Trop d’absence depuis qu’il a rejoint la classe S. Il n’a plus été a un seul cours - quelle utilité ? Plus apte à respirer le même air que ces faibles et son intelligence et sa culture est telle qu’il a des années d’avance sur les élèves de son âge.
Oui, mais voilà. C’est depuis qu’il l’a rejoint qu’il reçoit des lettres de l’administration en demandant de justifier telle ou telle absence. A force, il n’en envoyaient même plus de lettres et attendaient que les surveillants fassent leur taff et qu’ils le croisent dans les couloirs pour le chopper.
La belle vie, sans devoir supporter les discours soporifiques des professeurs qui ne font que lire leurs cours. Rester chez soi était plus plaisant et surtout moins fatiguant - niveau perte de temps, aller en classe et glander, c’était un peu pareil.
Samedi matin. La plupart des élèves n’ont pas cours, certains si, d’autres vont à la bibliothèque pour réviser, et Anshu s’est levé relativement tôt et s’y rendait justement pour aller faire chier son monde. Il a même mit son uniforme pour paraître intelligent et studieux, sa cravate ambrée parfaitement nouée trahissant un contraste et une ironie plutôt mauvaise. On lui posait trop de question pour les bandages et ses blessures étaient si mal entretenues que sa chair était exposée, s’accrochait aux tissus et provoquait une douleur plutôt aigue lorsqu’il voulait les retirer, alors il a décidé de s’en foutre encore plus et de mettre des gants de soie noirs - lui donnant un air de riche égocentrique (chose qu’il était peut-être, voir totalement) et pourrissaient davantage ses plaies, la matière obscure laissant des résidus sur sa chair.
Tour annexe. Comme prévus, les couloirs étaient pas si déserts que ça à cause des intellos et des gens qui se pensent à l'abri et en profitent pour fumer - c’était forcément des E -. Il traverse le couloir désert où les salles de permanence étaient là, glissant sa tête au hublot pour voir si y’avait pas des pauvres gens coincés ici et se foutre éventuellement d’eux - boah, un ou deux, c’est pas très intéressant.
Il s’étire - fatigué à rien foutre évidemment et continue de marcher lentement et paresseusement, puis, plongé dans une léthargie mentale, sent une large main se poser sur son épaule, il sursaute à peine et pose ses yeux dessus pour voir à qui elle appartenait - en fait, il a même pas à la regarder plus d’une seconde, ces tatouage et cette peau sombre sont des preuves suffisantes, plus besoin de réflexion supplémentaire. Il déglutit et sourit, crispé, ne sachant pas vraiment s’il devait être content de voir le surveillant le plus tyrannique que le monde ait crée après de longs mois.
Sa main le fait pivoter face à lui, et, forcé de poser ses yeux sur lui, il recule machinalement de plusieurs pas, s’éclaircissant la voix.
Ah, t’es venu me faire un petit coucou…? C’est gentil de ta part, mais je crois que j’ai pas le temps là, une prochaine fois m’kay..?
L’impression qu’il va encore rester enfermé entre quatre murs.
La soirée est passée si vite que, lorsque tu as relevé le nez de ta paperasse, il était déjà 6h. Du matin. Oui. Encore une nuit blanche. Tu te plaques la main sur le visage, soupirant. Épuisé. Éreinté. Cette guerre des classes te bouffe tout ton temps. Tu pensais avoir trouvé un peu de repos lorsque la dissolution de RED fut annoncée, et que Ruthel ordonna à RTP de retourner à leur petit club de snobinards. Tu pensais pouvoir concentrer tes efforts sur les S, sur le Ranker. Mais non. Les choses évoluent si vite que tu n'as rien le temps de faire.
Les rumeurs vont plus vite qu'une traînée de poudre à laquelle on aurait mis le feu : les E grondent, et les A le savent. Il se prépare quelque chose. Mais tu n'as, pour le moment, aucune certitude. Que des bruits de couloirs. Une nouvelle bataille se prépare. Et tu es le seul à pouvoir faire quelque chose. Enfin... disons plutôt que t'es le seul qui fait pas de différences et qui sanctionne autant les A que les E. Pas de traitement de faveur. Les autres adultes se cantonnent à s'en prendre aux E. Mais, comme dit le proverbe, il n'y a pas de fumée sans feu.
Si les E, déjà pas très stables, s'enflamment, c'est qu'on aura jeter de l'huile sur le feu. Et qui d'autres que les A pour réussir à les provoquer ainsi ? Tu soupires. Les A ne sont plus ce qu'ils étaient. Du temps où, toi, tu l'étais, les choses étaient différentes. Cette époque te manque presque.
Tu te redresses, décidant de quitter ton bureau pour aller faire un tour dans les couloirs. Rares sont ceux qui traînent dans le pensionnat le samedi matin. Mis à part quelques courageux et studieux élèves. Tu aperçois, plus loin, la crinière désordonnée de Patridge qui se dirige vers la bibliothèque, accompagnée par Park.
Une odeur vient titiller tes narines et tes sens sont en alerte. Tu regardes autour de toi, avançant avant de repérer des élèves en train de fumer. Un sourire mauvais trace tes lèvres et tu te diriges vers eux. Et, lorsqu'ils t'aperçoivent, ils ne prennent pas la peine de fuir : ils savent que ça ne servirait à rien. Résultat des courses : 3h de colle chacun, mercredi après-midi. Tu les chasses rapidement, grognant, avant de retourner à ton inspection.
C'est alors que tu le vois. Dans le couloir, plus loin, des cheveux noirs, tressés en longue et dense natte. Une démarche princière, royale. Tu presses le pas pour le rejoindre, posant ta main sur son épaule. Il se stoppe et tu sens son rythme cardiaque changer. Anxieux ? C'est nouveau ça. Ton regard glacial et noir finit par trouver rapidement celui de l'élève. Anshu. Il recule de quelques pas mais hors de question de le laisser filer.
« Ah, t’es venu me faire un petit coucou…? C’est gentil de ta part, mais je crois que j’ai pas le temps là, une prochaine fois m’kay...? »
Tu te penches, plongeant ton regard dans le sien avant d'afficher un sourire plus mauvais encore que le précédent.
« C'est plutôt moi qui devrait vous remercier de vous être déplacé jusqu'ici, sa majesté le S. » Tu te redresses, ouvrant la porte de la pièce voisine d'un petit coup de pied. « Mais je vous en prie, entrez. C'est si rare de vous voir entre ces murs, faites-leur donc l'honneur de votre présence un peu plus longtemps. »
Ton sourire ne s'efface pas, et tes yeux ne quitte pas les siens. Anshu sait parfaitement qu'il n'a pas le choix. A ou pas, S ou pas, tu t'en fous comme de ta première chemise. L'égyptien entre dans la salle, déserte, et tu le suis, refermant la porte derrière toi. Tu déposes tes affaires sur le bureau, prenant appui sur celui-ci, croisant les bras avant de le toiser.
« Alors, Monsieur Ânkhs-Amon, que nous vaut l'extrême privilège de votre visite en ces lieux si inconvenants à votre personne, hm ? »
C'est craché avec mépris, avec déception. Depuis qu'il est devenu un de ces fameux S, tu ne l'as pas revu chez toi. Il ne te rend plus visite. Votre complicité s'est évaporé, à ton grand regret. Et tu soupçonnes ces S, et ce Ranker, d'être la cause de tout ça. Tu finis par briser la distance qui vous sépare, plongeant ton regard dans le sien, avec moins d'animosité.
« Qu'est-ce qu'il se passe, Anshu ? Pourquoi tu ne vas plus en cours ? Parce que tu es un S ? Tu crois que ça te dispense ? » Tu soupires. « Il fut un temps où toi et moi étions suffisamment proches pour que tu me confies tes problèmes. Alors, en souvenir de ce temps, je te demande de m'expliquer ce qu'il se passe. »
C'est plutôt moi qui devrait vous remercier de vous être déplacé jusqu'ici, sa majesté le S. Oh arrête, je vais vomir.
Anshu croise les bras, irrité, balayant les alentours du regard pour trouver un éventuel échappatoire. Mais le surveillant ouvre la porte d’une des salles et c’est peine perdu, il grince des dents sans répondre et l’observe quelque secondes avant de rentré, résigné et déjà agacé à l’idée de passer sa journée dans cette salle. Il glisse ses mains dans ses poches et rentre dans la pièce, lui jette un dernier regard, fronçant les sourcils.
Arrête de sourire comme ça, ça te va pas. En réalité, ça l’énervait plus qu’autre chose, il se foutait de savoir si ce genre de sourire satirique lui allait ou pas.
Le brun glisse ses doigts sur chacune des tables avant d’aller s’asseoir en face du bureau en silence. O’Connor entre à son tour et s’appuie contre le bureau, lui jetant un regard qu’Anshu capte aussitôt, semblant calme alors que son sang était en train de bouillir et que cette attitude l'agaçait sans aucune raison.
Alors, Monsieur nkhs-Amon, que nous vaut l'extrême privilège de votre visite en ces lieux si inconvenants à votre personne, hm ? Je viens voir comment ça se passe, en bas. Si ce peuple minable se fait écraser comme il se doit ou si je dois moi-même les réduire en bouillie… Souffle-t-il en glissant la paume de sa main sous son menton alors que les doigts de son autre main s’amusaient à tapoter la table de leur bout.
Il tente de paraître impassible et indifférent quand Nemesis perd ce sourire qu’il haissait tant à l’heure actuelle et s’approche, le fixant d’un regard auquel il aurait sans doute succombé et aurait sans aucun doute vidé son sac depuis longtemps.
Il passe les questions qu’il juge sans importance et ne méritant aucune réponse - c’est à dire toutes - et le fixe attentivement à chaque mot qu’il prononce, son regard alternant entre ses yeux et ses lèvres. Le prince déchu détourne les yeux autre part et décide d’observer un point invisible au niveau de la fenêtre, gardant le silence un long moment avant de laisser s’échapper un soupir lourd de ses lippes.
Devrai-je vraiment te faire confiance…? Non.. Devrions-nous nous faire confiance…? Ton devoir est de calmer cette guerre des classes et ça implique à prendre en main les S, et le mien est de faire durer cette guerre pour qu’ils périssent tous… Il pose son regard sur lui, se mordillant l’intérieur de la joue. J’aimerai tout te dire, mais je peux pas, et j’en ai pas la force.
Anshu laisse son dos taper contre le dossier de la chaise et croise les bras en soutenant son regard, le visage à présent face à lui.
Je pense que rien ne sera plus comme avant. Je serai amené à faire de vilaines choses, et tu te penses vraiment capable de fermer les yeux et de me traiter comme ton chaton adoré comme avant ? Moi, je ne t’en pense pas capable. Il plisse les yeux et observe les siens, étouffant un rire démentiel en se passant la main sur ce visage.
La seule chose que j’peux te dire, c’est que l’autre salope de Dobson nous a tous rendu totalement cinglés. Et autant c’est une mauvaise chose pour nous, c’en est également une pour vous..
Tu l'écoutes, silencieux. Il parle de confiance, ce qui t'arrache un sourire aussi mauvais que le regard posé sur lui. Cette histoire te faire doucement rire. La guerre des classes, le Ranker, les S. Fatigante lutte qui t'épuise plus qu'autre chose. T'as passé l'âge de jouer à la baby-sitter pour tous ces satanés gamins immatures et plus égoïstes les uns que les autres. Tu te pinces l'arrête du nez, soupirant en quittant un instant son regard pour laisser tes paupières te plonger un bref instant dans le noir. Anshu daigne enfin ensuite te regarder, et tu plonges ton regard éreinté, noir, dans le sien.
« Je pense que rien ne sera plus comme avant. Je serai amené à faire de vilaines choses, et tu te penses vraiment capable de fermer les yeux et de me traiter comme ton chaton adoré comme avant ? Moi, je ne t’en pense pas capable. »
Tu hausses un sourcil. Il est vrai que tu as, pendant très longtemps, fermé les yeux sur les agissements de l'égyptien. Tu n'as jamais voulu faire de favoritisme. Et pourtant... il y a toujours eu cet espèce d'amour "parental", cette envie de l'avoir avec toi. Tu jettes un regard par la fenêtre, un instant plongé dans tes souvenirs. Anshu n'en faisait qu'à sa tête et allait jusqu'à ignorer le couvre-feu pour venir squatter ton studio pour la nuit. Griffant et miaulant à la porte d'entrée quand tu refusais d'ouvrir. Et tu te laissais toujours avoir. En beauté. Manipulé ? En quelque sorte. Tu n'étais pas pour autant son esclave. Il était juste ton chouchou. Grosse erreur de ta part, visiblement.
Et pourtant... c'est Anshu qui a été là le jour de ton attaque cardiaque. C'est Anshu qui a appris pour ta maladie, en même temps que Drew. C'est Anshu qui garde ce secret, qui continue d'ailleurs de le garder. Tu hausses les épaules en écho avec tes pensées. Dorénavant, que tout le pensionnat l'apprenne, tu t'en moques bien. Plus que deux ans, et ça passe vite. Personne ne risquera de te prendre en pitié, personne ne t'aime. A part deux ou trois abrutis qui, apparemment, ont du temps à perdre à t'apprécier. Pour "ce que tu es", ou une connerie du genre.
« La seule chose que j’peux te dire, c’est que l’autre salope de Dobson nous a tous rendu totalement cinglés. Et autant c’est une mauvaise chose pour nous, c’en est également une pour vous... »
Tu regagnes la réalité, posant ton regard sur lui. Tu restes silencieux un moment, la mine perplexe avant de hausser les épaules. Tu te redresses, contournant la table et Anshu. Tu passes derrière lui, posant tes deux mains sur ses épaules. Et c'est sans hésitation que tu actives ton don, ralentissant son rythme cardiaque, le torturant sans compassion.
« Aaah, comme c'est agaçant d'avoir à faire à des élèves aussi inconscients et impertinents. » Tu le sens se débattre, mais ta poigne l'empêche la moindre tentative de fuite. « Mais je dois reconnaître une chose. Puise que tu n'es plus mon "chaton adoré", je n'ai absolument plus aucune raison de retenir mes coups, pas vrai ? » Tu te penches à son oreille, murmurant. « Votre petit groupe de gamins à cravate dorée ne me fait pas peur. »
Tu ne le libères pas à un seul instant, passant devant lui pour planter ton regard sombre dans le sien. Il a pâli et sa respiration est saccadée, son coeur souffre des attaques de ton don. Tu affiches un sourire.
« Une mauvaise chose pour nous, tu disais ? Crois-tu sincèrement que c'est une bonne chose de m'avoir à dos, Anshu ? »
Tu finis par rompre le lien, reculant pour retourner t'appuyer contre le bureau, le laissant retrouver un rythme cardiaque et une respiration convenables.
« Tu ne veux plus que je te traite comme avant ? Soit. Mais prépare-toi à en assumer les conséquences. Et c'est trop tard pour reculer à présent. »
Ou pas. S'il venait à frapper à ta porte en te suppliant de l'aider, tu le ferais très probablement. Et au fond de toi, c'est plus un supplice que de voir votre relation évoluer ainsi. Au fond de toi, Anshu restera l'élève que tu aimes le plus. Celui avec qui tu as passé d'excellents moments. Et c'est celui que tu n'auras pas le droit de revoir en tant qu'ami avant ta mort. Une douleur vient te mordre le coeur et tu pousses un léger grognement, presque inaudible, suivi d'une grimace. Depuis quelques temps, chaque utilisation te provoque une douleur désagréable mais brève.
« J'aurais aimé que tu restes en dehors des S. J'aurais aimé que tu restes celui que tu étais avant. Celui que j'aimais et protégeais comme un père protégerait son fils. Ne sommes-nous à présent que des étrangers ? »
Ses doigts dessinent des cercles sur la table alors que ses yeux, eux, toujours plissés, suivent le surveillant du regard jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus l’atteindre, sa tête se tournant alors en sa direction, curieux de savoir ce qu’il comptait faire. Il dépose ses larges mains sur ses épaules et Anshu sourit, s’apprêtant à sortir une connerie, coupé court par une sensation plus que désagréable touchant son corps entier. Il eut un certain temps de réflexion avant de comprendre, mais il était trop tard déjà, ses forces semblaient l’abandonner et il avait l’impression de tomber alors que la pression à présent effrayante exercée sur ses épaules était toujours bien présente, écrasante même à présent, son corps brûlait, puis le gelait, ses muscles semblaient être desséchés - il avait même du mal à se débattre, et pourtant, son corps semblait suffisamment réactif pour trembler de frayeur, ses dents s’entrechoquant pour produire un bruit oppressant. Sa respiration devenait plus courte et il ferma les yeux, fatigué de lutter pour rien - sentant alors à ce moment là ses mains le quitter et accorder une sensation de légèreté à son corps entier, et lui faire prendre conscience qu’il était crispé sur sa chaise depuis tout ce temps, une goûte de sueur froide perlant le long de sa tempe devenue pâle comme son visage entier.
Peut-être avait-il entendu sa voix durant cette longue torture, il avait même eu l’impression qu’elle s’était rapprochée de son oreille au bout d’un moment, mais quand bien même l’avait-il entendu, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il lui avait raconté. Le S recouvre son souffre, lentement, alors que c’était ses mains entières qui commençaient à le démanger, et c’est quand il se gratta qu’il sentit le fruit de son don qu’il s’était efforcé de voiler aux gens pour voiler d’ailleurs sa propre faiblesse gratter sa peau, il sentit ses boyaux se tordre et l’anxiété lui glacer le sang, son visage qui avait reprit ses couleurs chatoyantes devenant encore plus livide qu’auparavant, mais il tira sur ses gants comme pour se cacher davantage et voila ses yeux avec ses mèches qu’il avait fait exprès de ne pas couper pour pouvoir faire ça.
Il pouvait le fixer dans les yeux d’où il était, et en l’espace de quelques secondes il avait sentit son visage se crisper davantage, perplexe, il resta muet et baissa les yeux sur ses mains tremblantes posées sur ses cuisses.
J'aurais aimé que tu restes en dehors des S. J'aurais aimé que tu restes celui que tu étais avant. Celui que j'aimais et protégeais comme un père protégerait son fils. Ne sommes-nous à présent que des étrangers ?
Muet. Il ferme les yeux, se pinçant la lèvre supérieure et inférieure l’une après l’autre. Il souffle pour garder son calme et s’élance d’une voix calme, presque hésitante - sa tête se relevant alors qu’il le dévisageait à présent, les sourcils froncés.
Étrangers… Je ne pense pas. Mais on ne peut rien y faire. Il sourit, crispé, s’adossant une nouvelle voix sur sa chaise, les bras croisés et flageolant. J’aurais aimé que tu restes en dehors de cette guerre des classes, moi aussi. Anshu détourne le regard, le posant sur le ciel. Mais t’as commencé à me délaisser aussi - peut-être était-ce faux, mais ça me donnait cette impression.. Avec tout ton travail supplémentaire, puis Betsabe. J’avais pas envie de te rendre visite dans de telles conditions. Et il essaie encore d’utiliser sa jalousie comme prétexte, parce qu’il fuit cette conversation, et trouve un échappatoire.
Je ne m’oppose pas vraiment à toi, ni aux autres classes en fait. Je fais tout ça pour m’amuser, et quand j’en aurais marre, je prendrais mes responsabilité et me casserai de ce pensionnat de merde qui a pourri ma vie entière. J’sais même pas pourquoi je l’ai rejoint, d’ailleurs. De la pure daube. Ennui mortel.
Il serre les dents et serre ses poings avant de retirer sa cravate qui l’étouffait à présent, faisant également sauter quelques uns de ses boutons de chemise qui roulèrent au sol et dévoilèrent une faible partie de son torse, alors qu’il ôtait les ficelles restantes sur son tissu immaculé ses traits s’assombrissant, le regard posé sur tout sauf Nemesis.
Tss. De toute façon, j’ai raison. Quand je dis que rien ne sera plus comme avant. J’étais déjà pas normal avant, alors avec tout ce qui me pourrit - ou m’embellit, qui sait……? - ma vie, je suis devenu bon à foutre à l’asile. Ça va entacher ta réputation de Nemou enragé, impénétrable et sévère, hein..?
Une grimace ornait à présent ses lèvres. Une grimace troublée de ce qu’il disait et comment il réagissait. C’était fréquent, en ce moment, cette impression de bipolarité, ou peut-être était-il devenu plus lunatique qu’avant…? Mais lui-même, au plus profond de son être ne comprenait pas ce changement total de comportement.
Le jeune homme pose enfin ses yeux sur le surveillant et le fixe, quelques secondes, le regret dévorant les dernières miettes de son coeur inexistant. Et il pose sa tête dans ses bras, retirant ses gants car ils devenaient plus une gêne qu’autre chose, que ses mains en décomposition étaient plus ou moins voilées par sa chevelure et ses vêtements.
Bon, qu’est-ce que je dois faire ? Glander jusqu’à ce que l’heure s’écoule ?