you're a...boy ? || Wilfried

C'était bientôt le retour des beaux jours. Et qui disait retour des beaux jours disait retour du shopping ! Je devais refaire une partie de ma garde-robe et remettre mon grand manteau rouge au placard jusqu'à l'automne prochain. J'avais demandé à Dhak de m'accompagner en ville mais il m'avait fourbement lâché. J'avais donc rapidement enfilé un jean serré, une de mes nombreuses paires de bottes et un sweet un peu trop grand, blanc avec une écriture rose dessus qui allait parfaitement avec la couleur de mes cheveux. Cheveux qui j'avais décidé de laisser détachés, comme souvent. J'avais même renoncé à mettre mon éternel serre-tête. Lorsque j'étais sorti, un vent frais avait soufflé. Bien que je portais un amour immodéré à l'hiver et à la neige et la pluie, un peu de soleil ne me faisait pas de mal. J'étais resté un long moment, visage face à l'astre du jour, pour réchauffer ma peau, avant de prendre la direction du centre-ville, bien décidé à vider un peu mon compte en banque. Je n'étais pas la personne la plus riche du monde, loin de là, et c'était surtout mes parents qui me fournissaient un peu d'argent pour mes habits et mes loisirs - chouchouté, moi ? - mais j'aimais bien faire un peu de shopping lorsque j'en avais l'occasion.

Et un changement de saison était la parfaite occasion pour moi ! J'avais passé la journée dans les magasins, à envoyer des messages à Dhak pour l'embêter. Il n'avait qu'à venir avec moi ce sale lâcheur ! J'étais passé devant le terrain de basketball. Skygge et Gauthier s'y trouvaient avec quelques autres étudiants du club. Je ne leur avais pas lancé le moindre regard. Mais j'avais senti au fond de moi que la plaie était loin d'être guérie. Pourquoi avais-je décidé de venir ici ? Sans doute l'espoir futile que cela allait pouvoir m'aider à me remettre de ma chute. Mais rien ne pourrait m'aider pour le moment, si ce n'était oublier le passé. Pour me changer les idées, j'avais dévalisé les magasins et je me retrouvais à rentrer à l'académie avec trois sacs dans chaque mains et ma mère qui m'engueulait au téléphone parce que Arthur l'avait mise au courant de ma fuite en ville pour faire les boutiques. Elle savait que j'avais un peu de mal à être raisonnable. Après quelques mots secs, je raccrochais.

Sortant un donut à la fraise de son emballage, je décidais de faire un détour par les jardins de l'école avant de retourner dans ma chambre. Je portais la pâtisserie à ma bouche et levai le nez vers le soleil. Le vent était toujours présent. Quelques mèches roses volèrent autour de mes traits fins alors que je fermais mes grands yeux bleus. Ici, tout reflétait le calme et la sérénité. J'aimais cet endroit, où je venais souvent seul pour me retrouver un peu avec moi-même. Pas que je n'appréciais pas mes camarades de cabane, mais j'avais toujours ressenti le besoin d'avoir des moments de solitudes. Même à l'époque de Franck et Marc. Mon estomac se serra douloureusement à leur pensée. Je secouai doucement la tête pour les effacer et j'ouvris de nouveau les yeux. Tiens, je n'étais pas seul à vouloir être au calme...

Un petit ange... C'était cela. J'avalais ma pâtisserie en quatrième vitesse et la fixais une seconde. Puis deux. Puis trois. Elle ne me disait rien.. Bon je ne connaissais pas tous les étudiants de l'académie aussi. Souriant légèrement, et étant d'une nature plus sociable, je m'approchais d'elle et m'accroupis. Je restais tout de même à un bon mètre. Je savais que certaines personnes n'aimaient pas que l'on se mette trop près d'elle. Je penchais la tête sur le côté, posais mes sacs dans l'herbe, et pris la parole de ma voix enjouée :

- Salut ! Toi aussi tu viens ici quand y'a personne ? C'est agréable hein ? Je m'appelle Wilfried, mais tout le monde m'appelle Wil. Et toi, c'est comment, p'tit ange ?

Une idée assez folle mais intelligente me traversa soudainement l'esprit et je me redressai en me raclant la gorge.

- Oh euh.. Désolé tu veux peut-être être toute seule. Je suis bête.. Excuse-moi de t'avoir dérangée !

Je repris mes sacs et la saluai de la main. J'aurais de toute manière d'autres occasions de la croiser. N'empêche, elle était quand même mignonne cette petite demoiselle.