Just dance with me || Pandolveig

Une fois de plus Solveig soupira en se contemplant dans le miroir de la salle de bain.
Sortir signifierait qu'elle était prête et qu'elle devrait y aller. A la soirée. Avec plein de monde. Dehors.
Et en plus, pas exactement avec le cavalier qu'elle aurait aimé avoir.
Bien qu'elle n'ait rien contre Pandora qui avait eu la gentillesse de l'invité (ce qu'elle n'avait pas pu refuser, bien sûr), c'est au bras d'un autre qu'elle aurait secrètement voulu y aller... Mais voilà, bravo Solvy, tu as réussi à être plus lâche que le lâche officiel de Prismver...

La norvégienne s'était résolue à rester chez elle : les fêtes ne l’intéressaient pas plus que ça et elle n'aimait pas les grands rassemblements. Elle était toujours soucieuse des autres au cas où sont don déraperait, chose possible vu le stress qu'elle ressentait quand elle était à l'extérieur, sans quatre murs et un plafond pour la protéger.
L'invitation enthousiaste de Pandora l'avait surprise et un peu flattée. La jeune femme aurait sans soucis put y aller avec le garçon de son choix (ou la fille, d'ailleurs il faudrait qu'elle pose une question à Pandora à ce propos, si elle avait bien lu le flyer, elles étaient sensées s'embrasser à minuit, en mettant bas les masques).
Et comme Solvy ne savait jamais dire non, surtout à Pandora...

Elle soupira derechef. Mais elle s'était engagée, elle ne pouvait reculer.
Elle s'admira une dernière fois dans la glace. La robe argenté qu'elle portait était plus...moins... enfin, différente de celles toutes simples qu'elle portait d'habitude.
Moins pratique, déjà. Et... Etait-ce parce qu'elle venait d'avoir 16 ans, mais elle paraissait un peu plus... femme dedans.
Ou bien était-ce dû à l'étrange sorcellerie des doigts boudinées du copain en A de Kieran ? Il était passé dans l'après-midi en cherchant Kieran qui n'était pas là et avait surpris Solveig en plein essayage. Il avait soupiré lourdement, puis s'était approché en grommelant, s'emparant de la robe. Quelques instant plus tard, il la lui rendait et lui ajustait parfaitement. Avant de s'en aller, toujours en ronchonnant. Étrange personnage.

Solveig entendit d'ailleurs gueuler Kieran qu'il y avait quelqu'un à la porte, que sa "nouvelle petite amie" était arrivée en avance.
Elle enfila son masque, argenté lui aussi, tout comme l'attache de sa tresse et les discrets bijoux aux symboles vikings qu'elle portait (un bracelet et un collier). Par contre, la jeune fille oublia complétement de se maquiller. D'ailleurs, à quoi bon ? Elle portait un masque.
La norvégienne finit donc par sortir et rejoignit Pandora qui était arrivé en avance. Peut-être pour la rassurer, avec son sourire étincelant.
Celui de la B était plus crispé, évidemment. Il fallait que la Jim's de cette année soit en partie en extérieur. En hiver. Elle ne s'y était pas attendue, et craignait d'avoir une attaque de panique et de perdre le contrôle de son don. Même si Chan l'avait entrainé à sortir un peu, Solveig était loin de se sentir à l'aise loin des murs rassurant de son domaine : le pensionnat de Prismver.

C'est donc fort mal à l'aise (et toujours un peu honteuse de sa faiblesse), heureusement cramponnée au bras de Pandora qu'elle se fit trainer à la party.
Cette dernière poussa des cris de joie en découvrant le somptueux et magique panorama du lieu de la fête. Solveig, elle, regardait ses pieds (heureusement, elle n'avait pas mis de talons, elle aurait été trop maladroite et trop...grande).
Les festivités n'avait pas commençait, mais Pandora resplendissait de joie de vivre et d'excitation. Solveig en sentait presque la chaleur se dégager de sa lumineuse compagne pour la soirée.

"Woah ! Tu as vu comme c'est beau, Solveig ? Viens, on va voir ça de plus près." s'exclama la jeune femme de A.
La norvégienne, apeurée, pâle mais tentant malgré tout de faire bonne figure pour son amie lui répondit d'un sourire falot et d'un murmure bas.
"C'est... splendide. Je... J'espère qu'on n'aura pas trop froid. Dehors. Avec cette glace." balbutia-t-elle, avec hochement de tête implicite vers le luxueux yacht.
Pour une norvégienne, Solveig n'aimait guère le froid, étant frileuse de nature et prompte à choper le moindre virus. Mais ce n'était rien en comparaison de sa phobie des espaces vides.
Elle espérait donc que son amie allait proposer de passer la soirée sur le bateau. Elles seraient alors au chaud et même si c'était sur l'eau, il y aurait des murs.

Mais les yeux pétillant de plaisir et de joie anticipée de Pandora ne semblait pas s'attarder sur le navire. Trainant encore sa grande et maladroite cavalière pâlichonne, elle fendit la foule avec allégresse, désignant la mer gelée et les patins.
Dans un sourire d’infinie bienveillance, elle désigna ceux-ci.
"Ça te dit de patiner un peu, après ? " demanda-t-elle d'un ton doux.
Solveig n'était guère enchantée à l'idée. C'était froid. C'était dehors. Et elle n'était déjà pas très habile de ses pieds en temps normal, mais là, elle était en plus en robe de soirée.
Mais l'air de rien, elle était tout de même une nordique et savait patiner. Un peu. Cela serait sans doute plus facile si elle osait utiliser sa magie. Et comment dire non au sourire enjôleur de Pandora ?
"P-Pourquoi pas. Si on n'a pas trop froid." répondit-elle, essayant tant bien que mal de masquer son hésitation. Une idée lui vint alors, amenant un vrai sourire et une certaine chaleur enthousiaste dans sa voix tremblotante.
"Et je me demande ce que ça donnerait en gravité réduite... Si j'osais... Les figures et sauts acrobatiques des patineuses chevronnées pourraient être à notre porté !"

Mais avant d'aller plus loin dans l'idée et de s'imaginer faisant un quintuple axel, Solveig fut interrompue par le démarrage de la soirée.
Pandora la traine à nouveau pour mieux profiter du spectacle. Alors que sa cavalière semble hypnotisée par le son et lumière grandiose, vibrant au rythme de la musique, Solveig est plus détachée.
Alors que Pandora s'enivre de sons et de néons, la norvégienne se concentre sur la musique et le spectacle dans l'unique but de ne pas penser à l'immense vide noir et froid qui les surplombait. Ne pas penser à cette foule dense, innocente et joyeuse qu'elle pourrait négligemment écraser ou pire, précipiter dans les cieux. Normalement, Jim Reed avait disposé des Annulateurs pour le seconder... Mais il fallait encore les trouver et y entrainer l'exubérante Pandora...
Solveig jeta alors un regard nerveux à sa cavalière. Et voir ce sourire béat, ses yeux pleins d'étoiles, elle sut qu'elle avait fait le bon choix, qu'elle avait eu raison de venir, malgré ses peurs, malgré ce petit pincement au cœur de ne pas y être avec Warren. Solveig se sentait heureuse quand les gens autour d'elles l’étaient.
La norvégienne, enfin un vrai sourire aux lèvres, se retourna pour contempler le spectacle, son esprit hélas trop analytique appréciant mais décortiquant mentalement la performance, analysant les pouvoirs utilisés.

Et puis, brutalement, l'interruption.
De la fumée. Des cris. Des gens caracolant partout, l'entrainant, la bousculant, la perturbant. Elle lâcha le bras rassurant de Pandora et la perdit de vue dans la foule d'hommes tout de blanc vêtus.
Pour ajouter à sa détresse, son moniteur intérieur, la représentation mentale de son pouvoir toujours actif s'éteignit. Soudain, Solveig fut de nouveau une adolescente normale, sans magie : elle venait d'échouer près d'un des Annulateur de don de la soirée.
Ce fut d'ailleurs probablement une bonne chose, au final. Avec son cœur battant, sa panique et la surprise, si cela n'avait pas été le cas, moult danseurs aurait avec déplaisir découvert le sens de l'expression se faire envoyer sur orbite.
Solveig s'effondra, perdue. Même sans don, alors qu'il en était la cause, sa phobie restait.
Elle était dehors, seule au milieu d'une foule d'inconnu, sous un ciel noir d'hiver, sans le moindre toit pour la protéger du vide, sans le moindre mur pour l'abriter, sans le moindre recoin pour se terrer, loin du monde.

La norvégienne chancelante se releva tant bien que mal, titubante, tentant de réprimer des sanglots.
La panique la gagnait peu à peu. Elle erra entre les corps, ne reconnaissant personne, cherchant son amie, sa cavalière, sa bouée de sauvetage.
"Pandora...Pandora..." bredouillait-elle d'une voix cassée, tremblante. Elle ne criait pas, n'en avait pas la force, complétement perdue et dépassée.
Paniquée, elle fendit la foule au hasard, cherchant à s'enfuir, à respirer. Son cerveau fonctionnerait mieux loin.

Alors que les fêtards se remettaient ou riait de la surprise de Jim Reed, Solveig fuyait. Elle s'isola, longeant la plage, inconsciemment attiré au dernier endroit qui l'avait marqué : la mer gelée qui avait tant enthousiasmée Pandora.
Elle s'assit au bord de la glace, laissant les patins et les cambrioles sur le verglas aux courageux fêtards.
Elle s'assit, transit de froid et de peur malgré son manteau. Son pouvoir était revenu, elle s'était trop éloignée et elle le sentait, sauvage et instable, comme les battements de son coeur.
"Pandora...où es-tu..." murmura-t-elle. "Viens me chercher... Je n'aurais pas dû venir. Je n'aurais pas dû sortir. Trop dangereux."
Mais non. La norvégienne secoua la tête, chassant ses larmes de panique dans un reniflement fort peu féminin. Ce n'était pas si grave. Elle n'était pas blessée, et cette folle farandole n'avait pas provoqué de désastre, même si elle se sentait au bord du gouffre.
Elle n'allait quand même pas se laisser abattre au premier obstacle, bon sang ! Elle était une Odegard, ses ancêtres sillonnaient les mers glacées en aveugle et s'étaient toujours battus !
Solveig était immobile, tiraillée entre la peur, la honte et le désir d'y retourner, d'affronter ses craintes, de vaincre sa lâcheté. Et de revoir l'étincelant sourire de Pandora, de découvrir le monde festif qu'elle lui avait tant vanté...


Robe • Masque

Un cri libérateur fit soudain bondir le cœur de Solveig dans sa poitrine.
"Solveig !"
La voix de Pandora ! Son amie l'avait retrouvée !
La jeune fille se rapprocha, brisant l'isolement et la panique de la norvégienne stressée.

"Il y avait une de ces foules, je te jure ! Je pensais pas que j'allais te retrouver un jour. Enfin bref..." s'exclama joyeusement la A, sourire aux lèvres comme si rien ne s'était passée.
Et sommes toutes... Rien ne s'était passé.
Une honte soudaine submergea Solveig. Oui, elle avait été surprise. Et elle avait bêtement paniqué, au milieu de tout ces gens, fasse à l'imprévu.
Pourtant, ce n'était pas bien grave, cette abrupte séparation. Juste un mouvement de foule imprévisible.
Et rien de mal n'en avait résulté : son pouvoir n'avait pas déconné, ne blessant personne, pas même elle...
Et pourtant, elle avait honteusement fuit, c'était renfermée sur elle même et avait été à deux doigts de rentrer se claquemurer dans son bungalow, abandonnant tout espoir, abandonnant l'amie qui faisait un effort pour sortir et distraire une asociale paniquée comme elle.

"Qu'est-ce qu'il y a ?" enchaina doucement Pandora.
Solveig essaya de renifler discrètement (peine perdue) et d'un geste qui se voulait négligent (tu trompes personne Solvy) de rajustement de son masque, elle essuya ses yeux et dédia un sourire mi-figue mi-raisin à la A.
"Rien. Rien, au final." balbutia-t-elle d'une petite voix. Elle hésita, ne voulant guère en dire plus : malgré tout, Solveig avait sa fierté !
Mais Pandora méritait quand même une explication.
"Désolé, j'ai... Un peu paniqué, limite crise d'angoisse." avoua-t-elle piteusement. "Tant de gens, la bousculade, la surprise et ma phobie. ça a été trop pour moi."
D'un geste de la tête, elle désigna l'assemblée des fêtards au loin.
"Ce n'est pas trop... mon monde." continua-t-elle, presque en grognant. "Quelle idée Jim a eut de faire une soirée en couple avant de balancer une meute de malotrus pour bousculer et séparer tout le monde ! Et est-ce qu'il a pensé aux gens qui comme moi n'aiment pas les surprises et dont le don aime encore moins ça ?"

Pure mauvaise foi, évidemment, mais cela l'aider à évacuer son stress et sa honte, déversant la colère qu'elle ressentait envers elle-même et sa faiblesse sur une cible que ne pouvait pas se défendre.
Et en plus, Jim y avait pensé lui souffla son cerveau trop analytique. Elle avait clairement sentit l'influence d'un Annulateur dans la foule.

"Eh... ça va aller, je suis là maintenant. Je partirai plus, d'accord ?" poursuivit Pandora d'un ton doux et rassurant.
La gentillesse de sa cavalière lui arracha cette fois un vrai sourire et dissipa pour un temps sa mauvaise humeur.
Allez Solvy, secoue-toi un peu : la A faisait tant d'effort et se montrer si serviable... Arrête de faire ton ours et remets toi en selle !
Enfin, décidée la norvégienne se releva, époussetant sa robe de soirée.
"Ok, ça va aller maintenant." déclara-t-elle fermement, chassant ses peurs de toute sa volonté (et y réussissant presque. Tant qu'elle ne regarderait pas le ciel...). "Faut que je m'habitue à être dehors, à être avec des gens. Et que je m'habitue aux surprises : allez savoir ce que nous réserve encore cette folle soirée..."

Pandora sembla convaincue et pendant qu'elle réfléchissait, le regard perdu sur les attroupements de noceurs, ramassa une paire de patin à glace avant de les lui agiter sous les yeux.
"Alors, tu veux essayer finalement, avec la gravite réduite comme tu l'as dit tout à l'heure ?" suggéra-t-elle joyeusement, comme pour enterrer l'incident.

La proposition surprit un instant Solveig, puis son esprit analytique en vit l'intérêt : le patinage n'attirait que les plus courageux et il y aurait moins de monde. Mais c'était en extérieur, donc un défi pour Solveig qui n'aurait rien eut contre le toit d'une cabine du yacht au dessus de sa tête. Mais le challenge et le fait de pouvoir crânement faire étalage de son don était également un bel appât...
Bien joué Pandora.

"Pourquoi pas." fini par décider la norvégienne trop curieuse. "Depuis que je suis à Prismver, je n'ai pas eut l'occasion de faire de patins à glace."
Elle se dégotta également une paire de patins à sa taille, qu'elle enfila prestement avant de s'élancer sur la patinoire maritime.
Solveig avait déjà fait du patin, en Norvège. Parfois même sur le lac gelée devant chez sa grand-mère.

Les colocataires de la B auraient été surpris : Solveig n'était pas connu pour son agilité, bien au contraire elle était souvent maladroite (les objets fragiles avaient une tendance au suicide en sa présence). Bleus et bosses avaient été longtemps son quotidien, vu la difficulté à maitriser ses atterrissages/décollages dus à son pouvoir...
Mais justement, grâce à lui elle avait acquis au fil du temps une compréhension assez surprenante de son centre de gravité et de son corps.
Aussi, c'est avec une certaine grâce qu'elle fit ses premiers pas glissés sur la patinoire.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour prendre ses marques et retrouver ses sensations de gamine, même si la robe de soirée n'aidait guère à faire des folies. Et pourtant, c'est ce qu'elle allaient faire...

"Ok, je me débrouille en conditions normales." affirma-t-elle à son amie. "Voyons voir ce que ça va donner en gravité réduite..."
L'élan de la norvégienne fut coupé par une voix tonitruante en provenance du bateau, un encouragement au porte-voix qui attira l'attention de tous sur une seule personne qui venait de s'étaler piteusement au sol sous le feu brulant des projecteurs. Kirian, son colocataire.
Solveig songea un instant à aller l'aider, mais au vu de l'attention qu'il venait de susciter et connaissant la fierté du A, ce n'était sans doute pas une bonne idée. Il le prendrait surement mal.

"Bon, faut espérer que je fasse un peu mieux..." soupira-t-elle. Au moins, elle savait déjà patiné et tenir seule sur la glace. Mais ce qu'elle envisageait aller être beaucoup plus acrobatique.
Elle fit une pause, hésitante.
"Euh... J'vais peut être m'éloigner un peu pour commencer et tester ça toute seule. Histoire d'être la seule à m'écraser sur la glace froide si ça merde... Si ça se passe bien et si après tu le veux, j'agrandirais ma zone de gravité réduite pour que tu en profites aussi..."
Pas sûr que Pandora accepte. A l'inverse de Chan, la A n'avait jamais voulu la rejoindre au plafond ou dans ses zones louches de gravité modifiée.

La norvégienne prit une profonde inspiration.
"Allez zou, allons esbaudir les manants cloués au sol !" plaisanta-t-elle en s'élançant vivement sur la glace.
Et ce fut spectaculaire et la plupart des patineurs s'arrêtèrent pour regarder l'impossible prestation.
D'habitude, Solveig n'était pas une personne qui cherchait l'attention, bien au contraire (bon, elle l'obtenait involontairement en vivant à l'envers du sens commun). Était-ce pour chasser sa honte d'avoir paniqué ? Était-ce pour éblouir une A ? Ou bien la jeune fille s'était-elle enfin laissée emporter par la folie de la soirée ?
Toujours est-il que même si Solveig n'avait qu'une technique (et une grâce) très basique, jamais personne (à part un professionnel) n'aurait pu faire pareille figures avec une robe de soirée. Ni sauter aussi haut, enchainant les vrilles et les boucles d'une ampleur incroyable, flottant telle une fée argenté.
Solveig semblait rebondir délicatement à chaque fois qu'elle touchait la glace, l'effleurant à peine.

La norvégienne, riant aux éclats, avait complètement oublié son moment de panique. Elle rebondissait de loops en piqués, gagnant peu à peu de la vitesse sous les applaudissement des spectateurs.
Trop de vitesse.
L'inconvénient d'une gravité trop faible, c'est que celle-ci à dû mal à vous retenir, à vous freiner... Et ce qui devait arriver arriva : à la suite d'une figure un peu osée et bien trop vive, Solveig dérapa, glissant inélégamment avec un juron bien sentit et s'écrasant sur la glace.
Elle rebondit, telle un ballon fou et incontrôlable, avant se s'écraser et de glisser non-loin de Pandora.

Les éclats de rire et jurons entremêlés de la norvégienne rassurèrent immédiatement la A : Solveig n'avait rien.
"Fallait bien qu'ça arrive." grogna cette dernière en se redressant péniblement. "Un autre avantage de la gravité réduite c'est qu'on peut prendre de spectaculaire gamelles sans que ça soit douloureux... Enfin, trop douloureux. Quelques bleus pour demain, mais c'est pas bien grave, c'était rigolo."
Se redressant tant bien que mal, elle dérapa un instant sur la glace avant de retrouver son assise d'une pirouette. Le rouge aux joues, tant à cause de l'excitation que d'une soudaine attaque de timidité sous le poids du regards des spectateurs qui avait suivit son ballet impossiblement acrobatique.
Elle tendit néanmoins la main vers Pandora, un sourire un brin gênée lui traversant le visage. Derrière son masque ses yeux riaient, la norvégienne s'amusant comme une enfant.
"Tu veux essayer ? Juste avec une réduction gravitique simple autour de moi..." demanda-t-elle à sa cavalière.

Après que la norvégienne eut fait quelques essais sur la patinoire verglacée, retrouvant ses marques et les sensation de son enfance, Pandora l'interpella, la complimentant sur son patinage.
"Ben tu te débrouilles vraiment bien je trouve !"
Solveig rosit de plaisir. L'air de rien, elle avait sa petite fierté et pour une fois qu'elle n'était pas nulle dans un sport (et sans tricher avec son don)...
"Merci. C'est les origines nordique." lança-t-elle avec un sourire à son amie, avant d'aller prendre son envol, ignorant les inquiétudes polies de Pandora pour un temps.

Et elle aurait mieux fait d'écouter la A.
A force de cabrioler en l'air de plus en plus haut en raison de son poids réduit, Solveig fini par perdre le contrôle et se ramasser en beauté.
Heureusement, en gravité réduite, la chute était plus spectaculaire que douloureuse (mais si c'était loin d'être agréable). Elle rassura donc bien vite la blonde avec un sourire penaud en se relevant.
"Pfiou, tu me rassures. En voyant cette chute j'avais peur que ce soit grave." s'inquiéta brièvement sa cavalière.
"Plus de peur que de mal." assura encore la norvégienne. "J'ai eut du bol par contre de ne pas abimer ma jolie robe..."

Elle espérait que son impressionnante gamelle n'avait pas trop foutu la frousse à Pandora, alors qu'elle allait lui proposer justement de partager la piste de glace sous une gravité réduite...
"Avec plaisir !" répliqua du tac au tac Pandora, ce qui surpris Solveig.
Jamais auparavant la blonde A n'avait accepté d'entrer dans une des zones de gravité de la norvégienne. Bien peu d'élèves osaient le faire. Au contraire, la majorité d'entre eux essayait plutôt d'éviter de se trouver trop près de Solveig, même quand elle n'était pas suspendu au plafond et malgré le nœud bleu annonçant une maitrise accomplit.
Et Solveig le proposait d'ailleurs de moins en moins, effrayée par l'expérience malheureuse avec la fragile Chan.
C'est donc avec une mélange d'appréhension et d'espoir que la B regarda l'enthousiaste Pandora pénétrer dans la zone d'effet de sa magie et l'entrainer dans de folles rondes sur la piste glacée.

Entrainée par l'exultation et la joie de sa compagne, Solveig avait le cœur léger et sans le vouloir elle réduisait encore et encore la gravité autours des deux danseuses sur glace.
"Allez je tente !" fini par s'écrier la jeune femme, avant de prendre son élan et de se propulser en l'air à une hauteur vertigineuse.
Bien vite à son aise, la jeune A enchainait de splendide figures aériennes.
Visiblement, ça lui plaisait, ce qui fit apparaître un grand sourire sur le visage de Solveig.

Mais son esprit analytique ne put s'empêcher de lui faire remarquer les différences entre elle et la gracieuse Pandora.
Alors que la norvégienne avait accomplit de véritables prouesses athlétiques, la jolie blonde en effectuait une artistique. Certes, Solveig avait enchainée des figures impressionnantes mais elles lui paraissaient soudain... fades et brutales, en comparaison des circonvolutions féériques de la A, tellement plus gracieuse que la grande perche nordique. D'où provenait une telle différence entre les deux jeunes femmes ?

Solveig la suivit des yeux un moment. Elle semblait si à l'aise, presque à caresser le ciel... La vision des étoiles lointaines qui illuminaient Pandora de leur lumière pâle fit frissonner Solveig.
L'immensité de ce ciel. Et son amie qui s'y jetait presque, à la merci d'une erreur de contrôle du don de la norvégienne.
Vivement, elle baissa la yeux, contemplant nerveusement les sillons tracer dans la glace et ses patins, fermement planté au sol. Son souffle se fit court et son esprit se tendit, raffermissant son contrôle sur sa magie. Pas question de catapulter Pandora dans l'espace !

Il lui fallut néanmoins tout sa volonté pour oser à nouveau lever les yeux vers sa cavalière qui, elle, batifolait innocemment entre ciel et glace. En plus d'être agile et gracieuse, Pandora était courageuse et lui faisait confiance pour que tout aille bien... Et la B aux cheveux turquoises eut un peu honte d'elle même, de ses doutes, tout en enviant la belle A.
Solveig chassa ses pensées entremêlées de peur et de jalousie mesquine pour accueillir son amie qui revenait de son ballet céleste. Après tout, ce n'était pas plus mal qu'elle est deux styles différents, non ? Vive la diversité !

"Mais c'est génial ! J'ai presque l'impression de voler. Oh, ça te dit d'y aller à deux ? " s'enthousiasmait Pandora, visiblement ravie de l'expérience, ce qui fit chaud au coeur de Solveig.
Alors qu'elle allait balbutier une réponse assortie d'une incitation à la prudence (après tout, elle était bien placée pour savoir ce qui se passait quand on se laisser entrainer par ces sensations nouvelles), sa cavalière ne lui en laissa même pas le temps, l'entrainant, la propulsant sur la glace et dans les airs avec elle. La norvégienne cria de surprise, mais bien vite elle se soumit au rythme et aux joies exprimés par la A.

Cette dernière  la fit virevolter et tournoyer avec la déconcertante facilité de la faible gravité : chacune des jeunes filles ne pesait à présent plus que quelques kilos, tout en conservant leur force.
Après quelques moments de tourbillons fous ponctués de rire, elles se lâchèrent et se séparèrent, se posant telles des fées sur la patinoire miroitante.

Alors que Solveig reprenait son souffle, tant des efforts que de la surprise de voir Pandora s'amuser et s'exciter autant, l'autre jeune fille patina vers elle d'un air enjouée.
"Alors ça te dit de continuer ?" demanda-t-elle gaiement.
Cette fois visiblement, elle lui laissait le choix... Mais comment dire non à pareil sourire étincelant ?
D'un hochement de tête résolue, Solveig approuva et saisit la main de sa cavalière, les conduisant à nouveau sur la piste glacée où elle déploya encore sa magie. Cette fois, à elle de menait la danse !

Solveig était plus grande et plus forte que Pandora, qui était plus agile et gracieuse. C'est donc la norvégienne qui s'amusa à porter, voir à lancer sa partenaire dans de folles cabrioles et figures impressionnantes. La faible gravité compensait leur manque de talent en patinage, leur ouvrant les portes d'une danse sur glace impossible, éthérée et merveilleuse.
La jeune B ne voyait pas le temps passé, ne voyant que le sourire ravis et les exclamations de joie émerveillées de Pandora.

Mais tout devait avoir une fin : d'un coup, la gravité terrestre reprit ses droits, surprenant les deux jeunes filles, heureusement fort proches du sol. Mais c'est sur les fesses et maladroitement qu'elles atterrirent, accompagné d'un juron peu digne d'une jeune demoiselle pour la B.
D'abord Solveig se demanda si elle avait déjà dépassé les vingt minutes maximum d'action de sa magie... Mais un bruyant gargouillement de son vendre, assortit d'une énorme sensation de faim la renseigna bien mieux.
"Oups..." s'excusa-t-elle, alors que son ventre annonçait à nouveau au monde qu'elle mourrait de faim. "Je crois que je suis à sec, je manque de carburant..."

C'était un poil embarrassant. Elle aida quand même Pandora à se relever, avant de lui expliquer une des limites de son pouvoir.
"Je crois que j'ai un peu abusée sur la magie pour l'instant." avoua-t-elle, d'abord un peu penaude, mais poursuivant ensuite d'un ton amusé. "Voilà le secret obscur de ma minceur... Mon don consomme beaucoup d'énergie et entre la gravité forcée que je m'impose pour ne pas décoller par erreur et nos acrobaties sur glace, j'ai besoin de recharger mes batteries, surtout qu'on n'a rien mangé de la soirée..."

Un énième gargouillement d'estomac vint le confirmer. Solveig n'avoua pas qu'en plus pour être certain de bien rentrer dans sa robe et de présenter un jolie ventre plat, elle avait aussi eut un déjeuner plus que léger...
D'habitude, elle aurait ouvert son sac de cours et aurait festoyée de noix, noisettes et autres friandises faites de miel et de fruits à coques, mais là elle n'avait rien pris de tout ça...

"ça te dit qu'on se trouve... un buffet ou un truc du style ? Et tu pourrais m'expliquer mieux les us et coutumes de ce genre de rassemblement festif..." demanda-t-elle, un peu à contrecœur. Cela signifiait retourner vers la fête et les gens, pas vraiment la tasse de thé de la B solitaire. "Par contre, tu risques de trouver ça un peu... surprenant. Quand je suis dans cet état, je bouffe presque autant qu'un héros de shonen des manga de Chan."
Ah, Solveig, si féminine et si raffinée...