Jurassic Park V2 || MAXXIE

Cette école est une école de tarée.

J’avais beau m’être attendu à quelque chose de chaud en étant convoqué dans l’école de Charles Xavier, je n’aurai jamais pensé que je verrai deux types se mettre sur la gueule dans le hall d’entrée juste quand j’avais franchi la porte. Ca peut sans doute vous paraître banal dans un pensionnat, mais l’un des deux avait la tête en feu et le second invoquait des poulpes - et dès lors que ce genre d’affrontements se déroule juste devant vous, qui débarquez avec votre valise marron et une tête à moitié endormie après avoir dormi dans le train, vous savez que vous êtes tombé dans le pire endroit du monde.

Vous penserez sûrement que j’exagère. Moi, je pense que si deux types en viennent à se casser la gueule devant le bureau de la secrétaire, c’est qu’il y a un soucis. Alors, dans ma grande bonté d’âme et faisant preuve d’une humanité hors du commun, j’ai baissé la tête et j’ai marché droit devant moi en ignorant complètement leur prise de tête ridicule - et accessoirement la secrétaire endormie qui pionçait sur son bureau.
N’importe quoi. Je soupirais devant cette scène aussi pitoyable que bizarre, convaincu dès mon arrivée de l’incroyable efficace de l’administration de mon nouveau pensionnat.

C’était la loose.

J’avais l’habitude de prendre des coups derrière la tête, des croche-pieds en sortant de la salle ou à me faire traiter de relou par les tête de file, alors constater dès les quinze premières secondes de mon arrivée que deux gars se battaient devant un membre du personnel endormi, ça vous fout les jetons. Je me suis quand même fait une raison et, déposant mes affaires au bungalow qui m’avait été attribué, j’ai reçu deux messages étranges.
S’il n’est pas étonnant de recevoir un message de son frère quand on le rejoint dans son école, hériter d’une demande au bal, c’est autre chose. J’ai griffonné quelques mots au sujet de mon ressenti et je suis parti rejoindre le surveillant général qui m’emmènerait passer mon examen d’entrée.

Deux heures plus tard, la tête bourrée de conneries et surtout de celles que j’avais écrite, je suis allé m’acheter un café. Enfin, ce n’est pas vraiment le mot puisque je me suis paumé pendant deux heures pour tenter de retrouver ma chambre en compagnie de mon nouvel ami lézard qui me grattait - mais qu’est-ce qu’il foutait dans ma poche aussi ?  Je ne sais pas comment, mais sur la route, j’ai manqué d’écraser le lézard de la fille qui m’avait invité, me demandant comment il avait su me retrouver - mais, bien vite, j’ai fini par comprendre qu’il ne fallait pas se poser de questions logiques ici.
Je détestais me perdre, alors si en plus je ne pouvais pas comprendre les choses, ça allait rapidement m’énerver. Croisant sur la route une vache qui marchait sur les mains et manquant de me casser le plexus solaire en glissant sur l’escalier que ma main avait transformé en glace -saleté de don-, j’ai fini par me retrouver, je ne sais comment, devant ce qui ressemblait à un foyer.

La vision d’une machine à café fut la plus belle chose que j’aie vu de ma journée.
Ah, quoique…

« Putain, merde, merde, ma monnaie… »

Et un facepalm intérieur conclut le plus beau fail de ma journée, situé juste après l’exercice de maths que j’avais prodigieusement raté dans mon examen d’entrée.

Sérieux quoi, comment on ne peut pas avoir 1 prism 40 sur soi pour un café ? Allez tous vous faire foutre. Je hais cette école. Je hais ma vie. Frustration - et le don s’active encore, faisant apparaître un antilope au milieu de la pièce, laquelle, paniquée, tourna la tête dans tous les sens avant de déguerpir. Invocation d’animaux cette fois, bordel, je déteste ce don. Et, comme si ça ne suffisait pas, il y a un autre type dans la pièce qui me regarde comme si j’étais taré.

Peut-être qu’il a raison de le faire, en définitive.

PV. Maxxie • Octobre • green

Alors du coup, ouais, forcément, quand l’unique mec qui est présent dans la pièce au moment de ta connerie part dans un fou rire, y’a moyen de penser que t’as l’air ridicule. Je reste planté là, les bras le long du corps, à voir Bambi tourner sur elle-même de nombreuses fois avant de quitter le foyer d’un bond, sans même un bonjour pour son maître. Cette conne. Je la fixe longuement, autant agacé que blasé à l’idée que l’administration vienne m’embêter pour l’antilope qu’ils risquaient très fortement de retrouver au sein de leur école.
En général, c’est le genre de choses qu’on aime pas voir sur un dossier scolaire. « A invoqué une antilope au milieu du foyer étudiant » : il ne me restait plus qu’à attendre la prochaine utilisation random de mon don pour faire croire que je n’avais pas la faculté d’invoquer les animaux.

De toute façon, ils devaient sûrement m’avoir classé comme créateur de plantes, en vue de mon examen d’entrée pour le moins pitoyable.
Quelle importance ? Si quelqu’un arrivait à qualifier ce don autrement que comme une malédiction ou la plus grosse poisse de l’univers, c’est qu’il le contrôlait - chose qui tient plus ou moins de l’impossible en vue du don en question. Pour ma part, j’avais abandonné : quand on en vient à frôler la mort parce qu’on transforme son plat de lasagnes en un plat rempli de lave, on comprend bien vite que son pouvoir est un cas désespéré dans le monde magique.

Alors croyez-moi, voir un type me rire au nez était loin de me faire plaisir.

Je me mords la lèvre, coule un regard blasé vers lui, n’appréciant pas vraiment sa réaction. Analyse rapide, une dégaine décontracté, style skateur, une cravate bleue, l’air amusé ; un complexe de supériorité sur pattes. Génial, le mec allait me taper la discussion normalement, et il en est réduit à se foutre de ma gueule à cause de cette saleté de pouvoir. Grognement intériorisé en une grimace, j’ai tout juste le temps d’attraper au vol les pièces qu’il me lance, le visage interloqué.
A cet instant, pris en pitié par un type que je ne connais pas et qui venait de se foutre de ma gueule, je me suis senti con. Et, vous savez quoi ? J’ai ramassé ces putains de pièce, regardé droitement ce gars dans les yeux pour lâcher un sincère “Merci” avant de m’acheter un café.

Non, c’est vrai quoi. Qu’on veuille se foutre de ma gueule, c’est une chose, mais maintenant j’avais mon café.

C’est incroyable de constater à quel point quelques gorgées d’une boisson peuvent améliorer votre humeur. Je me sentais renaître, la chaleur au bout des lèvres, ressourcé comme par enchantement, soupçonnant mon pouvoir de s’être à nouveau déclenché pour me doter d’un toucher ou d’un sens du goût exagérément fort. La sensation était si agréable qu’elle me donna même l’envie de sourire, allégeant ma voix de mon estomac de ce stress perpétuel depuis mon arrivée. Versatile, indécis, bipolaire, ridicule.

« C’est cool mec, j’avais besoin de ça. Merci en tout cas. J’m’appelle Andrew, j’viens d’arriver, j’suis totalement paumé et j’ai lâché Bambi dans cette école. »

Prononcé naturellement dans un brin d’honnêteté. Je finis mon café d’une traite, écrase mon gobelet dans ma main et le jette dans la corbeille d’un magnifique geste… visiblement mal calculé puisqu’il termine deux mètres à côté. Je m’avance, le ramasse pour le jeter plus proprement et me tourne vers mon nouvel interlocuteur. Prise de conscience soudaine en jetant un regard par dessus son épaule, mon sourire s’accentue.
Et cette fois, je n’ai pas besoin de caféine, la vue de son bijou me suffit amplement.

« Tu skates ? Moi un peu. J’ai pas un niveau monstre mais je pense que je me défends. Y’a un skatepark pas loin ? »

Allez, un ami. Juste un, bordel. J’y crois.

PV. Maxxie • Octobre • green

« Pas de quoi, moi c’est Maxxie.
- ‘doit être chiant de commander ton McDo avec ce prénom. »

Désolé Maxxie, mais si toi tu retiens tes réactions, lui c’est pas son cas. Parce qu’il a beau vouloir se faire des potes, c’est pas le genre à se retenir d’être aussi insupportable que d’habitude juste pour les beau yeux de ses futurs potes. C’est “encaisse connard et si ça te gave, tant pis pour ta gueule” - il s’impose d’emblée dans toute son entièreté, parce qu’il a pas envie qu’on le lâche plus tard en découvrant que c’est un vrai con. Et là tu connais déjà tout de lui tu vois, t’as vu son pouvoir de merde, il t’a parlé de skate et t’as balancé son sarcasme à la gueule - il reste plus que son rire de merde à entendre et t’as fait le tour.
Et pourtant, il a beau faire le gars antipathie qui ressent rien, on la voit cette joie. Maxxie lui plaît et il a pas envie de laisser filer un type aussi cool - son père lui a souvent dit que s’il se faisait un ami le jour de sa rentrée, c’était un grand pas en avant pour se créer une vie sociale.

Bien tenté papa, mais tu feras pas croire à ton gosse qu’il en est capable alors qu’il a une poisse de dingue en plus d’un don dangereux. Et pourtant, maintenant il se sentait con à se revoir tourner ce regard blasé vers son paternel, parce qu’il était en bonne voie pour réussir. Andrew Clayton, 20 ans, incapable de savoir lui-même s’il pouvait se faire des potes - et, plus globalement, incapable de se faire des potes. Mais lui c’est différent.
Parce qu’il a pas ce regard moqueur et ce ton ironique qu’il a tellement prit dans la gueule qu’à force, il a fini par adopter. Il rit sincèrement, et pourtant il reste cool avec lui, accueillant et se tape bien de ce pouvoir dangereux qu’il vient de voir activé. C’est comme ça Andrew que tu traites ce genre de mecs ? Refuser de changer ton mode opératoire par fierté, c’est vrai que y’a rien de mieux à faire. T’en trouveras peut-être pas deux, des types ouverts comme ça, et tu restes désagréable parce que t’es trop con pour rire de ta propre situation.

Connard de dramaking.
Gamin susceptible qui se vexe quand on se moque de son pouvoir.
Mais avoue-le, si t’es le seul à pas te marrer quand il se déclenche, c’est que le soucis vient de toi.

« On va voir ça, je t'y emmène et tu me montres c'que tu sais faire. Tu veux qu'on passe par ma cabane, que je puisse te prêter une planche ?
- Ok, ça me va. T’attends pas à des trucs de ouf, par contre. »

Il a fait un effort cette fois, sourire en coin en plus du ton aimable, et pourtant c’est un goût amer qui se glisse dans sa bouche. Maxxie est déjà parti, surexcité, comme si la réponse n’avait aucun intérêt. Il fait la moue, prends mal le manque d’attention de son nouveau pote - comme un bébé immature. Il a apprit à pas se prendre la tête quand il était en République Tchèque avec les Dobson et leur bande, mais faut croire qu’il a le drama dans l’âme, même s’il prône son envie de normalité. Alors il soupire, balaies toute cette réflexion d’un mouvement de main et suit le B dans les couloirs des dortoirs.
Tu vas skater avec un nouvel ami, Andrew. Pourquoi te prendre la tête avec des choses inutiles ? Andromède avait pas tort quand il te pointait du doigt en t’insultant de princesse frustrée, c’est toi qui cherche les problèmes. Alors oublie tout ça Andrew, on s’en moque, et même s’il te claque sa porte à la gueule, ça a pas d’importance, parce que tu peux pas douter de sa sincérité après l’avoir vu aussi surexcité.

« Sans déconner mec ? C’est ma chambre aussi. Moi qui avait peur de tomber avec des cons. »

Profite-en Maxxie, c’est pas tous les jours qu’il balance ce genre de compliments. C’est pas tous les jours qu’il en balance tout court - mais là il est heureux, il a rencontré un mec sympa, et c’est déjà dépasser tout ce qu’il avait espéré faire de bien en arrivant ici. La sociabilité c’était déjà pas mal, alors skater avec un ami, il est plus content qu’on pourrait croire. Faut pas lui en vouloir Maxxie, même s’il a ce regard d’ébène qui semble blasé, il aimerait bien apprendre à te connaître et passer du temps avec toi.
Alors il retient plus son sourire et tant pis pour sa putain de fierté, t’as qu’à le laisser tomber si ça t’amuse, lui il n’y pense plus. Il te suit, toujours un peu perdu dans ces locaux auquel il va s’habituer, découvre le skatepark avec une expression de gamin.
Voilà ton terrain de jeu Andrew, là tu vas pouvoir t’exprimer avec sincérité.

« J’te laisse faire en premier. » dit-il avec un sourire. « T’as un groupe de nanas qui semble attendre tes exploits, là-bas à côté de l’arbre. Surprends-les. »

PV. Maxxie • Octobre • green