en route pour la joie (avec Joshua)

En route pour la joie

Il faisait beau, j’en profitais pour faire mon footing plus tôt et profiter du soleil et du ciel bleu, histoire de synthétiser un peu de vitamine D3 dite cholécalciférol qui se synthétise au niveau de la peau grâce aux UVs. Bref, j’enfilai mon hoodie, un jogging polaire, et je sortis du bungalow direction le parc.
Ce mois-ci j’avais décidé de passer au niveau supérieur en allant courir avec un masque chirurgical, ça gênait la respiration et forçait donc le corps à s’adapter avec une oxygénation moindre. En bref, mon footing me faisait travailler mon cardio trois fois plus qu’à la normal et que la prochaine fois je laisserai Quinn sur la ligne de départ. Je fis claquer sur mon visage mon masque chirurgical et je commençai à courir.

Sur l’aller je vis une gamine aux cheveux roses étalée de toute sa longueur sur le banc. Une manière comme une autre de passer le temps… Je continuais vers le lac, j’en fis deux tours, ensuite je me dirigeai vers le jardin, une fois au bout, je fis demi-tour, direction le parc avant de rentrer. Habituellement, je fais une demi-dizaine de tour à l’aller et une demi-dizaine de tour sur le retour. Mais ce masque compliquait la tâche plus que prévu.
Je voyais de loin le même banc qu’à l’aller dans le parc mais de dos cette fois-ci, l’autre Barbapapa n’était plus seule, un enfant était à côté d’elle. Enfin pas pour très longtemps. Elle semblait regarder autour d’elle, elle ne m’avait pas vu, avant de pousser le gosse du banc, de dos je ne pouvais voir ce qu’elle lui faisait, et j’étais trop loin pour savoir si elle lui parlait. Je pus seulement entendre un cri de l’enfant, qui s’en alla en courant, et il passa à mon niveau, je m’arrêtai et je l’interpellai. « Ça va tu n’as rien ? », il me fit non de la tête, à première vue il n’avait rien, un peu de gravier sur son pantalon au niveau de ses genoux rien de bien méchant, même si le geste m’insupportait par principe. « Tu peux aller au jardin ou au lac, il n’y a personne et c’est mieux qu’ici, pas de gravier ni de pelouse interdite. ». Le gamin acquiesça de la tête et s’en alla.

J’arrêtai de courir, je marchais pour reprendre mon souffle et retrouver un rythme cardiaque normal, toujours avec le masque, sinon ça ne servirait à rien. Je marchais discrètement et silencieusement vers le fameux banc tant convoité.
J’étais à côté du banc, j’ôtai mon masque, je le jetai dans la poubelle à côté, et je posai un pied sur l’accoudoir contre lequel notre caïd avait posé ses pieds. Elle n’avait pas remarqué ni même entendu. Je savais me rendre invisible. Je fis mine de refaire mon lacet avant de rendre le banc intangible. Notre demoiselle traversa instantanément le banc et se retrouva sous ce dernier, allongée au sol avant même de comprendre ce qu’il s’est passé.

Avec un peu de chance elle n’aurait pas pour réflexe de se redresser brutalement, elle pourrait se faire très très mal contre le banc, et ça m’embêterait… Oui je suis sincère. Je n’aime pas faire mal. Mais là elle le méritait, le pauvre gosse n’avait rien fait de mal. Je m’asseyais sur le banc et j’allongeai une jambe sur la longueur du banc et je commençai à m’étirer. Sans même la regarder je pris la parole. « Apparemment c’est la loi du plus fort qui fait foi ? Non, ce n’est pas ça ? Enfin c’est l’impression que tu m’as donné avec l’autre mioche. ». Je me préparai à phaser avec tout le banc à tout instant si elle tentait de me toucher ou de toucher le banc. Pas de chance pour elle, la méchanceté gratuite est un truc qui m’horripile.
 

En route pour la joie

Je fermais longuement les yeux, elle s’était cognée, heureusement que le dessous du banc n’est pas contendant… Elle se releva et elle passa sa main sur sa tête pour vérifier si elle ne saignait pas, ce qui était le cas.
Elle me fixait, je n’avais pas besoin de la regarder pour le savoir, je pouvais sentir son regard se poser sur moi. Elle devait être assez en colère quand tu vois ce qu’elle a fait à un gamin qui s’est gentiment assis à côté d’elle. Elle aurait pu lui demander de bouger. Mais non. Les actes avant la parole. J’en déduis qu’elle devait bouillonner, je jeté un regard furtif vers elle, au moins à l’intérieur, mais elle doit se retenir, elle n’a sûrement pas compris comment j’ai fait, du coup elle se méfie. Enfin c’est ce que toute personne saine d’esprit ferait. Elle me demanda son calepin. Tiens, ce n’est pas ce que j’aurais dit après m’être fait avoir de la sorte. Mais bon, tous les goûts sont dans la nature. Je le pris, et je le lui tendis. « Mais bien sûr, voilà ton calepin. »  Ma voix était étrangement douce, je ne suis pas en colère moi, j’lui ai juste fait ce qu’elle a fait au mioche. Elle devait se sentir comme le gamin, humilié, blessé, et en colère. Ça devrait lui donner matière à réfléchir.

Je changeais de jambe à étirer. « Pas besoin d’aller à l’infirmerie, tu vas juste avoir un œdème, une bosse si tu préfères. Va te passer de la glace sur la tête, ils ne feront rien de plus à l’infirmerie. » Le froid va causer la vasoconstriction des vaisseaux, ce qui va enrayer la réaction d’inflammation causant l’œdème a.k.a l’accumulation de liquide.
Je la regardais, son visage crispé, elle se contenait c’était évident, pas besoin d’avoir des capacités d’observations accrues… Mais ça m’était égal. Elle avait sa fierté, n’allons pas la lui briser, ce serait inutile, stupide et méchant.

Je me levais du banc je m’étirais en baillant. Je sortis une petite bouteille d’eau de la poche de mon hoodie. Je bus deux gorgées. L’hydratation et l’étirement diminuent fortement les courbatures.
Je me retournais vers elle, « Inutile de te dire pourquoi j’ai fait ça, ce serait une perte de temps. » Je commençais à courir avant de me retourner vers elle et de lui dire en haussant la voix d’un ton enjoué. « N’oublie pas de te mettre de la glace sur la tête, tu ferais mieux de faire ça maintenant si tu ne veux pas que ça double de volume ! » et je repris ma route en courant, sans mon masque cette fois-ci. Prochain arrêt : la salle de bain.