Dinosaurs Hunters

Cela allait être une journée passionnante...
Solveig ne savait pas exactement la dose d'ironie amère qui accompagnait cette pensée. Bon, une journée intéressante. Intriguante. Bizarre.
Effroyablement frustrante.

Tout avait pourtant débuté comme une journée normale, banale pourrait-on dire si on n'était pas dans un pensionnat pour magiciens... Mais il avait fallut qu'elle boivent de l'eau (tout les humains les fond, c'est ballot).
Et les ennuis avait commencé.
Solveig avait déjà la joie et l'immense privilège (hum...) de se retrouver bloquer dans le corps d'un homme lors dernière Fête de la Magie (un cookie taquin lui ayant donné le pouvoir d'Hermaphrodisme sans le moindre contrôle). Gênant, mais un peu amusant et instructif.
Mais là... Sans crier gare, elle s'était retrouver sur le sol. A ramper sur le sol (enfin, à se tortiller plutôt).
Il avait fallut plusieurs minutes et une annulation de la gravité pour se hisser à hauteur d'un miroir pour que son cerveau bloqué en mode fatal error réalise ce qu'il se passait.
Elle était un serpent.
Un gros. A vue de nez, sa longueur égalait sa taille humaine, voire la dépassait (ce qui faisait nm70-80 de bestiole peu engageante). La jeune fille désormais jeune ophidien fouilla sa mémoire à la recherche de l'espèce. On aurait dit une sorte de boa, un constricteur ou un truc du style. Le pattern des écailles était plutôt joli et devenait de plus en plus rouge-orangé en allant vers sa queue.
Oh bon sens, elle avait une queue...

Solveig était donc partie à la recherche de quelqu'un qui aurait pu expliquer son état. Et y remédier, si possible.
Ce fut un cauchemars.
Déjà, comment on se déplace quand on n'est plus qu'une espèce de tube ou de corde de muscles, sans jambes pour pousser, sans bras pour tirer ?
Contrôler sa nouvelle musculature ophidienne n'avait pas été facile (et d'ailleurs elle ne la maitrisait toujours pas complètement).
Sans parler de ses sens qui étaient modifiés par sa forme animale. Sa vision n'était pas pareille (mais moins mauvaise qu'elle ne l'aurait cru), mais par contre elle avait du mal à trier toutes les infos sur les vibrations alentours que ressentait super finement son nouveau corps...
Du coup, Solveig avait triché : pour se déplacer, elle manipulait la gravité, faisant alternativement flotter/bondir son corps encombrant.

Et là, elle s'était rendue compte de son erreur.
Il est très difficile de trouver de l'aide quand on est un serpent géant qui bondit sur les gens. Ceux-ci s'enfuient en hurlant.
Et visiblement son état animal avait également désactivé la magie traductrice. Impossible de calmer les élèves paniqués : il ne la comprenait plus. Elle ne parlait même plus "l'humain" à vrai dire. Et à chaque fois qu'elle essayait d'interpeller quelqu'un, elle ouvrait une gueule menaçante où s'agitait une inquiétante langue bifide.
En tout cas, elle n'était pas la seule affectée : elle avait croisé dans les couloirs d'autres animaux qui n'avaient rien à faire là.

Heureusement, le directeur avait fait une annonce et expliqué la situation, tout en distribuant aux gens des cookies pour pouvoir communiquer malgré les métamorphoses.
Il fallait donc que Solveig arrête de ponctuer le moindre de ses déplacements bizarres de jurons salés en norvégien (enfin maintenant en Fourchelangue).

Bon, apparemment ils allaient devoir travailler en équipe pour retrouver le lézard géant (ou l'un de ses clones magiques) du Directeur. Génial, ça allait être super facile, dans son état...
En attendant son duo (une fille de D qu'elle ne connaissait pas. Il faut dire que Solveig et la sociabilité, c'est... un apprentissage constant), la norvégienne passa le temps en essayant de maitriser son corps si étrange, s'étirant, s'enroulant, se dressant et se tortillant à la grande non-joie des herpétophobes aux alentours.

Finalement, sa partenaire arriva.
Ou plutôt un mignon petit mouton arriva.
Solveig réussit à soupirer (ce qui provoqua un inquiétant sifflement accompagnée d'une sinistre langue fourchue). Le Directeur aurait pu au moins la mettre avec un humain... C'est grâce à leurs pouces opposables et leurs doigts agiles qu'ils avaient conquit le sommet de la chaîne alimentaire !

"Sssalutations." siffla néanmoins la jeune B, soyons polis... "Je ssuis Ssolveig et je suis ta partenaire pour cette quête. C'est pas gagné, hein ? Ah, ne panique pas : je ne mords pas. D'ailleurs, je ne crois pas être venimeuse, c'est un étrangleur cette bestiole."
Bravo, très rassurant Solveig...

Serpent-Solveig coula un regard (à la pupille fendue) vers la toison du mouton.
Elle avait l'air si... chaude. Confortable.
La boa métamorphe frissonna. Elle était naturellement frileuse et la voilà bloquée dans le corps d'un animal à sang froid d'origine tropical, alors qu'ils étaient proches des cotes anglaises... Il avait beau ne pas faire froid dans le pensionnat, ce n'était pas un climat agréable pour un ophidien colombien.

Chassant l'idée de se blottir dans la laine (enserrer la jeune fille mouton ne lui semblait pas une bonne idée pour commencer une relation amicale), Solveig poursuivit la conversation, se demandant bien que faire ensuite.
"Hum... Et, heu... Tu as une idée pour retrouver le pseudo-dinosaure ?" demanda-t-elle à sa condisciple de malédiction. "Et même si on le trouve... Comment on s'y prends pour le capturer ? A nous deux on a pas de putains de bras !"
Oui, on pouvait sentir une légère frustration chez la B...

La réaction à la sifflante salutation de Solveig fut... radicale.
"IHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!" hurla le caprin.
Évidemment.
Décidément cette apparence n'était pas seulement gênante au niveau des déplacements, mais ça ruinait tout espoir de sociabilité...
Les cookies de communications fonctionnaient-ils au moins ? Si ça se trouve elle n'avait que sifflait de façon menaçante à la gueule du mouton, d'où sa terreur...
Non.
C'était un cri, pas un bêlement. Donc, ça marchait au moins dans un sens, au moins un peu.

La fille-mouton confirma l'hypothèse de la norvégienne en ce mettant à parler et à expliquer sa réaction, ma foi fort compréhensible.
"Excuse ma réaction, je crois que mon état animal change mon caractère. En tant qu’humaine, je suis très insouciante et je n’ai vraiment peur de rien. Mais être un pti mouton sans défense, ça me rend terrifiée à propos de tout le monde ! C’est dur d’être en bas de la chaine alimentaire….Bon au moins moi j’ai des pattes. Si tu promets de ne pas me mordre, je veux bien t’aider à te déplacer si tu veux."

Tiens, Solveig n'y avait pas pensé, à l'influence de sa forme sur son esprit. Trop fière de son cerveau, elle n'y croyait guère, mais quand même. Tiens d'ailleurs, comment faisait-elle pour penser exactement ? Malgré sa longueur, ce corps avait un cerveau gros comme une noisette... Étrange et intéressant. D'ailleurs, l'autre élève s'avérait aussi intrigante : on pouvait réellement s'auto-définir comme insouciant ? La description de son état mental lui amena un petit sourire...ah non, elle pouvait pas vraiment sourire sous cette forme. En tout cas, elle lui rappelait un peu Warren, dans sa panique stressée, ce qui la rendait encore plus mignonne.

Mais abandonnant ses réflexions, la norvégienne tenta à nouveau le dialogue, pour la rassurer.
"Y'a pas de mal, tu n'es pas la première : j'ai semé le chaos et la terreur un peu partout en me trimballant jusqu'ici. Pourtant je t'assures, je ne suis pas dangereuse ! Je ne te mordrais pas. J'ai pas de venin d'ailleurs et si j'en crois ma langue, mes crocs sont plutôt fin et doivent pas faire grand mal..."
Ouais, mais parler crocs et venin n'allait surement pas aider à instaurer un climat de confiance...

Elle se racla la gorge pour changer de conversation, mais évidemment dans sa nouvelle forme cela produisit plutôt un menaçant sifflement.
Lorgnant de ses pupilles fendues vers la toison épaisse, douce et surement chaude du mouton, Solveig se dit qu'elle allait céder et accepter de se faire transbahuter par le caprin.
"Je veux bien que tu m'aides, merci. On ira plus vite que si je dois ramper partout."

L'autre métamorphosée poursuivit, exposant ses plans et idées.
"Pour le capturer c’est vrai qu’on n’est pas les plus avantagés. Il faudra compter sur la ruse et l’effet de surprise. Je pourrais faire l’appât et et toi, tu l’immobiliseras avec tes anneaux.  Mais je ne sais pas si je serais un appât idéal, à mon avis ce lézard ne mange pas de mouton tous les jours… On pourrait peut être commencé par jeter un coup d’œil vers le réfectoire, il doit chercher à se nourrir ce goinfre. Si il est parti, il va bientôt avoir faim, surtout si il a loupé le pti dej’. On peut aussi compter sur nos pouvoirs. Moi je contrôle les ombres et toi ?"

Solveig hocha la tête tout en s'approchant lentement pour de pas effrayé la jeune fille (un coup de sabot était vite arrivé), avant de peu à peu s'enrouler autour d'elle, l'escaladant, se nichant dans cette douce fourrure.
Il faisait un tableau étrange, comme si le constricteur essayait d'avaler quelque chose de beaucoup, beaucoup trop gros. mais Solveig faisait attention de ne pas serré trop fort tout en s'extasiant de la chaleur du corps et de la fourrure cotonneuse de l'animal.
Elle même n'était pas réellement froide dans son état : juste à température ambiante (ce qui n'était pas agréable pour une frileuse ou un animal tropical). Solveig n'était pas gluante ou humide non plus : elle avait découvert ça dans cette forme.
Approchant sa tête de celle du mouton, émergeant de la fourrure pour lui siffler à l'oreille, elle répondit à la question de la D.

"Sssus au réfectoire alors ! Allons chercher ce gros gourmand. pas sûr en effet qu'il soit fan de mouton, Ruthel est plus du genre à gaver de sucrerie le pauvre animal... Mais on trouve de tout au réfectoire, donc on a une chance ! Une fois sur place, je descendrais de ton dos : ma nouvelle forme ressent bien les vibrations, mais faut que je sois au sol. J'ai aussi un odorat étonnant."

Elle hésita un instant, faisant jouer ses anneaux, essayant de déterminer leur force et de maîtriser un peu mieux ce corps sinueux.
"Par contre, je ne suis pas sûr d'être de taille contre Tartiflette : j'ai beau avoir les anneaux musclés et être tout en longueur, j'suis qu'un serpent adolescent." conclut Solveig, indécise. " J'pourrais pas immobiliser un homme, ou un mouton à mon avis, alors un lézard géant... Mais mon don fonctionne et c'est le contrôle de la gravité. Ce gros Tartiflette fera moins le malin le poids doublé ou flottant dans une bulle d'anti-gravité ! Et là, tu pourras l'immobiliser avec tes ombres."

La norvégienne aux cheveux turquoises se baladait souvent un peu partout dans le pensionnat, souvent la tête en bas. Et ce, même au cinquième étage : le lézard géant ne lui faisait pas peur. A vrai dire, à part l'extérieur et son ciel immense et vide, peu de chose faisait peur à Solveig.
C'est donc assez joyeusement et confiante qu'elle houspilla sa transporteuse vers le réfectoire à la recherche du dinosaure gourmand.
"Allez, en avant Vogue Merry ! Tiens, d'ailleurs j'ai pas saisis ton prénom..."

Solveig admira le sang-froid du petit mouton, alors qu'elle se lovait autour d'elle.
Cela ne devait pas être facile, surtout si leurs nouveaux corps influençaient leurs instincts... La norvégienne songea qu'elle ferait mieux d'éviter de croiser un élève changer en rat ou en souris... Rien que d'y penser, elle avait une sorte de fringale qui s'emparait d'elle.
Chassant ces idées déplaisante, elle se posa confortablement sur sa laineuse plateforme de transport et l'étrange équipage se mit en branle pour traquer le semi-dinosaure du Directeur.

En chemin, les deux jeunes filles transformées échangèrent quelques mots pour mieux se connaitre et faire la conversation.
"J’ai jamais vu un lézard voler, j’aurais dû prendre quelque chose pour immortaliser ce moment…Mais j’aurais eu du mal à m’en servir avec ces sabots." déclara la mouton, quant la serpent exposa son plan et son don.
Solveig eut un petit rire, imaginant elle aussi la scène (y comprit avec un mouton essayant vainement d'actionner un appareil photo). Pauvre Tartiflette.
Son cerveau amateur d'informations diverse et pas franchement utile lui souffla alors une anecdote.
"Il existe par ailleurs un lézard volant, enfin plutôt planant, au nom poétiquement bien trouvé de Drago volans. Je te proposerais bien un jour de mettre ton propre porteur de LMS en gravité zéro, mais ça serait un peu cruel, non ?"

Pue après, la jeune fille fini par se présenter, oubliant au passage que Solveig l'avait déjà fait (ce qui l'avait fait hurler. Mettons ça sur le coup du stress).
"Oh oui pardon, je m’appelle Rebekah Devilson, mais tu peux m’appeler Rebby, ou comme ça te chante après tout. Et toi ? Tu as un an de plus que moi non ?"
La reptile eut un sourire, enfin ce qui s'en rapprochait le plus et répondit en sifflant d'une manière qu'elle espérait amicale.
"Va pour Rebby. Et oui, j'ai 16 ans de plus, même sssi c'est relativement récent. Solveig Odegard, pour te ssservir, manipulatrice d'une de loi fondamentale de l'univers, descendante d'un clan viking norvégien et en classe B. Enchanté à nouveau. Les gens m'appellent Solveig, parfois Solvy ou Et toi là-haut !."

A se tenir contre un corps chaud et duveteux, Serpent-Solveig avait dérivé dans un état de béatitude reptilienne à la limite de la somnolence (car en plus elle était désormais un animal nocturne, et pas un des plus hyperactif qui soit).
C'est donc avec grande surprise qu'elle fut "réveillé" par un cri de son moutonesque transport.
"Là ! C’est Tartiflette ! On n’est pas prête, qu’est ce qu’on fait ?!" cria Rebekah.
Et pas prête, c'était peu dire.
Solveig, entortillé dans la laine, se dressa péniblement pour jeter un oeil aux alentours. Si elle apercevait le lézard géant, quelques secondes suffirait pour créer une zone de gravité nulle et tenter de le capturer.

Mais se dresser et compter sur la vue était une attitude typiquement humaine. En serpent, sa vue était essentiellement basé sur le mouvement, la proximité et la chaleur. Pour chasser, mieux valait utiliser les vibrations (ce qui impliquait d'être au sol et non dans un paradis de laine chaude) et l'odeur.
Du coup, la norvégienne métamorphosé ne vit pas Tartiflette et resta bêtement à s'agiter sur le dos du moutons.
"Hein ? Ou ça ? Ou ça ?" balbutia-t-elle, complément perdue.

La jeune fille caprin la rassura (ou pas). Leur cible avait déjà disparue.
"Oh…Ce n’était qu’un clone…Bon ça prouve que nous n’étions pas prête ! Aller il faut chercher ailleurs ! A toi de choisir notre prochaine destination !"
Diantre, en plus y'avait des clones non-matériels ? Surement un coup d'un élèves un peu farceur ou des S... ça n'allait pas arranger leurs affaires, ça.
Visiblement, il n'y avait rien dans le réfectoire... Essayons de réfléchir.
Non.
Utilisons plutôt l'instinct.
Tartiflette était un reptile, comme elle. Donc, que rechercherait-elle d'instinct si elle était paniqué ?
Un cachette. Bravo... Super utile, merci l'instinct.

Une cachette chaude. Sombre. Et si possible pas loin de l'eau et de la nourriture.
Elle fit part de ses pensées à sa compagne de malédiction.
"A mon avis, il s'est réfugié dans un endroit chaud et discret, mais pas trop loin de sa bouffe... j'ai deux idées : la cuisine, avec ses fourneaux et ses frigos, ou la serre qui offre de merveilleuses planques naturelles. Comme on est à coté, commençons par la cuisine..."
Et puis, l'heure tournait et Solveig avait comme une petite faim. Elles pourraient sans doute trouver un petit casse-croute au passage.
De la viande par exemple. Rouge. Crue. Encore palpitante et chaude... Non !

La serpent secoua la tête, chassant au plus vite ses pensées issus de son cerveau reptilien. Il fallait vite qu'elles trouvent Tartiflette avant que leur nouvelles formes ne les influencent trop. Solveig savait que trop bien ce que mangeaient les serpents constricteurs et n'avait aucune envie de se mettre à chasser les souris du pensionnat...

Après avoir écouté et approuvé ses idées pour la suite, la mouton en C complimenta Solveig.
"La serre ça me parait une bonne idée, on aurais dû y penser en premier. J'ai tendance à penser avec mon ventre alors que si ça se trouve, il voulait juste se sentir chez lui dans un endroit familier. Aller, commençons avec la cuisine. Tu es très intelligente tu sais? Pas étonnant que sois en B."

Si la norvégienne n'avait pas été qu'écailles, elle aurait sans doute rosit sous le compliment.
"Je ne vais pas te contredire, plusieurs personne me l'ayant déjà dit, j'en conclus que ça doit être au moins partiellement vrai..." répondit-elle, toujours analytique. "Pourtant, je ne suis pas si exceptionnelle que ça. J'aime juste réfléchir, analyser, calmement. C'est probablement à la portée de tous, mais les gens semblent parfois si agités, si pressés..."
Oui, Solveig aimait cogiter... Mais comme son corps reptilien à présent, cela lui créait une image d'une certaine froideur, d'un détachement un rien altier que beaucoup prenait pour de la suffisance.
Ajouter à ça sa manie de passer son temps isolée dans son coin, au plafond, et vous obtenez une sociabilité au rabais...

"Et être en B n'est pas qu'une question d'intelligence. C'est une question d'effort, de volonté et, je dois bien l'avouer, d'un peu de chance. La maitrise du pouvoir est la quintessence de ce système scolaire bizarre, les autres matières ne sont qu'un bonus... Aussi tout les A et les B ne sont pas des intellectuels, tu sais ?" continua-t-elle alors que les deux métamorphosées se rendaient au prochain endroit à inspecter. Elle eut un étrange sourire reptilien et sa voix sifflante se teinta d'amusement. "Pas de chance, tu es tombées sur un stéréotype de grosse tête. Enfin, ça dépend en quoi, je suis loin d'être brillante partout, scolairement..."

Alors qu'elles farfouillaient vers les cuisines, cherchant comment s'y rendre (c'était habituellement une zone réservée au personnel ou aux membres du club de cuisine, dont n'était pas membre Solveig), Rebekah avoua partager sa faim grandissante.
"J'ai une de ses faim, j'ai pas eût le temps de déjeuner avec tout ça! Et toi ? Un petit encas te ferait plaisir? "

Le serpent frissonna, pas de froid mais de malaise. Bien qu'elle se refusait de l'avouer, le corps chaud du mouton contre lequel elle était lovée dégageait une odeur et une chaleur de plus en plus appétissante. C'était complètement illogique (dans son état elle ne pouvait rien faire à l'animal laineux), mais sa faim humaine s'entremêlait avec l'instinct du serpent.
"Je... J'avoue y avoir songé et j'ai aussi les crocs. Non ! Mauvaise expression ! Désolé..." répondit-elle, vaguement gênée. "Par contre, dans mon état animal... Je sais pas trop ce que je pourrais manger. Les serpents de ce type mange de rats, des souris. Cru. J'suis pas fan du cru, même cuisiné et quand je suis normale. Si j'essaye un aliment humain... Je sais pas si qui se passerait."

Et elle espérait vraiment que sa faim grandissante ne la pousserait pas à attaquer un rat (y'avait-il des rats à Prismver ?) ou un élève transformé en petit animal... Sa fringale augmentait au fur et à mesure qu'elles se rapprochaient des cuisines, d'où s'échappait de délicieuses effluves captées par son odorat sur-développé d'animal.
Elle eut un petit rire nerveux.
"Au moins toi, tu peux essayer de te trouver une salade à manger ! Évite quand même la sauce, on ne sait jamais, je ne connais pas l'estomac des moutons... Autant éviter de se chopper un ulcère en plus de la métamorphose."

Alors que Solveig faisait tout pour ignorer la faim et les odeurs alléchantes (celle de la viande fraiche sur p...du mouton compris), Rebekah sembla entendre quelque-chose. Impossible pour la norvégienne de confirmer : quand elle n'était pas au sol, l'ouïe du serpent n'était pas au top...
"Tu crois que d'autres élèves ont eut la même idée que nous? Où alors c'est peut être notre gros lézard pour le coup!"
"C'est possible. Allons voir !" acquiesça la serpent. De toute façon, elles devaient passer la pièce au peigne fin.

Vu le trot rapide de son navire-mouton, Solveig eut soudain un peu peur. Non pas de la vitesse, mais que la jeune C s'emporte un peu. Un Tartiflette mécontent n'était pas à prendre à la légère, mieux valait éviter de le prendre de front... C'était son devoir de un poil plus âgée de modérer un peu l'enthousiasme de sa collègue.
"Tiens toi prête à faire voler du lézard Solvy!!" s'emportait-elle, déjà prête à l'action alors qu'elle n'avait même pas encore localiser le semi-dinosaure.
"Je passe en premier, je suis plus discrète... Inutile de le faire fuir." décida la norvégienne quittant son abris laineux et se glissant lentement sur le sol froid.

La B métamorphosée sinua, se glissant sous une porte à battant mal fermée. Ce corps était quand même pratique pour l'infiltration discrète, une fois la reptation maitrisée...
Ou pas.
Le bruit s'arrêta dès que Solveig eut pénétrée dans la cuisine.
Ah, c'était pas Tartiflette tout compte fait. C'était les cuisiniers et cuisinières de Prismver, en train de préparer le prochain repas.
Logique, vu l'heure et les odeurs alléchantes qu'elles avaient sentis.
Bravo Solveig, et dire que la C l'avait trouvée intelligente...

Et le bruit s'était arrêté, car tout le monde avait vu le long et monstrueux serpent se glisser sous la porte.
Tout le monde la regardaient, certains palissant à vue d’œil ou lui lançant des regards horrifiés. Ou pire, empoignant hachoirs et couteaux de cuisine bien aiguisés (beaucoup trop long et menaçant).
Voulant s'expliquer, Solveig se dressa machinalement et ouvrit sa gueule pour... siffler. Quelques cantinières hurlèrent.
Bien sûr, tout le personnel n'avait pas reçut les cookies de blablanimaux !
Réalisant son erreur, Solveig fuit à toute... Non, pas à toutes jambes, mais en ondulant prestement sous la porte.
Cette dernière vibra quand un couteau et deux plats à gratins lui furent lancés dessus.
"Casse-toi !" cria Solveig en s'enroulant à toute vitesse autour du mouton. "Il était pas là et les cuistots n'ont pas l'air d'aimer les reptiles !"

Guidant le mouton à travers les corridors pour fuir l'ire des cantinières de Prismver, l'étrange équipage se dirigea au final vers la serre.
Quand elles pénétrèrent dans l'endroit chauffé, Solveig laissa échappé un sifflement de plaisir. Il faisait si bon ici ! Elle s'y sentait beaucoup plus à l'aise... Elle n'avait qu'une envie s'était d'aller se prélasser sur une branche pour se gorger de soleil et de chaleur, dissimulée à la vue des autres, attendant... Qu'un oiseau ou un bestiole s'approche à portée et là... NON !
Bon sang, il fallait vite qu'elle redevienne humaine...
"Bon, j'espère qu'il sera là, cette fois... Mais ça va pas être facile de le trouver. Ouvre bien l'oeil, la végétation est dense et les reptiles s'y fondent à merveille, j'en sais quelque-chose désormais." déclara-t-elle, se concentrant pour chasser l'instinct du reptile de son esprit.

Elle descendit du mouton, goutant le plaisir de sinuer sur un sol non-artificiel, au milieu des plantes et dans un environnement plein d'odeurs naturelles.
Elle se mit aux aguets, sa langue dardé captant les effluves de l'endroit à la recherche de Tartiflette, son corps analysant les vibrations du sol.
Était-ce le pas lourd d'un lézard-géant qu'elle percevait ou bien les pas de sa nouvelle amie mouton ?

HRP:

Après que les deux jeunes filles métamorphosés eut fuit l'ire des cuistots, elles se dirigèrent vers la serre, au grand damne du mouton qui aimait moins le climat tropical de l'endroit que le serpent.
Et à cause de la bévue de l'intimidant reptile, elles n'avaient pas pu fouiller la cuisine à la recherche d'un petit quelque-chose à grignoter.
"Avec tout ça on à même pas trouvé de quoi manger. J'aurais bien manger une laitue. Une laitue de la taille de...de...de Tartiflette! Une énooooorme laitue. Et à présent je meurs de soif..." se plaignit sa camarade laineuse.
En plus, elle devait crever de chaud ici...

"Tu pourrais...euh..." commença Solveig, hésitant à poursuivre son idée, qui était un peu dégradante, il faut l'avouer. "...brouter. Ou voir si y'a un fruit ou un truc de comestible ici qui te plairait, tout en cherchant le lézard du Directeur dans les fourrées..."

De son coté, Solveig essayait de se concentrer sur ses nouveaux sens de serpent. Elle sentait quelque-chose, ressentait les vibrations du sol... Mais son esprit encore trop humain n'arrivait pas bien à traiter ces informations.
Pas assez vite en tout cas.
Elle n'eut donc pas le temps de crier un avertissement à sa comparse qui étanchait sa soif qu'un Tartiflette sauvage apparut soudainement, jaillissant d'un taillis et expédiant le mouton à la flotte.
Solveig s'interposa, se dressa de tout son long pour tenter d'effrayer (pas gagner, ça) l'autre reptile. Qui devait bien peser dix fois son poids. Oups.

En tout cas, cela attira au moins son attention et il prit pour cible la pauvre serpent transformée.
"Solvy, je crois que tu as un prétendant!" ricana et bêla la jeune D en s'abattant de tout son poids alourdis par l'eau sur le lézard géant qui émit un sifflement furieux.
Solveig se tortillait devant lui et pour une fois essayait d'avoir l'air menaçante, pour maintenir l'attention du semi-dinosaure sur elle.
"C'est pas drôle !" cria-t-elle, évitant par tortillement et reptation les coups de griffes de Tartiflette. "C'est pas possible, nous ne sommes pas de la même espèce et les animaux..."
Mais ce n'était pas l'heure de faire un cours de zoologie. Fichu esprit analytique en toute circonstance !

"Aller, emprisonne le dans ta gravité, je vais étendre mon ombre sur la sienne pour le paralyser totalement." lui cria Rebekah.
En effet, c'était elle la B, c'était à elle d'agir, avant que le lézard géant énervé se retourne contre le mouton qui lui écrasait la queue.

Au lieu de continuer d'esquiver le pattes furieuse du dinosaure, Solveig se faufila sous elle, se détendant promptement comme un ressort. L'air de rien, ce nouveau corps était fascinant : depuis qu'elle était à une température correcte et poussé par l'instinct de chasse, ses réactions étaient fulgurante ! Bon, il ne fallait pas que ça dure trop longtemps : elle sentait l'énergie la fuir, vu qu'elle n'avait rien mangé.
En un éclair, elle s'enroula autour d'une patte de l'animal et commença à l'escalader, essayant de rester hors de porté de ses griffes.
En tout cas, la peau écailleuse de Tartiflette était beaucoup moins confortable que la toison de Rebekah... C'était curieux pour un être à sang-froid d'escalader un autre reptile.

"Lâche-le Rebby !" ordonna-t-elle une fois solidement arrimée à Tartiflette.
Dès que le mouton empesé d'eau eut libéré la queue du demi-dinosaure, Solveig activa son don et les deux reptiles quittèrent lentement le sol, Tartiflette tournoyant sur lui même en gravité zéro, embarquant la pauvre B en temps que passagère clandestine.
L'animal n'était pas ravis de la chose, loin de là, et il se mit à siffler et à s'agiter, cherchant à griffer ou mordre le serpent source de ses ennuis.
Mais il avait peu de chance d'y arriver, troublé par sa propre rotation perpétuelle, l'absence de "bas" et parce que lâchement Solveig se collait à lui. Bref, il ne faisait que s'agiter ce qui les faisaient tournoyer sur eux même comme des fous, flottant à quelques pas du mouton.

La norvégienne avait abandonné l'idée de l'immobiliser complètement : même sous forme de Boa, elle n'avait pas la force pour ça (il était musclé le bougre !).
Par contre, c'était curieux tout de même : pourquoi Tartiflette n'avait fait qu'essayer de la piétiner ou de lui donner des coups de griffes ? Elle aurait eut beaucoup plus de mal à grimper sur lui s'il avait tenté de la mordre : elle était bien placée désormais pour savoir que l'organe utile du reptile, c'était ses mâchoires.
Curieuse, elle avança sa tête ophidienne vers celle de son écailleux compagnon de voltige.
Oui, c'était ça : il tenait quelque-chose dans sa gueule. Probablement le flacon d'antidote !

"Rebekah, tu peux utiliser tes ombres pour nous capturer et éviter qu'on tournoient comme des idiots ?" hurla-t-elle à sa camarade de métamorphose.
Mais la D n'avait pas attendu le conseil de son ainée et avait déjà activée son pouvoir.
C'était très étrange à voir, choquant l'esprit cartésien et ordonné de Solveig (qui pourtant prenait magiquement des libertés avec les lois fondamentales de l'univers).
En tout cas, au grand déplaisir de Tartiflette, celui-ci se retrouva enchainé par les ténèbres, tout en continuant à flotter de manière idiote non loin du sol...

Bon, par contre, vu sa force, ça n'allait pas le retenir longtemps.
Et la norvégienne sentait qu'elle ne pourrait pas maintenir longtemps sa zone de gravité nulle : sans avoir mangé, son pouvoir dévorait littéralement son énergie, bien trop limité dans un corps à sang-froid aussi petit.
Elle devait agir vite.

La norvégienne ophidienne se coula à nouveau vers la gueule de Tartiflette, l'irritant de sa langue fourchu et de ses ondulations, offrant une cible tentante, trop tentante.
La lézard géant ne put pas résister bien longtemps : il essaya (sans succès, dopée par la chaleur, serpent-Solveig avait des réflexes foudroyant) de donner un coup de dents à son irritant passager, lâchant l'antidote... Qui resta à flotter là, à coter de lui. Ah oui, fichu gravité nulle !

"Rebby, chope l'antidote dès que je remet la gravité !" cria la norvégienne à son amie laineuse.
Solveig se ramassa sur elle même, telle un ressort et bondit en direction du mouton tout en annulant son pouvoir.
Elle et Tartiflette se retrouvèrent à nouveau soumit à l'attraction terrestre, mais le dinosaure restait emprisonné (pour quelques instants) dans les ombres et confus, alors que la norvégienne s'écrasait dans la laine mouillée de la toison de son amie. C'était très désagréable, humide et froid.

"Et maintenant on se barre fissa avant qu'il ne se libère !" glapit la fille-serpent. "Fuyons avec l'antidote !"
Pour faciliter leur retraite, Solveig utilisa ses dernières forces pour diminuer un peu la gravité autour d'elle et du mouton, pour l'alléger. Il fallait espérer que Tartiflette se lasse et ne les poursuive pas trop longtemps...

Solveig hurlait son plan et ses instructions au mouton, tout en se contorsionnant pour éviter un Tartiflette furibard.
"Je vais voir ce que je peux faire!" répondit l'autre jeune fille métamorphosée.
C'est vrai qu'elle était en D, et donc normalement, pas encore très douée avec la maîtrise de sa magie... Solveig s'en voulut un peu de l'avoir impliquer dans une stratégie aussi dangereuse...

La norvégienne fini par localiser ce qu'elle était venu cherché et ce pourquoi elle risquait sa peau (écailleuse).
"Si j'avais des mains je t'applaudirais Solvy! Je suis prête c'est quand tu veux!" lança sa comparse en encouragement.
Mais Solveig n'y prêta guère attention : ce n'était pas de louanges dont elle avait besoin, mais de concentration pour échapper aux griffures et morsures de son homologue reptilien format XXXXL.
En tout cas, la D mouton était prête, aussi la norvégienne mit la suite de son plan à exécution.

Rebekah était rapide sous sa forme animale, et diligente : la serpent s'écrasa dans une laine moelleuse (bien qu'un peu trop humide et froide à son goût), alors que le mouton s'emparer avec brio de l'antidote tant désiré.
Ensemble (enfin, c'était surtout Rebekah qui faisait le gros du travail), elles fuirent jusqu'au bâtiment principal aussi vite que pouvait cavaler un caprin, où elles s'enfermèrent dans les toilettes.

"Il faudrait...Rincer la fiole...on a pris assez de poison pour aujourd'hui, pas la peine d'ajouter de la bave de lézard et de mouton..." souffla la jeune fille.
Comme toujours, le cerveau analytique de Solveig s'intéressa au problème de manière trop terre à terre.
"Je ne crois pas que Tartiflette soit venimeux." répondit-elle d'un ton docte. "C'est une variante magicalement géante de lézard, il me semble... Et pas sûr que sa bave contienne quelque-chose susceptible d'infecter un humain, fusse-t-il transformé. De même, vu que nous avons subit une métamorphose magique, nous ne devons pas avoir les parasites ou bactéries d'un véritable animal sauvage et..."

Elle s'interrompit, voyant que sa compagne de métamorphose n'écoutait déjà plus et s'escrimait à essayer de nettoyer la fiole. Pas facile sans mains et Solveig, terrassée par la fatigue dû à son don et par la baisse de température hors de la serre, ne pouvait pas l'aider.
Et puis, l'air de rien, mieux valait être prudente. Nettoyer la fiole était une bonne idée.

Une fois celle-ci propre, la mouton ouvrit tant bien que mal la petite bouteille et en avala une partie du contenu, avant que la norvégienne n'ai pu protester.
N'aurait-il pas mieux valut l'apporter au Directeur ? Ils auraient peut être alors pu l'analyser et répliquer l'antidote pour tout le monde ?
Solveig fini par hausser les épaules (qu'elle n'avait pas) et s'avancer à son tour pour laper un peu du liquide magique. Tant pis : s'il fallait retourner traquer des clones de Tartiflette pour en avoir plus, autant le faire sous forme humaine, ça serait plus facile.

L'effet de l'antidote fut étrange, mais il se révéla fonctionner correctement.
Enfin de retour dans son corps ! Elle put également toiser sa jeune comparse, et non plus l'inverse, ayant récupérer son grand corps. Fini de se tortiller sur le sol dur et froid !
Elle pu ainsi détailler Rebekah pour la première fois. Elle était mignonne, l'air un poil plus jeune qu'avait cru la norvégienne, avec un air un peu espiègle et elle avait de magnifiques cheveux blonds. ça allait bien avec son coté lumineux et joyeux, qui tranchait avec son sombre pouvoir.

"Alors pas trop triste de ne plus pouvoir me grimper sur le dos? " plaisanta-t-elle après s'être étirée, célébrant le retour de ses membres humains. La B était en effet désormais bien plus grande et plus lourde que la D. Quoique...
Solveig lui détail un sourire canaille, alors qu'elle faisait l'inventaire mental de ses forces restante. Oui, tout juste suffisant.
"Mais je peux encore !" répliqua-telle, les yeux rieurs.
Sans prévenir, elle bondit sur les épaules de Rebekah, en un saut impossible.
La norvégienne avait activé son pouvoir et ne pesait plus que quelques grammes.

ce fut au tour de la B de rire de l'instant de panique de sa camarade. Bien vite toutefois, elle quitta les épaules de Rebekah et d'un pas sautillant, alla récupérer (avec ses mains !) la fiole ayant contenu l'antidote.
"J'irais la donner au Directeur tout à l'heure. Qui sait, ils pourront peut être analyser les restes pour en refaire ou pour fabriquer un dispositif magique pour traquer les autres fioles ou leur contenu."

Une fois que ce fut fait, Rebekah émit une suggestion qui allait remporter l'enthousiasme de la norvégienne.
"Je sais pas toi, mais moi j'ai une faim de loup! Ça te dit un pti tour en cuisine? J'offre le goûter !" proposa gaiement la jeune D.
Un grognement sauvage en provenance du ventre de Solveig lui répondit très honnêtement.
"Volontiers. Je suis morte, j'ai les batteries à plat et je pourrais... dévorer un mouton entier !" conclut-elle avec un clin d’œil complice, en ce mettant en route vers le futur banquet de la victoire.

HRP: