••HEARTSHOT••

Nocif. Volnique.
Tu sens son regard fouiller la pièce, ses iris rubis longer les mur, tout prêt à se jeter sur toi. Tu sens ses mains glisser le long de ton corps, pour venir se nouer autour de ton cou Il t'empêchait de rire. De sourire. D'aimer. Je sais que tu es là, Apolline. Je sens ta présence - arrête de te cacher dans un tel lieu. Il t'empêchais de vivre. Ta respiration se coupe. Elle se saccade pour venir fracasser le silence de glace qui règne au sein des miroirs. Le prince t'appelle. Et c'est tout juste si tu ne ris pas face à sa malice.

Ton regard se perds dans les glaces qui t'entourent. Tu avances, d'un pas, de manière à ce que ta silhouette se dédouble à son tour. La seul chose qui demeure erroné dans ce monde, c'est toi, Anshu. Et il le sait. Personne ne le sait mieux que lui. Vos regards se croisent. Affrontement incessant, à croire que l'un de vous finira par être aveuglé. Aveuglé par cette haine constante. Aveuglé par cette amertume naissante. Aveuglé par tant de douleur, aussi bien pour lui, que pour toi, Apolline.

Prince égoïste. Prince machiavélique.
Mais tu souris. Tu souris comme si toute cette histoire ne t'avais pas affecté, pas même une seconde. Tu lui accordes quelques secondes de bonheur, ou se mêle joie et mélancolie. En honneur à cette courte période, où abandonnée, tu te laissais faire par cet être infâme qui te semblait pourtant être ta dernière chance.

Dernière chance d'ouvrir les yeux, sur ce monde ignoble que vous partager. A la simple pensée qu'il puisse respirer le même air que toi, ton sourire se dissipait, pour laisser place à un visage neutre. Transparent.

Jalousie commune.
Tu l'avais abandonné à ton tour, à l'instant même où tu étais devenue sa drogue. Sa seule échappatoire dans ce monde qu'il détestait. Ce monde qui ne voulait pas de lui. Tu n'étais pourtant pas exceptionnelle, Apolline. Mais il suffit qu'Anshu devienne assez dangereux, et il revenait.

Car Nikolaï le haïssait. Et Anshu haïssait Nikolaï. La seule chose que tu voulais, toi, c'était qu'ils soient honnête. Avec eux, et avec toi. Était-ce si compliqué ? Éprouver des sentiments, avouer que quelqu'un puisse un jour s'être attacher à toi. Tu n'étais pourtant pas si détestable. Pourquoi le monde, lui, te haïssait à toi aussi ? Qu'avais-tu de commun avec Anshu ?

Je n'irais pas jusqu'à dire que tu m'as manqué. Tu sortait ton paquet de cigarette, un brin d'énervement dans le regard, puisque tu présentais d'avance le mécontentement du prince.  A qui pourrais-tu manquer ? Ironie qui se lisait parfaitement dans ta voix. Tching. Tu pressais nerveusement ton briquet, et allumais ta clope pour souffler une épaisse fumée.  Mais c'est toujours bon de se rappeler qu'ici bas, quelqu'un parvient encore à te manquer. Un minimum. Tes yeux se faisaient plus sombre, alors que tu fixais le sol.

Étrange mélancolie qui ricochait sur les miroir.

Tue-le Apolline, tue-le. Tu en meurs d'envie. Tu en brûle d'impatience. Tue-le Apolline, tue-le. Il lui ressemble tellement. Tu l'envies tellement.

Il t'énerve, il t'énerve à un tel point que s'en est presque difficile pour toi de le regarder agir sans rien dire. Sans rien faire. Il t'énerve réellement, à t'en faire grincer des dents dans une grimace à peine visible. C'est tout juste si ton impassibilité le déconcerte, frustrant cet être abominable face à la dure réalité qui vous détient tous les deux ici présent. Tu ne veux plus rien de lui. Mais il veut tout de toi. Sait-il au moins que tout est déjà perdu ? Sait-il au moins que tu ne reviendras plus ? Tu te dégageais de son emprise d'un geste brusque. Ouvre les yeux. Je ne suis personne Anshu. Personne qui puisse être assez extraordinaire pour animer ta misérable vie. Fallait-il vraiment en arriver là ? Tu serrais tes poings dans l'intention de frapper cet être infâme. Si seulement tu n'avais pas manqué de détruire la mienne, si seulement tu n'étais pas aussi pitoyable.. Mensonges. Tu craches ton venin comme tu respires. Chaque bouffée d'air m'étouffe, me noie dans tes paroles. Je me demande encore comment j'ai pu te croire.. Tout ce que je ressens pour toi, Anshu, c'est de la pitié. J'ai pitié de voir que tu veuilles encore de moi. Mais ton cœur se déchirait au fur et à mesure que tes lèvres bougeaient. Que pouvait-il penser à ce moment là ?   Qu'éprouvait-il ? Sans doute plus de dégoût que tu ne lui en avais jamais donné.

Mais cette persévérance. Cet affrontement que tu attendais depuis bien longtemps. Où vous mènera-t-il encore ? Je pensais que tout serait terminé. Tu te hissais difficilement à sa hauteur, montant sur la pointe des pieds, pour venir coller ton front contre le sien. Mais qu'as-tu encore en tête ? Rubis contre rubis, tu découvrais à nouveau ce regard si captivant que tu avais oublié. Rouge contre rouge, tu tentais de lire en lui. Tu tentais de comprendre pourquoi cet homme que tu avais manqué de briser, tenait encore à te récupérer. Tu es si éphémère, Anshu.. Murmurais-tu. Dès l'instant où l'on pense enfin te connaître, tu te volatilises pour laisser place à une toute autre personne. Toujours plus noir, toujours plus assoiffé de souffrance, de vengeance.. Ses iris se faisaient plus sombres, plus agressives. Et j'ai cru te connaître.. Et ton regard le suppliait de disparaître à nouveau. Mais l'homme que je voudrais voir de nouveau, ne pourras plus jamais me prendre dans ses bras, et me laisser lui montrer à quel point les profondeurs sont médiocres. L'homme que tu étais aurait pu comprendre à quel point tu es haïssable, Anshu. De tes mensonges à tes déceptions. Tu t'es engouffré dans une lutte constante contre toi-même.. Et tout ce que je vois à présent, dans tes yeux, c'est de l'envie. L'envie de regagner ce que tu as perdu, ce qu'il t'as dérobé. De la fierté, et rien de plus. Tu frottais ton nez conte le sien, d'un geste presque familier, avant de regagner ta taille habituelle. Il te surpassait d'une tête, de quoi Pourquoi vouloir gâcher mon bonheur.. Alors que quelqu'un parvient enfin à me faire sourire ?
Quelqu'un autre que lui.

Il craque. Il pleure. Et c'est à peine si tu oses le regarder, détournant les yeux pour les poser sur ton reflet. Immonde reflet de la froideur. Tu tends à lui ressembler, mais tu tente de te persuader du contraire, Apolline. T'es pathétique. Alors c'est ainsi que cela se termine ? En larmes. En sang. Pendant que ton cœur se déchire, lui, déchire les paumes de ses mains sous toutes leurs coutures. Elles saignent, tâchant le sol d'une multitude de goûtes. Ces même mains qui autrefois, caressaient ton  visage lorsque les larmes ruisselaient sur tes joues. Quelle carnage. S'il savait à quel point tu tenais à lui.

Mais si tes mots n'étaient pas sans conséquence, ton regard ne se serait pas jeté sur lui, avec plus de désespoir et d'inquiétude qu'on ne pouvait en lire. C'est à terre qu'il finit par tomber, touché en pleine poitrine. T'es fière de toi j'espère. Tu pourras le crier sur tous les toits. Le prince d'Egypte, perdant enfin sa couronne.. Tu détrônes plus de sourire que tu le penses Apolline. Quand c'est pas ta vie que tu ruines, c'est celle des autres.

Mais il l'avait tant cherché. Ce malheur n'était que le fruit de ce qu'il avait semé. Et pourtant, tu ne pouvais t'empêcher de le fixer. Tu... Tu insinues que tu ne considères pas les sourires que tu as affichés avec moi comme tel...? Pour toi, seul ce Nikolaï t'a rendu heureuse, t'a apporté du bien...? C'est... I-Inconcevable, Apolline. C'est... Impossible. Tu ne dois pas le penser réellement, h-hein. Tu..dis ça sous le coup de l'énervement. Mon dieu Anshu, relève toi. Par pitié, ne l'oblige pas à tomber à son tour. Elle qui était resté de marbre alors que son monde tombait dans l'oublie. Ce n'est que lorsque le tiens s'effondre, qu'elle se dresse à ta hauteur.

Arrête, je t'en supplie Anshu, arrête. C'est plus fort que toi. Ça te dépasse. C'est incontrôlable. Son visage, ses main, son regard. Tout n'est que souffrance sanguinaire. Ca dépasse le stade émotionnelle. C'est plus frappant, plus touchant. Quelque chose qui vous lie plus que vous le croyez, puisque l'amour ne le pourra jamais. Tu es incapable de l'aimer Apolline. Il ne s'agit ni d'intelligence, ni de clairvoyance. Les gens comme nous ne sont pas faits pour l'amour Anshu.

Et tu lui infliges encore tes paroles, comme les coups de lames que tu n'as pas su donner. Mais que peux-tu faire de pire ? Que peux-tu faire de mieux pour lui faire comprendre à quel point ruiner ta vie fut sa plus grande erreur ? Rien. Tu as causé plus de peine que tu ne l'aurais dut. S'en est assez Apolline. Arrête tout. Tu sombres plus loin que le prince des ténèbres ne l'aurait fait. Ce rôle n'est plus le tient. Rend-lui Apolline. Rend-lui. Et redevient celle que tu étais.

Notre entourage. Notre monde. A l'instant même où tout s'écroule, nous levons les yeux vers la première chose à laquelle nous pouvons nous raccrocher.. Un pas. Deux pas. Tu avances doucement, sans prêter attention à ses chuchotements. Tu as tant l'habitude d'entendre sa rage couler comme de la lave, pour brûler ses lèvres par la haine, et finir par consumer son visage d'une étrange grimace. Mais pourtant.  Tu n'es pas un monstre. Tu n'es pas faible. Ce que tu éprouves fais-de toi une personne exceptionnelle Anshu. Combien tueraient pour te ressembler ? Moi, la première, je donnerai tout pour pouvoir avoir ne serait-ce qu'une seconde autant de chance que tu en as eut. Naître prince. Naître supérieur.. Si tu savais à quel point je t'envie Anshu.. Si tu savais à quel point la vie t'as gratifié de plus de chance qu'on en aura jamais. Prince, au grand désespoir. Prince abandonné.. Que puis-je avoir d'assez exceptionnel, pour qu'un le futur roi verse ses larmes pour moi ? Mais pourtant, lorsque tu t'approches de lui. Tu sens les larmes narguer tes yeux, puisque ses murmures surpassent tes paroles. Anshu voulait vraiment la mort de Nikolaï. Anshu désirait réellement ton malheur. Et que pouvais-tu faire face à cela ?

Je me déteste, Anshu. Je me hais à vouloir vomir dès qu'on m'accorde de l'importance. Je voudrais mourir. Mais même la mort ne voudrait pas de moi. William, Gautier, Nikolaï, Nevada.. Et maintenant toi. Que se passerait-il si je venait à disparaître ? Vont-ils mourir un à un, vont-ils eut aussi finir par se consumer ? Chaque bouffée d'air qu'ils me donnent s'engouffrent dans mes poumons comme une rafale d'espoir.. L'espoir d'avoir un jour assez de courage pour renaître de mes propres cendres, et parvenir à rendre la vie de quelqu'un meilleur. Exactement comme ils l'ont fait. Tu étais impuissante. Tu enrageais. Mais tu priais intérieurement qu'il puisse t'entendre. Qu'il puisse comprendre. Tu t'accroupissais près de lui, et glissais ta main droite sur sa joue, relevant son visage. Regarde-moi.. Tu souriais, ta vue s'embrouillant presque instantanément, lorsque tu plongeais ton regard dans le sien. Ta vie, Anshu. Ne ruine pas ta vie pour quelqu'un d'aussi futile que moi. Ouvre tes yeux, et regarde-moi.. Comprend moi.. Je ne t'appartiendrais jamais. Je ne t'appartiendrais jamais si ce n'est pour te changer, si c'est pour que tu sois différent avec moi. Si c'est pour que tu deviennes quelqu'un d'autre.. Tu te mordais la lèvre. Ne craque pas. Tiens bon. Mais ni lui, ni toi, ne pouvaient retenir sa rage et sa douleur. Tu ne voulais pas qu'il te voit pleurer à ton tour. Alors tu approchais son visage de ton cou, et le serrais contre toi. Là où il aurait dut être, depuis l'instant où tu étais entré dans cette pièce. Nikolaï est la seule personne qui ne seras jamais en mesure de me détruire comme tu l'a fait. Et tu seras à tout jamais la seul faiblesse que j'aurais. Le seul être auquel je tiendrais... Relève la tête Anshu. Ta couronne est tombée.