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 Détresse

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MessageSujet: Détresse   Détresse 1400359500-clockMer 17 Juil 2013 - 14:27


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Tu étais en train de réprimer un bâillement sonore lorsque c'est arrivé. Un bruit a attiré ton attention et tu l'as vue étendue sur le sol. Comme morte. La panique t'a frappé de plein fouet, s'est introduite en toi et s'est implantée dans chacune des fibres de ton corps. Panique qui s'est transformée en effroi lorsque tu as remarqué qu'elle ne se relevait pas. Par pur instinct, tu as crié son prénom  ; elle ne t'as pas répondu. Tu t'es précipité vers elle et tu as compris qu'elle ne respirait plus. Puis tes souvenirs sont flous. Tout ce que tu sais, c'est que tu as tout fait pour la réanimer. Tout ce dont tu te souviens, c'est cette panique qui s'est emparée de toi et cette peur qui te poussait à agir  : celle de la perdre.

***

Il doit être quatorze heures. Assis sur une chaise à côté de son lit, les bras croisés, le visage indéchiffrable, je veille sur Selwyn comme le surveillant me l'a demandé. Les événements de la matinée se sont déroulés tellement vite que tout est confus dans ma tête. En tous cas, tout ça est passé et j'en suis bien content. Mais maintenant, une boule me noue le ventre. Ce midi, un surveillant a apporté deux plateaux, un pour moi et l'autre pour Selwyn. Impossible de toucher à la nourriture. Je me mords la lèvre. Je me sens responsable de tout ça. La culpabilité me ronge, me tords les entrailles. Tout est un enchaînement de conséquences dont j'ai l'impression d'être le déclencheur. Je soupire et pose un regard sur Selwyn. Son teint blafard m'effraye et pour me convaincre que tout va bien, je regarde pendant de longues secondes sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. Tout va bien. Pourtant, j'ai dû mal à m'en convaincre.

Un mouvement agite la couverture. Elle a bougé. Je penche ma tête au dessus d'elle. Peut-être qu'elle va se réveiller. Une lueur d'espoir passe dans mes prunelles. J'aimerais qu'elle se réveille et qu'elle me dise que tout va bien. Du coin de l’œil, je vois Salam grogner. Le courant passe très mal entre nous. En même temps, il m'a brûlé la main juste parce que je l'ai appelé Salami. Quel lézard susceptible. Je pose mon regard rêveur sur la fenêtre et touche le bandage de ma main droite. Le seul avantage dans cette histoire est qu'on est autorisé à ne pas aller en cours cette après-midi. J'attends. Peu importe le temps qu'il faudra, j'attendrais son réveil.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockMer 17 Juil 2013 - 16:22

Détresse
Benjamin Hawkins


Des jours, des mois, des heures. Plongée dans le monde de tes songes, tu perds la notion du temps. Tu le revois, égaré dans la brume. Tu veux lui courir après, douleur dans les muscles et tu restes statique. Tu hurles, tes yeux sont brûlants de larmes mais elles refusent de couler. Tu cries comme une louve hurle son désespoir à la Lune mais il t’ignore et continue de s’enfoncer dans le brouillard. Tes chaines se brisent dans un fracas terrifiant. Le sol se dérobe sous tes pieds, tu tombes peu à peu dans les limbes. Tes ongles raclent le sol dans un crissement métallique. Le sang jaillit en geyser et  sa silhouette disparait. Une douleur atroce te transcende la poitrine, l’hémoglobine inonde ta bouche et noie ton cri. Une main agrippe ton cœur, le serre et des épines le transpercent. Tu meurs Selwyn, on est en train de t’arracher le  cœur. Tu ne peux plus bouger, ta vision devient floue, la souffrance t’arrache quelques secondes à cette torpeur. Le monde oscille et vacille et tu la revois, elle et son sourire qui t’assènent le coup de grâce. Peu avant de sombrer dans les ténèbres, elle attrape son bras, te rappelle qu’elle le possède ;  il se tourne vers elle, lui sourit et à travers la lumière aveuglante, tu les regardes s’effacer. P a p a …

*(`'•.¸(`'•.¸*¤*¸.•'´)¸.•'´)
«´¨`•..¤ : Réveil :¤..•´¨`»
(¸.•'´(¸.•'´*¤*`'•.¸)`'•.¸)

Ses doigts. Ses pieds. Le froid. L’air qui pénètre douloureusement dans ses poumons. Son sang qui afflue avec violence dans ses artères, ses veines, la moindre petite parcelle de son corps. Elle se demande si elle est encore vivante ou si cette souffrance physique est l’œuvre du Malin. Doit-elle comprendre que ces sensations désagréables sont la preuve qu’on lui a laissé une dernière chance ? Encore plongée dans un sommeil superficiel, elle sait simplement qu’elle a failli mourir. Les causes sont encore confuses dans son esprit et elle ne cherche pas à les connaitre. Elle gémit faiblement. Ses yeux s’ouvrent à demi et malgré le voile humide de ses larmes et la pénombre, elle distingue une masse rose. Puis un léger parfum masculin. Encore confuse, elle reconnait le grognement de Salam’Alicoum. Elle voudrait le toucher mais elle est trop faible pour oser le moindre mouvement.

Un profond sentiment d’impuissance l’envahit. Moment de faiblesse que le démon enfouie en elle choisit pour faire ressurgir le cauchemar qu’elle essayait désespérément d’enterrer depuis près de six ans. Il la frappe de plein fouet. La martyrise. La torture. C’est un supplice. Animée de toute la colère, le chagrin, la solitude, la douleur et ce torrent de sentiments négatifs, elle déploie une force surhumaine pour s’assoir sur le lit, tendre les bras vers celui qu’elle pensait être une figure susceptible de la consoler et espérer qu’il la retienne avant que ses forces la quittent et qu’elle s’écrase de nouveau sur son lit.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockMer 17 Juil 2013 - 17:40


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Mn bruit me fait quitter ma rêverie. Elle s'est réveillée. Je tourne la tête vers elle et mon cœur se serre. Ses yeux sont embués de larmes. Au prix d'un immense effort, elle se met en position assise et tends les bras vers moi. Je me lève rapidement de ma chaise qui tombe avec l'élan et enveloppe dans une étreinte qui se veut réconfortante. C'est un soulagement pour moi de la voir réveillée. Je lui murmure ces quelques mots. Tout va bien, je suis là maintenant. Avec douceur, je place son oreiller comme dossier et l'aide à se mettre correctement en position assise. Je reste un moment ainsi. Puis je me détache d'elle pour emmener son plateau de nourriture et le poser sur ses genoux.

«Tu dois sûrement avoir faim...»


Je ramasse la chaise et la replace de façon à être près d'elle. Je l'observe en silence avec un regard protecteur. L'étau qui comprimait mon estomac s'est desserré. Pourtant, je n'ai toujours pas faim. J'ai envie de m'excuser. Il y a tellement de choses pour lesquelles je suis désolé. Je suis désolé de m'être introduit de ton monde, de t'avoir forcé à supporter ma présence, de te poser des problèmes... Je replace une mèche de ses cheveux noirs comme la nuit derrière son oreille et murmure d'une voix presque inaudible.


«Désolé.»


Le sentiment de culpabilité est toujours présent mais est maintenant plus facile à supporter. Je baisse les yeux et mon regard se fait sombre. Je n'ai pas envie qu'elle me voit abattu comme ça. Alors je relève la tête et lui offre un sourire rassurant. Maintenant, je suis déterminé à l'aider du mieux que je pourrais. Je n'ai plus envie d'être un boulet pour elle.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockMer 17 Juil 2013 - 18:28

Détresse
Benjamin Hawkins


Pourquoi ce soudain assaut de tendresse ? Surement parce qu’elle a cru voir son père dans l’image de l’américain. Parce qu’elle se sent plus vulnérable que jamais. Parce qu’elle est en sueur, prise de terreur et que comme une gamine, elle veut être rassurée auprès de quelqu’un qui semble plus fort, plus apte à dompter ses peurs. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas senti des bras protecteur l’enlacer ? Des années, certainement. Mais cette sensation de chaleur bienfaisante s’est estompée trop rapidement à son goût. Le garçon prend soin d’elle mais ne semble pas comprendre ses besoins. Elle non plus ne les comprend pas d’ailleurs. Il dépose un plateau repas sur ses genoux mais elle n’a pas faim. Ni soif. Tout son corps n’est qu’un brasier tourmenté par le vent, plongé dans une grande confusion. Ce qu’elle réclame en fin de compte, c’est son père.

Sa main frôlant son oreille fait sursauter la jeune fille. Elle regarde Benjamin et c’est une boule qui se forme dans sa gorge. Le sourire qu’il lui offre est plus faux que jamais. Il se veut protecteur mais elle voit cette ombre dans ses prunelles en train de danser, de la narguer. La même qui s’est infiltrée en elle il y a de ça plusieurs années et qui la ronge depuis. Elle ravale ses larmes. Pour lui. Goût amer. Peut-être qu’un jour, elle oserait enfin se confier, déverser toute la noirceur qui empêche son cœur d’accueillir des gens comme lui. Pour le moment, elle ne veut surtout pas qu’il se corrompe. Et qu’il perde son sourire. Après maintes tergiversions intellectuelles, elle se décide enfin à poser sa main livide sur la sienne. Accompagné d'un minuscule quoi que naissant sourire. Même si ses yeux mentent, elle désire se convaincre qu'elle veut s'en sortir.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockJeu 18 Juil 2013 - 12:40


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

J'ai l'impression que le sourire qui orne mon visage est faux. Je sais que ce n'est sûrement pas qu'une impression. Je sursaute légèrement quand je sens la main de Selwyn sur la mienne. Jamais je n'aurais cru qu'elle aurait répondu à mon contact. Et là, sur son visage blême, je vois naître un minuscule sourire. Cette petite manifestation de joie me rassure, fait apparaître en moi un sentiment étrange. On dirait du soulagement. Mais aussi une joie qui menace de me rendre hors de contrôle et une assurance nouvelle. Elle a souri. Je l'enlace une deuxième fois, sauf qu'en plus d'être protectrice, cette accolade a quelque chose d'amical. Ma confiance en moi me revient. Si je suis capable de la faire sourire -au prix de nombreux efforts vous le direz-, je suis capable de la rendre heureuse. J'en suis certain. Je me décolle d'elle avec un sourire chaleureux. Cette fois, il n'y a rien de faux dedans. Je serre doucement sa main avec ma main entourée de bandages et désigne la porte.

« Ça te dirait de sortir un peu ? Sauf si tu ne te sens pas encore assez en forme pour aller dehors. Tu sais, ma proposition pour le parc tient toujours.»


Je lâche sa main mais la garde posée sur son lit, près de la sienne. Malgré les apparence, tous ces contacts physiques sont nouveaux pour moi. Je découvre cela. Je ne devrais pas briser autant de barrières d'un coup. C'est comme un cheval qui galope trop vite. Il faut le ralentir avant qu'il ne tombe par terre en tentant de sauter une barrière. D'un coup d'oeil, je vois mon plateau de nourriture sur le côté. Je le prends et commence à manger. L'appétit m'est revenu. Je mange rapidement et essaye de ne pas en mettre partout. Mission ratée. Quand il s'agit de manger, je suis un véritable cochon. Pour ne pas dire porc. À la fin du repas, j'ai plein de ketchup autour de la bouche. Légèrement rougissant, je m'essuie la bouche, honteux de me montrer aussi malpropre devant elle.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockJeu 18 Juil 2013 - 15:46

Détresse
Benjamin Hawkins


Il la prend de nouveau dans ses bras, cette fois avec plus de violence. Les yeux ronds comme des billes, Selwyn n’ose pas bouger et se laisse docilement faire. De toute façon, elle n’a pas la force nécessaire pour le repousser. Lorsqu’enfin il desserre son étreinte, un sourire flamboyant illumine son visage. Son cœur lui est néanmoins encore très douloureux. Et c’est quand il a serré sa main que la jeune fille remarque qu’il porte un bandage. Elle adresse alors à son lézard un regard complice. Il l’a bien mérité.

Il lui évoque alors son envie de prendre l’air. Le rendez-vous qu’il lui avait proposé ; eux deux, perdus au milieu de la verdure du parc. Elle avait constamment refusée mais en  cet instant de profonde confusion, elle n’est finalement pas contre un peu d’air frais. L’après-midi doit être bien avancé mais une petite promenade est la bienvenue. Alors que Benjamin dévore son repas comme un sagouin, elle autorise Salam’ à se jeter sur la pâtisserie que contient son plateau. C’est avec une joie toute particulière qu’il l’enfourne dans sa bouche et vient se frotter contre sa maitresse en balançant par la même occasion un regard plein de mépris au gros cochon assis de l’autre côté du lit. La tension entre eux est palpable, presque électrique. Mais au moins, il partage une chose ; leur habileté à mettre de la nourriture partout. Elle leur ferait passer l’aspirateur un de ces quatre ; de toute façon, ils seraient tous deux incapables de résister au charme d’une convalescente.

Sentant ses forces affluer peu à peu dans ses muscles et son esprit s’éclaircir, elle décide de se relever. Mais c’est en écartant la couverture qu’elle se rend compte de sa tenue légère. Elle la rabat aussitôt, les joues empourprées. On avait surement du la déshabiller pour plus de confort ou parce qu’elle avait de la fièvre. Elle ravale aussitôt sa honte et se revêt de son masque de neutralité habituelle, tenue de tous les jours à la fois chic et décontractée.

« - Ahem, tu pourrais sortir ? »

Sa voix bien que dénuée de tous sentiments laisse transparaitre un certain trouble. Les « camarades » de sa chambre l’avaient déjà vue dénudées de la sorte mais ne leur parlant pas, elle s’en fichait. Or, dans la situation actuelle, cela peut rapidement tourner au vinaigre. Selwyn n’est pas dupe, elle sait parfaitement ce que peuvent faire deux personnes, seules et vulnérables. Méfiante, elle lui jette un regard froid pour bien lui faire comprendre le message. Même s’il prend soin d’elle, bien qu’elle se soit laissé aller contre lui, il reste une personne en qui elle n’a pas confiance. Et ça ne changera pas de sitôt. Désormais, elle accepte sa présence (a-t-elle vraiment le choix en même temps ?) mais cet instant de « complicité » où elle a faibli est le premier et le dernier. Et il a tout intérêt à tenir sa langue. En effet, elle avait bien failli se tuer pour lui. Il avait en quelque sorte une dette.

Un frisson la parcourt et un haut le cœur la surprend.  La brûlure s’intensifie, ses mains se crispent sur la couverture. Non, je ne veux pas lui ressembler... Dans un grognement, elle repousse toutes ces idées négatives, s'énerve contre elle-même et animée par la colère, commence à chercher des habits devant son armoire, sans savoir si Benjamin était bien sorti de la pièce. Impulsivité oblige.



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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockVen 19 Juil 2013 - 21:52


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Salam vient manger ma pâtisserie. Ça me dérange pas, moi je préfère la viande. Pourtant, je ne peux m'empêcher de lui jeter un regard noir. Lui aussi m'observe avec mépris. Si elle ne lui n'était pas là, je n’aurais pas hésité à lui faire goûter une deuxième fois mes flammes. J'ai fini mon repas. Selwyn semble bien vouloir sortir un peu. Du coin de l’œil, je la vois soulever sa couette puis la  rabattre rapidement, les joues empourprés. Cela ne dure qu'un instant car son visage redevient inexpressif. Sa gêne me donne envie de rire mais je ne crois pas que c'est le bon moment pour la taquiner. Elle me demande de sortir. Je hausse un sourcil étonné. On n'a pas été éduqué pareil, ça se voit. Ce genre de situation ne me gênait pas. Non pas que je sois un pervers -et je n'en suis pas un, mettons-nous d'accord- mais elle pouvait se balader en sous-vêtements, j'en aurais rien à faire. Comme me balader en sous-vêtement dans tout Prismver ne m’embarrassait pas. Je respecte le corps des autres et le mien. Mon père me disait toujours que cela était une étape vers la confiance en soi.

Je sors dehors. L'air frais qui me fouette le visage me fait le plus grand bien. J'écoute un instant le chant des oiseaux avant de soupirer. Le chant de mon violon me casse moins les oreilles. Je l'attends patiemment dehors, appuyé contre le mur. Même si la journée est bien entamée, le soleil est encore haut. Je n'ai pas chaud. Peut-être une conséquence de mon don. Lorsqu'elle sort, je me décolle du mur et nous commençons à marcher.


«Tu me le diras, un jour  ? »


Je sais pas trop de quoi je parle. La raison pour laquelle elle est si froide avec moi, je crois. Bien qu'elle me l'ait déjà dit, j'aimerais en savoir plus. Je me mords la lèvre. La curiosité est un vilain défaut, on dit.


«Non, laisse tomber. Je devrais pas te demander un truc comme ça. Après tout, tu ne me fais même pas confiance.»


J'ai la voix qui se brise à la dernière phrase. Je me racle la gorge pour faire style que j'ai la voix cassée. Je le savais mais faire ce constat à voix haute, c'est... indescriptible.

Il n'y a que la  vérité  qui  blesse.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockSam 20 Juil 2013 - 19:42

Détresse
Benjamin Hawkins


Devant son armoire, elle reste indécise puis s’habille en piochant au hasard dans les rayons. Vérifiant que les couleurs ne donnent pas le mal de mer, elle endosse les vêtements, enfile des chaussures et sort de sa cabane. Le vent balayant son visage lui arrache un soupir de satisfaction. Ses cheveux s’envolent et s’emmêlent tels des démons entreprenant une danse. Levant la tête, elle présente ses rétines au soleil qui l’éblouit. La vision mouchetée de grains de lumière, elle regarde les arbres, le chemin et divague. «Tu me le diras, un jour ? »

Elle se tourne vers le garçon, le regard impassible. Que voulait-il savoir ? Son passé, son désir d’avenir ? Elle croise les bras, la mine sombre. «Non, laisse tomber. Je devrais pas te demander un truc comme ça. Après tout, tu ne me fais même pas confiance. »

Un éclat de verre ; c’est l’effet qu’a la voix brisée du garçon. Le pire, c’est qu’il essaye se camoufler derrière une excuse bidon de mal de gorge. Voyons Benjamin, elle est professionnelle dans l’art du porté de masque et toi, un novice pas très doué. Ainsi, elle ne laisse pas paraitre sa déception. Si l’on a des secrets, c’est parce qu’ils sont trop horribles pour être révélés. On les enfouit ; ils nous torturent. Les cauchemars nous hantent ; le cœur saigne. Un goût métallique. Cela ressemble à de la froideur, de la haine mais c’est le contraire ; une certaine forme d’humanité. Elle garde farouchement son passé comme mystère pour ne pas qu’il ébranle les mœurs de ces gentils toutous de Prismver. Selwyn n’est pas une sainte. Son cœur n’est pas pur, son chant n’est pas celui du rossignol. Mais lui, cet idiot aux cheveux roses, il n’a pas été pollué par toutes les terreurs de la vie et Selwyn refuse catégoriquement de percer sa bulle irisée la première. Elle avait pitié ; d’elle ou de lui, là est toute la question.

«  Pourquoi as-tu besoin de savoir ? Pourquoi ne contentes-tu pas de ce que je suis maintenant ? Je  ne fais confiance à personne. J’ai appris à me méfier. J’ai vu et fais des choses que tu n’oses pas imaginer. Alors si rester dans l’inconnu t’effraie, va-t’en,  je ne te retiendrai pas. »


Ses mots résonnent comme un reproche. Son ton est sec, sans la moindre once de douceur. La colère gagne peu à peu ses prunelles qui se noient dans une rivière sombre. Elle lève le menton, hautaine et sûre d’elle. Or, ce n’est qu’une parade. Son cœur se fend et l’acide qui se déverse brûle un à un chacun de ses organes. Cependant, aucune grimace de douleur ne gagne ses traits. Ils restent dures et abruptes, immobiles comme ceux d’une statue de marbre. Ses yeux la brûlent encore de ces larmes qui n’ont pas coulés. Un tourbillon obscur vacille et renait dans ses yeux. Elle ne veut pas qu’il parte et subir un nouvel abandon mais elle lui laisse une dernière fois le choix ; l’accepter telle qu’elle est, sans son passé ou bien fuir avant d’être piégé dans sa toile.




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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockDim 28 Juil 2013 - 12:57


Détresse
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Ma question ne plaît pas à Selwyn. Elle croise les bras et m'écoute avant de me parler. Son ton est sec et elle lève la tête, confiante. Ses paroles sonnent comme une reproche, comme si ma curiosité l'agace. Je ne sais pas trop ce que je ressens, ce que je devrais ressentir. De la gêne ou de l'irritation. Mais avec elle, y a-t-il une émotion qui soit la bonne ? Je ne dis rien mais je continue de marcher en poussant un soupir résigné et en levant les yeux au ciel. Ce serait plutôt à moi de lui demander si elle veut rester. Après tout, elle sait très bien que je ne compte pas la laisser seule, surtout dans l'état où elle est. Mais ce n'est pas la seule raison.

On arrive au parc. La vue de la verdure me réconforte. La nature est mon milieu de prédilection. Je repère un banc libre et m'assois dessus. Je lève la tête vers Selwyn. Je ne sais pas si elle a envie de s’asseoir à côté. En tous cas, je suis confortablement installé et je n'ai envie de bouger. Au bout de quelques secondes, les traits de mon visage se tirent en une expression rêveuse. J'observe avec attention le ballet de deux oiseaux dans les airs en sifflotant, les mains dans les poches. Il y a peu de monde dans le parc. Le calme s'empare de moi. L'air frais me fait beaucoup de bien.

Ae perds les oiseaux de vue. Ici, le silence a quelque chose de décontractant. Cela me fait penser aux longues heures passées à guetter les bruits des insectes dans le silence de la campagne chez mon cousin et la nostalgie m'envahit. Ruben, qu'aurais-tu fait à ma place ?

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockDim 28 Juil 2013 - 20:33

Détresse
Benjamin Hawkins


Dans un soupir résigné, il continue d’avancer en direction du parc. Les poumons encore écrasés par la colère, elle le suit. Les bras ballants, elle le laisse prendre un peu d’avance pour réfléchir sans se sentir épiée. Elle ne sait pas discerner clairement les sentiments qu’il lui inspire. Elle commence à se faire à sa compagnie, apprend même à l’apprécier et n’a pourtant de cesse de l’envoyer paître d’autres prairies. Elle est agréable, presque tendre et la minute suivante, urticante comme la piqure d’un moustique. Alors pourquoi il lui courait toujours après ?

Elle frappe dans un caillou qui finit sa course dans le gazon du parc. Tandis qu’il s’assoit sur le banc, Selwyn fait quelques pas. Après un léger coup d’œil en arrière, elle en conclue qu’il a trouvé d’autres occupations. Un vent léger vient caresser sa peau livide et trembler sa chevelure d’encre. Le soleil lui touche le visage du bout de ses rayons et la chatouillent. Les oiseaux s’en donnent à cœur joie, leur chant cristallin brisant la tranquillité du parc. Dans une atmosphère aussi paisible, on en vient à oublier ses tracas quotidiens. Considérant quelques pâquerettes, elle se met à genou dans la pelouse afin de les ramasser. Elle forme un petit bouquet et avec agilité, comme à entortiller les tiges. Encore un vieux souvenir de son enfance, à trainer dans les prés.  Sa technique est un peu rouillée mais le résultat n’est pas aussi médiocre qu’elle ne le pensait.

Elle se relève avec difficulté, ses jambes encore flageolantes à cause de sa dernière aventure. Elle se retourne vers Benjamin qui semble égaré dans le flot de ses pensées. Parfait. Elle s’approche sans bruit, contourne le banc et dépose la couronne dans ses cheveux. Ses doigts glissent dans sa crinière sauvage et pourtant rose bonbon. L’odeur qui s’en dégage est agréable, subtile mélange entre l’humus, la sève des arbres et l’écume de la rivière. Elle fait à nouveau le tour, se penche en face de lui pour plonger son regard dans le sien et lui lance d’un air très sérieux mais toujours aussi neutre :

«  Comme ça, je suis sûre que tu peux rejoindre la ligue des amoureux des licornes. »

Peut-être que ces espoirs ne sont pas vains. Que ses efforts ne relèvent pas du gaspillage. On dirait presque qu’il parvient à adoucir son amertume.



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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockDim 28 Juil 2013 - 23:55


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Mes pensées vagabondent d'un souvenir à l'autre. La nostalgie qui m'a envahi se fait de plus en plus pressante, douloureuse. Ce ne sont que des souvenirs. Je sors de ma léthargie avec peine. Selwyn n'est plus là. Curieux, je tourne la tête dans tous les sens. Je sursaute de surprise lorsque je sens qu'on me met quelques choses dans les cheveux. Je pose ma main sur l'objet. C'est une couronne de fleurs. J'ai assez d'expérience pour reconnaître les fleurs au toucher, sans les voir. Je suis expert en nature. Entre mes doigts, je distingue que ce sont des pâquerettes. Selwyn apparaît devant moi, l'air sérieux. « Comme ça, je suis sûre que tu peux rejoindre la ligue des amoureux des licornes. » Elle a l'air vraiment honnête. Au début, j'ouvre de grands yeux stupéfaits. Je cherche la signification de ce geste et de ses paroles. Des amoureux des licornes... J'ai beau chercher, je ne trouve rien. Et une couronne... Cela peut paraître totalement stupide, mais les couronnes sont faits pour les rois. Mais je ne suis pas un roi. Non, je dirais plutôt un bouffon, de roi évidemment. La surprise passée puis la réflexion finie, je finis par sourire devant ce cadeau.

«Merci mais je doute que je rejoigne la ligue des amoureux des licornes… Tu fais vraiment de très belles choses avec tes mains.»


En parlant de choses, je parle bien évidemment de ses dessins et de cette couronne de fleurs. Je veux lui donner quelque chose en retour mais je ne sais pas quoi. Les choses que je suis capable de faire avec la nature, c'est mettre la main dans une ruche sans me faire piquer par les abeilles, passer un buisson de ronces sans me blesser, grimper aux arbres… Une idée germe dans ma tête. Si, il y a bien une chose que je sais faire qui pourrait lui faire plaisir. Je fouille fébrilement les poches de mon pantalon pour y trouver un morceau de pain. Oui, je me déplace toujours avec de la nourriture dans les poches. Dans ce cas-là, c'est le pain d'hier midi que j'ai "emprunté" au self. Je fais signe à Selwyn de faire le moins de bruit possible et j'ouvre ma main pour laisser la nourriture apparente et me mets à siffler. De longues minutes se passent sans que rien ne se passe. Puis un oiseau bat des ailes jusqu'à ma main. Il s'y pose avec prudence et attrape le bout de pain avant de l'engloutir. Avec curiosité, il observe les deux adolescents qui lui font face. Avec délicatesse, je passe un doigt sur sur sa petite tête.

«Tu veux essayer ?»


Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne cherche pas à l'impressionner. Je la laisse caresser l'oiseau si elle en a envie puis l'animal s'envole. Attirer un oiseau aussi facilement requiert des années d'expérience. Pendant un moment, je le regarde rejoindre ses congénères puis mon regard se tourne avec le ciel. L'air sérieux, je parle.

«
Tu te souviens sûrement de notre première rencontre… J'avais dis que tu n'étais pas capable de voir les merveilles de ce monde. Je crois que j'ai tort.
»


Reconnaître que je n'ai pas raison est quelque chose de difficile pour moi. Oui, car j'ai ma fierté, que certains appelleraient un ego un peu trop grand. Mais là, je dois bien reconnaître que je me suis trompé.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockLun 29 Juil 2013 - 12:33

Détresse
Benjamin Hawkins

Ses yeux s’ouvrent en grand. La surprise brille au fond de ses pupilles. Elle le voit réfléchir ; il se pose trop de questions. Des fois, il ne faut pas chercher à comprendre pourquoi telle ou telle chose arrive. On ne fait que se bouffer de l’intérieur. Néanmoins, elle attend. Un compliment. Ce n’est qu’une couronne. Il n’a vu qu’un seul dessin. Il n’a pas conscience de la peine sous-jacente qui pénètre ses traits de crayon, la détresse qui a permis à ces tiges d’être liées entre elle. Elle se mord l’intérieur de la lèvre. Sa curiosité est probablement compréhensive. Mais personne n’est au courant des détails la concernant. Même pas ce gamin avec qui elle avait passé ses journées plus petites, à jouer dans le pensionnat, à fuir les sanctions et pourtant à tout faire pour les provoquer. Le problème, c’est sa confiance qui est sauvagement gardée prisonnière par la déception et le désir de ne plus souffrir. Peut-être un chevalier arrivera-t-il et viendra-t-il la délivrer ? Peut-être aura-t-il une couronne de fleur dans les cheveux, pour le sublimer de ridicule ?

La main ouverte, des miettes de pain dans sa paume, Benjamin tend son bras vers le ciel. Elle s’est tue et lui se met à siffler. Un appel. Un oiseau ne tarde pas à poser ses pattes délicates sur les doigts du garçon et à picorer son contenu. Émerveillée, la jeune fille le voit glisser son doigt sur sa tête. Il lui propose de faire de même. Elle approche prudemment  sa main livide et effleure le plumage de l’animal. C’est doux et si différent de ce qu’elle a pu toucher avant. Elle admire le reflet moiré de ses plumes ; bleu, vert, doré. Des centaines d’éclats tout aussi colorés viennent danser dans son regard alors qu’elle observe l’oiseau reprendre son envol et disparaitre derrière le feuillage verdoyant. « Tu te souviens sûrement de notre première rencontre… J'avais dit que tu n'étais pas capable de voir les merveilles de ce monde. Je crois que j'ai tort. »

Elle le voit comme un compliment. Un cœur vide, tourmenté par l’obscurité et empli d’horreur ne peut cependant qu’être enchanté par le monde qu’il côtoie. La nature brute seulement. L’empreinte humaine, à son avis, la gâche. Elle s’assoit à ses côtés. Ses lèvres se fendent en un léger sourire. Elle se penche en avant afin de caler son menton sur ses mains, ses coudes appuyés sur ses genoux. Ses cheveux accompagnent son mouvement, noient son visage de marbre dans leur flot sombre. Son cœur accélère furtivement. Son visage se tourne vers lui afin que son regard puisse aviser de sa réaction.

«  Merci. Tu avances sur le bon chemin, gamin prétentieux.»

Son ton est dénué de tous sentiments mais elle joint à sa phrase un coup d’épaule, geste qu’elle veut amical. Elle se détourne aussitôt et se met à fixer un point à l’horizon afin de fuir un regard qui se ferait peut-être trop brûlant et que l’envie de fuir vienne l’assaillir. L’affection et l’attention qu’il lui porte l’effraient.


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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockLun 29 Juil 2013 - 22:01


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Je la regarde s'asseoir à côté de moi, l'air sérieux. Elle sourit et prends position, son menton calé sur ses mains, ses coudes appuyés sur les genoux. Elle se tourne vers moi et parle d'un ton neutre. « Merci. Tu avances sur le bon chemin, gamin prétentieux. » Gamin prétentieux ? Je dois sûrement le prendre comme un compliment. Finalement, cette appellation m'amuse et un sourire apparaît au coin de mes lèvres. Selwyn accompagne ses paroles d'un coup d'épaule. Ce geste amical m'étire les lèvres en un sourire large. Elle se détourne et fixe un point à l'horizon. Je retire la couronne de fleurs de mes cheveux et l'observe longuement. Des pâquerettes. Ce ne sont pas mes fleurs préférées, ni celles que je détestent le plus.

«Quelles sont tes fleurs préférées ?»


Pour une fois, je parle d'un ton neutre, presque nonchalant. Je n'ai pas l'intention de lui offrir un bouquet. Cette question est sortie toute seule de ma bouche, spontanément. Ma curiosité maladive reprend le dessus. En fait, je cherche juste à faire la conversation. Je joue avec la couronne de fleurs et fais en sorte de garder les yeux fixés dessus. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Peut-être qu'elle m'enverra balader. Ou alors, elle me répondra d'un œil méfiant. Je me rends compte qu'elle est si imprévisible pour moi. Et moi, j'ai l'air si prévisible. C'est parce que tu ne la connais pas. J'agite la couronne avant de la remettre sur ma tête. Étrangement, cet objet me plaît.

Mes doigts s'enlacent et se défont. Finalement, je mets mes mains derrière la tête et lève mes iris noirs comme le charbon vers son visage. Ses cheveux noirs flottent dans la légère brise, ses yeux sont de la même couleur que les miens. Un point commun entre nous. Et je suis sûr que ce n'est pas le seul.

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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockMar 30 Juil 2013 - 0:14

Détresse
Benjamin Hawkins


Elle observe du coin de l’œil son sourire qui n’a de cesse de s’illuminer à la moindre petite chose. Selwyn se demande bien ce qu’est le bonheur. Elle en a perdu la notion et le goût qu’il pouvait avoir. Est-ce sucré comme le miel ou piquant comme le fruit de la passion ? Ressent-on plutôt la fraicheur de la rivière en été ou la chaleur d’une tasse de thé en hiver ? Autant de question auxquelles elle ne trouve pas de réponse. Or, il la détourne de sa réflexion. Les fleurs ? Elle réfléchit un instant.

«  Les orchidées. »

En effet, leur diversité la fascine. Tant de couleurs, de formes et d’astuces pour un si petit être dont l’entretien est l’un des plus délicats. Ce sont des fleurs des bois, qui s’épanouissent dans la pauvreté. Elles ne sont pas friandes d’eau, un surplus les tue par ailleurs ; elles sont là, fragiles et élégantes, à se dresser de toute leur splendeur, à charmer abeilles et bourdons afin de faire connaitre la joie du vol à leurs descendances. Un souvenir lui apparait. Elle, petite, sur les épaules de son père, à Katmandou, rien que tous les deux tandis que sa mère donnait une conférence. La chaleur étouffante, la danse des insectes autour de cette prairie de couleurs et cette verdure luxuriante. Son émerveillement derrière les grilles de ce jardin enchanteur. Un murmure lui échappe.

«  Le jardin royal du Népal en est rempli.»


Orchidée fantôme. Face de singe (les plus drôles). Faux bourdons. Vanda. Papillon. Cymbidium. Paphiopedilum… il y en a tellement à citer. Tellement à dessiner. Ses yeux se voilent, perdus dans sa mélancolie. Ces souvenirs sont toujours aussi ardents, la douleur de la cicatrice encore vive. La moindre question anodine lui rappelle de bons moments qui la plongent à leur tour dans un tourbillon de chagrin. Surement que la jeune fille ne pourra jamais plus connaitre ce bonheur. Avoir les yeux qui pétillent de joie pendant des heures voire des journées entières ! Peut-être que jamais plus un sourire vivace viendra s’emparer de ses lèvres et lui les étirer jusqu’à ce qu’elle en ait des crampes. La brune sait certainement voir les merveilles du monde mieux que quiconque mais son cœur a été tellement pourri par la souffrance qu’elle ne peut même pas jouir de ce plaisir, seulement regarder les autres vivre à sa place. Ainsi, peut-être que l’espoir résidait en ce fait ; peut-être que Selwyn connaitra le bonheur par procuration. Quelle vie stupide…


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MessageSujet: Re: Détresse   Détresse 1400359500-clockMer 31 Juil 2013 - 19:08


Détresse
feat. Selwyn n'Angae

Elle réfléchit un instant avant de répondre à ma question. Les orchidées. Ce ne sont pas mes fleurs préférées, ni celles que je déteste le plus. Cependant, leur beauté m'a toujours fasciné. Le silence retombe. J'observe Selwyn attentivement. Elle semble perdue dans ses pensées. D'ailleurs, je me demande à quoi elle pense. Un murmure franchit ses lèvres. « Le jardin royal du Népal en est rempli.  ». Ses yeux se voilent de mélancolie. Le jardin royal du Népal... Je me demande à quoi il ressemble. Peut-être est-ce juste une étendue de fleurs bien entretenues. Ou quelque chose de grandiose, tellement grandiose qu'il est impossible à imaginer. Je pose une main amicale sur son épaule et dit dans un murmure.

«Je ne doute pas qu'il soit très beau.»


Aux États-Unis, je ne connais pas de lieu semblable. En fait, les seuls endroits remplis de fleurs que je connais sont les champs de mon grand-père. Je lève les yeux vers le ciel. Le ballet des oiseaux dans le ciel est captivant. Je soupire d'aise et m'affale nonchalamment sur le banc. Une légère brise agite les feuilles des arbres. Mais il n'y a pas que le vent qui agite les branches. Il doit y avoir des animaux. Comme des écureuils. J'aperçois brièvement un pelage roux.

«T'as déjà grimpé aux arbres ?»


Cette question me paraît légèrement stupide. Enfant, elle a dû déjà monté aux arbres. Qui n'a jamais grimpé aux arbres ? Mes lèvres s'étirent en un sourire. J'ai envie de bouger et ça tombe bien, j'ai un pari pour elle. Et je ne compte pas perdre.

«Je te parie que j'arrive à attraper l'écureuil dans cet arbre et à le ramener jusqu'à toi.»


Toujours à se mettre en danger, à faire des choses stupides. Impossible à tenir en place. Mais je n'ai vraiment de plaisir que si ce que je fais contient des risques. Comme les expériences qui finissent en explosion. Avant qu'elle puisse m'en empêcher, je cours et commence à grimper à l'arbre en question. Et cette fois-ci, je ne compte pas m'étaler par terre.

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