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 UNDERGROUND suite

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Anonymous
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MessageSujet: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockJeu 24 Avr 2014 - 19:15


__ Bungalow 1, si je ne m’abuse… Si mademoiselle veut bien se donner la peine.

C’est théâtral. C’est exagéré. Mais rien de forcé. Je réponds à son large sourire et à sa révérence de la même façon, sans tiquer sur le fait que je ne lui ai jamais dit le numéro de mon bungalow.

Notre terrain de course est vite devenu patinoire avec ce déluge printanier. Et pourtant, cela ne ralentit pas plus la progression, ni l’ascension. Au contraire même. Les appuis ne restent pas bien longtemps fixés au sol, tant qu’aucun obstacle, caillou ou branchage sournois ne se met en travers de notre route. Comme si la pluie imposait son rythme à nos pieds qui battent le pavé…

Léger coup d’œil par-dessus mon épaule. Pourquoi se retient-il ? Il est tout de même évident que l’athlète qu’il est n’est pas censé avoir de difficulté pour me dépasser. Une histoire de respect encore ? Il pourrait au moins courir à côté… J’hausse un sourcil perplexe et décide d’accélérer la cadence puisqu’il a l’air de tenir à sa position.

Les bungalows en ligne d’horizon deviennent ma nouvelle motivation. Fixette. Nouvelle montée d’adrénaline pour les derniers quelques mètres qui semble partagée. Seth se réveille, prêt à ne faire qu’une bouchée de ce qui nous sépare d’un abri. La moindre foulée dévore la terre battue. Le coude-à-coude final est bien éphémère, presque surjoué. Comme si la lutte avait été acharnée, alors qu’il n’en est rien. Je ne peux m’empêcher de rire devant ce semblant de compétition décisif, à l’image de ces enfants qui préparent une mauvaise blague mais se font griller juste avant la chute, justement parce qu’ils ont rigolé. Les rires ont rendu l’escalade deux-à-deux des marches plus coriace, mais le score final est là, bien plaqué contre la porte d’entrée en bois : égalité.
Les égos sont saufs.

Pour l’instant.

Parce que je suis bien plus essoufflée que prévu. C’est ça de faire -souvent- plusieurs choses en même temps sans grand sérieux, que j’aime feindre pourtant… Main sur la hanche, j’inspire et expire en observant le coureur.

__ Je n’aurais pas de pitié la prochaine fois…

Comme si ça n’avait pas été plutôt l’inverse.
Je libère mes cheveux de l’élastique qui les retenait tout en abandonnant mes baskets à l’entrée avant de pénétrer le bungalow qui semble vide. Une batte de baseball roule au sol, je manque de marcher dessus et de me casser la binette. Je râle mollement contre Heath qui a tendance à semer ses affaires autant que Joach. Ils se sont pas trouvés pour rien ces deux-là. Je me penche pour la ramasser et m’échappe direction la chambre de son propriétaire pour l’y déposer, après avoir invité Seth à entrer.

Maintenant que nous sommes à l’intérieur, mon don réajuste ma température corporelle aux degrés supérieures et lance le mode séchage automatique. Je ne me rends même plus compte à quel point c’est pratique jusqu’à ce que je ne vois le E si trempé. Stop obligatoire vers la salle de bain pour choper une serviette que je finis par lui tendre.

__ Tu devrais essuyer et faire sécher ta veste, sinon ça va abîmer le cuir. Sinon…

Je lui fais signe de s’asseoir si il le veut et me dirige vers la cuisine. Frigo grand ouvert, je suis tout aussi dubitative par le vide qui remplit ce dernier. Le coude sur la porte, je m’y appuie en me balançant légèrement.

__ Mmh, sinon qu’est-ce que tu veux boire ? On … n’a pas grand chose. Mais on a pas mal de lait (merci le chat) et de la bière (merci Heath).

Une main se niche dans mes cheveux qui commencent à retrouver leur aspect habituel. Je me retourne vers Seth.

__ Mais l’eau coule à flot du côté du robinet. À moins que tu ne veuilles un truc chaud. Café ?


#ff6633 c'est naze, sorry~
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockDim 27 Avr 2014 - 23:40


Underground, part II.


La terre est devenue boue. Elle gicle, éclabousse les vêtements alors que le tonnerre gronde toujours plus fortement, dévoilant parfois ses crocs en un éclat d’ivoire terrifiant. Il la regarde lui échapper tandis que son propre corps tente de réduire la distance qui les sépare. Finalement, les bungalows apparaissent à l’horizon et ses foulées se font plus grandes. Il la rattrape, le visage dégoulinant de pluie mais le sourire rieur. Et ils jouent. Ils jouent comme des gamins le feraient, sans arrières pensées, sans l’accablement de tous leurs soucis, comme s’ils les avaient distancés lors de leur course effrénée. Il n’y a que cette décharge d’endomorphine dans tous le corps qui les plonge dans un état extatique. Il n’a plus que Charlie et ses longs cheveux roux.

Ils se jettent sur la porte en bois, le souffle court. Un rire, léger devant sa moue déconfite. Accoudé dans l’encadrure de la porte, il la regarde avec délice délier sa crinière qui retombe dans son dos comme une cascade de feux follets. Une décharge électrique lui chatouille la nuque puis vient s’enrouler autour de son ventre. Si bien qu’il n’a pas le temps de réagir alors qu’elle trébuche sur une batte de baseball. Seth déglutit. C’est le territoire de bien d’autres mâles, ici. Charlie a été marqué comme appartenant à une autre meute. Tout autant de rivaux pour le loup solitaire. Le cœur écrasé, il retire également ses baskets et pénètre dans la demeure.

«  Tu devrais essuyer et faire sécher ta veste, sinon ça va abîmer le cuir. Sinon… » Si tu savais ce que cette veste a vécu, tu ne t’inquièterais pas tellement pour elle… Il la retire cependant et l’étend sur une chaise, près du radiateur. Il se sent un peu oppressé dans ce cabanon. Comme un chaton apeuré dans un lieu inconnu. Pourtant, il sait qu’il suffit que Charlie soit à ses côtés pour chasser cette sensation. La cuisine. Il s’approche, la serviette entourant sa nuque et la regarde, la tête dans le frigo à la recherche d’un ravitaillement. Il acquiesce à la proposition du café. Parce que contrairement à elle, il ne parvient pas à se réchauffer. Ses vêtements lui collent à peau, complètement gorgés d’eau. Il faut qu’il les enlève car la chaleur dégagée par sa peau sert à les faire sécher plutôt que le réchauffer. Physique élémentaire.

Posant la serviette sur la table adjacente, il retire son T-shirt non sans quelques difficultés, comme si le tissu refusait de le lâcher. Il n’ose pas regarder Charlie parce qu’il sait pertinemment que ses joues vont rougir. Il n’a jamais été pudique pourtant, ça le gêne que ses yeux à elle se pose sur son corps. Un corps cependant si agréable à détailler. Un corps qui a été taillé par la violence et la vie rude. Un corps aiguisé par la rue et sa loi impitoyable du « marche ou crève ». Seth a décidé de courir. Et tout contre son cœur, ce tatouage magnifique d’un arbre. Mais pas n’importe lequel, le mystique Arbor Dianae, l’œuvre légendaire des alchimistes. Un symbole ténébreux portant en son sein une dimension affective aussi large que la voie lactée. La seule trace d’humanité peut-être, qu’il lui reste.

Les yeux rivés sur son objectif, il essore son T-shirt au-dessus de l’évier. Il le tord, le presse avec une concentration exagérée pour un acte aussi banale. Or il sent ce regard brûlant glisser sur sa peau, s’attarder sur ses trop nombreuses cicatrices et reprendre sa route sinueuse. Frisson. Ses muscles, endoloris par le froid, sont secoués de spasmes. Réflexe mécanique du corps visant à dissiper de l’énergie sous forme de chaleur par des contractions involontaires. Il a vraiment besoin de ce café.
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockMar 29 Avr 2014 - 13:23


Café donc pour Monsieur. Les rouages mécaniques se mettent en geste. Clique. L’eau chauffe. Claque. La dosette a glissé à sa place habituelle. Bing. La tasse heurte le réceptacle pour mieux attendre son amie caféine qui coulera sous peu.

Quelques secondes qui s’éternisent lorsque Seth se dévoile juste à côté de moi. D’une autre façon. Ce n’est plus celui qui court de toute son âme sous la pluie. Enfant terrible qui m’a semblé bien pur à cet instant. Mais là. Sur cette peau mise à nu que j’observe bien plus qu’il ne faudrait. Je découvre les traces d’une autre vie ?

Le ronronnement de la machine à café a cessé. Mais je n’ai pas fait un seul geste pour m’emparer du mug. Lui est concentré sur son T-Shirt. Et moi, je détaille son corps. Mes iris naviguent sur chaque cicatrice se demandant quel geste, quel coup, quelle arme a bien pu laisser de telles marques. Je déglutis, en cherchant à imaginer tout ça. Mais je n’y parviens pas, que très peu. Je pensais que Nathan avait été plutôt… agressif, mais forcée de constater qu’il y a bien pire. Du coup, avec mes petits bleus, je suppose que je suis plutôt chanceuse. Les miens vont s’estomper dans quelques jours. Mais ses marques à lui sont indélébiles. The scars of your life, they leave me breathless.

Qui es-tu ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Un autre fighter ?

Matt et Skygge sont des bagarreurs. Pourtant, je ne crois pas avoir jamais vu de telles brèches sur leur peau. Peut-être parce qu’ici, il y a toujours eu quelqu’un à un moment donné pour panser leurs plaies. Rien n’est moins sûr…

Un solitaire ? Forgé par notre impitoyable monde ?

L’odeur du café me tire de mes digressions. Je détourne le visage pour choper la tasse et la lui tendre. Nouvelle approche. Je lui tends l’objet et nous faisons un échange.

__ Donne. Je pense qu’il est assez essoré. Sourire. Je vais le mettre à sécher.

Mais je me stoppe dans mon élan en apercevant le tatouage qui s’étire sur son cœur.

__ Dianae…

Un souffle, un murmure. C’était donc ça que j’avais entraperçu tout à l’heure. Je reconnais le symbole en bonne jeune fille bercée par les histoires mystiques de la Nouvelle-Orléans. Parce que cet univers étend ses filets au-delà des simples croyances qui grouillent dans le bayou. Cela remonte à bien plus loin, faisant écho à tellement d’autres cultures et d’autres histoires qui se croisent et s’entremêlent encore aujourd’hui.

Sans crier gare, sans m’en rendre compte, une main se porte sur l’encre qui imprègne sa peau. Je redessine les contours de l’arbre. Mes prunelles suivent le même chemin que mes doigts graciles.

__ Le dessin est incroyablement précis. C’est bluffant. Tu l’as fait où ? Il y a longtemps ?

Je relève le visage vers Seth lorsque mes interrogations franchissent mes lèvres. Je réalise à cet instant la familiarité de mon geste. Malaise. Je retire immédiatement ma main.

__ Ah désolée. Euh… J’avais l’habitude de regarder les dessins de tatouage de Neil, un… Ancien coloc’. Alors du coup, je sais pas… Vieille habitude ? Je souris de toutes mes dents, comme une enfant. Mais excuse-moi. J’ai le contact un peu trop facile.

Je retrouve mon sérieux et me recule de quelques pas, ne sachant quand même plus où me mettre. Ma main chasse une mèche de cheveux derrière mon oreille. Un rire gêné s’échappe de ma gorge.

__ Faut décidément pas que je me plaigne si je m’en prends une un de ces jours. Je l’aurais bien cherché. Mais quand il s’agit d’art, je suis peut-être un peu trop intriguée. Alors vraiment… Pardon. C’était totalement déplacé.

Incongrue, inappropriée et tutti quanti. Je pourrais ajouter encore tout un tas d’adjectifs pour qualifier mes manies obsessionnelles envers les créations artistiques. Ce n’est peut-être pas pour rien si on dit que la curiosité est un vilain défaut. Je me balance quelques secondes d’un pied à l’autre, en appui contre le plan de travail. Et je me rends compte que j’ai toujours son T-Shirt en ma possession. Je m’éloigne pour aller déposer le bout de tissu là où j’aurais dû me contenter d’aller dès le départ.

Je reviens et me sers un verre d’eau, histoire d’occuper mes mains aussi. Puis je me hisse sur le bar.

__ Non mais sérieusement. Ça n’a pas fait mal ici… ?

Je mime l’espace devant ma poitrine en fouettant l’air d’une main énergique. L’éternelle question qui taraudait mes échanges avec Neil. Lui qui essayait de me convaincre que non, surtout pas pour le type de tatouage qui aurait pu m’intéresser. Mais là, ça recouvre une sacrée surface.

__ Enfin, la notion de douleur est toute relative, vue tes…

Mes yeux divaguent à nouveau sur lui et ses stigmates. Je fronce légèrement les sourcils.

__ Tu as fait partie d’un gang ou quelque chose dans le genre… ?

Cash. Mais je tais la référence cinématographique saugrenue qui m’est venue en tête, à savoir Fight Club. Je me redresse comme pour étirer mon dos. Mes yeux cherchent les siens, un brin rieurs.

__ Est-ce que tu es dangereux, Seth ? Je dois me méfier ?

Je souris. Loin d'être effrayée. Surtout pas après l'avoir vu avec le sourire innocent qu'il arborait tout à l'heure sous l'orage.


#ff6633
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockMar 29 Avr 2014 - 17:18


Underground, part II.


Elle tend la tasse à café tandis qu’elle lui prend son T-shirt des mains. Et Seth tremble dans la tempête alors que son regard se pose sur son tatouage. Dans son murmure, il croit entendre le nom de cet arbre majestueux. Un arbre qui ne se dresse que dans les contes, un arbre sur lequel jamais aucun oiseau n’a chanté. Un arbre sur lequel ne pousse que des fruits gorgés de sang. Sur sa peau, le contact de ses doigts brûlants. Ses mâchoires se serrent à en faire éclater ses dents. Le loup s’est incliné. Il a laissé une main toucher l’artefact de son cœur sans oser bouger. Elle aurait pu le briser. Le souiller. Et tu as fermé les yeux Seth ! Bordel, tu es si faible. Pourquoi t’être aplati comme un misérable ? La fatigue. Je suis usé d’avoir toujours mordu, grogné et fuis. Je m’écroule. Elle s’excuse, prise d’une confusion palpable. Fixant jusqu’alors le contenu de sa tasse aussi sombre que sa propre âme, il relève enfin des yeux insondables vers son visage avec un léger sourire aux lèvres, murmurant un faible : «  Il n’y a pas de mal. C'est pas tous les jours qu'on me considère comme une oeuvre d'art. »

Il porte le mug à ses lèvres, savourant la chaleur du liquide se diffuser dans tout son organisme. Sans sucre ni lait, naturellement âpre, une boisson de dur. À son image. Une essence aussi sombre que les rues de Londres quand vient la nuit. La quintessence de quelqu’un qui se bat pour survivre chaque jour que Dieu fait. Regard. Assise sur le bar, il semble enfin avoir piqué sa curiosité. Si ça fait mal ? Il pose sa main contre son cœur ; il l’entend résonner dans sa main, son torse, sa tête. Le tatouage n’est rien. il blêmit alors qu’elle évoque ses cicatrices. Certaines sont vraiment vilaines, c’est vrai. Mais leur aspect n’est pas tant du aux coups portés mais plutôt à son laxisme concernant les soins. Il a frôlé la septicémie, une fois. Ce n’était vraiment pas beau à voir. Il est peut-être même bien tombé dans les pommes. Probablement une des seules fois où il est retourné chez lui pour quérir de l’aide. Soupir. « Est-ce que tu es dangereux, Seth ? Je dois me méfier ? »

Son cœur rate un battement, suspendu dans sa cage thoracique comme un pantin à ses fils. Mais elle sourit. Est-ce une blague ? Quoi, elle le taquine… ? Frisson. Déposant sa tasse dans l’évier, il y prend ensuite appui, pliant son genou et calant son pied contre le placard ; sa position qu’il prend toujours pour prendre part aux discussions importantes. À proximité d’une fenêtre, en cas d’éventuelles situations nécessitant le repli. Il inspire. « Pour reprendre tes questions dans l’ordre, ce serait mentir que te dire que ça ne fait pas mal. Mais ce n’était rien quant à la douleur psychologique que je pouvais ressentir à cet instant. » Ces yeux se voilent durant quelques brèves secondes à l’évocation de la mort de Diana. Il avait récupéré tout le fric qu’il possédait et avait fui chez le tatoueur avec ce dessin, déchiré dans ce putain de bouquin. Le tatoueur avait certainement été irresponsable quant à ce gamin aux yeux bordés de larmes mais il avait au moins su calmer la souffrance, beaucoup trop insupportable pour un cœur aussi jeune. Fin de l’histoire, il est là maintenant et personne ne pourra jamais l’effacer.

« Ensuite… Oui, je suis dangereux. Mais je ne me bats pas pour le plaisir. Je suis un enfant de la rue, Charlie. Les lois y sont cruelles. Si on en vient à utiliser nos poings, c’est parce qu’on y a été poussé par ce foutu instinct de survie. Alors non, j’suis pas un membre de ces gangs qui sèment la terreur. » Expiration. Il pourrait se taire. Il pourrait s’arrêter là et cesser de remuer les tréfonds de cette vie misérable. Mais sa langue se délie enfin. Les chaines se sont desserrées et son esprit profite de cette liberté inattendue pour faire éclater les abcès purulents dont il est recouvert. « J’ai toujours fait cavalier seul, n’agissant que selon mes propres principes et mes envies. Ouais, j’ai fais des choses dont je ne suis pas fier mais qui n’a pas sa part d’ombre ? À la différence des autres, j’essaye d’en faire quelque chose, je ne me laisse pas absorber par elle. J’ai saigné pour des causes qui me semblaient justes. Et toutes les traces que tu peux voir, elle me rappelle que j’en ai mené des combats. J’en ai perdu et j’en ai gagné aussi, mais toujours dans un but bien précis. Je ne suis pas un homme parfait et je ne le serais jamais. Alors c’est plutôt à toi de me dire Charlie, si tu n’as pas peur d’un homme qui possède un réel passé. »

Souffle. Seth essaye de paraitre invincible. Seth essaye de se convaincre qu’il est invincible. Mais la motivation de ses combats prouve cependant parfaitement le contraire. Seth est humain. Seth éprouve des sentiments. Et le goût métallique du sang commence à envahir sa bouche. Parce qu’il se mord la lèvre inférieure avec rage. Parce qu’il craint un rejet. Il a fait preuve d’honnêteté en dévoilant son côté sombre. Ses prunelles où des lueurs de craintes, de douceur, de sauvagerie tourbillonnent chaotiquement viennent puiser dans les siennes la force de lutter. La force de continuer à gravir la pente pour trouver la lumière. Car il est plus facile de se laisser simplement glisser dans ce puits sans fond. Dis-le moi Charlie, sois honnête et tue tout de suite mes espoirs avant que ceux-ci ne viennent à grossir et à m'étouffer si jamais par la suite, ils ne devaient se réaliser.
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockSam 3 Mai 2014 - 14:40

__ … ce serait mentir que te dire que ça ne fait pas mal. Mais ce n’était rien quant à la douleur psychologique que je pouvais ressentir à cet instant.

Mes yeux se baissent sur son voile. Il parle au passé, mais la douleur est toujours là. Fantôme. Ça se voit. Ça s’est vu. Ou du moins, je l’ai reconnue à cet instant.

Et mes lèvres restent closes.
Il poursuit. J’écoute. Mes prunelles se posent à nouveau sur lui. Attentives. Il affirme être dangereux. Un enfant des rues qui n’a fait que survivre et non pas un criminel brutal de seconde zone. Ma légèreté l’a vexé on dirait. C’est sûr que si j’avais su, si j’avais pu mesurer la profondeur de ces cicatrices, je n’y aurais peut-être pas planté ma curiosité. Quoique. C’est moins certain.

__ J’ai toujours fait cavalier seul, n’agissant que selon mes propres principes et mes envies. Je détourne le visage vers le mur en face de moi. Similarités. Ouais, j’ai fais des choses dont je ne suis pas fier mais qui n’a pas sa part d’ombre ? Un maigre sourire fend mes lèvres. Je ne peux qu’aller dans son sens. Léger signe de tête positif. On ne connaît jamais totalement une personne. Il y a toujours une part qui reste inaccessible. Même si ce n’est pas toujours la plus sombre qu’on ne décèle pas.

Je relève la tête, l’observe une nouvelle fois se dresser devant moi.
Et il confesse. Ses vœux. Ses failles. Ses forces et ses faiblesses. La fierté mise à mal, il reste juste là. Semble plus solide qu’un roc, malgré ses fêlures.

__ … Alors c’est plutôt à toi de me dire Charlie, si tu n’as pas peur d’un homme qui possède un réel passé.

Quelques secondes flottent dans l’air silencieux. Mon regard ne s’est pourtant pas détaché du sien si bleu et si nuancé. Mon esprit est resté happé par la mauvaise chose. Là où il n’attend ou n’autorise certainement aucune réponse, aucune ingérence.

__ Un « réel passé » ? On en possède tous un. Peut-être plus vif et « réel » comme tu dis pour certains, mais cela reste passé et dépassé. C’est la suite qui importe. Si tu veux saisir ce que la vie a à offrir de nouveau, tant mieux. Même si ce n’est qu’une volonté, ça suffit. Parce que je sais combien c’est plus facile à dire qu’à faire. De se détacher de ce qui a fait de nous ce que nous sommes surtout lorsque cela tire encore en arrière sur le fil de nos vies. Et puis si c’est l’inverse que tu choisis et bien qu’il en soit ainsi. Je ne peux pas prendre la décision pour toi. Ça ne me regarde pas. Je suis descendue de mon pied d’estale. J’ai glissé vers lui de quelques pas. Je ne te connais pas encore assez pour occuper la place d’une amie qui te promettra mieux. Pas que de toute façon, j’en sois capable. Mais, à l’instant, tu ne m’as parlé que des bouts de toi que tu as choisis de révéler, alors qu’un peu plus tôt, tu m’as laissé entrevoir bien plus. Je ne peux pas m’arrêter simplement à ça, Seth. Surtout quand ça ne fait que commencer.

Ta vie ici.

__ Quant à savoir si j’ai peur de toi. La réponse est non. Puisque je ne suis pas une cause pour laquelle on se bat. Donc je suppose que je suis hors de danger. Je souris. Ce n’est que moi. Je hausse une épaule. Qui met les pieds dans le plat sans penser une seconde que je pourrais toucher à quelque chose de sensible.
Mes yeux se baissent sur la lèvre qu’il se mord. C’est vrai c’est moi qui aies posé la question, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me la retourne, me prenne à ce point en considération.
__ Désolée. Mais je suis quand même flattée que tu aies répondu honnêtement à mes questions.

Nouveau sourire chaleureux que je lui adresse avant de porter le verre d’eau à mes lèvres et les y noyer.

__ Mmh… Dans tous les cas, la question ne se pose pas. C’est évident qu’on va apprendre à mieux se connaître. Même si on est solitaire, l’île est petite. On finit toujours par se croiser et retomber dans les filets de quelqu’un. Œillade taquine vers Seth. Juste à toi de choisir qui. Ça tu ne pourras pas le combattre. Tu vas devoir t’y faire comme on a un peu tous dû le faire. Moi la première.

Une lueur nostalgique traverse mes iris me ramenant à mon arrivée à Prismver. Un semblant de famille qui s’est imposé pour reconstruire, remodeler le meilleur de moi. Enfin, je crois. C’est comme ça que je le sens. Grâce aux personnalités attachantes que j'ai rencontrées ici, peut-être que je me suis bien plus trouvée que je ne l'aurais cru et que je ne l'aurais fait ailleurs.


#ff6633
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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockMer 7 Mai 2014 - 12:29


Underground, part II.


Un silence. Pesant. Seth reste suspendu à ses lèvres jusqu’à qu’elle se lance. La suite ? Il ne parvient pas à l’imaginer. Il n’arrive pas à voir plus loin que le lendemain, réfléchissant à quelle personne il va interroger, quel lieu il va aller visiter et à quelle heure il va aller courir. Et encore, ses projets sont toujours compromis par un quelconque imprévu bien qu’aujourd’hui, il soit plus que plaisant.
Étrangement, il a l’impression qu’ils sont plus proches qu’il ne l’imaginait. Au niveau caractère. Car plus elle avance dans son discours et plus celui-ci semble prendre une dimension intime. Personnel, car on ne peut le tenir sans l’avoir vécu soi-même. Frisson. Elle s’approche et il plonge dans son regard aux nuances de caramel. « Je ne peux pas m’arrêter simplement à ça, Seth. Surtout quand ça ne fait que commencer. » Son esprit freeze. Un instant. Rien de plus. Il déglutit, attendant la suite.

« Quant à savoir si j’ai peur de toi. La réponse est non. Puisque je ne suis pas une cause pour laquelle on se bat. Donc je suppose que je suis hors de danger. » Sourire. Cette fille mériterait d’être la princesse pour laquelle les princes viennent se bousculer au pied du château. Elle mériterait d’être au centre d’une guerre des gangs. Lui arracher un sourire devrait être la plus belle des récompenses.  Se voir accorder un regard taquin devrait faire pâlir de plaisir. Ce n’est que toi mais c’est déjà tellement plus qu’on ne peut rêver. Il aurait pu lui dire. Lui dire à quel point elle l’impressionne par sa droiture et sa volonté. Son enthousiasme. Sa générosité et sa gentillesse. «  C’est évident qu’on va apprendre à mieux se connaître. Même si on est solitaire, l’île est petite. On finit toujours par se croiser et retomber dans les filets de quelqu’un. » Il cille alors que son regard pétille. Je ne demande que ça, Charlie. Ses prunelles azurées glissent sur ses lèvres, s’attardent quelques secondes dans le creux de son coup avant de revenir à son sourire. Coup au cœur. Arrête tes pensées obscènes, tu ne l’auras jamais, c’est ce que murmure sa petite voix intérieure. Cette voix qui lui rappelle qu’il n’est pas quelqu’un qui peut se permettre de chercher le bonheur tant qu’il n’a pas mené à bien la mission qu’il s’est confié. La mission d’une vie. Parfois, il se dit que c’est tellement futile. Il se dit qu’il ferait mieux de prendre la moto de son père qui rouille dans le garage et de foutre le camp, à cent à l’heure sur des routes de campagne. Affrontant le vent et la pluie, admirant le coucher de soleil sur les champs de blé et roulant pendant des heures avec les étoiles pour seule compagnie, témoins de sa lâcheté et de sa fuite. Soupir. Ses prunelles se reposent sur le visage fin de Charlie. Son histoire manque cruellement de romantisme. Il y a bien assez de place pour un autre protagoniste. Une, plus précisément. Une personne avec laquelle Seth pourrait partager ses doutes et ses envies. Son émerveillement et ses peurs. Des bras autour de sa taille l’empêchant de sombrer dans les abysses.

Il baisse les yeux, inspire profondément en passant une main dans ses cheveux. Sous ses airs de gros dur, Seth est bien trop sensible. Surement parce qu’il a été élevé qu’avec des filles. Ouais, ça vient de là le côté fleur bleue qui lui donne des nausées. Et c’est peut-être pour ça qu’il utilise les poings. Pour se convaincre de sa virilité. Pour oublier le vide qu’a laissé sa sœur dans ses entrailles à son décès. Tais-toi. « Commençons maintenant alors. Parle-moi de toi Charlie, j’aime pas être désavantagé. » C’est pour ça qu’il tient son carnet. Pour en savoir plus sur son adversaire, pour grappiller quelques centimètres d’avance sur la ligne de départ.

D’amour ou de haine, l’existence n’est faite que de combats.


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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockSam 10 Mai 2014 - 17:47

Je ne vois pas. Je ne vois rien. Parce que je suis plutôt idiote et naïve quand ça me concerne et que je ne suis pas actrice. Non. Je me contente juste de noter une pincée de gêne lorsque Seth se passe la main dans les cheveux.

__ Commençons maintenant alors. Parle-moi de toi Charlie, j’aime pas être désavantagé.
Mes jambes se sont naturellement croisées en même temps que ce léger haussement d’épaules qui accompagne mon éclat de rire.
__ Désavantagé ? Hahaha. Les mecs…
Je m’incline en avant en rivant mon regard sur lui.
__ Je veux bien, mais je te préviens : je suis d’une banalité affligeante.
Puis je me redresse vivement pour aller m’installer sur le canapé, jambes repliées contre ma poitrine. Il s’assoit à côté de moi et cette fois, je sens son regard glisser sur mes jambes nues. Raclement de gorge, je détourne le visage vers la porte d’entrée comme pour rassembler mes pensées.

__ Mmh… Qu’est-ce que je peux te dire… Je suis née et j’ai vécu à la Nouvelle-Orléans jusqu’à ce que je vienne à Prismver. Fille unique élevée par une mère célibataire, je n’ai jamais connu mon géniteur et je suppose que c’est tant mieux.
Légère tension, c’est un sujet délicat que je n’aborde jamais. Ma main tapote légèrement sur mon genou. Je passe vite à autre chose.
__ Au-delà de la danse que j’ai pratiqué, je fais de la photo. Enfin, je m’y remets doucement. Petit rire nerveux. C’est vrai que mes récents déboires ont un peu étouffé dans l’œuf ma fibre artistique. Je glisse une main pour replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille. Et pour ça, j’aime me balader, me perdre et observer les gens. Les prendre en photo sur le vif pour capturer chaque expression et mouvement… Le langage du corps est tellement révélateur, spontané et unique en fonction de l’instant et des personnes qui nous font face que…
Embarquée dans ma passion, j’ai commencé à parler avec mes mains et m’en rends compte. Je les laisse retomber sur le cuir du canapé. Regard vers Seth. J’expire en dodelinant de la tête.
__ Bref. Tu vois où je veux en venir.

Je détends une jambe qui termine sa course sur la table basse, je me redresse un peu. Et mon pied se met à battre un tempo qui n’existe que dans ma tête.

__ Je mange épicé. Si tu ne connais pas le goût du tabasco, je te ferais goûter. D’ailleurs, je m’essaye à la cuisine cajun. Et ça ne doit pas être trop mauvais puisque la bande en mange sans tomber malade.
Pensée pour Matt qui en redemande même parfois. Je me mordille la lèvre en souriant bêtement. Petit mouvement de tête pour embrayer.
__ J’aime le sport, ou plutôt voir les mecs suer sur un terrain et se lancer à corps perdu dans une compétition. Hahaha. Mes hormones d’adolescentes ne doivent pas y être pour rien. Mais je trouve ça cool et beau. Donc je suis devenue la manager du club de sports, pour le plus grand malheur de Gautier, le président du club.

Je n’ai jamais caché mes travers, alors ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Je roule des épaules, ingénue. Puis le regarde.

__ Et puis, j’ai tendance à un peu beaucoup emmerder ceux que j’adore et à monologuer si on me laisse faire. La preuve. Je ris. Et certains dont je ne citerais pas les noms s’amusent à dire que j’ai des théories plus que foireuses, alors qu’elles ne sont juste pas… arrêtées. Je me réserve juste le droit de changer d’avis.

Esprit libre qui fait ce qui lui plaît. La plupart du temps. Lorsqu’il ne s’attache pas à d’autres et tente de satisfaire les attentes et besoins des uns pour préserver les autres. Es plus importants.

Je soupire d’aise alors que je me tourne vers lui dans un froissement de cuir typique.

__ Mais tu veux pas plutôt poser des questions ? Je ressemblerais moins à une vulgaire starlette qui se plaît à étaler sa vie. Mais, sois sûr que je ferais pareil. Juste pour être à égalité…

J’hausse un sourcil attendant qu’il prenne la parole. Un sourire un brin narquois ourle mes lèvres. Moi non plus je n’aime pas être désavantagée.


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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockSam 10 Mai 2014 - 22:38


Underground, part II.


Un regard, plus tranchant qu’une lame de rasoir mêlé à un éclat de rire. Un poing enserre douloureusement son cœur. Perturbé, il la suit jusqu’au canapé où il s’échoue. Et aussitôt son esprit gronde face à la distance qui les sépare. Trop grande. Pourtant il garde les bras le long de son corps, massant sa nuque endolorie par sa trop grande nervosité. Son regard ne peut s’empêcher cependant de couler du haut de son genou où tape sa main jusqu’à la pointe de ses pieds. Une danseuse et photographe. Américaine, bercée par les rythmes d’une contrée sauvage. Sans père.

Il l’écoute, avide de la connaitre ; pluie bénie pour un assoiffé. Cette façon de parler avec les mains est si attendrissante. Tout en elle est si attendrissant. Il aimerait être celui qu’elle prend en photo lors de ses balades. Il aimerait être celui pour qui elle cuisine des plats infects mais pour lesquels il s’extasiera. Il aimerait être celui qu’elle vient admirer du haut des gradins. L’entend-elle ? Ce cœur qui menace de transpercer sa cage thoracique. De jaillir sur la table basse et de danser la salsa rien que pour ses beaux yeux caramels. De la jalousie. Un pic ardent alors qu’elle évoque sa « bande ». Une bonne claque qui lui rappelle qu’elle lui est inaccessible, appartenant à une meute qui refuse férocement qu’un loup couvert de cicatrices les rejoigne. Ses poings se serrent néanmoins, il tente de faire bonne figure face à elle, esquissant un sourire et rassemblant en ordre ses pensées. Des questions ? Bizarrement, il en a des tonnes mais aucune ne lui vient à cet instant.

« Ai-je été un de tes modèles photo ? » Ses lèvres se pincent et sa tête s’incline sur le côté, feintant la curiosité innocente. Comme pour savoir s’il pouvait être pour elle une source d’inspiration. Quelqu’un qu’elle a envie d’immortaliser sur sa pellicule. Seth se dit que l’avoir croiser sur son chemin de course habituel ne pouvait être une coïncidence. C’était peut-être un signe. Oh, son cœur s’affole, c’est mauvais signe. Trop jeune pour faire une crise cardiaque. Ou pour avoir du cholestérol. Surtout pour un sportif comme lui. Une tachycardie ventriculaire. Oh, bordel. Il se relève d’un bond et passe encore une fois sa main dans ses cheveux, inspirant une, deux, trois fois avant de lui faire à nouveau face et de planter son regard dans le sien.

« Ta bande me déteste, Charlie. Mais j’ai beau… Soupir. Han, j’ai beau… Il lui fuit son regard. C’est impossible. Une voix hurle dans sa tête, le supplie de se taire. Il suffoque et son cœur se liquéfie dans sa cage thoracique. Je ne veux pas t’attirer de problèmes. Je pense qu’il vaut mieux que je parte. »

Retiens-moi. Retiens-moi. Il aimerait. Il aimerait rester avec elle toute la nuit. Confier ses peines avec une personne en qui il a une confiance aveugle sans la connaitre. C’est parce qu’elle ressemble trop à Diana sans être elle, c’est ce dont il essaye de se convaincre. Mais c’est ça Seth, tu vois que ta pauvre macchabée de sœur dans cette fille. Ouais, faut que tu te la sortes de la tête. T’as pas de sentiments pour elle non, c’est juste des vieux souvenirs qui remontent à la surface quand tu croises son regard. Ces battements de cœur déchainés, c’est juste parce que t’es heureux. Heureux… Sa main se pose sur sa veste en cuir. Ses doigts se crispent. Une, deux, trois secondes. Il lui en veut. Il en veut à Charlie d’avoir fragilisé ses barrières. Il lui en veut d’avoir créé cette sensation de manque qu’il n’arrive à combler qu’en étant à ses côtés. Sa respiration se fait tremblante. Bordel de merde. Il arrache finalement la veste de son support, la collant contre son torse pour cacher ce tatouage qui le brûle. Quelques pas. La porte. Hésitation.

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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockDim 11 Mai 2014 - 1:23

__ Ai-je été un de tes modèles photo ?

Je souris naïvement. Je ne m’attendais à ce qu’il pose ça comme question. Je m’apprête à répondre lorsqu’il se lève brusquement. Le E semble soudainement confus, troublé, perdu.

__ Qu’est-ce qu’il y…
Il se plante devant moi avant même que je puisse terminer ma phrase.
__ Ta bande me déteste, Charlie.

J’écoute ses quelques mots qui me surprennent plus qu’autre chose pour l’instant. Je fronce légèrement les sourcils alors que le silence rode et qu’il se saisit de sa veste avant de quitter le bungalow.

Je ne bouge pas d’un pouce et pourtant…
__Seth. Je marque un temps. Désolée. C’était pas très fin de parler d’eux. En revanche, ce n’est pas « ma » bande, c’est LA bande. C’est pas un clan ou une pseudo mafia, même si je reconnais que c’est le basket qui nous lie au départ. On s’entend très bien, mais on s’engueule aussi. On est souvent ensemble, mais on a aussi nos propres fréquentations hors du groupe. Il n’y a pas de contrats, on ne s’appartient pas les uns les autres. Et même si il y a deux-trois sauvages maladroits dans le lot, on se juge rarement ou du moins, on garde ses pensées pour soi par respect. Dire qu’ils te détestent alors qu’ils ne te connaissent pas bien, je trouve ça tout aussi déplacé.

Qui juge qui ? C’est à se le demander.

Enfin tout ça, c’est ta vision certainement idéalisée des choses Charlie : un brin farouche et toujours aussi indépendante et ouverte à la nouveauté. Mais là. Avec ma voix qui est devenue plus dure que je ne l’aurais voulu au fil des mots, il va croire que je les défends toutes griffes dehors et ça démontre tout l’inverse de mon laïus. Quelle nulle. Je m’y prends toujours comme un manche.

__ Je ne sais pas ce que tu as « beau » faire ou tenter. Mais vas-y, pars. Puisque « ne pas vouloir m’attirer de problèmes » est l’excuse parfaite pour ne pas faire d’effort ou ne serait-ce que le premier pas. C’est trop facile.

Et vas-y. Mauvaise foi implacable enfonce le couteau ! Comme d'habitude, tu déconnes.
Je détourne le visage vers la cuisine et croise les bras devant ma poitrine. C’est pas la première fois que je me dis que je devrais me taire pour de bon. Il faudrait peut-être que j’arrive à m’y tenir un de ces quatre. Mais il y a peut-être des torts des deux côtés. Rien n’est tout noir ou tout blanc. Et si personne ne laisse ou tente sa chance, c’est sûr qu’il ne risque pas de se passer quoique ce soit de bon.
Je tais la sensation qui s’interroge en moi : est-ce qu’il a essayé de bien s’entendre avec eux par égard pour moi ? Ça serait idiot. C’est avant tout pour soi et parce que les autres nous intéressent qu’on se lie d’amitié. Pour lui et pour les autres au lieu que je serve d’excuse à un raté monumental.

__ Et pour répondre à ta question : non. Mais tu le seras certainement. Et tu ne sauras jamais quand.

J’expire profondément tout en m’enfonçant un peu plus dans le canapé. Une main large chasse mes cheveux indisciplinés de mon visage. Renfrognée et mal à l’aise. Je veux bien admettre que là à cet instant, je ne lui facilite pas non plus la tâche. Je souffle, baisse le regard une seconde sur le cuir, puis le relève pour reporter mon attention sur lui. Mes lèvres s’entrouvrent, prêtes à s’excuser.
Mais il me coupe l’herbe sous le pied…


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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockDim 11 Mai 2014 - 13:12


Underground, part II.

> ♪ < Is this love.

Son prénom résonne dans sa tête comme le coup du marteau sur l’enclume. Il serre les dents et fixe ses pieds mais l’écoute, docilement. Pas de contrat ? Il lui semble pourtant qu’elle en a signé un avec Heath. Écrit noir sur blanc qui stipule que quiconque essaye d’aborder Charlie se voit dans l’obligation d’obtenir l’approbation du grand manitou de l’informatique. Du moins, c’est comme ça qu’il le perçoit. « Dire qu’ils te détestent alors qu’ils ne te connaissent pas bien, je trouve ça tout aussi déplacé. » ça lui coupe le souffle. Elle n’est certainement pas au courant du rejet de sa candidature pour Entropy. Du mépris que Heath et lui peuvent avoir l’un envers l’autre. Deux chefs de meute, en conflit territorial, voilà le topo. La relation qu’il veut entretenir avec elle, ce n’est pas une simple amitié. Une relation qui fera mal si elle reste dans l’ombre. Une relation qui provoquera bien des remous dans son groupe.

« Mais vas-y, pars. Puisque « ne pas vouloir m’attirer de problèmes » est l’excuse parfaite pour ne pas faire d’effort ou ne serait-ce que le premier pas. C’est trop facile. » Sa vision se trouble. Ce n’est pas les larmes, plutôt la colère. Un rage qui grandit au plus profond de ses entrailles et qui enlacent son coup avec ses branches couvertes d’épines pour venir peu à peu l’étouffer. Mais une autre sensation est également en train de lui trancher la gorge ; la peur. Une peur incommensurable. Il ne saurait la caractériser mais elle bien présente, en train de lui grignoter les entrailles. Soupir.

Il ouvre la porte. Une bouffée d’air. Il fuit. Il fuit aussi vite que ses jambes le lui permettent. Courir pour extérioriser. Courir pour éviter de briser quelque chose ou quelqu’un. Il devient fou. Des flashes dans son esprit qui attise encore davantage sa rage. Qui lui brise le cœur encore et encore. Il se sent poignardé de toute part, unique soldat au milieu d’une armée ennemi. Noyade. Il veut fuir l’image d’elle et Heath, intimement liés. Sur le canapé. Dans le lit qu’il entraperçoit par la porte ouverte. Dans la cuisine. A même le carrelage. Une auto-torture psychologique. I swear that I was heading down a darker road. You got through my guard when I was in safety mode

Son poing s’écrase dans le mur. Les phalanges rencontrent le béton et la douleur galope le long du nerf comme un serpent fondant sur sa proie. Il n’a pas bougé de devant la porte. Sa raison lui intime de fuir, elle lui a présenté un scénario acceptable mais Seth refuse, ses jambes bien ancrées dans le sol. Comme enracinées parce que l’environnement loin de Charlie est hostile. Son oxygène. Thought I knew my heartbeat but it was out of time. It's like my lungs are opening for the first time  Le langage du corps est tellement révélateur, spontané et unique en fonction de l’instant et des personnes qui nous font face. Les gestes parlent plus que des milliers de mots. Est-ce de la provocation Charlie ? Es-tu certaine de vouloir jouer à ce jeu avec moi ? Si ce n'est qu'une passade, la mettre dans ton lit mettra un terme à cette effusion de sentiments si minables, c'est ce que lui crie sa raison. Mais il ne l'écoute pas. You're the one to blame, you hold a smoking gun.

« Tu as le droit de me gifler.»


Is this love ? La distance qui les sépare se réduit en une seconde. Really love ? La veste en cuir est jetée plus loin. Is this love ? Il saisit ses poignets et la relève avec plus de violence que prévu. Really love ? Un regard, d'un bleu plus tourmenté que l'océan un jour de tempête. Une main enlace sa taille. Possessif. Une autre se glisse dans ses cheveux roux, caressant doucement sa joue. I need to know, need to know 'cause I've never been this close.

Is this love, is this love?


Contact. Ses lèvres viennent s’unir aux siennes avec passion. Il ferme les yeux, resserre davantage son étreinte. Il dévore ses lèvres avec envie. Il impose une danse sauvage. Farouche. Impétueux. Un prédateur, incapable de douceur. Frissons. Ils électrisent son corps entier. Les grenades explosent dans son cœur alors que sa langue s’immisce entre ses lèvres. Désir. Plaisir. Ils coulent dans ses veines, viennent réveiller ses instincts les plus primaires. Il la veut. Tout contre lui. Pas comme toutes celles qui ont un jour partagé son lit. Il veut lui faire ressentir ce qu’il ressent à cet instant. Le cœur perdu au milieu d’un champs de bataille. Le sang battant contre ses tempes comme le roulis de la mer. Un secret qui enfin se dévoile. You're pulling down my walls like you're my only sun.

Ses yeux refusent de s’ouvrir. Il aurait voulu que ce baiser ne s’arrête jamais. Jamais. Qu’il n’ait plus à avoir peur. Qu’il n’ait plus à éprouver ce manque. Juste l’embrasser. Juste la toucher. Juste la garder au plus près de lui.

And all these demons I'm letting go 'cause I can see what is beautiful.

It finally feels like I'm coming home.


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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockDim 11 Mai 2014 - 19:40

La porte s’ouvre. Il s’en va. Je détourne la tête, déçue. Je pourrais presque porter un toast : « à l’amitié et aux désastres ». Rien n’est jamais simple on dirait. Je soupire faiblement. Puis vint le choc. Je sursaute. Cherche l’origine de ce bruit sourd d’un regard.
Et je l’aperçois. Encore là, sur le pas de la porte. Un bras levé, le poing vissé dans le mur.
Et je n’ose pas bouger. Car tout ce que je perçois de sa musculature ainsi tendue : c’est une colère sourde mais aussi une tension insondable qui semble se relâcher pour la première fois.

Bien consciente que mes mots sont la cause de tout ça… Je ne sais pas quoi faire. Alors je préfère me concentrer sur moins difficile : sa main. Il doit s’être fait mal. Je m’apprête à lui demander si ça va, qu’est-ce qu’il lui a pris, mais il se retourne vivement. Son regard me transperce. Blocage.

__ Tu as le droit de me gifler.
__ Quoi… Pourqu…

L’idiote qui est seulement capable de faire le lien avec le mur abîmé, se contente aussi de le voir fondre sur elle. Mes prunelles ont suivi le moindre de ses mouvements. Son bras qui jette sa veste en cuir comme si ce n’était rien. Ses pas vifs et assurés qui nous réunissent en moins d’une seconde. Ses mains sur mes poignets qui me lèvent violemment et laissent la peur s’immiscer en moi jusqu’à ce qu’il m’enlace. Et ce regard à nouveau : si troublé, presque désespéré. Je m’y noie. Et sa langue dans ma bouche, ses lèvres pressées contre les miennes qui balayent le peu de défenses que j’ai.

La chaleur envahit ma colonne vertébrale, s’enroule dans mes hanches. Mon corps entier frémit sous l’assaut féroce. Ma respiration est tremblante. Non. En fait, il se peut bien que je sois en apnée. Je sens son désir glisser contre ma peau et jusque dans mon sang. Sa main me parcourt rapidement et glisse sur ma hanche. Je la sens se déployer, le bout de ses doigts dans mon dos qui presse le tissu de mon t-shirt. Ses caresses se font plus insistantes tandis que chaque muscle de mon corps se cramponne. Et je ne sais pas si c’est moi qui suis trop faible ou si celui qui est trop fort, mais mes mains sur son torse, ses épaules… Elles ne parviennent pas à le pousser, l’éloigner complétement. Plus je veux reculer et plus il m’étreint, tel un boa constrictor. J’étouffe.

Mais il est doué. Parce que ses lèvres et sa langue forcent toujours un peu plus le passage, abattent mes propres barrières. J’ai le sentiment d’être déjà vaincue par cette… Fièvre ardente qui se déchaine. Émotions chahutées dans un raz-de-marée. La vague déferle en pleine face et me submerge. Mon cœur est erratique, mon cerveau se perd dans ce grand n’importe quoi : incontrôlable et incompréhensible. Je n’arrive pas à raisonner. Je ne fais qu’absorber ses désirs ravageurs et égoïstes. Éponge sans force. Mais je le sens, un écho tambourine dans mes entrailles : ça semble vital. Le sang du vampire, la drogue du camé, l’air de l’asthmatique… Il me veut désespérément comme si sa survie en dépendait et il me dévorerait si il le pouvait. Cannibalisme.

J’ai peur.

Dans mon idéal, ce n’est pas comme ça que je conçois les choses. La dépendance en amour. La vie à travers l’autre. Ce besoin maladif de posséder. Ça ronge. Ça détruit plus que ne construit. Ce n’est pas bon. Ce n’est pas ce que je veux.
Et ce n’est pas ce que tu veux.

Mes larmes montent soudainement. L’une d’elle s’échappe du coin de mon œil, dévale ma joue. J’ai vraiment peur de me faire bouffer par toi Seth. Mes bras se replient contre son torse, mes mains arrivent presque à son visage… Élan brutal : je le repousse.

Libérée de ses griffes, j’halète, mes yeux se dilatent. Je prie pour que mes jambes flageolantes ne me trahissent pas.

__ Je… Je. Je suis désolée. Je peux pas.
Je me pince les lèvres que je viens d’essuyer d’un revers de main tremblante, je ravale ma salive.
__ Je suis incapable d’accepter tout ça.
Mes yeux se posent maladroitement dans les siens.
__ C’est trop pour moi.

Je ne suis plus la même que lorsque je suis arrivée à Prismver. Avant j’aurais certainement succombé sous cette pulsion charnelle, parce que j’aime ça et que je suis aussi comme ça : passionnée. Et il a dû le sentir que j'aurais pu y répondre. Mais mes rencontres m’ont lentement fait évoluer. Tout comme mes déboires avec ceux qui m’ont brisé. Alors là maintenant, est-ce que je le repousse parce que je suis plus faible ou parce que je suis plus forte ? Je ne saurais même pas le dire.

Et je fuis. Mon tibia cogne contre la table basse, ralentis une seconde mon échappée que je reprends rapidement pour finir dans la salle de bain. Je m’y enferme et me laisse glisser contre la porte, le corps essuyant toujours la tempête. Ce trop-plein d’émotions qu’il a partagé et qui me consume encore.

Touchée de plein fouet par ce brasier, je ne perçois pas encore la brûlure qu'il a laissé.


#ff6633 JTM

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MessageSujet: Re: UNDERGROUND suite   UNDERGROUND suite 1400359500-clockDim 11 Mai 2014 - 21:19


Underground, part II.


Le contact se rompt. Violemment. Il recule, repoussé par ce si petit bout de femme. Un coup de massue alors qu’il aperçoit cette larme rouler le long de sa joue. C’est bien pire qu’un coup de poignard. Pire qu’une balle de revolver transperçant le corps de part en part. Pire que la gangrène qui ronge la peau. Pire qu’une brûlure. Pire que toutes les cicatrices qui marbrent son corps à cet instant. Il vient lui-même de s’empaler sur sa lance de martyr. «  Je suis incapable d’accepter tout ça. » De t’accepter toi, pauvre abruti. Il la voit dans ses yeux, cette lueur. Peur. Panique. Détresse. «  C’est trop pour moi. » Envie de mourir. Son cœur se déchire et elle en traine les morceaux dans son sillage alors qu’elle fuit vers la salle de bain. Seth assiste à cette scène, impassible. Les yeux dans le vide. Incapable d’effectuer le moindre geste. D’articuler le moindre mot d’excuse. Il est planté au milieu du salon, vide. Plus vide qu’un gouffre. On aurait beau regarder au fond de lui, on ne trouverait que du noir. Du noir, du noir, toujours du noir !

Il a étouffé sa propre lumière. Il l’a vu, dans ses yeux, la peur qu’il lui inspire. Tout n’avait été que mensonge. On lui ment pour l’attendrir et après, on le poignarde. Ne jamais faire confiance à personne, jamais. Seth, tu entends ? Non, il n’entend pas. Il oscille au bord de la falaise, perdu entre le désir de sauter, de ne plus jamais faire de mal à personne et son engagement envers sa sœur. Cette connasse lui en ferait baver même dans l’au-delà, il en est certain. Il n’y avait pas de place pour les misérables dans son genre, là-bas.

Nausée. Les lianes resserrent leur étreinte, le font suffoquer. Il a eu tort de croire que les gens pouvaient le percevoir comme quelqu’un de bien. Il a eu tort de croire qu’une part de bonté résidait encore en lui. Un animal Seth, un pauvre chien galeux qui crache à la gueule les passants. Un minable. Incapable de préserver celle qui attisait les braises d’un homme bon et honnête. Elle s’est brûlée. Il l’a brûlé. Inspiration. Il a l’impression de se noyer alors que son odeur plane encore dans l’air. Il faut qu’il sorte. Qu’il fuit. Qu’il oublie. Son sang cogne rageusement dans sa tête. Ça l’étourdit, ça le rend malade.

Il titube jusqu’à sa veste, la ramasse. Titube jusqu’à la porte. Se rattrape à la poignée. Fou. Complètement. Une violente envie de voir le vermeil du sang maculer ses mains. Faire souffrir quelqu’un à sa place. Lui transmettre sa douleur. Faire mal avant qu’on ne lui en fasse. Il pleut encore. Que cette eau céleste lave ses péchés. Qu’elle les efface. Qu’elle fasse taire ses démons. Et Seth court. Loin du pensionnat. Loin des bungalows. Loin des gens qu’il pourrait frapper sans une once d’humanité. Il court vers un endroit où personne ne le retrouvera. Dans un endroit où personne ne viendra le chercher. Qui en aurait seulement l’idée ici ? Pas d’amis. Il les brise tous. Les profs ? La réputation des E n’est pas à faire. Des parents ? Ils l’ont abandonné il y a bien des années. Seul, seul face au monde. Seul, comme il l’a toujours été. Une malédiction. Le prix à payer pour toutes ces peines générées. Pour la tempête qu’il a semée.

Une larme. Unique. Qui vient se mêler aux pleurs du ciel. Glisse le long de son menton pour venir s'écraser sur l'arbre tatoué. Il ne grandira plus jamais. Il a été foudroyé. Proie facile car...

... Incapable d’aimer.

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