Coup de hanche de Charlie. Je lui rend plus fort, faisant carrément se décaller la pauvre rousse poids plume à mes côtés. Elle râle, je ris, et parce-que je sais qu’elle va protester, fourre mon doigt dans le saladier plein de chocolat pour lui peinturlurer le visage avec. Elle crie, se débat, tente de me rendre la pareille en piquant à son tour du chocolat dans notre gâteau mais j’immobilise ses mains sans mal, la regardant de haut, bloquant son corps entre le mien et le plan de travail. « Un problème la p’tite ? » Je lui lève le menton, la regardant de plus haut encore si c’est possible, et c’est l’entrée de Dixie dans le bungalow qui nous interrompt, me faisant lâcher prise en tirant la langue à Charlie.
Ma brune vient à nous, en râlant - et Charlie profite de ma distraction pour me mettre du chocolat plein le bras, histoire d’avoir le dernier mot. Je lui lance une oeillade qui signifie “c’est pas terminé” mais elle enfourne le gâteau au four et disparaît tandis que cette fois, c’est moi qui suis acculé au plan de travail tandis que Dixie enroule déja ses bras autour de mon cou et me dévore les lèvres, papillonnant des yeux.
Reprise des cours à 15h, et me voila dans le laboratoire de Clayton à croquer une fille de ma classe sur mon bout de papier, griffonnant sous les yeux d’un Terry qui a abandonné l’idée de m'intéresser au chapitre du moment. Dixie serait jalouse, si elle me voyait. Ca l’énerve que je dessine d’autres filles. Que je regarde d’autres filles. Que je traîne avec d’autres filles. J’ai beau lui dire que ça ne me fait rien, que je ne cherche rien, faut toujours qu’elle crise. Mais bon, ça fait partie du package que j’apprécie. J’ai beau railler sur elle, on est plutôt bien ensemble. Je lève les yeux sur la chaise vide devant moi. La sienne. Elle est passée en B, pour le plus grand plaisir de Mr Ackland. J’entend une boutade derrière moi, lève le nez et tourne les yeux sur Brett, souriant à ce qu’il vient de dire. Et puis, inattentif au cours, mon regard circule sur Daffy, puis Hannah - qui me sourit légèrement. Depuis qu’elle est avec Heath, on s’échange quelques mots. Elle est sympa. On me souffle - avec ironie - de me concentrer un peu et je souris à Julian, le regardant l’air de dire qu’il ferait mieux de déja, lui, se concentrer, avant de parler. Vince revient s’asseoir à la rangée d’à côté sous le regard mordu de toutes les nanas, et moi, je reprend mon croquis de June, l’un de ces beaux visages qui m’inspirent.
J’aime ma classe. Mes meilleurs amis ont beau être en D, et les Ackland en B, j’apprécie ces têtes qui m’entourent. Tous sympathiques, tous d’accord sur le fait que cette guerre des classes est stupide. La moitié d’entre nous veulent aider les classes inférieures, tandis que l’autre moitié se fiche purement et simplement des autres couleurs et mènent leur petite vie tranquillement. Évidemment, je fais partie pour le moment de la première catégorie, mais plus je lis “les réactions des lecteurs” plus ma foi dans l’ensemble des autres classes s'amenuise - si chacun se contentait de se mêler de son propre derrière, cette école se porterait mieux.
17h, je sors du labo et file vers le hall, entouré de Brett, Julian, Vince et la jeune Adèle. Le jeune Andrew Clayton nous suit, deux pas derrière. Je lâche ce petit monde dans le hall pour aller vers la cafét tandis que chacun rentre chez soi. Mon regard vert-d’eau circule sur la pièce et je repère la petite rousse à une table, qui m’attend. Un signe de main, et je me détourne d’elle pour m'intéresser à la machine. Chocolat, café, j’hésite, opte pour un mokaccino histoire de ne pas réellement trancher. Je coince la touillette entre mes dents, juste parce-que j’aime bien ça, et me dirige vers elle. Je dépose sur la table les trois ou quatres carnets de dessins que je me trimballe, fais glisser mon sac à terre et m’assied, ôtant la touillette de ma bouche pour la glisser dans ma boisson. « Heey. Comment ça va ? » dis-je les yeux dans le liquide, prêt à entamer quelques banalités pour commencer. C’est qu’on ne se connait pas, en fait. Je sais juste qu’elle est la filleule de Sarah, a un dessin à moi et voulait qu’on se montre nos croquis autour d’un verre - et nous voila là. Je lève mes pupilles azurées dans les siennes, lui offrant un sourire sympathique.
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Sujet: Re: Esquisse | PV Mar 28 Oct 2014 - 16:47
tu voudrais pas me croquer ?
Elle mâchouille le petit biscuit que vient de lui tendre une des dames en service tout en hochant la tête. Pas mauvais, mais moi, je sais faire mieux. Et j’aurais au moins ajouté un glaçage à la fraise ou à la pistache.
Si il y a trois choses dont Chloé peut se vanter sans craindre qu’on la dénigre, ce sont ses qualités de pâtissière, sa voix et ses dessins –ou son imagination. Aaaprèès pour tout le reste… Y a encore du travail. Je vois pas pourquoi ? C’est déjà bien moi j’trouve. Je sais parfaitement m’évader. De bien des façons. Des pluus jolies façons.
Elle inspire avec force, puis décide de déambuler entre les fauteuils du salon en attendant celui dont elle a croisé la route il y a à peine quelques jours et qui fait déjà bizarrement palpiter son cœur. Il est tellement grand. Il est tellement cooool.
Bam. Pwouf. Le fauteuil dans la cuisse. Elle se redresse en faisant mine de réajuster la jupe de l’uniforme. Comme si de rien n’était. Tête haute. C’est que c’est pas évident de contenir un peu sa vraie nature de maladroite qui ne se tient d’habitude : pas si droite, pas si élégamment, pas si proprement. Mais elle l’a toujours voulu, elle en a l’opportunité, alors elle s’y tient. Et pour l’instant, personne n’a encore remarqué qu’elle n’est pas : si mignonne, pas si polie ou si bien élevée que ça. Elle est banalement normale Chloé. Mais elle ne veut pas le montrer, puisque jusqu’à Prismver, personne n’a jamais vraiment voulu de qui elle était comme elle était. Alors voilà, elle se retient de rire aux blagues un peu cochonnes et borderline de Thomas et Lukas et elle s’offusque un chouïa face à leur langage fleuri… rougissant tout de même sincèrement (n’est pas pucelle qui veut).
Direction la machine-distributeur de bonheur. Elle attend sagement que son chocolat chaud coule, se balançant sur ses deux pieds comme si elle avait le rythme dans la peau. Alors que pas du tout. Deux pieds gauche. Et timide comme une puce sur une planche en bois appelée dancefloor, Chloé ne sait pas danser. Pourtant, elle va aller au bal (avec Zephyr kfljfkhjfkghj). Pourtant, elle vient d’intégrer l’équipe des cheerleaders. Pour faire comme la Reine des Reines et- accessoirement- espérer remédier à ce problème.
Ouch. Bout de la langue entre les dents. Elle vient de se brûler et grimace discrètement tout en s’asseyant. Et à l’intérieur, elle panique. J’vais avoir la langue paralysée alors que je dois lui parler. Mondieu, mondieu, mondieu. Manquait plus que ça. Pourtant Morgan, le petit copain du grand-frère de Zephyr (ocazou personne ne soit au courant), bah il est pas là.
Elle hausse les épaules, puis installe ses petits carnets de coloriage dessins devant elle sur la table basse. Et elle attend, scrutant de temps à autre les allers et venus des gens, l’imaginant déjà arriver à grandes enjambées, avec sa petite cravate verte, son sourire colgate et son uniforme un peu débraillé. Elle aussi, elle va le saluer d’un signe de main et lui faire un de ses plus beaux sourires. Le regard va pétiller, c’est certain. Alors qu’elle se dira quand même… Il mériterait un léger relooking. Il n’a pas autant de style que Zephyr. C’est bête. Il est si graaand…
Elle s’en casse le cou lorsqu’il vient à sa hauteur.
- Bien, merci. Il est à l’heure, il est à l’heure sjfhfjh. Et toi ça va, É… Étienne ?
Chloé baisse ses grands yeux bleus sur le liquide cacaoté résidant dans son gobelet tout en y mettant son nez. Impressionnée. Si impressionnée qu’elle avale trop vite et se retrouve avec du chocolat sur les babines. Vite vite, un revers de main pour essuyer tout ça. Elle rit à peine. Espère ne pas rosir comme une tomate. Il n’a rien vu, hein ? Dites qu’il n’a rien vu ?
- Tiens ton dessin. Soigneusement gardé entre les siens, elle le fait glisser sur le bois de la table. Ça… ça fait longtemps que tu dessines ?
Et elle jette ses grands yeux clairs dans les siens tout aussi translucides. Insatiable curieuse.
hrp : je crie à l’injustice ! à la discrimination envers les personnes de petites tailles ! en plus, elle est pas si petite que ça Charlie. En tout cas, toujours plus grande que Chloé. (va demander à Pytha de se venger pour elle)
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Sujet: Re: Esquisse | PV Mar 28 Oct 2014 - 17:57
Chloé & Etienne • Octobre • #7BAC43
« Ouaip. Brrrrr fais froid non ? » dis-je en grelottant dans mon manteau gris, grosse écharpe bleu marine enroulée autour de mon cou, par dessus ma cravate que je viens desserrer légèrement en laissant courir mon regard sur ses dessins, vaguement. « J’suis frilleux. » Je me frotte les mains quelques secondes, ne me découvre pas encore - on verra si mon moka me réchauffe. « Tiens ton dessin. » Je tend le bras pour le faire glisser négligemment vers moi, jetant un oeil dessus. « Ah, c’est celui la... Boah. » Aucun intérêt particulier. Il fait parti de la centaine de croquis qui traînent entre mes carnets et ma chambre. Celui-ci représente Daffy, une fille de ma classe. Plutôt réussi, mais pas terminé. Avec le regard de recul que je pose dessus maintenant, je vois des défauts. Je le récupère et le glisse n’importe où dans le premier carnet qui me tombe sous la main, renifle le début de rhume que je sens se pointer en moi depuis hier, et boit une gorgée de moka.
« Ça… ça fait longtemps que tu dessines ? » J’ôte le gobelet de mes lèvres dans un « Mmh » en fronçant les sourcils et agitant doucement ma main parce-que j’viens d’me brûler la langue, et repose le gobelet en chassant la mousse sur mes lèvres d’un coup de langue. « Wow' hem. Heu, j’dessine depuis... » ma mâchoire se tord, comme toujours, et je lève les yeux au plafond pour resituer la chose. « j’ai dû commencer sérieusement à onze ans, donc ça fait dix ans. » Ouais, c’est ça, l’écriture est venue plus tard. « Et toi ? J’peux r’garder ? » et sans vraiment attendre de réponse, je me penche vers elle, coude sur le bras, pour faire pivoter vers moi le premier dessin que je vois. « Ahah, sympa. » Je souris devant les costumes moulants aux couleurs criardes des comics. Oeillade sur les autres dessins devant elle, et je cerne vite son style: elle est orientée comics / bd / illustration de personnages. Sourire aux lèvres, je tourne un autre dessin à elle, représentant un visage féminin, toujours dans ce style simplifié mais très agréable. C’est le dessin qui retient le plus mon attention, moi qui suis portraitiste. Je sais aussi évidemment dessiner les corps, je peux dessiner animaux, objets et scènes, mais j’ai un amour infini pour le portrait et le réalisme poussé à son maximum. J’ai déja songé avec ironie que par mes portraits, je suis dans une démarche de faire prisonniers de mon papier des gens réels. Juste retour des choses ?
« T’a beaucoup de talent. » Dis-je simplement alors que le vert-d’eau de mes yeux parcoure l’ensemble des dessins qu’il y a là. Je tapote du doigt le portrait qu’il y a devant moi. « J’aime beaucoup. » Et je l’écarte pour saisir mon gobelet, de peur d’en renverser dessus - on sait jamais. « Comment t’a appris ? » Parce-que pour moi, ça me semble plus intéressant à savoir que de connaître depuis quel âge elle s’exerce. « T’a pris des cours ou... ? Mmh, t’a quel âge en fait ? Et t’es là depuis quand ? » D’accord, j'enchaîne, mais une idée en entraîne une autre; elle m’a l’air plus jeune que moi, et si elle est là depuis des années, elle n’a à priori pas vraiment pu prendre de cours, du moins pas de cours particulier. J’ôte finalement mon manteau, me mettant plus à l’aise, mais garde mon écharpe - pas pour rien qu’Heath me surnomme Scarfman.
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Sujet: Re: Esquisse | PV Mer 29 Oct 2014 - 12:39
tu voudrais pas me croquer ?
- Et toi ? J’peux r’garder ? Elle acquiesce de la tête tout en réfléchissant. - Ahah, sympa. - Mmh… Ça doit faire 10 ans aussi. Je me rappelle plus. J’ai l’impression d’avoir toujours eu un crayon dans les mains.
Et à partir du moment où il a jeté son dévolu sur le visage du personnage flamboyant qu’est Phoenix -alias Jean Grey, la première X-Woman- et qu’il lui a dit qu’il aimait ses dessins et qu’elle avait du talent : Chloé n’osa plus le regarder, balbutiant de légers mercis toutes les trente secondes. Il n’y a que le highFIVE qui regarde autant ses dessins. Et encore Thomas et Zephyr y ont un accès plus privilégié. Mack l’hyper-active ne s’y attarde pas beaucoup quoique toujours enthousiaste. Quant à Lukas… C’est le plus critique. Le plus méchant. Comme d’habitude.
À cette pensée, le visage de la jeune fille s’attriste une seconde. Puis, elle chasse cette pollution en imaginant Lukavor écrabouillé par un cake géant. Et elle se redresse fièrement. Elle dessinera ça plus tard ce soir. Dans un de ces moments où sa saga sur la Ligue des 4 Fantastiques (Zephyro, Lukavor, Mackintosh et Thomahawk) prend vie sous ses crayons.
- Comment t’a appris ? T’a pris des cours ou... ? Mmh, t’a quel âge en fait ? Et t’es là depuis quand ?
Affublée de questions, elle le regarde avec des yeux ronds, étonnée par tant de curiosité de sa part… tournée vers elle.
- Euhm, je sais pas trop. J’ai commencé en recopiant d’autres dessins. Rien d’extraordinaire. J’ai jamais pris de cours. J’ai juste… passé de longues heures à dessiner. Si ce n’est des journées ou des nuits entières à s’inventer une autre vie, une autre famille. Bien plus cool que ce qu’elle a connu. Ou chaque méchant, chaque mot de travers était annihilé. Et puis voilà, maintenant j’invente, je me réapproprie certains univers. Ha ! Et j’ai 17 ans. Je viens de faire ma rentrée en septembre.
Comme toi. C’est Sarah qui me l’a dit. Mais elle a rien voulu dire d’autre la bitch. Après, il y a des rumeurs. Olive dit qu’il est sorti d’un livre. Mais je la crois pas. C’est trop fou.
Elle lui pousse le portrait d’une Phoenix plus humaine que ce qu’on peut voir d’habitude d’elle.
- Tu peux le garder si tu l’aimes bien. Je te le donne. Et… Le nez dans le gobelet, elle termine son chocolat chaud d’une traite pour reprendre. Toi, t’es plus grand… Elle se corrige. ‘fin plus âgé. C’est obligé. Toi, tu as pris des cours ? Je sais pas faire des choses aussi réalistes. C’est beau. Mais c’est difficile à faire je trouve. Tes dessins, c’est presque comme de la photographie… Elle le voit renifler à nouveau et incline la tête. Tu es malade ? Je connais une fille qui peut te guérir. Elle est gentille, mais bizarre… Elle s’appelle Charlie. L’autre jour, je me suis coupée le doigt avec une feuille de papier… Ça fait super mal. Bah, elle m’a soigné et j’ai même pas une cicatrice., dit-elle en levant le doigt concerné. Ça doit être super pratique comme pouvoir. T’as quoi toi ? Moi je peux donner vie aux dessins. Ironique, hein ? Heureusement que je sais faire plus que des bonhommes en bâtonnets. Elle rit toute seule. Tu veux que je te montre ?
Et elle s’emballe dans le flot. Pipelette. Emportée par le ravissement que quelqu’un d’autre que le highFIVE s’intéresse à sa petite personne. Trop contente.
« Euhm, je sais pas trop. J’ai commencé en recopiant d’autres dessins. Rien d’extraordinaire. J’ai jamais pris de cours. J’ai juste… passé de longues heures à dessiner. »
Comme moi. Parce-que Georges a voulu que je sois bon portraitiste et écrivain. Si il avait voulu que je sois un petit génie d’informatique ou un sportif pluridisciplinaire de l’étoffe de Vince, je le serai. Je n’aurai probablement pas tout à fait le même caractère, les mêmes goûts. J’ai toujours un peu de mal avec cette idée que si je fais ci ou suis comme ça, c’est uniquement parce-qu’il a écrit certains mots sur papier. Et quand je pense à ça, je me sens comme lâché dans le vide, désormais. Comme si j’avais toujours eu une main rassurante pour me guider, et qu’on me demandait soudainement d’avancer seul, dans le noir et sans filets. C’est un peu le cas. ... Mais c’est leur cas à tous, eux, les humains. Je lève les yeux sur la jeune fille, pensif.
- ...maintenant j’invente, je me réapproprie certains univers. Ha ! Et j’ai 17 ans. Je viens de faire ma rentrée en septembre. - Moi aussi
Je crois qu’un infime “je sais” lui a échappé mais je suis pas sûr d’avoir bien entendu.
- Tu peux le garder si tu l’aimes bien. Je te le donne. - Merci - Et… Toi, t’es plus grand… ‘fin plus âgé. C’est obligé. - J’ai 21 ans - Toi, tu as pris des cours ?
J’hoche la tête négativement en prenant mon gobelet pour une gorgée. « Je sais pas faire des choses aussi réalistes. » J’hausse une épaule. « C’est beau. Mais c’est difficile à faire je trouve. Tes dessins, c’est presque comme de la photographie… » Je souris, une pensée pour Charlie m’effleurant l’esprit. Faudra que je lui dise tiens, que elle n’a qu’a appuyer sur un bouton là où moi je croque pendant des heures. Lueur taquine dans le regard. Je passe un doigt sous mon nez qui me pique légèrement.
- Tu es malade ? - Ca vient., dis-je en haussant les sourcils et m’humectant les lèvres. - Je connais une fille qui peut te guérir. Elle est gentille, mais bizarre… Elle s’appelle Charlie.
J’esquisse un large sourire en baissant la tête, me retenant de pouffer de rire, me mordillant l’intérieur de la joue. « L’autre jour, je me suis coupée le doigt avec une feuille de papier… Ça fait super mal. Bah, elle m’a soigné et j’ai même pas une cicatrice. » Je relève le nez, souriant. « Je la connais. C’est ma coloc. Et une excellente amie. Mais t'a raison, elle est bizarre.» Ca c'est gratuit. Je me frotte de nouveau le nez, me demandant si Charlie pourrait effectivement guérir un rhume. Sachant que moi...
- Ça doit être super pratique comme pouvoir. T’as quoi toi ? - ... Régénération. ... Mais c'est un peu compliqué. ‘Fin, c’est assez hasardeux quand c'est interne et que je connais pas vraiment les rouages de la machine. 'fin bref. - Moi je peux donner vie aux dessins.
Mon coeur loupe un battement. « Ironique, hein ? Heureusement que je sais faire plus que des bonhommes en bâtonnets. » je la regarde sans vraiment la voir, soudainement dérouté. L’impression d’avoir loupé une marche et de m’être cassé la gueule. Je... Je m’attendais pas du tout à ça.
- Tu veux que je te montre ? - Heu... je...
Je cligne des yeux, balbutiant, puis me passe rapidement une main sur le visage en m’enfonçant dans mon fauteuil, reprenant le souffle et haussant le sourcil dans le vide. Well. Ca devait arriver. Je savais pas quel effet ça allait me faire, la réponse est que ça me met mal à l’aise et me met dans un état de stress. Déroutant. Angoissant. Elle me regarde et je fais bonne figure, acquiesce en hochant la tête, jetant un vague signe de main dans l’air. « Vas-y vas-y. Excuse je... vas-y. » Je renifle, croise les bras, recroquevillé et méfiant, regardant ses gestes avec soudainement beaucoup moins d’aisance. Mon coeur palpite un peu plus fort, un peu plus vite, et j’angoisse à l’idée de ce qu’il va se passer. Tant devant moi qu’en moi. J’ai froid. Je crois. Je réajuste mon écharpe, fixant son dessin. ... Je suis pas sûr d’être prêt à voir ça.
Mais c’est en marche. Et je ne peux plus en détacher mon regard.
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Sujet: Re: Esquisse | PV Ven 31 Oct 2014 - 13:38
tu voudrais pas me croquer ?
Régénération. Cool. Un peu comme Wolverine. J’aimerais bien voir.
- Heu... je... Vas-y vas-y. Excuse je... vas-y.
Elle voit son trouble, mais n’est pas sûre. Il n’a pas l’air bien. Et c’est peut-être à cause de la fièvre ? La petite rouquine hausse à peine les épaules, reportant son attention sur ses dessins. Ses lèvres se pincent, gigotent, alors qu’elle se demande lequel choisir. Elle finit par choper un de ses cahiers et dans tourner les pages rapidement, comme un courant d’air. Puis ses sourcils se haussent soudainement quand elle jette son dévolu sur un tout récent, plutôt rigolo. Après avoir ouvert complétement son carnet à spirales sur la bonne page et surtout après avoir fait un peu de place sur la table, Chloé positionne le tout au milieu de la table. Son coude se plante pas loin, son menton rejoint la paume de sa main. Sans bouger son visage, elle lève les yeux un instant sur Étienne et lui souris, confiante. C’est également le signe que ça commence.
Son autre main s’en approche et c’est juste son doigt qui vient tapoter sur le papier, juste pour avoir le lien réel. Puis elle lui souffle dans un murmure…
- Hey… Salut toi. Encore deux petits coups sur le papier. Tu peux bouger.
Et implicitement, cela veut dire qu’il ne sortira pas du papier, il s’animera dessus simplement. Et dans ce cas précis, il suit le scénario dessiné. Le petit bout de toile apparaît sur son poignet. C’est drôlement gênant, alors sa main s’agite. Vite. Dans de grands mouvements maladroits. On sent bien que ça l’agace. Il s’emmêle rapidement les pinceaux d’ailleurs. C’est que ça colle. Sur son autre main aussi. Ah. Et il a mis le pied dessus didon. Chloé sourit, les lèvres au bord du rire, le trouvant trop mignon. Parce que le pire ! C’est que c’est hyper solide comme truc. Il a beau tiré, tiré, tiré. Rien à faire. Mini-Spiderman s’énerve. Mini-Spiderman perd patience. C’est ENCORE PLUS PIRE. On dirait presque qu’il danse ou qu’il est comme ces chats qui tourne en rond en cherchant à choper leur queue après l’avoir découverte la première fois. Et elle rit de bon cœur. Est-ce que Ernest ou même Lukas ont vécu des choses similaires ? Ça devait être trop drôle.
Et pis vient le drame. À bout de forces, la version miniature de l’homme-araignée perd l’équilibre et s’éclate face contre terre. Ou plutôt contre papier.
- Il est trop cute, tu trouves pas ?
Elle n’a pas quitté le petit bonhomme des yeux tout le temps de l’animation. Et maintenant qu’il a cessé de se mouvoir, en restant dans cette position, elle dégage sa main du papier et les six scènes réapparaissent de façon statique. C’était un petit particulier comme façon de faire vivre son dessin. D’habitude, elle ne conserve pas le contact, mais là, il fallut un petit peu pousser tout ça pour que ça se joue naturellement.
Et c’est satisfaite d’elle qu’elle lève enfin les yeux sur Étienne.
Ce n’était qu’un personnage. Un tout petit personnage, adorable et maladroit, se mouvant sous ses yeux verts d’eau.
Mais pour Etienne, ça signifiait tellement plus.
Il était là, sourcils haussés, gorge nouée, coeur broyé. Ses yeux ne se détachaient plus du petit bonhomme s’agitant sous ses yeux. Animé. Animé de vie. Pourtant, Etienne savait que d’une seconde à l’autre, il ne redeviendrait que poussière écrasée sur la fibre du papier. Et c’était probablement cette pensée qui lui donnait ce malaise, ce vertige. Dans quelques secondes, il redeviendrait ce rien, ces traits sympathiques que l’on regarde quelques secondes avant d’y écraser lourdement les autres pages du carnet que l’on referme. Enfermé. Prisonnier. Inexistant.
Une vague de frisson saisit Etienne, il se sentait faible, aurait presque tremblé si tout son être n’était pas crispé à fixer cette silhouette. Et lorsque la vie la quitta, lorsque le petit personnage ne redevint que dessin inanimé, Etienne sut qu’il avait blêmit. Il vit Chloé le regarder avec inquiétude, il n’eut aucun mal à se voir aller mal, troublé, perturbé, crispé sur son fauteuil. Il entrouvrit les lèvres, chercha les mots, détourna le regard en inspirant avant de se frotter les yeux en soufflant.
Et le moindre mot se bloquait dans sa gorge sous le noeud qui l’étouffait, comme lui étouffait les larmes désirant s’échapper de ses yeux. Et ceux-ci à peine brillants, il déglutit, regarda furtivement Chloé avant de de nouveau détourner le regard, baissant les yeux.
- Je...
« Je ne suis rien de plus que lui. », pensa t-il avec douleur. Il s’humecta les lèves et se reprit, relevant les yeux vers elle, tentant un sourire.
- Excuse-moi. Je suis... “né” grâce à un don similaire qui a... déconné.
Il se passa une main nerveuse dans les cheveux. C’était étrange d’en parler à une inconnue.
- Un auteur m’a donné vie comme tu viens de le faire avec ton dessin. Et je me suis retrouvé “coincé” ici., expliqua t-il avec une certaine gêne, troublé, avant de se pincer les lèvres et d’inspirer avec force pour se retenir. Il haussa une épaule, souriant avec le plus d’éclat qu’il pouvait donner. C’est rien, c’est juste que, du coup, ça me fait bizarre. C’est la première fois que je vois un autre personnage prendre vie. Mais tu pouvais pas deviner. Et puis c’est pas grave.
Lui souriant, il saisit l’un de ses propres carnets pour occuper ses yeux, ses mains, le temps de se reprendre. Et le feuilletant, il tomba nez à nez avec un croquis de Rose, un parmi beaucoup d’autres. Son coeur se serra de nouveau, et machinalement, son regard se dirigea avec espoir sur le petit personnage qu’elle avait animé. Alors son esprit imagina le dessin de Rose prendre vie. La voir se mouvoir dans son esprit le déchira, nouant de nouveau sa gorge alors qu’il poussait la vision plus loin, se faisant du mal, imaginant la silhouette sortir du papier, prendre vie en trois dimensions. Le regarder. Lui sourire.
Le toucher.
Etienne inspira profondément, relevant la tête, fermant son carnet, et se frotta de nouveau les yeux de sa large main en balbutiant quelques excuses mêlées à des sourires maladroits. Et lorsqu’il posa son regard sur Chloé, ses prunelles d’eau se fixèrent instantanément au dessus de l’épaule de la jeune fille, droit sur la personne qui entrait dans le salon de thé.
C’était elle. La professeur de musique du pensionnat. Emma Lind.
C’était elle.
« Rose. »
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Sujet: Re: Esquisse | PV Ven 14 Nov 2014 - 21:41
omggg i’m so sorry
- Euh… Euh… Est-ce que ça va ? - Je... - J’ai fait quelque chose de mal ?
La peur au fond des yeux et la crainte qui agite son corps, elle hésite, Chloé. L’approcher. Rester loin. Qu’est-ce qu’elle a fait ? Qu’est-ce qu’elle doit faire ? Son visage fin cherche aux alentours une bonne âme pour intervenir, pour l’aider. Il a l’air si mal. Et elle a peur. Sa respiration lui brûle les narines comme si elle avait fait un sprint et dieu sait que ça fait mal pour une non-sportive.
- Excuse-moi. Je suis... “né” grâce à un don similaire qui a... déconné.
Il lui faut un petit temps d’assimilation à la rouquine. Le temps de bien saisir ce qu’il vient de dire. Ce n’est pourtant pas bien sorcier. Elle vient même presque de faire ce qu’il décrit. Pourtant ce qu’elle a toujours fait ne restait pour la jeune fille qu’un peu d’imagination débordante. Qui débordait dans sa vie de façon trop surprenante. Trop surréaliste. Elle ne s’était jamais posée plus de questions. Mais le grand jeune homme qui lui fait face avec sa peine, lui, il est bien réel.
Et il lui conte un destin fantastique. Que bien des auteurs rêveraient de pouvoir vivre : leurs créations réellement avec eux. Alors que pour elle, ça se limite dans le temps, lui, sa simple existence a détruit toutes les limites, fait tomber les barrières de l’imaginaire. C’est incroyable. C’est fabuleux. Alors pourquoi ? Pourquoi semble-t-il si triste ?
Réfléchis deux secondes, White ! La tête dans les épaules, le regard sur ses mains, ses dessins. Il est “coincé ici” a-t-il dit. Sa vie d’avant, celle qu’il a toujours connue, il ne l’a plus. Il doit se sentir si perdu. Si seul. Ça n’a rien de fantastique, Chloé. C’est tout simplement horrible et terrifiant. Ses lèvres se ferment avec force alors que sa tête hoche de gauche à droite. Ses sourcils se froncent légèrement, mais pas de colère, non. Lorsqu’elle relève les yeux sur Étienne, l’émotion est flagrante. La sensibilité a su remonter jusqu’au coin des yeux. Et l’affolement fait dérailler sa voix balbutiante.
- Je, je, je, je… je suis désolée, tellement désolée. Je savais pas. Je… Pardon, pardon, pardon, pardon. Je le referais plus.
Elle se lève d’un bond. Prise de panique et apeurée à l'idée d’avoir fait du mal à quelqu’un. À quelqu’un d’autre. Déjà. Dès le départ. Pas faite pour les relations sociales, la petite rousse. Bien indélicate, la (fausse) princesse. Tu sais pas y faire avec les gens Chloé. Alors va-t’en. Elle récupèra alors très vivement ses carnets. Dans un tremblement.
- Je te laisse. Je m’approcherais plus. C’est promis. Pardon...
Et la tragédienne en herbe se tire comme une gazelle. Zigzaguant entre les petits salons aux bords des larmes et ne manquant pas de heurter sa professeure de musique.
- Pardon, pardon !
La jeune femme n’a pas vraiment le temps de réagir en se cramponnant au dossier du fauteuil vers lequel la mini-tornade l’avait poussée.
- Chloé ?
Mais la jeune femme n’est pas sûre, pas physionomiste pour un sou. Son visage s’attarde une poignée de secondes sur la porte qui s’est refermée dans un claquement clair avant de tomber nez-à-nez sur Étienne. Enfin presque. L’élève dépasse même le professeur. Les salons ayant été désertés à ce moment-là et au vu de la blancheur du visage du C, il n’y avait aucun doute à prononcer : ils étaient liés.
- Est-ce que ça va ? Tu es pâle...
D’un geste incontrôlé, les doigts de la musicienne effleurent le front du blond -comme si ils redessinaient la courbe d’un sourcil, glissant jusqu’à la tempe, un bout de joue -la pommette, puis la naissance des cheveux. Une nouvelle barrière vient de se briser sans qu’elle le sache. Il a un peu de fièvre, semble avoir vu un fantôme ou bien était-ce à cause de la petite tête rousse qui décampait ? La brune s’interroge lorsque son visage retrace le chemin emprunté par Chloé.
- Tu devrais t’asseoir., fit-elle doucement en le guidant des deux mains sur le siège le plus proche avant d’abandonner un petit sachet de plastique entre ses grandes mains. Elle se souvient maintenant. Il dessine quasiment tout le temps, alors qu’il pourrait certainement n’importe quel instrument de musique avec des mains pareilles. La Suédoise a certainement déjà dû lui dire lorsqu’elle tentait de recapturer son attention en cours. Il faut aussi savoir lever le nez de la partition et prendre possession.
- Mange ça. Je vais chercher une boisson chaude.
Les petits sablés à peine abandonnés qu’Emma revient se poser à côté d’Étienne en lui tendant un chocolat chaud.
- Ça va te réchauffer.
Et le silence s’impose bêtement. Elle lui sourit. Puis reporte son attention sur la table basse un peu plus loin. Elle y voit du papier, devine des dessins, les siens. Quoiqu’elle ait pu dire sur son inattention en classe, Emma a vite compris qu’Étienne avait son monde. Elle savait qu’elle apprécierait son univers qu’elle voit à travers son coup de crayon. Elle ne sait pas dessiner, mais grâce à Lehna, elle est sensible à cet art depuis quelques années maintenant. Elle aurait rêvé qu’un dessinateur se consacre à la pochette d’un de ses albums. Mais c’est un peu tard maintenant.
- Il s’est passé quelque chose ? Tu veux en parler ? … Ho. Mais tu préfères peut-être aller à l’infirmerie ou à ton bungalow ?
Son regard de rêveuse qui s’échoue souvent très haut doit cette fois redescendre dans ceux d’Étienne pour mieux rentrer dans son rôle. L’écouter si il le souhaite. Apaiser l’émotion qu’elle décèle malgré elle. Parce qu’on a tous un don.
Etienne s’était précipité à sa suite, abasourdi par sa réaction, pris au dépourvu; il ne s’attendait pas à un tel retournement de situation, encore moins aux milles excuses servies et aux yeux brillants qu’elle avait porté sur lui avant de s’enfuir en courant. A fleur de peau. Etienne resta bouche-bée, s’immobilisant devant la porte refermée violemment sous son nez. Il cilla, déglutit, se sentant stupide, et rongé de remords. Etienne avait beau aimer manquer de tact, énoncer les choses trop directement, il n’aimait pas blesser quelqu’un. Pas quand il n’en avait aucune intention. Sa main et son bassin trouvèrent le dossier du fauteuil le plus proche, contre lequel il s’appuya, se sentant stupide.
Et la seule raison pour laquelle il ne franchissait pas cette porte, c’était elle. Cette présence qu’il sentait derrière lui parce-qu’il l’avait dépassée en voulant suivre Chloé, l’ignorant elle pour tenter d’apaiser la jeune fille qu’il avait troublé.
Mais ils n’étaient plus que tous les deux désormais. Et c’était bien ce qui pressait légèrement son coeur; il avait beau fixer la porte, à la seconde ou Chloé avait disparue, toutes ses pensées, toutes ses sensations avaient été pour et par elle.
Emma apparut alors dans son champ de vision, venant à lui. Ses yeux d’eau coulèrent sur elle, inévitablement, fatalement; lèvres entrouvertes, coeur à leur bord et palpitant étouffé, il la dévisagea alors qu’elle s’était approchée. Tout près. Si près. Tellement près.
- Est-ce que ça va ? Tu es pâle...
Le coeur au bord des yeux. Au bord du gouffre. Les doigts fins d’Emma glissèrent sur sa peau, et Etienne se sentit presque vaciller - ça aurait peut-être été le cas si il ne se tenait pas au fauteuil derrière lui. Et chaque seconde ou elle le touchait le tuait un peu plus. Hypnotisé. Triste à en pleurer.
- Tu devrais t’asseoir.
Son corps se laissa tomber dans le fauteuil. Mécanique. Pilote automatique. Il avait enfin réussi à ciller, même à détourner le regard, à respirer de nouveau. Sa conscience avait repris un semblant de vie.
- Mange ça. Je vais chercher une boisson chaude.
Les pupilles azurées suivirent sa silhouette, tandis qu’il restait immobile, pantois. Sa silhouette. Ses cheveux. Ses vêtements. Sa démarche. il inspira, baissant les yeux, son coude trouva son genou et son visage s’enfoui dans une large main venant le cacher autant que faire se peut. Le temps d’encaisser. Le temps de...
- Ça va te réchauffer. - ... Merci..., balbutia t-il en saisissant sa tasse, faisant de son mieux pour ignorer leurs doigts s’épousant au moment ou il saisissait le gobelet qu’elle lui tendait. - Il s’est passé quelque chose ? Tu veux en parler ? … Ho. Mais tu préfères peut-être aller à l’infirmerie ou à ton bungalow ? - Non... Non, ça va, merci. Vous inquiétez pas.
Timides regards. Dévorants regards. Ils étaient brefs, mais d’une profondeur infinie, comme si chaque fois qu’il osait regarder cette humaine, il en profitait pour essayer de sonder son âme, pénétrer son être. Le désir de savoir, de comprendre. D’en savoir plus. Pourquoi.
Pourquoi semblait-elle être l’incarnation de Rose.
Une gorgée chaude. Un revers de main essuyant ses lèvres. sa langue y glissant mécaniquement. Etienne était gêné, gêné par cette proximité, par leur solitude dans ce salon.
Et en même temps, il aimait ça. Il aimait tellement ça.
Sa présence était douce, rassurante. Comme une douche chaleur en hiver, comme un rayon de soleil d’été. Et pourtant, chaque regard sur elle lui donnaît cette impression de fraîcheur. Une brise au printemps. Un léger souffle d’automne.
Elle était sublime. Inspirante. Créature divine parmi les pauvre mortels. Inspiration.
Etienne se laissait envelopper. Elle n’avait pas besoin de bouger, pas besoin de parler. Elle était simplement là, près de lui, et lui, immobile, avait le regard plongé dans son chocolat, pensif.
Alors ses yeux se levèrent. Prunelles d’eau trouvant les siennes, y glissant, y plongeant. Et il voulu lui dire. Tout lui dire.
Mais son corps se redressa. Le grand Etienne s’éleva, debout, s’enfuyant dans un sourire timide, se dérobant - juste pour aller un peu plus loin, un tout petit peu plus loin. Ramasser ses dessins. Ranger. Occuper ses mains, puisqu’ils ne pouvait occuper ses pensées à autre chose qu’elle. Elle, et Rose. Le gobelet fut posé sur la table et ses grandes mains rassemblèrent les dessins, les glissèrent dans ses carnets. Et se redressant, au milieu de l’un d’eux, toujours ce portrait de Rose.
Et derrière cette même feuille, un portrait d’Emma.
- Vous êtes très inspirante., dit-il alors avec toute la simplicité du monde, les yeux sur son croquis.
Son regard trouva le sien, une seconde. Une déglutition. Un sourire. Et lèvres pincées, il baissa de nouveau les yeux sur le carnet qu’il referma.
Le coeur lourd comme la pierre.
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Sujet: Re: Esquisse | PV Dim 16 Nov 2014 - 20:39
Elle le voit se relever. Ses mains le suivent en suspension, s’attendant à ce qu’il vacille. Mais il n’en est rien. Il ressemblerait presque à un enfant pris dans une tempête chaotique et ses iris se promettent de le suivre, inquiète mais immobile. Respectueuse pour un temps, elle le laisse à ses dessins comme c’est souvent déjà le cas. Elle l’a remarqué qu’il était sensible ce grand bonhomme à l’allure singulière qui semble pourtant si solide. Et elle se retient de lui demander. Est-ce que je peux regarder ? Ho que oui, elle aimerait jeter un oeil à ses croquis. Qu’il perd et sème avec insouciance. On dirait qu’il cherche à les laisser libre de toute attache. Peut-être une belle envie, une utopie qu’il voudrait avoir ou, à l’inverse, briser.
Conte-moi ce que tu dessines et je te conterais qui tu es.
- Vous êtes très inspirante.
Son visage se fige sur le sien. Elle reste silencieuse malgré l’envie de répondre à son sourire timide qu’il lui offre. Mais que se passe-t-il, Étienne ? Il referme le carnet, elle détourne le regard pour cacher son propre trouble et la chaleur dans ses joues rondes.
- Merci.
Toi aussi. Ou du moins à cet instant, tu m’intrigues autant que tu m’inspires. Quelque chose s’emmêle et c’est étrangement déconcertant. Pourtant, la jeune femme choisit de s’approcher de quelques pas, tout en conservant une certaine distance puisque c’est ce qu’il semble vouloir. Empathique.
- Étienne… Tu n’as pas l’air bien et cela ne semble pas être uniquement lié à ta fièvre. Tu as l’air... chamboulé. Est-ce que je peux faire quelque chose ? ... Hm… Mon don, contrôle des émotions… Est-ce que tu veux que j’essaye de t’apaiser ?
Ses doigts ont caressé inconsciemment le velour du fauteuil auprès duquel elle s’est arrêtée. Jamais elle ne forcera, sauf cas d’extrême nécessité. Alors, elle propose et il disposera. Même si, ce que son propre coeur lui pointe du battement, c’est que le visage d’Étienne, son “état” ne s’est pas amélioré en sa présence. Il s’est peut-être même encore plus troublé. Pourquoi ? Et pourquoi est-ce que je ressens sa tristesse m’étreindre ? Qu’ai-je fait ?
- À moins que tu ne veuilles rester seul.
Un pas en arrière. Elle comprend. Elle y a déjà fait face. À la fierté des hommes. Peu importe leur âge. Emma ne se mettra pas en travers du chemin qu’ils veulent atteindre. Elle a appris à les laisser passer à l’allure qu’ils désirent. Parce que elle suit son propre rythme.
Alors, elle se détourne lentement. Il a besoin de tranquillité. Peut-être est-ce tout simplement la présence d’un professeur qui le met mal à l’aise ? Pourtant, il n’est pas timide. Il ne l’était pas quand il lui a demandé de superviser son club d’écriture. Mais il y a toujours bien eu une certaine distance. Comme une barrière, un mur parfois opaque, parfois translucide mais qui les maintenait toujours séparés.
#e0230f | novembre | Titiiii don't be sad
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Sujet: Re: Esquisse | PV Dim 16 Nov 2014 - 21:36
Emma & Etienne, début novembre, yellowgreen
- Étienne… Tu n’as pas l’air bien et cela ne semble pas être uniquement lié à ta fièvre. Tu as l’air... chamboulé. - Non... Non ça va., tenta t-il d’affirmer dans un nouveau sourire bancal. - Est-ce que je peux faire quelque chose ? ...
Il hocha la tête négativement, gêné. En réalité, c’était sa simple présence qui le mettait dans cet état; ce n’était pas le moment, vraiment pas. Pas après ce qu’il venait de se passer sous ses yeux avec la jeune White.
- ... Hm… Mon don, contrôle des émotions… Est-ce que tu veux que j’essaye de t’apaiser ?
Image éclair de Rose lui posant à peu de choses près la même question après une rupture.
- À moins que tu ne veuilles rester seul. - Vous me rappelez quelqu’un., avoua t-il brusquement, plus maladroitement qu’espéré.
Elle leva les yeux sur lui, et il déglutit, comme souvent, pris de cours par sa propre franchise trop brutale.
- Je... Une fille. J’ai aimé une fille, et vous lui ressemblez beaucoup. Physiquement. Et... moralement aussi. C’est pour ça que je suis mal à l’aise, parfois, avec vous.
Souffle retenu, il l’observa, le temps semblant suspendu - il appréhendait sa réaction, et c’est dans ce court laps de temps qu’il se rendit compte de la portée que pouvaient avoir ses paroles pour quelqu’un n’ayant aucune idée de ce à quoi il pouvait faire allusion - ce qui était le cas d’Emma. Aussi, il se reprit soudainement, rougissant dans une bouffée d’air nerveuse.
- Mais... ! Je, je dis pas ça pour..., il laissa échapper un rire nerveux, ses doigts vinrent trouver sa nuque. Enfin c’est pas une méthode à deux balles pour essayer de vous séduire ou quoi hein, je cherche pas....
Il s’enfonçait. Et il en avait pleinement conscience. Tout retomba d’un coup, comme sa tête qui se baissa dans un soupir. Sa main vient trouver son visage, son pouce, son index et son majeur vinrent frotter ses yeux un instant.
- Whatever., souffla t-il.
Et yeux légèrement rougis par le frottement lorsqu’il leva de nouveau son regard d’eau dans le sien, il écarta légèrement un bras pour laisser sa main retomber contre son corps dans un geste d’abandon.
- Vous me rendez nerveux. Je suis désolé.
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Sujet: Re: Esquisse | PV Lun 17 Nov 2014 - 0:18
- Vous me rappelez quelqu’un.
Les iris rivés vers lui, Emma est surprise par cette confession soudaine. Et en perds un peu plus ses mots à mesure que le temps passe et qu’Étienne s’exprime.
- Ow… euh… d’accord, je vois… Effectivement, ça doit être déroutant pour toi… et qu’elle prenne quelques années aussi du coup... - Mais... ! Je, je dis pas ça pour... Enfin c’est pas une méthode à deux balles pour essayer de vous séduire ou quoi hein, je cherche pas...
Coup de chaud inattendu dans la poitrine de la musicienne, le palpitant s’y mêle et tambourine prestissimo. Son visage s’incline de gauche à droite tout aussi rapidement.
- B… euh, non bien sûr, ce n’est pas ce que j’ai cru...
Il réussit à la faire balbutier. Trop direct, trop naturel. Elle ne sait plus vraiment où se mettre, ni où regarder. Ce n’est pas si grave après tout. Enfin pour l’instant, c’est tout ce qu’elle peut en penser. Et oui, elle peut l'appréhender… Bien plus qu'il ne peut le croire.
- Vous me rendez nerveux. Je suis désolé. - J’ai compris. Tu n’as pas à t’excuser. Je suppose que je serais comme toi dans la situation inverse. Ne t’en fais pas.
Un sourire rassurant. Elle laisse courir un regard doux et compréhensif dans le regard d’Étienne. Oui, c’est un être sensible. Comme forgé dans les sentiments. Peut-être bien plus qu’elle ne le soupçonne vraiment. La Suédoise se pince délicatement les lèvres en soufflant à peine. Son honnêteté et sa simplicité l’a touché. Qui ne le serait pas ?
Puis la jeune femme se retourne à moitié, hésitante… Mais faisant tout de même suivre le fil de ses pensées à voix haute, avec dans l’idée de, peut-être, les mettre à égalité en partageant ce quelque chose qu’elle s’était bien gardée d’énoncer à qui que ce soit. Secrète hormis en musique.
- J’ai connu un Dobson par le passé. Plus que cela même. L’élève Lind fut l’amante de l’homme marié. Il était professeur ici. De littérature. Il aurait donné le prénom d’Étienne à son fils. C’est ce qu’il disait vouloir. C’est comme ça qu’il aurait appelé le fils qu’il aurait eu avec sa femme. Tu lui ressembles sur certains points. C’est troublant.
Et fascinant.
- Et parfois très gênant aussi. Parce que je l’ai aimé pendant… un certains temps., confie-t-elle avec la mélancolie en timbre de voix.
Sans le savoir, il s’agit peut-être maintenant de la première note d’une partition croisée. Un quatre mains encore à jouer.
- J’ai connu un Dobson par le passé., dit Emma, songeuse, rompant le silence qui s’était installé.
Ils étaient à deux, peut-être trois tablées d’écart, s’observant l’un l’autre. Elle était appuyée contre un fauteuil, lui aussi, carnets en mains. A distance. Son regard turquoise glissait sur sa silhouette de femme tandis qu’elle regardait ailleurs. Revint à ses yeux quand les siens se montrèrent à lui.
- Il était professeur ici. Etienne fronça les sourcils. Le père de Nova et Andromède avait un don ? De littérature.
Etienne resta immobile, stupéfait. Il ne savait pas comment accueillir l’info, dans quel sens réfléchir aux choses. Tout s’emmêlait. Lorsqu’elle avait parlé d’un Dobson, il avait immédiatement pensé au père de Nova qui, étrangement, lui paraîssait plus... Réel que Georges. La vérité était qu’Etienne était passé dans une véritable période de déni depuis un temps, depuis qu’il se plaisait réellement ici. Il reniait son passé, le livre. Il voulait se sentir humain, vivant, comme les autres. S’intégrer. Etre comme eux. Et cela passait par le déni de Georges, qui de plus, était mort.
Mais la littérature...
- Tu lui ressembles sur certains points. C’est troublant.
Etienne inspira, détournant le regard, pris d’une certaine angoisse comme d’un frisson marqué remontant à travers tout son corps. Pointer le doigt sur Georges était déja difficile à encaisser, surtout venant d’elle, mis mettre également en avant le lien entre l’auteur et le personnage donnait vertige à ce dernier. Se pouvait-il qu’elle parle réellement de Geroges ? Peut-être qu’il s’agissait du père de Nova, dont Georges, son frère, s’était inspiré sur certains points pour décrire Etienne ?
- Et parfois très gênant aussi. Parce que je l’ai aimé pendant… un certains temps.
Silence.
Le grand blond fixait désormais la brune, et il avait l’impression que le monde entier s'effondrait autour de lui. Encore une fois.
- ...Est-ce qu’il s’appelait Georges... ?, demanda t-il alors à voix basse, si basse qu’il dû répéter parce-qu’elle n’avait pas entendu.
Elle acquiesça. Il se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche.
Georges avait été professeur ici. Professeur de littérature. Et Emma l’avait aimé.
- ... Est-ce que c’était réciproque ?
Il avait besoin de savoir. Il était sur le point de peut-être enfin poser le doigt sur la raison pour laquelle Emma lui faisait cet effet. Tant d’effet. Emma acquiesça de nouveau, plus ou moins. Assez pour qu’Etienne comprenne que Georges et Emma avaient été liés. Etroitement liés.
- ... Est-ce que... . La Rose est votre fleur préférée.
Au fur et à mesure que les mots s’étaient échappés de ses lèvres, la question s’était transformée en affirmation. Parce-qu’Etienne avait compris. Il avait compris ce qu’il avait redouté dès la première seconde ou il avait aperçu Emma. Il avait compris ce qu’il tentait d’enfouir, de renier depuis des semaines.
Il leva les yeux vers elle. Et elle acquiesça.
Un lourd silence enveloppa Etienne qui baissa les yeux sur les carnets posés devant lui. Immobile. Figé. Mort.
Rose n’avait jamais existé. Rose n’était qu’une description d’Emma écrite à l’encre sur du papier. Rose n’était personne. Rose n’était pas unique. Rose n’était rien.
Rien de plus que l’amour de Georges pour Emma, jeté désespérément sur les pages d’un livre.
« Nous n’existons pas. Nous ne sommes rien. De simples reflets, fantasmes et frustrations de la réalité. »
- C’était mon oncle., jeta Etienne dans l’air, menteur comme rarement, parce-qu’il était bien là face à elle, et qu’il fallait continuer. Continuer de faire semblant. Mentir. Se protéger. Se battre pour rester en vie.
Etienne ne pouvait pas admettre, il ne pouvait se résoudre à n’être que des mots sur une page. Surtout pas face à elle.
« Désolé Andromède. Je veux vivre. »
Il leva alors les yeux vers elle, revenant pour un temps à la réalité. Leur réalité à eux. Il se leva et s’approcha d’elle en l’observant avec attention, prudence. Il n’avait plus qu’une chose en tête, un fait, un fait dans lequel il s’oubliait lui pour uniquement penser à eux et à leur histoire.
La distance les séparant n’était plus.
- Vous...
Georges n’était qu’un homme. Il n’était pas connu, même pas à Londres où il vivait, loin d’ici. Il n’était qu’un amoureux passionné ayant vécu enfermé chez lui à écrire, écrire, écrire. Il avait passé sa vie à faire qu’Etienne vive la sienne.
- Vous savez qu’il est décédé... ?
Codé par Liixi4
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Sujet: Re: Esquisse | PV Lun 17 Nov 2014 - 17:49
À chaque hochement de tête positif de sa part, Étienne, quant à lui, semblait se décomposer un peu plus. C’était presque comme si on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert sans pour autant déceler clairement l’intrigue principale. Énigmatique. Elle eut même un violent pressentiment : qu’il s’écroule devant elle. Les doigts de la musicienne s’étaient alors crispés sur le rembourrage du fauteuil. Un peu plus lorsqu’il fallut admettre que c’était réciproque mais pas totalement.
- Une relation avec un homme marié... Ça n’aurait pas duré, c’était incensé, on le savait lui comme moi.
C’était voué à l’échec. Et encore une fois, il fallut vivre avec ce rejet et le fait de n’avoir été que le deuxième choix. Ou justement... de ne pas avoir été choisie tout court. Comme avec Indiana. Même pas n’être qu’à la seconde place, mais plutôt n’appartenir à aucun coeur et à aucun désireux.
Puis la question concernant sa fleur préférée tombe étrangement. Quel rapport y a-t-il ? Et lorsqu’elle répond simplement, Étienne semble s’éteindre soudainement. Elle voulut s’approcher, peut-être trop naturellement le toucher, comme pour mieux savoir, ressentir ce qui se passait. Pourquoi une rose semblait l’atteindre à ce point ? Mais elle ne fit rien. Paralysée par le désaroi du jeune homme qui lui faisait face. Qui parvenait à la troubler en l’étant lui-même. Elle baissa la tête, se demandant d’où venait cette étrange connexion. Était-ce son don qui s’était activé sans qu’elle s’en aperçoive ? Impossible. Elle n’est plus l’adolescente qui se laissait chahuter par tout ce qui l’entourait.
- C’était mon oncle.
Elle leva les yeux pour le découvrir tout près d’elle. Leurs regards aussi translucide l’un et l’autre se mêlèrent.
- Vous... Vous savez qu’il est décédé... ?
Et la tristesse y coule.
- Oui. J’ai appris ça, à cause des… circonstances particulières pour Nova et Andromède. À cet instant, un frisson roule sur son échine, une main tremblante se porte à sa bouche. Mon dieu Étienne. Je suis désolée. Je n’ai pas… Tu es un Dobson et je n’ai pas du tout réalisé...
Sa voix se brise dans un éclat. Ses sourcils se froncent. La jeune femme détourne le visage pour cacher son émotion. Comment ai-je pu occulter à ce point l’existence d’Étienne et son lien plus qu’évident avec la famille Dobson ? Comment est-ce possible ? Pourquoi l’ai-je dissocié de tout le reste ?
- Je suis navrée. Je te présente toutes mes condoléances. , dit-elle d’une voix voilée par l’effroi en hésitant à le regarder à nouveau et littéralement morte de honte. Je m’en veux terriblement. Comment j’ai pu… Excuse-moi, je ne comprends pas...
Elle finit par se redresser, reculer de deux petits pas, une de ses mains allant chercher à s’accrocher à son coude.
- Bien entendu, si tu as besoin de parler, je t’écouterais... même si tu dois me trouver bien ridicule maintenant.
Le regard fleur de ciel fuit encore quelques temps avant d’enfin se poser sur le visage d’Étienne. Pour faire face.
- Mais n’hésite pas. Si je peux t’aider, je ferais de mon mieux pour toi. Les traits de son visage se muèrent dans l’étonnement général en réalisant ce qu’elle venait de dire. Pour toi. ... Euhm… Enfin je ferais mon possible.
- Oui. J’ai appris ça, à cause des… circonstances particulières pour Nova et Andromède.
Etienne ne put s’empêcher d’avoir un ressenti négatif pour ces deux la. Il n’était pas de leur famille, n’avait rien à voir avec eux. Presque. Leurs relations étaient tendues, entre Andromède qui lui mettait une pression incompréhensible à cause de toute cette histoire et Nova qui... qui était juste folle...
- Mon dieu Étienne. Je suis désolée. Le concerné leva le regard vers elle avec étonnement.
La mort de Georges l’affectant beaucoup moins que ce qu’elle pourrait le croire. Il n’avait pas connu Georges. Il ne l’avait vu que quelques secondes, avant de s’enfuir du petit appartement londonnien. Pour lui, sa connexion avec Georges était plus de l’ordre... spirituel. Il était son créateur, pas son père. C’était quelque chose de différent, et d’inexplicable. Quelque part, mort ou vivant, pour lui ça ne changeait rien. C’était même très probablement mieux ainsi. pour de très nombreuses raisons.
- Je n’ai pas… Tu es un Dobson et je n’ai pas du tout réalisé... Je suis navrée. Je te présente toutes mes condoléances.
Emma se répandit en excuses, joua son rôle de professeur à la perfection en disant à Etienne qu’il pourrait lui parler, si besoin.
La discussion classique d’un professeur avec son élève en deuil. Si c’était si simple que ça.
Etienne détestait mentir. Il ne le faisait jamais, ce n’était pas lui. Pourtant, il ignorait pourquoi, mais il devait le faire maintenant, avec Emma. Il ne pouvait pas lui dire qu’il était un personnage, qu’elle avait inspiré l’écriture de Rose, celle qu’il aimait. Que tout ça n’existait pas, qu’il n’était que le fruit d’un raté magique, d’une catastrophe.
C’était trop pour lui, c’était au dessus de ses forces. Et quelque chose lui dit que ce serait probablement trop pour elle également. Elle finirait pourtant par le savoir, tôt ou tard, parce-qu’Etienne avait compris qu’à Prismver toute vérité finissait pas éclater. Elle était de plus un professeur, et il était sincèrement étonné qu’elle ne soit toujours pas au courant de sa situation. Elle finirait par l’être. Et elle saurait alors qu’il lui a mentit.
Il déglutit, hochant la tête, chassant cette idée. Un problème à la fois, il était inutile de tirer des plans sur la comète, surtout si ça ne faisait qu’assombrir ses pensées. A son tour, il releva le menton, la rassura d’une main respectueuse sur le bras, d’un sourire qui se voulait convaincant.
- Je vous remercie. Ca ira. Je ne l’ai presque pas connu.
Il se pinça les lèvres avec gêne et alla récupérer ses carnets. Il passa devant elle pour rejoindre la porte. Il avait besoin d’être seul. ... Ou pas, d’ailleurs. Non, en fait, il avait besoin de Charlie, de Sarah. De ces filles à qui il pouvait ouvrir son coeur sans peurs.
De ces filles qui, jour après jour, l’aidaient à se sentir humain.
- ... je suis heureux que vous ayez connu Georges., confia t-il a mi-voix en s’arrêtant un instant près d’elle.
Il était impossible qu’elle saisisse toute la profondeur de ses mots, et il le savait. Mais pour lui, ça signifiait beaucoup. Elle était le lien entre lui et Georges. Elle était celle qui avait donné vie à Rose. Elle était l’esprit vivant de celle qui avait disparu en cendres. Elle était le réel du fantasme qu’il avait aimé.
- Merci pour votre gentillesse Mademoiselle Lind. ... On se voit mardi. acheva t-il dans un sourire, le coeur lourd, avant de quitter la pièce troublé comme il l’avait rarement été.