Love turns to ashes (PV Cassandra)

Les cours se terminent, et la journée a été aussi épuisante que les autres. Tu as bien du mal à ne pas craquer en ce moment Cassandra, la fatigue n’aidant pas. Tu ne dors souvent pas, ou bien, quand le sommeil te vient enfin, tes nuits sont rythmées par des cauchemars, que tu n’arrives pas à chasser de ta tête lorsque le soleil se lève. Et tu y penses, tu ressasses tout ça la journée entière, enviant tes élèves pour être mortels. Comme tu aurais voulu que tout soit si simple.

Tu as l’impression que plus le temps passe, et plus les choses se dégradent. Surtout depuis ta conservation avec Amelia, qui t’a presque convaincue que continuer de vivre ainsi était vain. Ce n’était pas comme si les choses allaient s’arranger un jour. Tu ne voulais plus tomber amoureuse, parce que ça faisait bien trop mal, lorsque l’être aimé partait. Le temps bien cruel, hein Cassandra ? Mais surtout, ce qui l’avait le plus blessé c’était qu’Aiden soit parti sans rien lui dire, du jour au lendemain, la laissant dans l’incompréhension la plus totale. Tu as longuement pensé que c’était ta faute Cassandra, que tu avais quelque chose de mal, que tu l’avais blessé. Cependant tu étais bien loin du compte finalement.

Dans un soupir las, tu te diriges vers les toilettes. Tu as encore pas mal de travail devant toi, et à ce rythme-là tu ne tiendras jamais, un peu d’eau froide sur le visage te réveillerait probablement, te ramènerait à toi, chassant ses mauvaises pensées de ta tête. Lorsque tu arrives devant la porte, un bruit – visiblement des sanglots, et une odeur suspecte attirent ton attention. Tu pousses la porte doucement, avant de te diriger vers la source des pleurs. C’est une étudiante, que tu ne connais pas. Elle est assise en boule contre le mur, les joues trempées, un joint à la main. A la vue de ce dernier tu te précipites vers elle, lui arrachant des mains avant de l’écraser entre ton index et ton pouce, grimaçant lorsque la chaleur te brûle la peau. Tu la saisis ensuite par les épaules, la forçant à te regarder :

▬ Ce n’est pas une solution.

Et toi Cassandra ? Tu sais évidemment que le suicide n’est pas une solution non plus, hein ? C’est bien joli de faire la morale à ton élève, mais tu ferais peut-être mieux de t’occuper de tes propres problèmes avant, non ?

▬ Je ne sais pas ce qui a pu se passer, te pousser à faire ça... Mais tu peux me parler, d’accord ?

Tu lui souris chaleureusement avant de la serrer contre toi, une main caressant doucement ses cheveux. Tu sors peut-être de ton rôle de professeur, mais c’est plus fort que toi. Ton empathie ainsi que ton instinct maternel ont pris le dessus sans que tu ne puisses rien contrôler :

▬ Je sais que tout n’est pas toujours facile. La vie est parfois cruelle, je peux en témoigner. Néanmoins, tu ne dois pas te laisser sombrer dans le désespoir comme ça... Je suis sûre qu’il y’a des tas de personnes qui t’aime, et qui ne voudrait pas te voir dans cet état.

Oh, vraiment ?

Ce n’est pas la même chose pour toi, Cassandra ? Tu devrais également prendre ce conseil pour toi. Parce que toi aussi tu sombres dans le désespoir, petit à petit, sans rien pouvoir y faire.

Tu lui rabâches toutes ses belles paroles, celle auxquelles tu ne crois même plus. C’est un peu hypocrite de ta part, tu ne trouves pas ? Tu lui donnes des conseils que tu n’appliques même pas pour toi. C’est si facile à dire, mais c’est encore plus difficile à faire. Tu aimerais qu’elle t’écoute, qu’elle se relève et qu’elle croit en tes paroles... Cependant tu savais que cela n’arriverait jamais. Tu en étais la preuve vivante, toi qui ne croyais en aucun des mots qui daignaient sortir de ta bouche. Tu savais que cela était inutile, mais c’est plus fort que toi, tu es beaucoup trop empathique. Son visage est trempé de larme et tu détestes ça. La pensionnaire te rend doucement ton étreinte, tu n’oses pas lui dire, mais ce genre de petites choses te comble de bonheur, toi qui avait toujours été tactile. Tu n’avais plus personne pour ce genre de chose désormais, alors tu savourais ce contact du mieux que tu pouvais, songeant quelques instants à tes enfants, que tu avais souvent consolés d’un chagrin d’amour.

Tu penses que c’est un peu pareil pour Alice lorsqu’elle évoque Owain. La blonde est amoureuse de lui, tu en es persuadée. Tu as l’œil pour ce genre de choses, comme toutes les mères. Tu lui frottes doucement le dos, lui murmurant que tout ira bien. Tu avais souvent réconforté Rose de la sorte, elle n’avait jamais eu de chance avec les hommes – c’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait préféré ne jamais se marier. Mais, tu connaissais aussi Owain, et il n’était pas du genre à faire souffrir les autres, si ?

▬ Tu connais Owain toi aussi ?

Une question pour tenter de la faire parler un peu, parce que tu l’écouterais, jusqu’au bout, toute la nuit s’il fallait. Tu ne laisserais jamais quelqu’un rester dans cet état, c’était plus fort que toi. Tu sors un mouchoir, avant d’essuyer délicatement son visage :

▬ Calme-toi, c’est fini. Je suis là maintenant, d’accord ? Tu peux me parler si tu veux, je t’écouterais, autant de temps qu’il faudra. Tu sais, du temps... Je ne risque pas d’en manquer !

Rire nerveux. C’est vrai, elle avait tout le temps de se confier à toi, ce n’est pas comme si tu allais mourir de toute façon.

▬ Pourquoi est-ce que tu penses ça ? Ce ne m’a pas l’air d’être le cas.

Elle avait vraiment l’air à bout, tout comme toi. Tu ne savais pas vraiment si tu allais réussir à l’aider, à la soulager ne serait-ce qu’un petit peu. Mais tu l’espérais secrètement. Parce que si elle venait à faire une erreur, tu t’en voudrais toute ta vie de rien n’avoir pu faire. Puis Alice était encore jeune, des tas de nouvelles expériences l’attendait, elle ne devait pas foutre sa vie en l’air.

Comme tu t’y attendais elle connaît Owain. Et comme tu le pensais, il s’agit d’un chagrin d’amour. Au fond, tu la comprends, tu sais ce que c’est. Tu étais dans le même état lorsqu’Aiden est parti, lorsque tu as cru qu’il t’avait abandonné pour une raison obscure. Tu frottes doucement son dos, resserrant ton étreinte. Toi aussi, tu as envie de pleurer, de déballer tous mes maux, que l’on te réconforte. Mais tu ne peux pas, parce que si tu le fais, elle risque de se sentir encore plus mal après, et ce n’était pas là l’objectif.

Tu te demandes ce qu’il a bien pu se passer pour ce tout se termine entre les deux adolescents. A écouter Alice, elle semblait folle amoureuse de lui – c’est même toujours le cas. Tu as envie de les aider un peu, d’en parler à Owain. Mais tu ne sais si c’est vraiment une bonne idée. Ce genre de problèmes, c’est à eux seuls de les résoudre, ils n’ont pas besoin de toi. Tu ne ferais probablement qu’envenimer les choses.

Ta main se perd dans ses cheveux, glissant doucement entre ses mèches dans un geste affectueux. Tu te comportes un peu comme sa mère, tu en es consciente, mais c’est plus fort que toi. Tu la berces doucement, comme tu le faisais quand c’est Rose qui pleurait dans tes bras :

▬ Si tu l’aimes, la meilleure chose à faire est de lui parler. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement entre vous deux, mais le dialogue est souvent la meilleure des solutions. Et, si tu ne peux pas lui faire face, écris-lui une lettre. Dis-lui tout ce que tu ressens, dit-lui simplement que tu l’aimes.  

Tu ne peux pas lui promettre que ça sera encore réciproque, qu’Owain va lui sauter dans les bras, mais tu peux au moins lui promettre que ça la soulagera ne serait-ce qu’un petit peu.

▬ Ne dit pas ça, c’est faux.

Elle appuie sa tête sur ton épaule – et tu la laisses faire. Tu te reconnais un peu en elle, toi aussi tu as déjà nourri ce genre de pensées. Tu as fait souffrir ta famille, avec ton pouvoir :

▬ Tu ne peux pas mourir. Il y’a des gens qui tienne à toi, est-ce que tu as pensé à eux ?! Ne dit plus jamais une telle chose, d’accord ?

Ta voix se fait plus dure -sans l’être de trop non plus, mais c’est pour son bien. Parler de ce genre de choses te met mal à l’aise, parce que toi aussi tu y as pensé, et en lui faisant la leçon, c’est un peu l’hôpital qui se fou de la charité. Mais c’est rôle de professeur aussi, de remettre tes élèves dans le droit chemin.

▬ Tu es jeune, belle… Tu as encore des tas de choses à vivre.

Tu passes ta main sur ses joues, essuyant ses larmes, espérant que tes mots l’aient touchée.