[FINI] Rumor hits it! ~ pv Pytha/Joach/Heath

Marasme. L’être brouillé de plomb. C’est encore le cas. Peu importe combien je me suis tenue occupée depuis le retour de la Nouvelle-Orléans.
Heath avait pris l’avion. J’avais suivi deux jours plus tard, avec dans mes bagages : des mots d’excuses, des inquiétudes à moitié apaisées, la fin d’une relation -et pas n’importe laquelle- ainsi que beaucoup d’épées encore plantées là, droit dans ce cœur rougeoyant et aussi palpitant que... RED. Un nouveau nom à ajouter sur ma longue liste d’angoisses quotidiennes (le psy c’est pour bientôt, promis !). Ah non. Remarque, ceux qui composent le mouvement y sont déjà. Damn it.

Puis, l’évitement de Pytha, le mien également –avec une meilleure excuse que lui. Really, Charlie ? La recherche d’un nouveau petit boulot pour pouvoir faire plus d’heures en semaine et week-end a porté ses fruits sur tous les plans. De l’argent en plus à envoyer là-bas, un esprit absorbé, de nouvelles rencontres comme la prof de musique qui monte de temps en temps sur la scène du café-culturel du coin et qui me compte -depuis aujourd’hui- dans ses effectifs de service. Bref.

Des fonctionnements tellement prévisibles que ça ne surprendra personne si je dis que j’ai pris ma décision, que je veux tenter quelque chose de sérieux avec lui, mais que je n’ai encore rien dit au principal concerné après… Comptage de jours en tête, je finis par m’ébouriffer les cheveux, agacée. Mon propre cerveau suffit à me foutre la honte. J’ai besoin de rien d’autres. So don’t worry. Ou si. Je peux bien entendu aussi compter sur l’humanité ambiante pour compléter le tableau. Une fête. La Jim’s. Un p’tit con : Ernest. Et voilà encore des larmes qui ont coulées. Je savais bien que si je lâchais prise, si j’ouvrais les vannes, ça serait l’engrenage après ça. Une sensibilité qui se tient bien trop près de ma carapace. La faute à Heath. Ses mots. Notre dispute. Notre fin.

À cette pensée, il y a ce vide qui enfle dans ma gorge et bien plus profondément encore. Je n’en ai parlé à personne. Ni de tout ce que ce voyage a remué. Mais auprès de qui le ferais-je de toute façon ? Ashley l’amie d’enfance de Heath ? Sarah sa demi-sœur ? Holly ? Oui, j’aurais pu. Toutes les trois auraient écouté, j’en suis certaine. Même Morgan ou Gautier auraient peut-être prêtés leurs oreilles si je le leur avais demandé. Mais comme d’habitude, quand ça compte, ça met du temps à faire son bonhomme de chemin… Des sentiments de l’esprit à la raison du coeur, en passant par la voix défaillante en quête des bons mots : c’est sûr que c’est long. Don’t rush me, otherwise I’ll run faster. Une preuve parmi d’autres : je viens de déposer ma demande pour changer de bungalow, ça devient trop lourd pour trop de monde. Autant limiter les dégâts et de polluer l’environnement d’Hannah et de la petite nouvelle en prenant l’initiative de quitter le navire. Et puis, ce n’est pas comme si quiconque pouvait séparer Heath et Joach. Ça ne pouvait donc venir que de moi. Je baisse les yeux quittant mon reflet dans la glace. Mais j’ai pris la décision ce matin vers 10h, déposé le formulaire entre midi et deux, juste avant de repasser au café qui voulait me revoir pour officialiser l’embauche et là, il est bientôt 16h. ‘Voyez qu’on peut vite s’occuper et en plus, si on va en cours et que, la veille, on reçoit un lms de son… euh… de Pytha… Le temps passe plus vite -étrangement obnubilé par des broutilles- et on affronte moins de choses. (un jour j'écrirai un best-seller sur cette théorie)

Enfin là maintenant c’est moins certain. En quelques mots il avait demandé à ce qu’on se voit. Plus surprise qu’autre chose, j’ai accepté précipitamment. Il me donne une chance ? Cette fois, j’y vais. Je reporte (volontiers) mes autres tourments à plus tard -a.k.a l’art de procrastiner comme une autruche. Dans le miroir des toilettes du bâtiment principal, je ne suis tout de même pas convaincue par mon semblant d’assurance, et la nervosité qui tord mes entrailles n’aide pas. Soupire. Je me recoiffe, vraiment. Ouvre puis ferme mon sac à trois reprises, hésitant à pratiquer un ou deux rituels pour me rendre présentable. Puis je quitte les lieux dans un claquement de porte. Direction le gymnase.

Ma bouche s’assèche à mesure que je m’en approche. Je ralentis même le pas alors que le rythme cardiaque, lui, s’affole un peu plus. Aucune phrase ne remporte l’adhésion de mes neurones. Et quand le cœur s’en mêle, ça frissonne dans les brancards. Je me raccroche à mon sac à l’épaule, mais j’avance quand même droit vers lui. Remarquant à peine que certains élèves me dévisagent à nouveau et murmurent à mon passage. Quoi ? J’ai encore une mèche de travers ? C'est bizarre, c'était pareil hier. Vite perdue dans ma bulle, je me dis bêtement qu'il faut peut-être que j'aille chez le coiffeur.

La porte métallique grince lourdement après que j’ai actionné la barre transversale. J’entre sans me douter que l’orage s’annonce, quelques enfers plus loin, au creux de la main d’un chasseur de renards féroce. Non. Je me contente de chercher le basketteur des yeux et de l’appeler.

__ Matt … ?

#ff6633 popopo... on va s'amuser. merci dramalix (;

- ... T’es chérieux la ? ...Juchque dans la challe d’eau ?
- Ouaip ! J’veux des détails.
- Détchails de quoi ?
- A ton avis ! D’la taille de ta -

Giclée de dentifrice; Heath qui tient sa brosse à dents d’une main, cache son entre-jambes de l’autre, se dandinant nu comme un vers en rougissant violemment.

- T’es con putain !
- Charliiiiie youhouuuuu...

Et Heath fusille Joach du regard, ce dernier dansant en remuant son cul contre la serviette piquée à Heath qu’il tient tendue entre ses deux mains et non Joach n’est pas en caleçon, il est bien habillé, ils ne se sont pas douché ensemble malheureusement

Heath s’empare de la première serviette à portée de main et la noue autour de sa taille, comme l’était la précédente. Cheveux encore mouillés, il assassine de nouveau Joach du regard avant de se rincer la bouche et la brosse à dent.

- Alleeeeez !
- Maiiiiis tu m’emmerde !
- Ok j’taime plus.

Le suédois aux airs de mexicano sort de la salle de bain, en mode starlette vexée, et son ombre le suit inévitablement en abandonnant tout salement sa brosse à dent sur le bord de l’évier - suppliant son amour de ne pas bouder.

« ... T’veux savoir quoi ? » capitule t-il en s’appuyant sur le rebord de la fenêtre du salon, toujours en serviette. « La suite. Elle t’a embrassé la joue et après ? T’avais dis que tu continuerai quand on serait que tout les deux, allez ! » Heath pousse un profond soupir, s’humecte les lèvres et jette son regard dehors. Personne. Quelques secondes ou il perd son regard sur le bord de la fenêtre, et soupire de nouveau. Il cille, gêné de devoir reparlé de ce moment; mais il s’agit de Joach, ils se racontent toujours tout dans les moindres détails. Et puis, ça fait un moment maintenant, c’était il y a quoi... quinze jours ? Tellement de choses s’étaient passées depuis.

- J’ai pris son poignet... J’lui ai caressé le bras... J’étais mal, vraiment mal...
- Normal j’étais pas là.
- Bon tu veux que je raconte ou pas ?
- Ok.
- ... Bref, on l’a fait.
- J’veux des fuckin détails ! M’arnaque pas !
- ............... J’ai caressé son bras, j’suis venu lui embrasser le cou... On s’est fait que des caresses et des baisers su la peau pendant quelques minutes... Puis on a enlevé le haut et on a recommencé... fin on a mis vachement longtemps à s’embrasser vraiment...
- Rrrrrrr sensual !
- Ouais...
- Et ?
- Bah voila... mec sérieux c’est gênant là !
- Faux frère
- Fuck you. C’était tendre, doux, plein d’émotions. Voila. La première fois en tout cas.
- ......... Ah parce-qu’il y a eu plusieurs fois ?

Heath se mord la lèvre, levant sur Joach un regard à la fois coupable et diablement taquin.

- ...Combien ?
- ...J’te jure mec j’avais pas prévu que ça arrive... J’allais repartir le lendemain... et finalement, dernière nuit et dernier jour, on l'a fait... j'sais pas combien de fois, c'était un peu dément...
- ... Si Pytha l’apprend...
- J’ai l’intention d’lui dire.
- ...
- Sérieux, on passe des heures avec lui, l’autre soir on a fais du basket rien que tout les deux pendant une heure... J’me sens trop mal...
- Tu vas te faire taper. Du coup j’vais l’taper. Résultat on va avoir mal tout les deux. Et lui il va rien sentir.
- T’en mêle pas.
- La blague.

Heath inspire avec force, jetant de nouveau son regard dehors, pianotant nerveusement des doigts sur le rebord de la fenêtre. « Limite c’pas Pytha qui m’inquiète le plus... » Regard interrogateur d’un Joach qui se demande qu’est-ce qui peut-être pire qu’un Pytha en colère.

- ... J’ai dis à Hannah qu’elle me faisait de l’effet. Devant plein de gens.
- ok u mad.


Trois heures plus tard, en milieu d’après-midi, le duo revient au bungalow, s’écroulant sur le canapé comme deux loques après avoir mangé avec Gautier et Pytha. Le gif au dessus c'est leur gueule quand Pytha leur dit qu'il a toujours pas vu Charlie /PAN

- J’aurai dû lui dire.
- Tu lui dira, t’inquiète. Ca fait plus de quinze jours que t’a couché avec sa future et que tu continue de le voir lui tout les jours sans lui dire, t’es pas à deux jours près.
- ......... ty bro.
- np.

Télé allumée, les minutes passent, deux bières sont ouvertes et tandis qu’un clip de rap défile sous leurs yeux avec en guests une équipe de pompom girls sexy, un débat est lancé : quelle est la plus jolie des cheerleaders de Prismver. « Holly mec. C’te fille c’est... » et interruption de leurs deux téléphones bippant à l’unisson (truelove). Regards. Soit c’est un pote qui fait un message groupé, soit c’est encore Shu. C’est finalement Heath qui check les news, son bro se vautrant à moitié sur lui pour regarder l’écran.

... Et Heath blêmit tandis que Joach lui crache sa bière dessus sous la surprise. La rumeurde Shu. Téléphone et jambes  trempées par le liquide, il ne réagit même pas; les yeux fixés sur l’écran; son coeur s’est arrêté de battre. S’ensuit alors un quart d’heure de panique pendant lequel le duo erre entre le salon, la salle de bain et les chambres, Heath s’arrachant à peu près 485214565241 mèches de cheveux et Joach atteignant le reccord mondial des façons de rassurer les plus improbables et wtf. Et vient alors la bombe.

P. Matthijs Hemelrijk a écrit:

to heath

Hey.
J'aurais besoin de te voir. Histoire de discuter un peu. Demain au complexe sportif vers 16H. T'es dispo?

❤

« Ok. » C’est tout ce qu’il avait trouvé à répondre à Pytha. Pitoyable. Et pourtant il est là, à marcher courageusement vers le gymnase - vers sa mort. Il a la tête haute, il souffle, se fait une préparation mentale digne des plus grands leaders. Courageux. Fort.

... Et surtout accompagné.

Il est là le Jojo, il est toujours là, et il marche aux côtés de son dude, se demandant probablement comment il devra faire pour calmer le gorille enragé que sera Pytha. Regards, et ça sent la merde à plein nez quand Heath pousse la porte du gymnase en déglutissant. Be strong. Be strong. Mon cul, cette confrontation c’est King Kong contre Rox. Et Rouky a beau accompagner - parce-que la question de l’accompagner ou non ne se posait même pas - il risque de faire lui aussi pâle figure we need a true alpha lol jk c’est toi jtm

Et arrivé dans la salle de sport, le palpitant cognant assez fort, Heath cherche des yeux son bourreau, prêt à tout expliquer - prêt à embrouiller les esprits et mener les troupes comme il sait si bien le faire. Mais la personne que voit le renard n’est pas celle attendue.

Charlie est là, plantée au milieu de la salle, et semble troublée de le voir là. Troublée ? Pour Heath c’est pire. Il s’est stoppé net en la voyant, bouche grande ouverte et regard déja paumé à des années lumières d’ici. Il fait alors demi-tour, s’apprête à se tirer, mais il est là, refermant la porte donnant accès aux vestiaires avec force.

Pytha.

• #d03d29 ✖ Début août •

Honnêtement, lorsque Heath lui avait appris ce qu’il s’était passé durant son séjour, Joach avait su qu’il était tout simplement foutu. Déjà, rien que le fait d’être partie avec elle avait foutu Pytha suffisamment en rogne alors imaginez un peu s’il connaissait la suite... Non sérieusement, Joach ne tenait pas à ramener le corps sans vie de son bro’. Ce suicidaire qui voulait tout révéler au roux. Bon ok, c’est sans doute la meilleure chose à faire, Pytha est un pote mais faut dire que c’est assez flippant de lui faire face quand il en colère. Facile de le faire sortir de ses gonds avec Charlie, il y a cas voir dans quel état il a foutu Nathan… Mais bon voilà, le pire c’est qu’il y a pas que le colosse des E, mais aussi Hannah qui va pas apprécier. Putain, Heath avait vraiment le chic de se foutre dans des situations pas possible et c’est toujours le suédois qui doit venir le sortir de la merde. Enfin, essayer. Mais bon, que voulez-vous? C’est l’amour. Enfin, Bromance.

Joach trouvait que c’était noble de la part d’Heath de tout révéler au basketteur. Et il n’a jamais autant détesté Shu de sa vie. Cette connasse -oui il lui en voulait vraiment- avait tout gâché, maintenant son bro’ n’avait plus qu’à signer son arrêt de mort. Le latino tentait de rassurer Heath, mais au fond, il flippait vraiment à l’idée de perdre sa moité. True love. Alors finalement, il avait décidé de l’accompagner. C’était obligé. Comme ça, s’il s’interposait, Heath prendra moins de coups et aura moins de chance de crever, battu à mort par un basketteur de presque deux mètres.

Et de l’autre côté, il y avait Pytha. La victime. C’est ainsi qu’on devait le voir maintenant, hein? À cause de cette foutue rumeur. À cause de Heath et Charlie. Oui, il leur en veut. Il est déçu de leur attitude alors qu’il avait décidé de leur faire confiance. Et qu’est-ce qu’on lui dit? Heath et Charlie ont couché ensemble pendant que lui attendait la jeune fille comme un con à Prismver. C’est drôle, hein? Ça a dû en faire rire plus d’un. Bande d’enculés. Le pire, c’est qu’il ne s’était confié à personne. Il était en froid avec Alessandra et ne se voyait pas vraiment parler de ça à Gautier ou Skygge. Encore moins Joach, lui doit être aux côtés de Heath en ce moment. Comme d’habitude. Pytha n’aura pas la patience pour attendre qu’ils viennent le lui dire eux-même. Qu’ils s’expliquent peut-être. Non, c’était trop tard. Ils avaient eu plus de quinze jours pour le faire. Bande de traîtres. Alors ils leur avaient donné rendez-vous à tous les deux, en même temps via LMS. Plutôt froids comme messages. De toute manière, il n’était clairement pas d’humeur à se montrer chaleureux. Sûrement pas avec eux.

Aux alentours de seize heures, au complexe sportif. Apparemment, ils seront là tous les deux sans faute. Enfin, tous les trois sans doute. Pytha y avait pensé toute la sainte journée. Impossible de sortir cette histoire de merde de sa tête. Pressé que l’heure fatidique arrive, pressé de mettre tout ça au clair. Hâte de faire face à ces deux-là, de les regarder droit dans les yeux en espérant tout de même y voir une once de regret. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il allait leur pardonner en un claquement de doigt. Non, ce serait bien trop facile. Ils ont quand même craché, piétiné sur la confiance qu’il leur avait accordé. Et il était sensé oublier, faire ami-ami avec eux comme si rien ne s’était passé? La blague.

Ils étaient là. Ils se sont vus. Peut-être ont-ils eu le temps d’analyser la situation et flipper un peu. Non, sans doute. C’était parfait comme ça. C’était le but. Il voit Heath qui tente de fuir. Non mon gars, t’iras nulle part. Tu vas assumer, c’est tout. Le E fronce les sourcils, lui barre le passage en fermant violemment la porte derrière lui. Elle claque. Pytha pose son regard sur Heath, Charlie, puis à nouveau Heath. De toute manière, à ses yeux, Heath et Joach, c’était comme s’il n’y avait qu’un seul personne. D’ailleurs le latino déglutit et se tourne vers son bro’. « Oh mec putain… Dans quelle merde tu t’es fourré... » Tout ça dans un murmure. Mais le ton de sa voix trahissait son inquiétude. Mais pas de panique. Joach était là pour s’en prendre quelques uns si les coups finissaient pas partir. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour Heath, franchement.

« Au cas où vous penseriez que c’est une erreur, non ça ne l’est pas. J’avais besoin de vous voir. Tous les deux. Ensemble. » Histoire de rendre les choses plus difficiles pour vous deux. Non, il n’allait pas être tendre avec eux. Après ce qu’ils ont fait, il ne faut pas trop rêver non plus. « Alors, ce voyage? Paraît que vous l’avez terminé en beauté. » Oh oui, vous en avez bien profité. Vous étiez seuls tous les deux, ça aurait très bien pu rester votre petit secret non? Pytha n’a jamais autant apprécié Shu de toute sa vie. « C’était comment, dites-moi? »

Pourrait-on revenir à l’épisode précédent ? Au moment où je parlais de coiffure et d’esthétisme de vie ? Se lever tôt, travailler, tout ça, tout ça. Non ? Personne. Silence de mort. Tu m’étonnes. J’en ai même perdu mon américain.

D’abord Heath. Rien que ça. Parce qu’indubitablement, son physique impose encore quelques souvenirs d’un happy end qui n’a pas eu lieu, mais qui -somme toute- ne fut pas si totalement déplaisante. Taggle émotions fortes. C’est plus le moment. C’est fini.

Heureusement, son éternel accolyte, sa moitié est là. Et moi aussi ça me rassurerait si ils n’avaient pas l’air tous les deux l’air aussi surpris -voire pire ?- de me trouver ici. Mais franchement : qu’est-ce qu’ils font là ? Qu’est-ce qui se passe ? Tonnerre de questions en un millième de secondes et Heath décampe. Et pour une fois que je réussis un truc avec succès, ça me surprend. On s’est tellement bien évités pendant ces deux semaines que ça pince encore un peu les tripes de le voir se détourner. Mais je fais de même, dans la direction opposée. C’est que ça va devenir vraiment naturel. Faut qu’on bosse sur les timings, mais ça va le faire. Et puis bientôt, je ne serai plus dans le bungalow. On va tous retrouver calme et sérénité. Oui.

Dans mon dos, la porte claque fort. L’acteur principal apparaît derrière nous : Pytha. Et j’étais censée sourire -gênée, minauder un peu, lui raconter vraiment ce qui s’était passé durant la voyage et avec mes mots, j’aurais certainement parlé maladroitement de ça, mais ça serait venu de moi, donc comme on dit « faute avouée, faute pardonnée », non ? Mais là, rien. La présence des frères de cœur chamboule tout. Et le visage du basketteur, son visage… Frisson. Je déglutis.

__ Au cas où vous penseriez que c’est une erreur, non ça ne l’est pas. J’avais besoin de vous voir. Tous les deux. Ensemble.

L’esprit déjà embrouillé, mon corps parle pour moi, je fronce les sourcils un instant, quelques pas en avant, vers lui. Le ton, l’insistance sur le mot « ensemble » : mais c’est quoi ce délire ?

__ Alors, ce voyage? Paraît que vous l’avez terminé en beauté.
Respiration interrompue. De quoi ?
__ C’était comment, dites-moi?
Le frisson se transforme en froid et en tremblements que je contiens en me cramponnant un peu plus forts à mon sac. Aucun mot, aucune réponse ne semble vouloir franchir mes lèvres. Dépossédée de ma voix, mes neurones arrivent quant à eux à se dire que quelque chose s’est passée… Publiquement > Shu.
Fébrile, je me mets à farfouiller dans mon sac à la recherche de mon portable. On n’a pas de réseau, alors pourquoi j’y serai accrochée, hein ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Je ne le trouve pas. La main de Joach me tend le sien, l’écran allumé sur la page concernée de notre bassesse. Je m’en empare du bout des doigts.

Je cille au titre, hausse un sourcil à la première phrase (prévisible), tique à la deuxième (Ulysse…), déchirement interne lorsque ça parle de moi, Pytha et Seth (WTF ?!) et je me liquéfie sur la dernière phrase. Bouffée de chaleur associée à une brutale sueur froide : comment ça s’appelle ? Une Charlie sonnée. Et oui, c’est dément. Cette situation est démente. Bien trouvé comme mot. Ça ne me surprend qu’à moitié qu’il en ait parlé à son pote. C’est vrai que c’était ce qu’il y avait de plus important à raconter : l’histoire de fesses. Mais la rancune s'estompe vite. Ça ne sert à rien de lui en vouloir, même un peu. Parce que d'une façon ou d'une autre, tout se sait. La preuve.

L’objet est rendu maladroitement à son propriétaire, ou du moins il y a une tentative. Il m’échappe. Tombe au sol dans un nouveau fracas. Je m’accroupis lentement pour le récupérer, totalement déphasée, paumée.

__ Pardon…

Joach le récupère de lui-même. Je reste à terre. Une main sur les yeux. Retiens. Ravale.
Ce voyage n’aura servi à rien. Je n’ai rien appris. Dès que j’ai remis un pied sur l’île, j’ai repris ma mauvaise et vieille mécanique. J’ai rien dit, j’ai fui, j’ai fait traîné, repoussé le moment. Et maintenant, on en est là. Mais Pytha est trop honnête, instinctif pour refouler quoique ce soit. Il y fait face tout de suite. Peu importe que ce soit de la bonne ou de la mauvaise façon, il a au moins cette force de caractère.
Mais c’est fini, hein ? Avant même que ça n’est commencé. La liste d’angoisses augmente, mais la liste des proches se réduit à vue d’œil. Haut-le-cœur. Dégoût. C’est tout mérité Charlie. Tu le cherches bien. Viens pas pleurer, te plains pas. Accepte. T’as encore joliment merdé, c’est trop tard, alors casses-toi.

Je me redresse. Un pas.
Oui, c’est ce que j’aurais aimé faire. Partir. Là tout de suite. À quoi bon nous voir nous déchirer. Encore ce même spectacle. La respiration est difficile. Le sac de nœuds dans ma tête pollue ma gorge encore muette. Les boulets de plomb accrochés à mon cœur dévalent la pente. Glissade. Mais cette fois, je les retiens tous. Stoïque, je m’immobilise.

La volonté de changer était là pour Pytha après tout, dès qu’il m’a dit ce qu’il voulait de moi, dès qu’il m’a fait ressentir ce qu’il désirait, ce qu’il m’a permis d’entrevoir : du sérieux, de l’honnêteté. Et ça va faire mal, ça ne va pas être facile. Si je ne brise pas mon habitude maintenant, jamais plus je ne pourrais le faire. Et ça sera vraiment fini. Pour tout.

Je me retourne vers lui, tente une approche en me glissant légèrement entre le trio, alors que j’essaye de plus en plus de retenir mon corps de céder d’une quelconque façon. Combat intérieur. Mes yeux dans les siens, l’émotion ne peut pas ne pas remonter. Peine, culpabilité, désarroi, regret. Tout se mélange. Ma bouche s’entrouvre, cherche force, voix, mot et souffle.

__ C’… C’était pas du tout prévu, Matt. Il n’y avait au-aucune raison pour que ça arrive. La situation dans ma famille ne s’y prêtait. Mais c’est arrivé. Et c’est fini maintenant.

La voix hésitante a pris un peu d’aplomb à la fin. Parce qu’avec Heath, on s’est déjà fait bien assez de mal pendant le voyage. La dureté de nos mots n’est plus censée nous atteindre maintenant qu’il n’y a plus rien.

__ Je suis désolée. J’ai jamais voulu te blesser…

Responsables, on l’est tous les deux. Ça c’est sûr. On était mal et on a fait la seule chose qu’on savait faire pour définitivement faire comprendre l’un à l’autre que ça n’arriverait plus jamais. C’est fini. Ces deux mots sont répétés plus doucement à voix haute. Me font trembler un peu plus, parce que ça va s’appliquer à bien plus…

Boomerang.

#ff6633 même pas peur

Ok, il a un peu fait le mariole avec Joach. C’était sa façon de se détendre, de prendre du bon temps entre les bordels étiquetés ‘Hannah’ ‘Charlie’ et ‘RED’. Joach a cet effet sur lui, cet effet de le rendre un peu gamin, insouciant, drôle... heureux. Mais il est difficile de l’être, là, heureux, alors qu’il a d’un côté une Charlie paumée et de l’autre un Pythagore blessé. Trap. Il n’a pas besoin de lire dans les pensées ni d’attendre que Pytha le confirme pour comprendre que ce rendez-vous était un piège. Heath est vif d’esprit, mais il ne l’a pas assez été: il aurait dû se douter que le basketteur ferait ça. Les voir, tout les deux, ensemble. Trop honnête, Pytha, trop fort, trop simple, et visiblement sadique aussi. Mais le roux reproche trop souvent au truand de tromper, de manipuler; pour Pytha rien n’a d’égal que la vérité. Cause, conséquence, point barre. Le roux a une simplicité d’esprit qu’Heath lui envie parfois - et attention, ça ne veut pas dire qu’il est idiot. Ca veut dire qu’il a la capacité d’aller au plus simple là ou Heath se complique l’existence. Et il admire ça, chez Pytha. Entre nombreuses autres choses.

« Alors, ce voyage? Paraît que vous l’avez terminé en beauté. » Heath lève son regard dans le sien, et le fixe. Il est fier, Heath. Trop fier. Et le sarcasme et les attitudes menaçantes l’ont toujours piqué dans cette fierté. Il devrait pourtant baisser les yeux. Il devrait s’excuser, car c’est lui le fautif. Mais on parle là d’Heath Dean Ackland. Et il a ce petit piquant au fond des yeux qui reste fixé sur ce grand gaillard qui le dépasse d’une tête. Un leader qui a du mal à s’agenouiller.

Un leader qui joue au con, comme trop souvent.

« C’était comment, dites-moi ? » Et la tentation de lui répondre avec sarcasme est grande, très grande. Balancer un ‘super’, provoquer. Pourquoi, Heath ? C’est quoi ton problème ? T’a pas déja fait assez de mal comme ça ?

Solide. C’est parce-que c’est un homme solide. Il n’a certes pas la carrure de Pythagore Matthijs Hemelrijk, ni ses muscles, ni sa droiture, sa force physique et mentale; il n’a pas toutes les qualités de Pytha comme il n’a pas toutes les qualités de Neil. Complexe d’infériorité. Il y fait face, à cette seconde, à ce complexe enfouit  au plus profond de lui au quotidien. Neil et Pytha sont ces héros parfaits, les gros muscles au grand coeur des films type ‘Le choc des Titans’. Heath a pour ces deux mecs là une admiration et une jalousie qu’il se garde bien d’avouer à qui que ce soit - devinez qui est le seul à l’avoir comprise. Et c’est probablement ce sentiment mitigé, ce point noir qui fait qu’Heath a toujours un certain mal avec Pytha. Il plaisante en le traitant de gros gorille sans cervelle. Parce-que l’ingéniosité du renard est tout ce qui peut rivaliser avec... toutes ces qualités que détient Pythagore. Plus grand qu’Heath. Plus beau. Plus fort. Meilleur au basket. Un ami de meilleur valeur, bien plus généreux qu’Heath.

Et c’est aussi pour tout ça qu’il a encore plus de mal avec Pytha, depuis que Charlie s’est éprise de lui. C’est la cerise sur le gâteau de la jalousie. Non, il n’est pas concrètement jaloux de Pytha en tant que futur petit ami de Charlie. Aucunement. Il est même heureux pour eux, pour elle, parce-qu’elle ne peut probablement pas espérer mieux.

Mais il est humain. Aussi, même en étant d’un naturel absolument pas jaloux, Charlie compte pour lui, et le domaine de l’intime, c’est leur domaine à eux. L’égoïste qui se permet d’avoir une copine mais regarde d’un mauvais oeil son copain à elle. C’est difficile d’expliquer. Il n’a pas de réels sentiments pour Charlie, il ne l’aime pas. Mais il y a un quelque chose, et il a fallu qu’elle jette son dévolu sur lui. “Matt.” Matt représente tout ce qu’Heath n’est pas, malgré leur entente, et Heath l’envie, Heath le jalouse. Et elle craque pour lui. Lâcher Heath pour choisir Pytha, c’est déstabiliser le renard. C’est piétiner sa confiance. C’est lui prouver qu’il a raison d’admirer et d’envier Pytha, parce-que Pytha est mieux.

Purement et simplement. Et c’est ce constat, cette perte de force et de confiance qui défile dans sa tête tandis que Charlie perd tout contrôle, derrière lui, faisant tomber le téléphone de Joach. Mais les secondes passent, et le tigre n’a pas la patiente de laisser les amants faire face à leurs troubles. Aussi, tandis que Charlie est confuse derrière eux, Pytha bouscule doucement Heath d’une main contre l’épaule. Le regard est agressif, mais plus que tout, blessé. Déçu. On a tiré sur le tigre, et celui-ci réplique de la seule façon qu’il connaît: en mordant et en griffant. Il bouscule Heath une seconde fois, le fixant, et ce dernier maintiens la joute visuelle. Il ne trouve mot mais il fixe la brute, par principe, animé par la fierté qu’il lui reste. Le roux parle bas pour ne s’adresser qu’à Heath, l’accuse de l’avoir trahi: il lui faisait confiance. Et tandis qu’Heath s’apprête à répliquer, c’est la rouquine qui se glisse entre eux, face à Pythagore. Heath vrille le regard sur elle, sur eux deux, baisse les yeux et recule d’un pas - sort de leur bulle. Car l’alchimie est bien là, entre eux, elle se ressent à plein nez, il est presque visible le cocon de sentiments qui les entoure. Heath n’en est pas jaloux. Il est juste blessé dans sa fierté que l’américain, encore une fois, soit “plus”. Mais plus quoi, Heath ? Pytha n’a pas la moindre idée du complexe d’infériorité que peut ressentir Heath face à lui. C’est que le renard sait cacher ce genre de choses. Et qui croierait que le leader jalouse son soldat ? Peut-être même que la réciproque est vrai - même si Heath n’y voit pour le coup pas de raison. La main de Joach trouve l’épaule d’Heath, une seconde, la serre avant de s’y ôter. Un simple contact bref, mais nécessaire. Connectés. Il ramène Heath à la réalité, à sa réalité - il est grand temps de réagir.

« C’… C’était pas du tout prévu, Matt. » C’est vrai. « Il n’y avait au-aucune raison pour que ça arrive. » C’est moins vrai. C’était prévisible. Pas prévu, mais prévisible. « La situation dans ma famille ne s’y prêtait pas. Mais c’est arrivé. Et c’est fini maintenant. » Oui. C’est fini. Et cette fois Heath n’en doute plus. Son attirance pour Charlie  a perduré après leur première “rupture”, et c’était réciproque - ce pour quoi ils en sont arrivé là. Mais leur “adieu” a eu son effet: il sait que l’un comme l’autre considèrent que c’est bel et bien terminé. Le malaise et là, mais l’ambiguïté n’est plus. Ca n’arrivera plus. Chacun est engagé sur son chemin, et Heath ne sera pas sur la route la menant à Pytha. Car leur route ne démarre réellement que maintenant, et c’est ce que le roux semble oublier. Ils n’étaient pas ensemble.

- Je suis désolée. J’ai jamais voulu te blesser…
- Mais tu l’a fais.

L’attention est portée sur Heath qui sort enfin de ses réflexions. Il a le visage dur, ses yeux passants d’un rouquin à l’autre - il s’avance pour venir aux côtés de Charlie, la regardant. « On l’a fais, on l’a blessé, et on savait très bien que ça aurait cet effet. » Il détourne le regard sur Pythagore. « Moi j’en suis pas désolé. J’ai fais ce que j’avais à faire pour mettre un point final à notre relation. Pour la terminer avant que la votre commence. Et je regrette rien, parce-que je sais qu’il fallait ça pour en finir réellement et pas foutre la merde entre vous deux après. J’avais pleinement conscience de ce que je faisais et oui, j’ai trahi ta confiance et je t’ai déçu. Consciemment. Maintenant tu peux me frapper, parce-que t’en a besoin, mais fais pas la connerie de la rejeter elle à cause de ça. C’était un adieu, alors sois pas con et passe pas à côté d’elle alors qu’elle n’a d’yeux plus que pour toi. » Il déglutit, ne cessant de fixer Pytha.

« En gros j’assume mes actes et je t’emmerde si ils ne te plaisent pas. Bro. » Sois fort. Et les autres, tu les emmerde. Provocation pure et simple. Reporte ta rage sur moi. Notre amitié se reconstruira, mais votre histoire à vous peut mourir dans l'oeuf. Laisse la éclore, même si ça signifie me haïr moi pour un temps. Je sais que ça passera. Un léger sourire goguenard est étiré.  Frappe le Renard qui se joue de toi. Frappe l'ami qui te manipule pour ton propre bien. Pour leur bien à tout les trois.

Parce-qu’il faut que Pytha le frappe. Le leader le connaît, son soldat. Il tape et réfléchi après. Si il ne frappe pas Heath maintenant, il va s’éloigner de Charlie et de lui, il va rester dans son coin, frustré, blessé, tourmenté. Si il frappe, ça va le libérer. Pythagore est cette curieuse machine qui doit être violente pour exprimer ses sentiments, quels qu’ils soient.

Et puis, avec cette provocation pure, Heath est plus que lui-même: solide, fier, et au moins, et assumant pleinement ses actes.

Maintenant à toi de voir si tu veux jouer au gamin et bouder pour ça ou construire quelque chose de génial avec elle en restant mon frère.

Parce-que pour moi, tu passe avant elle, et avant toutes les autres.
Terrible séducteur marchant sur les pas de son père.

• #d03d29 ✖ Début août •

Et il attend Pytha, il attend qu’ils répondent. Il se demande ce qu’ils lui diront, s’ils lui présenteront des excuses ou se foutront juste de sa gueule. Ils l’ont déjà fait une fois, qu’est-ce qui le empêcherait de le refaire? La culpabilité peut-être. Peu importe, il préfère ne s’attendre à rien du tout. Juste écouter leurs réponses, voir leurs réactions. Et c’est Charlie qui parle en premier, c’est elle qui lui dit que c’était pas prévu. Rien à foutre. Que ce soit prévu ou non, c’était arrivé point. Elle est désolée. Elle ne le voulait. Oh mais il la croit. Mais, elle l’a fait. Et c’est Heath qui reprend. Les bras croisés, il reporte son attention sur ce dernier, s’attendant à ce qu’il continue. Et c’est ce qu’il allait faire. Oui, ils le savaient très bien. C’est bien ça le pire. Ils le savaient très bien. Le brun poursuit, il lui dit tout ce qu’il avait à lui dire. Tant mieux. C’est ce que Pytha attendait : qu’il soit honnête. « Putain j’y crois pas... » Parce qu’il a quand même l’impression qu’ils se foutent bien de sa gueule. Et pas qu’un peu.« Donc pour toi, la meilleure façon de mettre fin à votre relation, c’était de baiser? Vous vous croyez dans un film, c’est ça? »

C’est qu’il ne comprend pas, Pytha. Cette logique lui passe au-dessus de la tête. C’est ridicule à ses yeux. Et il sent la colère monter en lui, son coeur battre la chamade. Alors que déjà, il abat son poing sur Heath, de toute ses forces. “Moi aussi je t’emmerde, Bro”. Il l’emmerde parce qu’il le lui a fait à l’envers. Il l’emmerde parce que c’est un enfoiré. Il l’emmerde parce qu’il n’a jamais voulu que ça se passe ainsi. « Je comprends pas. Et je chercherai pas à comprendre. Je savais déjà que votre relation était étrange, limite malsaine. » Il ne devrait pas dire ça. Mais il le fait, simplement parce que c’est ce qu’il pense réellement. Il est en colère Pytha. Il faut que ça sorte. Ce coup de poing ne lui a pas suffi. Il pourrait carrément le tabasser, l’envoyer à l’hosto. Mais c’est pas ce qu’il veut réellement.

« Ferme ta gueule Heath. T’as pas à m’dire ce que je dois faire. Je suis assez grand pour avoir ce qui est bien pour moi. » Si le mieux était de s’éloigner de Charlie, il le fera. Mais c’est pas clair là, il sait ce qu’il veut, mais pas ce qu’il doit vraiment faire. C’est frustrant. « Vous étiez déjà ensemble quand c’est arrivé? » Il vrille son regard dans celui de Joach qui lui fait face sans hésiter. Heath en était capable, lui aussi. Mais, il connaissait déjà la réponse à cette question. Il voulait lui faire comprendre qu’il avait tort, c’est ça? « Non. Mais, tu crois que je m’attendais à ce qu’elle couche avec un autre après ce que je lui ai dit? » Et ils avaient attendu quinze putain de jours pour venir le lui dire. Et encore, c’est grâce à Shu si Pytha est au courant. « Vous comptiez me le dire quand, hein? Si Shu n’en avait pas parlé, vous seriez venu me le dire!? »

Ils auraient très bien pu ne jamais le lui dire. Faire comme si rien ne s’était passé. Et comme un con, il n’y aurait vu que du feu. Il aurait continué à faire confiance à Heath sans penser une seconde qu’il le lui avait fait à l’envers. Mais voilà, il était vrai que le E n’était pas encore avec elle à ce moment-là. Mais alors quoi? Il aurait dû fermer bien sagement sa gueule et ne pas leur en tenir rigueur? Ce serait trop facile putain. Ce serait leur montrer qu’il acceptait la situation. Alors que ce n’était pas le cas et il n’était pas prêt de changer d’avis. Il ne veut pas les laisser le prendre pour un con plus longtemps. C’est plus fort que lui. Il a besoin de se défouler. Alors il attrape Heath par le col, prêt à le frapper de nouveau. Il en a besoin. La violence, c’est tout ce qu’il a.

__ Mais tu l’a fais.
Mon regard vrille vers Heath. J’approuve d’un léger hochement de tête lorsque la suite vient.
__ … et on savait très bien que ça aurait cet effet.
Faux. Ou du moins pas totalement. Pas à ce point-là. Parce que ça ne devait pas se passer comme ça. Il n’aurait pas dû l’apprendre de cette façon. L’impact aurait peut-être moins brutal et sa fierté ne serait pas à terre devant tout le pensionnat.
__ Moi j’en suis pas désolé. J’ai fais ce que j’avais à faire pour mettre un point final à notre relation.
Contrat terminé. Ça sonne comme ça. Essaye de le duper, essaye Heath.
__ Pour la terminer avant que la votre commence. Et je regrette rien, parce-que je sais qu’il fallait ça pour en finir réellement et pas foutre la merde entre vous deux après.
Souffle. Là, il a totalement raison. Les dégâts auraient été bien pires encore.
__ J’avais pleinement conscience de ce que je faisais
Oh vraiment ? Ça ne me semblait pas si contrôlé que ça à moi. Mais passons.
__ et oui, j’ai trahi ta confiance et je t’ai déçu.
Tiraillement du cœur. Leur amitié prend un large coup à cause toi Charlie…
__ Consciemment. Maintenant tu peux me frapper, parce-que t’en a besoin,
Pitié, arrête de le provoquer, de montrer seulement maintenant ta maturité…
__ … et passe pas à côté d’elle alors qu’elle n’a d’yeux plus que pour toi.
Et arrête de parler pour lui ou pour moi Heath.

__ En gros j’assume mes actes et je t’emmerde si ils ne te plaisent pas. Bro.
Freakin’ fox ! Cette phrase fait bouillir mon sang. Écho merdique à notre dispute. Il va sortir ça à chaque fois, c’est ça ? Brillante excuse. Très mature. Très homme, c’est sûr.

It’s not that simple. You’re underestimate the consequences. Pytha’s never gonna trust me anymore.

__ Putain j’y crois pas... Donc pour toi, la meilleure façon de mettre fin à votre relation, c’était de baiser? Vous vous croyez dans un film, c’est ça?

See ? Même si il parvient je-ne-sais-pas-comment à me pardonner, jamais plus il ne me fera confiance. Il va toujours se demander quelle relation j’entretiens avec le type qui se tiendra à côté de moi. Il ne pourra pas voir ni croire… the loyal or dedicated girl that I can be. Parce que je n’ai jamais eu l’opportunité de la montrer et que je suis moi-même totalement inconsciente que cette facette existe quelque part. Know yourself.

__ Je comprends pas. Et je chercherai pas à comprendre. Je savais déjà que votre relation était étrange, limite malsaine.
Mygod. Don’t freak out. Le poing est parti droit sur Heath, paralysant mes muscles à moi. Ma respiration s’est coupée toute seule. C’est horrible, horrible. Je veux pas voir ça. Ferme les yeux, baisse la tête. N’interviens pas. Ne fuis pas. Ne bouges pas. C’est vraiment nécessaire ? La violence, toujours la violence ?
__ Ferme ta gueule Heath. T’as pas à m’dire ce que je dois faire. Je suis assez grand pour avoir ce qui est bien pour moi.
Et quand bien même Pytha arriverait à passer outre, qu’est-ce ça va être comme relation ? Moi qui n’ose plus rien faire ? Lui qui doute constamment ?
__  Vous étiez déjà ensemble quand c’est arrivé?
De toute façon, il ne voudra pas entendre mes sentiments non plus. C’est évident. Je le dégoûte maintenant. C’est normal, c’est normal, c’est… tout à fait normal.
__ Non. Mais, tu crois que je m’attendais à ce qu’elle couche avec un autre après ce que je lui ai dit? Vous comptiez me le dire quand, hein? Si Shu n’en avait pas parlé, vous seriez venu me le dire!?
Poing au cœur. Oui, c’est normal. Tu récoltes ce que tu sèmes. My freakin’ instincts tell me to get out of here. But why my heart and brain block my feet ? Why don’t I just admit the defeat now… ?

Mon visage se tourne vers Heath une seconde… Ma voix éclate plus incertaine que jamais.

__ Comment tu peux lui dire de t’en vouloir à toi, mais de ne pas m’en tenir rigueur ? C’est complétement con. Je te laisserai pas tout prendre. C’est normal qu’il m’en veuille aussi. Et qu’il ne me fasse plus confiance. C’était peut-être la chose à faire pour notre relation à nous parce qu’on a fonctionné comme ça pendant un an...  Notre bulle d’égoïsme qui correspond à nos esprits tordus et que personne ne pigeait, même pas nous. Mais ça ne l’était pas pour celle-ci.

Prise entre deux eaux et mes sentiments fluctuants, ça n'aurait pas dû se passer comme ça. C'est moi la fautive. Je reviens sur Pytha, qui arme déjà son bras.

__ Oui. Je t’en aurais parlé. Mais… Mais… Désolée. Je ne suis pas aussi forte que toi, ni assez courageuse pour parler de ça comme ça. Je suis lâche. Je m’avance vers eux, sans oser m’interposer vraiment. Mais j’assume aussi. Les conséquences. Et il est hors de question que votre amitié soit polluée. Je ne suis qu’une passade. Ça va passer. Et chacun pourra reprendre son train-train -sans moi. Moi y compris -sans vous. Facile. Ça va être fa-cile. (plus bornée, tu peux pas test) Alors, Matt… Je me plante à nouveau devant lui, sous son poing levé malgré la peur que ce mouvement fait résonner en moi. Vu que le facteur déconnant, c’est moi : efface-moi de ton esprit, frappe-moi, fais ce que tu veux. J’accepterai.

Because it’s you. I’ll endure your rage and grief. Terriblement sérieuse, je retiens mon regard de fuir le sien même si mon cœur est juste en train de se décrocher totalement.

Le yoyo habituel est activé.

__ Votre fierté de mec, j’en ai rien à cirer. J’ai déjà résisté deux fois. À toi, ça sera peut-être définitivement plus difficile. But who cares now ? Donc si c’est ce qui te soulage… Ne te retiens pas. Je mérite tes poings tout autant que Heath.

That is just show off. Inside, i’m shaking the hell out of me. Mais c’est bon. Je peux gérer. Je suis plus à ça près. Really ? Again ?
Que la faute soit partagée avec Heath n’a rien avoir avec le schmil. I’ll take responsibility for my behaviour. Matt n’a pas à se forcer à aller contre sa nature. Je ne peux pas l’obliger à être aussi égoïste pour moi et à m’accepter.

__ À part bien sûr, si tu ne veux plus avoir à faire à moi. Je comprendrais…

Ma voix se brise malgré moi sur les deux dernières phrases. Car je suis persuadée que Matt ne s’embarrassera certainement pas de ce qui lui complique la vie, ce qui le blesse. Il va me rayer de sa vie d’un claquement de poing. Il l'a dit lui même, il sait ce qui est bon pour lui. Et c’est ce qui m’a séduit ce jour-là dans la salle intemporelle –plus que ce que j’aurais cru. Ses certitudes. Et pourquoi c’est dans cette situation que je me rends compte à quel point je tiens à lui ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant que tout part en vrille et que rien n’aura lieu ?! Et si je n'en fais plus partie, alors, alors... Je déglutis... The strength in my eyes is just fake. I’m so weak.
Putain d’émotions. Tu ne pleureras pas comme une lavette, Charlie. Je sers les mains. Pas maintenant. Pas devant eux. Les larmes mordent mes iris. Mais je retiens le désastre de mes sentiments de chuter une nouvelle fois devant ceux qui comptent le plus pour moi à cet instant. Vieux reste de fierté mal placée.
I'll be extreme like you two.

#ff6633

Heath provoque, tout en sachant parfaitement que Pytha serait tout à fait capable de l’envoyer à l’hôpital. Ce dernier le fixe avec rage, colère mais aussi énormément de déception. Mais, il aurait dû s’y attendre. Don’t trust the fox. Le E, lui, l’a fait. Il a tenté le coup, lui a laissé sa chance. Et voilà le résultat. Ils avaient tous les deux piétiné la confiance qu’il leur avait accordé. Il était prêt à le frapper à nouveau, oubliant presque qu’il y a quelques jours à peine, Heath était encore un bon ami et qu’il ne se doutait de rien. Mais, Charlie finit par l’interrompre, essaye de sortir Heath de cette situation. De sauver l’amitié des deux E. Elle lui demande de la frapper. Le renard réplique qu’elle est ridicule et Pytha est entièrement d’accord sur ce coup-là. Il ne pouvait pas et ne voulait pas la frapper. Ça n’avait aucun sens. « Arrête un peu de dire n’importe quoi. » Il ne les comprend pas. Et honnêtement, ça le fatigue.

Il s’éloigne en compagnie de Joach. Le roux lui adresse à peine un regard, sombre. Il l’écoute sans un mot. Non, il ne le laissera pas tomber pour une fille. Oui, il reviendra quand il sera prêt. Mais là, c’est beaucoup trop tôt, la plaie est encore bien ouverte, elle saigne abondamment. Et il a besoin de temps, le temps qu’elle se referme, qu’elle cicatrise. Ça viendra. Peu importe combien de temps ça prendra. Joach quitte le complexe aux côtés de Heath, lui attrape amicalement l’épaule, lui fait comprendre qu’il était là et qu’il sera toujours là.« Il reviendra... » Oui, il le sait. Pytha lui-même le sait parfaitement.

Ce dernier avait gardé son regard posé sur Heath jusqu’à ce qu’il soit hors de portée. Ensuite, il s’était naturellement tourné vers la jeune fille, sans adoucir ses traits. Non franchement, il n’était pas d’humeur là. Et il était resté ainsi plusieurs secondes, à la fixer sans un mot alors qu’il croisait ses bras. « T’as vraiment cru préserver notre amitié à Heath et moi en disant des conneries pareilles? » Il n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu penser une seconde qu’il serait capable de la frapper. « J’ai des sentiments aussi. Je suis pas qu’une brute sans cervelle qui après avoir frappé un bon coup, pardonne tout à n’importe qui. Je ne pardonnerai pas à Heath parce que je t’aurais frappé. Je te pardonnerai pas non plus parce que je lui en aie mise une. » Non, ça va beaucoup plus loin que ça. Est-ce si difficile à comprendre?

Le E soupire longuement, passe une main sur son visage. Il commence à perdre pied, Pytha. Tout ce qu’il souhaite, là, tout de suite, c’est de gueuler un bon coup sur Charlie. Parce qu’à ses yeux, elle le mérite. Parce que ça pourrait le soulager ne serait-ce qu’un minimum. « Tout ce que je t’ai dit c’était de la merde, hein!? Ça comptait pas!?  » Ça fait mal rien que d’y penser. « T’en avais rien à foutre de ce que j’aurais pu ressentir c’est ça!? » Le roux commence à faire les cent pas, le souffle court, le coeur battant la chamade. Il espérait que tout cela soit faux. Il détestait dire ce genre de chose. Il avait peur de l’entendre dire qu’au final, ça n’aurait pas pu marcher entre eux.

« J’AVAIS CONFIANCE EN TOI, PUTAIN! » Et donne un coup de pied rageur sur tout ce qui se trouve sur son chemin. Il serait prêt à saccager le gymnase s’il le fallait. Juste pour se calmer les nerfs. Mais non, ça ne va pas, ça ne redescend toujours pas. Il ne s’en rend pas compte Pytha, que sa colère fait trembler les enceintes du pensionnat. Il ne se rend pas compte que son pouvoir est activé, alimenté par sa fureur. De toute manière, le E s’en fichait pas mal. Là, maintenant, s’il pouvait détruire le pensionnat en entier, ce ne serait pas plus mal. Ça l’arrangerait, en réalité.

Ridicule.
Ridicule.
Ridicule.
Ridicule.

Bah ouais ! Je suis ridicule. Parce qu’aucun de vous deux ne me laisse d’autres choix, bande de crétins ! Mais je croyais que c’était votre truc : la violence qui résout tout. C’est pas ça votre nouveau credo ? Je m’adapte à votre niveau, c’est tout. Point barre. Ridicule, right ?

__ C’est à moi qu’il aura plus à faire. Aucun de vous deux, c’est bon, c’est réglé. Allez tchao.
Seigneur et maître. Bien sûr. Encore. Je lève les yeux au ciel et détourne le visage, aussi blasée que Heath. J’inspire avec force mais ne dis rien. Parce que ça ne sert à rien.

__ Reviens quand tu seras prêt Pytha. J’espère que tu me lâchera pas pour une fille. ... Aussi importante soit-elle pour nous deux.
Nos regards se croisent une seconde. Je me détourne.

C’est absurde. Ne dites pas que je suis importante si c’est moi que vous lâchez. C’est contradictoire, c’est puéril ou tout ce que vous voulez d’autres. Et cette dernière réplique était totalement inutile. Ça ne sert strictement à rien, à part peut-être enfoncer le clou dans ce merdier. Comme si c’était pas déjà assez compliqué de s’en dépêtrer.  
Ce qui compte, c’est que oui, eux ils ne vont pas se lâcher aussi facilement. Pas pour ça. Ça serait encore plus ridicule. Rigole Charlie. Parce que ça me ferait mal que leur amitié prenne fin à cause de moi. Ils se connaissent depuis plus longtemps. Donc ça ne va pas se finir comme ça.

Je reste campée sur ma position, c’est moi qui doit partir. Et c’est ce que j’ai bien l’intention de faire. Direction l’autre porte.

Allez Charlie… Pars.

De ton côté.

… Maintenant.

Hahaha. Ça serait plus facile si seulement il n’y avait pas Pytha. Si il ne me regardait pas de cette façon. Ça va tomber. La prochaine salve, elle est pour toi Charlie. Be prepared.

__ T’as vraiment cru préserver notre amitié à Heath et moi en disant des conneries pareilles?
Oui-oui-oui. Froncement de sourcils, je ne lâche pas son regard non plus. Des conneries, ouais ! Je suis conne de toute façon.
__ J’ai des sentiments aussi. Je suis pas qu’une brute sans cervelle qui après avoir frappé un bon coup, pardonne tout à n’importe qui.
__ J’ai jamais dit ou pensé ça, Mat…
__ Je ne pardonnerai pas à Heath parce que je t’aurais frappé. Je te pardonnerai pas non plus parce que je lui en aie mise une.

Ok. Donc on n’a plus rien à se dire. Je baisse la tête, tente de reprendre un peu d’air. C’est réglé. Ça ne sert à rien de tergiverser plus longtemps.
Je déglutis en croisant les bras devant moi, m’agrippant presque pour tenir le choc. Tenir debout. Parce que je vacille. Et je ne sais plus vraiment quoi faire. Je dois partir là, non ? Est-ce que je dois partir et ne plus te revoir ?

__ Tout ce que je t’ai dit c’était de la merde, hein!? Ça comptait pas!? Sa voix éclate. Me paralyse les muscles, le sang, le souffle. Les larmes montent. Non… Prêtes à dégringoler. Non… T’en avais rien à foutre de ce que j’aurais pu ressentir c’est ça!?

Apnée. Les tremblements se font plus forts, comme des spasmes qui m’assassinent le moindre organe vital. Pourtant je retiens. Je retiens. Je les retiens ces putains de larmes. Je la retiens la crise de panique. C’est violent. Ça cogne dans ma poitrine comme jamais. Et c’est dans un hoquet de tension, de nervosité que je tente de répondre alors qu’il tourne en rond comme un tigre en cage.

__ Co… Comment tu peux croire ça ? Comment tu… Je… J’ai peut-être merdé, mais ne doute pas… Ne doute pas de… de… Raah merde !
C’est bien le moment de pas réussir à s’exprimer ! Il va pas te comprendre. Surtout pas entre deux soubresauts.
__ Tu… Tu étais le premier à vraiment vouloir de moi de cette façon-là. Ne doute pas de l’effet que ça m’a fait ou des émotions que ça a bousculées et révélées. Je veux… Je voulais… Devant moi, le spectacle s’envenime. C’est de pire en pire. Il est de plus en plus agité. Ça ne l’atteint pas. Et alors que ça devrait être l’inverse, ma voix s’abaisse, s’étouffe toute seule sous la pression. Ça compte… Comptait… ? Je ne sais même plus si je dois en parler au présent ou au passé. La panique gronde dans mes veines. Je me perds face à sa colère. Tu comptes. Je tente de m’approcher de lui malgré tout. J’suis désolée. Désolée, désolée, vraiment désolée…

Ça tourne en boucle dans ma bouche comme un disque… Mais ça dérape.
__ J’AVAIS CONFIANCE EN TOI, PUTAIN!

Sa voix claque. Résonne dans tout le gymnase. Je sursaute sous la surprise. Recul. Le panier sur roulettes rempli de ballons de basket est éjecté. Il y a comme une secousse qui se déchaîne, se propage dans toute la structure. Un cri du cœur et du corps qui me déséquilibre totalement, jusqu’à en transpercer mes entrailles. Le néon suspendu au-dessus de nous se décroche en même temps dans un déraillement métallique. À peine le temps d’éviter, l’objet fracasse le sol comme j’ai pulvérisé sa confiance.

Instant de flottement alors que l’impulsion féroce semble se dissiper. La frayeur qui s’est cramponnée à moi quelques secondes retombe. Et mes larmes avec.

__ Je suis désolée Matt. J’ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Au contraire… Je voulais…

Les mots « confiance brisée » n’ont de cesse d’apparaître devant mes yeux, réduisant à néant tout ce que je pourrais dire de plus. Ça ne sert à rien. Tout reste cloué dans ma trachée. Tu l’as profondément blessé. Je me crispe un peu plus. Sentiment ravageur et rongeur.

Si j’étais plus forte, je lui aurais parlé dès mon retour de la Nouvelle-Orléans. Si j’étais plus forte, je lui aurais raconté tout en détail et peut-être qu’il aurait compris, pardonné plus facilement. Si j’étais plus forte, je lui aurais confié plus tôt tout ce que j’éprouve.

Mais c’est trop tard.

Une main sur la bouche comme pour retenir un haut-le-cœur, je ferme les yeux, me replie sur moi-même alors que les larmes, elles, continuent de hurler leurs excuses. Et je décide enfin de m’échapper. Pas pressé, incertain et tout aussi brisé. La porte métallique claque dans mon dos, je sursaute à nouveau. Envie de courir, envie de partir, envie de fuir. C'est pas ce que tu fais en ce moment même ? Déjà ? Encore ? Toujours ? Malgré tout le mal que ce comportement afflige, tu persistes. Ces notions froides et familières martèlent mon esprit en pleurs tandis que je me dirige vers le bungalow d’Achille. Direction la bubblebrother sachant pertinemment qu’ils ne poseront pas de question et me laisseront en paix dans ma misère.

…
Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
Et où est-ce que je vais maintenant ?

#ff6633 drama, drama. ouai, elle se tire. pas le choix. luv you quand même