( trust me now ) ft. joshua ; end.

Invité**Invité**

don't quite on me
please trust me now
▬ jolix

Nervosité. Anxieuse. Ça faisait des mois que tu ne t'étais pas sentie comme ça. Des années que ça n'avait pas atteint ce niveau. Tes yeux s'obstinent à fixer le plafond alors que tu sens les pattes des deux lézards courir sur ton ventre. Sans réaction. Vide. Tu appréhendes. C'est malin, qu'est-ce que tu vas faire maintenant, hein ? Tu l'as fait venir, il ne devrait pas tarder à arriver et toi comme une idiote tu te retrouves à l'attendre. Sauf que tu ne sais pas quoi lui dire. Tu as toujours été douée avec les mots pourtant mais là tout s'emmêle et tu sens les lettres se chevaucher dans le fond de ta gorge ; coincées. Elles n'arrivent pas à sortir comme tu le voudrais.

Que faire ?
Que dire ?
Que taire ?

Tu ne sais pas Félix, tu ne sais plus. Tu ne sais rien. Tu es perdue. Et ça te tue. Tu vois les choses avancer, tu sens le temps glisser entre tes doigts sans que tu ne puisses rien contrôler, rien protéger. Et ça te tue. Tu as les yeux légèrement cernés et pour une fois ce n'est pas d'avoir geeké - tu as passé la nuit et la journée à réfléchir. A l'ouest, dans ta bulle. Préoccupée. Et ça ne te ressemble pas. Peut-être Félix est-il temps que tu jettes ton adolescence à la poubelle et que tu passes à la page suivante ? Peut-être serait-il temps que tu acceptes d'avancer et que tu commences à agir plutôt que de rester plantée là à regarder les autres faire tourner le monde. Peut-être oui. Mais on ne t'a jamais appris à faire ce genre de choses ; tu ne sais pas par où commencer et ça te fait peur.

Grandir te fait peur.
Terriblement peur.

Et c'est pour ça que tu t'es obstinément enfermée dans ta bulle d'égoïste où tout le monde est beau et où tout le monde est gentil durant toutes ces années durant lesquelles les autres se faisaient la guerre ; au fond de ton ventre la peur est là, elle te ronge. Fourbe. Tu finis par te redresser, soufflant sur une mèche rebelle en regardant les lézards désormais sur tes draps. Tu as l'air terriblement fatiguée. Sérieuse et à la fois déboussolée. Tu ne sais plus sur quel pied danser. Tu n'as plus aucune carte en main et ça te fait chuter - en as-tu déjà seulement eu, Félix ? A tout ignorer la vérité t'éclate à la gueule brutalement, c'était prévisible. Risible, c'est le mot. Tu attrapes la tasse de chocolat désormais froide sur ta table de chevet et tu prends une gorgée avant de la reposer aussi sec, sortant de ton lit en tirant sur ton t-shirt pour le rabaisser jusqu'à la moitié de tes cuisses nues. Tu shootes dans quelques peluches qui traînent pour les renvoyer dans le tas, laissant le coin de ta chambre où de nombreuses notes de cours règnent aussi bien sur un bureau que sur le sol ; propres et soignées mais éparpillées. Les derniers cours auxquels tu as assistés et que tu as appris - preuve qu'au final tu travailles - tu le fais exprès. Tu te dis que tu devrais faire des efforts et monter en rang, mais tu ne veux pas partir des rouges. Pourtant, tu en as largement les capacités. Peut-être que si tu commençais par marquer ton nom sur tes copies ça serait un bon départ. Et finalement, il est là. Tu redresses la tête, te mordant la lèvre. Hésitante. Tu pourrais faire genre de dormir et dire la prochaine fois que ça ne lui était pas destiné - depuis quand tu fuis comme ça, Félix ? Porte tes couilles putain. Tu prends une inspiration et tu vas lui ouvrir, lui faisant rapidement signe d'entrer avant de refermer la porte sur laquelle tu t'adosses en croisant les bras.

▬ Hey, b'soir. Fais comme chez toi. Et désolée de t'avoir fait venir comme ça à l'improviste.

Le regard sur tes pieds - pas d'étincelles dedans, pas de sourire, juste de la fatigue. Beaucoup de fatigue. Tu finis par jouer nerveusement avec une mèche de cheveux, ne sachant pas par quoi attaquer alors, bêtement, tu finis par lâcher ;

▬ Comment tu vas ?

Sérieux, Félix ?
C'est tout ce que t'as trouvé ?

© YAM for Prismver

Invité**Invité**

Atessouai débarque, je lâche le A que je tenais pas le col. J’étais en pleine altercation. Son regard ne m’avait pas plu. Je le plaque contre le mur, en y enfonçant son bras. « Bouge pas, deux secondes et je suis à toi. » Je regardais le lézard du coin de l’œil un petit message à me délivrer. Je le déplie délicatement. Pas besoin de le lire, ça ne va pas, ça se voit. Des ratures de partout, pas de petits gribouillis ni d’émoticons, écriture brouillon, tremblante. Grmpf, je sors de ma poche un stylo accroché à une feuille pliée en huit. J’arrache un morceau et je griffonne une réponse. Orange de sous mon tshirt, je lui confie le message. « Suis le lézard, et reste avec lui, je te rejoins le temps de régler ce petit “problème“… » Orange s’exécuta et s’en alla avec Atessouai.
Je décroche ma proie du mur. « A nous deux. » dis-je avec le sourire. « Alors, comme ça tu es l’élève le plus fort en combat à Prismver ? Je peux te tuer en un claquement de doigt. » balançai-je en trifouillant dans ses entrailles. « L’intestin grêle, le duodénum, l’estomac, le foie, et là… bingo, le cœur. » mon jouet manque de s’évanouir alors que je n’ai rien fait, je lui colle un coup de tête et avant de le jeter au sol. « Déchet. »

Je me dirige vers la chambre de Félix. J’étais en tshirt noir, mon jean foncé, et des baskets, rien de mieux pour sortir par ce joli temps de pluie et de vent glacial. Les joies du mois de novembre. Tout ça ne me fait rien. Je suis intangible.
Je me hâte, je ne prends pas la peine de passer par la porte d’entrée, je phase directement dans la cabane, je frappe une seul et unique fois à la porte, et j’attends. Chose anormale, en générale, elle se jette dans mes bras aussitôt, parfois je n’ai pas le temps de frapper mais là… J’avais l’impression d’être devant sa porte depuis une éternité. Elle ouvre et me fait signe d’entrer, serait-elle entrée en ère glaciaire ? Je commençais à m’inquiéter. Je me pose sur son lit. Orange se précipita sur mon torse. « Ne t’excuse pas, c’est normal, tu as besoin de soutient, je rapplique aussitôt. »

Elle fixe ses pieds, elle était comme éteinte, c’était triste à voir, un silence s’est installé, je la fixe, enfin je l’analyse, de la tête au pied. Elle me demande comment ça allait, dans l’espoir de briser le silence. La question me fit légèrement rire. Nova joue avec ma santé mentale, sinon tout va bien. « C’est plutôt à moi de te demander ça. Tu es comme éteinte… » ce n’était pas compliqué à comprendre.
J’avais déjà ma petite idée, Félix est quelqu’un qui se fout de ce qu’on pense, les conventions et normes sociales lui sont inconnus, Félix n’est qu’amour et émerveillement, et connerie aussi mais on fait l’impasse sur ça. La seule raison de cet état est que quelqu’un a bafoué cet amour qu’elle porte aux gens. En temps normal je l’aurais subtilement cuisiné, mais les conditions sont tout sauf normales. « Qui est-ce qui t’a fait du mal ? » demandai-je sans détour.

Invité**Invité**

have

Besoin de soutient. Tu mords ta lèvre à cette expression. Tu as l'impression d'être une adolescente en pleine crise d'incertitude et ça te fait te sentir pathétique pour le coup. Tu regardes un peu plus tes pieds. Depuis quand tu comptes autant sur les autres ? Depuis quand tu leur fais part de tes problèmes ?

Depuis quand est-ce que tu en as, des problèmes ?

C'est vrai ça, Félix. Après tout, c'est toi la hippie insouciante, la jeune fille un peu trop brute de décoffrage qui saute sur le dos d'un gars qu'elle a jamais rencontré parce que sa tête lui revient bien ou qui mange des kebabs en cours parce que c'est même pas des cours que vous faites au point où vous en êtes en E. Vous avez même plus une vraie salle de classe, après tout.

Eteinte. C'est triste comme mot, tiens. C'est triste quelque chose d'éteint. C'est comme ça qu'il te voit pour le moment ? Il te voit triste ? Est-ce que tu l'es, Félix ? T'en sais rien toi, si t'es triste. T'en sais rien, tu sais tellement pas ce que tu ressens ; c'est un bordel sans nom. Ça te fait tout drôle. C'est comme sentir plus rien bouger à l'intérieur de soi, quedal, juste un gros trou béant.

T'aimes pas ça.
Tu détestes cette sensation.

Et puis bambam, la question qui tombe. Tu sens ton cœur s'alourdir un peu plus alors qu'un maigre sourire railleur s'accroche avec difficulté à tes lèvres ; risible, venant de toi. Improbable également. Tu te décroches de la porte, allant te mettre à sa hauteur pour passer une main dans ses cheveux en cherchant comme lâcher tes mots ; la boule dans ta gorge refuse de leur laisser la place, c'est compliqué, ça fait mal. Tu sens tes yeux piquer un peu, sans trop savoir pourquoi.

▬ La dernière fois, j'suis allée à l'infirmerie pour piquer un lit et dormir.

Commencer des explications par subtilement dire que tu as séché les cours, magnifique Félix comme toujours.

▬ Et j'ai croisé Felicia. Je sais pas si tu vois qui c'est, c'est une D. Très jolie, adorable, un cœur gros comme ça - un vrai petit ange. Je l'aime beaucoup, genre, vraiment, c'est pas qu'une pote c'est comme... J'sais pas tu vois, c'est vraiment quelqu'un d'important pour moi.

Un peu comme ta famille, mais c'est tellement parfait entre vous que même ce mot marche pas. Et t'es maladroite avec les relations, alors tu saurais pas dire. T'as pas trop l'habitude des filles dans la famille, faut dire. T'as que tes deux papas pour toi - tu t'en plains pas, loin de là. Et puis tu sens les mots un peu compliqués à dire, qui se battent pour sortir de ta gorge.

▬ Quelqu'un l'a passée à tabac.

Tu laisses un silence.
Parce que même toi t'arrives pas à croire qu'on soit assez dégueulasse pour faire ça à Felicia. En fait, dit comme ça, t'arrives même pas à croire que ça se soit passé. Pas à Felicia. Y'a des milliers de connards qu'on puisse frapper dans ce putain de pensionnat.

Mais pas ta Felicia.

▬ Elle voulait pas m'en parler au début, tu vois. Mais tu m'connais, j'allais pas lâcher l'affaire.

Petit rire, nerveux, craqué, brisé au fond de ta gorge parce que tu sais pas si tu dois en rire ou pleurer.

▬ J'la connais putain, la personne qui a fait ça. J'la connais bien. Enfin, j'croyais. J'pensais bien la connaître tu vois, j'pensais qu'on était amies, j'pensais la comprendre. J'la pensais incapable d'un truc pareil. Faut croire que j'me trompais. Mais j'y arrive pas, j'comprends pas, j'veux dire, pourquoi, merde ? Parce qu'elle défendait ses idées ? Parce qu'elle affirmait ce qu'elle croyait ? C'qu'elle voulait faire ? Mais merde on est des personnes civilisées pas des gamins, on a pas à se taper la gueule pour nos opinions, on peut pas en parler plutôt ? j'suis vraiment trop utopiste ?

Oui Félix.
Mais c'est pas grave.
Le plus important, c'est que tu mettes enfin les pieds par terre. Que t'arrêtes de voler sur ton petit nuage et que tu comprennes enfin qu'ici, c'est pas le pays des bisounours.

fun

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A l’évocation du mot soutien, elle se mordit la lèvre, trahissant son malaise. Elle fixe ses pieds. Je lui offre un sourire bienveillant. « Hé relax… On a tous le droit à des moments de faiblesse, c’est l’adolescence. C’est comme ça on y passe. Même moi, c’est pour dire, j’y ai eu le droit. »
Je m’étire, toujours assis sur son lit, je tapote à côté de moi pour lui faire signe de me rejoindre. « L’adolescence, et ses changements, ça cause des petits tracas… C’est comme ça… Et tout finit toujours par s’arranger. »
Je lui ai demandé qui lui avait fait du mal, un changement brutal mais difficilement visible, se fit en elle. Elle se releva de la porte, elle passa sa main dans mes cheveux, sensation agréable que j’avais toujours appréciée. Elle a la gorge nouée ça se voyait.

Elle prit enfin la parole. M’annonce subtilement qu’elle avait séché les cours. Je l’observe et l’écoute sans rien. J’acquiesce de la tête. « Oui je vois. » réponds-je sobrement.
Et là se jeta à l’eau. Cette fille si adorable, Felicia, j’en avais entendu parler. Je l’avais vu dans les couloirs… Je ne voyais pas pourquoi on s’en prendrait à elle… Même-moi sous l’influence de Nova je ne m’en prendrais pas à elle…
Tu me connais aussi, je ne lâcherai pas l’affaire non plus, je veux savoir qui c’est et je la trouverai et je m’en occuperai.

Petit rire nerveux qui trahissait son mal-être. Je m’approche d’elle et je l’enlace fermement pour la calmer. Et elle se laissa aller. « Qui ? » elle la connait, et cette personne lui a fait du mal. Et aussi à Felicia.
« Les gens ne sont pas aussi matures que toi. Ce n’est pas de la naïveté mais de la sagesse que de privilégier la parole à la violence. » je prends sa tête pour la serrer contre moi. « Une simple pisseuse en pleine crise. Désolé c’est ton amie, mais c’est ce que j’en conclue. Tu n’es pas trop utopiste. Ça ne devrait pas se passer comme ça. Et ce genre d’acte ne devrait pas rester impuni. »
Je soupire « Et puis en commettant ce genre d’acte sans sens, sans raison… Je ne vois pas quel genre d’idée elle pourrait défendre… Peut-être se faire remarquer… Prouver quelque chose ? Aller en S ? » je ne pus m’empêcher de rire face à une telle connerie. « Si c’est ça… Pff, elle se fera bouffer avant même d’avoir trouvé sa chambre dans le dortoir. »

Je défais mon étreinte. J’avais mes limites. « Tu veux jouer aux jeux-vidéo ? »

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have

Tu as toujours eu un problème avec les conflits, une certaine hantise de ces derniers - il faut dire que c'est sacrément prise de tête ; aussi t'es-tu toujours bien assurée d'en rester loin, éloignée, à l'abri dans ta bulle que l'on a percée sans te demander ton avis et si c'est cela que l'on appelle adolescence, si c'est cela qu'est grandir alors tu veux rester dans ton monde de livres, de chocolats chauds et d'histoires fantastiques que l'on raconte avec un bout de bois dans la main, créer du bout des lèvres tout un monde rien qu'à toi et aux quelques privilégiés à qui tu en fais part - Joshua en fait souvent parti, cela va sans dire ; tes mondes à toi tous plus délirants les uns que les autres avec cette passion et ce talent que tu as pour conter, quelle excellente oratrice que tu es (sauf dans la vie de tous les jours avec ton langage de wsh).

Mais tu n'as plus la tête aux histoires. Relax. Non. C'est comme ça on y passe. Mais t'as pas envie, toi. Et tout finit toujours par s'arranger. Chez les adolescents normaux, probablement oui. Mais vous êtes pas normaux, vous. Vous êtes hors-normes ; vous êtes des bêtes avec des armes trop puissantes pour leurs petites mains, leur égo et leur connerie. Et tu fais parti d'eux. Sauf que tu ne peux rien faire - comme toujours, ça ne change jamais. Tu n'as jamais été foutue de faire quoi que ce soit Félix et tu le sais. Et tu l'as toujours su. Et ça t'allait. Parce que jusque là rien n'avait ébranlé ton petit monde si parfait dans lequel tu te complaisais.

Tu ne réponds pas à son étreinte.
Tu apprécies la chose, pourtant.
A sa juste valeur qui plus est.

Mais ton corps entier n'a plus la force de lever les bras pour répandre un peu d'amour ; on a piétiné tout ce que tu pensais posé en toi.

▬ Je dirai pas son nom. J'ai promis à Felicia que je dirais rien et je brise jamais mes promesses. Cherche pas, je céderai pas.

Et pourtant, ça te brûle la langue. T'as envie de tout envoyer bouler - plus que les quelques fois où tu te bourres la gueule volontairement avec un sourire crétin sur les lèvres en prétendant ne pas savoir tes limites. Bien sûr que tu les sais. Tu te connais mieux que personne - un peu trop, même. Mais tu ne craqueras pas. Il pourra tenter tout ce qu'il veut, pas cette fois. Pas cette fois. Et il te dit mature et tu manques de rire - il est bien le premier à le penser ; le seul, sûrement. Toi-même tu en doutes. Tu laisses ta tête reposer contre son torse mollement sans trop chercher à suivre un quelconque mouvement.

▬ Je sais pas si c'est mon amie. Je sais plus. J'ai essayé de la mettre en garde mais elle m'a envoyée chier et on se parle plus depuis. Elle sait pas que je suis au courant, d'ailleurs.

June te semble si loin désormais, comme un mirage. Et ça t'attriste. Tu l'aimes, June. C'est une fille bien au fond et tu le sais, elle a beau agir comme une pute, tu sais qu'en grattant fort avec le bout des ongles t'avais réussi à trouver un minimum de sensibilité et un petit sourire radieux qui éclairait un peu tes journées.

▬ Je comprends pas pourquoi les gens cherchent à aller en S. C'est vrai, qu'est-ce que ça peut vous apporter ? Après tout, toi aussi t'y as été.

Même si son violet a rattrapé sa gorge maintenant. Tu le laisses te lâcher, écoutant sa proposition en hochant la tête, commençant à sortir au hasard un de tes nombreux jeux et deux manettes avant de t'asseoir sur le lit. Et tu lances la partie. Et tu appuies machinalement sur les boutons sans être trop dedans, rendant les scores à la fois mitigés et à la fois en ta défaveur, vers la fin alors que tes pensées s'emmêlent et tu n'es pas dedans, ça se sent. Au final, au bout d'un moment, tu laisses une pause, tardant à appuyer sur le lancement de partie, te mettant en tailleur avant de poser la manette sur tes cuisses nues, le regard bas. Et pourtant, ton ton est calme, posé. Sérieux. Et ça doit être la toute première fois depuis que tu aies jamais parlé au A.

▬ Je veux changer.

Parce que tu commences à comprendre la situation, à voir les images défiler devant toi sans pouvoir suivre le rythme correctement désormais, arrêter d'être spectatrice.

▬ Je peux pas continuer comme ça, Joshua. Je suis peut-être pas rancunière, je suis peut-être altruiste et peut-être même - non sûrement que je suis beaucoup trop naïve, je le sais parfaitement.

Tu remontes vers lui un regard décidé, un peu trop mature pour ton image habituelle - un peu trop adulte et mûri peut-être. Un regard où il manque des étincelles.

▬ Mais même moi je peux pas tolérer ce genre de choses. J'irai pas chercher vengeance parce que je l'ai promis à Feli' et je ferai rien pour la rendre triste mais je ne veux plus arriver trop tard. Moi aussi je veux pouvoir agir.

Même si ça signifie grandir.
Même si ça signifie avoir peur et souffrir.
Tu veux pouvoir protéger ce que tu chéris.

Et ta décision est prise.

fun

Invité**Invité**

Elle n’avait pas réagi à mon étreinte. Éteinte était le mot… Elle ne me dira pas son nom, elle avait promis à Felicia qu’elle ne dirait rien. Je n’insistai pas plus. Je sentais qu’elle en avait envie mais je ne voulais pas la pousser à faire quelque chose qu’elle regretterait aussitôt.
« Peut-être qu’elle ne veut plus être ton amie… Ou l’amie de quiconque… » elle… je sais que c’est une fille… certainement dans la même classe que cette Felicia… Je notais les mots de Félix attentivement dans un coin de ma tête.

« C’était pour être évité et m’isoler que je suis allé en S. J’étais … sous l’emprise d’un don qui m’a rendu dangereux… » j’évitais le regard de Félix, j’avais honte, honte d’avoir été aussi faible… Même si je n’y pouvais rien… Je suis tout puissant face aux attaques physiques… Mais les attaques psychiques ne nécessitant aucun contact… Je ne peux rien y faire…
Elle sortit deux manettes et lança une partie. Elle n’était pas dedans… C’était bien ce que je pensais, elle attendait quelque chose de moi, mais elle ne savait peut-être pas comment le formuler. Elle est en train de perdre... J’étais plus concentré sur elle que le jeu. « Qu’est-ce que tu veux Fée ? »

Elle appuie sur pause. Elle se mit en tailleur et posa la manette, je l’observe. Réponse sobre, calme et sans détour, comme je les aime. Changer.
Surprenant sans vraiment l’être, il était temps pour elle d’y passer. De démarrer ce long et désagréable processus qu’est la maturation.
Elle voyait juste, elle avait raison, je la regarde. Encore heureux qu’elle n’était pas capable de tolérer ce genre de comportement, je me serais inquiété autrement.

Je prends une longue et profonde inspiration avant de sourire, avec le recul je pense que mon sourire était flippant, un sourire de requin ? … ça ne sourit pas des masses un requin… bref… « Qu’attends-tu de moi précisément ? Je veux te l’entendre dire. »
Je savais ce qu’elle voulait. Et j’étais en mesure de le lui apporter. Je suis en mesure de l’aider. « Convaincs-moi que c’est ce que tu désires réellement et je remuerai ciel et terre pour t’accompagner et te faire avancer. »
Je la regardais d’un air curieux. Aller Félix. Ce que je préfère chez les gens c’est quand il exprime explicitement et clairement ce qu’ils attendent de moi, sans détour ni tour de passe-passe en espérant que cela me fasse changer d’avis, au contraire. Seule la sincérité et la franchise me motiveront à t’aider. Dis-moi ce que tu attends de moi, et je te le donnerai.

« Mais je te préviens, il n’y aura pas de retour en arrière possible. »

Invité**Invité**

have

Peut-être qu'elle veut s'isoler, oui. Peut-être qu'elle ne veut plus de toi - de personne. Peut-être qu'elle en a marre de ta grande gueule et de ta tronche de truite, Félix. Peut-être que t'as rêvé votre amitié, ce brin de complicité que tu pensais solide - peut-être que t'as tout inventé pour te rassurer, te dire que t'arrivais à dompter l'indomptable. Peut-être que tu l'as fait chier pendant tout ce temps là, peut-être même qu'elle n'attendait que ça de trouver une occasion de te jeter. Peut-être, oui. Et peut-être que tu devrais te résigner, peut-être que tu devrais baisser les bras, apprendre à lâcher prise sur ce qui est mauvais pour toi. Peut-être qu'il serait temps de grandir un peu - il est temps. Mais c'est si difficile de te dire que tu ne pourras plus rire comme avant avec elle. C'est si compliqué. Tu souffres. Elle te fait souffrir. Et peut-être que c'est ça qu'elle cherche, qui la réjouit.

Peut-être, oui.

Et quand cette pensée te frappe, tu n'arrives pas à faire sortir de quelconques mots de ta gorge pour faire sauter ses hypothèses. Parce qu'il a probablement raison, parce qu'elle ne veut plus de toi, tout simplement. Et ça te fait soudainement peur. Et tu ne sais pas comment réagir, quoi faire. Alors tu te tais - c'est plus simple de se taire, de tuer dans l’œuf tes peurs et tes défenses maladroites - maladives. Lâche. Tu relèves les yeux à sa déclaration sur sa rentrée en S, fronçant les sourcils.

▬ Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Tu ne te sens pas vexée.
Tu n'es jamais vexée.
Mais tu as l'impression qu'il t'a mise de côté, sur ce coup. Tu as l'impression que personne ne te pense capable d'apporter de l'aide à quiconque, et ça te frustre d'autant plus - il ne vient que de mettre de l'huile sur le feu, mais rien ne se lit dans tes yeux, pour une fois. Au fond, Félix, tu as déjà commencé à changer. Demander de l'aide, c'est le second pas. Le premier c'est d'admettre que rien ne va plus. Son sourire t'effraie, quelque part. Tu te demandes si après avoir changé, tu seras capable d'étirer tes lèvres en un rictus aussi cruel. Tu te demandes si après avoir changé, tu seras capable de blesser les autres - bien sûr. Tu l'es déjà sans le savoir. Et la curiosité dans ses yeux fait courir sur ton échine un frisson d'adrénaline dangereux pour toi, Félix, alors que tu déglutis, affermissant ta détermination.

▬ Je veux que tu m'aides. Je veux que tu me guides sans me couver comme tu as trop tendance à le faire. Je veux que tu me pousses vers ceux qui sauront comment me faire avancer et que tu me laisses tourner selon le vent qui me pousse, qu'il soit bon ou mauvais, que tu n'essayes pas de me contrôler ni de m'apprivoiser mais bien tout l'inverse.

Tu relèves des pupilles froides vers lui, trop pour ta chaleur habituelle qui semble t'avoir quittée. Et ça fait peur, Félix, de te voir sans sourire ni rire, sans émotion aucune - juste un feu froid, des cendres éteintes dans tes yeux engloutis par le désir de révolutionner ton être.

▬ Je veux que tu sois là pour ne pas me laisser le choix de retourner en arrière, même si ça tue le moi d'aujourd'hui.

Lâche comme tu es, ça va te faire peur et tu y penseras. Tu veux qu'il soit là pour te pousser à tomber plus bas encore, parce que c'est ce dont tu auras besoin.

fun

Invité**Invité**

Elle relève la tête et fronce les sourcils quant à ma déclaration. Pourquoi ne t’ai-je rien dit ? « Parce que tu ne m’as rien demandé. Et de manière générale, suis-je du genre à parler de moi et de mes problèmes Félou ? » On me le reproche souvent, de ne pas parler assez de moi, de ne pas communiquer assez. Leann me gronde souvent à ce sujet… Leann… Elle me manque… L’entendre m’engueuler ou la voir mourir d’envie de me gifler… Sa voix, sa bouille… Mais je ne suis pas en état de la voir, ça lui ferait plus de mal qu’autre chose.
Félix me sorti de mes pensées, je réalisai que j’affiche une triste moue avant de rectifier le tir.

Elle me demandait de l’aide. Que je suis un vrai mentor et non pas un protecteur sans me soucier des conséquences sur sa psyché… Pari risqué… En temps normal je n’aurais pas accepté sous ses conditions… Mais je suis toujours sous l’influence de Nova, la frontière entre le bien et le mal demeure floue. Et puis je préfère qu’elle apprenne à mes côtés plutôt qu’avec un tordu qui pourrait lui faire faire des choses qu’elle regretterait.
Elle fixe froidement. Ce regard m’agaçait. On peut être fort sans pour autant devenir Terminator. Je ne pus m’empêcher de lui coller une pichenette sur le front. « Détends-toi jeune sauterelle. On commencera demain. » je sautais sur le dos sur son lit. Les mains derrière la tête, je fixe le plafond sérieusement. Et après les dernières paroles de Félix, je repris la parole. « Je viens de te le dire, il n’y aura pas de retour en arrière possible. » dis-je sur un ton dont le sérieux pouvait surprendre vu la légèreté avec laquelle je venais d’agir.

Je tourne la tête vers Félix, lui faisant signe de se rapprocher, elle avait eu sa réponse, elle avait besoin de réconfort pour son amie… et son ancienne amie. Je lui tapotai l’épaule. « En entraînement je remplirai tes critères, mais en dehors, je reste Batman. Viens Robin. Tout finira par s'arranger. Je te le promets. »

Invité**Invité**

have

Bien sûr qu'il ne t'en a pas parlé. Tu ne sais même pas pourquoi tu as posé la question, au fond. Ce n'est pas comme s'il venait se confier à toi. Tu baisses la tête, reconnaissant ta connerie sur le coup. Des fois, tu ferais vraiment mieux de fermer ta gueule. Des fois, tu devrais tout simplement réfléchir deux secondes pour comprendre l'évident.

▬ Non, t'as raison. Désolée.

Pourquoi tu t'excuses ? Tu sais pas trop. C'est le bordel dans ta tête, un vrai foutoir. T'as encore du mal à tout ranger. En fait tu sais même pas si tu vas y arriver - faudra bien, t'as pas le choix, parce que si tu t'emmêles les pieds et que tu tombes, ça va faire mal. Très mal. Et tu le sais. Sa pichenette sur le front te fait légèrement sursauter alors que tu frottes ta peau en clignant des yeux. Tu le regardes squatter sans gêne ton lit comme vous l'avez fait un nombre incalculable de fois. Et tu souris. Tu reprends un peu de ton éclat si magique à l'entente de ses mots qui arrivent à apaiser un peu les soucis en toi. Tu es fatiguée. Tu as besoin de dormir. Tu as besoin d'affection. De réconfort. De tendresse. De mots doux. De promesse d'un lendemain plus lumineux, plus beau, plus chatoyant, plus heureux et harmonieux. Tu as besoin de tout ça. Tu as besoin de lui comme tu as besoin de tout ce qui fait ton monde sans lequel tu n'es rien. Alors tu te ramènes sur le lit, te frayant un chemin contre son flanc. Tu poses ta tête sur son torse, écoutant le rythme des battements de son coeur avec attention. Tu te détends, te décrispes. Tu apprécies. Tu ne quittes plus ce petit sourire plein de douceur.

▬ Hey, Joshua.

C'est si rare que tu l'appelles comme ça que même toi ça te surprend, au fond. Mais c'était si spontané.

▬ Merci.

D'être là pour toi, d'être à tes côtés, d'être là, maintenant - ou même tout simplement d'exister. Merci pour tout.

fun

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