Aujourd’hui est un grand jour, le jour où RED se retire, où le mouvement disparaît. Ce n’était pas une décision prise à la légère, au contraire. Joach y avait mûrement réfléchi, consulté les personnes qu’il pensait de confiance, ceux qui l’avaient suivi jusqu’au bout, jusqu’à la fin. Anarchy, Orwenn, Artus, Elise… Sans eux, il ne serait sans doute pas là. Et pourtant, c’est terminé. Joach progresse, plusieurs rouges le suivent. Il est tard, le pensionnat a l’air si calme. Mais les E sont là, certains encapuchonnés, d’autres portant d’énormes sacs remplis de bombe à eau. Dernière opération de RED. La toute dernière avant la fin de cette résistance. Aucune peur, aucun regret. Le jeune homme est concentré sur son objectif, guidant les E vers le prochain tableau à recouvrir de cette couleur dont ils sont si fiers. Cette couleur que Joach ne regrettera jamais d’avoir porté. Tout le monde se prépare, s’empare d’un ballon gorgé de peinture, prêt à marquer le territoire ennemi.
La salle des A, le terrain de jeu préféré des E, lui qui était pourtant souvent inaccessible. Cette salle impeccable dont jouissaient l’élite de Prismver. Joach y était déjà venu et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de la détailler une dernière fois avant d’y laisser sa signature. « Vous connaissez le plan les gars. On va recouvrir les murs de cette classe de notre couleur. Si vous avez le moindre problème, barrez-vous le plus vite possible. Allez, au boulot. » Une opération bien maigre, tout en sachant que ce serait la toute dernière. Mais ils savaient. Ils savaient tous. Et c’est pour ça qu’ils étaient là, c’est pour ça qu’ils l’avaient suivi. Ce n’était pas aussi frappant que le carnage au Hall, mais c’était quelque chose de symbolique à leurs yeux.
Les ballons volaient dans la salle, s’écrasaient contre les murs, les couvrant de peinture rouge. Certains dégradaient les tables, inscrivant divers propos Pro-E. On pouvait lire du plaisir et de la satisfaction sur leurs visages, ce même plaisir que Joach avait ressenti lors du carnage au Hall. Cet amusement lorsqu’il imaginait la tête des A au moment où ils verront leur oeuvre d’art. Après quelques minutes, les rouges semblent avoir terminés leur travail, atteint leur objectif. Cela suffirait amplement à attiser la colère des violets. Et souriant, le jeune homme demande le silence, désirant prononcer ses derniers mots en tant que leader de RED. « Ce soir n’est pas un soir comme les autres. C’est celui où RED se retire. Cette opération sera la toute dernière. RED, c’est fini. Mais la guerre des classes n’est pas terminée. Au contraire, les A ont fini par agir, ils cherchent à nous nuire et rendre notre scolarité encore plus merdique. Nous avons besoin d’être unis, aujourd’hui plus que jamais. Ce n’est pas RED désormais. Nous sommes les E! » Toujours la tête haute.