[FINI] gunshot straight to the truth

❝ At some point, you have to realize that some people can stay in your heart but not in your life. ❞

Où est-ce que j’ai lu ça déjà ? Ah oui. C’était dans un vieux magazine qui trainait au café. Une interview d’Emma Lind il me semble. Je ris. Intérieurement. Hahaha. Je suis écroulée de rire. Parce que c’est le seul truc qui me soit resté à l’esprit et, très ironiquement, ça résume bien la situation. Nickel. Haha.

Je ne regrette pas ce qui s’est passé avec Heath. C’était nécessaire. Et ça ne concerne que nous. Mais pour Pytha… Je déglutis. Me stoppe un instant pour appuyer ma main contre le mur. Besoin d’une béquille. Je souffle. Pourquoi il a fallu que tout se télescope si mal ? Son visage en colère. Sa voix laissant percer sa déception, sa peine. Il y avait là comme un arrière-goût de trahison dans la bouche du basketteur. Je l’ai très bien senti. À chaque élévation de voix. Que ce soit contre Heath ou contre moi après que ce dernier soit parti. Un imperceptible tremblement roule sous ma peau dès que j’y pense. Parce que ça ne sort pas de ma tête, peu importe les distractions vers lesquelles j'essaye de plonger. « Mais, tu crois que je m’attendais à ce qu’elle couche avec un autre après ce que je lui ai dit? » Piétine, piétine, piétine. Vas-y, Charlie. Alors que eux ont toujours été là pour m'aider, moi... Je sais faire que ça. Sous-estimer, malmener, déprécier les sentiments des autres. Horriblement pathétique. Tu piges jamais rien Charlie. Mais t’arrives à rester la pire égoïste qui soit. Est-ce que si j’avais vraiment fait de mon mieux pour gérer le bordel dans ma tête… Est-ce que j’aurais pu éviter de mettre Heath et Pytha dans une telle situation ? Je ne sais pas. Je n’ai même pas encore vraiment réalisé que c’est l’incursion du basketteur dans mon cœur qui a révélé les défaillances de ma relation avec Heath. Si il n’avait pas été là, Heath et moi nous serions fait beaucoup de mal. Et au final, c’est Pytha qui est blessé. …Je retiens un haut-le-cœur. Est-ce que vomir ou chialer un bon coup allégerait mon cœur plombé ? Le canon est pourtant encore dirigé droit dessus. Il suffit de tellement peu en ce moment. Et il ne manque plus qu’une personne bien plus courageuse que moi pour appuyer sur la gâchette.

Je me redresse et m’éloigne du mur. Pense à autre chose, Charlie. Focus. Même si tu as fait ce qu’il fallait par rapport à l’équipe de basket en demandant une pause, t’as un nouveau p’tit boulot qui va t’accaparer tout ton temps en dehors des cours. Mes yeux retombent sur le papier de l’administration alors que je traverse la cour intérieure. Bungalow 12. C’est à l’opposé de tout le monde. Parfait. Pour une fois, on peut leur dire merci aux bureaucrates. Va juste falloir trouver le bon moment pour faire mes cartons et déménager. J’espère que je vais pas avoir besoin de faire plusieurs voyages. Faisons simple : un tas je garde, un tas je jette. Ça ira plus vite. Et j’peux peut-être demander à Joach quel moment sera le mieux pour faire ça ? A.k.a quand il n’y aura personne dans la coloc’. Je ralentis le pas pour farfouiller dans mon sac à la recherche d’un bout de papier et d’un stylo. Autant s’en occuper maintenant. Ça m’arrange.
‘Til I kept myself busy, i twill be okay.

#ff6633 popopo...

Elle a les yeux gonflés par le mépris, par la tristesse et par la rage.
La meilleure amie boue, hurle son inquiétude. Et c’est la vengeance d’une blonde (the reference pls) qui frappe.

Et moi je ne l’ai pas venu venir.
Le bout de papier s’est envolé, a valsé. Mon esprit aussi.
Le stylo a été lâché au même titre que le lézard qui chute. En même temps que moi.
Mon sac de cours et son contenu sont éclatés sur le sol. Comme moi.

J’étais déjà instable. J’avançais déjà avec hésitation au milieu de la cour. Et sans appui, encore moins sur la bonne cheville, l’impact m’a fait plier, je suis tombée. Sonnée. Pourtant, je reconnais chaque sensation, chaque conséquence, chaque traumatisme. Mon cerveau se voile d’un linceul blanc. Ma joue devient aussi lourde que le plomb –il y a comme un décrochement douloureux. Dans ma bouche, le goût du sang se mêle à ma salive. Puis la conscience revient. Mes yeux trouvent l’agresseur. L’oxygène retrouve sa place dans mes poumons. Mes muscles récupèrent un semblant de force et tentent d’apaiser le chaos que je ressens bien plus profondément que ce qui se joue sous la peau de mon visage. Une main sur ma mâchoire. Ça fait mal. Même l’écorchure au coude fait mal. Revers bien mérité, right ? Cette pensée traverse mon regard alors que celui-ci se lève sur la furie. Je sourirais presque si c’était possible.

La A fulmine, rode hyper-tendue. Et moi je me relève doucement en l’écoutant vociférer cette même insulte. L'orage me tient immobile. Je reste plantée là. Vide, je l’observe.

Et je ne sursaute plus au moindre coup porté. Non. Cette crainte s’est évaporée lorsque j’ai accepté et proposé de moi-même à Pytha de me frapper. La violence ne me fait plus peur. Et même si mes instincts me signalent toujours que ce n'est pas la meilleure solution, j'appréhende les raisons qui justifie ces actes, j'entrevois les bénéfices, les soulagements qui coulent des plaies affligées et subies. Alors vas-y Alessandra. Plante tes griffes, plante tes crocs dans le myocarde. Déchire ce qu’il en reste. Because I’m already bleeding. Et l’hémorragie vicieuse commence à peine à se propager.

__ SALOPE ! Son poing contre le béton : je fronce les sourcils. Elle se blesse. Je déglutis. Tu te fais du mal… PUTAIN DE BORDEL DE MERDE MAIS T'AVAIS PAS ASSEZ DE TA VIE DE CHIENNE ? Je n’ai jamais su ce que je voulais, ni vraiment su qui j’étais. FALLAIT VRAIMENT QUE TU LE MÊLES À TON HISTOIRE DE PUTE ?! Mais peu importe maintenant. Car une chose est sûre, là, à cet instant précis, si je n’avais pas été comme ça, jamais ils n’auraient été blessés. HEIN ???!!!! Ni Pytha. Ni Heath. Ni Ulysse. Ni Alessandra. Personne. RÉPONDS !!!!! Si je n’étais pas celle que je suis… T’ÉTAIS VRAIMENT OBLIGÉE ???!!!! … ça ne serait pas arrivé.

Si je n’étais pas moi. Si je n’étais pas là.

Oui. Partir. Cette pensée faisait déjà son bonhomme de chemin depuis que j’avais vu les deux E. Mais Alessandra appuie là où ça fait mal. Que mes valeurs s’effondrent, que je passe à l’acte devant la vérité sulfureusement injectée. Et forcément… Il y aura un avant et un après.

__ Non, j’étais pas obligée. Je m’approche, un pas vers elle. Mais je l’ai fait. J’agrippe son poignet, le tirant vivement hors du mur. Et toi tu te fais du mal pour rien. Le regard sévère se plante dans le sien. Les chiennes tordues ne méritent pas tant. Alors sois tu les ignores, soit tu bats le fer directement sur elles au lieu de brasser du vent.

Je suis en D ; j’échoue dans tout ce que j’entreprends même quand j’ai la volonté de gérer les choses à peu près comme il faut. Et surtout, quoi qu’il en coûte, mes travers restent les mêmes. Sauf que cette fois, je serai lâche au point de désirer qu’on m'abatte et qu’on m'oublie.

Je finis par lâcher son poignet. Le mépris au fond de mes entrailles. La provocation dans la gorge. Le sarcasme au bout de la langue.

__ Parce que sinon, toi aussi tu vas devenir aussi ridicule que ces sacs à puces. Tu es son amie la plus chère, alors protège-le mieux que ça. Tu ne vas pas t’abaisser au même niveau que moi quand même ?

There are physical pains in a make-believe heart. Even though nothing will kill me like my mind does. So go ahead, Alessandra. Beat me. Just do it. I'd shut down. I'd shut off my emotions, and act indifferent towards everything even though it might be killing me inside. And this time... Maybe I'd really handle it. Then, I'd be able to build something worthwhile.
Yeah... This time, I will handle everything no matter what, no matter how.

#ff6633 jtm aussi ♥

Alessandra est blessée, blessée alors qu'elle ne devrait même pas l'être. Elle a conscience de prendre les choses trop à cœur, elle sait qu'elle se mêle d'une histoire qui n'est pas la sienne. Mais Alessandra a mal de voir son meilleur ami à terre à cause de tout ça. Alors elle frappe, son poing s'abat sur ce mur taché de rouge dans la cours, il s'abat sur ta cible qu'elle y voit. Pour ne pas te frapper toi, pour ne pas piétiner encore plus les sentiments du E. Et elle ne devrait pas, elle le sait. Mais elle le fait parce qu'il n'y a que comme ça qu'elle se sentira mieux. Égoïste. Mais égoïste, dans toute sa fureur elle pense l'être pour deux. Parce qu'elle sait que Pytha ne te fera jamais de mal et elle sait aussi que si les rôles avaient été inversés la scène aurait été exactement la même. Ils étaient pareils, identiques mais pas encore tout à fait jumeaux. Alors malgré tout ils se comprenaient.

Ta mains s'agrippe à la sienne et d'un revers elle se défend. Ne la frôle pas, ne la touche pas Charlie. Pas toi. Parce que cette provocation, ce simple geste pourrait tourner au drame. Et tu ne veux pas de ça, oh non tu ne veux pas de ça. Elle non plus. Seulement la blonde a bien trop mal pour avoir la force de se dégager là où toi la tient avec facilité. Alors elle jure, grogne en ses dents mais se fait docile malgré tout. Elle t'écoute et espère que tu n'iras pas trop loin, parce qu'elle tient trop à Pythagore pour te mener à l'hosto, Alessandra.

« Alors sois tu les ignores, soit tu bats le fer directement sur elles au lieu de brasser du vent. »
« Te fou pas d'moi. »

Rire malsain, c'est la pression qui retombe. Elle a du mal à en croire ses oreilles la blonde. T'es trop conne ma pauvre Charlie. Elle se dégage finalement de ton emprises dès que tu daignes relâcher la pression pour s'éloigner. Elle s'éloigne pour éviter de te faire du mal Charlie, alors arrête de chercher les coups. Arrête de la provoquer. Tu ne l'écoutes pas, non t'en as rien à faire de ce dont elle te supplie silencieusement. Aussi égoïste l'une que l'autre, c'est con. Mais elle ne cédera pas, ou plutôt plus, c'est une promesse. Le regard haineux tourné dans ta direction, elle te toise sans gêne, ce rictus mauvais aux lèvres. Hautaine. Elle s'est toujours sentie supérieure à toi, jamais tu ne réussiras à la rabaisser à ton niveau. C'est peine perdue et elle ne va pas se gêner pour te le faire comprendre. Elle vaut bien mieux que toi, Charlie. Pauvre folle.

La ferveur qui retombe laisse place à une colère douloureuse qui l'empêche de penser correctement. Œillade vers son poing tuméfié dégoulinant de sang, ça pique. Elle a du mal à sentir sa main, à bouger les doigts alors elle préfère ne rien tenter d'autre que de laisser tomber son bras le long de son corps. C'est plus prudent en effet. Et c'est seulement lorsqu'elle est certaine de ne rien te faire qu'elle s'approche doucement, prenant grand soin d'écraser tes affaires éparpillées sur le sol. Tu ne vaudras jamais mieux qu'elle, c'est ce qu'elle croit. Elle rit, s'arrêtant à quelques centimètres de ton visage. Mains libre posée sur le mur, ses iris durs trouvent finalement les tiens avant qu'elle ne prenne la parole. Calme, bien trop calme.

« J'pourrais jamais m'abaisser au niveau de la merde que t'es, Bennett. Et si je le faisais, Pythagore aurait de bonnes raisons de me détester, parce que ça voudrait dire que t'es morte et enterrée. »

Elle s'éloigne de toi, le regard dédaigneux, elle avance vers la porte plus forte que jamais. Parce qu'en discutant avec toi, Alessandra analyse, elle prend conscience de ce qu'elle te dit et fait tout pour le mettre en oeuvre. Proche de la sortie elle te fait de nouveau face, et dès que tu croiseras son regard tu comprendras toi aussi que tu pourras plus la faire tomber.

« J'suis peut-être la pute de ce pensionnat de débiles mentaux Bennett, mais moi au moins je connais mes amis. Et c'est bien con qu'une salope comme toi continue d'être la protégée de Pytha', parce que sinon crois-moi que j'aurais pris plaisir à te défigurer. »

Mais ce n'est pas ce qu'il veut et il ne le voudra jamais. Soumise à la décision de son meilleur ami la A crache sur le sol et se retourne avant de disparaître dans les couloirs. Retrouve-là Charlie, retiens-là si tu peux.