Coucou, je ne fais pas que passer. || PV Joshuamour

Je venais de finir mes devoirs, j’éteignis la lumière de mon bureau, j’allumais ma station sur ma table de chevet réglée sur volume 2 histoire de ne déranger personne. Je me dirigeai vers la fenêtre de ma chambre, je fermais les volets et laissais grand ouvert la fenêtre histoire d’avoir de l’air frais.
Je branchais mon téléphone à ma station et je lançai ma playlist du soir.
Allongé sur le dos, la couverture repoussée vers mes pieds, une main derrière la tête, je fixai le plafond. J’étais en tshirt et caleçon, je n’aime pas dormir dénudé, mais je ne peux pas dormir complètement couvert, je crains la chaleur, du coup ma tenue est un bon compromis entre pudeur et fraîcheur…
Bref… Est-ce que ce soir j’allais pouvoir m’endormir ?
C’était au tour de Doe,Jane de Shakey Graves, cette musique raconte l’histoire d’un homme totalement aliéné par cette Jane Doe qu’il aimait tant. Il n’est plus qu’une coquille froide noire et couvertes de bleus étendu sur la table, un mari pour cette chère Doe, Jane. Maintenant il est assis sur le sol, replié sur lui-même à se raconter des blagues. C’est une musique avec froide et cynique.
C’est en gros une peinture du processus de domestication et des peurs liées à l’attachement à autrui. C’est ma musique de chevet. J’adore cette musique, elle me berce depuis trois ans bientôt.
Je somnolais, à moitié éveillé, à moitié inconscient, j’aimais bien cette phase, les pensées défilent à toute vitesse, on ne les maîtrise qu’à moitié, on se laisse porter par le courant.
J’avais remonté ma couverture sans le réalisé. J’avais un peu chaud, mais j’étais trop fatigué pour la bouger. Je commençais à dormir.
Un bruit de porte, il ne me réveilla pas vraiment, je n’étais pas en phase de sommeil profond, des bruits de pas, ce n’était pas ceux de Clarissa, je connais sa démarche pieds nus. J’essayais de me forcer à me réveiller pour voir qui c’était, mais l’odeur que mon visiteur avait m’était familier je n’étais pas en danger. C’est sûrement pour ça que je ne me réveillais pas. Elle s’installa dans mon lit sans que je ne réagisse, je me tournais, du froid, c’était agréable, peut-être l’extérieur de ma couverture qui s’était rafraîchie ?

Je me retournais et je me blottis n’importe comment contre cette boule de froid, une jambe à moitié sur elle, un bras la plaquant contre mon torse, ses cheveux dans ma bouche… Ces cheveux ?! Mes yeux s’ouvrirent brusquement, c’était Sonera…. Silence embarrassant… je retirais ma jambe et mon bras. Elle m’avait peut-être parlé, je pensais que ça faisait partie de mon rêve.
« S…Sonera… Désolé… Tout va bien ? » Je me reculais un peu, embarrassé par la situation. J’avais l’habitude de recevoir des visites la nuit. Mais Clarissa c’est pas pareil… On a cette proximité physique… Disons qu’il s’est passé des choses auparavant entre nous, et que parfois il s’en passe…
Voir Sonera dans mon lit c’était assez nouveau pour moi. Enfin comme ça à cette heure-ci. « Tu as fait un mauvais rêve ? … Tu veux en parler ? »
J’étais équipé pour ce genre de situation, j’ai toujours une boîte de bonbon à la menthe dans ma table de chevet pour les réveils. J’ai une image à tenir vous savez… Je la pris dans mes bras pour la rassurer. « Tu peux rester ici pour dormir, avec moi tu es intouchable, tu peux dormir sur tes deux oreilles. »

Je tirais une moue compatissante, rêver de sa plus grande peur ou revivre un traumatisme… Pas cool… Faudrait que je lui montre un dessin animé où l’héroïne maîtrise l’eau, ça pourrait l’inspirer et lui permettre d’entrevoir de nouvelles perspectives quant à sa maîtrise.
Elle se blottit un peu plus contre moi. Je la laissais faire, je pensais que son contact me dérangerait plus que ça, mais je trouve cela apaisant… agréable ?! Surprenant venant de moi, il m’arrive de faire des cauchemars ou mon père, pour me réconforter, passe ses mains sur mes épaules en les frottant, ce qui me rend, à chaque fois, si mal à l’aise que je ne peux plus parler, ni respirer correctement, il n’arrête pas et je finis par me recroqueviller sur moi-même en retenant mes larmes… J’ai vraiment du mal avec le contact…

Elle murmura bonne nuit, ce qui me fit sourire, sur le dos, un bras autour de Sonera, l’autre sous ma tête je fixais le plafond. Silence, elle commençait à s’endormir je le sentais. J’étais flatté qu’elle parvienne à s’endormir dans mes bras, assez fier même.
Mais ça ne dura pas très longtemps, elle se releva sur un coude. « Euh… ça ne te dérange pas au moins que je sois là ? … Non parce que bon… Je m’impose mais si ça se trouve, t’es tout rouge là, dans l’obscurité et t’es en train de te dire “Oh la la je vais dormir avec Soni, c’est un blasphème.“ ou alors “Et si je l’écrasais dans mon sommeil elle est tellement petit ?“ hein ? » Je pouffais légèrement. « Suis-je aussi socialement inapte que ça à tes yeux Soni ? » lui demandai-je en rigolant. « Ce qui me dérangerait c’est que tu restes seule dans ton coin à broyer du noir alors que je suis à 10 secondes de ta porte. Ça pourrait être un blasphème ça… » même si je n’avais pas compris pourquoi elle parlait de blasphème à l’instant. « Pour ce qui est de t’écraser… C’est plutôt à moi de t’avertir. Quand je dors je suis plus ou moins mort. Pas un son, pas un geste. Mais j’ai le sommeil très léger… M’enfin bref… Moi ça ne me dérange absolument pas au contraire. » lui dis-je en lui offrant un sourire qu’elle ne pouvait pas voir mais peut-être deviner à mon timbre.
« Par contre … il faudrait éviter que Leann ne le sache… Elle réagit assez bizarrement ces derniers temps. Pour tout et n’importe quoi. Bon après… ça reste notre Leanny, elle a toujours été un peu dans la Lune. »