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 The way we bleed.

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Anonymous
InvitéInvité
MessageSujet: The way we bleed.    The way we bleed.  1400359500-clockMar 17 Juin 2014 - 22:51


“    Saying goodbye   ”
 Jim T. Reed  



Dans l’ombre de la nuit, Selwyn écrivait. Elle mordait férocement sa lèvre inférieure tandis que sa plume s’appliquait à dessiner les lettres. Salam la regardait tristement, la tête posée sur ses pattes. Le lézard savait pertinemment qu’ils partaient pour un long voyage mais tant qu’ils étaient ensemble, ils seraient plus forts que tout. Oui, c’était certainement ce qu’il se disait alors qu’il regardait les larmes de Selwyn rouler sur ses joues et diluer l’encre lorsqu’elles finissaient par tomber sur le papier. Son sanglot déchira la tranquillité de cette nuit de printemps et le messager lui sauta dans les bras, entourant son cou de sa queue écailleuse pour calmer sa douleur.




«  Prend soin de lui. »

La brune tendit l’enveloppe à June, les yeux encore rougis d’avoir trop pleuré, ne révélant que davantage leur beauté. Mais June ne pouvait soutenir son regard, submergée par une émotion qui risquait de déborder à la moindre vague. Elles avaient finies par être amies à force de passer leur journée ensemble, l’une dessinant ce que l’autre produisait en s’exerçant à son pouvoir. Et sur le quai de cette gare, alors que l’aube perce à peine derrière les falaises, c’est la fin d’une histoire.

« Prend soin de lui, June. »

Sa voix se mit à trembler puis se brise, emportée par un flot de larmes. Et Selwyn, comme d’habitude, est magnifique dans sa douleur. Le corps pris de spasmes, elle ne baissa cependant pas le regard, fixant June qui se cachait derrière sa crinière de glace. Fuir plutôt que d’affronter cette triste vérité. Oui, elle retourne au Népal. Oui, elle quitte cet endroit. Elle quitte l’image de Drew, heureux et détruit. Elle quitte l’image de Jim, véritable soleil dont elle avait causé l’extinction. Elle ne veut plus. Elle ne peut plus. Ces souvenirs l’assassinent. C’est égoïste mais elle veut cesser de souffrir. Ne plus espérer ce bonheur qu’elle aurait pu éprouver à leurs côtés. Parce que les ténèbres l’ont rongés et elle n’a jamais su vivre autrement. Et si ce n’était pas son malheur qu’elle causait, c’était celui des autres. Comme une lépreuse. Une bombe à retardement. Une de ces magnifiques fleurs hautement toxique.

« June ! »

Son appel se transforma en cri de désespoir. La blonde la prit dans ses bras, incapable de supporter davantage cette peine exposée ainsi au grand jour comme une plaie sanguinolente. Et tout ce chagrin accumulé depuis des mois, entre le rejet de Jim et le départ définitif de Drew, explosa, provoquant une violente déflagration atour des deux jeunes filles. Car même si Selwyn était jeune, elle semblait avoir plus vécue que tous les membres du pensionnat réunis. Si jeune et qui pourtant, semblait avoir vécu mille ans.




Journée agréable. Chaleur rendue supportable par une légère brise. Le chant des oiseaux et la fragrance des fleurs justes écloses. Pourtant, June est sombre, soleil terni par les nuages. Un regard vers le ciel. Elle doit être déjà si loin. Sa main se crispe sur sa poitrine. Ce vide. Il sera un gouffre pour lui. Elle le sent, comme une évidence. Et ce le sera si jamais un jour il a tenu à cette fille. June accélère la cadence, traversant le jardin, la lettre tenue serrée dans sa main. Elle voudrait faire demi-tour. Elle voudrait ne pas être le vecteur d’une si triste nouvelle. Sa mâchoire se serre alors se pas l’amènent près du bungalow. Le stress commence à lui tordre l’estomac. Une main dans ses cheveux qu’elle rabat tous du même côté. Vieux réflexe. Une, deux, trois marches. La porte est entrouverte. Elle entraperçoit Jim. Un, deux, trois pas et ses yeux commencent à luire. Elle n’ose pas ouvrir la bouche, les doigts crispés sur l’enveloppe. Et ce regard dure alors qu’elle recroqueville ses orteils dans ses sandales. Son regard tombe, rejoignant ses deux mains fermées sur ce vulgaire morceau de papier. Elle se demande alors pourquoi la belle avait fait preuve d’autant de lâcheté. Elle qui avait toujours semblée si forte. Si sage. Pourquoi les abandonner ainsi ?

Ses yeux viennent capter les prunelles de Jim tandis qu’elle lui tend l’enveloppe qui lui était destinée. Malaise. Elle a livré son colis. Elle a rempli sa mission. Partiellement. Un soupir. Puis une inspiration, plus marquée, comme pour s’armer de courage. « Je… Je. Je serais dehors. Si jamais… Hum. » Maladresse. Une légère panique qui éclate dans ses yeux avant de disparaitre rapidement. Tournant les talons, elle dévale rapidement les quelques marches pour finalement se laisser tomber dans le carré d’herbe, juste à côté du bungalow. Parce qu’il a besoin d’être seul, c’est ce qu’elle se dit. Et si jamais il en avait besoin, elle serait juste à côté. Elle le restera, c’est ce que lui avait demandé Selwyn. Soupir. Et elle peste contre elle-même alors que les larmes recommencent à inonder ses yeux. T’es trop sensible June, tu t’attaches trop vite. Et inconsciemment, elle commence à arracher l’herbe tout autour d’elle, éteignant par la même occasion la couleur des fleurs aux alentours. Douce maitresse qui incline la nature à accompagner ses états d’âme.

Et à des milliers de kilomètres,  les larmes de Selwyn se sont taries. Elle se demande si Jim lui pardonnera. Elle se demande s’il conservera ce dessin comme elle l’avait fait, tout contre son cœur pendant encore des années. Et elle se demande, bien au-dessus des nuages, s’il lui pardonnera le fait de ne lui avoir laissé pour adieu qu’une misérable lettre. Cette pauvre lettre. Regarde le ciel mon beau Jim, et pense à moi ; nous verrons les mêmes constellations. Nous ne serons jamais bien loin, dans les étoiles.


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InvitéInvité
MessageSujet: Re: The way we bleed.    The way we bleed.  1400359500-clockMer 18 Juin 2014 - 1:31
SELWYN.


[J'y ai mis tout l'amour que j'ai pour ce personnage, j'espère vraiment qu'on en ressent la force. Je suis contente de pouvoir le faire, et, désolé que ce ne soit que Jim, et que Drew soit parti trop vite, trop mal.
A Selwyn, ce personnage qui avait une si belle âme, et à toi, que je remercie, pour  tout. ♥]



- Hey, entre !

Le sourire radieux. L’oeil pétillant. Il brillait. Il brillait, Jim. Aucune raison particulière à cela. C’était sa nature, c’était son être, c’était sa force. Une lumière intérieure aveuglante, une aura rassurante, une présence rassurante, un charisme entraînant. Il était là, seul, brillant. Heureux. Parce-que son coeur était lié à un autre coeur qui l’aimait tout autant en retour. Parce-que ses amis étaient là. Parce-que, le brouillard avait beau s’épaissir autour d’eux, lui était là. Il était là pour disperser les nuages. Toujours.

Ou presque.

June n’apportait pas avec elle l’été, comme elle avait l’habitude de le faire. Une jolie fleur, fraîche, douce, colorée, épanouie. Il ne la connaissait pas particulièrement, juste assez pour que, comme les autres, elle se rende à ses fêtes, qu’ils y échangent quelques mots, quelques sourires, quelques rires voir une danse; rien de plus. Presque rien. Il la savait proche de Selwyn, et ça ce n’était pas rien. Trop peu de personnes avaient réussi à se faire une petite place dans la sphère de cristal de la Reine Noire. Et June en faisait partie. Pour cela, elle avait l’amitié, le respect, et la protection de Jim, qu’importe qu’il la connaisse ou non. La jolie fleur d’été côtoyait la rose noire, et cela signifiait déja beaucoup pour Jim. Il comptait sur elle, à vrai dire. Il comptait sur elle depuis que lui ne brillait plus pour la Népalaise.

Il y avait eu cet ultimatum. Parce-qu’il n’avait pas pu supporter de la voir replonger à corps perdu dans cette océan de ténèbres qu’était Drew Bolton. Il avait ressuscité, et elle avait couru à lui. Elle s’y était jeté, tête la première. Et ça avait été trop pour Jim. Trop de voir qu’alors qu’elle avait une chance, elle l’avait piétiné.

Tu aurais pu m’avoir moi.

Il avait été prêt à l’aimer. Prêt à tomber amoureux. Il ne lui aurait probablement fallu qu’un baiser. Parce-que, bien avant Morgan, bien avant Ashley, Jim la désirait elle. Il la désirait entièrement, pleinement. Elle, son corps, ses lèvres sublimes mais plus que tout il avait désiré son coeur, ses yeux, ses larmes. Il était prêt à tout donner, pour  recueillir ses larmes.

Mais elle aimait Drew. Elle aimait Drew, et Morgan aimait Mike. Et Jim, lui, s’était perdu dans les bras de Cale, le temps d’une première fois. Puis de deux ou trois autres. Et jamais elle n’avait accepté qu’il cajole son coeur à elle, plus qu’en tant que simple ami.

Et, enfin, la libération. C’est Morgan qui avait donné à Jim la force de détacher son coeur de Selwyn. Il n’en était pas amoureux, mais il l’aurait été. Il n’attendait qu’un signe. Un signe qui n’était jamais venu. Et puis, Morgan. Morgan, et cette histoire qu’il chérissait plus que tout au monde. Morgan, celui avec qui il voulait passer le restant de sa vie.

Mais toujours ce regret. Ce regret de n’avoir pu l’illuminer elle. Un échec. Une déception. Une faille.

Une blessure.

Une simple enveloppe entre ses doigts, et l’été qui s’échappe; June fuyait dehors, laissant échapper de simples mots, confus, troublés. L’inquiétude naquît, mais plus grande encore, et naïve, la curiosité. Restant debout, sous estimant les mots brûlant le papier sous ses doigts, ses yeux se posèrent sur les trois lettres écrites sur l’enveloppe. « Jim ». De simples lettres, que n’importe qui aurait pu écrire.

Mais l’écriture était parfaite. Calligraphie superbe, courbes harmonieuses. Une écriture féminine, poétique; il y avait pourtant ces traits sauvages contrastant avec la douceur des rondeurs.

Une écriture parfaite appartenant à une fille parfaite. Il imaginait bien là l’auteure de la lettre, et lorsqu’il déplia celle-ci il en eu le coeur net. Il débuta la lecture, impassible; pourtant sa gaieté intérieure s’était envolée, soudainement. Pressentiment. Parce-qu’une lettre ce n’est pas un LMS, ce n’est pas un texto, un mail, tweet. Surtout pas sous la plume de Selwyn.

La première phrase fut trop vite lue, trop vite placée pour qu’il ne s’y arrête. Non, ses yeux sont désormais fixés sur la suivante. « Je rentre chez moi. » Une pause des yeux, une pause cérébrale; un instant se figeant dans le temps. Et après une seconde, un cillement, un frisson au niveau des avants bras. Il a l’impression de ne plus savoir lire pour affronter la suite. Comme si il n’osait pas. Comme si il refusait. Mais elle est là, désormais: l’inquiétude. Elle dévore déja son estomac, trou noir, semblant engloutir son être à toute vitesse, vertigineuse. Alors il se met à courir. Son regard court sur les mots, fuyant le vide qui s’empare de lui, cherchant à fuir la chute; son corps vient pourtant trouver appui sur le canapé pour ne pas s’écrouler.

« Adieux »
« Adieux »
« Adieux »


Un mot qu’il relit, comme espérant qu’à la seconde lecture il ait changé. Mais non, il est là, l’encre sur le papier comme une gravure sur la pierre tombale de leur amitié. Et cet « Adieux » tourbillonne en lui, le trou s’agrandit, tout s’y engouffre: le décors, les amis, les cours, les notes, la cuisine, la danse. Et il reprend sa course.

Fuit. Fuit.

« Tu vas me manquer » furent les mots déclenchant le processus inévitable. Un monde qui s’écroule, un nuage, et la pluie. Ses yeux pétillent de nouveau, non pas de joie; elles viennent du plus profond de lui, noient ses pupilles aimantes, malicieuses; floues. Menacent, mais s’accrochent encore; couler serait accepter, pleurer serait faire de ces mots une réalité.

Belle illusion que de croire qu’il pourrait les retenir. « Famille ». Le mot est là. Et elles s’échappent. Roulent, dévalent ses pommettes formées par les rires, noient ces lèvres trop habituées à être étirées en un sourire magique. Son visage s’écroule, trouve refuge dans ses mains tandis que le papier est abandonné au bout des doigts. Yeux clos, mains devant, le noir est fait. Effacer, tout effacer; mais son souffle, ses lourdes larmes, ses plaintes presque silencieuses la créent, la réalité: elle est partie. Et tout le reste avec elle. Rien, plus rien n’existe dans son esprit l’espace de ces quelques secondes.

Elle est partie.

Mais il y a encore des mots, et son coeur s’y jette, sur cette feuille; ces mains la repositionnent, tremblantes, et ses yeux violemment rougis et trempés s’y raccrochent. Ses mots, son écriture, son encre.

Elle, elle, elle. Que ses mots le tuent, qu’importent, ils sont les siens.

« Heureux, mon beau Jim. »

Et c’est comme assister impuissant à l’action d’un film, à un héro de papier à qui il arrive le pire; on veut changer la donne, on se crispe, on espère, on cherche, on s’indigne, on pleure; mais l’impuissance, l’impuissance est là. Et il court, court après ses mots, murmure; il refuse, lui demande, lui implore. A elle, à Dieu, qu’importe, qu’on l’entende, qu’on l’écoute; son coeur à mal et ses larmes ne cessent de couler, s’écrasent sur le papier.

« Tant que mon coeur battra, il le fera pour toi. »

Et le mien saigne. Pourquoi ? Pourquoi, Selwyn, pourquoi ?

Mais la réponse est là. « Ta Reine Noire. » Et il lâche la lettre, se recroqueville, empoigne ses cheveux, ferme les yeux et pleure.

Pleure, Roi Blanc. Pleure.

Tourbillon. Il n’y a plus que ses larmes brûlantes. Il n’y a plus que sa respiration incontrôlée.
Il n’y a plus que Morgan. Parce-que ses mains tremblent. Parce-qu’il a mal. Il le serre contre lui, ce coussin, le serre contre un coeur qui saigne comme jamais.

Et il est sa force, sa lumière. Et il a besoin de lui, maintenant, plus que jamais.

- Je t’aime...

A lui, à elle, à eux. Parce-que lui n’est qu’amour. il a ses travers, il a sa prétention, sa fierté, son égoïsme, son besoin d’être au centre de l’attention, d’être aimé.

Mais il aime. Il aime l’Autre de tout son coeur, de tout son être.

Et elle était une partie de lui, la Reine Noire. Elle était la splendeur des Ténèbres quand lui était la splendeur de la Lumière. Elle était la larme, lui le sourire. Elle était ce Merveilleux, ce Tout, cette Beauté, cet Éclat, ce Superbe, ce Magique.

Elle était différente.
Elle était celle qui ne voulait pas de lui.
Elle était celle qui dansait dans les ténèbres.
Celle qui les rendait plus lumineuses que jamais.


Un pas. Parce-qu’il faut avancer. Parce-qu’elle lui a demandé de ne pas être triste. Elle lui a demander de rester heureux. Et il s’est promis de sourire jusqu’à son dernier souffle. Et il est encore bien loin, son dernier souffle.

Il n’a pas le coeur à sourire, Jim Reed. Mais il est là, appuyé sur le pas de la porte, lettre et dessin sur la table basse du salon. Combien de temps passé sur le canapé, combien de temps passé à pelurer; il n’en sait rien. Ses yeux sont sur elle, ses yeux sont sur l’été. La lumière. L’herbe fraîche, le chant des oiseaux.

Le soleil.

Il pose son regard dans le sien, et, infime, ses lèvres se pincent, les commissures s’élève à peine, si faible, presque inexistante.

Et pourtant, elle existe.
Il existe.

Sourire Eternel.





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MessageSujet: Re: The way we bleed.    The way we bleed.  1400359500-clockMer 18 Juin 2014 - 23:35




Assise dans l’herbe, June attendait, bien que ses nerfs soient mis à rude épreuve. Elle ne cessait de penser à la relation qu’ils avaient pu entretenir. S’il y avait eu plus que de l’amitié. Leur histoire qui semblait si belle alors qu’ils paraissaient appartenir à des mondes opposés. Comment cette fille si solitaire avait réussi à s’attirer l’affection si désirée du Roi de la fête. Mais l’irlandaise possédait déjà la réponse. Selwyn avait ce quelque chose en elle. Elle s’exprimait en un langage inconnu des plus fines ouïes. Les yeux inattentifs ne pouvaient percevoir cet instant subtil où  elle laissait tomber son voile. Non, Selwyn progressait dans un monde où les sens étaient inhibés, où les sensations physiques représentaient un handicap ; un univers sombre et sans sons autres que son propre sang s’affolant dans ses veines. La plupart cèderait à la peur tandis qu’elle, ouvrait son cœur et illuminait les ténèbres, guide taciturne mais bienveillant. Ses dessins et son sourire discret, merveille difficile à capter, contenaient le monde entier, sa beauté comme sa cruauté. Selwyn était le monde, elle en faisait entièrement partie. Farouche et douce. Abritant une vie intense, brûlante et cependant corrompue par la mort. Une étoile dans le cosmos, perdue mais essentielle à la formation des plus lumineuses constellations. Et aujourd’hui, elle s’était transformée en comète, illuminant les cieux de sa trainée nébuleuse avant de disparaitre dans l’infini, inaccessible.

Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres entrouvertes. Elle a appris à son contact. À acquérir une maitrise encore meilleure de son pouvoir mais autre chose également. Humainement. Quelque chose qui l’a touché au cœur et qui y laisse désormais un vide, froid, comme si la neige s’y était déposée dessus, en fines particules. Elle lui avait appris à ne pas avoir peur des ombres. De ces souvenirs, violents, qui lancent l’assaut au crépuscule. Elle lui avait appris à donner son cœur sans craindre de le retrouver brisé. Le plus beau cadeau que l’on puisse offrir, selon elle. Mais pas à n’importe qui. Quelqu’un qui le mérite. Quelqu’un qui saura juger de sa fragilité mais également de sa préciosité. Quelqu'un, qu'on aime.

Et June se demanda qui quelqu’un l’avait un jour autant aimé que Selwyn avait aimé Jim, ou Drew. Inévitablement, ce fut l’image d’Ernest qui s’imposa à elle. Elle avait connu d'autres garçons auxquels elle s'était attachée, plus ou moins. D'autres amies, d'autres gens. Mais lui, elle ne parvenait pas à l'oublier. Sa popularité n'a peut-être pas arrangé les choses. Incapable de tourner la page.
Les ruptures sont généralement nettes, pratiquées avec la lame d’un scalpel, d’une précision clinique. Mais dans leur cas, les tissus se sont déchirés sauvagement. Séparés par deux mains crasseuses, avides de violence et enragées. Parfois, il lui semblait encore distinguer ces fibres de relation autour d’elle, flottant dans le vent comme des cordelettes brillantes aux bouts effilochés sans parvenir à en identifier clairement la fin. Elle se dit alors, allongée sur son lit, les bras croisés sous sa tête, que certains morceaux doivent  être accrochés à ce regard insolent et à ce sourire malsain. Une amitié brisée par un homme. Des sentiments avortés bien qu’ils soient bien misérables quand on a juste 13 ans. June se demande si cette super star pensait à elle, lorsqu’il se sentait seul. Si son absence lui pinçait, ne serait que légèrement, le cœur. Décharge électrique. Elle craignait une confrontation bien que celle-ci semble inévitable dans un si petit pensionnat. Ses dents saisirent sa lippe inférieure et la martyrisèrent. Elle ne voulait plus penser à lui.

Et justement, elle entendit les pas de Jim se rapprocher de la porte. Elle bondit sur ses jambes, essuyant ses joues humides du revers de sa main. Elle vit alors ses yeux rougis, brûlés par le sel. Elle vit la douleur qui transcendait la lumière de ses prunelles. Puis ce sourire, infime, tourbillonnant dans la tempête du chagrin. Symbole de tout l'amour qu'il avait pour elle. Réponse à sa demande. Magnifique pardon qu'il lui accorde. L'émotion recommence à submerger la blonde, telle une vague de l'horizon s'écrasant sur le récif en un fracas puissant.

« Je suis désolée, Jim. »

C’est la seule chose qu’elle peut dire. Désolée qu’elle soit partie. Désolée de ne pas avoir couru à ton cabanon pour te prévenir de son départ. Désolée de ne pas avoir fait davantage pour la retenir. Pour toi, pour elle. Désolée que votre relation se termine ainsi, sur des larmes que l’autre ne verra pas mais imaginera aisément. Désolée pour tout. June aurait aimé être une déesse. Une divinité qui ne séparerait jamais deux coeurs qui s'aiment. Qui les réuniraient lorsque ceux-ci commenceraient à suinter de l'acide. Mais non, vulgaire mortelle, dénuée de baguette magique ! June avait assisté aux deux facettes du spectacle et ça lui fendait le cœur. Elle est là, droite, au pied des marches, spectatrice impassible et impuissante. Et ça la rend malade.

Mais certains racontent que c’est ça aussi l’amour. Savoir laisser l’autre partir. Espérer qu’il trouvera son bonheur dans des sentiers différents des siens. Lâcher prise et lui faire confiance. Et l’accompagner dans son voyage en lui dédiant une partie de son cœur.

« Si jamais je peux faire quelque chose… »

Et son regard à nouveau gonflé de larmes s’enfonce dans le sien, exposant toute sa franchise, toute sa dévotion, tout son respect. Tu peux me dire de partir. Tu peux me dire de rester à tes côtés. Tu peux me demander de me jeter nue dans la fontaine si ça te chante. Je serais l’esclave de ton chagrin. J’honorerai le désir de Selwyn ; je ranimerai le sourire du Roi Blanc en un millier de feux d’artifices.

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