hellcome | andrüs

avrilandrüs

tu bug un peu sur le moment. tu regardes ces montaaaagnes de paperasse. tu veux mourir. c'est dur, d'être prof, en fait. tu pensais que ça allait être simple et tout... ouais, t'es devenue prof parce que t'es une flemmarde. t'as choisi la mauvaise carrière. tu ramasses les dossiers, sous l’œil sévère de la secrétaire en face de toi. elle doit se foutre de ta gueule en vrai. intérieurement. tu galères à tout prendre, regarde la secrétaire qui ne bouge pas le petit doigt. non mais. c'est un bizutage ou quoi ? sérieux autant de papiers... pauvres arbres... wait. c'est pas la question. tu souffles sur une mèche qui barre ta vue, te tourne. au moment de sortir, tu ne peux pas t'en empêcher : voilà que la gamine que tu es se réveille, tu te tournes, lui tire la langue, avant de débarrasser le plancher vitesse grand v. tu es ridicule.

tu venais juste d'arriver. et en arrivant, bien sûr, tu t'étais mangé le portail, ce qui t'avait fait dire que cette journée serait à chier. en même temps, c'était la fin des vacances, rimant avec la vue de chieurs non stop jusqu'aux prochaines vacances scolaires. tu étais fatiguée d'avance. non mais c'est vrai : ces ingrats ne pouvaient pas comprendre à quel point votre travail, à vous prof, était non seulement éprouvant, mais aussi soûlant par moment que ce qu'ils pensaient de vos cours. et dire que tu avais jadis fait parti de ceux là. non mais. la vie peut vraiment vous jouer des tours parfois. notez la pensée psychologique de bas étage.

pour en revenir au moment présent, tu sors tout juste du bureau de la secrétaire, une tour de pizz dans les bras, et tu te demandes ce que tu es sensée faire dans l'immédiat. rejoindre ton studio, surement -owii c'est vrai que les profs avaient un studio, le pied -mais toujours des colocs, pas le pied-, t'occupe de tout ce tas d'informations ensuite puis... puis quoi ? organiser tes plannings, préparer tes cours ? c'est un excellente idée que voilà, avril dubois, je vous félicite. tu ressouffle sur cette saloperie de mèche qui, décidément, a l'intention de s'installer devant ton œil gauche.

« pétasse. »

parce qu'avril, tu es le lyrisme incarné. tu ferais pleurer n'importe quelle lady, ou même personne ayant un minimum de manière. tant de féminité dans ces mots, tant de douceur, tant... ah merde, tu viens de faire tomber une feuille.

tu as fait tombé une feuille.

tu fronces les sourcils, regarde la feuille au sol, ta pile, la feuille, ta pile. tu lances rapidement un coup d’œil autour de toi. et bien sûr, il ne peut pas y avoir de table, ou n'importe quel support pour que tu puisses poser cette foutue pile le temps de ramasser ta feuille. pourquoi t'as l'impression d'être dans un mauvais film ? c'est tellement cliché... ça te donnerait presque envie de pleurer. presque. tu lèves les yeux, regarde le plafond, exaspérée un brin. le rebaisse, voit qu'y a un élève, le remon---y a un élève. un immense sourire vient parer tes lèvres.

« TOI. AIDE MOI. »

oui, tu réquisitionnes les élèves. oui, comme ça. oui tu inspires profondément le respect autant que tu ne l'es avec autrui. puis tu percutes que ta phrase n'a aucun sens. tu souffles, carrément exaspérée cette fois. tout va trop vite dans ta tête, tout est en bordel. tu penses bizarrement, en fait.

« 'scuse. tu peux me ramasser la feuille que je viens de faire tomber s'te plait ? je peux pas trop le faire moi-même... »

voià avril, c'est comme ça que font les gens civilisés. tu lui adresses même un semblant de sourire. mais c'est que tu deviendrais presque sympa. presque... et maintenant qu'il se dépêche ou il mange la pile. entière.