Historiquement. C’est Ashley qui s’obstinait à la traîner à quelques fêtes signées Jim T. Reed. Mais cette fois-ci, la jolie rousse n’avait rien dit. Et ne disait même plus grand chose depuis un certains temps. Silencieuse tristesse.
Le rôle de racoleuse avait donc incombé à Morgan qui lui avait nonchalamment vanté les délices si réputés des bars des soirées de Reed et pour lesquels Evangelyne avait toujours eu un faible. Soit. Elle viendrait.
Il la dévisage. Elle, délicieusement drapée dans une robe légère et d’une couleur nude presque virginale qui accentue son apparence de poupée en porcelaine que l’on aimerait briser. Elle fait de même. Lui qui lui tend un verre dérisoirement simple, mais parfaitement rempli d’alcool. Elle le toise une seconde. Se dit que Jim pourrait tous nous droguer avec la complicité de Ruthel et que personne n’y verrait que du feu.
Mais soit. Suivons le troupeau. Le liquide transparent glisse cul-sel dans sa gorge. Ce n’est pas comme si elle n’était venue que pour ça. Mais un peu quand même.
Ses talons franchement dangereux claquent le carrelage. Evangelyne enjambe un type en travers du chemin sans se soucier de la vision qu’elle lui offre et qui semble le réveiller de sa léthargie. Il se relève, la suit, l’interpelle. Elle l’ignore, ne l’entend même pas et le perd dans la foule qui a envahit les trampolines.
La jeune fille arque un sourcil. Ca semble plutôt acrobatique pour atteindre le bar. Qu’à cela ne tienne, elle rapetisse volontiers d’une quinzaine de centimètres avant de jouer les plumes et de se faufiler parmi la masse qui rebondit décidément bien trop gaiment.
Atterrissage étonnamment réussi et du bon côté de la salle. Une main vient lisser ses longs cheveux bruns et les rassembler d’un seul et même côté. Côté cœur. Et elle se félicite de ne pas avoir accordé plus de temps que ça à son apparence vue la « dangerosité » des alentours. D’un regard soudainement avide, elle cherche une place au comptoir et repère Morgan en compagnie de la Reine et d’une autre tête blonde, inconnue au bataillon. Avec la sociabilité d’une huître, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’Eva aille le saluer. Au contraire. Elle se dirige à l’opposé, même si la principale raison reste que c’est parce que c’est là-bas qu’il y a le plus de place et la meilleure vue sur le « domaine ». Les fêtes de Jim sont un véritable laboratoire pour la jeunesse décadente. Forcée de constater que c’est plutôt intéressant à regarder.
Finalement, elle réussit à se hisser sur un de ces tabourets haut en cuir. La bouteille de whisky est immédiatement commandée. Trois verres déjà appréciés mais le rythme de délectation habituelle du nectar ambré s’accélèrera, s’oubliera petit à petit. Puis revient l’étape fatidique : remettre ses chaussures pour ne pas s’encombrer les mains. Le pied droit retrouve son emballage, mais l’autre le perd au sol.
__ Ah…
Flemme vertigineuse de redescendre de son pied d’estale. Ou bien est-ce toute cette agitation ambiante qui perturbe son propre flux sanguin, comme un écho, une onde à ce qui l’entoure ? Peu importe. Elle décide de la laisser là et croise les jambes, laissant son pied nu fouetter doucement l’air. Ce détail n’échappe pas à son voisin de comptoir qui s’élance dans un monologue certainement très sincère et romantique à souhait. Il parle de Cendrillon, de chaussure à son pied, de couvercle et de bocal, mais fait malheureusement face à une Evangelyne muette qui daigne toutefois le regarder avec une indifférence impertinente… Jusqu’à ce que la main du gentleman ne se pose sur sa jambe.
Contact inopiné alors qu’elle allait profiter d’une autre gorgée de whisky. Il est descendu du siège, s’est rapproché. Elle ne bouge pas, mais son visage s’est baissé sur sa main qui se déploie et remonte lentement jusqu’au tissu de sa robe sur sa cuisse. La jeune fille décide alors de se tourner vers lui et de pencher son verre dans le vide pour laisser couler le liquide sur la main de l’intrus.
Mais le message est trop subtile. Il rit bêtement. Et dans un élan euphorique –allait comprendre la nature humaine, cette même main glisse sous la robe.
Bam ! Une seconde plus tard, le tabouret du garçon s’est renversé, tandis que lui s’est étalé au sol en position fœtale, tremblant autour de la fameuse chaussure. Le serveur se penche surpris et s’enquiert de la situation. Evangelyne se remet en place face au bar.
__ Un coup de chaud. Il s’en remettra.
Ou pas. Elle y a peut-être été un peu fort. Une goutte de sang perle de son nez. Mais elle ne le connaît pas, donc n’y prête pas attention. Spécialiste du « comme si de rien n’était », préférant retourner au sirotage de son breuvage.
#990000 - HRP
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Dim 4 Mai 2014 - 19:31
Avait-il changé ? Cette question le parcourait depuis plusieurs jours, le faisaient douter. Tony n’était pas vraiment sorti de sa chambre depuis ce jour-là, se contentant des quelques cours qui l’intéressaient réellement et passant son temps libre à tenter de contrôler son pouvoir nouvellement acquis. Sous l’adrénaline, le refus de perdre, il l’avait totalement maîtrisé, mais il savait que son contrôle n’était pas parfaite. Il savait que, dans une situation inattendue, il pourrait perdre la maîtrise de lui-même, sous le joug de cet instinct animal - et ça, ça lui faisait peur. Il n’aurait jamais pensé côtoyer la terreur un jour jusqu’à cet échange dans la salle intemporelle avec Jim où il avait fait face à la propre souffrance qu’il avait infligé, regardé son propre visage en face. Compassion ? Certainement pas. Mais l’espace d’une seconde, ça avait frôlé son esprit - ce remord, sentiment abstrait pour lui jusque là qui lui avait laissé une horrible sensation de froid.
Il n’était plus le même.
Cette pensée le mit hors de lui. Indéniablement seul dans sa chambre désertée par tous ces fêtards, il renversa son bureau, poussant un cri de rage presque surprenant - laissant éclater ses sentiments comme jamais. Tony aurait presque remercié Jim pour lui avoir offert ce court moment de répit - il avait besoin, pendant seulement quelques instants, de retirer son masque. Il avait reprit contenance là-bas, mais il ne s’habituait toujours pas à ce changement. Il avait retrouvé son pouvoir mais s’était perdu sur place, il n’avait, depuis plusieurs jours, plus la motivation de faire le mal. Comme éprit d’une fatigue accablante, répugné par ses propres actes. Quelque chose n’allait pas - et il n’arrivait pas à savoir quoi.
Il prit un temps pour remettre sa chambre en ordre, ayant du temps jusqu’à la fin de la soirée. Il rangea tout, minutieusement, ne laissant aucune trace de cet écart de conduite. Il n’avait pas le temps de comprendre, de réfléchir à ce qu’il avait vraiment fait. Pas moyen que Jim lui ait menti sur son pouvoir - il doutait de lui, c’était l’origine de ses problèmes. Ses incertitudes. Tony réfléchit une seconde, jetant un coup d’oeil à son armoire. La Jim’s Party, ce soir. C’était vraiment raisonnable ? Concrètement, c’était pénétrer en territoire ennemi, car ce soir-là, Jim avait tout le pensionnat avec lui - mais s’il gagnait, tout irait pour le mieux. Tout redeviendrait comme avant.
Il allait tenter ce pari. Fouillant dans son armoire pour en extirper, tout au fond, un costard noir, il ne mit que quelques minutes à se préparer. Ses cheveux toujours bien en place, son habit impeccable et la même tête qu’à l’accoutumée : le regard malveillant, sourire ironique aux lèvres. Au moins il souriait - c’était un bon point. Pour autant qu’il mette une tête de hauteur à la plupart des gens et soit certain d’être vu au grand jour, il préférait être classe. Tony glissa son carnet dans la poche intérieur de sa veste, s’arma d’un briquet et d’un paquet de cigarettes qu’il trouva dans le tiroir d’un de ses colocataires et partit avec. Elles lui faisaient de l’oeil depuis un moment, semblaient relaxantes, destressantes. Au diable sa santé parfaite, il était maître de son destin et descendrait un paquet entier de clopes si ça l’aidait à redevenir serein.
Le vigile cilla à sa vue - visiblement aussi étonné qu’intimidé. Sourire aux lèvres, Tony attrapa le verre qu’il vida, ignorant ses propres restrictions.
Il était fin prêt. Boisson alcoolisée dans le sang, dix arracheurs de poumons dans sa poche et un costard réservé pour son futur diplôme : c’était du grand art, vraiment. Il avait failli à tout ce qu’il s’était dit, mais plutôt que d’être en colère contre lui-même, il s’en foutait pas mal. Peut-être était-ce l’effet du verre proposé plus tôt - toutefois, son comportement ne changea pas dans la fête : marchant droitement, le regardant portant devant lui, s’attendant à ce que les gens s’écartent comme ils le faisaient habituellement.
Mais là, quelque chose clochait : personne ne le faisait. Il avait le droit aux bousculades, aux giclées d’eau, à la fumée dans le visage…
Au bout d’un moment, ce fut trop. Instinctivement, il faillit pousser un rugissement animal - bruit qu’il contint dans sa gorge, assez puissant pour alerter les alentours. Son chemin se créa, un sourire satisfait se dressa sur son visage. Il s’avança, cherchant Jim - fidèle à son idée, incontestablement mauvais. Une insulte fusa à son égard - des rires, mais il ne parvint pas à identifier la personne dans la foule. Impuissant face à la force commune de toute une école. Impuissant face à cette fête. Ici, personne n’avait peur - Jim lui-même, riait avec sa troupe, sans même le voir. Lui qui pourtant, avait cette présence, cette taille, cette aura. Invisible dans toute cette bonne humeur, dans cet univers qui n’était pas le sien.
Une violente envie de vomir le prit - il serra les dents, observa les alentours et écarta les gens sur son passage sans remords. Le bar, l’alcool - lui aussi plongeait vers cette option. Il avait juste besoin de temps - l’ambiance l’avait perturbé. S’accoudant au bar, il fit sa commande au barman avec un sourire habituel, méchant, cruel - faux. Il remettait son masque, se présentait en un simple visiteur, chic et ennuyé. Il passait le temps, provoquait son éternel “rival” en franchissant la ligne rouge, entrait dans son domaine. Ce dernier allait en tirer de la fierté, mais il était déjà trop tard pour revenir sur cette décision impulsive.
Il reçut son verre, ne prenant pas la peine d’un remerciement et se mit dos au comptoir. Il observa, de sa grande taille, toute cette troupe. Tous ces gens, tous aussi répugnants les uns que les autres, toute cette fête abrutissante et inutile. Même l’homme à côté de lui était si pitoyable qu’il faillit lui coller son pied dans le visage : caressant sans réflexion la jambe de la demoiselle assise non loin, obtenant pour toute réaction un verre d’alcool sur la main. Alors il rit, cet imbécile, et allant trop loin, il récolte un coup qui l’envoie à bas de son siège, au sol, dans une situation pour le moins ridicule. Et une excuse bien ridicule, par la même occasion.
Et cette fois, c’est au tour du finnois de rire : un rire franc, oscillant entre la nervosité et la satisfaction - alors qu’il reconnaît la demoiselle, sa partenaire de la veille dans un devoir commun. Une A - bien que son comportement aurait amplement suffit à le prouver. La même, impassible et satyrique, la même fille avec du cranc. Il ne lui avait jamais fait de crasse parce qu’elle avait l’air vide à en crever, il n’aurait pas été étonnant pour lui de ne pas avoir de réaction même s’il dévoilait le pire drame de son enfance. Dans un sens, ça lui plaisait - mais un Tony de bonne humeur n’est pas forcément de bon augure. Pourtant, il prend la peine de tirer à lui un tabouret qu’il chevauche sans mal au vu de sa taille, balayant du pied le garçon qui trainait au sol, cherchant le contact visuel. Sourire plein d’intérêt, ses doutes oubliés. Cette fille était pleine de ressources.
« Visiblement, tu t’es remise du devoir de la veille, Stark. Pas tellement surprenant quand on sait qu’on aura la note maximale. En revanche, je n’aurai jamais cru te voir traîner dans un endroit pareil - encore moins pour mettre des pauvres types en pièces. »
Beautiful & Bastard.
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Dim 4 Mai 2014 - 21:33
Turning tools. L’un dégage. L’autre apparaît. Nouvelle gorgée qui glisse entre ses lèvres. Et la prestance est totalement différente. Envahissante. Une des personnalités du pensionnat que même elle ne peut ignorer. Ses iris aux reflets vermeil détaillent le costume élégant qui surprend autant que le rire qui a éclaté à ses oreilles.
__ Monsieur Kyösti… Politesse ironique à peine soufflée. Elle se souvient encore la façon dont il a montré à un D insolent la façon de faire pour s’adresser à lui. Si ça flatte son ego, alors pourquoi pas. Chacun ses travers. La jeune fille a appris il a bien longtemps à respecter cette règle. __ Visiblement, tu t’es remise du devoir de la veille, Stark. Pas tellement surprenant quand on sait qu’on aura la note maximale. Elle acquiesce de la tête, d’un signe entendu. Bien sûr qu’ils auront la meilleure note. La question ne se posait pas. Même si hier avait été la première fois qu’ils devaient collaborer ensemble sur un projet, il n’y avait aucun doute possible. Forcée d’apprécier la présence d’un génie pour palier à la médiocrité du reste du groupe.
__ En revanche, je n’aurai jamais cru te voir traîner dans un endroit pareil - encore moins pour mettre des pauvres types en pièces. L’alcool ouvre des portes. Le serveur lui ressert déjà un verre ayant bien compris qu’il ne devait pas le laisser vide trop longtemps. Et un sourire s’esquisse. __ Je fais acte de présence parce qu’on me l’a gentiment demandé. Œillade à Morgan accoudé un peu plus loin en face. __ Et si je ne pouvais pas réduire en miettes quelques pathétiques et pour le moins inutiles échantillons de la gente masculine… Alors les fêtes de Jim perdraient leur principal intérêt.
Quelques menus plaisirs qu’elle s’accorde pour tromper l’ennui, il faut l’avouer. Peut-être une tentative désespérée qu'elle se doit à elle-même pour réveiller cette marionnette trop soignée et policée. Mais c’est si facile aussi. Ils viennent d’eux-mêmes à elle. Comme des offrandes sur un plateau d’argent. Des ours attirés par un miel épineux. Deux autres types imbibés s’échouent comme des larves dans son dos à elle. Le petit troupeau glousse à l’image de deux gazelles. L’un d’eux se détache et amorce le contact en nichant son visage dans les cheveux de la brune et bredouille ce qu’on pourra traduire par un « tu sens drôlement bon ». Sauf qu’il marche sur ce qui était sa chaussure, dérape étrangement et se vautre le nez contre le siège de la belle.
__ Ho… Et parfois je n’ai même pas besoin d’utiliser mon don. Ils tombent tous seuls comme des mouches.
Fort heureusement pour lui dira-t-on, car si le soulard n’a rien remarqué, le regard d’Evangelyne a trahit une ultime pensée « si il ne retire pas son nez de mes cheveux tout de suite, il ne lui restera pas une seule goutte de sang pour pisser droit ».
Soupire. Il n’y a vraiment que lorsque l’alcool se mêle à son sang que Stark montre ouvertement les crocs. Comme si une première limite, une première barricade était tombée.
__ J’avoue que c’est un peu dommage. Avec toute cette hémoglobine qui tambourine autour de nous, la tentation est forte. Et d’un autre côté, c’est toujours le même cinéma. Ils ne sont pas vraiment originaux. Le regard vrille un instant vers les deux compères qui s’éloignent en titubant. Ou ils abandonnent au premier obstacle. L’ennui finit donc souvent par remporter la bataille.
Une main gracile s’échoue dans ses cheveux avec l’infime intention d’effacer toute trace du passage de l’étranger. Son regard se pose dans celui de Kyösti.
__ Mmh… Le nez encore dans le verre quelques secondes. Bien que flattée qu’un des Rois de Prismver accorde un peu de temps à ma pauvre personne… Je pourrais te retourner la remarque. Ce haut-lieu de perdition ne te sied guère. Œillade qui coulisse sur la silhouette imposante mais chic du garçon. Tu dénotes.
Les deux se distinguent à vrai dire. Comme si ils n’avaient pas leur place ici-bas. La A repose son verre à moitié vide sur le bar et y trempe un doigt qu’elle pose finalement sur le rebord avec le vain espoir d’entendre un son cristallin s’échapper de la masse.
__ Mais c’est certainement volontaire. Un de vos jeux pour mieux étaler votre rivalité dans notre réalité, ou quelque chose comme ça ? Qui domine qui dernièrement ?
À croire qu’elle s’excuserait de ne pas suivre totalement ces games of thrones, en éternel outsider qu’elle est. Au moins, elle a la bienséance de faire semblant de s’intéresser.
Sublime créature ingénue qui a appris depuis son enfance à donner le change lors de ces petits jeux, mais qui pourtant ne fait plus vraiment d’effort pour s’y prêter –peut-être pense-t-elle à tort que Prismver n’en vaut pas la peine. Mais inconsciemment, elle sait que son avenir lui réserve des rencontres similaires, où elle devra se frotter à des personnalités semblables à celle du blond - salaud magnifique, imbu de lui-même et féroce. Son flegme habituel lui dicterait presque qu’il vaudrait mieux faire quelques efforts.
#990000
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Dim 4 Mai 2014 - 23:00
Insolence. Qui ne l’est plus ? À force, le finnois avait apprit à faire abstraction des familiarités de ses camarades scolarités, en particulier ceux de la classe A à l’égo particulièrement développé - au point de s’en croire sur le même piédestale que lui ; au point d’espérer avoir un semblant d’égalité avec le Roi. Bien qu’intimement persuadé de tenir toujours une bonne marge de supériorité à l’égard de tous ses camarades de classe, il a fini par mettre de côté sa fierté, accorder à ces insectes un peu de tolérance en leur permettant ces quelques droits - les punir chacun leur tour aurait prit bien trop de temps pour qu’il ne fasse l’effort de s’y pencher, d’autant que certains confrontations auraient pu se montrer dangereuses. La pointe de moquerie lui avait arraché un clignement d’oeil, le blond était désormais bien au dessus de tout ça.
Et puis, Tony se jugeait déjà vainqueur de cette manche : sans grands efforts, il avait captivé l’attention de la princesse écarlate, elle qui se montrait d’ordinaire si dédaigneuse vis-à-vis de la basse cour. Lui, elle ne pouvait l’ignorer - leur coopération de la veille n’avait pourtant rien à voir avec ça : c’était un pur sentiment de respect. Si elle ne tentait rien qui pourrait fâcher l’égo du Nalkäinen - comme le faire de l’ignorer, il en ferait de même : un juste retour des choses auquel une simple poignée de personnes avaient eu droit jusqu’à présent. Alors bien sûr, il tenait ses distances : jambes croisées, accoudé au comptoir, il ne se laisserait jamais aller à ses instincts primates comme beaucoup autour de lui semblaient désireux de le faire.
Pourtant, nul besoin de le nier, il comprenait sans grande difficulté ce qui les motivait à une telle folie : Evangelyne resplendissait. Pour lui, ça n’était rien de plus qu’un masque de toute beauté enfilé sur la peau d’une bête dangereuse - car il savait, pour l’avoir déjà vue à l’oeuvre, qu’elle était aussi calme que dangereuse. Mais il en fallait davantage pour inquiéter le finnois qui pouvait l’être tout autant : dans ses iris, pas une once de peur - il faisait jeu égal avec la demoiselle, ses yeux plantés dans les siens, soutenant avidement son regard avec un sourire amusé. Elle faisait parti de ces rares personnes qu’il n’avait jamais vraiment effrayé, de ceux qui auraient peut-être, en terme de puissance comme d’intelligence, des raisons d’agir de la sorte.
Une vérité qu’il n’avait jamais été prêt à accepter.
Seulement il n’avait pas le choix : il avait fait plus d’une fois face à ce genre de situations et la dernière, récente, l’avait conduit ici. Elle l’avait bien trop marqué d’ailleurs, pour qu’il ait la seule envie de recommencer l’expérience : pour un soir, il mettait de côté ses principes, sa fierté - ses yeux quittèrent ceux de la demoiselle pour observer avec intérêt la boisson qu’elle sirotait. Peut-être était-ce l’alcool qui la rendait si bavarde ? Elle n’était sûrement pas sans savoir que donner des informations au jeune homme était dangereux - et pourtant, son regard se glissa sur Morgan durant un instant. Etait-ce une nouvelle provocation ? Avait-elle eu vent du serment qu’il avait fait - sur sa propre fierté, s’excluant de toute tentative de mal envers le blond ?
Pas moyen. Et si ce nouveau doute lui fit frôler l’agacement, son expérience des fêtes de Jim arracha l’ombre d’un sourire au géant : quel genre de personnes pouvait trouver comme principal intérêt à ce genre d’évènements… de frapper sur des gens ? À peu de choses près, elle était comme lui : malveillante, cruelle - et baignant avec plaisir dans cette noirceur. Il oscillait entre la fascination d’une personne si proche de lui et la colère de voir quelqu’un lui ressembler tant. Drew était semblable à lui en un sens, c’est vrai, mais il était parti bien trop subitement pour laisser autre chose en lui qu’un sentiment de vide - qui soit dit en passant, ne serait pas difficile à combler. Cette fois-ci, il opta pour un simple sourire, l’écoutant à moitié. Il faut dire que sa présence ici offrait un spectacle assez comique sans qu’elle ait pour autant besoin d’acquiescer le moindre mouvement : la chute du dernier prétendant arracha un son moqueur au blond.
« Je suis rassuré de n’être pas le seul à éprouver ce genre d’envies. »
En temps réel, n’importe qui aurait pu mal comprendre une phrase pareillement tournée, mais le regard menaçant du finnois dissuadait quiconque de penser la moindre chose à ce sujet : de quoi aurait-il bien pu parler, si ce n’était que ce désir intense d’écraser ceux qu’il considérait comme faible ? Il était d’ailleurs certain que n’importe qui, avec la même puissance, n’aurait pu que faire de même… sauf peut-être Jim. Pourtant, elle avait raison : à force de terreur, plus personne n’osait vraiment s’opposer à eux : l’ennui était toujours de mise. Leur existence avait finit par devenir ennuyeuse, au point que tous deux se retrouvaient ici. et si Evangelyne avait pu avoir sa place ici, c’était en revanche le dernier endroit où l’on s’attendait à voir Tony.
C’est pourquoi au fond, le plaisir de cette compagnie la dégoûtait. Le simple fait de s’amuser grâce à celui qu’il haïssait le plus le rendait fou de rage.
Simplement, il n’aurait jamais été envisageable pour lui de montrer la moindre de ses émotions sur son visage, encore moins en face d’une de ses colocataires : il resta de marbre, redoublant d’intérêt pour cette discussion afin de noyer ses propres réflexions - manoeuvre qui n’eut pas grand intérêt au final, puisque son interlocutrice le questionna sur les raisons de sa venue. Mystérieuses en effet, mais il ne pouvait se résoudre à lui dire la vérité - pas plus que trouver une excuse ridicule, renforçant les doutes de la demoiselle sur sa présence. Elle était en A, après tout, et certainement assez intelligente pour comprendre que Jim était la raison pour laquelle il était là. Ce qu’il allait faire ? C’était là, la grande question. Lui-même en doutait.
« La raison de ma présence me semblait pourtant évidente. Je bois de l’alcool à ses frais. »
Il n’avait pas trouvé mieux. Pourtant, pendant un instant, dire la vérité lui avait semblé tentant, envieux - et le génie détourna bien vite, une fois encore, son regard de celui de la demoiselle. À sa façon, elle était aussi dangereuse que lui et il en était bien conscient : ses flatteries ironiques et ses manières le toucheraient presque. Où était donc son insensibilité habituelle ? Face à Ulysse, il n’avait eu aucun scrupule quant au fait de l’envoyer bouler - loin de sa vie et de ses problèmes. Ce soir il peinait, comme tous les jours depuis la salle intemporelle. Enfin, c’était toujours plus enviable que l’idée qu’Evangelyne soit de ce trouble - il aurait sûrement été chagriné d’être contraint de couper court à cette discussion.
« Voyez-vous chère demoiselle, je parcourais la puanteur extrême de cet endroit pour venir à votre encontre, lâcha-t-il avec une courbette. Au point où nous en sommes, arrêtons ces manières stupides, Evangelyne. Je suis d’une humeur massacrante contrairement à ce qu’on pourrait croire - j’ai passé une très mauvaise semaine. »
Les regards se captent et se happent quelques instants. Sans détour. Il semble la transpercer de part en part même si elle n’a rien à cacher. Et elle semble faire de même, alors que lui aurait bien plus à perdre si elle prenait la peine de vouloir lever le voile sur Tony Kyösti Nalkäien. Mais il semblerait que la jeune fille amuse le Roi. Pièce maîtresse de l’échiquier ? Cavalière ? Folle ? Ou simple bouffonne ? Nul ne serait le dire. Et la concernée elle-même ne verrait que peu d’intérêt à connaître la valeur que d’autres lui donne.
Nouveau sourire entendu qui pourrait les faire passer pour des complices aux yeux des badauds lorsqu’il abonde dans son sens en référence à ses envies de meurtres grandissantes. Une marque de fabrique des soirées de Jim qui réunissent toute la beauté de notre humanité ? Certainement. Pourquoi accepte-t-elle encore d’y venir alors ? Foutu lien avec autrui -foutu coeur ?- dont elle se passerait bien la plupart du temps.... même si son asociabilité s’effrite de plus en plus, bouffée par une curiosité qui se révèlera peut-être intrigante.
__ Voyez-vous chère demoiselle, je parcourais la puanteur extrême de cet endroit pour venir à votre encontre. Au point où nous en sommes, arrêtons ces manières stupides, Evangelyne. __ Puisque je sens si bon, bien sûr… Maigre réplique qui fait écho au grain de sable d’il y a quelques minutes et qui s’accompagne soudainement d’un hochement de tête par la négative lorsqu’il mime une révérence à son attention. Je suis d’accord. Surtout que s’incliner ainsi face à n’importe qui pourrait te faire perdre ta couronne…
Le ton paraît bien sévère. C’est décevant de sa part -bien que tout de même un tantinet flatteur. Elle s’attarde sur sa stature qui se redresse tout de même fièrement. Il ressemble à une bête...
__ Je suis d’une humeur massacrante contrairement à ce qu’on pourrait croire - j’ai passé une très mauvaise semaine. __ Je sais. Elle marque une juste pause. Ton visage de marbre est impeccable, sois-en sûr. Mais ton sang qui bout parfois inopinément -et plus que d’ordinaire, te trahit. Même si ça m’importe peu. Je ne peux m’empêcher de le sentir. Surtout quand tu es si près. Elle gigote sur le tabouret, décroise et croise ses jambes dans l’autre sens tout en quittant son regard pour le poser une seconde sur son verre. Navrée. Un des travers de ma magie.
Ses lèvres épousent le rebord du contenant transparent, chipe une dernière gorgée avant d’abandonner l’ensemble dans un bruit sourd. Puis fait glisser son verre d’un simple geste vers le A qui n’a qu’à ouvrir la main pour s’en emparer. __ Et bien si ça ne te suffit pas… Fais-toi plaisir et massacre. Quelques âmes manquantes à déplorer suite à une fête de Jim seraient peut-être une première dans l’histoire de Prismver.
Pas qu’elle demande à voir un véritable carnage. Le sang, elle aime ça quand c’est elle qui le contrôle, tout simplement. Pas non plus qu’elle n’apprécie pas Reed. Elle le tolère. Uniquement parce qu’il s’agit de la moitié de Morgan. Mais sinon, elle l’a soigneusement placé dans la catégorie « louche ». Ça lui semble plutôt anormal de vouloir à ce point « illuminer » les autres. Il est complétement hors de la réalité avec ces idéaux désuets. Bien naïf. Et le jour où il retombera sur terre, ça fera sûrement mal.
Légèrement accoudée, une joue dans la paume de sa main tandis que l’autre main tapote du bout des doigts le bois du comptoir. Impatiente. Son nouveau verre se fait désirer, alors son corps vrille de quelques centimètres vers l’extérieur pour observer la mascarade ambiante. Léger soupire d'aise.
La phrase laisse un froid, marque un temps de pause - Tony hausse les sourcils, interloqué, presque incompréhensif face à cette hypothèse presque ridicule. Perdre sa couronne. Cette optique semble inenvisageable, improbable. Il a envie d’éclater de rire, se dresser de toute sa hauteur et de lui montrer sur le champ la puissance qu’il avait acquérit, la forme gigantesque qu’il était capable d’opposer à tous. Un lion gigantesque, puissant, un Roi animal, fier, rapide, fort, effrayant. Il n’a pas besoin d’essayer pour savoir qu’il est capable du pire, arracher la tête de la princesse écarlate sans lui laisser le temps de toucher à son sang - sans lui permettre le moindre mouvement. Egocentrique, narcissique, absolument certain d’avoir le dessus - mais ayant ce soir, le cerveau embrumé par l’alcool - premier écart à sa propre nature.
Pour la première fois, il doutait de lui-même.
Le pouvait-il vraiment ? Il faisait opposition à ses propres principes - raison pour laquelle, sitôt que le verre lui fut parvenu, il n’hésita qu’un court instant avant de l’empoigner. Méfiant l’espace d’un instant par réflexe, adouci par les boissons alcoolisées de la soirée, elle semblait avoir réussi à le dompter. Il contempla, quelques secondes durant, le verre qu’elle sirotait, le portant inconsciemment à ses lèvres. Le goût de l’alcool mélangé à la senteur de la demoiselle l’enhivrait, lui faisant parvenir une saveur exquise qu’il ne prit pas la peine de retranscrire sur son visage. En revanche, il envisageait peut-être de boire plus souvent - il se détendait, comme il ne l’avait jamais fait jusque là, et trouvait à ces boissons un certain charme.
Allez, ça suffit Tony. Il croisa le regard du barman un instant, se résignant à ne pas boire davantage de ces saloperies. Il se laissait aller, prisonnier durant un instant de cette frénésie alcoolique mais avait finit par reprendre contenance. Il était perturbé, pas fou - suffisamment intelligent pour savoir qu’il ne fallait pas s’attarder sur cette soirée. Ok, il avait commit une petite infraction à sa propre règle et ingurgité un aliment potentiel de mettre pas mal de désordre dans sa tête si bien remplie et rangée - mais ça s’arrêtait là. Son visage était le même, elle lui avait confirmé. Il sauvait au moins les apparences - bénissant les dieux que tous ne puissent pas lire dans son sang comme elle le faisait si bien.
« Quel don agaçant. Enfin si tu fais thermomètre, tu as sûrement remarqué qu’il est plus chaud qu’à l’accoutumée. C’est celui d’un lion. »
Ses yeux vinrent se planter dans les yeux, exemptes de cette ironie habituelle. Il était sérieux : la chaleur qui animait ses iris témoignait de sa sincérité, montraient avec une effroyable certitude tout ce qu’il était capable de faire. Il doutait, mais en un sens, c’est ce qui l’avait rendu si téméraire, c’est ce qui le rendait plus dangereux que jamais. Le Roi avait peut-être perdu son esprit combattif, mais si ce dernier s’éveillait suite à trop de contrariétés, ça ne serait sûrement pas beau avoir. Et, si une telle révélatinon aurait pu apeurer n’importe quel pensionnaire, il en était de même pour Tony - à l’idée de ne pas pouvoir se contrôler.
À chaque seconde, c’était une bataille contre lui-même, car si la plupart des élèves avaient une connaissance poussée de leur pouvoir, ça n’était pas son cas. Actuellement, il était plus vulnérable que jamais, en proie à ses désirs primaires, impulsifs, son tempérament aussi chaud que l’était celui d’un animal sauvage. Il ne profitait que de peu de temps avant que Shu ne dévoile son changement - il aurait pu poursuivre ses malfaisances avec les connaissances qu’il avait déjà, mais il n’en avait pas l’envie. L’énergie. Et il n’allait pas faire d’écarts simplement parce que l’animal en lui le demandait, poussé par l’alcool.
Sa main vient s’enfoncer dans sa poche intérieure, en extirpant son fameux carnet qu’il n’avait jamais prit la peine de dévoiler aux yeux du public - qu’il n’avait jamais eu la bêtise de montrer, plutôt, le contemplant d’un regard dénué d’intérêt. Toute sa vie tenait là-dedans, les investigations qu’il avait mené et les informations récoltées. Toute sa vie dans ce simple carnet. Au bout du compte, c’était plutôt pitoyable : il s’était toujours caché derrière ces informations, cette garantie qu’il s’était créée. Maintenant, ça ne signifiait plus rien. Il feuilleta brièvement, ouvrit à la page qui concernait Evangelyne, son visage se tordit en un rictus moqueur. Toute son identité rentrait dans une si petite page, dans un carnet si minuscule qu’il tenait d’une simple main. Vraiment, c’était ridicule.
Tony jeta le carnet sur le sol d’un geste dédaigneux, fouillant à nouveau dans sa veste pour en retirer, cette fois, son briquet. Il l’alluma rapidement et, après un court instant de questionnement, l’envoya rejoindre son carnet sur un sol terriblement alcoolisé. La réaction, on la connaît, les A mieux que personne : le feu s’éleva à quelques mètres d’eux, réduisant en cendres ce que le finnois avait construit durant des années. Réduisant à néant toute son identité, son image - qui n’avait que trop duré.
« Et c’est ainsi que Kyösti périt : dans la fête de Jim. Quand les gens comprendront que je n’ai plus rien, tout va me retomber dessus. Le juste retour des choses. Je ne suis pas si pressé que ça arrive, je vais donc tâcher de profiter de mes derniers instants de règne. »
Peut-être avait-elle vu juste ? Peut-être que toute cette domination s’arrêtait là ? Tony n’avait pas l’intention de laisser la couronne - il la défendrait autant qu’il pourrait, se battant avec le nouveau pouvoir qu’il avait obtenu. Il avait comprit une chose : la voie pour laquelle il avait opté ne le mènerait qu’à sa perte. Tony devait évoluer, il l’avait fait - et s’il fallait forcer le changement, il le ferait. Le finnois termina le verre d’une traite alors que déjà, un contrôleur de l’eau vint éteindre le feu qui commençait à devenir dangereux - mais n’inquiétait pas vraiment le géant.
Ce ne sont pas de simples flammes qui l’inquiéteraient, pas quand il risquait tout le pensionnat à dos. Qu’avait-il de plus à perdre ? Sa fierté peut-être, bien qu’aux yeux du monde, elle n’était plus qu’un souvenir depuis bien longtemps. À supposer qu’elle ait seulement existé pour eux. Avait-il seulement été autre chose qu’une ordure ? Pas vraiment. Il était maintenant un connard qui était véritablement libre, libre de faire ce qu’il voulait. De se laisser aller.
« En revanche, la sensation de n’avoir plus rien à perdre est… terriblement agréable. Il se pencha vers elle, suffisamment grand pour maintenir son visage à la hauteur du sien en s’avançant - dangereux, menaçant. Proche de la fin, on est libre de toute peur. Mais surtout… capable de tout. »
Ce soir, plus que jamais.
Beautiful & Bastard.
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Jeu 8 Mai 2014 - 2:04
__ Thermomètre ? N'exagère pas. Mais je peux refroidir tes ardeurs animales. Il suffit de demander. Elle hausse subtilement les épaules. Nicely.
A peine le temps de tremper ses lèvres dans le scotch pernicieux - deuxième bouteille qu'elle entame et dont les effets ne tarderont pas à sournoisement se faire sentir- que ses iris rougeoyantes glissent sur lui… que son sang détecte chacun de ses mouvements, rudes mais indubitablement dévorants. Il sort un petit carnet de la poche intérieure de sa veste. Un de ces carnets similaires à ceux qu’elle tient. Et pourtant, au dédain et au mépris lisible sur le visage de Kyösti, le contenu et la valeur de ces écrits semble toute autre. Précieux ? Peut-être pas tant que ça, puisqu’il décide de le réduire en cendres, comme déterminé pour mettre à feu et à sang bien plus que quelques pages de papier.
Quand un rien ébranle tout. Que celle dont la vie tient sur une simple page blanche dérisoire puisse être la gâchette de ce feu qui brûle sous leurs pieds semble bien improbable. Ou tout du moins ironique. Faire choir les grands hommes pourrait devenir un passe-temps appréciable… Qui sait ? 'cause I'm nothing, I can be anything and take it all.
Le feu de paille s'envenime sous leurs pieds. La jeune fille remonte machinalement le tissu de sa robe sur ses cuisses. Pour éviter l'embrasement ? Ou pour mieux sentir la chaleur gratuite danser sur sa peau nue ? Peu importe. D’autres s’affairent pour calmer le jeu.
__ Un si petit carnet t'enchaînait-il à ce point ? À quoi ? Elle marque un temps, détaille son visage avant de détourner le sien. C'est… surprenant. Puis elle lève les yeux au ciel. Mais, pitié… Comme si c'était la fin. Qui aurait cru que tu avais cette tendance au drame digne d'un personnage de roman...
Mais ses mots sont ridicules. Puisque lui est là. Immense. Il continue. S'impose, submerge, subjugue presque. Surtout prêt à bondir sur sa proie. Patient mais n'attendant qu'un signe pour planter ses canines dans sa jugulaire pour mieux aspirer et étouffer les dernières pulsations de l'afflux sanguin ordonné si naturellement par un organe cardiaque qui cogne dans sa poitrine. Parce que si son esprit n’a pas encore fait le lien, son corps lui a compris qu’il pourrait la réduire en pièces, la dépecer et se délecter de son cadavre en un seul mouvement.
Pourtant, Evangelyne reste immobile, étonnamment tenace dans cette prétentieuse intimité qu’il provoque. Et son regard trouve le sien. Son flegme habituel reste sans tâche malgré ce semblant de rapprochement et un sourire esquissé.
__ Envie de rassasier quelques caprices tant que cette sensation grisante roule dans tes veines ? Alors, avant que quelqu’un d’autre n’obtienne ce que tu as toujours voulu et que tu ne le récupères… Made the choice you have to, give your terms, form alliance or whatever. And continue to enjoy your kingdom.
Elle sait qu’il comprend. Et elle lève légèrement son verre vers lui comme si elle portait un toast à ce man’s world. __ Pour le meilleur du pire ou quelque chose comme ça.
To the end of an era and a new beginning for this king ? Et même si elle ne comprend pas ce besoin de domination, de possession ou de manipulation -boyish thing ?- elle ne peut nier qu’être le témoin direct de la création et la défaite d’empire devient intriguant. Surtout avec de tels acteurs.
Peut-être est-ce juste lié à l’alcool? Peut-être que demain, elle aura oublié cet échange autant que lui ? Celle qui ne prend position que si elle en a envie, selon ses humeurs, pourrait laisser sa neutralité au placard, juste par pure curiosité. Et parce qu’une fin spectaculaire attend ceux qui osent l’ignorer. Même elle le sent. Mais comme dans toutes guerres, des victimes auraient été épargnées si elles avaient juste fuies au bon moment.
Peut-il réellement diriger, sans gagner Prismver ? Veut-il être compris tout en redoutant de faire confiance ? Loyauté et respect obtiendra-t-il ? Ou dansera-t-il sur nos cadavres par pur plaisir ? Tant de questions anarchiques que ses yeux trahissent certainement alors qu'elle porte à nouveau le verre à ses lèvres.
#990000
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Jeu 8 Mai 2014 - 11:34
L’issue d’une aide extérieure lui semble tentante, l’espace d’un instant, mais il se calme l’instant d’après. Tony s’est toujours débrouillé seul tout au long de sa vie, et cette règle est sûrement celle qu’il refusera d’entâcher au nom de sa propre fierté. Parcec que le Roi ne voit ses sujets que comme des êtres inférieurs, lui reflétant l’image de sa propre puissance, de son pouvoir sans bornes. Parce que leur présence est nécessaire pour lui rappeler qui il est, mais qu’il n’effleurera jamais l’idée de sympathiser avec l’un d’eux. Lui au dessus de tout, décisif, qui s’est toujours senti capable de tourner le destin de chaque personne ici en une fraction de seconde. Avec ces informations, ce pouvoir - il pouvait changer la vie des gens en un instant. Les détruire.
Pour elle, l’aider ressembler à une formalité - une arrogance, une nonchalance qui ne le surprenait même plus. Elle avait du mental, et il comprit à cet instant qu’elle n’était pas quelu’un que son propre passé intimiderait - u’elle n’était pas quelqu’un que lui intimiderait. Nullement surpris par une telle découverture, un rictus amusé se dessina sur ses lèvres et il se détendit, appuyé davantage sur le comptoir. Elle était neutre. Totalement neutre. Soupir, et son regard se porta vers le ciel d’ébène qui semblait aussi vide que son interlocutrice. Complètement noir, ne masquant que trop bien les étoiles qui le recouvraient.
Elle ne pouvait pas être vide. Peut-être une menteuse de compétition, mais humaine, à son instar - et il trouverait son point faible. À cet instant, plus que son carnet, il regrettait d’avoir fait cette promesse de ne pas toucher Morgan - hésitant quant au fait de se débarrasser de cette fierte gênante. Mais il ne pouvait pas, car c’était tout ce qui lui restait de son humanité, car c’était bien la seule chose qui le séparait de cet animal qui s’agitait en lui. Ses yeux se posaient sur le jeune D, assis quelques mètres plus loin, semblant avoir quelques altercations virulentes avec son amie. Communication visuelle qu’il espérait bien voir parvenir à la princesse - mais celle-ci n’en était que trop intéressée par ce qu’il venait faire.
Son carnet. Il l’avait presque oublié.
Elle avait raison. Le carnet représentait tout, tout ce qu’il avait été, est et ce qu’il aurait pu devenir. Il était ce qu’il avait fait, ce qui lui garantissait son lendemain, ce qui maintenait cette peur continuelle des gens sur lui. Ce qui avait construit son image, son identité. Ce qu’il avait détruit en une soirée. Il se sentait étrange, étrangement libre - et cette sensation, si dangereuse soit-elle, le comblait de bonheur. Il avait cette agréable impression de se libérer de toute limite, de renaître en tant que personne - et la fin, ça l’était. C’était la fin de l’horrible connard qu’il avait bien pu être, la fin de ce personnage de marbre, arrogant et fier.
Oh que oui. C’était la fin de tout, la fin pour eux. Car Tony ne connait maintenant plus de restrictions. Il toise quelques instants son congénère, jugeant avec neutralité ce changement soudain. Elle a vu juste, il est sûrement bien trop extrême pour n’être autant qu’un personnage écrit - mais aujourd’hui, il s’extirpe de sa propre image pour s’en forger une nouvelle. Lui, immense statut de marbre, se transforme finalement, descend de son trône fissuré pour s’en construire un nouveau - plus grand, imposant, effrayant. Et elle n’a pas d’idée, pas idée de ce qu’il est capable de faire à présent. Car lui, il n’a rien et en définitive, il n’a jamais rien eu - alors cette peur de perdre quelque chose, il ne la connaît pas. La mort de son père a été un événement triste qu’il a surmonté, et il se moque pas mal de sa mère.
Qu’avait-il d’humain à présent ?
Il s’étire, démontrant un instant l’étendue de sa silhouette, rappelant involontairement à tous ces insectes autour qu’il était au dessus. Roi dominant, monarque impitoyable, bien heureux de voir le mal-être de ses sujets en face de lui. Pourtant, Evangelyne en était exempte - et il le sent bien. Indifférent à son comportement, ses mots lui font hausser un sourire et il retient un rire sarcastique - car désormais, se cacher n’a plus aucun intérêt pour lui. Et sa voix animale s’élève à nouveau, puissante, résonant sur les alentours - le silence marqué à nouveau, les personnes autour tombent, d’autres se reculent. Son visage s’est transformé, durant un instant, en celui d’un lion - clignotement qui laisse planer le doute pour qui le regardait. Une illusion, peut-être.
Le siège de la princesse tombe, la jetant à bas de son trône - mais Tony la retient, gentleman, la posant avec délicatesse sur le comptoir. Un geste purement provocateur et bien significatif : c’est lui qui domine l’entiereté de la situation. Il se penche, confiant, saisit la chaussure qu’il vient glisser à nouveau au pied de sa propriétaire, la gratifiant d’un regard amusé. Significatif. Il est prêt à massacrer, et le public alentour n’y fera rien. Même ce soir, il ne s’assoit pas sur sa fierté. L’animal en lui le refuse.
« Comprends bien ma chère, que ça n’a jamais été mon intention. Ta compagnie est forte agréable mais je crains que ça n’y change rien. »
Est-ce vraiment ce que tu penses ? Ce soir, elle a été témoin du pire, et rien ne l’empêche d’ôter son masque de neutralité pour la lumière comme elle était prête à le faire pour toi. Réfléchis, tu es un génie. Oublie ce côté animal - n’oublie pas en revanche, qui tu es réellement.
« Navré pour ce contre-temps, mon contrôle du pouvoir n’est pas à son paroxysme. dit-il d’une voix bien plus douce. d’autant qu’on ne m’a pas habitué à ce genre de discours. »
C’est la vérité. Mais Tony n’a jamais su comment y faire, car Tony n’a jamais ressenti. Il n’a jamais su comment se comporter. Maintenant que, à petits feux, il s’humanise, par la faute de la lumière qui brillait sur cette fête, il avait changé. En bien ou en mal ? Car cette absence de sentiments le rendait dangereux, car il se moquait des limites de ce qu’il faisait. Seulement, il voyait aujourd’hui le visage de la rancoeur et de la vengeance qui pourraient un jour, le rendre plus dangereux que quiconque. Et malgré lui, quelques ressentis positifs.
« Allie-toi donc à moi. Je suis prêt à t'accorder cet ultime privilège pour quelques pas de danse, dit-il en lui tendant sa main. Connard peut-être, mais connard bien éduqué. Et le monde du Mal s’offrira à toi, si tu es prête à l’accepter. »
Beautiful & Bastard.
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Jeu 8 Mai 2014 - 21:58
Ça a surgi. Brusque et étouffant. Puissant et accablant. Un frisson court sur la peau de la belle. Seule réponse que ses entrailles chahutées autorisent à rendre visible, puisque au même moment, ses iris sont occupés à apercevoir l’impossible sur son visage d’homme.
Et elle chute, il la rattrape in extremis, proie de son agilité. Le verre de whisky s’est brisé dans le même temps, prémisse d’un nouveau mouvement. Acte suivant. Elle n’est rien et il se plaît à le lui rappeler à chacun de ses mouvements, aussi provocateurs soient-ils. Les regards amusés se synchronisent avec ironie. Certains pourraient y voir un geste étonnamment chevaleresque, alors que eux deux -et rien qu’eux seuls- savent qu’il n’en est rien.
Encore une fois.
Elle ne tilte pas lorsqu’il affirme ses intentions et que sa présence ne change rien. Au contraire. Ça ne l’étonne même pas jusqu’à un certain moment : lorsque sa voix bourdonne soudainement doucereuse. Tout l’inverse de ce qui s’était produit il y a à peine quelques minutes.
__ Ce genre de discours ? Celui qui t’incite à poursuivre dans cette voie ou dans une autre ? Je ne fais que dire ce qu’une personne de ton envergure à besoin d’entendre et ce que certaines personnes souhaitent certainement sans avoir le courage de l’avouer. Nous sommes en majeure partie faits pour la discorde et les guerres. Se déchirer pour évoluer, c’est dans nos gênes. Enfin plus chez certains que d’autres. C’est mon opinion. Mais ne crois pas que je fais partie de ceux qui se délectent du spectacle. J’ai juste baigné dedans d’aussi longtemps que je m’en souvienne. Alors…
Mais elle se tait lorsqu’il lui tend une main et fait sa dangereuse proposition.
__ Nous sommes déjà dans un monde maléfique et cruel. Et puis nous n’avons pas les mêmes objectifs, donc aucun réel besoin de s’allier il me semble. Mais peut-être est-ce justement ce qu’il faut faire...
Son regard se baisse sur la main de Kyösti. Un pied-de-nez aux convenances, aux apparences et à ce que tout le monde attend ? Une main se lève et rencontre celle qu’il lui tend. L’étreinte est douce quelques instants, à l’image de sa peau, puis ils resserrent tous deux l’emprise jusqu’à ce qu’Evangelyne ne le tire brusquement à elle. Dirigeant leurs mains croisées dans son dos, recréant la promiscuité de leurs souffles qui s’entrelacent.
__ Tu as bien conscience que je peux t’accompagner autant que te laisser danser seul simplement en fonction de mon humeur ? Puisqu’il n’y a pour l’instant aucune attache. Et que la position de joker lui sied bien mieux. Imprévisible et pourtant cruellement honnête, car elle ne jouera jamais non plus. Mais je suppose que si ça ne te convient pas, tu m’attaqueras et je riposterai au risque de me faire égorger.
Sourire confiant alors que son autre main se dirige vers le visage du blond. Elle se stoppe à quelques millimètres comme pour déceler l’approbation dans son regard, puis ses doigts graciles atteignent leur cible, glissent sur le visage du A. Elle n’a pas peur. C’est un risque qu’elle prend volontiers. Ce double-tranchant qui fait prendre conscience de sa fragilité et qui pourtant, rend avide.
Elle a bien conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut faire. Comme toute le monde, voire plus. Les monstres sont laissés à la fiction. Car il est peut-être temps de revenir à la réalité. Elle plisse les yeux, tente de revoir ce qu’elle a entre-aperçu. Fascinée.
__ Un lion… Le mot est soufflé, presque inaudible pour ceux qui les entourent. Et elle fait le lien avec ces maigres changements qu’elle a perçu en lui depuis hier, depuis cette semaine. Son don a changé. Elle n’a rien ébranlé. La brèche était déjà là. Et à cet instant, il était beau et plus puissant que jamais. Et ça lui va mieux que son ancienne capacité si vulgaire, mais elle ne dit rien et retire sa main qui pourrait autant apaiser qu’envenimer l’animal. Car oui. Elle pourrait l’aider à gagner en contrôle ou en laisser-aller. Les deux peuvent aller de paire, surtout lorsqu’on en revient à des instincts si primaires. Pragmatisme.
Et puis elle ne cherchera pas à comprendre pourquoi il est tel qu’il est, ne cherchera pas à juger et encore moins à changer l’autre. Comme si elle avait la prétention de pouvoir le faire ? Après tout ça ne la regarde pas. Encore cette distance entre ce monde et elle qui ne l’a fait pourtant pas reculer pour autant… Même si à cette pensée, elle relâche la tension dans son bras pour qu’il puisse se redresser comme il se doit. Mais sa main reste dans la sienne.
Accepter totalement, tolérer pleinement voire même, d’une certaine façon, admirer. Ça, elle fait et sait faire. Justement pour ceux qui sont si différents d’elle. Un homme ne peut être défini par personne, sinon lui-même. L’influence des autres n’a d’importance que ce qu’on veut bien lui accorder. Et si l’on se considère en seul et unique architecte de ce que nous sommes et serons comme ils semblent tous deux le penser, alors ils peuvent certainement se rejoindre quelque part. Peut-être sur bien plus de choses qu’il ne faudrait.
__ Je crois que je devrais être reconnaissante de cette proposition. Elle laisse flotter sa phrase… Vraiment. … soutient son regard comme pour confirmer que c’est le cas, avant de reprendre alors qu’elle se laisse retomber sur le sol. À nouveau elle se rapproche -aimantent ses jambes aux siennes, s’obligeant presque à se casser le cou pour planter son regard sérieux dans le sien. Mais je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée de me laisser voir ce dont je suis capable ou ce que je peux encaisser… Pour toi comme pour moi. Es-tu sûr que c’est ce que tu veux ? La gamine de notre classe qui croit avoir un trône ne ferait-elle pas meilleure partenaire ?
Les mots et les gestes se contredisent. Elle a déjà donné sa réponse. Surtout qu’Evangelyne est assez coriace et tenace pour rester en vie à ses côtés. Est-ce qu’il attend plus de la vie que d’être craint ? Et est-il trop abîmé pour en être conscient ? Peu importe.
Elle sait bien qu’il ne s’agit pas d’elle de toute façon. Elle sent que des limites viennent d’être brisées. C’est instinctif. Viscéral. Mais qu’importe, encore une fois. Son rugissement a fait vibrer une parcelle de volonté en elle : en voir plus. L’intelligence de l’homme alliée à la force de la bête, c’est décidément un costume qui lui va bien. Reste à voir ce qu’il va en faire, puisque l’appel qu’il a lancé, elle l’entend encore et devra vivre avec. Tambour battant.
I used to think of no-one else. But if you could see what's real in me Then maybe beauty wouldn't be so cruel. And you. Show me. Show me something that i’ll never see elsewhere.
#990000
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Ven 9 Mai 2014 - 21:50
Nullement intimidée. Un comportement qui, a défaut de l’énerver, commence réellement à le surprendre. Même en frôlant l’animal, en faisant face à la menace et jetée à bas de son trône, elle ne perdait pas sa dignité. Cette éternelle expression indifférente, ces mêmes yeux indéchiffrables. Bien mystérieuse, Evangelyne, bien trop pour que le blond ne puisse arriver à la cerner complètement. D’ordinaire, son absence d’humanité lui rendait la tâche de compréhension des autres bien difficile, alors si en plus ils s’amusaient à devenir compliqués, ça n’était pas gagné. Et que détestait-il de plus que de ne pas comprendre ?
Alors elle prit la parole, son discours bien plus long qu’à l’accoutumée conforta le finnois dans l’idée qu’elle n’était pas si indifférente que ça à sa menace. Bien secouée en tout cas, puisqu’elle lui accordait bien plus d’attention qu’il n’en aurait espéré d’elle. Mais pour la première fois, il la voyait complètement à côté de la plaque, en rien d’accord avec ce qu’elle avait énoncé. Comme si ces discours, comme si les autres étaient ceux qui l’incitaient à agir - les réponses, les réactions d’autrui, ne le poussaient qu’à quelques petits écarts sur l’immense chemin de son objectif inchangé. Il était maître, lui-même, de son propre destin.
Lui seul - et aucun autre.
Et suite au silence, elle semble recouvrir son réalisme - comme si elle reprenait soudainement contenance, son esprit aiguisé par cette proposition soudaine. C’était vrai : le monde dans lequel ils vivaient était maléfique et cruel, toutefois, il fallait parfois pousser certaines personnes à le regarder pour ce qu’il était. Jeter toute l’humanité dans la réalité du Mal qu’était ce monde et en faire son royaume - voilà la mission qu’il se plaisait à effectuer chaque jour, voilà ce qu’il avait perdu de vue ce soir, voilà ce qu’il avait mis de côté. Peut-être pour un jour seulement, mais ça restait une première pour lui - et au fond, ce n’était pas si déplaisant.
Sentiment qui se confirma lorsqu’elle accepta sa proposition, saisissant sa main avec délicatesse - mais le tirant à elle d’un coup, geste surprenant venant d’elle, autant pour son tempérament calme que son physique frêle. Tony traduit sa surprise en un sourire narquois, trouvant bien téméraire cette petite demoiselle qui doutait de lui quelques instants plus tôt. Bien sûr qu’il avait conscience de ce qu’elle était, bien entendu qu’ils n’avaient pas les mêmes objectifs et qu’il n’aurait pas été étonnant de la voir se séparer de lui. Seulement, dès lors qu’elle avait accepté cette proposition, elle était celle qui devait s’inquiéter de sa propre trahison.
« Qui pourrait faire meilleure alliée que l’unique personne à ne pas me craindre ? »
Car oui, Tony avait apprit à mettre de son côté ceux qu’il n’était pas certain de pouvoir abattre. Malgré toute l’intelligence dont il disposait, il savait que certains personnes ne pouvaient pas être stoppées par la simple peur - et en semblait en faire parti. Neutre, il devait cependant faire face à l’éventualité d’une prise de parti de la demoiselle - et ses liens avec Morgan rendaient ce dernier bien trop évident. Bien sûr, il serait déjà étonnant de la voir l’aider à détruire Jim en tenant compte du fait que ceci détruirait également Morgan, mais c’était un risque à prendre. Il n’aurait qu’à suivre ses propres habitudes et suivre une logique sûre - l’exploiter autant que possible et la jeter dès lors qu’il ne verrait plus d’utilité dans leur alliance.
Sur le papier, ça semblait facile et rapide - mais il commençait à douter de pouvoir se défaire si facilement d’une entente qui partait sur de telles bases. Tout en se perdant dans ses réflexions, il entreprit de commencer quelques pas lorsque, dans un élan de folie, elle glissa ses doigts jusqu’à son visage. Jusqu’où sa témérité irait-elle ? Il commençait à se réjouir de sa propre décision, surpris par son propre instinct - il avait fait le bon choix, il en était persuadé. Lui qui disait ne s’alliait à personne acceptait de commettre un écart : mettre de côté sa fierté dans son propre intérêt. Accepter un allié qui n’était pas des moindres.
Un lion oui. Elle aussi, l’acceptait totalement, elle semblait même agréablement surprise de ce changement qui l’opérait. Tony était bien incapable de savoir comment réagir face à un comportement à l’encontre de ce qu’il attendit et soutint le contact visuel comme il le faisait à l’accoutumée. Avait-elle quelque chose qui la rendait différente ? Il avait son passé en tête mais il ne le voyait pas différement de celui d’un autre élève, ne comprenait pas ce qui avait pu forger un tel esprit chez un être si frêle. Ses mots parvenaient à son cerveau sans vraiment qu’il y prenne attention - car elle, elle seule, occupait ses pensées à présent. Il ne comprenait pas. Et ça, ça commençait sérieusement à l’énerver.
« Trop faible et émotive. Crois-en mon énorme cerveau, je fais le bon choix. Ce que je ne peux pas comprendre en revanche c’est… cette neutralité. Je sais tout de ta personne, mais je ne la comprends pas. »
Une lueur dangeuse d’intérêt, brillait dans les yeux du lion.
Beautiful & Bastard.
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Sam 10 Mai 2014 - 17:36
I kept myself in a cage called « Stark ». Un patriarche qui méprise et même jalouse les instruments -ses enfants- qui feront perdurer son empire. Il les réduirait à néant si seulement il pouvait accéder à l’immortalité. Homme cupide. Marasme de manipulations politiques et d’arrangements militaires résument l’étendue de l’influence de l’homme à la tête de la famille. Une constante quête de pouvoir. Si son argent et sa puissance ne légitimait pas ses actes impitoyables qui ont en fait tombé plus d’uns pour « préserver la couronne », il serait certainement ce qu’on appelle un despote psychopathe. Et puis il y a la génitrice. Une mère inutile qui sert de décor aux convenances d’une haute société britannique conservatrice. Une femme qui n’a jamais eu le choix de toute sa vie, qui a toujours courbé l’échine et pour laquelle on ne peut éprouver que de la pitié.
L’indifférence, la neutralité, l’objectivité ou encore la rationalisation : c’est simple, ça ne demande pas d’énergie superflue, ça correspond à sa paresse, à son manque cruel d’intérêt pour le monde qui brasse l’air autour d’elle. Cette réalité qui n’est pas la sienne. Parce qu’à sa sortie de Prismver, elle devra se fondre dans une autre. Celle qui dicte des règles dans l’ombre et fait que le reste de la planète tourne toujours. C’est un mécanisme tordu qui la fait tenir debout et qu’elle utilise depuis longtemps. Instinct de survie. Le seul qui perturbe un tant soit peu le père de l’année qui a réellement attenté à la vie de sa propre chair et de bien des façons. Prétextant que c’était pour leur propre bien, les préparer à l’avenir. Alors que son grand-frère se débat encore avec ses propres démons -fuir cette famille ou protéger sa sœur de cet univers- et manque indubitablement d’endurance, elle, elle rationalise, attend patiemment la dernière heure de ce père dominateur. Les efforts, les vrais actes de sa vie, la position qu’elle tient, ont été jusque-là tournés uniquement vers lui –sa prison. Celui à qui elle ressemble peut-être plus qu’elle ne le voudrait est aussi celui qui lui permet de briser ou construire tout ce qu’elle souhaite. Elle n’en a juste pas conscience, puisqu’elle est pour l’instant hors-jeu, ici sur cette île.
Brillante et éduquée dans cet environnement, Eva’ a toujours su voir les choses et les hommes tels qu’ils sont. Sans fard. Manipulée par d’autres bien avant Tony, elle connaît les rouages, a la force de les épouser pour survivre avec détermination. En revanche, le revers de ce fonctionnement implique qu’elle ne s’autorise pas à nourrir d’espoirs, bien consciente qu’on pourrait les lui déchirer. Paradoxale. Le pragmatisme se désagrège parfois en fatalisme. She is much more than everyone think, because she barely know herself either. And she kept herself in a cage called « Evangelyne ».
Mais les sentiments s’insinuent : affection pour Ashley et Morgan, mépris et rejet de Sarah, agacement et incompréhension pour Jim… Et pour Tony : qu’est-ce ? Soudaine fascination ? Attrait pour le danger, l’interdit ? The beauty of the dark ? Ces poisons se répandent lentement et il est bien trop tôt pour savoir lequel l’élèvera ou la mettra à terre. Et Kyösti vient de faire trembler sa cage.
__ Ne perds pas ton temps à vouloir me flatter et j’en ferais autant. Bien que je vois à quel point cela peut être rassurant de comprendre… Est-ce vraiment nécessaire ? Ses iris jusque-là rivés dans les siens s’échappent ailleurs, sur les autres… Je ne les comprends pas non plus. … Puis reviennent sur lui, détaille son visage. Toi aussi je ne te comprends pas. Mais ne peux-tu pas ignorer ou devrions-nous peut-être croire qu’on se comprendra plus tard ?
Elle hausse les sourcils attendant un instant sa réponse alors que ses mains glissent sur les bras masculins qui l’enserrent, la font danser en délicieuse marionnette. Elle n’avait pas besoin de contact pour ressentir les flux d’hémoglobines chez quelqu’un, mais là : mouvement brusque, choc des corps qui se rencontrent et ne se détachent pas ; elle est forcée de constater bien plus. Profonde intensité.
__ Tu as toujours été aussi… sanguin ? Ou est-ce juste ce nouveau lion qui agite ses griffes en toi ? … Attention, si tu ne relâches pas la pression, ça te tuera à petits feux.
Les faits sont soufflés sans détour, mais pointent l’ironie de la situation.
#990000 krrr
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Jeu 22 Mai 2014 - 19:22
Il aurait bien sacrifié ses propres secrets pour découvrir ceux d’Evangelyne tant sa curiosié était grande à son sujet, mais il ne se comprenait pas non plus. Bien qu’il ait su faire face à sa propre montée de sentiments il ne savait pas ce qu’il désirait. Il aurait été incapable d’expliquer son propre fonctionnement, lui qui pourtant, mémorisait les mécanismes en un éclair, comprenait les théories dès la première écoute. Aussi intelligent qu’il eut été, il n’aurait pas pu prédire ses propres agissements - bouleversé par la nouvelle nature qu’il habitait. Instinct animal qui avait finit par réveiller son humanité, il était effrayé par cette incompréhension. Pour lui qui comprenait tout, qui voyait tout, un sentiment nouveau le parcourait - la peur, celle de sa propre personne.
Et pourtant, elle voyait en lui - son pouvoir, aussi puissant qu’agaçant, elle lisait ses émotions comme il aurait lu celles d’une personne ordinaire. Seulement, il était aussi incapable de lire derrière son masque qu’elle derrière le sien - à la différence près qu’elle usait de son hémoglobine pour se donner une idée de son agissement. Il n’était plus si certain de lui-même, à présent qu’il était conscient de cette différence. Il n’était plus si certain d’être le Roi, à présent qu’elle voyait son mécanisme si clairement transmit dans ses vaisseaux sanguins. C’est son propre sang qui le trahirait - et finirait par couler à flots, s’il ne réglait pas le problème.
C’était inenvisageable. Il refusait de perdre - il n’avait jamais pu accepter de faire montre d’une quelconque infériorité envers autrui. Il voulait garder sa place, et son humanité n’y changerait rien : il se promit une chose, d’apprendre à écrabouiller ces sentiments dès lors qu’il en aurait l’occasion. Il resterait le même, si bien qu’elle ne verrait même plus les marques de sa respiration au travers de ses veines. Il la mettait de son côté pour l’instant - la princesse écarlate, bien trop dangereuse pour qu’il ne s’en fasse une ennemie. Un opposant de cette envergure, si proche de lui, ne serait pas de bon augure pour lui. Arrogant, mais pas au point d’en sous-estimer les autres génies.
« Ce n’est pas nécessaire. »
Parce que je mettrai ton masque en pièces. Parce qu’au-delà de cette expression impassible se cache bien une humaine, et sans avoir à lire dans son hémoglobine, Tony sait bien qu’elle ressent des choses. Il était un génie. Il n’avait peut-être pas une ouïe sur-développée pour entendre les battements du coeur des autres ou un don pour lire le sang, mais son cerveau et sa détection lui étaient amplement suffisant. En sa tolérance, il y lisait un certain respect pour lui-même dans les sentiments de la brune. En ses paroles, il voyait sa curiosité - et dans ses gestes, un intérêt particulier pour lui. C’était comme se regarder dans un miroir - mais il regarderait plus loin, bien au-delà de cette fausse apparence.
Il regarderait la véritable Evangelyne dans les yeux et l’écrabouillerait pour son insolence. Mais, pour l’heure, il devait apprendre à se contrôler lui-même.
« J’écrabouillerai l’animal avant qu’il n’ait amorcé un geste. Et par la même occasion, j’écraserai ceux qui ont voulu profiter de l’infime sommeil du Roi pour tenter de l’usurper. »
Lueur mauvaise dans le regard farouche d’un homme enragé - le lion ivre, sa fierté l’a poussé à reprendre le contrôle. De nouveau lui-même, délivré de ses chaînes et exempte de tout instinct. Il en était persuadé à présent : tout n’était pas perdu, et bien assez vite, il retrouverait son trône. Il cesserait de jouer dans cette cour ridicule, reprendrait la place qui est la sienne : au dessus de tous, au dessus du monde. Car nul ne méritait de le voir ainsi, le regarder dans les yeux - et il ferait oublier, de n’importe quelle façon, cette intimité à ceux qui en avaient eu la chance. Ou au contraire, la pire des malchances.
C’est ainsi qu’il rompit le contact - s’éloignant de sa partenaire et se fondit en un sourire amusé. Il avait apprécié cette humanité, et c’est ainsi qu’il s’en séparait. Il ne ferait pas tomber Jim ce soir, en revanche, il n’abandonnerait pas la partie. Il avait trouvé quelques réponses inattendues en compagnie d’Evangelyne, et à présent, il se fermait de nouveau au monde. Mais le Roi, non dénué de fierté, ne manquerait pas de faire montre de sa reconnaissance un jour.
« Cette soirée fut agréablement surprenante, mais elle s’achève ici. Tu veux que j’arrête les flatteries ? Sache que la défaite ne fait et ne fera jamais parti de mon vocabulaire - et je verrai ce que tu caches au-delà de ce masque. »
D’ici-là, il se retirerait dans l’ombre, comme il l’avait toujours fait - et comme il le faisait aujourd’hui.
Beautiful & Bastard.
InvitéInvité
Sujet: Re: Beautiful & Bastard Sam 21 Juin 2014 - 21:01
__ J’écrabouillerai l’animal avant qu’il n’ait amorcé un geste. Et par la même occasion, j’écraserai ceux qui ont voulu profiter de l’infime sommeil du Roi pour tenter de l’usurper.
Acquiescement infime, un sourire sombre pourfend le visage de porcelaine si neutre et noble : comment en attendre moins d’un lion ? Et elle le voit, le sent gonfler ses forces. Sa stature retrouvée. Sa férocité justifiée. Tony redéploie son aura et le charisme semble se déchaîner plus intensément qu’avant. Alors qu’elle n’y prêtait pas attention. Mais le frisson revient. Le même qui a surgit et galopé sur sa peau et dans son être lorsqu’il a rugit. Fascination qui trahit une tendance jusque-là inconsciente.
__ Cette soirée fut agréablement surprenante, mais elle s’achève ici. Tu veux que j’arrête les flatteries ? Sache que la défaite ne fait et ne fera jamais parti de mon vocabulaire - et je verrai ce que tu caches au-delà de ce masque.
And the shot goes through the head and back. A heart cracked, longing for a poison.
__ Encore heureux que ça n’en fasse pas partie. Sinon ça n’en vaudrait pas la peine. Et puis… Un pas en arrière –comme lui, les iris vermeil rivés dans ses jumelles. … Tant que tu partages tes trouvailles, je ne vois pas d’inconvénient à ce que tu cherches à voir au-delà du miroir.
Invitation voilée ou pas à poursuivre l’association, elle le laissera juge et décideur. La subtile impatience tire vers l’excitation face à la réelle nouveauté et au danger. Mais elle n’a pas peur. Même si elle est bien consciente qu’elle peut perdre après avoir tenu la distance sans trop de heurts. Et c‘est alors que les défis éveillent l’envie d’excellence qui sommeille.
__ Merci pour cette danse et pour…
Les lèvres pourpres se scellent, mutines. Le regard dérive -indifférent- sur l’imbécile qui trébuche derrière le A. …Pour la sensation, l’émotion que tu as créée et qui me réveille lentement de ma léthargie.
La jeune fille s’approche dans un souffle pour mieux murmurer sa toute nouvelle malice.
__ Si jamais la couronne a un problème… sanguinaire de quelques sortes, il se peut que je sois encline à aider. En remerciement gratuit pour cet échange intéressant. Elle mime une légère révérence avec une grâce sans faille malgré le décor débauchard. J’espère que le reste de votre nuit sera toutefois plus agréable cher colocataire.
À l’intérieure de la Londonienne de haute lignée, il y a l’affranchie. Celle qui sait dire non n’est jamais loin derrière l’ingénue. La brune de marbre mais de caractère est libre de prendre le contre-courant, frondeuse. Et elle le fera si on lui donne des cartes valables.
Et sans un mot ou un regard de plus, Evangelyne finit par s’écarter réellement, se détournant du Roi pour abandonner ses talons hauts et mieux plonger dans la masse ondulante qui tente de mener une danse sur ces trampolines.
Serait-ce la fin d’un chapitre ou juste un préambule ?
#990000 T'sais que j'avais même pas vu que tu avais rép depuis si longtemps. J'suis une ouiche, sorry ! D8 Bref. The end ? En tout cas, ce fut un plaisir Ô grand Roi de la jungle.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Beautiful & Bastard
Beautiful & Bastard
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum