Draco&Compote ~ I believe I can fly

Vol. Voila un mot pour signifier mon existence. Je grimpe sur les murs de pierre beige, me faufille dans les interstices, évite des obstacles que mon bipède a laissé à mon intention et à tous les téméraires qui franchissent la porte de son antre, j'atteints enfin les hauteurs de bois chargées de papiers reliés et je me cache, le temps de finir mon repas que j’ai malicieusement subtilisé.

Ah, mais je l'entends qui revient d’un de ses rendez-vous obligatoires que les Humains nomment “cours” ou “travail”, sa patte de fer alternant avec sa patte de chair. Je ne bouge pas pour autant, restant caché et discret, mes yeux verts fixant l’entrée. C’était bien lui mais il ne me cherche pas, allant fouiller dans sa petite jungle de fils et fers quelque animal mécanique éventré.

Une fois trouvé, il sort avec une malette, sans plus de cérémonie. Je relâche mon attention. Il est vrai que par rapport à mes comparses, je n’ai pas tant de messages à transmettre. L’avantage de Niels par rapport à mon ancien bipède, c’est qu’il n’est pas harcelé de demandes intempestives. J’ai bien fait de le choisir ! Mais ne pensez pas que je ne fuis le boulot.... Enfin, pas trop. S'il a besoin, je suis là. Mais je ne vais pas me plaindre s'il me laisse tranquille.

Et c'est souvent le cas. Ainsi, je peux agréablement m'esquiver pour aller profiter du soleil sur les ardoises des toits et sommeiller dans les arbres alentours. Ce qui me fait penser que j’ai de nouveau envie de quitter ce champ de bataille qui sert à dormir, semble-t-il. Je descends à la verticale, telle une ombre sur le bois brun et en quelques slaloms, je retrouve la fenêtre laissée ouverte de quelques centimètres. C’est bien que Niels ne l’est pas refermée machinalement, comme beaucoup de bipèdes le font d’après mes amis d’écailles.

Je sors et laisse le vent glisser sur moi. Oh oui ! Cela semble le bon moment pour planer de toits en toits, comme je l’aime tant. Peut être trouverais-je de la nourriture en chemin car je sens déjà, que mon envie de vol est double. Je contemple le ciel et hésite sur ma destination. Je finis par remarquer un arbre pour atterrir et, si ma vue est bonne, il y a une fenêtre ouverte d’un nid humain juste à portée !

Mes ailes s’écartent, je plane doucement avec les vents ascendants, me penche un peu, ma cible se rapproche. Vraiment, si je pouvais voler comme les plumeux, je quitterais le sol à jamais ! BOOOOOM ! Un énorme bruit d’explosion retentit et me fait regarder ailleurs. Je n’arrive pas à trouver l’origine de ce dérangement, sûrement un bipède qui fait encore des siennes.

Je regarde de nouveau devant moi alors que mon altitude et ma direction ont changés. Mais trop tard. Je vois les bêtes jaunes et noires qui s’agitent et bourdonnent autour et dans leur nid. J’ai beau tenter de me dresser pour freiner ou au moins, dévier ma trajectoire, l’inévitable me salue en pleine face alors que je plonge dans la ruche. Je la traverse douloureusement, méthodiquement agressé par les habitantes du lieu avant de m'écraser fatalement sur le sol d’herbes. Voler : c’est bien, atterrir correctement : ce serait mieux.

©Gau

Ouch ! Ça a fait un mal de chien. Un de mes cousins s'est fait chopé un jour dans la gueule d'un chien et il m'avait raconté, donc je pense que ma comparaison de douleur doit le faire. Je rouvre mes yeux verts et remarque un lézard à côté de moi qui semble me dévisager. Il faut dire que j'ai fait un sacré boucan en tombant et je gémis encore pas mal. Je sens que certains dards ont traversé mes écailles et que je vais ressembler à un ballon de baudruche dans peu de temps. Pour l'instant, la seule chose dont je suis sûr c'est que ça me fait mal de partout et que le choc au sol n'a fait que m'achever.

Je me retourne sur le ventre, douloureusement mais si je fais doucement et mes yeux à demi-fermés car piqués s'agrandissent du mieux qu'ils peuvent. "Hey mais je te connais toi ! T'es..." Je ne finis pas ma phrase car il me coupe en regardant les abeilles qui foncent dans notre direction, peu contentes que j'ai visité leur baraque et prêt à me faire vraiment payer un loyer salé pour un séjour express. Je regarde le groupe jaune et noir, l'autre lézard et droit devant moi... Avant de décider que droit devant moi est la seule chose importante dans cette instant. Suivant le conseil de mon camarade, je cours dans les buissons pour fuir les rancunières mais sans vérifier si on me suit vraiment ou pas.

Je me dépêche, ce que je ne supporte pas, surtout dans mon état pitoyable. Je finis par tourner au détour d'une cabane, me pensant à l'abri et à l'écart des problèmes... du moins pour un temps. J'appelle l'autre lézard dans les broussailles, subitement inquiet de l'avoir laissé dans la mouise par ma faute : "COM-POOOOTE... Heeeehooo ! Je crois que c'est ça ton nom hein... T'es le lézard de Miss Cassiopea, je suis celui de Niels Jensen... Hey, tu vas bien, l'ami ?" fis-je en voyant une ombre s'approcher. Je finis par me dire que s'il vient pas, je file retourner dans ma chaumière en sécurité, tant pis. Mais j'attends un peu malgré tout, comme si Niels m'avait contaminé avec sa gentillesse.

HRP : Désolée du retard, je n'avais pas vu ta réponse !

©Gau