouvrir les lèvres, un appel d’air, un besoin urgent de respirer. Elle tourne les yeux vers lui, les joues probablement rosies par la chaleur qui l’a prise sous ce contact. Elle cille, baisse les yeux sur leurs mains, enlacées. Et là, oui, ça lui broie le coeur. Ca la déchire.
« Je suis une Bête sans Belle. »
Elle ferme les yeux. Souvenir de sa mère, qui l’a toujours comparée à Belle, avec ses longs cheveux châtains ondulés. Et elle, qui court après la Bête. Qui ne désirerait qu’une chose: pouvoir la rendre heureuse. Avoir sur elle le pouvoir qu’a Cale. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu’elle ouvre les yeux, la gorge nouée, levant son regard sur lui.
« Mais tu as un Beau. Un vraiment très beau d’ailleurs. » Un sourire qui se veut rassurant, et d’une caresse du pouce sur sa main, elle l’ôte de là, rompant le contact doucement. « Et je n’arrive pas à concevoir qu’il puisse se passer de toi. Alors il te reviendra. » Cette fois, c’était presque un souffle. Sa voix était basse, tremblante. Elle connaît les règles. Mais les règles lui font mal. Elle inspire, essai de dégager le noeud de sa gorge. « Le copain de mon cousin, Jim, il... il dit que vous allez vous remettre ensemble. Il n’en doute pas une fraction de seconde. Il en parle souvent, il a l’air tout excité à cette idée. » Elle essai de rire, de le détendre, de se détendre. Mais elle a mal, et ça se voit. « Jim est le maître des probabilités. Si il le dit, il est difficile de ne pas le croire. Qui sait ce qu’il voit quand il vous regarde. » Parce-que, dans le regard de Jim, les chiffres et les nombres s’affichent tout autour de lui. Et le jeune homme, grâce à ça, peut évaluer le présent, mais aussi les possibilités, les probabilités d’avenir.
« Vous vous remettrez ensemble. »
Elle se pince les lèvres sans vraiment le regarder - depuis toute à l’heure, elle fixe un point, quelque part près de son genoux. Alors, elle se lève, et se faufile devant lui pour revenir dans le couloir. « Excuse-moi, je... J’ai un coup de fil à passer. » Et sans le regarder, elle s’éloigne dans le couloir, sort son téléphone, et compose le numéro de Sarah en s’éloignant plus, toujours plus, jusqu’à quitter le wagon. Wagon dans lequel elle ne reviendra qu'une fois à la gare, pour récupérer sa valise, en espérant ne pas le recroiser.
Et la gorge nouée dans un noeud puissant, elle raconte à Sarah, les larmes au bord des yeux, se cachant de la vue de tous entre deux wagons, tandis que le train se remet en marche.
Et, enfin, elle pleure. Pleure parce-qu’elle lui souhaite tout le bonheur du monde avec un autre, tandis que elle restera là, loin, et seule.
Belle ne retournera plus au château. Prince Charmant y est entré bien avant elle, et la Bête n’attend que son retour à lui. Belle, elle, ira probablement se perdre de nouveau dans les bras de Gaston. Et elle continuera de souffrir.
A moins que.
base de MEI SUR APPLE SPRING Modifié par Lix. #D7576B
InvitéInvité
Sujet: Re: Instant. Lun 24 Mar 2014 - 19:42
johanna & skygge
un pont entre ciel et terre, entre vous et nous.
Johanna parle, sa voix t'apaise. Même si tu ne crois pas vraiment ses mots. Tu en ressens juste la sincérité. Elle parle avec son coeur. Même toi tu arrives à t'en rendre compte. Elle te rassure, mais tu ignores pourquoi. Est-ce par pitié ? Tu as horreur de ça.
▬ Le copain de mon cousin, Jim, il... il dit que vous allez vous remettre ensemble. Il n’en doute pas une fraction de seconde. Il en parle souvent, il a l’air tout excité à cette idée.
Tu hausses un sourcil et tu la fixes avant de détourner le regard, t'enfonçant dans ton siège. Jim. Une conversation avec lui s'impose. C'est pas parce qu'il contrôle les probabilités qu'il prédit le futur. Au tout dernier instant, on peut changer d'avis, et ça modifie la donne.
▬ Jim est le maître des probabilités. Si il le dit, il est difficile de ne pas le croire. Qui sait ce qu’il voit quand il vous regarde. ▬ Venant de lui, ça peut pas être très net.
Tu l'écoutes encore, lui jetant un coup d'oeil. Elle ne te regarde toujours pas. Ta main quitte la sienne. T'as été sûrement bête de croire qu'elle aurait pu être la personne que t'attendais. Elle s'excuse alors, prétextant le besoin de téléphoner. Ça ne te paraît pas très sincère car tu sens la tension de ses muscles et la nervosité de ses mouvements.
Elle quitte le wagon. Et, quelque part, tu sens qu'elle ne recherche pas l'intimité pour téléphoner, mais l'endroit idéal pour te fuir. Tu as été sûrement trop bavard. Ta réaction était loin d'être celle de l'homme que tu reflètes. Ou du moins, l'homme que tu es pour les autres. Tu secoues la tête et tu te lèves. Tu dois t'excuser de l'avoir embarrassé.
Tu t'approches de la porte. Tu entends sa voix sans distinguer ce qu'elle dit. Tu patientes alors un peu. Et quand tu ne l'entends plus parler, tu te redresses, prêt à appuyer sur le bouton permettant l'ouverture des portes du wagon. Et tu l'entends alors sangloter. Tu clignes des yeux mais c'est trop tard : ton index presse le bouton, et les portes s'ouvrent sur Johanna en pleurs.
Tu la fixes un long moment, sourcils froncés. Tu ignores pourquoi elle pleure, mais tu penses savoir. C'est forcément ta faute. Tu pousses un soupire, te massant la nuque avant de sortir un mouchoir de ta poche, lui tendant doucement. Une fois en main, tu détournes la tête, fixant le sol. Nouveau soupir lorsque tu te redresses.
▬ Je suis désolé Johanna. Oublie... ce que j'ai dis.
Ta main se fraye un chemin jusqu'à son crâne, caressant doucement ses cheveux. Tes lèvres s'approchent, effleurant son front. Un merci particulier pour une attention particulière. Tu recules.
▬ Je te l'avais dit : dans le fond, t'as pas tort d'avoir peur de moi. Tu pleures à cause de moi, je le sais. Légère pause. Oublie ce que je t'ai dit et ne te tracasse pas l'esprit. Sache que... tes mots et ta présence m'ont apaisé.
Tu tournes les talons, t'éloignant pour aller récupérer tes affaires. Tu n'adresses aucun regard à Johanna, la culpabilité étant trop forte pour te le permettre. Tu traverses le wagon, à l'opposé d'où elle se tient. Tu finis par te stopper devant l'autre porte menant au wagon suivant.
▬ Farvel, Johanna. Og tak.
Elle est suédoise, et toi danois. De l'un à l'autre, on comprend plutôt bien la langue de l'autre. Et tu traverses la porte, allant t'installer dans un autre wagon. Pas entièrement vide, mais suffisamment calme toutefois. Le train n'a d'ailleurs pas tardé à repartir.
Et tu n'as pas revu Johanna depuis.
HRP ; "Farvel, Johanna. Og tak." signifie "Au revoir, Johanna. Et merci."
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Sujet: Re: Instant.
Instant.
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