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 How you remind me •• Drou ♥

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MessageSujet: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockMer 28 Jan 2015 - 17:27
Départ sans destination.
Drew & Sarah
Don't even think about what's right or wrong Or wrong or right 'Cuz in the end it's only you and me And no one else is gonna be around To answer all the questions left behind ▬ THE VERONICAS

Sur le coup, je crois que le temps s’est comme figé. De mes pieds jusqu’au sommet de mon crâne, c’est une glace hivernale qui s’est répandue dans mes veines.

Mon coeur s’est arrêté.
Et je me suis mise à penser.

Vous savez, au cours de ma vie, j’ai été confrontée à des situations vraiment horribles. Je crois qu’on peut le dire. Si terribles qu’à chaque fois je me disais que c’était bon ; que le pire était derrière moi. Que le Destin avait déjà fait coulé assez de larmes et de douleurs pour une simple âme telle que la mienne. Que maintenant, tout ne serait que pente douce, que j’avais déjà brûlé toutes mes cartouches de malheur - que c’était fini.

Adieu vie de malheur - bonjour bonheur.
Mais voilà, le problème c’est que le bonheur est un bien qui coûte cher et qui n’est là toujours qu’en location. Insaisissable, on ne peut pas le garder trop longtemps, il s’échappe bien trop vite. Et j’avais bien avoir payé un tribut que j’estime plus que suffisant, apparemment, j’avais abusé. Atteint mon quota.

Déjà, j’entends les rouages de mon Destin se remettre en marche. Apparemment, il n’en a pas encore fini avec moi.

Le plus drôle, c’était que ça avait commencé comme une journée pareille à celles qui composaient mes dernières semaines. Une belle journée. Une journée où j’étais bien - trop bien peut être. Pas de mauvais rêves, pas de migraine, pas de larmes, pas de gueulante. Juste moi, mains dans les poches, clope au bec, profitant de mes 15 dernières minutes avant le cours de musique. Celui qu’est optionnel, celui que j’ai pris juste pour remplir mon emploi du temps trop vide.

Sarah, pourquoi la musique ?
Les seuls compétences que t’as en guitare sont celles qu’il t’avait enseigné il y a 3 ans de ça. Jamais rejoué depuis. T’avais aucune raison. En plus, tu chantes pas si bien que ça - la voix trop rauque et cassée par le temps. Par les cris.
Sarah, qu’est ce que tu foutais là ?

De trop bonne humeur, un petit air des Franz faisait ronronner mes cordes vocales quand j’ai jeté ma clope même pas terminée pour aller à ce foutu cours. Dieu sait que j’aurais dû en profiter jusqu’au bout, de cette putain de cigarette. Tout comme de ces 15 pauvres minutes.

♪ Goodbye, lovers and friends - so sad to leave you ♪


J’aurais du sceller mon bonheur sur de meilleures paroles.
Mais c’est toute ignorante que je m’étais jetée la tête la première dans ce que John m’avait décrite comme une “chose pour laquelle une préparation psychologique - et peut-être d'autres ordres - pourrait être très bien venue.” Préparation psychologique mon cul. Même avec un mois d’avance, je n’aurais pas pu empêcher l’inévitable d’arriver. Mon premier pas dans ce piège, dans la spirale tourbillonnante de mes vieux démons.

Vous savez quoi les gens, vous avez un nouvel assistant en cours de musique.
Un homme aux yeux et à la crinière d’ébènes contrastant avec sa peau d’une pâleur fantomatique. Un jeune homme qui est mort je ne sais combien de fois à mes yeux et à mon coeur.
Il était le spectre qui venait hanter chacun de mes songes, se lovant au creux de mes os calcinés de passion. Une ombre qui chantait si magnifiquement dans mon royaume de désolation. Le Roi Noir de la Reine qu’est tombée depuis trop longtemps.
Combien de fois nous étions-nous dit adieu ? La première fois avec un baiser, la deuxième avec des phrases de mépris, la troisième noyés dans mon sang.
Et à chaque fois, on se retrouvait.
Et à chaque fois, on recommençait.
Je n’ai aucune idée de si le Destin est quelque chose de réel, ou juste un mensonge pour apaiser mes culpabilités. Mais quoiqu’il en soit, le mien avait un visage. Et un nom. Ironiquement, il s’avérait être court, bref - pas tourné vers la longueur. Tenant en 4 lettres.

Drew.

Et me voilà là, pétrifiée dans l’encadrure de la porte, incapable même de trembler. Retour sur Terre, retour au présent. Les yeux rivés à son profil qui se détache parfaitement dans la clarté de ce début d’après midi, je suis parfaitement incapable de décrire ce que je ressens en ce moment. Colère ? Peur ? Non, c’est beaucoup plus puissant que ça.  Beaucoup plus destructeur. Ca commence déjà à creuser sous mes vieilles cicatrices. Crier, pleurer, s’arrêter de respirer, juste mourir - qu’est ce qu’il va bien se passer ? Comment mon corps, mon coeur va encire supporter, réagir, attaquer ? En est-il seulement encore capable ? J’ai l’impression qu’il est train de se déchirer comme une simple feuille de papier.
Tic tac, je vois mes jours heureux glisser entre mes doigts. Tic tac, je vois les cris, les coups, les morsures - tout ce qui nous a déjà conduit par le passé vers notre mort certaine. Tout ça me tend les bras. Tout ça me reprend violemment, directement dans mes veines - comme une drogue trop longtemps oubliée.

Autodestruction, ma belle, cruelle et si fidèle amie, je ne peux dire si tu m’avais manquée.

Je pourrais lui sauter dessus, lui faire subir cette vengeance que j’avais dû avorter lors de notre dernière séparation. Je pourrais. Ce n’est pas l’envie qui me manque, se réveillant, loup hurlant.
Mais dans cette chute libre d’émotions, quelque chose me retient.
Un petit truc fragile que j’ai pu reconstruire au cours de ces 7 derniers mois. Ma raison.
Ma raison qui me dit d’arrêter. De grandir. De vivre. De fermer les mains sur ce bonheur qui veut filer d’entre mes paumes.

Alors j’agrippe. Je serre mes doigts, mes poings. Ma mâchoire.
Destin ou non, j’ai changé, j’ai voulu changer. Moi qui était terrifiée à l’idée de savoir ce que j’étais sans ma peine, je suis arrivée ici en chantant. Je ne suis plus la même. J’ai avancé, dans les bras d’Orwenn, dans les sourires d’Etienne, de Jim, de Charlie. De tous ces gens un peu fous qui ont dit “m’aimer.”
J’ai changé. Dieu, faites que j’ai changé.

Alors ce Destin, Drew, je ne vais pas le démolir à coups de poings et de griffes ; comme l’ancienne moi l’aurait fait. Non. J’irais le rencontrer, le menton levé, les épaules droites.
Le visage radieux.

« Bonjour. »

Radieux de ce bonheur que je me suis si longtemps enlevé pour expier. Pour te sauver. Pour me faire pardonner. Mais, tu ne me pardonneras jamais, n’est-ce pas ?
Ce n’est pas grave. C’est fini. Pour moi, les ardoises sont effacées.
C’est un nouveau départ.
Un de plus.
Un départ sans aucune destination.



© Gasmask
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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockMer 28 Jan 2015 - 18:24


QUELQUES JOURS PLUS TÔT

Johnny jette sa cigarette et pousse les portes du bâtiment administratif, se rendant au secrétariat. On a interrompu le cours de Terry pour lui demander de le quitter, et d’y venir immédiatement. Il passe devant les différentes salles avant de tomber nez à nez avec un autre garçon, devant le secrétariat. Ce dernier se pousse pour libérer l’accès, s’excusant, mais déja agacé par l’interruption de son cours, John ne le regarde même pas et ne prend pas la peine de lui répondre, pénétrant dans la salle et refermant la porte derrière lui.

- Bonjour.
- Bonjour John. Assied toi.

Il s’exécute, portant toute son attention sur la secrétaire.

- John, je vais devoir faire appel à tes compétences magiques. Le jeune homme qui est dans le couloir vient postuler pour être assistant du professeur de musique, mais... On a un petit problème.
- ... Oui ?
- Il s’agit de Drew Bolton., dit-elle avant de marquer une pause, regardant John avec grande attention.

Et, comme elle s’y attendait, il est marqué par la surprise, soudainement décontenancé.

- ... Oui. Tu es le colocataire de Sarah et tu as accès à sa mémoire... j’imagine que tu en sais déja un petit peu sur lui.
- ... Oui., dit John avant de se retourner, vivement pris d’une curiosité nerveuse, cherchant du regard celui qu’il n’a pas regardé dans le couloir - disparu.
- Le fait est que ce qu’il a fait à Sarah Blackmore est loin d’être sa seule faute ici. C’est clairement un des élèves qui a causé le plus de problème et, en principe, nous ne pouvons décemment par le reprendre comme étudiant.

John reporte son attention sur elle, attendant la suite sans trop comprendre.

- Mais il se passe quelque chose d’étrange. Regarde son CV., dit-elle en lui tendant, le brun baissant les yeux dessus. il est parti d’ici il y a sept mois, peu avant ton arrivée. Hors...
- Il dit être parti il y a deux ans., lit-il.
- Oui. Et j’ai beau discuter avec lui depuis toute à l’heure, il en est convaincu. Il ne comprend pas ce que je lui dis, et ne comprend pas à quoi je fais allusion lorsque je lui dis qu’il a été une grande complication pour nous.

John la regarde, perplexe, lui demande si elle est sûre qu’il s’agit bien de lui, et elle en est certaine. Du moins...

- ... C’est aussi pour ça que je t’ai fais venir. Je ne sais pas si il ment ou si... Je sais pas. Je veux que tu lise dans son esprit et que tu m’aide à comprendre. Je n’ai pas voulu lui dire clairement ses méfaits, car si pour une quelconque raison il les a... oublié, mieux vaut ne pas les lui rappeler. Quoi qu’il en soit je veux que tu mette ça au clair, tu es l’un des plus vieux élèves maîtrisant parfaitement un don qui nous le permet.
- ... D’accord.

La secrétaire se lève alors et part chercher Drew qui devrait être - comme elle le lui a demandé - quelque part dans le couloir. Tendu, John scrute son CV, agacé qu’il n’y ait pas de photo - il n’aime pas attendre. Mais il n’a pas à le faire longtemps : Drew entre à la suite de la secrétaire dans la salle. John lève les yeux sur lui, alors qu’il se retourne après avoir fermé la porte.

Et, peut-être pour la première fois de sa vie, il ressent de légers frissons en croisant le regard de quelqu’un.

- Drew, voici John, l’un de nos meilleurs élèves. Il a le don de lire la mémoire, et si tu le veux bien, j’aimerai simplement qu’il vérifie la tienne.

John ne parvient pas à détacher son regard de Drew. Le fameux Drew Bolton, celui qu’il n’avait vu jusqu’ici que dans les souvenirs flous et torturés de Sarah. Mais ici, son visage est net. Il est grand, sec. Les cheveux en bataille, les joues creuses, la peau pâle et le regard pénétrant. Les yeux noirs, comme lui. ...Alors, c’est peut-être ça, qui a troublé Sarah lorsqu’elle a rencontré John ? Ce dernier observe toujours attentivement le cauchemar de Sarah qui s’assied à côté de lui, sur l’autre chaise. Un pull informe, un jean troué, des Docs Martens usées. ... Drew était le meilleur ami de Léocade, avant que celui-ci ne rencontre Stan et Ernest. il s’en souvient également à présent.

- Pas de problème.

Le timbre grave, cassé. Oeillade sur son CV. 22 ans. Il fait plus vieux, John lui aurait donné facilement 25 ans. Son visage est marqué, ses cernes profondes. Et son regard, lorsqu’il trouve celui de John, est peut-être encore plus profond que le sien. Dérouté, John se reprend et sous le signe de la secrétaire, les deux jeunes hommes se font face. Yeux dans les yeux.

... Et il n’y a rien. John le sait en une fraction de seconde.

- Je ne peux pas lire en lui.
- .. Quoi ?
- Je ne peux pas. C’est bloqué.

Les regards de John et de la secrétaire se rivent sur le champ “Don” du CV et y lisent pourtant la Persuasion. La secrétaire demande à Drew - sur un ton légèrement agressif - si il est parvenu à persuader John de ne rien dire sans même parler, mais les deux bruns démentent vivement: l’un clame son innocence, l’autre crache qu’on ne peut manipuler son esprit si facilement. L’incompréhension règne dans le bureau mais John réagit vivement, prenant une feuille de papier qui lui passe sous la main.

- Persuade-moi de la déchirer.
- Déchire-là.
- ... Tu donnes tout ce que t’a là ? ... Persuade la elle.

Drew réitère l’opération, et visiblement, il met tout ce qu’il possède pour persuader la secrétaire de déchirer la feuille - sans effet. Et il en est le premier surpris.

- L’élève mystère. Il l’a peut-être déja chopé., dit John à la secrétaire qui acquiesce, troublée.

Finalement, il aura fallu du temps avant qu’on ne décide simplement de dire à Drew d’ouvrir son esprit à John, autant que possible. De le laisser lire en lui. Et après beaucoup d’efforts de la part des deux jeunes hommes pour aller dans ce sens, John parvient enfin à accéder à sa mémoire. C’est long, fastidieux et douloureux - John n’a jamais eu autant de mal à lire la mémoire de quelqu’un. Il finit par lui lâcher le crâne, car il avait dû le prendre entre ses paumes et, légèrement sonné, il raconte à la secrétaire ce qu’il a vu. Deux ans passés à Los Angeles. Parti peu après que Sarah l’ai quitté.

- ... ‘Voyez ? C’est c’que j’vous disais.
- Oui... Drew, peux-tu sortir un moment de nouveau s’il te plaît ?

Le musicien s’exécute, et la secrétaire se penche vers John.

- Il a réellement tout oublié ? Sarah, Anshu ? Tout ce qu’il a fait ?
- ... Oui. Il est sincère. Y’a plus aucune trace de rien, ou alors c’est dans son inconscient ou son subconscient, j’ai pas accès.

Frustrée, la secrétaire se rassied au fond de son siège, perplexe.

- ... Amnésie ?
- Modification de la mémoire.
- ...Alors il est inoffensif...
- Disons qu’il n’y a pas l’air d’y avoir de raison pour qu’il fasse de nouveau du mal. Après, si c’est arrivé une fois...
- Bien plus d’une fois.
- Il pense être parti deux ans. Deux ans de souvenirs qui lui ont apporté une maturité. Je ne dis pas qu’il est inoffensif, je dis qu’il a changé. Je ne peux pas savoir si c’est en bien ou en mal.
- ... Toi qui connaît tous ses souvenirs, tu crois qu’on peut le reprendre ici ?

John baisse les yeux sur le bureau, silencieux.

- ... Je crois qu’il doit revenir, oui. Mais je parle pour lui, en tant que Personne, pour ce qu’il est et ce qu’il a dans la tête. Il est revenu par choix, par besoin. Alors... si il tient à sa place ici, il se tiendra correctement. ...Je suppose. ... Prismver est un refuge, n’est-ce pas ?


- AUJOURD'HUI -


C’est vrai, que Sarah était en D. Il ne sait pas si c’est encore le cas, ou même si elle est encore à Prismver, en fait. C’était il y a deux ans, qu’ils se sont séparés. Aujourd’hui, elle doit avoir vingt-ans. Nul doute qu’elle s’est tiré, aucune raison de rester ici. Sauf peut-être Marwin... ? Ou un autre, qui sait. De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Appuyé d’une main sur le bureau du professeur, Drew observe les cours de celui-ci. Aujourd’hui, il est seul face aux élèves. Pour se présenter. Pour gérer le cours comme il le souhaite, avant d’accompagner le prof pour la suite, lors des prochains cours. Ce sont les C et les D qu’il attend, alors, si les choses sont toujours pareilles ici, il s’attend a voir une majorité de verts et quelques jaunes. Quoi que, la musique est un peu à part, on y vient par plaisir, par envie. Alors peut-être que l’envie guidera plus d’élèves que ce à quoi il s’attend.

- Bonjour.
- Bon...

Il a relevé la tête pour sourire à la première arrivée, mais son coeur à fait un bond, tranchant brutalement sa voix dans sa gorge.

C’est Sarah. Et il se redresse.
Et il lui sourit.

C’est parce-que la salle est vide, c’est parce-qu’il n’est que l’assistant, qu’ils se connaissent très bien et ont vécu de belles choses. C’est pour tout ça que, ne se laissant que guider par son impulsivité, il se plante en obstacle entre elle et sa chaise.

Pour la prendre pleinement dans ses bras.

- J’suis content d’te revoir.

C’est murmuré, alors qu’il la sent pleinement contre son torse, toute mince et fragile qu’elle est. Souvenirs, mémoire sensorielle.

Et, lorsqu’il la lâche après quelques secondes, se reculant, il porte un grand sourire, la sincérité comme encre dans ses yeux de jais. Chaleureux.

- Ca fait un bail hein..., justifie t-il pour eux deux, la voyant totalement soufflée.

C’est Drew, il est impulsif, il le sait... Ce n’était peut-être pas très approprié de la serrer contre lui comme ça après qu’elle l’ai largué. Mais c’était y’a deux ans, c’est vieux, et puis, on sait que Drew se fout éperdument de ce qui est approprié ou ne l’est pas.

- ... on dirait qu’tu regarde un revenant, c’est flippant.

Il éclate de rire. Lumineux. Et il s’échappe après lui avoir ébouriffé les cheveux avec insouciance. Comme il le faisait tout le temps avant.

- Ca va être weird d’être ton prof. M’enfin. j’vais dominer quoi, on perd pas les vieilles habitudes. Oeillade taquine balancée par dessus l’épaule alors qu’il retourne au bureau du prof. Enfin. Content d’voir que tu continue la musique. Guitare toujours ? Ahaha tu galérais tellement... t’étais ridicule. M’enfin, en deux ans qu’on s’est pas vus, j’espère pour toi que t’a progressé, sinon j’suis désolé mais j’peux rien faire pour toi, t’es juste un cas désespéré.

Souriant, il recherche de nouveau le contact visuel, désireux de rendre les choses simples et sympathiques. Comme avant. Parce-que, oui, elle l’a quitté. Oui, il en a crevé de douleur.

Et, oui... C’est passé. Parce-qu’une fille qu’on aime et qui nous largue, ça arrive à tout le monde, et on s’en remet. C’est pas comme si tout ça avait tourné en réel grand drama.


14 FÉVRIER • SILVER

∆ RadioEuphoria for Prism
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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockMer 28 Jan 2015 - 20:18
Départ sans destination.
Drew & Sarah
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J’me demande bien ce que j’aurais voulu voir au fond de ses pupilles.
De la colère ? Du remord ? De la haine pour ce sourire, pour cette force que je m’applique à me faire passer dans le sang ? Une aversion pour la petite flamme qui brille dans mes yeux ?
J’voulais qu’il me regarde de bas ? Prouver ma supériorité ? Rejouer à la Reine, déjà, tout de suite ?
Je sais pas.

Mais je pensais pas à ça, pas un seul instant.
Je pensais plus à son bonheur depuis longtemps.
La lumière qui illumine les abysses de son regard me ravage, et un souffle se coince dans ma gorge. Ses bras tout autour de moi me donnent l’envie de crier. Me touche pas, me touche pas - pas avec ces mains qu’ont fait craqué mes os, pas maintenant, pas là. C’est trop tard.
Tu sais combien de fois j’avais rêvé de cette étreinte ?
Après notre rupture. Avant ta mort. Au café.
Pourquoi.
Pourquoi tu fais ça ? POURQUOI BORDEL ? Le tension cambre mon dos, mes ongles s’enfoncent dans les paumes de ma main sous l’incompréhension, et la rage, et toute cette tempête qu’il représente à lui et à lui seule.

Pourquoi pourquoi pourquoi. Tu crois que j’avais pas le coeur assez en chantier ? Pourquoi pourquoi pourquoi. Pourquoi t’es heureux ? Pourquoi tu souris ? Pourquoi tu me regardes pas encore avec ce regard de chien battu, Drew. Haut le coeur, mon propre égoïsme me rend muette, alors que je reste statufiée sous ces gestes trop doux et innocents. Ces gestes qui lui appartiennent pas, pas plus qu’à moi. On l’avait tué ensemble, la Sarah de Drew, tu t’en souviens ? Celle qui se serait contentée de se recoiffer en bougonnant une faible contre attaque ; avant de s’accrocher à ton cou. Tu l’as tuée. Je l’ai tuée. Bang.  J’ai l’hystérie coincée sous ma peau, une envie de meurtre au bout des lèvres. Je ne sais pas ce qu’il m’empêche de lui mettre mon poing dans la gueule, ou tout simplement de fondre en larmes. Mais je reste stoïque. Chacune de ses paroles résonne à mes oreilles comme un mensonge, une piètre comédie. Pourtant l’honnêteté est là, trop pure et belle, et ça me rend folle. Il éclate de rire, et la chaleur de sa voix m’apparaît difforme.
Dans mes yeux, la rage, la haine et la panique se sont succédées.

Mais maintenant, ce n’est plus que de la détresse.

J’ai l’impression d’être devenue folle, vraiment folle, incapable de discerner les rêves de la réalité. Parce que ça ne peut pas être vrai, n’est ce pas ? Il ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé - il n’avait pas le droit n’est ce pas ? Peut être qu’il s’est jamais rien passé. Peut être que depuis le début, tout ça n’était qu’une mensonge. De son premier baiser à son dernier coup.
Ma santé mentale se brise sur le sol de la classe, j’en entends le bruit de verre cassé.

Puis, la raison me rattrape. Et la raison a une voix, cette fois. Celle de la secrétaire.

Oui, Drew Bolton est revenu. En tant que membre du personnel. Non, ne vous inquiétez pas, il est inoffensif. Il a apparemment oublié tout ce qu’il s’était passé ces deux dernières années, ses souvenirs ont été changés.

Ce qui est vraiment chiant, lorsqu’on ne contrôle pas ce don, ce n’est pas QUE les temps de latence, les erreurs sur les infos, les migraines carabinées ... non. C’est le son. C’est le bruit tonitruant, trop fort, pareil à une vieille radio à moitié pétée qui s’infiltre directement dans votre crâne. Et la secrétaire a pas une de ces voix qu’on apprécie - pas lorsque celle-ci vient directement vous vriller le cerveau.

Je sens mon visage devenir livide, alors que les rouages de ma cervelle essaient de comprendre, d’assimiler l’info. Et pour une fois, j’intègre assez vite.

Il ne se souvient pas.
Il ne se souvient pas de sa langue sur ma joue ensanglantée, de son genou contre mon nez, de ses provocations, d’Anshu, de notre voyage en enfer. Huis clos à trois. Il ne se souvient plus de cette passion si violente mais si belle qu’a tout détruit. Il ne se souvient plus de son obsession pour moi.

Et il semble heureux.

C’est ce que j’ai toujours voulu, non ?
Toutes ces tentatives pour le détacher de moi, de moi et d’Anshu, toutes ces attaques pour qu’il redevienne celui qu’il était avant. Ce musicien libre, cette âme d’artiste, rebelle, ce romantique tout de noir vêtu mais au coeur plus brillant que n’importe qui.
Et il est là. Il est là, celui pour qui je me suis mise à feu et à sang.
Alors pourquoi j’ai envie de hurler ? Pourquoi j’ai envie de briser tout ce qu’il se trouve dans cette pièce trop vide ?
Une fois de plus, on va me demander de faire un choix - un choix pour lui. Un choix avec beaucoup, beaucoup trop à perdre pour moi. Est-ce que je devrais tout lui dire ? Crier au mensonge ? Enfin assouvir ma vengeance ? Ou est ce que je devrais tout simplement le laisser. Enfin, tout arrêter. Le voir heureux, avec d’autres, sans moi - enfin se retirer de la scène de sa vie.
Et vivre la mienne, sans lui. Est-ce que j’en suis seulement capable ? Est-ce que je l’aime encore assez pour ça ?

« Ouais ça fait longtemps... Mais t’as pas trop changé. »

Les doigts serrés autour de la bretelle de mon vieil eastpack, j’inspire tout doucement, renouvellant le fin sourire qu’égaie mon visage. Mon visage si pâle, si blanc, transparent. Masque de mensonges - heureusement pour moi, Drew les avait toujours cru trop facilement.

« T’as raison, j’ai rien à foutre ici. » Faut que je parte. « J’en ai pas fait depuis 2 ans, j’ai pas envie de me taper la honte devant les gosses. » Faut que je parte, fasse demi-tour, quitte le plancher de cette farce grotesque. « ... J’vais y aller je crois. » Comment cacher la douleur qui se mêle à l’encre de mes yeux, alors que la plaie est ré-ouverte ? Tiré, le tiroir Drew, celui bien cadenassé, relégué, enjambé. J’essaie d’agir naturellement, mais je sais que l’illusion ne prend pas. « J’vous laisse, Mr Bolton. » Je feins une révérence, me retournant bien vite pour marcher vers la porte d’un pas qui se veut naturel.

Calme. Posé.
Et bien trop lent. La porte semble ne jamais se rapprocher. Me mordant l’intérieur des joues, je tente de garder mon calme. Je vais réussir, réussir à le laisser aller. A le laisser partir. Je vais réussir. Alors, Dieu, s’il vous plaît. Faites juste qu’il ne me rattrape pas. J’ai déjà tué cet Ange une fois, ne me donnez pas une deuxième occasion.
Ne me laissez pas cette chance - elle serait bien trop facile à saisir.
Ne me rendez pas coupable deux fois du même crime.


© Gasmask
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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockMer 28 Jan 2015 - 22:06

- Ouais ça fait longtemps... Mais t’as pas trop changé.

« Toi non plus. », se dit-il d’abord, avant de douter de lui-même de cette affirmation. C’est... étrange. Il a des souvenirs d’elle moins maigre, un peu plus en chair - jamais vraiment beaucoup, on est d’accord. Mais, quand ils étaient ensemble, elle se portait un peu mieux, il lui semble. Et, d’un autre côté, il a tout de même une version d’elle, floue, beaucoup plus pathétique qu’elle ne l’est aujourd’hui. La peau sur les os, les larmes aux joues. La folie dans les yeux. ... Il a la sensation de l’avoir vue comme ça, pourtant, il ne s’en souvient pas, n’arrive pas à replacer de contexte.

Et, de nouveau, l’image de lui la frappant. Il détourne le regard, la culpabilité dans les tripes. Tout ça, ça doit venir de rêves qu’il a fait après qu’elle l’ait quitté, et blessé. Rien de plus.

- T’as raison, j’ai rien à foutre ici. J’en ai pas fait depuis 2 ans, j’ai pas envie de me taper la honte devant les gosses.

Ca sonne comme si elle n’en avait fait que pour lui. Et cette fois, de réels souvenirs reviennent, clairs et précis. Eux deux, sur son lit. Lui allongé et fumant sa clope, elle assise et s’exerçant - interrompue par lui qui se lève soudainement, envoi valdinguer la guitare pour se jeter sur elle et glisser sa main pleinement sur son sein, pouffant de rire sous ses râleries.

Il sourit.

- ... J’vais y aller je crois.

Et son sourire s’évanouit, alors qu’il relève les yeux sur sa silhouette marchant vers la porte sans réelle conviction. Ca ne prend pas. Et il ne sait pas pourquoi. Il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle réagisse comme ça, si froidement, si... perturbée. Certes, ça fait deux ans. Mais elle ne devrait pas être si soufflée, pas alors que c’est elle qui l’a quitté, et l’a remplacé avant même de l’avoir fait.

C’est vrai. Il ne s’attendait pas à lui faire autant d’effet.

- J’vous laisse, Mr Bolton.
- Sarah.

Juste assez pour l’arrêter. Il ne perd pas une seconde, fouillant dans son sac avant de s’approcher d’elle, objet en main. Une fois à sa hauteur, il saisit alors la sienne et y dépose un album de musique. Sur la couverture, Rebecca en premier plan, lui au second, et deux autres personnes derrière.

- Tiens... C’est le CD qu’on a fait à L.A. J’espérais te croiser pour pouvoir te le donner.

Parce-qu’à part toi, à part vous, tu sais que la seule chose qui compte pour lui c’est ça : la musique. Et hier comme aujourd’hui, il désire partager ça avec toi.

- Si ça te tente d’écouter... , il hausse une épaule, observant l’album. C’est un peu plus... “pêchu” que les Franz, mais j’pense que tu devrais aimer. Si t’a toujours les mêmes goûts...

Si elle écoute encore, parfois, tous ces CDs qu’ils partagaient.

- On a été disque d’or aux...
- SARAAAAAAAH

Un vent de fraîcheur vient balayer l’instant - un grand dadais à la cravate verte emporte littéralement Sarah sous son poids, la serrant dans ses bras. Tout frais, la joie de vivre au visage et l’oeil moqueur, Etienne la prend par la taille pour l’attirer contre lui avec force avant de plaquer ses mains gelées sur ses joues et de fondre sur elle, comme pour lui rouler une grosse pelle.

Finalement, ce n’est qu’un énorme coup de langue sur toute sa joue, et un rire cristallin qui ponctue l’acte.

- Bonne Saint Valentin Darling ! ♥

... Et le silence, awkward, alors que Drew les regarde. Mais le sourire du vert est communicatif, et celui-ci rougit en se retournant vivement vers Drew, écarquillant les yeux.

- ... Oh merde vous êtes l’assistant, pardon, désolé, j’pensais pas que...
- ... Y’a pas de soucis, s’amuse Drew avant de jongler du regard entre l’un et l’autre. ... C’est... une façon sympa d’souhaiter la saint valentin à sa moitié.
- Quoi ? Oh, nan, c’est pas moi son copain ahah il est beaucoup moins... ‘fin plus... rock’n’roll ahah.

Etienne donne une grande tape dans le dos de Sarah avant de s’échapper vers la sortie, saluant le duo de la main.

- Désolé d’avoir dérangéééééé ! Oh, au fait hmm... Vous connaissez l’autre assistante du prof ?
- Emma ? Ouais. Je la connais même d’avant mon arrivée... Pourquoi ?
- Oh rien comme ça, parfait parfait ahah byyyye

...

Drew hausse un sourcil, regardant disparaître le grand blond avant de baisser les yeux sur Sarah.

- ... Rock’n’roll hein... ? ... C’est toujours Marwin ?

Le ton (faussement) plus léger, l’attention reportée sur un groupe d’élèves entrant dans la salle. Si la rancune et la haine ne sont plus là, on devine tout de même qu’il reste un petit quelque chose, quelque part au fond de lui, à l’évocation de ce nom et d’eux.


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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockJeu 29 Jan 2015 - 1:05
Départ sans destination.
Drew & Sarah
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« Sarah. »

Deux syllabes qui dans sa bouche, coupent et déchirent. Je m’arrête, tourne la tête sur le côté, les dents toujours pressées les unes contre les autres, mon armure si fragile sur les épaules. Ca faisait longtemps que j’lavais pas sortie, ma carapace, ma peau de glace qui cache les fissures et craquelures.
Sa main sur la mienne me fait un peu plus serrer mon autre poing.
Je me force à regarder ce qu’il me donne pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux.
Et pour qu’il n’ait pas à lire dans les miens.

« Elle est mignonne. »
Plat commentaire sur la fille de la couverture, je glisse le CD dans mon sac - remettant mes mains dans les poches. La vérité, c’est qu’elles commençaient à trembler. Ce CD, Drew, ce petit bout de ton talent, de toi - j’le mérite pas. Et d’ailleurs, je sais même pas si j’aurais la force de l’écouter. Le son de ta basse, plus que tout, avait le pouvoir de toucher mon âme. Et j’estime que tu l’as déjà assez abîmée comme ça. Mais au fond, on sait bien que tu vas l’écouter, ce foutu CD, Sarah. T’arrachant toi même quelques larmes, juste pour la forme. Juste parce que tu sais faire que ça.
J’ai pas le temps de former un merci - qu’aurait été difficile à sortir au vu des émotions qui m’étouffent ostensiblement la gorge - qu’une tornade arrive.

Etienne Etienne Etienne - tiens moi bien.
Prise au dépourvu, je frissonne violemment sous le froid de ses paumes, étouffant un juron. Mon regard croise rapidement le sien, tous feux de détresse allumés - mais il ne voit rien. Trop fier de sa blague, de sa langue qui passe sur ma joue en y laissant une jolie traînée de bave qui me refait frissonner, et pas pour les mêmes raisons. Je l’essuie avec une mine dégoûtée et boudeuse.
La panique encore sous jacente. S’il te plait Etienne, reste. S’il te plait, Etienne regarde moi. Help.
Me laisse pas là. Emmène moi. Mais non, comme d’habitude, tous mes appels restent muets - trop intériorisés, cachés, et Etienne me laisse plantée là. Une main qui frotte trop nerveusement ma joue jusqu’à m’en laisser une trace rouge, le regard baissé vers le bout de mes chaussures.
Fais chier putain.
Fais putain de chier.

« ... Rock’n’roll hein... ? ... C’est toujours Marwin ? »
Bam. Vipère, vif, agressif, mon regard se plante dans le sien. Brûlant. J’ai quitté le sol et maintenant, le dos tendu par des grands airs, les épaules droites, je le toise. Toute ma folle violence concentrée dans mes yeux qui déjà, quittent les siens. Ils ne trouvent pas d’adversaire. Il y a plus d’adversaire. Et en une seconde, l’incendie s’éteint aussi vite qu’il était apparu.

Ca sert à rien de brûler des cendres.

« Non. » Tout simplement, ma voix baissant d’un octave, alors que je prends une grande inspiration. Gonfle la poitrine. Recrache la tension en un souffle tremblant.
Inutile de parler de Marwin, non ? Inutile de repenser à la manière dont il a préféré sa drogue à moi, la manière dont je l’ai laissé partir. Partir prendre sa dose - ailleurs, hors de Prismver. Au moins, je serais pas là quand il prendra celle de trop - on sauve les pots cassés comme on peut. Tu t’entends penser Sarah ? T’es monstrueuse.
« Il s’appelle Orwenn. » La froideur de ma voix fond, s’adoucit complètement. Une pointe de peine apparente - chaque seconde qui passe ici me conforte dans l’idée que je ne mérite pas pareil petit ami. J’aurais du quitter cette salle depuis bien longtemps - pour aller le voir. C’est la St Valentin. Comme si je ne me sentais pas assez lourde comme ça, un peu plus de culpabilité s’abat sur mes épaules. Me bouffe de l’intérieur. Dans un réflexe nerveux, une de mes mains s’est glissée dans la poche de mon blouson pour en sortir mon paquet de clopes, jouer avec le clapet en carton. Le regard rivé sur mes mains.

Sauf que voilà, ces clopes, c’était les mêmes que celles de Drew.
La seule chose que j’avais physiquement gardé de lui, souvenir amer.
Comme pour me faire accepter que ce que je lui ai fait ne finira jamais de me cramer les poumons.
Je me mords la lèvre inférieure, rangeant bien vite la petite boîte cartonnée.

Je relève le menton, recroisant son regard. Et à chaque fois, je me laisse surprendre par la pureté, l’innocence - la beauté qu’il peut encore s’y trouver. Plus que m’attirer, ça m’effraie. C’est ça, je dois ressembler à un animal effaré, prêt à détaler. Loin de l’image que j’aurais voulu donner. J’essaie de garder tout de même contenance - encore.
Encore et toujours, ça ne finira donc jamais ?

« Et toi ? »
Même si c’est clairement pas de quoi j’ai envie de parler. Même si l’ex en bon terme n’est pas ce que je veux être - n’est pas ce que je suis. Même si … Si quoi ?
Qu’est ce que tu veux être pour lui, qu’est ce que tu penses être ?
Un début de sourire commence à s’étirer sur mon visage hésitant. Début de malice, fourberie. Canines prêtes à sortir, mais encore trop timides. L’encre de mes yeux trouvant la sienne, plus franchement cette fois. Sans masque. Sans faux-semblant.
Intense à en crever, là, sur place.
« Tu sors avec quelqu’un ? »


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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockJeu 29 Jan 2015 - 20:26



- Elle est mignonne.

D’autant qu’il se souvienne, Sarah a toujours eu du nez pour repérer la menace. Avant, pendant, et même après qu’ils aient été ensemble. Et elle ne dit rien d’autre. Rien du tout. Pas de félicitations, pas de commentaire, pas de “tu a réalisé ton rêve”. Rien, rien d’autre qu’une mine dure et un regard jeté au sol. Oui, ça lui fait un peu mal. Il ose espérer que c’est le moment qui fait ça, qu’elle ne s’en fiche pas réellement. Ou alors, ce serait signifier qu’elle a tellement fait une croix sur lui qu’il n’y a même plus d’amitié, ni d’affection, ni rien. Des inconnus. Ou, à en juger par sa froideur... des ennemis.

Il se souvient pourtant pas de lui avoir fait du mal. C’est elle, qui lui a brisé le coeur. Pas l’inverse.

- Il s’appelle Orwenn.
- Ok.

C’est peut-être plus froid qu’espéré. Il l’avait imaginé, ce moment ou ils parleraient de leurs vies respectives depuis deux ans, de leurs amours, de leurs emmerdes. Mais faut croire que le froid qu’elle jette l’atteint : plus les secondes passent, plus il a du mal à y mettre du sien face au mur qu’elle impose. ... Pourquoi donne t-elle l’impression de le haïr... ? Son regard glisse sur ses mains, son paquet de clope.

Ca lui prend le coeur.
Lui aussi, fume toujours les mêmes.

Il reste silencieux, reportant son regard sur son visage. Elle est d’une rare nervosité. Et, quand elle pose son regard dans le sien, il y a définitivement quelque chose qui cloche. C’est presque comme si elle ne le reconnaissait pas. Pourtant, elle a dit d’elle-même qu’il n’a pas changé. ... Toujours aussi compliquée hein ? Il pense avec affection que Sarah ne serait pas Sarah si, voila, dès le départ, ce n’était pas chaotique. C’est sur cette pensée qu’il s’apprête à se détourner d’elle, alors que plusieurs élèves sont entrés entre temps.

- Et toi ? ...Tu sors avec quelqu’un ?

C’est bien de la haine, qu’il y a dans ses yeux. Il la voit, désormais, et ça lui fait mal. Il la toise, plus grand qu’elle, entre incompréhension, attitude défensive et défi. Mais lui n’a ni méchanceté, ni mépris dans les yeux. Rien de mauvais, si ce n’est un certain dédain pour l’agressivité qu’elle montre. Ca a beau être faible, tout ça, ses regards, son sourire, il ressent tout, lui. Lui qui la connaît mieux que beaucoup d’autres.

- Je sais pas., lâche t-il finalement après quelques secondes, se détournant d’elle.

Ce n’est pas un mensonge. Il a quitté Rebecca sans une discussion, sans rompre de façon... officielle, ou conventionnelle. Peut-être que dans un mois, il sera à genoux devant elle pour la récupérer. Peut-être qu’il sera à genoux devant tout le groupe, pour qu’ils le récupèrent. A cette pensée, retournant vers le tableau, il déglutit, mâchoire serrée. Plus que Rebecca, il a abandonné le groupe. Et avec lui, le succès de sa carrière musicale. Alors, non, il ne sait pas si il a une copine. Peut-être que ce n’est pas vraiment fini, peut-être que des lettres, ou si il sort d’ici, des mails seront échangés. Peut-être que peut-être.

Et quand il passe près du bureau du prof, sa main touche les cordes sur le manche de sa basse, posée contre le bureau. Dans le geste, il a lancé un regard à Sarah, près de la porte. Elle l’a vu. Vue. La basse, celle qu’il affectionnait le plus quand ils étaient ensemble. Celle qu’il affectionne toujours, même si il en a d’autres de meilleures qualités. Il a amené celle-ci pour elle, aujourd’hui. Il s’est dit que si il la croisait, comme le reste, ça lui ferait plaisir de la revoir.

Mais faut croire qu’il s’est trompé. Il la quitte des yeux, froidement, et la voit du coin de l’oeil quitter la salle.

Alors, il fait face à des élèves sagement assis à attendre qu’il ne fasse quelque chose. Le cours est supposé commencer dans cinq minutes, tout le monde n’est pas encore là. On murmure en le regardant, et il l’ignore, mais on ne parle pas du fait que c’est le retour d’un ancien élève comme les autres, non. On parle de lui, de ses conneries, d’Anshu... Et surtout de Sarah.

Sarah qu’il rejoint d’un pas vif dehors, abandonnant toute sa classe.
Parce-que Drew ne serait pas Drew si il faisait ce qu’on attend de lui.

- Tu m’en veux d’être parti, ou d’être revenu ?

La porte a claqué derrière lui avant qu’il ne parle, et les voila seul à seul dans le couloir. Il s’approche d’elle, à la fois direct et gardant une marge de retrait. Il se plante derrière elle et enfonce ses mains dans les poches de son jean défoncé, comme l’est son haut gris déchiré à plusieurs endroits et ses boots abîmées.

- C’est quoi l’problème ? Et me dis pas juste que c’est “moi” parce-que ça j’ai remarqué.


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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockJeu 29 Jan 2015 - 22:49
Départ sans destination.
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Don't even think about what's right or wrong Or wrong or right 'Cuz in the end it's only you and me And no one else is gonna be around To answer all the questions left behind ▬ THE VERONICAS

Pendant un court instant, j’ai cru que j’avais réussi. Réussi à faire une brèche, à trouver un échappatoire - en le blessant le moins possible. Il se détourne, et mon coeur se relâche, alors que tout doucement, je prends le chemin de la porte. Ne prenant même  pas la peine d’écouter la réponse à question - ça n’a pas d’importance. Plus d’importance. Au moment de franchir le seuil, mon regard se perd sur la basse posée près du bureau. Une boule amère m’obstrue la gorge. C’était avec elle que je l’avais entendu jouer pour la première fois - et c’était une guitare de la même marque qu’il avait tenu à m’acheter. Pour qu’on soit accordés.

Sauf que cette guitare, Drew, c’est toi même qui l’a cassée quant t’avait mis en pièces tout nos souvenirs, au bungalow. Mais tu t’en souviens pas non plus, hein ?

Ca m’énerve. Ca m’énerve parce que c’est simple, c’est trop lâche d’oublier. Pendant 2 ans, j’ai trimé pour revoir ce regard chaleureux, pour avoir son pardon. Pour expier. Et j’ai bien compris que c’était impossible, qu’on y arriverait jamais - qu’on était damnés. Et là, la magie s’en mêle, et là, on m’apporte la solution sur un plateau d’argent. Mon pardon, tout droit sorti de nul part. Et ces deux années de pure torture, perdues pour rien. Juste, rien. C’est trop facile.
J’entends les murmures commencer à emplir la salle, et les yeux trop curieux s’accrocher à mes épaules - et je me décide enfin de sortir de la salle. A la sensation de vide qui me prend les tripes, je comprends que je vais pas tenir longtemps. Ca fait toujours ça, quand je suis sur le point d’éclater. En cris, en coups - en larmes et en geignements étouffés. Apnée, je marche à grands pas - guettant le moindre son derrière moi.

Ne me suis pas ne me suis pas ne me suis pa-
« Tu m’en veux d’être parti, ou d’être revenu ? »
Ah, si seulement je savais, Drew. Si seulement j’étais capable d’être claire dans ce que ressent pour toi, pour notre histoire, pour nos souvenirs. Enfin, mes souvenirs.
Pourquoi faut-il toujours que tu me rattrapes, Drew ? Dans tout ce que je dis, tout ce que je fais, pourquoi ? Pas stoppés nets, je fais volte-face. « C’est à moi de demander où est le problème, Drew. Tu devrais commencer ton cours. » Toujours souriante - ma voix se perdant un peu plus dans les graves. Proche du point de rupture.
Il continue de me poursuivre, ok. Je peux pas faire comme si rien ne s’était passé. Je peux pas balayer tout le mal qu’il m’a fait - et que je lui ai fait. Je peux pas prétendre que tout va bien - bordel, je suis pas si forte que ça. Je suis pas un ange. Je le serais jamais. Et là, je suis incapable de mentir pour son bien. Le menton relevé vers lui, mes lèvres se mettent à trembler.

« T’as vraiment tout oublié, hein. » Crac, c’est ma voix qui se brise, réduite à un pauvre murmure rauque.

Et maintenant que ces paroles sont prononcées, je le sens. Je le sens, le poids de cette réalité, et le vide immense qu’elle me laisse entre les côtes. Un vide oppressant, déprimant, si lourd que mes poumons ont l’impression de pleurer.  Et en parlant de pleurs, je sens les larmes monter à mes yeux, et je serre un peu plus les dents pour les réprimer, reculant. Un pas en arrière, deux. Vacillante.
J’aimerai m’enfuir en courant, mais je peux pas détacher mon regard du sien.
J’peux pas m’empêcher de le transpercer, de le blesser avec cette douleur indécente et coupante.

« J’veux juste … pas te parler. Pas tout de suite. » Pas parler avec cet inconnu, ce type qu’est maintenant complètement étranger à mon coeur. Même, je devrais même plus te parler tout court. Me barrer de ta vie on avait dit ? Pourquoi j’ai tant de mal à tenir mes résolutions ? Pourquoi je suis incapable, incapable de couper ce lien qui nous unit ? Celui qui me rentre dans les chairs, lacère mon coeur.
Une fois de plus, c’est sûrement parce que je n’arrive à respirer qu’avec la corde au cou.

Si faible. « Désolée. »  Bien trop faible.


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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clockVen 30 Jan 2015 - 0:29



- T’as vraiment tout oublié, hein.

Clac. Le bruit d’un os qui se brise. Sarah en larmes, en sang. Non. Non non non. C’est pas arrivé. Il s’en souviendrai. C’est son inconscient qui travaille, c’est la souffrance et la rancoeur qui lui ont mis ces images dans la tête.

Alors... Oublié quoi ? Il l’a entendue, sa voix, se briser. Il sent sa gorge nouée, voit l’humidité dangereuse dans ses yeux.

- ... Oublié quoi... ? Non...

Lui aussi sa voix est faible, grave, si basse alors qu’il a les yeux rivés dans les siens, sourcils courbés. Non, il n’a pas oublié la magie de leur relation, leur amour, passionné. Tous les bons moments, tous les rires, toutes les nuits, toutes les étreintes ; il se souvient de tout. Alors quoi ? Qu’est-ce qu’elle lui reproche ? C’est elle qui a mis fin à tout ça, c’est elle qui lui a fait du mal - même si il ne doute pas qu’elle aussi en ait souffert.

On dirait presque que c’est son bonheur qui lui fait du mal. Mais elle va bien, elle aussi, non ? Elle a un copain, un pote qui a l’air super, elle chantait en arrivant. Qu’est-ce qu’elle espérait ? Qu’il soit en larmes ? Qu’il souffre ? Cette idée le fait déglutir, lui fait mal au coeur. ... Elle est égoïste à ce point ? Il a du mal a y croire. Elle serait froide, tranchante, si c’était le cas. Mais elle est au bord des larmes. “T’a tout oublié.” ... Mais quoi ?

- J’veux juste … pas te parler. Pas tout de suite.

Est-ce qu’elle regrette ? Regrette de l’avoir quitté pour Marwin, ça n’a pas duré, et elle aurait aimé le retrouver lui ? Elle a dû faire sans, et le voir revenir à peu près bien lui fait du mal, parce-qu’elle n’est pas réellement passée à autre chose ?

... Mais c’est toi, qui m’a quitté, bon sang.

- Désolée.

Il ne comprend pas, et ça le désespère. Parce-que ça le touche. Il ne s’attendait pas à cette réaction, ni à ce que ça lui fasse encore un tel effet. Il en a la gorge nouée alors qu’il la fixe de ses yeux noirs. Ses traits sont durs, assassins, mais elle sait qu’il ne s’agit là que de son faciès naturel. Parce-que dans ses yeux, c’est l’incompréhension et la tristesse qui brille.

Et il ne sait pas quoi faire. Il a envie de se barrer, en colère, dédaigneux.
Il a envie de la plaquer au mur, pour la forcer à parler.
Il a envie de lui prendre le visage, pour déposer sur sa tempe un baiser témoignant de toute l’affection qu’il a encore pour elle.

Et parce-qu’il ne sait pas quoi faire, le coeur serré, il ne fait rien. Rien d’autre qu’un pas en arrière, puis un autre. Et il lui tourne le dos, repartant dans la salle de classe, sans un mot.

Avec, pour seul bruit de fond, les talons de Sarah claquant le sol.


Terminé ! ♥

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MessageSujet: Re: How you remind me •• Drou ♥   How you remind me •• Drou ♥ 1400359500-clock
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