Jamás juzga, siempre juega. [Ft Anarchy]

Frein à l'excitation, au jeu. Un bref frisson parcoure le long de mon échine et je me contente de la regarder simplement. Elle a l'air satisfaite d'elle, et je me demande encore ce qu'elle veut susciter chez moi. Me faire comprendre que je ne l'intéresse pas ? Il y a peu je n'avais pas l'air de la déranger, au contraire. Alors quoi ? Je n'arrive pas à croire qu'elle veut réellement faire une partie de Link, c'est absurde. Quoique.. Elle n'a pas l'air comme les autres.

Elle soupire, je sens de la lassitude dans son attitude. L'atmosphère devient presque gênante. En silence, yeux rivés sur la table, je bois quelques gorgées de bière. Puis, mon regard se porte à nouveau sur elle. On dirait qu'elle est déçue, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Puis elle me fixe à son tour, j'ai l'impression qu'elle lit en moi comme un livre ouvert, c'est perturbant et intimidant à la fois. Je n'ose affronter ces pupilles grenats, sublimes et intrigantes. C'est comme si elle allait découvrir mes faiblesses, mes doutes, ma carapace. Je me sens mal à l'aise, affreusement honteux.

Il faut dire que je n'ai pas vraiment été délicat avec elle. Pour peu qu'elle n'ait pas l'habitude d'être abordée de cette manière, je passe pour le salaud de service. Je passe la main dans mes cheveux, soupirant à mon tour. Enfin, elle prend la parole. Ma ressemblance avec un inconnu. Et des excuses qui sonnent fausses, il ne faut pas être un magicien pour le deviner. Elle me gratifie tout de même d'un sourire, mais je n'y trouve plus le même charme qu'auparavant. J'aimerais la comprendre. Savoir ce que j'ai fait de travers à ce point pour qu'elle se braque soudainement. Mon air hébété et largué doit être un brin pathétique.

Après une autre rasade de ma pinte et un raclement de gorge, je tente de reprendre une contenance. Voyons, je ne vais pas me laisser abattre par une simple fille ! Ressaisis-toi. Je me redresse subitement, comme si ma pensée était un électrochoc. Ma voix s'imprègne alors d'une teinte différente, plus douce. Je crois avoir compris brièvement mon erreur, je vais éviter de la répéter : je ne dois pas l'effrayer avec une approche trop directe et dénuée de tact. Mais c'est plus fort que moi, cet être en face de moi m'intrigue trop pour que je la laisse partir comme ça.

- Et à qui je te fais penser ?

Je marque une légère pause, avant de poursuivre, hésitant et anxieux. J'ai redoute ce qui va suivre, je sens le carnage se produire d'ici. Anarchy doit bien porter son nom, elle a l'air d'être un bout de femme avec un caractère bien trempé, lorsqu'elle s'y met. C'est une adversaire de taille, mais je ne veux pas de rapport de force. Pas avec elle. Comme pour lui montrer mes intentions neutres, je mets les mains en l'air en haussant les épaules. J'aimerais qu'elle comprenne que je ne suis pas là pour lui faire de mal, et que si j'avais su, je n'aurais pas attaqué de cette manière-là. Mais elle m'hypnotise, et je ne peux me permettre de rester sur cet échec.

- C'est moi qui m'excuse, c'était un peu.. "Trop", pas vrai ?

Mon regard planté dans le sien, maintenant je suis simplement à sa merci. C'est flippant, de se découvrir ainsi, de laisser la possibilité  l'autre de vous achever. Pourtant, ce n'est pas grand chose. Mais je n'ai pas l'habitude, j'ai l'impression de découvrir une facette de moi que je cache depuis toujours. Par pudeur, par peur. Mais j'ai cette intuition que cette demoiselle en vaut la chandelle, que je serais un idiot de la laisser filer aussi facilement. Parfois, il faut sacrifier un peu de soi, qu'importe les risques. Et elle, elle me donne envie de les prendre. Et surtout, je dois résister à la tentation d'utiliser mon pouvoir.