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 The Day of Wrath [Solo]

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Anonymous
InvitéInvité
MessageSujet: The Day of Wrath [Solo]   The Day of Wrath [Solo] 1400359500-clockLun 18 Aoû 2014 - 15:38
The Day of wrath

Dies Irae by Verdi on Grooveshark

C’était quoi cette mission à la mords-moi-l’noeud sérieusement ? Le Ranker m’avait accepté à ses côtés, j’avais réussi à gagner ses faveurs pour foutre le dawa. Du moins je pensais que c’était chose faite, sauf qu’apparemment, j’avais quelques chats à fouetter avant ça. Et le premier chat… Le seul en fait, il s’appelait Anarchy. Quand on m’avait dit que je devais m’en prendre à elle, j’avais du garder mon self-control et réprimer l’envie de gerber qui m’avait pris les tripes. Le roi des S observait plutôt finement, en fait, pour savoir que mon point faible, c’était ma soeur.

Alors je me retrouvai dans sa cabane, la 11 pour être plus précis. Dans cette chambre dans laquelle je l’avais guidée quand elle était arrivée, quand on avait chialé comme deux gosses pour n’importe quoi et surtout parce qu’on s’était retrouvés après un an de séparation. Je ne souriais pas, je ne faisais pas la gueule, j’affichais seulement un air neutre sur mon visage alors que dans ma tête, tout me hurlait de ne pas le faire. Mes jambes voulaient se bloquer ou m’emmener loin, mon bide voulait se faire la malle hors de sa cage de chair. Tout en moi hurlait la rébellion et faisait un doigt d’honneur levé bien haut au Ranker, parce que c’était ma soeur.

Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Or, je voulais cette place dorée. Je voulais m’élever hors de cette classe où on nous posait l’étiquette “incapable”, “abruti”, “raté de la vie”. Ce que j’étais loin d’être, puisque je maîtrisais mon don à la perfection. ON m’avait collé là parce que j’avais raté l’examen d’un jour, par défaut. Alors depuis, c’était “bouh, le roux il est en E, il est con et il sait rien faire”. Non, je ne suis pas en E. Si je sais faire des choses. ET NON JE NE SUIS PAS ROUX PUTAIN. C’était d’une part pour prouver aux autres que je valais mieux qu’eux et de l’autre, juste pour le plaisir de les emmerder, que j’en étais arrivé là. Ici, dans la chambre de ma soeur.

Les pieds bien ancrés au sol, j’observai les formes ombrageuses qui se dessinaient devant mes yeux. Si seulement Zywia avait été là, elle aurait pu m’aider à voir ce qui se trouvait autour de moi. Mais elle n’aurait peut-être pas cautionné et je ne voulais pas blesser encore quelqu’un d’autre, surtout une personne qui ne s’était jamais moqué de moi et qui était dans la même situation. À l’écoute du moindre bruit, je guettais une trace de présence humaine tout en me dirigeant vers son lit, mon couteau à la main, d’un air du type qui pense “j’ai saigné un mec comme un porc comme ça, méfie-toi dude.”

Un pas devant l’autre, je me penchai sur son lit et éventrai son matelas sans méthode, je déchirai sa couette, bien heureux de ne pas voir de quelle housse la recouvrait actuellement. J’aurais pu voir celle que je lui avais offerte, j’en étais sûr. Même technique sur l’oreiller, dont le rembourrage vola tout autour de moi. Déjà je me faisais l’effet d’un chien qui s’énervait sur le mobilier de son maître parce qu’il était mécontent de sa pâtée. Dans mes gestes brusques, trop nerveux, je m’étais coupé au pouce mais je me foutais de la douleur, le temps d’accomplir ma besogne.

Pourquoi je fais ça…

J’envoyai alors valdinguer le matelas hors du bois de lit, je foutai les affaires sur la table de nuit par terre, au même titre que le contenu des tiroirs de son bureau et du dessus et donnai des coups de pieds dedans, pour bien éparpiller le tout et donner un côté spectaculaire à mon oeuvre dégueulasse. Mais c’était pour mon propre bien. Pour foutre le bordel en toute tranquillité. Pour plaire au Ranker…

Décidant que le sol n’était pas assez recouvert à mon goût, j’ouvrai l’armoire de ma soeur et d’une poigne décidée, je saisis plusieurs vêtements pendus pour les jeter vivement dehors, faisant sauter les cintres de la barre par la même occasion. Ignorant de quelle couleur étaient les habits, je me dis tout de même que cela ajouterait une touche de fantaisie à mon tableau noir. J’ignorai l’odeur qui m’était familière, le toucher des vêtements de ma soeur, tout ce qui aurait pu me stopper dans ma lancée.

Puis ma main rencontra quelque chose de frais. Une sensation de plastique chatouilla le bout de mes doigts et à mesure que je parcourus la surface, j’arrivai à du papier. Un manga. Shonen, yaoi ou peu importe, je savais qu’Anarchy y tenait. À peu près autant que moi je tenais à mes vieux dessins, c’est-à-dire énormément. J’aurais cassé la gueule de toute personne qui y touchait trop. Ce que je m’apprêtai à faire m’écoeurait déjà parce que j’allais toucher aux trésors de ma propre soeur. Si j’avais fait ça à d’autres, cela ne m’aurait absolument pas dérangé mais là… Là c’était différent, on parlait de mon sang, ma chair et ma vie.

Mais je me suis soumis au Ranker, alors je ferais ce qu’on me dit, comme un loup qui suit son Alpha…

Sortant un marqueur permanent de mon sac à dos, coincé entre deux bombes de peinture, j’ouvrai des volumes au hasard et y gribouillait tout et n’importe quoi : spirales, ronds, “tornades”, tout ce qui aurait pu gêner la lecture. Je ne voulais juste pas arracher les pages de ce qu’elle avait accumulé depuis des années, je ne m’y résolvais pas. Une fois le saccage fini, je fermai le placard et sortis ma bombe de peinture, d’une couleur dorée, couleur des S. Quitte à montrer notre suprématie, autant le faire proprement et dans les règles de l’Art.

Malgré ma cécité partielle, mon poignet traça des lettres le long du placard. “BITCH”. Tout ce que ma soeur n’était pas, loin de là. Mais dans son état actuel, les disputes avec Nathan et l’autre petit politiconnard de Gabriel, Anarchy était affaiblie. Je me sentais vraiment mal de lui faire subir ça par égoïsme mais je savais que ça la blesserait. Ca m’accorderait ma place dorée et avec une once de rictus, je laissai bombe et marqueur dans la chambre.

Peut-être que Zelda comprendrait qui était l’auteur des faits, peu importe par quel moyen et ce jour-là, je me mordrais les doigts d’avoir fait ça à ma soeur mais… Je tentai tant bien que mal de me convaincre que c’était pour mon propre bien et le sien, à long terme. Je réprimai la nausée qui m’étreignait le bide et quittai les lieux, laissant tout le reste de la cabane intacte. Sans un sourire, sans l'ombre d'une expression sur le visage. Elle comprendrait que c’était à elle seule qu’on en voulait, et à personne d’autres...

Ca se saurait, tôt ou tard.

Hrp : Allez, j'vais mourir.
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