Sujet: clayton rules the world •• pv. d4rkterry Ven 16 Jan 2015 - 14:04
« Tu vas où ? » « Chez mon frère. » « Ok. À plus. »
Il jeta un dernier regard à son ami, enfila son manteau et sortit sans un mot de plus. C’était sans arrêt comme ça depuis quelques jours — les messages avec son frère l’avaient perturbé. Andrew n’avait plus la tête à rire, et pourtant, il ne s’était rien passé. La réponse de Terry l’avait surpris, et dès lors, son comportement différent en classe lui sautait carrément aux yeux. Non, ça n’était pas tout à fait exact. C’est juste que, depuis le LMS, il en voyait les mauvais côtés. Jusqu’à présent, il faisait face à un Terry assuré qu’il n’admirait pas moins que celui qu’il connaissait, mais il lui voyait maintenant une lueur arrogante dans les yeux. Cette confiance, cette assurance que Terry était jusque là, probablement le moins apte à connaître.
Stressé, il fumait. Et fumer l’aidait à oublier pour quelques minutes. Il avait pensé à toucher à quelque chose de plus sérieux, mais les cigarettes lui suffisaient, alors il préférait se tenir à ça. Andrew n’aimait pas ne pas savoir ou ne pas comprendre, surtout quand ça concernait l’une des rares personnes envers qui il avait de réelles bonnes intentions. Loin d’être une bonne personne, l’anglais restait en dehors des conflits, se contentant de quelques remarques comme il l’avait fait sur le blog de Zephyr — mais ceci mis-à-part, il se moquait éperdument des autres. C’était égoïste, mais il s’en moquait ; il y avait des gens investis à fond, lui était nonchalant au possible. Quand on lui demandait ce qu’il pensait de la Guerre des Classes, il répondait qu’il passait trop de temps sur les sites pornos pour avoir le temps de se soucier de leurs petites guerres. Récemment, quand on lui avait posé la question, il avait écarté l’interlocuteur de son chemin et était sorti pour fumer une nouvelle cigarette.
Stressé, il fumait beaucoup. Mais ça ne l’aidait jamais à oublier assez longtemps. Vers la fin du mois, il avait tenté d’interagir avec son frère sans forcément le déranger — juste quelques regards pour lui signaler sa présence, lui rappeler cette maigre complicité qui avait tout juste eu le temps de naître. Seulement, ça n’avait rien donné. Il n’avait eu aucune réponse. Dépassé par le comportement de son aîné, il avait envoyé un message à Arsène et, n’ayant pas obtenu de réponse, avait décidé de se rendre lui-même à l’appartemment de son frère. Il connaissait le chemin par coeur — et ses pas, d’ordinaire lourds de toute la conscience qu’il portait, étaient teintés d’une interrogation sans réponse. Et si j’avais fait quelque chose, et s’il avait subitement déterré cette rancoeur qu’il enfouissait envers les parents — et si Terry voulait briser cette fraternité. Une idée qui le terrifiait, qui figea son corps rempli du peu qu’il avait mangé ces derniers jours sur le palier de son frère. Il lâcha sa cigarette presque terminée, oubliant d’en écraser les restes. Et puis, prenant une grande inspiration, il sonna.
« Salut Terry. » dit-il avec légèreté. « T’es occupé ? J’aimerais te parler. »
Il n’entra pas de suite, mais jeta d’abord un dernier regard derrière lui — comme s’il laissait là quelque chose qu’il ne retrouverait jamais. Chaussures essuyées à l’entrée, manteau posé au même endroit qu’à l’accoutumée. Ils avaient leurs habitudes, même au milieu de ce qui ressemblait davantage à une décharge qu’à un appartement. A vrai dire, cette fois-ci, les lieux semblaient même pire que d’habitude — comme si Terry avait engagé des élèves pour organiser un paintball dans les débris de ses affaires. Alors Andrew s’assit sur le fauteuil en face, comme à l’accoutumée.
« T’as l’air… différent ces temps-ci. » Il roula sa langue dans sa bouche. « J’veux dire… c’est pas une mauvaise chose, mais, par rapport à moi. Si j’ai fait quelque chose qui te déplaît, hésite pas à me le dire. »
PV. Terry • Début Février • green
InvitéInvité
Sujet: Re: clayton rules the world •• pv. d4rkterry Jeu 26 Fév 2015 - 2:59
CLAYTON
Grand frère est un batard
#cadetblue #premiers jours de février
La terreur.
C’est tout ce qu’il arrivait à trouver, là, au fond de ses tripes, alors qu’il venait de s’éveiller en sueur. Le souffle court, le crâne vrillé - il essaie de remettre ses idées en place, essaie de retrouver sa conscience, mais rien y fait, il reste là, perdu. Perdu et terrifié, Terry. C’était insupportable. Complètement insupportable. Si insupportable qu’il n’y avait sûrement que lui dans ce monde pour le supporter. La tête en chantier, le son de sa folie continuait de lui vriller le crâne, jour après jour. Enfin, “folie”. Ce n’était même pas le bon terme, même pas le bon mot pour décrire le changement de son âme volontaire. Planifié.
Les muscles tendus, il essaie de lutter contre les vieux, les trop anciens souvenirs qui l’assaillent, en pensant aux nouveaux. Aux derniers souvenirs. Ceux qu’il ne remet pas en place.
Imaginez vous vous réveiller dans votre lit sans la moindre idée de ce que vous avez fait ces derniers jours, pire même, ce dernier mois. C’était ce qu’il était en train de se passer pour Terry qui n’arrivait pas à penser à autre chose que la révélation de John le soir de la Jim’s. Et ça tourbillonne, et ça le noie. Il pleure maintenant, sans arriver à se contrôler, de grandes larmes salées griffant ses joues.
Il a envie de vomir. Il a mal. Il veut que tout ça stoppe. Disparaître si possible. C’était mieux avant, c’était mieux quand - Il se pique. S’éteint. Passe la main à l’Autre.
C’est tellement plus facile.
Δ
Son café est amer, et un peu plus que d’habitude. Il lui laisse un sale goût sur la langue. Sourcils froncés, mâchoire serrée, il fait tourner sa cuillère dans sa tasse. Il avait été imprudent. Cela faisait deux jours qu’il était rentré du camp de volley, où il avait enfin eu Lukas - où il avait enfin senti son coeur s’embraser. Battre. Vivre. Ressentir tellement de choses, tout et rien à la fois. Invincible, intouchable, Terry, avec le goût de l’interdit sur les lèvres, coupable aux yeux de tous. Grisé d’arrogance, il avait cru que cette nuit avec Lukas était une renaissance - il l’avait sentie comme une renaissance. Il s’était dit qu’il n’avait plus besoin de subterfuge, plus besoin de piqûres pour rester parmi les autres, pour être lui.
Mais il avait failli se perdre. Juste comme ça. Mourir si facilement, pour un faux pas, pour un excès de confiance. Vraiment difficile, cette salope de Vie - comme un jeu où l’on ne fait que parier, encore et encore, jusqu’à perdre. Heureusement pour lui, il a autant de vies que de seringues dans son placard, et que de failles dans la conscience de l’Autre. Tricheur éhonté.
On sonne à sa porte, et il se lève sans un bruit, finissant sa tasse avant de la reposer sur le comptoir. Les cheveux encore humides, chemise mal fermée à 2 boutons ouverts, il se dirige nonchalamment vers l’entrée - comme pour s’assurer que le calme et la suffisance émanant de ses gestes n’est pas un mensonge. Comme pour se rassurer que l’Autre est bien parti, et qu’il est là, gagnant, fier. Imposant.
Le grand frère que tu aurais du admirer, Andrew. Deux iris glacés sur le visage du jeune homme, qui semblent s’amuser. Vraiment Andrew, tu veux venir ? Tu veux rentrer ? Tu crois que c’est quoi, la raison pour laquelle il t’évite si radicalement ? Sans un mot, il le laisse s’engouffrer dans ce salon qu’est l’éternel champ de bataille entre lui et l’Autre. Pas un mot, pas un geste de plus, juste sa main qui sort une clope, l’allume, la fume. C’est ça, assied toi Andrew, lui préfère être debout, ça fait voir les choses sous un autre angle. Debout, il assied sa domination.
« T’as l’air… différent ces temps-ci. » « Différent comment ? » Allez, parle, décris le. Pose des mots et des adjectifs - ce qui a toujours manqué à l’Autre - pour le définir. Il attend que ça, veut que ça de toi parce que ...« Si j’ai fait quelque chose qui te déplaît, hésite pas à me le dire. »
Parlons en, de toi, et de ces choses qui “déplaisent.” Tu veux savoir ? Tu veux vraiment savoir comment il se sent à propos de toi, Terry ?
Il a même pas les mots. Rien d’assez conséquent pour exprimer toute la haine et la jalousie qui crâme à l’intérieur de son ventre. Pourquoi ? Parce qu’Andrew, Andrew était son frère. Son frère, avec le même sang que lui, que ses parents, que sa grand-mère. Et il ne savait rien. Il avait tout eu. Alors qu’il ne savait rien. Tu sais Andrew, les parents ils sont missionnaires, et travaillent pour médecin sans frontière. Tu crois que c’est pourquoi que Terry, depuis tout petit, a commencé à s’intéresser à tous ces mots compliqués et ennuyeux qu’il ne pouvait même pas prononcer ? C’est normal pour toi, un gosse d’à peine 10 ans qui connait l’existence du mot tachycardie ? C’était parce qu’il voulait partir avec eu - c’était son unique souhait. Etre avec eux, avec vous. Il voulait qu’ils le remarque, les parents, qu’ils le tire de là, de cet enfer sans nom où ils l’avaient laissé. Peut être que si il étudiait, peut être que s’il faisait comme eux, peut être qu’ils … Qu’ils entendront enfin la détresse silencieuse dans laquelle il l’ont tué. Mais non. Non non non non Qu’est ce que t’avais de plus que lui, Andrew ? Pourquoi ils t’ont gardé à leurs côtés, et pas lui ? T’es même pas intelligent, même pas respectueux, même pas … pourquoi ? Il a une rancoeur qu’est là, collé à ses os depuis bien longtemps. Même du temps de l’Autre. C’est bien beau de vouloir rattraper le temps perdu entre vous, mais qu’en est-il du temps volé ? Tu comptes le lui rendre ?
Bien sûr, c’est pas de ta faute, c’est de la faute à papa et maman hein. T’étais trop petit hein. Mais ça, il en a plus rien à foutre. La vie est salope, il le dit et le redit ; ce monde est injuste, et lui aussi.
T’aurais pas du venir, Andrew. Il veut pas, plus te voir, t’es un des souvenirs brisés de l’Autre, t’es un élément qu’il veut chasser de sa nouvelle vie. Alors tant pis si il te casse, tant pis si il te brise - ce sera de ta faute, c’est toi qu’est venu de ton plein gré. Lui il casse, balaie, et remplace. Remplace par tant de personnes et de choses plus importantes que toi - il a déjà Lukas, Abel, Aileen. Tu fais pas partie du tableau.
Alors, méthodique, scientifique, il choisit les mots les plus concis pour aller droit au but. Sourire peint sur les lèvres, pupilles mordantes, il dit tout simplement entre deux bouffées de tabac.
« C’est toi Andrew. Toi, juste toi, tout entier, qui me déplaît. Pas besoin d’aller chercher plus loin.»
Il y a ni colère ni haine, juste ce ton simple et léger - pire que tout. Pour lui c’est même pas un problème, t'es même plus un problème. T’aurais pas du venir, Andrew.
Sujet: Re: clayton rules the world •• pv. d4rkterry Jeu 26 Fév 2015 - 4:56
Il n’avait pas ça, Andrew. Il n’a même jamais eu cet éclat de vengeance, cette méchanceté si présente dans chacun et qu’il en était venu à envier. Il était de ta trempe, même famille, mêmes normes, même gentillesse ancrée - inscrites dans ces gênes, dans chacun des souffles expirés. Toute une existence programmée, calquée sur ce tempérament si propre à votre famille - comme un besoin de se sacrifier pour une cause encore ignorée. Les parents se battaient depuis un moment et Terry avait apprit à le faire, si bien qu’au final, Andrew avait été le seul hors de ce désir qui commençait malgré lui à le rattraper. Il l’avait senti à maintes reprises, cette envie de sortir de sa carapace, échapper à ce masque d’égoïsme qu’il avait construit - se fondre dans cet élan de bonté dont sa présence était la preuve. Au bout du compte, Terry faisait parti des rares personnes envers qui il faisait preuve de sincérité. Naturel, ouvert, laissant libre court à ses maux pour mieux les vaincre, laissant couler sa propre culpabilité pour mieux la démanteler. Il observait les bienfaits de son honnêteté sans parvenir à s’y laisser tomber ; fidèle à sa façon d’être, enveloppé dans tout ce sarcasme qui le définissait, le protégeait de cette réalité.
Privé de toute défense, il s’offrait, inquiétude dans les yeux, enthousiasme disparu avec ce sourire qu’il n’abordait plus. Tu es différent en tout, Terry, impardonnable de changer radicalement alors qu’il commençait à te ressembler. Tu ne peux pas partir, changer si brusquement de rôle face à lui qui t’a tant admiré. Il a mal de te voir t’éloigner, te montrer si différent - et même si la nature le pousse à croire, le mal-être lui offre déjà la réponse à ce regard que tu lui a adressé. Il est désarmé, entraîné par toute son admiration qui l’empêche de considérer le mal qu’il fait. Il n’a que cette affection si particulière, caractéristique de ses relations uniques - un handicap pour répondre à toute cette rancoeur que tu lui offres. Qu’est-ce que tu veux qu’il dise, Terry ? Qu’est-ce que tu attends, sinon le voir avouer ce que tu as délibérément provoqué ? Tu lui manques, parce qu’il a du mal avec cette distance maintenant que tu es entré dans ta vie. Tu es une part de lui, la représentation du futur qu’il n’a jamais envisagé. Tu ne peux pas partir maintenant, lui ôter tous ces rêves dont il s’est éprit - ce désir de changer ce grand-frère tant voulu a fini par lui inspirer.
Il l’affronte, pourtant, ce sentiment vengeur, ce sentiment qui fait mal. Il soutient tes yeux, supporte cette pression malveillante que ta présence lui inflige. Il voit très bien le problème que tu as longtemps combattu, cette bonté maladive qui vous force à voir le mal comme une force. Il ne vaut pas mieux que toi, il a simplement la chance d’avoir une mauvaise influence qui l’a aidé à changer. Lui reproche pas ça, Terry, alors qu’avec toi il est si semblable à ce que tu as toujours été. Lui reproche pas d’avoir été capable d’avancer. Qu’est-ce que ça a bien pu lui apporter, tous ces voyages - un rêve entaché par les absences incessantes, la distance qu’il était incapable de surmonter. Il aurait voulu, lui aussi, connaître cette stabilité que tu avais toujours rejeté. Il aurait voulu ta vie dont il ne voyait que le bien, rejetant son voyage sans fin qui l’avait entièrement marqué. Les marques pour oublier, parce qu’il n’avait pas la moitié de ton intelligence, n’en avait pas même assez pour songer que ce jour viendrait. Il n’avait qu’une bonne dose de normalité - et un peu d’espoir pour penser qu’il serait capable d’y échapper. Tu peux pas le rejeter Terry, c’est d’un effroyable réalisme - les allés retour dans son monde d’un constant changement.
C’est ça qui déplaît Andrew - toute ta vie et ce qu’elle lui a apporté. Vous êtes tellement différents, exacts opposés entre le travail acharné et ton interminable utopie. Pourquoi c’est si facile, il aimerait le savoir. Comment t’arrives à rejeter tout ça si soudainement, ce fardeau de bienveillance que votre sang vous force à traîner. Qu’est-ce qu’il t’es arrivé, Terry ? Qu’est-ce qui t’a traîné hors de cette monotonie ? « C’est une blague ? Comme ça, sans raison, t’as décidé de ça ? » Il aimerait tant se réveiller, te voir sourire d’une politesse silencieuse et retrouver ces normes qui te vont si bien. C’est pas lui, ce genre de situations - sérieux à n’en plus finir, estomac barré par une anxiété qu’il n’a pas l’habitude d’affronter. Le pousse pas là-dedans, Terry, lui impose pas la fatalité que t’as été forcé d’accepter.
« C’est marrant, j’ai toujours su qu’on aurait cette discussion. Je pensais juste pas que tu en viendrais à tout me mettre sur le dos. Tu me reproches une décision que je n’ai pas prise, et tu le sais. »
C’est logique pourtant, scientifique - c’est pour ça que tu ressens cette culpabilité. C’est comme ça qu’il marche, Terry, le cerveau noyé dans cette science de vie qu’il a adopté. T’en es conscient, même prisonnier de ce sentiment qui dément toute cette défense que tu essaies de dresser. T’avais juste pas l’intelligence pour comprendre, même pas l’humanité de lui dire que t’aurais voulu le remplacer. C’était ton voyage, l’histoire de ta propre vie que tu n’aurais jamais voulu oublier. Il s’en veut, Terry, pour ça. Mais il ne sera jamais capable de tout laisser tomber.
« Je pourrai t’en vouloir aussi, d’avoir été un aîné absent toutes ces années. »
De l’avoir laissé couler dans sa médiocrité.
PV. Terry • Début Février • green
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: clayton rules the world •• pv. d4rkterry