Il était là sans vraiment l’être. Il ne pouvait parler ni bouger, c’était étrange comme sensation. Limite dérangeant, à vrai dire. Il avait cette désagréable impression d’être emprisonnée dans son propre corps. Ça n’avait pas de sens. Et pourtant, c’était ce qu’il ressentait. Il ne saurait dire combien de temps il était resté ainsi. En fait, il n’était même pas sûr de pouvoir décrire précisément les sensations. Même vaguement. De toute manière, le plus important était qu’il se réveille. Et c’est ce qu’il allait faire. Maintenant. Il était temps. Joach commençait sérieusement à s’impatienter. Du moins, c’est ainsi qu’il a cru le ressentir. Peu importe. Il avait juste à revenir parmi eux.
Alors, comme s’il sortait simplement d’un long sommeil, le jeune homme avait ouvert ses yeux, lentement, inspirant profondément. Tout était encore très flou et pourtant, il sentait une présence auprès de lui. Plusieurs, à vrai dire. Ça devait être… « Oh mon Dieu! » Oui, il s’agissait bien d’elles. Larmes aux yeux, mains dissimulant leurs bouches. Une réaction plutôt prévisible venant de deux mères qui ont bien failli perdre leur enfant. Quoique, ce n’était pas commun d’avoir deux mères. Enfin. Peu importe. Joach devrait être bien content de les voir. Sauf qu’il fallait lui laisser le temps de s’en rendre réellement compte. On aurait même presque dit qu’il était encore ailleurs, dans un tout autre monde. Pourtant, il était bien là. Un peu dans les vapes, mais bien là.
Le brun avait tenté de se redressé. Prudemment, lentement, laissant échapper une léger gémissement. Et finalement, il était resté en position assise, le dos appuyé contre son oreiller. Et apparemment sans penser au fait que cela puisse être douloureux, les deux femmes se jetèrent presque sur lui pour le serrer dans leurs bras. « Je suis content de vous voir moi aussi… Mais vous me faites un peu mal, là... » Tu parles de retrouvailles. Il aurait pu faire mieux, pleurer aussi, répondra à leurs étreintes ou quelque chose dans le genre. Enfin. Ne lui en demandons pas trop non plus. Il venait à peine de se réveiller le pauvre. Alors il devait encore avoir la tête dans le cul, comme on le disait si bien.
On lui avait expliqué la situation. Le fait qu’il était resté dans le coma durant trois semaines après un accident de la route. Il souffrait de diverses blessures, fractures et un traumatisme crânien. Mais rien qui ne pourrait mettre sa vie en danger, apparemment. Puis on lui avait aussi dit qu’il avait eu de la visite. Qu’Heath était passé peu après l’accident. Elles qui avaient l’habitude de parler énormément, le fait qu’il ait échappé de peu à la mort n’arrangeait rien du tout. Au contraire, il avait bien cru qu’elles ne s’arrêteraient jamais. Heureusement, après de longues heures sans doute, elles cessèrent finalement pour ensuite quitter la chambre, sans oublier bien sûr d’embrasser chaleureusement leur fils chéri. Qui, dans le fond, était plutôt soulagé de ne pas avoir à les entendre parler, parler et encore parler sans jamais s’arrêter.
Mais sinon Joach. Ça faisait du bien d’être à nouveau en pleine possession de son corps, pas vrai? De pouvoir bouger presque librement. Parce que oui, c’était encore assez douloureux tout de même et puis rester trois semaines sans bouger, ce n’est pas très bénéfique pour les muscles. Désormais seul dans sa chambre, le brun s’était mis à fixer tantôt sa paume, tantôt le dos de sa main, ouvrant et refermant doucement ses doigts. Il ne se souvenait pas vraiment de l’accident. Le médecin lui avait dit que c’était normal, que son cerveau bloquait volontairement ces souvenirs choquants. Que ça risquait de refaire surface un jour ou l’autre et que ça ne serait pas forcément agréable. La porte s’ouvre, se referme. Il s’attend à voir ses parents, mais non. Il s’agit de Sydney. « Salut Syd. » Trop naturel pour un gars qui a bien failli crevé et qui a fait trois semaines de coma. Remarque, ça aurait pu être pire. « Tu savais que les loups hibernaient, toi? » Très drôle. Vraiment très drôle.
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Sujet: Re: faded •• ft. Sydney Lun 9 Fév 2015 - 13:10
Simplement assise dans ton fauteuil, tu étais en train de lire une étude sur les légendes nippones, accordant toute ton attention sur le chapitre traitant des Kitsune. Et c'est à ce moment là que la nouvelle était tombée. Comme un coup de massue dévastateur ; Joach avait eu un accident en Suède. Tu te souviens avoir fixé O'Connor, faisant décidément office d'oiseau de mauvaise augure, un bon moment avant de comprendre qu'il était pas d'humeur à plaisanter. L'a-t-il seulement jamais été ? Et t'étais partie sans l'écouter, la peur au ventre, la gorge nouée et les larmes inondant déjà tes joues. Tu avais croisé Skygge qui, au courant de la nouvelle, s'était empressé de se faire conduire jusqu'à toi, puisque tu étais la plus proche de lui, géographiquement parlant. Privé de sa vue, il semblait néanmoins inquiet. Après tout, Joach faisait parti de sa petite bande. L'immense danois t'avait alors demandé d'être prudente et de lui donner des nouvelles dès que tu serais arrivée.
Il était clair pour tout le monde que tu partirais sur le champ en Suède.
Le voyage t'avait paru extrêmement long. Il t'avait fallu attendre le lendemain de l'accident pour avoir un vol pour la Suède. Tu trépignais d'impatience, angoissée comme jamais. Dans l'avion, tu n'avais pas vu Heath, l'éternel camarade de Joach. Peut-être n'avait-il pas encore appris. Tu ne voulais pas retourner tout Prismver pour le faire venir avec toi. Tu te fous des autres ; c'est Joach la priorité.
Arrivée dans un pays où tu ne connais absolument pas la langue, ton anglais t'a sauvé la vie. Disposant finalement de très peu d'informations, tu avais demandé à être conduite à l'hôpital le plus proche de l'aéroport. D'après les dires de Nemesis, l'accident a eu lieu à sa sortie de l'aéroport, sur le trajet le menant chez lui. Par conséquent, il a du être emmené dans l'hôpital le plus proche.
Après une attente presque interminable, tu étais rentrée en trombe dans le complexe hospitalier, demandant immédiatement des nouvelles à l'accueil. Fort heureusement, un métisse comme Joach, ça passe pas inaperçu dans un pays où les gens ont une peau plus laiteuse qu'autre chose. Tu fis alors la connaissance des deux mères de Joach, rongées par l'inquiétude. Et c'est, ensemble, que vous aviez attendu, anxieuses et à bout de nerfs.
Et maintenant tu es là, devant la porte de sa chambre, sur une chaise. Tu n'as pas bougée de l'hôpital depuis ton arrivée. Manger ou boire ne te passe même pas par la tête ; choses superflues. Le savoir en vie a été une demi-victoire. Plongé dans le coma, Joach n'est pour autant pas tiré d'affaires. Certaines personnes peuvent rester plongées dans le coma pendant plusieurs années. Tu ne pourrais pas le supporter. Tu as vu Heath, naturellement. Tout comme toi, venir voir Joach était plus qu'un besoin, une nécessité ou même une envie ; c'était vital.
Soudain, la porte s'ouvre et tu te lèves, surprise. Les mères de Joach semblent émues, mais incroyablement soulagées. Tu demandes quelques explications, à la fois intriguée et anxieuse. Sont-elles soulagées parce qu'il est parti en paix ? Ou pour autre chose ? La vérité ne tarde pas à sortir de leurs bouches et elles t'invitent à entrer pour voir Joach.
Tu ouvres donc la porte, pénétrant dans la chambre avant de refermer la porte, posant immédiatement les yeux sur Joach. Et il est bien là, réveillé, conscient. Vivant. Il te salue même comme si c'était normal. Comme s'il venait de se réveiller de sa sieste, la tête dans le cul et prêt à commencer une nouvelle journée. Tu t'approches, les larmes brouillant bientôt ta vue.
« Tu savais que les loups hibernaient, toi ? » « Espèce de crétin profond. »
Tu t'assieds au bord du lit, le prenant dans tes bras sans attendre. Et tans pis s'il a mal parce que tu le serres trop fort contre ton coeur. Et tant pis s'il râle parce que ça fait mal. Et tant pis si t'as pas le droit. Au diable les précautions et autres conneries médicales ; Joach est vivant et réveillé, et c'est tout ce qui compte pour toi. Tu finis par le libérer avant de lui briser d'autres os, et tu t'essuies les yeux du revers de ta manche.
« Plus jamais tu refais ça, t'entends ? L'hibernation c'est pour les gros ours comme Natsson, pas pour les petits louveteaux comme toi, Joach. »
Ta main passe dans ses cheveux, les ébouriffant sans ménagement. Et tu esquisses enfin un sourire, malgré les larmes qui roulent sur tes joues. La libération, le soulagement. Ta main ne tarde pas à faire glisser la sienne dans la tienne, la serrant doucement.
« Comment tu te sens, dis-moi ? Tu veux que je te laisse te reposer ? » Et tu repenses à ces heures interminablement longues. « On a eu tellement peur, si tu savais... » De nouvelles larmes que tu chasses bien vite. C'est pas dans ton habitude de montrer autant d'émotions fébriles. « Excuse-moi... je suis juste... tellement heureuse de te voir réveillé... »
Parce que Joach c'est celui que tu aimes le plus au monde, après tout. Après Artus, certainement. Mais Joach est et restera ton ami le plus cher, ton confident, ton havre de paix.
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Sujet: Re: faded •• ft. Sydney Sam 7 Mar 2015 - 2:12
Faded
ft. Sydney
« Espèce de crétin profond. » Rude. Et puis honnêtement, même si ça faisait un mal de chien, Joach s’attendait à ce genre d’étreinte. C’est la troisième fois cette journée, à force on prend l’habitude. Il aurait pu lui rendre son étreinte. Il allait le faire, mais la fatigue le dissuada bien vite et il laissa ses bras retomber le long de son corps. De toute manière, elle serrait bien assez fort pour deux. « T’en fais pas pour ça, c’est pas vraiment une expérience que je tiens à revivre. » Il a l’impression d’être un gamin quand elle lui ébouriffe les cheveux comme ça. Mais il ne bronche pas, se contente de fixer son visage humide et serrer délicatement cette main qui s’est glissée dans la sienne.
« Honnêtement, j’ai l’impression d’avoir bu dix litres d’alcool fort et que je me tape une méchante gueule de bois. » Une manière un peu détournée de dire qu’il a mal partout mais surtout à la tête avec un peu d’humour aussi. C’est déjà mieux que le gars qui se réveille avec le mode “dépression” activé et qui fait comprendre à qui le fait qu’il va mal et qu’il veut s’entailler les veines. Enfin bref, le gars bien lourd qui veut pas aller au-delà de son traumatisme. Mais qui dit que Joach n’est pas ce genre de personne? Qui dit qu’il ne changera pas de comportement plus tard?
« J’imagine. Ma mère me l’a répété environ cinquante fois et je doute que quelqu’un se soit tordu de rire en apprenant la nouvelle. » Sauf peut-être les personnes qui ne le portent pas dans leurs coeurs. Sauf que Joach a peu d’ennemis. Enfin, disons plutôt peu de vrais ennemis. C’était un gentil garçon, peut-être même parfois bien trop gentil. « Moi aussi je suis content d’être réveillé. » Non attends, reformule ça autrement. « Enfin, je le suis encore plus de te voir, évidemment. »
C’est déjà mieux. Il fallait tout de même qu’il se rende compte du chemin qu’elle avait fait juste pour venir le voir tout de même. Bien sûr elle n’était pas la seule, mais elle n’était pas n’importe qui non plus. Joach ne voulait pas être seul, mais il ne tenait pas non plus à ce que tout Prismver viennent le voir alors autant que ce soit les bonnes personnes. Dont Sydney. « Quand est-ce que tu es arrivée? » Sachant qu’il était resté dans un coma de trois semaines apparemment, il ne savait pas vraiment qui était venu lui rendre visite durant ce laps de temps. De plus, ça ne l’étonnerait pas si elle était restée durant ces trois semaines entières. Mais elle devait tout de même avoir d’autre chat à fouetter, non?
Dans un soupir, le jeune homme avait posé une main sur son oeil gauche avant de fermer le droit. Et quelques secondes après, il rouvrait ses paupières et laissa sa main tomber sur le lit. « T’as dû endommager un truc dans mon cerveau en me serrant comme ça là, comme un doudou. » Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que malgré toutes ces pointes d’humour, Joach n’avait pas sourit. Pas une seule fois. Peut-être que ça ne se remarque pas sur le coup. Sans doute. Peut-être qu’il ne fallait pas vraiment s’en inquiéter, qu’après s’être réveillé d’un coma de trois semaines, il n’était pas vraiment d’humeur à sourire.