Rencontre choc || PV Ada

Une journée ordinaire à Prismver. Enfin, ordinaire pour un pratiquant de la magie... Et encore, même pour eux, la jeune fille qui sautillait au plafond, dans son monde à gravité inversé et légère, n'était pas des plus communes, du fait de l'usage immodéré (et un rien illégal) de son don.
Solvieg venait de terminer un cours de mathématique, qu'elle avait essentiellement passée à terminer le dessin d'une moulure qu'elle avait aperçut dans le recoin d'une salle à l'étage de l'élite.
Le professeur l'avait bien remarqué, mais il savait qu'interroger Solveig, même quand elle n'écoutait pas, c'était prendre le risque qu'elle connaisse la réponse. Ou pire : qu'elle puisse la démontrer ou argumenter dessus, gaspillant plus de précieux temps d'enseignement dans une conversation obtuse.

A peine sortie de la salle, Solveig s'écarta des autres élèves (d'ailleurs peu s'approchaient d'elle naturellement) et inversa la gravité pour se retrouver au plafond.
Là, alors que ses condisciples se dispersaient, elle pu enfin terminer son croquis.
En cette fin d'après-midi, la lumière heurtait de manière intéressante les fenêtre, faisant resplendir les rideaux rouge de l'étage des privilégiés et baignant le couloir d'une splendide lueur, soulignant certain détails architecturaux plaisant aux yeux de l'adolescente.
Elle décida donc de rester un peu et de se promener dans les couloirs. Ou plutôt au dessus de ceux-ci.
Sans compter que cela repoussait la corvée, l'épreuve qu'elle devait affronter chaque jour : le retour à son bungalow. Une course effectuée à toute jambe, l'esprit fébrile et terrifié par l'immense ciel vide au dessus d'elle, qu'elle n'osait regarder.

Mais pour l'instant, toute l'attention de la norvégienne était à ses dessins, qu'elle effectuait en sautillant (elle avait encore une fois baisser sa gravité inversé, diminuant son poids et son attachement au solplafond.
Elle était captivé par un motif du tapis, que révélait sa position et remontait lentement le couloir, tête en bas pour une personne normale, sans prêtait attention à autre chose que son dessin.
Normal : perchée au plafond, on est loin des bousculades avec les autres élèves. Il faut juste faire gaffe aux lustres.
Et aux portes, même les majestueuses de l'étage : il y a toujours un petit saut pour les franchir (vu qu'elles ne vont pas jusqu'au plafond), ce que fit Solveig sans même réfléchir, sans même regarder devant elle.

Elle n'eut le temps que de voir une écharpe bleu flotter devant elle, accompagner d'un corps lui aussi bien plus haut que la normale, et qui lui masqua les yeux.
Puis ce fut le choc entre deux boîtes crâniennes :  sec, rude, avec le son de deux boules de billards s'entrechoquant, mais heureusement réduit par la faible gravité qui entourait la norvégienne.
La surprise et la douleur firent lâcher un juron absolument obscène en norvégien à l'adolescente.
Sous l'impact, elle perdit la maîtrise de son don, du moins la partie qui déterminait le sens de la gravité... Et donc en plus d'avoir cogner quelqu'un, Solveig s'abattit sur lui (qui s'avéra être une elle), heureusement en ne pesant que la moitié de son poids normal.
"Attent..." tenta-elle vainement de crier avant de tomber sur une de ses camarades de classe au cheveux bleutés...

Elle avait heurté quelqu'un, une jeune fille à la longue écharpe bleu, avec des cheveux eux aussi azur.
Bravo Solveig, déjà que ton don t'isolait des autres, voilà maintenant qu'il te permet de leur donner des coups de boules...

"Désolée. Je ne regardais pas devant moi." déclara la jeune fille, devançant la norvégienne dans ces excuses.
Solveig l'examina : plus petite qu'elle, sa pâleur ne semblait pas lié au choc et elle avait fait une phrase cohérente.
Bref : elle n'était pas blessée. Ouf.
Par contre, comme elle, elle allait avoir une jolie bosse sous peu...

"Désolé également, j'étais en train de dessiner en marchant et donc je ne regardais pas où j'aller non plus. Pas la meilleure idée au monde..."
Ceci dit, comment l'avait-elle heurtée au juste ? L'adolescente était plus petite qu'elle... A part quelques basketteurs, le professeur Bianchi ou une grande perche de mec, la hauteur sous plafond de Prismver la mettait normalement hors de portée, même dans l'encablure d'une porte.

Visiblement, elle n'était pas la seule à se poser la question.
"Comment ça se fait que j'ai pu me cogner à toi en fait ?" demanda alors ingénument celle qu'elle écrasait.

Solveig se releva d'un sautillement (facile avec son poids réduit) en grimaçant, se tenant le front.
Avisant que son don était encore partiellement actif (heureusement pour sa malheureuse victime), elle grogna et remit la gravité à la normale, récupérant son poids standard.

La norvégienne tendit une main secourable pour aider la fille au cheveux bleu à se relever.
Cela lui donna le temps de réfléchir à la question, comme à son habitude.

"Eh bien..." commença-t-elle d'un ton docte, réfléchissant à haute-voix. "Vu que tu poses la question, c'est qu'il est anormal que tu heurtes quelqu'un, même en n'y faisant pas attention. Et vu ma surprise, tu dois bien voir que c'est la même chose pour moi... Sachant que je me déplaçais au plafond, cela veut dire aussi que tu m'as heurtée en l'air. J'en déduis donc que tu as un don comme le vol, la lévitation ou un super-saut..."

Solveig avisa alors qu'elle était peut être un peu impoli d'analyser la situation sans même s'être présentée. Ni s'être enquise de la santé de sa victime.
"Oh, pardon !" balbutia-t-elle. "Je parle, je parle et j'en oublie mes manières : mon nom est Solveig Odegard. J'espère ne pas t'avoir fait trop mal..."

Avec la force de l'habitude, elle ouvrit son sac de cours tout en parlant, récupérant la trousse qui contenait son bric-à-brac médical.

"J'ai de la pommade pour ton front, si tu veux : tu risques d'avoir une jolie bosse sinon. Et quelques analgésique genre aspirine." proposa-t-elle à l'autre élève.
Elle hésita un instant avant de poursuivre.
"Et pour répondre à ta question : tu m'as heurté parce que comme toi j'étais en hauteur. Je maitrise la gravité et j'étais alors en mode inversé, une petite lubie personnelle..."

Bon, voilà, voilà. Il fallait espérait que la jeune fille ne prennent pas peur devant l'étrangeté d'une personne qui passait sa vie au plafond...

L'innocente proposition de Solveig sembla soulever un certain enthousiasme chez sa pauvre victime.
"Merci beaucoup! J'en veux bien. Je devrais vraiment faire pareil et avoir une trousse moi aussi. Tu es vraiment gentille."

Le compliment flatta un petit peu l'ego de Solveig, même si son cerveau analytique juger ça simplement normal : elle avait de quoi aider, pourquoi ne le ferait-elle pas ?
D'un sourire, elle tendit la pommade.

La plus ou moins description de son don amena un enthousiasme débordant chez l'autre fille.
"Tu marches sur les plafonds !" s'exclama-t-elle d'un ton joyeux.
Avant que Solveig n'ai pu répondre, elle se retrouva sous un flot de questions excitée... Probablement une douce revanche de l'univers.
"Comment tu fais avec la gravité ? Tu pourras m'expliquer ? Ah, et moi c'est la lévitation. Je peux flotter dans les airs. Je cherchais mon chemin en fait." continua la jeune fille à l'écharpe bleu.
Cette dernière sembla alors réalisé quelque-chose, ce qui amena un petit sourire au coin des lèvres de Solveig.
Elle avait le même défaut : s'emballer dans des raisonnements ou des questionnements au point d'en oublier la sociabilité.
"Pardon, j'ai oublié de me présenter. Je suis Ada Joss. Qu'est-ce que tu dessinais en fait ?" termina celle qui s'appelait donc Ada dans un sourire.

La norvégienne réfléchit, remettant dans l'ordre les questions tendit que la demoiselle au cheveux azurs profitait de sa trousse de secours.

"Enchantée, Ada. Et bien... Mon don est assez complexe à expliquer et à manipuler.... Pour faire simple, disons que je peux définir dans une zone le sens et la puissance de la gravité. Habituellement, je le fais sur moi même ou le plafond, réglant la gravité en sens inverse, ce qui transforme le plafond en sol pour moi...Et pour tout les malheureux qui passe à porté. Heureusement, je centre généralement ça dans une petite zone, à peine assez grande pour me contenir."

Elle sourit. A son tour de bombarder Ada de questions.
"Voilà pour l'explication technique. En gros. Et donc toi, tu te fais léviter ? Intéressant, c'est peut être une autre version d'un pouvoir comme le mien... Tu peux faire léviter d'autres trucs où c'est uniquement personnel ? Tu n'as pas peur de t'envoler ?"

S'envoler était une des plus grande peur de Solveig. Cette phobie était telle qu'elle n'osait mettre un pied en dehors des murs du pensionnat.

Solveig s'attaqua ensuite aux autres questions d'Ada.
"Ah ! Et je dessinais quelques croquis sur l'architecture de ce couloir. Je trouve souvent que voir un bâtiments à l'envers ouvre un oeil neuf sur sa beauté architecturale."
La norvégienne se souvint alors d'un détails de la conversation.
"Et tu cherchais ton chemin ? C'est vrai que le pensionnat peut s'avérer un peu tortueux... Besoin d'aide ? Je le connais plutôt bien à force de le dessiner..."
Et à force de rester cloitrer à l'intérieur, au plafond, loin des autres.
Cette rencontre un peu brutale était déjà un moyen de changer ce dernier point.

Solveig examina alors plus en détail celle qu'elle avait renversée.
Déjà, visiblement elle aimait le bleu. Et la norvégienne réalisa enfin qu'il s'agissait d'un membre de la classe B, comme elle.
Ensuite, elle était plus petite qu'elle. Elle avait apparemment tendance à sourire facilement, un beau sourire franc, visiblement sans la moindre arrière-pensée. Et elle s'enthousiasmait vite.
Hum... Si elle devait parier, elle dirait qu'elle était un poil plus jeune qu'elle. Mais pas sûr : ce ne serait pas la première fois que Solveig se trompait là-dessus.