[LIBRE] Je te survivrai, comme un revenant ~

Peut-être était-il trop tôt, ou bien trop tard, elle ne savait pas vraiment. Ce qui était certain en revanche était qu'elle manquait cruellement d'une occupation quelconque et que les musiques de son baladeur ne lui suffisaient plus. Oh bien sûr elle s'était lancée à la recherche d'un livre, d'un titre attirant un minimum son attention. Malheureusement les recherches s'étaient avérées infructueuses et la jeune damoiselle se retrouva face au fait: elle n'avait rien à faire et risquait de terriblement s'ennuyer. Toutefois, rien ne daignait lui venir à l'esprit afin de remuer la lassitude qui prenait place dans son corps et elle se mordilla la lèvre inférieure à la recherche d'une idée miraculeuse. Des voix lui parvinrent de l'extérieur, étrangement, et elle s'approcha discrètement de la fenêtre pour écouter de quoi il était question. Ce ne fut que des bribes de phrases qui lui parvinrent mais elle en saisit l'essentiel. On parlait d'un lieu étrange dans lequel peu de gens se rendaient en dehors de la nuit, comme si cela changeait quoi que ce soit. Une Maison Hanté, il semblerait. Ce genre de lieu dans lequel certains emmènent leur petite amie pour faire les malins et finir par partir en hurlant comme des fillettes dès qu'un rideau bouge au gré du vent en braillant au fantôme.

Un soupir franchit les lèvres rouges de la jeune femme avant qu'elle ne repousse une mèche de ses cheveux, rebelle et échappée de sa prison de tissu. La capuche sur la tête, Navirine jeta un œil sur sa montre, toujours immobile. Il sembla qu'elle prenait enfin sa décision puisqu'elle se mit à se mouvoir quelques minutes plus tard. Ses pas étaient légèrement plus rapides qu'à l'accoutumée alors qu'elle voguait à travers les corps des autres étudiants dans l'établissement. Finalement, elle atterrit enfin dehors et souffla un coup, histoire de se détendre après avoir côtoyé autant de mammifères du genre humain dans un si petit périmètre. Soufflant quelques minutes, la jeune femme reprit sa marche calmement et plus doucement, étant plus calme. Il ne faisait pas trop beau mauvais cette après-midi là, aussi n'avait-elle pas froid même sans une veste plus chaude. D'après ce qu'elle en savait, la Maison Hantée -si tant est qu'elle le soit réellement- se trouvait vers la forêt et les ruines.


De ce fait, la jeune femme eut un léger sourire en arrivant au lieu-dit. Elle avança, suivant son intuition, avant d'atterrir juste devant la vieille bâtisse. Un léger sursaut la saisit en voyant le bâtiment, plutôt austère à première vue. Cependant, elle avança de quelques pas et poussa la porte qui résista un peu, grinçant au fil des pressions exercées par la brune sur cette surface de bois rigide aux nombreuses échardes. Finalement, le bois finit par céder et un épais nuage de poussière s'échappa de l'intérieur alors que la demoiselle reculait afin de l'éviter. Une fois la visibilité revenue à la normale, elle avança dans l'antre obscure en prenant soin de ne pas abimer ses vêtements contre le bois. Ses pas résonnèrent sur le parquet de bois et elle s'aventura un peu plus loin dans la pièce. Les contours des meubles étaient plus indistincts au vu de la faible luminosité des lieux, mais c'était suffisant pour ne pas se prendre les pieds dedans.

Un grincement lancinant se fit entendre avant qu'un claquement ne retentisse et que les ténèbres reprennent leur droit, une nouvelle brume de poussière tombant des vieilles poutres du plafond. Navirine ne put se retenir de tousser légèrement avant de se mordre la langue. La porte s'était refermée et elle était à présent seule dans le noir. Bien, très bien même comme situation. La damoiselle avança légèrement, quelques rayons de soleil filtrant au travers des planches rongées. Elle se retrouva ainsi dans le salon, face à deux canapés et une armoire. Il y avait également un meuble sur lequel on pouvait s'asseoir à l'occasion, ou poser une télévision aussi. Enfin, un salon un peu vide mais plutôt normal, et sans fantôme bien évidemment. Il faut dire que quand on a l'habitude des cadavres, les petits esprits ne nous faisaient que rire. Et Navirine était de ces gens qui ne croient pas spécialement aux fantômes ou qui considère qu'ils ne sont pas le moins du monde effrayants. Ils auraient de quoi s'énerver les petits morts ouais.

Quitte à être ici autant visiter un peu.