Un nouvel ami

Une canicule. Ce genre d'instants où seule l'envie de se dénuder était présente, ou celle de se noyer dans de la glace. Il avait chaud. C'en était accablant.
Essuyant du revers de sa main son front, dégoulinant de ces perles de sueur, il arpentait les couloirs du pensionnant à la recherche de ne serait-ce qu'un peu de fraîcheur ; les fenêtres, et ce toutes, sans exception, avaient été ouvertes, les quelques fontaines d'eau avait été épuisées jusqu'à dernière goutte, et tout l'établissement avait été déserté par élèves et professeurs confondus. Sans nulle doute s'étaient-ils rendus en ville dans des quelconques thermes, ou encore à la plage. Il poussa un long soupir, exténué. Le sable blanc et fin, glissant sous ses pieds, et le bruit des écumes s'échouant sur l'horizon. La soudaine envie de se promener le long du rivage.

Et puis, le chant d'une guitare, et les éclats d'une voix mélodieuse. Il s'arrêta dans sa marche ; d'où venaient ces sons? Son regard embrassa les alentours. Dehors. A l'extérieur. Et c'était tout proche.
Ce fut son impulsion subite qui le poussa à sortir hors de ces infernaux corridors ; il emprunta la fenêtre afin de poser ses pieds, et ce plus rapidement, sur l'herbe sèche. Le soleil criblait toutes personnes, de ses flèches brûlantes, se trouvant hors d'une quelconque parcelle d'ombre. Il porta une main à son front, et chercha de ses prunelles dorés la source de cette musique.
Plus de bruits. Un silence, certes incertain et instable, mais qui dura de longues minutes.

-J'ai rêvé? avait-il dit, en avançant à tout hasard dans les environs.

Ici et là traînaient les restes de quelques bouteilles vides, et parfois quelques personnes assoupis jonchaient sur le sol ; l'alcool les avait emportés, depuis bien longtemps, dans les bras de Morphée. Il grimaça ; il aimait s'amuser, mais pas de cette manière-là. Disons qu'il s'amusait des autres, plutôt.
Au fur et à mesure que ses pas le guidèrent où bon leur semblaient -d'ailleurs il ne savait où il se rendait ; c'est qu'il n'avait de but précis-, la serre se fit plus imposante encore. Déjà, le voilà près de cette dernière, rôdant autour de celle-ci.
Oui, ici, quelqu'un avait joué. Quelqu'un avait chanté, puis s'était tût. Impossible qu'il ait disparu. Peut-être était-il seulement parti, loin d'ici. Il poussa un énième soupir.

Shawn, on le savait trop rêveur ; tant et si bien qu'il ne prêtait attention aux restes du monde. Ce qui devait arriver arriva ; il heurta dans quelque chose et, n'ayant eu le temps de reprendre son équilibre, s'étala de tout son long.
Quelque chose? Non. Quelqu'un. Une personne.

-Je.. Je suis désolé! s'était-il écrié en s'éloignant aussitôt. Je ne t'avais pas vu..

Lui avait-il fait mal? Il espérait que non, sincèrement. Il se mordilla la lèvre inférieure ; comment ne l'avait-il pas vu? Il baissa les yeux ; la culpabilité lui rongeait déjà le sang.

-Tu n'as rien.. ?

Et malgré tout ça, il faisait toujours autant chaud. Un subit maux de tête.