Frappe. Frappe comme jamais. Frappe pour Joach, pour ses larmes, pour sa souffrance. Frappe pour Johanna, pour sa détresse, pour sa faiblesse. Leur faiblesse. Frappe pour ce couple qui vient de se quitter, enlacés au portail, ce couple en larmes, ce couple que tu aime tant. Parce-que rien ne justifie les larmes de Joach, rien, rien au monde ne mérite sa peine, sa douleur. C’est Léocade, ça aurait pu être n’importe qui, n’importe quoi. Parce-que Joach a mal, parce-que Joach est en larmes, et que par là Heath l’est aussi. Le voir pleurer comme ça lui a empalé le coeur, lui a broyé les os, lui a écrasé les tripes, à Heath. Jamais son Frère n’a été dans un tel état, et Heath ressent, il ressent tout ce que ressent Joach. Sa souffrance, il la prend de plein fouet, elle l’a embarqué tel un cyclone; les larmes de Källström ont ravagé le coeur de son ami, celui qui l’appelle son âme soeur, celui pour qui rien n’est plus beau que le sourire de Joach.
Et Heath frappe. Frappe pour cette souffrance partagée par les deux frères, mais aussi pour celle de Johanna. Parce-qu’elle lui a avoué son amour, à Léo, et ce dernier n’a fait que piétiner son coeur une dernière fois. Elle était avec Ackland, hier soir, quand Léocade a répondu à Johanna. Et c’est sur son épaule à lui qu’elle a pleuré, comme Joach l’a fait quelques minutes plus tôt après qu’elle soit partie. Trop de larmes, pour trop de raisons, un trop plein de sentiments, un trop plein de douleur; le coeur les blesse, le coeur les broie, et Heath étouffe.
Mais là, il exulte, il libère, il revit.
Johanna vient de partir, enlaçant Joach une dernière fois, et le jeune n’a eu que la force de pleurer dans les bras d’Heath. Mais ce dernier a de la force pour deux. De la rage pour deux. Et c’est pour deux qu’il se défoule, à califourchon sur Léocade, abattant son poing sur son visage, sa seconde main le plaquant avec fermeté au sol.
Et Heath abat son poing sur Léocade, une fois, deux fois, peut-être trois; il n’en sait rien, il ne voit rien. Rien d’autres que le visage de Joach, déchiré par la souffrance, en larmes. Et les larmes de son Frère lui donnent la force, la force d’être fou. Fou pour eux deux.
« Tu l’a faite souffrir, enculé ! »
Les larmes, les poings; Heath sent le corps se débattre sous lui, d’autres personnes le saisir, essayer de le contrôler. Mais son poing part de nouveau, atteint violemment le visage de ce connard.
« Pourquoi tu lui a pas dis ?! »
Il crie, Heath, il se fiche du monde qui les entoure, il se fiche que tous leurs proches soient là, que Johanna vienne de partir, que Joach en pleure encore.
« T’a essayé de foutre la merde pour quoi, hein ?! Pour quoi au final, gros con ! »
Et il tire sur son tee-shirt, se débat des mains qui l’attirent vers le haut, essaient de le relever. Autour, on parle, on s’exclame; il est neuf heures passé, les badauds sont là, se régalent d’un spectacle que Shu prendra plaisir à sublimer. Il s’en fiche, Heath. Tout ce qu’il a en tête, c’est la souffrance de Johanna face à ce LMS de bâtard, et la souffrance de Joach qui vient de dire Adieu à celle qu’il aime depuis des années.
Et ce con, ce con qui se mettait entre eux. Heath l’a laissé faire, Heath en riait, persuadé que tout cela n’était qu’un jeu. Et s’en est un pour cet enculé. Mais pas pour ses deux amis qui souffrent. Il mérite ces coups que Johanna ne pouvait lui mettre. Quand au rapport avec Joach, il n’y en a pas, pas de direct, si ce n’est que voir les larmes de son Frère ont rendu Heath complètement fou; fou d’une rage incontrôlable.
« Va te faire, Léocade putain, va te faire ! »
Pour elle. Pour eux. Pour tout ce merdier qu’est Prismver.
« Je sais que tu l’aime, enculé... »
C’est murmuré, et encore aveuglé par les larmes qui ont coulé en voyant celles de Joach. Mais tout ça n’est qu’un prétexte. Léocade est passé au mauvais endroit au mauvais moment. Ils disaient adieu à Johanna, tous, et Heath a entendu ses pensées à lui. Il la regardait partir. Sans rien lui dire. Rien de plus que ce LMS pitoyable. Mais Johanna mérite mieux, mon gars. Et a peine a t-elle disparû qu’Heath s’est éloigné du groupe, le cherchant des yeux, cherchant cet hypocrite, cet immonde trou-du-cul, ce connard incapable d’assumer quoi que ce soit. Et il l’a entendu penser trop fort ses sentiments, il les a clairement entendu; il a fini par le choper dans un coin reculé, et il lui a purement et simplement bondit dessus. Parce-que ce mec n’a rien assumé, jamais; il n’a fait que faire souffrir Johanna, et par la même Joach. Mais aujourd’hui Joach souffre trop, beaucoup trop. Ce n’est pas de ta faute à toi, Léo. Mais t’aurai bien mieux fait de rester loin de là.
Loin d’un Joach qui souffre. Parce-qu’Heath est prêt à tout pour que le monde souffre plus que lui, si ça peut l’aider à se sentir mieux, en cet instant.
Mauvais endroit, mauvais moment. Pétage de câble, et trop de choses à évacuer, pour lui, pour eux. Rage incendiaire. Pour toutes ces choses qui sont parties avec Johanna.
Sujet: Re: The things we lost Dim 20 Juil 2014 - 6:07
the things we lost
∆ Bruit sourd des phalanges qui heurtent une énième fois son visage. Son corps se contracte douloureusement une fraction de seconde, sa mâchoire se serre, son organisme encaisse le choc tant bien que mal, son esprit assimile comme il peut ce qu’il lui arrive. Sanction. Condamné pour toutes les saloperies qu’il a pu faire. Et la foule assiste, médusée. Il lui semblait loin le jour où les gens finiraient par comprendre qu’il était un enfoiré. Il ne les attendait pas, les représailles. Sauf qu’elles sont là. La rancune dans les yeux, on le fusille du regard, on le corrige des poings, on hurle et on l’accuse. Pourquoi ? Pourquoi déjà ? Tellement de motifs. Il les accumule, sans s’en rendre compte. Connard au naturel. La pluie de coups s’arrête, court moment de répit. Sa tête heurte brusquement le sol. De l’air. Il inspire. Un goût métallique dans la bouche, le parfum du sang, son nez, ou sa lèvre inférieure, les deux peut-être, amoché. Pommette tuméfiée, là où les phalanges ont heurté son visage. Ce dernier se crispe. Idée de merde, connerie qui lui échappe. Présence non désirée, sûrement. « Tu l’as faite souffrir, enculé ! » Coupable. Il sait très bien de quoi on l’accuse. Et il ne prend même plus la peine de se débattre, Léo’, car il sait très bien que tout ça est vain, ça l’est depuis le début. Et ça le restera, car celle qu’il a fait souffrir est partie. Aucune excuse, aucune explication, aucune vérité. Foutue vérité, suspendue à ses lèvres depuis trop longtemps, si difficile à avaler qu’elle l'étrangle. Ses mains qui cherchaient auparavant à éloigner la furie se contentent désormais de s’agripper à quelque chose, n’importe quoi, à l’avant-bras d’Heath qu’il griffe un peu plus lorsqu’il reçoit un dernier coup. « Pourquoi tu lui a pas dis ?! » C’est ce qu’il voulait faire, c’est ce qu’il allait faire, c’est ce qu’il n’a pas fait. Il était lâche, c’est ce qu’elle n’arrêtait pas de lui répéter après tout. Et il a fallu qu’il lui donne raison une dernière fois. Son cœur se serre, il étouffe. Ferme la Heath, continue de frapper, tout ce que tu veux du moment que tu la fermes. Tu ne sais même pas de quoi tu parles. « T’as essayé de foutre la merde pour quoi, hein ?! Pour quoi au final, gros con ! »
Ils lui semblent lointains, ces reproches. Assommé par une douleur sourde qui battait au niveau de ses tempes, de son nez, de sa mâchoire, quelque part dans sa tête, il ferme fort les yeux quelques secondes. Il a attendu. Pour quoi au final ? Pour qu’elle lui échappe. Pour qu’il lui dise au revoir de la pire manière qu’il soit. Pour qu’il se contente de la regarder de loin. Remords. Il a attendu trop longtemps, et jusqu’au bout il n’a fait que provoquer les larmes plutôt que de les effacer avec un sourire. Tout ça il le sait. Il sera toujours le seul à le savoir. Arrogant, c’est ce qu’il pensait, ce dont il était sûr lorsqu’elle a finalement disparu. Jusqu’à ce qu’Ackland débarque. Comment se fait-il que tu en saches autant, Heath ?
« Je sais que tu l’aimes, enculé... »
Il avait capté le signal, décrypté le message, lu en lui comme dans un livre ouvert. Vieille pute. La haine, rien que la haine dans ses saphirs arrogants. La hargne qui s’empare de lui comme à chaque fois qu’on le confronte à la réalité le fait voir rouge. Et ce besoin de violence tente maladroitement de recouvrir le chagrin et l’amertume enfouis en lui que cette ultime réplique a achevé de déterrer. Sauf qu’on les entend dans sa voix alors qu’il répond, hurle à plein poumon, montre les crocs pour impressionner. Qu’on oublie qu’il a des faiblesses. Désespéré, paniqué.
▬ J’ai pensé à elle ! À elle et à l’autre connard de chicano !!
Souffle court, il des airs d’animal traqué, acculé, pris au piège. Tous les regards tournés vers lui lui mettent une pression monstre. Mentir aux autres, mentir au monde entier, facile. Au monde entier mis à part celui qui le tenait à sa merci et venait de le tabasser sans hésitation. On maîtrise la parole mais rarement les pensées.
Il le tenait.
Et il est fatigué Léo’, lessivé par ce jeu, par cette course qu’il aura endurée jusqu’au bout, anéanti par le dénouement. Lassé du mensonge inutile désormais. Reposant sa tête sur le sol poussiéreux et inconfortable, il relève légèrement le menton, trouve le moyen de le toiser. Et le sourire narquois que ses lèvres abîmées esquisse semble alors pathétique et fané.
▬ Pourquoi j’lui ai rien dit ? Mais t’es vraiment trop con, Ackland. Enfin, ça m’étonne pas que t’y connaisses rien vu comment la plupart de tes relations sont foireuses..
Ses épaules se haussent à peine. Il le fixe, passe d’un iris à l’autre, attend une quelconque réaction, un autre coup peut-être. Il cherche, Léo’. Quoi dire, quoi faire, quoi être. Son cœur se serre, se fait petit dans la cage osseuse que les regrets enserrent. Heath a blessé le corps et l’écho des coups a inévitablement troublé l’esprit. Touché. On entendrait presque le masque se craqueler et commencer à s’effriter. Dégoûté de lui même et de ses actes, il n’a qu’une envie, c’est de voir ce doppelgänger payer pour tout ce qu’il a fait. Un peu de justice et de bon sens dans toute l’absurdité de sa vie.
▬ On m’a donné ma chance et j’ai pas su la saisir. J’ai tout gâché. Comme d’habitude. Faut passer son tour à un moment, tu piges ?
Non, bien sûr que non, tu ne piges pas. Même moi, je ne pige pas. Comment pourrait-il comprendre le fait de l’avoir regardé s’éloigner, le fait de l’avoir poussé le plus loin possible, le fait de la laisser partir sans un mot ? Il déglutit difficilement, sent qu’il va craquer. Il l’aime. Et elle aussi. Non, ce n’était toujours pas passé. Mais bientôt. Elle ne s’en faisait pas pour ça. Lui, si. Venin.
▬ Le plus drôle dans l’histoire c’est que jusqu’au bout c’est moi qu’elle a aimé. Källström elle en a pas été amoureuse UNE SEULE seconde.
La réplique qu’il cherchait. C’est dit sur un ton moqueur, terriblement blessant, ponctué par un ricanement hautain à souhait. Légitime défense, instinct de survie. Il fallait qu’il empoisonne Ackland avant qu’il ne le fasse plonger. Acerbe, il lui lance le regard le plus dédaigneux dont il est capable, s’accrochant désespérément à une fierté meurtrie.
▬ Et t’auras beau me cogner ça changera rien.
Sourire. Frappe moi. Frappe moi. Qu’on me force à me taire.
InvitéInvité
Sujet: Re: The things we lost Ven 25 Juil 2014 - 20:43
Léocade Remington & Heath D. Ackland
« J’ai pensé à elle ! À elle et à l’autre connard de chicano !! »
N’ai pas en plus l’audace de l’insulter lui. Lorsqu’il achève sa phrase, mon poing se resserre autour de sa chemise. Je suis toujours sur lui, les poings serrés, ma cravate rouge tombant sur la sienne, la souillant comme je souille son visage en le rouant de coups. Déja quatre coups de poings, et le sang apparaît sur ses lèvres, sa joue est rougie. J’ai déchainé sur lui ma rage, celle de Joach, celle de Johanna, mais également celle de RED et de tout les rouges. Parce-que Léocade passe son temps à nous rabaisser, à se vanter, immature, impitoyable et ridicule. Et son petit jeu marche. Il provoque ma rage, à chaque mot, et il a fini par la trouver: il en portera les marques quelques semaines. Et quelque part, je l’en remercie. Je le remercie de m’avoir donné les raisons de démonter sa petite gueule.
Qui est supérieur, maintenant, Remington ? Maintenant que je suis sur toi à te démonter la gueule et que tu te protège lamentablement de tes bras maigrelets ?
« Pourquoi j’lui ai rien dit ? Mais t’es vraiment trop con, Ackland. Enfin, ça m’étonne pas que t’y connaisses rien vu comment la plupart de tes relations sont foireuses.. »
Tu m’atteindras pas avec ça. Je le sais, qu’elles sont foireuses, je le sais que je gâche toujours tout. Mais je pourrais faire toutes les erreurs au monde, je serai toujours moins salaud et moins con que toi. Parce-que ta méchanceté est gratuite et infondée là où mes erreurs sont involontaires et regrettées. Tu es un déchet, Léocade, et tu aura beau essayer de me rabaisser autant que tu le veux, je me sentirai éternellement supérieur à toi. Plus intelligent, plus fort, plus mature, plus tout. Tu n’est qu’une petite merde, et je regrette d’avoir eu un certain intérêt pour toi pendant une période. Période pendant laquelle je t’ai pris comme chanteur pour mon propre groupe de musique.
Joach avait raison, sur toute la ligne. Ca m’apprendra à mettre sa parole en doute.
Et elles sont là, les pensées de Léocade. Il est écoeuré de lui-même. Et cette émotion, que je ressens grâce à mon don incontrôlé, je m’en nourris. Parce-qu’il ne l’avouera jamais, n’y pensera même probablement plus une fois debout. Ces secondes sont précieuses, ses faiblesses sont un trésor que je dévore.
« On m’a donné ma chance et j’ai pas su la saisir. J’ai tout gâché. Comme d’habitude. Faut passer son tour à un moment, tu piges ? »
Et c’était la meilleure chose à faire. Joach était la meilleure chose qui puisse arriver à Johanna, et Heath en veut à celle-ci. Il lui en veut d’être parti, mais surtout de ne pas lui avoir rendu son amour. Il le méritait, plus que quiconque ne le méritera jamais. Et le fait que l’amour de Joach était à sens unique était connu de tous, tabou; on en parlait pas, le fait que tout le monde le sache rendait déja le tout awkward - et seuls certains d’entre nous comprenaient la raison. Léocade. Elle l’a aimé, et l’aime toujours. Elle aimait Léocade alors que Joach l’aimait elle, comme un fou.
- Le plus drôle dans l’histoire c’est que jusqu’au bout c’est moi qu’elle a aimé. Källström elle en a pas été amoureuse UNE SEULE seconde. - Ta gueule. - Et t’auras beau me cogner ça changera rien.
Il n’a pas besoin de mon don, il sait que je pense à ça, il sait combien ça m’écoeure. Il sait que toucher Joach est le meilleur moyen de m’atteindre, et ses mots sont parfaits, il ne pourrait être plus blessant. Léocade maîtrise l’art de la provocation à la perfection. Il sait trouver les mots, comme moi, nous savons les manier. Mais tandis que je sais convaincre et mener, lui sait blesser; son seul but est de faire du mal, et cette méchanceté gratuite m’écoeure. Comme l’arrogance qui brille encore dans son regard alors que je suis clairement en position de force, et que je viens de lui martler la gueule de coups de poings. Sa fierté est encore là, provocante, alors que lui-même se haît.
Mais j’ai beau être sur lui à le frapper, je ne suis pas un violent impulsif. J’ai la capacité de savoir garder mon sang froid, plus que Gautier, Pytha, Skygge, ou même Neil. Et aussi blessants et vrais que soient ses mots, je trouve la force de ne pas le frapper. Parce-que c’est ce qu’il veut désormais. Je domine depuis toute à l’heure, mais si j’en viens à faire ce qu’il souhaite, c’est lui qui dominera. Il me provoque, il veut me pousser à faire le mal. Et j’en ai grandement envie. Mes poings sont toujours clos, mon sang bouillonne. Red. Mais j’inspire, profondément, le regarde de haut. Alors je déglutis, et bouge enfin pour me relever.
« C’est pas plus mal. Pour elle tu n’sera qu’un mauvais souvenir, le connard qu’elle a aimé, un parmi d’autres, alors que Joach sera son plus beau souvenir, et pour bien plus longtemps. »
Un coup de pied. Parce-qu’il me débecte. J’affiche alors un sourire goguenard, le toisant de haut.
« Et lui au moins l’a eu entièrement, alors qu’à toi elle ne t’a jamais accordé ça. Pas trop frustré ? »
Un regard aux alentours. Je voyais tellement rouge jusqu’ici que je n’avais pas remarqué l’attroupement important autour de nous. Ils sont là, de toutes classes, de tout âges. Un rassemblement multicolore autour de nous, et tous nous fixent; c’est visiblement Hannah qui s’acharnait à me relever - un regard pour elle, et je la pousse doucement d'une pression sur l'épaule, l'éloigne de moi, parce-que dans cet état c'est plus prudent. Joach quand à lui est plus loin, se retenant probablement de venir tout simplement buter Léocade. Mon regard glisse sur tout ces élèves qui nous regardent, sur leur nombre, sur leurs cravates de toutes classes confondues. Et mes yeux retombent sur Léocade. Me reviennent en tête ses commentaires, ses tweets, son attitude supérieure, ses pensées à notre égard.
« De la part des E. » Et je lui crache dessus. « Supériorité, mon cul. Merdeux. » Le Rouge qui bully l’intello de A à terre. Classique. Après tout, autant assumer nos réputations communes. Autant jouer, pour quelques secondes, le E écervelé qui ne connaît que la violence et se déchaine sur un A. C’est ce que voient tout ces gens à cet instant. C’est le spectacle que j’offre. Et dans moins de deux heures, tout le monde parlera d’Heath Ackland, le rouge, qui a cassé la gueule et craché sur Léocade Remington le A.
Elle est où ta supériorité, ducon ?
Et je me détourne, me désintéresse de lui, de ses répliques, d’une quelconque réaction. Quand bien même il se relevait pour m’attaquer dans le dos, j’suis toujours prêt à le recoller par terre pour lui mettre une deuxième tournée. Léocade est maigre, plus jeune, plus frêle, et son pouvoir lui est inutile contre moi. Je le domine sur tout les points, il n’a que ses mots pour me blesser, et moi j’ai la capacité de passer outre.
Ouais, réellement, il a beau parler autant qu’il veut, je me sentirais toujours supérieur à lui. Et je viens de le prouver à toute cette foule qui nous regarde.
Sujet: Re: The things we lost Ven 25 Juil 2014 - 23:56
the things we lost
∆ Frappe. Ils se toisent, en chien de faïence, jaugent lequel sera le premier à craquer, à flancher. Coup dans l’eau. La provoc’ n’a pas eu l’effet escompté. Il voit le brasier dans son regard, il y répond, l’alimente comme il peut, mais Heath a réussi à désamorcer la bombe. Secondes de latence. Frappe, qu’est-ce que tu attends ? Mais Léo’ le sent, le sait. Ça n’a pas suffit. Il n’est pas allé assez loin. Face à un adversaire de taille, et vu l’état dans lequel il est ces derniers temps. Pas la force, pas l'acharnement. C’est comme si toute cette hargne lui avait été arraché au moment où Jo’ était partie. Au moment où il avait cessé de se battre pour laisser Ackland le tabasser sans entrave. Plus envie. Il fait toujours semblant, Léo’. Regard ampli de rancœur et de lassitude, alors que le E ne daigne même plus lui faire mal et se lève.
« C’est pas plus mal. Pour elle tu n’sera qu’un mauvais souvenir, le connard qu’elle a aimé, un parmi d’autres, alors que Joach sera son plus beau souvenir, et pour bien plus longtemps. »
Ultime coup. On lui vole son souffle, il étouffe, il a mal, Léo’. Tout son corps le fait souffrir, la décharge part des côtes qui encaissent, suit le circuit des nerfs, envahi sa chair. Marqué au fer. Reposant sur le flanc, comme échoué, position foetale rien qu’un instant, réflexe tardif pour se protéger. Douleur. Larmes perlant aux commissures des paupières scellées. Rage. « Et lui au moins l’a eu entièrement, alors qu’à toi elle ne t’a jamais accordé ça. Pas trop frustré ? »
Tristesse, même si il peine à se l’avouer. Ses yeux se rouvrent finalement. Il faut qu’il se relève. Il le faut. Il n’en a pas envie, il voulait qu’on le batte jusqu’à perdre connaissance, dormir, oublier. Trop tard. Une dizaine de secondes sont passée désormais. Vite. Une main à terre. Il s’appuie comme il peut pour se redresser, fébrile, tremblant. Pitoyable. Pas assez rapide. « De la part des E. » Mine dégoûtée. Main gauche rapatriant à l’aveugle le revers de sa manche sur sa joue, pour essuyer l’humiliation de trop. « Supériorité, mon cul. Merdeux. » Mais il est bien trop triste pour réaliser le but de cette mascarade. Encore à terre, à peine remis, loin d’être debout, l’accablement dans les yeux. Désespoir flagrant.
▬ Je sais… je sais tout ça… Et t’es au courant aussi.
Il désigne sa tempe du doigt, calibre fictif qui pointe son crâne, menace de tout faire sauter. Il a lu en lui. La colère, la haine, les remords, Heath les a tous réveillé, tout remonte et l’enivre. Il se lève, sur ses deux pieds, non sans une certaine fierté. Toujours là, il en faut plus pour l’écraser. Mais il se demande. Saphirs qui questionnent, posés sur Heath. Le but, quel était le but ? Tout ça pour quoi ?
▬ T’as dû entrevoir tout ce qu’il se passe là-dedans, pas vrai Ackland ? De la frustration, c’est vraiment c’que t’as décelé ? Le masque est tombé, connard, t’es content ? Folie. C’était de la folie. Vertige. Il a eu son corps, sa sympathie au mieux, sa pitié dans le pire des cas, rien que ça, et j’en ai rien à foutre. J’ai eu son cœur, la seule frustration que je ressens c’est parce que je me suis contenté de le piétiner. Alors que je l’aime. Je l’aime je l’aime je l’aime. Tu comprends tout ça, je sais que tu comprends, alors à quoi tu joues Ackland ?
L’envie de bousculer, de rendre les coups. Ce besoin de justice, de rétablir l’équilibre que cet enfoiré avait molesté sans pitié, cet équilibre que Léo’ peine à maintenir en temps normal. Perturbé. On le comprend et on le frappe. On le comprend et il dégoûte. On se désintéresse, il n’est plus rien. Au milieu de tous, il fusille du regard Heath qui lui fait dos. Silence. Le temps de corréler les informations. Au milieu de tous. La foule. Les regards. L’arène. Déclic. Et la tempête se calme tout à coup. Black out. Il en a presque le tournis tellement la situation lui semble logique désormais.
▬ Mais tu t'en fous. Il te fallait une excuse pour cogner du A, histoire de montrer l’exemple… Soupir. Utiliser cette embrouille pour servir tes propres intérêts, qui est le plus dégueulasse de nous deux ?
Lequel de nous deux y a prit le plus de plaisir ? Ackland sent la satisfaction à plein nez. Il a sûrement le sentiment d’avoir rendu service, d’avoir appliqué sa justice. Tout ça n’est qu’un procès qui n’a même pas lieu d’être, de l’humiliation gratuite. Pour rendre service à qui ? Joach, sa putain officieuse ? Très drôle. Si tu avais voulu faire plaisir à tes proches, Ackland, tu aurais mieux fait de me tenir pendant qu’EUX, me frappent. C’était sa vengeance à lui, sous le joug de motifs hypocrites. Tout ça pour montrer qui est le patron. C’était ça depuis le début.
▬ Ladies and gentlemeeen, voici ce qui arrive lorsqu’un A exhibe sa supériorité !
Il se tourne vers le public, sourire charmeur aux lèvres, illuminant son faciès abîmé. Il mime même une petite révérence, the show must go on. Souffle dédaigneux, alors qu’il passe le dos de sa main sur le bas de son visage pour en enlever vaguement le sang. Tâché de cette couleur. Sa couleur. Rouge vermeil. RED. C’était vachement ironique quand même. Il arrive à en sourire, il baisse les yeux et secoue doucement la tête. Et puis il se redresse, prend une inspiration. Regards curieux. Qu’est-ce qu’ils veulent, tous ? Qu’il donne raison à Heath ? Ils veulent une nouvelle dose de violence ? Léo’ les dévisage un par un, blasé. Au point où on en est..
▬ On est aussi démunis que toi, Heath. Aussi perdus et terrifiés. On se sent tous monstrueux. Affublés d’un putain de don qu’on gère comme on peut. Mais faut apprendre à s'tenir, t'auras pas tous les jours une excuse pour venir me cogner histoire de décharger ta frustration tsais.
Haussement d’épaules. Il se risque à regarder le E, sans mépris aucun pour une fois. Pas besoin de s’inventer une fierté, Léo’ est sûr d’avoir raison. Il l’a cerné pour de bon cette fois ci. Et dire qu’il a fallu qu’il se prenne quelques droites et un kick dans le bide pour comprendre comment fonctionnait ce type. Fini le sourire, ses sourcils se froncent et il s’avance, l’affronte. Il se dresse contre le leader de la vague rouge.
▬ Tu revendiques ta marginalité ? On est TOUS marginal. Regarde autour de toi. Je sais que c’est difficile mais essaye de porter ton attention sur autre chose que ta petite personne, les filles que tu baises et tes potes.
Il écarte les bras, désigne les gens qui les entourent, les élèves aux uniformes semblables et pourtant si différents. Ces laissez-passer qui ouvrent la salle des privilèges à l’élite. Reculant de quelques pas, il se mêle à eux, s’amuse à tirer sur la cravate cyan d’un élève en B. Éclat de rire.
▬ Tu leur enlèves leur couleur, ils sont plus rien ! No shit, Sherlock !
“Supériorité, mon cul”. Tu veux défendre les défavorisés, Ackland ? Alors il défendra la supériorité. Il veut la justifier pour une fois, se placer entre elle et ce dégénéré qui n’y comprend rien. La risette s’estompe. Il l’aurait laissé partir si il s’était contenté de le tabasser pour son comportement envers Johanna et Joach. Mais son discours de justicier vient de réveiller une haine dévastatrice en lui. Besoin de se battre. Il s’avance, d’un pas tranquille, confiant.
▬ On nous a permis de nous sentir moins merdique, de regagner un minimum d’estime de nous. Dehors on serait que dalle. Et toi t’arrives, tu piétines tout ce qui nous permet de nous sentir bien. Tu brûles le foyer qui t’a accueilli, et toutes les personnes qui peuvent se trouver dedans. Tous nos efforts, tout notre boulot. Mais en cherchant à nous détruire, tu vas te détruire avec Heath. Ne crois pas en réchapper, la déflagration emportera tout avec elle, toi avec. Tu te bats contre des victimes, contre tes alliés, t’es en train d’égorger tes frères et tes sœurs. Et avec la petite mise en scène à laquelle ils viennent d’assister tu prouves que tu te fous de leur gueule.
Sa main saisit le col du haut d’Ackland et il le tourne fermement vers lui. Lis dans mes pensées, connard. Tu captes bien là ? La noirceur dans ses yeux. Tu comprends ce que je ressens, tout ce que je ressens, et pourtant t’as continué à me cogner, t’es allé jusqu’au bout pour me foutre à terre. Pour Joach ? Vaguement. Pour Johanna ? Me fais pas rire.
▬ Tu m’impliques dans ton délire, tu t’approches encore une fois de moi et je te jure que je trouve un moyen de te buter. Ta campagne de propagande tu te la carres où j’pense. De ma part. De la part des A. Et des autres. De nous tous. Pseudo leader de mon cul.
Il le lâche, chancelant, porte le revers de sa manche à son nez qui saigne encore. Yeux revolvers. En espérant que tu te plantes royalement, cordialement. Rien à foutre de sa réplique, de base c'était pas un dialogue. Alors vas-y Ackland, je sais que tu vas te rattraper et endosser le rôle du gentil de l'histoire. Et désormais je suis le méchant. Comme ça on est au clair.
InvitéInvité
Sujet: Re: The things we lost Sam 26 Juil 2014 - 13:40
« T’as dû entrevoir tout ce qu’il se passe là-dedans, pas vrai Ackland ? De la frustration, c’est vraiment c’que t’as décelé ? Le masque est tombé, connard, t’es content ?! »
Je l’écoute pas. J’me retourne même pas. J’ai fais ce que j’avais à faire, j’en tremble encore de rage, le souffle court; je n’avais pas été violent depuis... non, en fait je n’ai jamais été si violent. Parce-qu’il y a toujours eu Skygge, Neil, ces mecs qui me défendaient, ces mecs qui donnaient et se prenaient les coups à ma place. Mais cette fois j’ai été le premier et le seul à agir. Neil n’est plus là, il ne le sera plus jamais. J’ai toujours été celui qui calme les autres, qui apaise les tensions, jamais dans le rôle de la brute. Et les articulations de mes mains me font désormais mal, maintenant que la folie aveugle est passée, je me rend compte, j’me rend compte de mes actes et ça me trouble plus encore que le reste. J’ai pété un câble, je pète littéralement tout mes câbles avec cette histoire, avec ce combat. Je change, j’évolu, j’me perd autant que je me construit; et là j’ai juste l’impression d’être fou.
Mon regard glisse sur Charlie, Hannah, Joach, Skygge. Ils sont tous là, tous choqués de me voir dans cet état, de me voir fulminer, sortir de mes gonds, et être le plus violent d’entre nous. Aucun d’eux n’a pu bouger, tous ont été abasourdis, pétrifiés de me voir devenir aussi fou. Seule Hannah a pu s’approcher de moi, essayer de me relever de sur Léo, parce-qu’elle me connaît moins que tout les autres, elle ne comprend pas à quel point je ne suis pas moi-même en cet instant. Ou peut-être est-ce que c’est le nouveau moi. Le Rouge. C’est ça ? Je dois assumer de mener le mouvement de casseurs rebelles, mais aussi de violents ? Notre règle est de ne faire du mal à personne, de simplement nous défendre en cas d’attaque, mais je me suis littéralement jeté sur Léocade pour le rouer de coups. J’inspire, j’me sens paumé, dos à un Léocade qui me parle et que je n’écoute pas. Moi aussi j’ai le regard embué, il fixe désormais le portail derrière lequel a disparû Johanna. Je cille, mon regard tombe sur Joach qui me fixe. C’est lui. C’est ses larmes qui m’ont rendu fou. C’est sa souffrance qui me rend... mad. Mais la Colère est passée, elle est passée à travers mes poings, a quitté mon corps pour s’écraser lourdement sur le visage de Léocade. Et désormais je me sens paumé. Juste paumé. Et fatigué. Qu’il parle, Léocade. je l’entend dans mon dos, à faire le serpent, comme toujours, à soigner son image et faire le gentil devant les autres. A gagner la faveur du peuple. Il est fort à ça Léocade. Il trompe son monde. ... Et ça ne peut que faire écho à ce que je fais moi-même. Mais qu’il parle, j’ai la capacité de passer au dessus de ça. Y’a pas grand chose qu’il puisse dire qui me...
« Regarde autour de toi. Je sais que c’est difficile mais essaye de porter ton attention sur autre chose que ta petite personne, les filles que tu baises et tes potes. »
Décharge. Je me suis arrêté alors que mon cerveau hurle à mes jambes de me porter loin d’ici. Mais ses mots raisonnent en moi, j’ai le coeur qui s’accélère, le sang qui ne fait qu’un tour, et je fulmine, poings serrés, fixant le regard de Joach pour ne pas simplement me retourner et me jeter de nouveau sur lui pour finir le travail. Je fixe ce mec qui me connaît mieux que personne, mieux que moi-même, celui qui me rend meilleur. Je le fixe, inspire, m’accroche à lui mentalement, avec force, tandis que Léocade déchaîne la tempête de mes sentiments.
Anchor.
« Tu leur enlèves leur couleur, ils sont plus rien ! No shit, Sherlock ! On nous a permis de nous sentir moins merdique, de regagner un minimum d’estime de nous. Dehors on serait que dalle. Et toi t’arrives, tu piétines tout ce qui nous permet de nous sentir bien. Tu brûles le foyer qui t’a accueilli, et toutes les personnes qui peuvent se trouver dedans. Tous nos efforts, tout notre boulot. »
Mais en cherchant à nous détruire, tu vas te détruire avec Heath. Ne crois pas en réchapper, la déflagration emportera tout avec elle, toi avec.
Ses pensées s’insinuent en moi, cognent contre mes tempes. Je ferme les yeux, faisant le plus grand des efforts pour retrouver la force de me barrer, ne pas l’écouter, le laisser faire la roue devant la foule comme il le fait si bien - mais seul. Jouer au généreux héro c’est son nouveau rôle, pas le mien. Pas comme ça. Pas en mentant délibérément aux élèves, en rampant à leurs côtés pour leurs susurrer ce qu’ils veulent entendre. Léo ne cherche qu’à se faire aimer, moi je m’en fiche. ma réputation a été foutue en l’air depuis longtemps, j’ai plus rien à perdre.
« Tu te bats contre des victimes, contre tes alliés, t’es en train d’égorger tes frères et tes sœurs. Et avec la petite mise en scène à laquelle ils viennent d’assister tu prouves que tu te fous de leur gueule. »
J’éclate de rire, hoche la tête, me détourne de Joach pour vriller sur Léocade un regard dédaigneux, mais le sourire large. Sarcastique, tout dans mon attitude démontre le dégoût que j’ai pour lui désormais, et je le provoque du regard, souriant. Je souris parce-qu’il est fort, Léocade. Il est très fort. Comprennent-ils, tous ? Ou est-ce qu’ils tombent dans le piège ? Bien-sûr qu’ils tombent dedans. Léo est plus que convaincant.
Mais tu peux pas convaincre par tes belles paroles celui qui a accès à tes pensées. Tu peux pas convaincre celui sur qui tu crache depuis toujours que tu es une personne de bien, généreuse et empathique. A d’autres, mais pas à moi Léo. ... C’est pas moi que tu cherche à convaince de toute façon, tu sais que moi je ne suis pas dupe. Mais eux, dans leur grande neutralité et leur désir de paix, ils sont prêts à croire le serpent que tu es.
Et avant même que je ne réalise, Léocade m’a saisit le col, provoquant, tombé mais bien vite relevé. Nos fiertés s’affrontent, comme le font nos regards, nos faciès rongés par le sarcasme et la provocation. La haine dans les yeux, elles semblent suinter sur nos peaux, et je ne cille pas, plongeant mon regard au plus profond du sien. Ses pensées, je les entend, des murmures au milieu de ceux de la foule; une cacophonie dans mes oreilles, dans mon esprit, de quoi me rendre fou - mais je le suis déja, dément, je répond à ses mots par le plus large des sourires, dégoulinant d’arrogance et de défi à l’égard du A tandis qu’il me menace purement et simplement.
On a un peu parlé, Léo. Entre deux répéts, toi près du micro, moi assis à ma batterie, on a discuté, on a rigolé. On s’est apprécié.
Face à face, mon amertume est nourrie de ces moments de complicité qui volent en éclat comme nos voix, comme mes coups; tout explose, tout est foutu en l’air. Mais on est forts à ça, toi et moi, hein Léo ? On trompe notre monde, on encaisse, on accumule. Fallait bien que ça explose, autant pour toi que pour moi, y’a trop de choses qui bouillonnent pour nous deux depuis trop longtemps. Ne sommes nous pas l’un pour l’autre l’adversaire parfait pour un tel moment ? C’est brilliant.
« Bon Prince... » Mon sourire dément ne m’a pas quitté, et j’éclate de rire, fou, me décale de quelques pas pour lui tourner autour, narquois. « Léocade le Généreux, le défenseur du peuple. Le Héro. On aura tout vu. » Et malgré une pause je ne lui laisse pas le temps de répliquer, plissant les yeux, penchant la tête, faisant mine de réfléchir. « Mais attend... On parle bien du Léocade qui passe sa vie à poster des commentaires égoïstes, arrogants et moqueurs ? C’est trop tard pour revêtir le costume du héro, tu peux plus, pas après avoir écrit en public que tu te réjouis des privilèges des A et te moque ouvertement des inégalités que subissent les autres. Essai pas de te fondre dans une masse Léocade, t’es seul, t’a toujours été seul. T’en a rien à foutre d’eux, mais alors rien. Inverse pas les rôles, c’est toi l’égoïste, égoïste au point de préférer ton image de bg célibataire plutôt que d’assumer aux yeux de tous que t’aime une autre personne que toi-même. Me parle pas d’égoïsme, à moi, - je le pousse doucement d’une main sur le torse - quand j’ai passé près d’un an à essayer de changer un système pour TOUS. T’a fais quoi toi cette année Léocade ? T’a fais QUOI pendant que j’étais dans le bureau de Ruthel a demander que les profs viennent en cours ? t’étais OÙ quand j’essayais d’donner un avenir aux dangereux élèves qui sont FOUTUS ? Laisse-moi deviner, t’étais au skatepark à faire ton chaud, à flirter d’une fille à l’autre en ayant pour seul but qu’elles bavent TOUTES sur toi ? Catch’ them all ! Ca joue avec les coeurs de tout le monde, y compris de son meilleur ami, et ça vient parler d’égoïsme ! J'le suis sur bien des points, je te l'accorde, mais pas pour RED. » J’me détourne, revient à la seconde pour clarifier un point qui n’a aucune importance. « Ouais ton meilleur ami ouais, ducon, même Ernest il a mal au coeur avec tes conneries, sors toi les yeux du cul, abruti. » Je souffle, m’écarte, vais pour me casser mais pas moyen, y’a encore bien trop de choses qui me brûlent pour que j’ai la présence d’esprit de partir. « J’suis pas parfait, mes relations je les foire, et les coeurs je les brise aussi. Mais me parle pas d’égoïsme et de faire volontairement souffrir les autres. Parce-que mes “frères et soeurs”, comme tu les appelles... - cette fois mon regard glisse sur eux tous - mes frères et soeurs, c’est eux ? Ceux qui nous regardent de haut parce-qu’on a du rouge autour du cou, ceux qui sont écoeurés quand ils marchent “à l’étage des nuls”, ceux qui se moquent de l’état de notre salle, nous appellent les loosers, se croient supérieur parce-qu’ils ont eu plus de chance ?! Ils rient de la merde dans laquelle on est, toi le premier, et je devrais les considérer comme ma famille ? Fuck off. Ma famille aurait porté une cravate grise et ne serait pas retournée en cours tant qu’on obtient pas TOUS les mêmes droits. Ici c’est chacun sa gueule, ça l’a toujours été, et t’es le premier à montrer cet exemple, alors viens pas faire ton Prince pour essayer de redorer ta belle image après t’être fait humilier. Ton image c’est tout ce que t’a, c’est tout ce qui compte, et te jouer d’eux pour essayer de la garder, c’est plus bas que tout. »
Le souffle court, j’ai l’impression que je vais m’écrouler tellement tout explose, partout. Mais j’arrive pas à arrêter la machine. On fire. Mais j’ai une dernière chose à dire. Je m’approche de lui, au plus près, le toisant.
« Si j’étais égoïste j’aurai pris la cravate verte que Ruthel nous a offert à Joach et moi. Y’a pas moins d’trois jours, on nous a proposé de passer en C tout les deux. Parce-qu’on a progressé, et parce-qu’on a essayé de nous acheter pour nous faire taire. Si j’étais égoïste, j’aurai posé mon cul dans ces p’tits fauteuils déja bien moelleux et j’aurai rencontré des profs qui n’ont jamais daigné poser un pied dans notre salle. » Je renifle, m’écarte, écoeuré.
« Mais j’monterai pas pour sauver mon cul en sachant qu’il y en a d’autres derrière qui galèrent, et qu’on laisse VOLONTAIREMENT dans la merde. Parce-qu’offrir les mêmes privilèges à tout le monde ça coûterai trop cher. On veut pas retirer aux A leur confort, et on peut pas l’offrir à tous, alors on prend à ceux qui ont le moins de moyens de se rebeller. C’est comme ça que le monde entier tourne toute façon. Mais là où toi tu joue l’américain obèse qui chie de l’or sur nos gueules en riant fort, moi j’préfère patauger dans la merde en aidant les autres. Même si j’ai les capacités d’avoir plus. Et j’ai aucun remord à abîmer vos jolies voitures pour dire que c’monde tourne pas rond. Fallait pas me rouler dessus avec. C’est votre arrogance qui a crée RED, si vous aviez été solidaires et aidant dès le début, on en serait pas là, faut pas venir chouiner après avoir fait le mal, toi le premier, connard. Mais vu que c’est chacun son cul depuis le début, j’joue comme ça aussi. Et le mien est rouge, et maintenant que vous avez passé 4 ans à me le kick, il vous emmerde. Contrairement à votre connerie, ma patience a ses limites. J'ai pas besoin de frères qui se moquent de mes lacunes qu'on aide pas et me rabaissent à la première occasion. "Allez, salut."»