Trois. Quatre. Cinq jours. Peut-être plus. Je ne sais plus. C’est encore tellement frais dans ma mémoire que ça aurait pu arriver hier.
Ils se sont déchirés sous nos yeux. Et nous avons été de vulgaires spectateurs. Malgré notre implication à tous.
Décontenancée par tant de vérité crachée violemment. Bouleversée par les sentiments de peine et de mal être qu’ils se sont hurlés au visage. C’est l’anxiété, l’angoisse et l’instabilité de Heath qui tiraillent mes entrailles, fait gronder mon sang. Comme en alerte constante. Il ne va pas bien. Et il était comme ça depuis bien trop longtemps. Je m’en doutais. Je le savais certainement au fond. Sous couvert d’un respect à prendre avec pincettes, je n’avais rien dit. Cette fois-là, je n’avais pas mis les pieds dans le plat. Pas pour ça. Alors que j’aurais dû. C’était ça le plus important. Ça aurait dû être prioritaire, au lieu de parler de nos désirs égoïstes qui sont restés sans réponse.
Mais là. Depuis la fuite de Neil. Cet état de fait me saute à la jugulaire. Et Heath m’inquiète. Le garçon si solide. Le garçon qui calme les ardeurs des autres avec son flegme légendaire. Et même si je connais ce côté de lui qui peut s’embraser, jamais je n’aurais cru le voir comme ça un jour. Preuve en est que ça l’a atteint, l’a touché énormément.
Et le batteur rejette tout le monde en bloc. Lâche-prise. Enfin. Mais au diable le respect et la « non-ingérance ». Je ne referais pas la même erreur avec ces excuses. Je refuse de le laisser. Il ne s’enlisera pas. Ne tombera pas dans un gouffre. Ne s’auto-détruira pas. Pas Heath. Qu’il ne sombre pas. Pas lui. Vœu perpétuel.
Mon intervention ne vaudra jamais celle de Joach, d’Ashley, de Skygge ou de Lys. Mais j’aime à croire que l’énergie remuée par le groupe aura un impact, à un moment ou à un autre. À l’image d’Entropy.
Même si parfois tu aimerais l’être. Tu n’es pas seul. Nous sommes tous connectés. Et on ne te laisse pas le choix. JE ne te laisserais pas le choix.
Mais ce soir encore, il n’est pas au bungalow. Personne ne sait. Tout le monde suppose qu’il est ailleurs. Se consolant comme il peut. Ou évacuant ses tourments de bien des façons. Et ne pas savoir me ronge. Imaginant les pires scénarios. Tout en ne souhaitant pas y accorder la moindre crédibilité. Heath n’est pas faible. Heath ne ferait pas de réelles conneries. Il va se relever. Mais il y a toujours ce « et si ? » qui martèle mon esprit. On ne sait jamais. Preuve en avait été que je n’aurais jamais cru celui qui aurait prédit l’overdose de Aaron.
J’hésite toujours à le contacter par lms. Comme si ce qui devrait faire office d’écran limitait encore plus mon rayon d’action. Étrange sentiment d’intrusion qui me déplaît. Pourtant, lorsqu’il est en face de moi, cette barrière et cette sensation n’existent plus. Malgré tous les efforts qu’il met pour la reconstruire en ce moment, je m’obstine. Car en dépit de notre attraction physique évidente, c’est la complicité d’esprit qui est née qui nous a rapprochés. Confidents. Il m’a aidé sans connaître toute l’histoire, m’a accepté avec mes blessures. Je peux bien lui rendre la pareille. Je veux l’aider à mon tour. Même si ce n’est que pour un temps. Et même si ça ne lui plaît pas. Instinct protecteur.
Alors je navigue d’un pas assuré dans le pensionnat. L’alarme au ventre. Le complexe sportif, le terrain de baseball : rien. Et puisque le grand air n’a jamais été la tasse de thé de Heath, je retourne rapidement vers l’établissement principal. La salle informatique puis la salle de musique sont passées au crible. Mais je repars bredouille.
Nouvelle hésitation. Je me stoppe au pied des escaliers menant au 2e. Regard levé.
Le renard essaiera peut-être de se piéger lui-même. En tentant de se concentrer sur quelque chose de radicalement différent ? Les cours ? Mes pieds me guident lentement jusqu’à l’étage des E. Une petite lumière veille sous la porte de la salle de classe. Je fais coulisser la porte. Et il est bien là.
Relief.
J’inspire et souffle doucement tout en refermant derrière moi. Mon regard se pose immédiatement sur lui. Direct. Douce.
__ Ne… Ne t’enfuis pas. Ne te mets pas en colère. Je ne resterais pas longtemps, promis. Je suis restée devant la porte. Comme si j’aurais pu l’empêcher de partir si il l’avait voulu. __ Je m’inquiétais juste. Comme tout le monde va-t-il dire. Je me doute qu’il aimerait qu’on lui foute la paix. C’est plus que compréhensible. Et pourtant, cela n’empêche rien. Je m’approche pour m’asseoir à côté de lui. __ Ça fait combien de temps que tu n’as pas dormi ? Il faut que tu arrives à te reposer, Heath.
Je le dévisage, tentant d’y lire et décrypter ses pensées les plus lointaines. Ouverte et prête à l'accueillir si il le veut. I let you rest. Ne parle pas si tu n’en as pas envie. Mais laisse-moi être là. Tout simplement. I wish I were a balm for you.
#ff6633
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Sujet: Re: Be there Mer 9 Avr 2014 - 11:18
Yeux clos. Il y repensait malgré lui. Sa crise de panique.
Le lendemain de la dispute, Heath était revenu au bungalow. Il avait foutrement mal dormi chez Skygge, ne tombant d’épuisement qu’aux environs de 6h. Il avait réfléchi toute la nuit. Et en revenan le lendemain, il était enfin prêt. Prêt à mettre tout ça de côté, à passer à autre chose. Prêt à retrouver Neil, à lui parler, à s’expliquer, à l’enlacer. Comme à chaque fois. Comme à chaque dispute, parce-qu’il y en avait déja eu, même si celle-ci était de loin la plus violente.
Il était prêt à retrouver son ami, parce-qu’il ne pouvait concevoir sa vie sans lui. Le départ aux Etats-Unis, c’était qu’un signal d’alarme pour le faire réagir. Neil ne pouvait pas partir. Heath n’y croyait pas, en riait presque au petit matin, marchant vers son bungalow.
La tête de Joach, sur le pas de la porte, fut annonciatrice. Johanna à peine plus loin dans le salon, bras croisés, se torturant l’ongle entre ses dents. Des visages graves. Et à la seconde ou Joach avait ouvert la bouche, Heath l’avait poussé pour littéralement courir à la chambre de Neil.
Elle était vide.
Il avait préparé ses affaires toute la nuit. Et il était parti, profitant probablement de l’absence d’Heath - il n’aurait probablement pas réussi autrement.
Et ce vide, observé à travers ses yeux écarquillés s’était emparé de lui. Glacial. Dévorant. Il avait eu l’impression que ses tripes tombaient au sol, que l’intégralité de son corps se détachait, tombait à terre dans un fracas. Abandonné. Il en avait eu le souffle coupé,et lorsque l’information était remontée au cerveau, elle avait déclenché la respiration. Pour survivre. Mais la respiration ne vint pas. Le souffle bloqué, il avait peiné à ramener de l’air jusqu’à ses poumons. Une main sur la poitrine, haletant bruyamment, il s’était écroulé au sol, assit contre le mur, s’étouffant, des points noirs envahissant dangereusement sa vue. La vue de ce vide. La vue du départ de Neil de sa vie. Ses mains avaient tremblé violemment, il s’étouffait, sentant ses poumons hurler pour un peu d’air, sentant son coeur s’affoler dans un rythme chaotique des plus inquiétants. Il s’était finalement écroulé allongé, perdant connaissance. Et si Joach n’était pas arrivé à cet instant pour le piquer et lui faire les gestes habituels, les choses auraient pu devenir très compliquées.
Il rouvrit les yeux, seul, assit dans la salle désastreuse des E. Ce qui leur servait de salle de cours, quelques fois par mois. Là où la salle devenait rapidement champ de bataille de boulettes de papier, pendant le peu de cours qu’ils avaient. C’est qu’il fallait qu’un prof se présente, ce qui était rare, plus quelques E assez motivés pour l’écouter - encore plus rare.
Et lui était là, le nez sur son pc. Pas de stylo, pas de livres. On parle d’Heath. Il avait demandé à Ashley leur programme de sociologie, le nom des chapitres, bien conscient qu’il n’avait pas les capacités de comprendre les cours de la jeune fille. Alors il était sur wikipedia, cherchant de pages en pages de nouveaux mots-clé, essayant de construire comme il le pouvait un cours, de comprendre une notion, un chapitre par ses propres moyens. Sans professeur. Heath avait toujours été ce E qui essayait de s’en sortir. Qui essayait veinement de garder la tête hos de l’eau, au milieu du tsunami rouge. Tsunami qui lui avait donné la force de créer Entropy. Il était alors devenu une goutte d’eau parmi les autres, abandonnant l’idée d’apprendre dans cette école. Quelle idée.
Mais parfois, il essayait toujours. La peur de l’avenir. Que ferait-il, après Prismver ? On ne l’embaucherait pas pour ses capacités physiques, intellectuelles ou magiques. Il avait la sensation de ne rien avoir pour lui. Seul l’informatique était un domaine lui semblant accessible, mais le blocage de tout ce qui y touchait, ici, rendait son apprentissage très compliqué. Non la vérité c’est qu’ils allaient tous sortir de là, les D et les E, idiots comme des boeufs. on ne voudrait d’eux ni dans une école, ni dans une entreprise. Prismver en E, un train direct direction chômage. Et ça, il avait l’impression d’être le seul E à y penser. le seul à s’en inquiéter. C’était ça, le socle fondateur d’Entropy. Avant même l’histoire d’inégalité. C’était la peur de l’avenir de Heath.
Une peur que l’absence de Neil alimentait violemment. Plus grand, plus fort, ultra protecteur: Neil avait toujours écarté tout danger d’Heath. Quel qu’il soit. Un mec à repousser physiquement. Un prof à qui faire oublier quelques détails. Son don le protégeait des adversaires d’Entropy, des profs en colère. Neil était le symbole de son passé, de son présent - il était le symbolme de son avenir. Ce frère rassurant qui ne l’avait pas quitté plus d’une journée, étant là à toutes ses épreuves. Toutes. Neil était son repère le plus fidèle, son ancre. Et il était parti.
Heath se sentait perdu en mer. Proie facile des requins anti-Etropy, son corps flottant, emporté par les vagues, prêt à se noyer dans celle qui sera à peine plus haute. Il ne pouvait que dériver. Il ne pouvait que se perdre, sans Neil. C’est toujours lorsque l’on perd quelque chose que l’on se rend compte de sa valeur.
Il inspira avec force, se frotta l’oeil, glissa sa langue contre sa joue pour se reconcentrer sur son écran. Lecture. Concentration intense, un effort difficile pour que son cerveau ne se fasse pas emporter pas les vagues de culpabilité, de tristesse et de manque. Difficile. C’était l’épreuve la plus difficile qu’il avait à affronter, en vingt ans de vie.
La porte s’ouvrit, laissant entrer un autre problème. Il avait l’impression qu’il pouvait trier les gens en fonction de ses soucis, désormais. Difficulté numéro 2 venait de faire son entrée, probablement, comme tout les autres, pour essayer de le réconforter. « Mais quoi ? Qu’est-ce que vous voulez faire, les gars » se demandait-il à chaque fois. « Faîtes le revenir, c’est tout ce que vous pouvez faire pour moi. » N’affichant cependant aucune hostilité, Heath avait levé sa main rapidement, en guise de salut, feignant d’être ultra concentré dans sa lecture.
- Ne… Ne t’enfuis pas. Ne te mets pas en colère. Je ne resterais pas longtemps, promis. Je m’inquiétais juste. - Ca va. C’était devenu les seuls mots qu’il connaissait désormais. Son corps les jetait sans réfléchir, automatisme.
Elle vint s’asseoir à côté de lui, et il constata l’ironie que, au moins, dans cet état là, il n’avait pas envie de lui sauter dessus.
- Ça fait combien de temps que tu n’as pas dormi ? Il faut que tu arrives à te reposer, Heath. - J’me repose ! Pourquoi ?
Il avait furtivement tourné la tête vers elle, affichant (mal) une expression étonnée, pas crédible pour un sous. Ce qui était crédible en effet, c’étaient ses cernes rougeâtres sous ses yeux, profondes. Et devant l’expression qu’elle afficha, il reprit, haussant les épaules, poursuivant sa pseudo lecture.
- Y’a des exams mardi, j’aimerai bien essayer de les réussir, alors je bosse, et je bosse tard. « Je bosse tard parce-que la fatigue ne vient pas. » Omit-il d’ajouter. C’est intéressant la socio, lâcha t-il avec légèreté en désignant son écran d’un geste de la main, j’suis sur la hiérarchie des classes sociales, c’est un sujet qui m'intéresse, haha. Bourdieu dit que l'ascenseur social n’existe pas, qu’on ne peut pas vraiment changer le système. Heureusement que je suis un peu plus utopiste que ça... ‘Fin, c’pas moi d’ailleurs, c’est Neil qui a voulu que je crée ça, haha.... ha...
A chaque mot, il s’était un peu plus agité: d’abord sa jambe dans un mouvement régulier, puis ses doigts tapotant sur la table. Il s’était ensuite balancé sur sa chaise vivement, sans se départir de ce qui ressemblerait presque à un sourire enjoué: il semblait léger, sympathique, enjoué. Mais l’humidité dans ses yeux, le noeud audible de sa gorge et ses mains tremblant violemment dénonçaient la mascarade du renard souriant.
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Sujet: Re: Be there Mer 9 Avr 2014 - 20:29
À chaque mot qu’il dégaine -menteur, c’est un peu un bout de cœur qui se décroche. Alors que lui tente tant bien que mal de s’accrocher. À tout. À rien. L’empathie, le vécu aux contours similaires s’immiscent en moi. Je déglutis tout en observant les traits de son visage. Pas besoin de regarder plus pour deviner la détresse qui s’installe dans ses gestes, ses mouvements réflexes qui s’emparent de lui beaucoup trop souvent.
Pardon. Pardon d’avoir été un maillon dans la chaîne de tes emmerdes. Et pardon de l’être certainement encore. Pardon de ne pouvoir rien faire pour combler ce vide qui t’emplit. Je disparaîtrais volontiers si ça pouvait faire revenir ton meilleur ami. Parce que je sais combien un meilleur ami est essentiel pour garder l’équilibre. C’est la famille que l’on choisit et qui nous accepte sans compromis. Et eux se connaissaient depuis si longtemps… Si seulement c’était la solution. Si seulement, on avait pu convaincre Neil de rester. Ce n’était pas faute d’avoir essayer avec Johanna. Mais aucun mot ne semblait l’atteindre. Rien ne semblait juste à ses oreilles. L’impulsif, le têtu et l’imprévisible Neil s’est enfuit. Plus lâche que jamais. Un abandon de poste haut et clair qui brise bien trop de choses. Et honnêtement, je lui en veux. Je suis en colère. Et préfère ne plus chercher à être compréhensive. Cette horrible dispute aurait tellement pu déboucher sur autre chose. Comme un mauvais moment à passer qui aurait mis les choses à plat pour mieux repartir. Idéaliste ? Certainement, au vue des non-dits refoulés depuis trop longtemps. Rongés jusqu’à la moelle par leurs propres sentiments et maintenant, les regrets et l’amertume viennent l’empoisonner.
Je ne peux pas lui dire que Neil reviendra peut-être. Ou que si il part maintenant, il aurait peut-être une chance de recoller les morceaux. Il y a bien trop d’incertitudes. Trop d’espoirs à décevoir. Trop d’illusions qui ne berceront personne.
Je ne sais pas quoi faire, à part souhaiter pouvoir lui enlever sa peine, amortir sa descente et le pousser à rebondir. Impuissance et inutilité qui me reviennent en plein cœur.
Je détourne le visage vers l’écran.
__ Socio et luttes des classes, hein… C’est sûr qu’à Prismver, on a le laboratoire idéal. Mais le reste du monde bouge depuis longtemps. À Londres, c’est un vivier de start-up lancées en un jour et qui prospèrent dans des secteurs pointus ou originaux. Aux States, le rêve américain a toujours permis à ceux qui avaient à peine un diplôme en poche de construire des empires. Ces personnes n’ont pas peur de sortir des chemins tracés par les autres, ont eu l’idée et la volonté de sortir des cases et de créer leur propre ascension. Mais c’est sûr que ça n’est jamais facile d’être en dehors du système.
Moi aussi je peux défier les inquiétudes et jouer les filles qui y croient. Même si la réalité n’est pas aussi lisse et loin d’être aussi simple.
__ C’est sûr que c’est intéressant comme sujet. Mais il y aura toujours débat entre les optimistes et les fatalistes.
J’inspire profondément. Calme, je me rapproche naturellement, me tourne vers lui. Parce que parler d’autre chose n’efface pas l’inquiétude. Mes jambes enserrent la sienne pour le forcer à stopper ce mouvement frénétique. Mes mains se posent la sienne, la plus proche. Étreinte interdite qui se veut apaisante. Je plonge mes yeux dans les siens clairement embués.
__ Mais tu sais Heath… Tu n’as pas à te forcer avec tout ça. Coupe le pilote automatique. Tu as le droit d’être mal, de vouloir tout envoyer valser, même si certains « boulets » resteront accrochés que tu le veuilles ou non. We care. Nous ne sommes pas Neil et on ne pourra jamais le remplacer, mais on est là. Le groupe sera là. Et Joach est plutôt têtu quand il s’y met. Fin sourire. Mais tu as le droit de faire pause pour reprendre pied. Tu n’as pas à te retenir. Et jouer les hommes forts. … Parce que ça ferait bien plus de dégâts.
We are human. Let it go Heath. Let throw away your tears.
Mes émotions me submergent. Mes mains se resserrent. Car tout ce que je dis me paraît futile et superflu. D’ailleurs qu’est-ce que je fais là ? Et même si je retiens mes propres réflexes -de vouloir l’enlacer pour atténuer ses maux- je reste toujours la moins bien placée pour essayer de le rassurer. C’est vrai que je n’ai aucun droit de m’en mêler. Après tout, ma simple présence lui complique la vie.
Je tente de ravaler ma salive et défais mes jambes de la sienne.
Il est déjà bien entouré. Ça ira, pas vrai ?
Tiraillement à fleur de peau, entre le laisser et la crainte de le voir se perdre. Et fuir dans la mauvaise direction. Masters in this domain. We are so similar.
Et j’ai pourtant tenté de le lâcher, mais je ne parviens pas à détacher totalement mes mains. Son visage cerné par la peine me transperce de part en part. Le tendre instinct qui voudrait absorber sa tristesse se retient, mais rôde dans chacun de mes muscles. Et à l’inverse…
Je recule sans pour autant décrocher mes iris des siens. Toujours aussi contradictoire. Parce que c'est le bazar et que je n'arrive même pas à soutenir correctement une personne à qui je tiens. Again. Sourde et exigeante colère qui bout.
La libération s’amorce finalement. Je devrais pourtant savoir où est ma place… Même dans une telle situation. Et même si tout ce que je souhaite juste, c’est qu’il tienne bon, je suis convaincue que lui plus qu’aucun autre en est capable. C’est dans sa nature. Tu es déjà bien assez solide. Tu n’as pas besoin de forcer quoique ce soit. Tant que tu ne restes pas là paralyser, je suis sûre que tu te relèveras. Tout seul ou grâce aux autres, peu importe.
Hold on Heath.
#ff6633
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Sujet: Re: Be there Jeu 10 Avr 2014 - 1:10
Et parce-qu’il s’agissait de Charlie, elle entra dans le jeu. Répondant à sa mascarade sur le même ton, lui donnant son point de vue sur le sujet, ignorant dans un premier temps les tremblements d’Heath et la panique hurlant au fond de ses yeux. Elle répondit, pleine d’espoir et d’optimisme, positive. Et elle avait raison. Si Heath n’en pensait pas la même chose, il ne serait pas leader d’Entropy. Sortir du système. Marcher entre les cases. Quelque chose que tout deux connaissaient bien.
- C’est sûr que c’est intéressant comme sujet. Mais il y aura toujours débat entre les optimistes et les fatalistes. - ... Et moi je sais que je baisserai pas les bras. Souffla t-il, fixant sa main sur laquelle elle vint apposer la sienne, apaisante.
Elle vint également calmer sa jambe, ses nerfs, l’ensemble de son corps qui, encore une fois, trahissait ses ressentis. Heath était ultra expressif - c’était probablement là sa plus grande différence avec Drew.
- Mais tu sais Heath… Tu n’as pas à te forcer avec tout ça. Tu as le droit d’être mal, de vouloir tout envoyer valser, même si certains « boulets » resteront accrochés que tu le veuilles ou non.
Il acquiesca de la tête, fixant toujours leurs mains, fuyant son regard. Il savait qu’elle avait raison. D’ailleurs, il commençait à peine à se calmer, car les jours d’avant, il explosait au moindre contact, envoyant chier tout le monde, même Joach. Violent. Il avait déja tout envoyé valsé. Mais il n’était pas comme Drew. Probablement beaucoup plus fort, malgré les apparences, et il avait déja le désir ardent de se redresser.
Let it go Heath. Let throw away your tears.
Il connaissait Charlie par coeur. Il su à cet instant que c’est ce qu’elle devait penser.
- J’suis fatigué de pleurer, lâcha t-il pour toute réponse, comme si elle avait prononcé ces mots à haute voix.
Ce n’est que lorsqu’elle rompit le contact qu’il posa son regard dans le sien, comme déja en manque de son contact, en manque d’elle. Elle avait envie de l’enlacer. Il le savait. ... Le devinait. Logique non ? C’était ce que voulaient tout ses amis, n’ayant pas de mots magiques pour faire revenir Neil. Mais lui aussi garda cette barrière dressée entre eux, ne l’enlaçant pas, ne faisant pas le premier pas. Il se contentait de la regarder tantôt elle, tantôt ailleurs, soupirant facilement trois fois pendant ce long silence.
We are so similar.
Il acquiesça de la tête ce qu’il prit pour un murmure, sans se rendre compte que ce n’en était pas un. C’était bien vrai. Charlie était probablement la personne qui lui ressemblait le plus. Sa version féminine. Oui. Et c’est aussi ce qui créait cette alchimie entre eux. Qui se ressemble s’assemble. Et eux se ressemblaient beaucoup trop.
Et il eu encore cette sensation d’entendre sa voix dans sa tête. Comme si il imaginait ses pensées. Ca lui était déja arrivé, ca arrive d’imaginer le discours d’une personne, ses réactions. Mais dû à l’imagination, c’est toujours flou, brouillon. Hors là c’était clair, comme si ça lui venait comme ça, des mots précis, évidents. Comme si il savait. Comme si il lisait. Il soupira.
- Je sais ce que tu pense. Lâcha t-il sans savoir combien il avait juste.
Et il se mit à réciter, dodelinant doucement de la tête, yeux levés, comme si il récitait quelque chose apprit par coeur. Il ne fit que lâcher les mots qu’il entendit dans sa tête, croyant imaginer les pensées de Charlie.
- "Tu es déjà bien assez solide. Tu n’as pas besoin de forcer quoique ce soit. Tant que tu ne restes pas là paralysé, je suis sûre que tu te relèveras. Tout seul ou grâce aux autres, peu importe..."
Il déglutit, baissant les yeux dans un soupir, désormais tourné face à elle, ses jambes de part et d’autre des siennes mais sans la regarder.
- Je le sais. Je me fais confiance. Et y’a pas mort d’homme. Mais ça fait mal.
Comme cette épaule; il posa sa main sur elle, fit tourner son bras en grimaçant - un élève l’avait percuté le matin même et n’y était pas allé de main-morte; il avait encore mal. Ses tremblements avaient cessés quand Charlie l’avait apaisé par son contact. Ses yeux étaient toujours humides, mais il semblait parvenir à maîtriser la chose au fur et à mesure que les secondes passaient. Il n’avait pas envie de pleurer. Il en avait marre. Ce n’était même pas question de craquer devant Charlie, il s’en fichait - si il pouvait craquer devant quelqu’un, c’était bien elle. Non, c’était réellement un désir d’arrêter, de remonter la pente: il était épuisé. Il leva les yeux sur elle, la trouvant étrangement silencieuse depuis un moment; il haussa un sourcil devant le trouble qui se lisait sur son visage.
- ... Ca va ?
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Sujet: Re: Be there Jeu 10 Avr 2014 - 13:11
Vidé. L’énergie rongée par les larmes. Il tombera. Puis se redressera. C’est de Heath qu’il s’agit. C’est juste rageant de le voir souffrir. Le renard blessé. Et ces putain de sentiments qui reviennent comme un boomerang. Tu ne sers pas à grand chose une nouvelle fois. Not even a refuge. Soupire. C’est pas grave. I’m pretty used to this. Mais au moins, depuis ces derniers jours, il montre sa peine. Tout ce qu’il a enfoui. Ou presque.
__ Je sais ce que tu penses.
Je me redresse, haussant légèrement les sourcils. Vraiment ? Ça serait pratique de n’avoir plus rien à dire et qu’on comprenne ce que les autres pensent. Mais ressentir et penser sont deux choses différentes.
Et il répète bien trop normalement mes propres réflexions. Mindfreeze. Je le dévisage, interloquée. Je doute. L’observe….
__ Non. Enfin oui. C’est que… Je ne m’étais pas rendue compte que j’avais parlé à voix haute. C’est tout.
… Dubitative. Je deviens folle ou quoi ? Mais ça ne peut être que ça… Pour qu’il me reprenne mot pour mot. Je déglutis, passe une main dans mes cheveux. Légèrement perturbée par la sensation qu'il lise en moi comme dans un livre ouvert. Ça serait pratique c'est sûr, mais pas forcément drôle et bien injuste. Je sens mes joues rougir un instant. Je me racle la gorge. En même temps ce n’est pas si il ne connaissait pas déjà mon opinion, la vision que j’ai de lui. Maigre confusion qui s’étire doucement avant de redescendre. Allegro.
Je croise mes jambes sans m’en rendre compte. Préférant revenir à ce qu’il vient de dire. Ma tête acquiesce finement.
__ Mm… Oui, ça fait mal. Je suis désolée. Et la douleur ne va pas partir comme ça malheureusement. Faut composer, faire avec. Ce manque, ce vide qui étouffe parfois. Le temps que toutes ses sensations s’amenuisent. Retrouver sa place, son équilibre. Ça peut prendre du temps. Mais c’est dans la nature humaine de toujours continuer à avancer. C’est dans notre ADN, instinctif. C’est la vie. C’est grandir. Évoluer. Toujours.
Et c’est ce que j’ai réussi à comprendre à Prismver en étant entourée par tous ces fous. En vous observant. À votre contact. Et aussi grâce à toi. J’espère que je ne l’oublierais pas tout ça.
J’incline la tête sur le côté. J’espère que ces larmes qui mordent encore ton regard finiront par disparaître –parce que honnêtement, ça me flingue le cœur de te voir dans cet état. Mes vices inavoués qui s’amusent continuellement à l’intérieur de moi. Overprotective, full of confidents thoughts for others, always concerned and always curious. Même si j’ai du mal à accepter la réciproque et que je ne changerais certainement jamais. Whenever I want, IF I want. Égoïsme farouche, besoin d’indépendance pour me forger sans contrainte. Well, I’m still trying. ‘Cause I’m not good and strong enough to handle life all by myself.
Not yet. But I’ll be.
Je baisse les yeux sur nos mains détachées.
__ Je suis rassurée que ta confiance reste intacte. Yeux dans les yeux, profonds et perçants. Une moue taquine se dessine. Malgré tous tes défauts aussi attachants et énervants soient-ils… Je t’ai toujours envié ça.
Ce pragmatisme puissant et railleur qui défonce les portes ou s’insinue subtilement selon ton bon vouloir et trompe son monde avec brio. C’est certainement ça qui lui permettra de traverser des épreuves. Un bout de force. Ca serait bien que tu partages des fois. Égoïste, va !
Ne change pas.
Je quitte son regard pour le diriger vers l’ordinateur quelques secondes. Mes mains glissent sur mes cuisses.
__ Bon je vais te laisser réviser. Mais essaye de dormir quand même un peu. Tu as vraiment une sale tête. C’est pas du tout attirant… En haussant très légèrement une épaule, je remime ce geste des doigts qui nous désigne. Menteuse. Et conne. C’est VACHEMENT le bon moment pour faire de l’auto-dérision ?
Même si là, ça n’a rien à voir avec ce qui s’est passé au bungalow. C’est plus une irrésistible envie de le réconforter qui titille mes muscles. Je sers les mains. Hoho. On ne va pas penser à ça maintenant. Je me relève. C’est totalement déplacé. En plus, il n’a pas besoin de ça. Et moi non plus. Pas tant que "je ne sais pas" reste notre unique réponse.
#ff6633 krr krr
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Sujet: Re: Be there Jeu 10 Avr 2014 - 15:11
La discussion l’embrouillait, il n’étais pas sûr de tout comprendre. Il se contenta de secouer la tête doucement, détournant le regard sans apporter plus d'intérêt à tout ça.
- Mm… Oui, ça fait mal. Je suis désolée. Et la douleur ne va pas partir comme ça malheureusement. Faut composer, faire avec. - « Life is like a rainbow. You need both the sun and the rain to make its colors appear. » - Ça peut prendre du temps. Mais c’est dans la nature humaine de toujours continuer à avancer.
Une pensée pour Drew. Il n’avait pas l’air de vouloir avancer. ..; Mais pouvait-on encore le considérer comme « humain » ? Il posa les yeux sur elle, et cette fois, entendit très distinctement sa voix, comme toute à l’heure, mais sans qu’elle ne bouge les lèvres. ...grâce à toi. J’espère que je ne l’oublierais pas tout ça. Il cilla, fonçant à peine les sourcils, la dévisageant sans comprendre. Encore son imagination qui faisait parler Charlie dans sa tête. La fatigue, très probablement. Il chassa ce superflu de son esprit, baissant les yeux sur les jambes de Charlie qui se croisaient. La jupe de l’uniforme. Les jambes nues. Sourire intérieur. « Tu mens, Heath, même dans cet état, elle t’attire. » Il s’humecta les lèvres, levant les yeux ailleurs.
Overprotective, full of confidents thoughts for others, always concerned and always curious. Même si j’ai du mal à accepter la réciproque et que je ne changerais certainement jamais.
- On est pareil.
Encore une réponse qui sera prise comme réflexion à lui-même.
- Je suis rassurée que ta confiance reste intacte. Malgré tous tes défauts aussi attachants et énervants soient-ils… Je t’ai toujours envié ça. - Tu laisse peut-être plus de place au doute, mais toi aussi tu es forte. Tu es solide. Je le sais.
Parce-qu’il était tout à fait normal qu’après l’épisode de Nathan (et encore, il ne savait pas tout), elle flanche, pose genoux à terre. Qui n’aurait pas cédé ? Et d’autres auraient bien moins géré qu’elle. Johanna se serait écroulée.
- Tu devrais arrêter de t’accabler. Lâcha t-il à voix basse, véritable conseil qui pourtant pouvait aussi être prise comme réflexion à lui-même.
Charlie l’accueilli sans plus de réaction, laissant la réflexion en suspend avant d’abréger la conversation, ramenant l’instant à la situation initiale, voulant laisser Heath à ses révisions. Ce dernier acquiesca de la tête, se râclant la gorge, détournant son regard sur son pc.
- Mais essaye de dormir quand même un peu. Tu as vraiment une sale tête. C’est pas du tout attirant… - ... Vraiment ?
Laissant enfin pointer un semblant de sourire sur son visage, il leva les yeux sur elle, sourcil haussé. Il avait senti l’ironie dans sa voix. Comme si il voyait clairement en elle qu’elle n’en pensait pas un mot. Trop de confiance en toi, Heath ? ... Non. Non, il était persuadé qu’elle mentait, et ce n’était pas que de l’arrogance. C’était une évidence, comme si il était dans sa tête. Il fronça alors les sourcils tandis que son esprit lui imposa des images. Des images de lui en train de se lever, de la rattraper. Un baiser. Il la fixait, le regard lointain, sans vraiment savoir ce qui se passait. C’était son imagination qui lui échappait à ce point là ? Oui, il avait envie de la rattraper. Oui, il ressentait ce besoin de proximité. Cette attirance, encore et toujours. Mais il avait la sensation que ce n’était pas tout. Que ça venait d’elle. Comme si c’était ce qu’elle voulait. Il se leva, sans trop savoir pourquoi.
- Je... C’est bizarre. Il laissa échapper un petit rire gêné, le regard légèrement troublé. J’ai l’impression d’être dans ta tête. Fin non c’pas c’que je veux dire... Juste... . Il s’approcha d’un pas. La sensation de te connaître par coeur...
Et les images continuaient. Les pensées continuaient. Il avait l’impression de ressentir son trouble, son doute, la façon dont ses paroles l’intriguaient. L’impact qu’il avait sur elle. C’était comme si il la cernait tellement bien qu’il savait exactement ce qui se passait dans sa tête. ... Est-ce que ça lui avait toujours fait ça ? Non, non il la connaissait très bien, mais d’habitude c’était plutôt une forteresse qui se dressait entre eux. Charlie était une fille compliquée, il avait du mal à la suivre parfois - souvent.
Alors pourquoi, là, tout lui semblait clair ? Les pensées, les impressions, les émotions fusaient dans sa tête. Il continuait de s’approcher, tout doucement, la détaillant, comme cherchant à comprendre ce qu’il se passait. Il arriva tout proche d’elle, se passa la langue sur les lèvres, la dévisageant. Il ressentait son envie. Ses craintes. Ses « il ne faut pas » comme ses « j’ai envie de toi ». il savait, tout ça, il savait que la situation était la même pour eux deux, depuis un moment. Mais sur l’instant c’était limpide. Ca résonnait dans son esprit, d’une façon qu’il n’avait jamais entendu, jamais vécu.
- Je... Je sais pas si ça nous passera un jour... .
Il avait répondu à l’une des questions qui était apparue dans sa tête, prononcée de sa voix à elle. Comme si c’était une question qu’elle était en train de se poser. Il la vit écarquiller les yeux, et les battements de son coeur s’accélérèrent. Il détourna le regard, et reprit vivement:
- Quoi ? Non je lis pas tes pensées, comment veux-tu... .
Et il se rendit compte qu’elle n’avait pas parlé.
Il écarquilla les yeux, détournant le regard, sa bouche s’ouvrant, sans voix; il passa sa main dans sa nuque, le souffle coupé, avant de lâcher un rire léger, posant furtivement les yeux sur elle - il s’était reculé de quelques pas.
- Wow... s’passe quoi là... ?
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Sujet: Re: Be there Ven 11 Avr 2014 - 11:42
__ … Vraiment ?
Je me stoppe dans mon élan d’échappée. Je me retourne légèrement de profil, incline la tête vers lui hésitant à sourire pleinement. À ton avis idiot ? On a décidément aucun bon timing. Je repars, fais quelques pas pour m’éloigner, affublée malgré moi d’images mélangées. Comme toujours ce qui s’est passé et ce qui pourrait se passer m’assaille sans vergogne. Parce qu’il a raison. Jamais je ne pourrais nier qu’il m’attire. C’est ce contact naturel qui nous lie et qui se joue de nous. Flâne.
Putain d’imagination. Tu pourrais rester à ta place dans un moment pareil quand même !
Je l’entends se lever. __ Je… Je me retourne. __ C’est bizarre. J’ai l’impression d’être dans ta tête. Fin non c’pas c’que je veux dire... Juste... La sensation de te connaître par coeur...
Tout mon être semble défaillir. Comme une mise à nu. Je pique un fard instantanément. Tu me connais déjà bien assez moi je trouve. Plus… Et ça deviendrait dangereux. Ma respiration devient irrégulière. Pour moi comme pour toi. Je déglutis. Déstabilisée par son approche, ses mots qui me brûlent. Qu’est-ce que tu fais Heath ? Mais je reste plantée là, le laissant faire. Pas dans cet état. Tu es vulnérable et moi aussi. Il ne faut pas. Et pourtant mes yeux le dévorent d’une envie qu’il faudrait prohiber. Et je m’approche aussi, comme happée par son regard. Ho merde. Pourquoi tu m’attires à ce point ? C’était si fort que ça avant ? On s’embrouille encore plus et nos comportements vont blesser ceux qui nous entourent. C’est quoi ? Un manque ? C’est juste physique, non ? Si on cède maintenant… Est-ce que cette sensation, notre « truc » va se dissiper à un moment ou à un autre ?
__ Je... Je sais pas si ça nous passera un jour... .
Et est-ce qu’on a envie que ça nous passe… Wait. What ? He just sees through me ? Je me bloque soudainement. La réalité semblant frapper d’un coup de massue. Panique qui grandit. Il vient de me répondre là ? Lire dans mes pensées ?!
__ Quoi ? Non je lis pas tes pensées, comment veux-tu... .
Ma mâchoire se décroche. Estomaquée. L’oxygène se fait la malle dans mes poumons. Euh si si je crois bien.
__ Wow... s’passe quoi là... ?
Il recule comme effrayé. Je le revois se masser l’épaule il y a quelques secondes de cela et ça me saute aux yeux.
__ Heath… C’est quoi déjà ? Euh la rumeur de Shu à propos de l’élève mystère qui change les dons ? Quelqu’un t’es rentré dedans ?
Je souffle en me rapprochant comme pour calmer le palpitant qui s’agite dans ma cage thoracique. __ Est-ce que tu as essayé de devenir invisible dernièrement ? Parce que tu viens de répondre à une question que je n’ai pas dite. Tu as lu dans mon esprit ou quelque chose dans ce goût-là… Non ?
L'inquiétude mord mes iris sans que je m'en rende compte. Allez, dis-moi. Un pas en avant. Je chope sa main et viens la poser sur ma bouche. Mes yeux se fixent sur son visage. Alors ? Est-ce que tu sais à quoi je pense ? Pas de panique. C’est pas si grave. Mes lèvres ne bougent pas d’un pouce. C'est... C'est donc vrai cette histoire ? Ça peut vraiment arriver ? Pourquoi ? Comme si on était déjà pas assez instables dans ce pensionnat. Il fallait vraiment que quelqu’un s’amuse avec nos nerfs ?
#ff6633
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Sujet: Re: Be there Ven 11 Avr 2014 - 14:34
Quelque chose à changé. Il le sent désormais. Il descend ses mains sur son torse, troublé, comme si il s’attendait à sentir un troisième bras pousser sur ses pectoraux. Réaction stupide mais humaine, il sent bien que quelque chose à changé, il cherche, cherche mentalement, cherche physiquement. Différent. Il se sent profondément différent, tout à coup, et ça l’effraie - la présence de Charlie est alors une bénédiction, et il accroche son regard dans le sien, s’assurant dans son reflet de ne pas devenir fou.
- Heath… C’est quoi déjà ?... la rumeur de Shu... l’élève mystère qui change les dons ? Quelqu’un t’es rentré dedans ? - Quoi ? Non ! ‘Fin, si, mais c’était rien, c’était juste... - Est-ce que tu as essayé de devenir invisible dernièrement ? Il secoue la tête de gauche à droite, s’abandonnant totalement à son regard, à la moindre explication qu’elle est prête à fournir. Parce que tu viens de répondre à une question que je n’ai pas dite. Tu as lu dans mon esprit ou quelque chose dans ce goût-là… Non ?
Un instant, et il souffle, détournant le regard, ses épaules s’affaissant. C’est tellement brouillon dans sa tête, mais elle lui a pourtant confirmé: il a répondu à ses pensées; ce peut-être une coïncidence, non ? Se muant dans un silence troublé, il la regarde tandis qu’elle vient de prendre sa main. Elle dépose alors le bout de ses doigts masculins sur ses lèvres à elle, et ça a l’effet d’une légère décharge éléctrique, palpitant le long de son bras, venant picoter sa nuque. Il baisse les yeux sur ses lèvres, entrouvre les siennes quelques secondes, happé par ce contact. Ce n’est pas le moment, Heath. C’est putain de pas le moment mec, bouge-toi. La voix de la jeune fille vient de nouveau s’infiltrer dans son esprit, le faisant sursauter. Mais troublé par cette perspective que son don ait réellement changé, ainsi que par ce contact, tout est flou, brouillon, lointain.
Pas de panique.
Il déglutit, ferme les yeux.
C’est pas si grave.
Il acquiesce d’un imperceptible mouvement de tête, inspire, tente de se calmer comme il le peut. C’est que le don fait partie de soi; le changer, c’est comme changer votre visage: et si un jour, dans la glace, vos cheveux étaient radicalement différents ? La couleur de vos yeux ? De votre peau ? L’invisibilité fait partie de lui, comme d’être châtain, d’avoir les yeux marrons et de mesure 1m80. Et il sent la différence, désormais, sent le changement sans pouvoir le localiser. Car c’est en lui.
C'est... C'est donc vrai cette histoire ?
Trouble. Parce-qu’il sent ses lèvres closes, l’entend pourtant distinctement, mais dans sa tête, comme imaginée. il ouvre les yeux, la regarde, se demandant si elle a réellement pensé cela ou si c’est définitivement son imagination qui lui joue des tours.
Ça peut vraiment arriver ? Pourquoi ? Comme si on était déjà pas assez instables dans ce pensionnat. Il fallait vraiment que quelqu’un s’amuse avec nos nerfs ?
C’est bien elle. Lèvres entrouvertes, choqué, il respire faiblement, la dévisage. Alors il essai de lui répondre par la pensée. Peut-être que c’est de la télépathie ? Il lui parle, dans son esprit, mais elle ne réagit pas. Le coeur battant à un rythme important, il secoue la tête, et parle, puisque ça ne semble être qu’à sens unique.
- Visiblement, oui, ça peut arriver... Je... . Il se rend compte qu’il a toujours ses doigts sur ses lèvres, les caresse presque - il ôte vivement sa main, détournant les yeux dans un grand soupir. Nos nerfs. Ouais. C’est... c’est dingue.
Abasourdi et troublé pour trop de raisons, il recule, se laisse tomber sur sa chaise. Il est plus calme, car ils ont compris: son don a changé. Et comme elle le dit, ce n’est pas si grave. Il doit juste... s’y faire. Il lève sa main devant lui, se concentre, souhaitant la rendre invisible. Les secondes passent mais rien ne se produit, ce n’est pourtant pas faute de concentration. Le visage dur, il la fixe, ne serait-ce qu’un doigt, qu’une phalange. Mais rien.
- C’est fini. J’peux plus. Lâche t-il à mi-voix.
Le silence se fait, y compris dans sa tête, sans qu’il ne sache si elle ne pense plus ou si c’est lui qui s’est fermé à ses pensées. Il réfléchit, sa main de nouveau sur sa cuisse. Il fixe les bottines de la jeune fille, l’esprit loin, loin. Loin dans l’avenir.
Nouvelles perspectives. Un don qui va lui faciliter les choses. L’avenir l’a toujours angoissé, l’après Prismver. Le travail. ... Ne pourra t-il pas deviner les attentes, savoir exactement ce que l’on attend de lui ? Comment plaire à un recruteur, savoir exactement... ? Il reste silencieux mais son visage s’éclaircit petit à petit. Ce don va l’aider. Ce don est une bénédiction.
- Je... je crois que c’est la meilleure chose qu’il pouvait m’arriver. Il lève les yeux sur elle, cherche son approbation. Je sais que j’entendrais pas que de belles choses, j’vais sûrement en chier, mais... c’est une force... .
Il se lève, s’approche d’elle de nouveau, glissant ses mains dans ses poches arrières, ne pouvait s’empêcher de réfléchir à ce que sera sa vie désormais, à ce que ça change. Ca changera beaucoup de choses. Il le sait. Il a cependant le regard fuyant, légèrement gêné.
- Je sais que pour vous, ça va être difficile. Je veux pas rentrer dans votre intimité, j’ferai mon maximum pour le contrôler, et je vous respecterai. J’te le promet. Il déglutit, la boule caractéristique de sa langue dans sa joue apparaissant juste après. ... J’suppose que ça va pas rendre les choses plus simples entre nous. J’veux dire... .
Il pose son regard dans le sien. Et inévitablement, des images communes à leurs deux esprits lui viennent. Son imagination, mais aussi la sienne. Un baiser, là, à cet instant précis, dans une dimension parallèle. Il esquisse un sourire, sa langue passant furtivement sur ses lèvres.
- Voila. Avec ce genre de pensées. C’est ça que je veux dire. Il l’observe, se perd dans ses yeux un instant, prit de cette éternelle envie de tendresse, sourire fragile aux lèvres. Mais je préfère en rire. Pour le moment, en tout cas. Ce changement arrive au bont moment.
Au moment ou l’absence de Neil lui déchire les entrailles. Il déglutit, arrache enfin son regard du sien et recule de quelques pas, venant poser son derrière sur la table la plus proche.
- Tu... tu voulais partir, juste avant. J’veux pas te retenir. J’te met pas dehors hein, au contraire. Il glisse sa main dans sa nuque, puis sous sa cuisse, conscient de ce que ce geste trahi. Mais si t’a autre chose à faire, vas-y, t’inquiète pas pour moi.
Non, il ne la met pas dehors. Oui, il crève d’envie qu’elle reste. Mais il doit apprendre à faire la distinction entre envie et sagesse. Leur relation évolue, et de nouvelles choses entrent en compte. Notamment Pytha, auquel il pense lorsque l’attraction devient trop forte. Il se pince les lèvres, baisse les yeux. Il doit s’effacer. Il doit passer au second plan dans la vie de Charlie, voir au troisième, au quatrième. La laisser vivre.
La laisser partir, comme lui est parti.
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Sujet: Re: Be there Sam 12 Avr 2014 - 2:22
Les secondes s’égrènent. Il ne me lâche pas des yeux. Je soutiens son regard… Du moins jusqu’à ce que je sente ses doigts glisser très légèrement sur mes lèvres. Frisson. Il s’en rend compte en même temps que moi et retire sa main. __ Nos nerfs. Ouais. C’est... c’est dingue. Raclement de gorge. Embarras mutuel. On a vraiment l’air de deux cons. Mais le plus important, c’est que ça se confirme. Heath a changé de don. Je l’observe en train d’essayer de rendre sa main invisible comme il se plaisait à la faire parfois, sauf qu’à cet instant, il est on-ne-peut-plus concentré et que ça ne fonctionne pas. Il ne peut plus. Mon regard reste fixé sur sa silhouette. Le silence se pose entre nous. Il ne pourra plus se dérober. Mais son esprit aura un peu plus l’avantage. Ca change la donne. __ Je... je crois que c’est la meilleure chose qu’il pouvait m’arriver. Mes iris trouvent les siens instantanément. Légèrement surprise qu’il voit aussi vite les choses comme ça. Je dodeline de la tête. Après tout tant mieux si il le prend comme ça. __ Je sais que j’entendrais pas que de belles choses, j’vais sûrement en chier… Et tu vas certainement avoir de sacrés maux de crâne. Je cille. __ mais... c’est une force... Mon sourire s’étire généreusement. Il est pas croyable. Il ne se démonte pas et anticipe même notre perception des choses. Qu’il essaiera de se contrôler au maximum pour nous respecter. « J’te le promet. » Le chocolat de mes yeux s’attendrit. Je m’en doutais déjà. Et si ça se trouve, il passera dans une ou deux classes supérieures en voulant contrôler son nouveau don… __ J’suppose que ça va pas rendre les choses plus simples entre nous. J’veux dire... . J’hausse les sourcils. Oui c’est certain. Pas besoin dans dire plus. L’imagination fait le reste. Sauf que cette fois, j’ai conscience que c’est partagé alors que l’on se perd dans l’encre de nos yeux respectifs. J’inspire, déglutis. Et merde. __ Voila. Avec ce genre de pensées. C’est ça que je veux dire. Je me pince les lèvres pour m’empêcher de rire. __ Mais je préfère en rire. Pour le moment, en tout cas. Ce changement arrive au bon moment. __ Oui. Enfin… Je pourrais plus fantasmer en paix sur les athlètes de Prismver. Va falloir que je sois sage. Pause, mes yeux vadrouillent en l’air, en pleine réflexion. Ou alors, ça peut aussi être l’inverse. Ça pourrait être amusant de te montrer des choses dont tu te passerais… On sait jamais, au cas où j’ai besoin de me venger…
Railleuse, le naturel taquin revient au galop. L’avantage qu’il aura pourrait aussi se retourner contre lui. J’expire fort, léger balancé sur mes jambes que je finis par croiser. Il se recule. Ses mimiques nerveuses reviennent de plus belles alors qu’il m’invite à partir tout en me disant que je peux rester, à moins que je n’ai mieux à faire… Tout le monde suit ? Moi presque plus.
Il se rend compte qu’il est aussi contradictoire que moi ? Même pire. Et dire que j’me suis enquiquinée à le chercher dans le pensionnat... Et puis… Soupire. C’est plus facile à dire qu’à faire.
Nouvelle bouffée d’air que je fais entrer dans mes poumons. Je croise les bras devant moi, mais une main se glisse presque tout de suite dans mes cheveux.
J’ai promis de pas rester longtemps. Même si réviser n’est peut-être qu’une excuse, il tient sûrement à être seul. Ça serait plus sage. Je me tourne de profil, mais me stoppe quasiment en même temps. Œillade vers Heath. Est-ce que ça va aller ? Ça fait beaucoup d’un coup et il a déjà l’air pensif, perdu ailleurs…
__ Tu sais… Ce nouveau don. Fais en sorte de ne pas te laisser bouffer par les réflexions des autres. Et continue, ou plutôt, exprime plus ce que ta tête pense. Sinon, tu risquerais de perdre l’équilibre. Regard bienveillant qui s’installe alors que ma voix s’éteint pour un temps avant de reprendre plus vivement. Et puis, c’est pas comme si tu étais déjà le plus honnête des hommes, alors il faudrait pas non plus que ça empire… Léger rire. Comme si ça pouvait vraiment détendre l’atmosphère.
J’ai décidé de me rapprocher. Encore. C’est toujours moi qui appuie sur la gâchette de toute façon. Alors une fois de plus ou une fois de moins. Il ne m’en voudra pas. Nos jambes se frôlent. Je lui fais face. Puisque ça vient uniquement de moi, c’est à moi d’apprendre à y mettre fin. La dernière fois, il y avait Ulysse, alors c’était plus… simple ? Justifié ? Mais dans le fond… Dès le départ, il ne devait jamais rien y avoir de sérieux. On devait pas se prendre la tête. C’était le deal dans lequel on avait plongé. Têtes la première. Mais du coup, on avance pas vraiment ensemble. Aucun de nous deux. Ma cuisse rencontre le rebord en bois, s’y appuie un instant. Même quasiment assis sur la table, je le dépasse seulement de peu. Mais ça n’empêche rien. Et sans lui demander son avis. Encore. Mes bras enlacent son cou, mes mains se nichent dans ses cheveux. Une joue contre sa tempe…
Même si on reste certainement inclassable. Je ne veux plus être la cause de complications, de problèmes ou de préoccupations douloureuses. Alors je ne le serai plus. Je préfère tout de même être du côté des bonnes cases pour Heath. J'espère que je le serai...
Je resserre, maladroitement mon étreinte, comme si il était en sucre. Mais je m’inquiéterais quand même, au moins un peu. Parce que je te connais et que tu fais partie de ma vie tout simplement. Mes mains glissent sur ses épaules. Je me détache lentement tout en plongeant mes yeux dans les siens.
__ T’as intérêt à tenir ta promesse.
Il manquerait plus qu’il appréhende ce qui m’est arrivé comme Ashley l’a fait. Je recule en souriant.
__ Révise pas trop tard. Trop penser nuit à la santé. Ironie.
J’ai l’impression de partir comme une voleuse. Sentiment de devoir s’adapter à la situation bien malgré moi. Cacher plus la laideur ? Le marbre violacé qui courait encore sur mes côtes il y a quelques semaines et qui me donnait la nausée jusqu’à me couper le souffle ? Étouffer les insultes « sale pute » et les menaces « t’es morte » ou « crève » qui hurlent parfois dans la nuit ? Bien sûr qu’il ne doit pas savoir. Tanpis si je deviens aussi fourbe. Pour ça, ça en vaut la peine.
Léger signe de main avant de passer la porte. Oui, il faut que je trouve autre chose à faire. Que je m’occupe l’esprit… Et toi aussi, mais tu auras largement de quoi faire à mon avis.
Please... Que les chose s'adoucissent un peu pour tout le monde, au moins pour un temps.
#ff6633Je te laisse chouaze les pensées dont tu veux te servir ou pas (;
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Sujet: Re: Be there
Be there
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