I meet you again.

Bâillement. Il a perdu l’habitude d’aller en cours. D’avoir des horaires fixes et à respecter. Il a suivi des cours de médecine, pas dans la plus grande des légalités. Des cours de biologie. Et de chimie. Caché dans l’ombre des amphithéâtres. Parce qu’aucune école ne l’aurait jamais accepté dans son enceinte, tellement son histoire est chaotique. Alors il prend son entrée dans cette école comme une chance inouïe. Car ses recherches convergent toute également vers ce point. Seth’ comprendra ces mécanismes surnaturels. L’apparition de ces pouvoirs. Et s’ils n’ont pas d’explications, pourquoi un quelconque Dieu les a choisis eux plutôt qu’un autre. Quelles évolutions les ont conduits à une telle diversité. Et surtout pourquoi tous les contenir dans ce pensionnat. Là réside certainement la plus grande des questions.

Assis dans le sable, face à la mer, Seth réfléchit, gribouillant parfois quelques mots dans son carnet. Puis son regard est attiré, un peu plus loin, par une crinière flamboyante. Rouge comme le sang. Une lionne avec deux perles d’améthyste à la place des yeux. Rangeant son carnet dans la poche intérieure de sa veste en cuir, il se relève et part à sa rencontre. Un sourire lumineux accroché aux lèvres, il vient s’interposer sur sa route. « Seth ?! » Sa voix, teintée de surprise, lui arrache un frisson. De nombreux souvenirs lui reviennent en tête et accentue son sourire. Il ne s’était peut-être pas comporté en gentleman avec elle, pensant certainement ne jamais la revoir. Pourtant, ils sont là, sur cette plage, à nouveau réunis.

« - Qu'est-ce que tu fais là ? » Il passe une main dans ses cheveux, son regard coulant sur son corps désirable avant de revenir capter ses pupilles violettes. Il avait imaginé cette rencontre, pas mal de fois. Ou du moins, cette re-rencontre. Comme pour voir où allaient les mener ses souvenirs un tantinet sulfureux. «  Tu n’as pas entendu parler d’un blond ténébreux au regard lagon et au corps de rêve qui vient d’arriver ? J’aurais pensé que ça t’aurais mis la puce à l’oreille. » Rire. Pour lui, l’alchimie qui s’était créée durant cet été n’a pas disparu malgré les mois qui se sont écoulés et les dernières épreuves endurées.

So beautiful, darling !

Quelque chose s’est éteint. Elle en a été ébranlée, ça se voit dans son regard. Seth a l’impression d’en voir les cendres voleter tout autour d’eux. Des débris brulés qui sont comme des lames venant les pénétrer. Il n’en connait les raisons mais son cœur se serre pourtant face à son désarroi caché derrière un faux air d’aristocrate. Or Seth ne laisse rien transparaitre, se contentant de froncer les sourcils, son air pincé habituel. Ulysse restera son premier contact à Prismver. Un repère. Un point d’attache. Cependant, elle semble perdre pied elle-même. Un enfoncement lent dans les sables mouvants où le moindre mouvement vous fait perdre toujours un peu plus de terrain. Il faut attendre, attendre que quelqu’un vous tende la main pour vous extirper de cette mélasse. Mais parfois, personne ne vient. Seul, face à son sort.

«  Est-ce que tu effectues encore tes recherches ?  »

Elle s’approche, comme un faucon fondant sur sa proie, le regard aiguisé comme une lame de rasoir. Et son sourire attise sa méfiance. Il semble percevoir de la rancune mêlé à du mépris. Il retient un grognement. Qu’elle n’essaye pas de jouer à ce petit jeu avec lui, il pourrait très mal le prendre. Seth aime la provocation, les moments épicés et l’exotisme mais pas quand cela touche à ses affaires. Et particulièrement son carnet. Territorial. Il recule d’un pas tandis que ses lèvres rouges comme le sang se fendent en un rictus mauvais. « Tu pars à la recherche d’une nouvelle jeune femme à qui soutirer quelques informations sur les pouvoirs pour ensuite la baiser pour la remercier comme il se doit de t’avoir été utile ? » Nous y voilà. L’orgueil blessé d’une femme. Roh, la poisse. T’es mort, mec. Il n’a pas été à la hauteur. Il faut l’avouer. Il pourrait rejeter la faute sur des centaines de facteurs. S’inventer milles et une excuse. Mais Seth n’a jamais été très doué pour fabriquer des bobards qui tiennent la route. Quand le loup se sent agressé, il mord. Pas la peine de tergiverser trois plombes. Ça fait saigner, parfois la plaie s’affecte mais au moins, on sait.

«  Je me suis mal conduit avec toi. Je pourrais t’inventer des tas d’histoires pour me tirer de ce pétrin. Mais je vais pas le faire parce que tu sais que je mentirais. Et tu ne le mérites pas. » Une très belle aventure. Un de ces moments où l’animal prend le pas sur la bête intelligente. Un instant où les sentiments n’existent plus, ne subsiste que les désirs animaux qui brûlent et irradient. Soupir. Il en a eu des conquêtes d’un soir qu’il ne considérait que comme des opportunités supplémentaires pour se vider l’esprit. Un gougeât. Un de ceux qui baisent pour se vider les couilles. Seth ne réfute pas ces affirmations parce que ça l’arrange bien qu’on lui colle cette étiquette. Il le physique du prince charmant mais tient plus du crapaud quand il s’agit de sentiments. Il vient capter de nouveau ses prunelles violettes et sa voix est ferme. Parce que même si son comportement laisse à désirer, il n’a jamais manqué de respect à aucune d’elle. Il ne les a jamais traitées comme des chiennes ainsi que le font certains. Franchise. «  Alors ouais, je l’ai pas joué gentleman. Un animal n’agissant que pour son propre plaisir, tu peux me blâmer pour ça. Mais je ne suis pas le seul criminel dans cet histoire, c’est difficile de faire l’amour tout seul.  » Les filles qui se présentent comme des victimes, ça le gave. Il ne l’a pas forcé à l’embrasser. Il ne l’a pas forcé à l’accompagner dans cette ruelle.  Il ne l’a pas forcé à ouvrir les cuisses et à l’accueillir. Ulysse était une actrice de ce scénario en pleine possession de ses moyens et elle s’est attelée à écrire une histoire qui se finissait par une atteinte commune des cieux.
Sa voix se radoucit, délivrant des mots feutrés à l’oreille de la jeune femme. « Tu as été et tu seras la dernière, Ulysse. La seule pour qui j’ai craqué après avoir mené mon interrogatoire. Excuse ma faiblesse. » La dernière phrase fut piquante, lâchée avec amertume. Ses prunelles d’azur plonge une dernière fois dans les siennes pour y enfoncer toute la colère et la déception qu’il pouvait ressentir à cet instant. Il avait imaginé des retrouvailles un tantinet plus enjouées, sans reproches et sans rancœur. Demi-tour, il commence à marcher, fixant les grains de sable venant escalader ses chaussures à chacun de ses pas. Qu’est-ce que j’espérais de toute manière ? C’est toujours comme ça. Le chic pour faire avorter les relations avant même que celle-ci ne se créent. Ça doit être ça ton don, en fait. Good game, Seth’ylanhem Harkness !

J'espère être à la hauteur. **