Lettre de Emrys Wheeler à Manhattan Sommerfield 9 Septembre | 9 Septembre Ma jolie Manhattan,
J’espère que tu vas bien et que le beau temps de l’été ne vous a pas quitté depuis que je suis parti, comme ma mère n’arrêtait pas de le répéter. Si le soleil brille encore sur notre Maidenhead, profites-en bien parce qu’on sait que ça dur pas jusqu’en automne. De mon côté, je suis arrivé depuis une semaine et les cours ont commencé il y a quelques jours. Il fait plutôt beau et j’étais étonné qu’il ne fasse pas plus froid, vu le coin… Mais du coup, c’est assez encourageant, je vais pouvoir partir découvrir les alentours à vélo, comme tu me l’avais conseillé.
Ah, il faut que je te raconte. Dès le premier jour, on m’a fait passer un entretient, par rapport à ce qu’ils ont appelé mon « don ». Genre, ils ont appelé ça un don ? Ca me rend nerveux, j’ai encore eu ce rire jaune pas du tout avantageux, celui que me donnait le prof d’histoire quand il me rendait une mauvaise note, tu vois ? Enfin pour dire que l’ambiance était étrange dans le bureau et ils ont une vision des choses très opposée à la mienne. Je ne sais pas quoi en penser. C’est sûrement censé me rassurer quelque part, sauf que je garde encore tout mes aprioris. J’espère que d’ici un mois il y aura de réelles améliorations. J’ai donc rencontré l’équipe pédagogique et sauf le professeur de Maîtrise des Pouvoir (on se croirait dans nos bouquins de SF), aucun enseignant n’avait eu à faire à un cas comme moi. Evidemment, le seul type qui s’y connaît en lycanthropie est le mec le plus flippant que j’ai vu, pour arranger le tout. Il fait au moins vingt centimètres… de moins que moi. Mais il est quand même baraqué et quelque chose émane de lui et me fiche des sueurs froides, si tu voyais sa tête... Par contre il y en a un autre, qui m’est plus sympathique. Le prof’ de biologie. Manhattan, cet homme est un génie, je blague pas. Il aurait un moyen de rendre mes morsures inoffensives, tu sais pour cette histoire de transmettre le gène. Alors j’aurais régulièrement droit à une piqûre et monsieur Clayton –c’est son nom– est responsable de moi sur ce plan. Ca me gêne parce que j’ai pas envie d’être son boulet… Ou de le faire flipper. Déjà qu’il a pas l’air hyper à l’aise ; il bégaie pas mal, je trouve. Mais je l’aime bien et je lui suis super reconnaissant.
Autrement, j’ai pas encore eu vraiment le temps de me faire des amis ou de parler à grand monde. Il y a une drôle d’atmosphère dans ce bahut. On est répartit par classe en fonction de la maîtrise qu’on a de notre pouvoir. Je suis chez les C, avec une cravate verte ! Ouais, c’est assez bien tombé, t’es d’accord ? Les élèves de ma classe sont réputés assez tranquilles, pourtant une de mes colocataires est elle-même dans cette section et c’est une vraie pile électrique, elle s’arrête jamais. C’est amusant, ça me distrait plus que ça ne me fatigue, pour l’instant.
Mais tu me manques déjà, Manh’. Je peux pas t’appeler la nuit quand j’ai peur et je me retrouve tout seul, sans savoir quoi faire, à part lire pour ne pas m’endormir et éviter les cauchemars. On m’a demandé ce qu’était mon pouvoir. J’ai menti à chaque fois… C’est sûr, ils flipperaient si je leur disais, non ? T’es la seule qui n’a pas aussi peur, Manh’ et ton soutien comme ta bouille vont profondément me manquer, oui. Ecris-moi souvent, j’ai besoin de te sentir à mes côtés. Ta mère n’a pas trouvé de machine à se téléporter, dans tout ce qu’elle bricole ?
Prend soin de toi et donne-moi de tes nouvelles, de celles de tes parents aussi. Tout va bien avec Texas, d’ailleurs ? Je t’enlace par la pensé ma p’tite et garde la tête sur les épaules, tu es géniale.
Emrys
Joint : des aiguilles de romarin qui parfument toute l’enveloppe et le papier à lettre |