voyou ≠ sony

Jamais tu n'aurais imaginé qu'il termine de cette manière. Qu'il termine si bas. Qu'il touche le fond. Tu étais au courant de toute cette histoire, qu'il fût balancé, que son secret soit aussi vulgairement révélé. Personnellement, tu t'en foutais royalement. Il n'a jamais été ton ami et il ne compte pas le devenir. Mais, par simple curiosité, tu te demandes tout de même comme il a réagi face à tout ça. Comment va-t-il surmonter tout ça. Il s'est mit dans une sacrée merde. c'est bien fait pour sa gueule. Vilain Sony.

Puis tu le vois. C'est la première fois que tu le vois dans un état pareil. Pourtant c'était bien lui, avachi par terre comme un clodo. Sirotant une bouteille. Son regard semblait vide, il n'est plus animé comme il l'est d'habitude.  Il était au plus mal, ça se voyait tellement. Il n'a même plus l'air attaché à la vie, comme s'il avait tout abandonner. Comme si sa vie ne valait pas la peine d'être vécu. Suicide mental.

T'étais loin de bien le connaître, le Nathan. Mais tu es un homme et non un monstre, tu ne peux pas t'empêcher de prendre pitié. Juste un peu. Même les salops dans son genre méritent une deuxième chance, peut-être ? Il est vrai que ce type est une ordure. Un vrai connard, il frappe les filles et les plus faibles, évitant de se confronter aux gros durs de prismver. Ni d'honneur ni de fierté, c'est évident.

Tu te places à environ un mètre du jeune désespéré.  Une distance qui signifie que tu veux lui parler, mais ne pas s'approcher de sa personne par la même occasion. Pour marquer ce mur invisible, tu te mets dos à lui. Une main dans la poche, l'autre sort une cigarette de son paquet.

T'es tombé bien bas, mec.

Tu allumes la cigarette maintenant entre tes lèvres avec un briquer que tu sors, lui aussi, de ta poche.

Je te croyais plus fort mentalement.

Tu tentes de le résonner de manière assez acharnée. Mais c'est pour son bien alors ça passe. En réalité, Sony a l'impression qu'il terminera par faire une grosse bêtise s'il continue comme ça. Il n'a pas envie d'avoir un mort sur la conscience, ni de se faire hanter par un malade qui ne trouve pas le repos éternel.

Dégage Sony.

Personne ne te donne d'ordre, tu es loin de pouvoir supporter d'être soumis à quelqu'un. Surtout de quelqu'un comme Nathan. Ce mec est misérable. Pratiquement tout est dégueulasse en lui. Son mental et maintenant son état physique. Tu lui cracherais bien dessus s'il ne te faisait pas autant de peine. ça te ferait presque culpabiliser de l'avoir traité ainsi alors qu'il a déjà tous ces ennemis.

Nathan devait surement être au plus mal, mais t'avais une idée. Peut-être très mauvaise, mais tu n'as jamais été cool avec lui, ça ne changera pas vraiment. Le plan c'est de lui redonner le courage à travers des méchancetées.  

Si tu savais...

T'as pas rêvé, il vient vraiment de te transmettre ses pensées. Tu compris directement son pouvoir et ce dont il est capable de faire grâce à ça. S'il te confiait ça c'est qu'il doit vraiment être desespéré. moi aussi j'y croyais...

Dude, t'as pas interêt à lire dans mes pensées.

Putain, il fait flipper ce pouvoir. Tu mets les choses au clair, les pensées de Sony sont destinées à rester dans sa tête et nul par ailleurs.

Tu veux rajouter "Alcoolique" à ta liste interminable de défauts ? Serieux mec, regarde-toi, j'ai presque envie de te lancer une pièce.

De plus en plus de pitié s'intalle en toi. Parce que tu passes pour le méchant dans l'histoire. Être le méchant, ça t'a toujours fait marré, puis profiter de Nathan en l'exploitant pour des tâches ingrates, c'était le pied. Mais maintenant, c'est terminé. Parce que son secret, tout Prismver le connait, Sony ne doit plus avoir d'influence sur lui. Jaloux de ne plus être le seul à le tenir par le bout du nez. Plus le seul à lui faire la misère. Plus le seul à être le méchant de l'histoire. Si tu n'es plus le grand méchant, tu n'as plus qu'à changer de poste et passer au méchant devenu gentil.

Non, juste moins méchant sera suffisant.

Tu sors une cigarette de ta poche, l'allume et la place entre tes lèvres. Toujours dos à lui, tu te retournes à moitié, lui laissant voir ton profil. Un silence s'installe. S'il n'est plus aussi fort qu'avant alors il est inutile. Sony s'en prenait à lui car c'était un garçon résistant mentalement, certes déloyal, salop et détestable. Mais il avait le mérite de ne pas se laisser faire. De ne pas abandonner. On ne peut malheureusement plus en dire autant.

Tu décides de faire un effort, juste un. Une phrase gentille histoire de pas te retrouver dans le groupe de ceux qui veulent la peau de Nathan. Justes quelques mots gentils.

Tu sais ce que tes ennemis détèstent ? Ton sourire. T'es tellement con que t'as toujours pas comprit que tu les combles en te mettant dans cet état. T'as le choix entre te battre pour proteger le peu de fierté qu'il te reste ou abandonner et jouer la carte du faible qui noie son chagrin dans l'alcool. Je suis dégouté d'avoir été l'ennemi d'un gars aussi fragile.

Bon, tu dois encore faire du chemin avant de comprendre ce qu'une phrase gentille est censée être. Mais, tu penses qu'il n'y a que ce genre de propos qui pourront le résonner, en esperant que ça marche.

C’est qu’il s’énerverait presque le jeune E. Sony, tu venais finalement de réussir à obtenir une pointe d’agressivité sur son visage. Tu venais de trouver une petite faille, une faille que tu allais bientôt exploiter avec ton don pour faire perdre le sang froid aux gens. Mais Nathan n’est plus vraiment le même pour l’instant. Le grand nerveux qui aurait sauté sur l’occasion pour vouloir t’arracher un œil n’est plus. Tu n’abandonnes pas pour autant ton plan de démon mis en place en un instant. Surtout que tu es certain d’arriver à tes fins grâce à ce plan.

Tu ne connais pas vraiment Nathan, tu sais juste qu’il a surement des limites comme tout humain. Et ces limites, tu allais toutes les détruire. Son calme avec.

J'ai pas besoin d'ta pitié Sony.
Tu te trompes. Comment tu peux confondre pitié et dégoût. C’est simplement que ça me dérange qu’un sac à merde comme toi salisse l’établissement. Regarde-toi, t’es sale, laid et tu sens fort. Même les rats sont plus classes que toi, personne n’aura pitié de toi, enculé.

Il n’a besoin de rien. C’est faux, c’est ce qu’il pense mais l’être humain a toujours des besoins, possibles ou non. Et dans ce cas là, son besoin c’est de se faire booster par quelqu’un. N’importe qui, du moment qu’il reprenne sa rage de vivre. Sony, à toi l’honneur. Tu sais que tu peux te lâcher completement, sortir tout ce qu’il y a de plus blessant. Au fond, tu craques un peu pour les remarques vexantes, c’est le moment de tout lui balancer en plein gueule.

T’es qu’une lâche, non pire que ça. Une petite pédale. T’assumes même pas d’être qui tu es, j’aurai voulu te cracher dessus mais tu mérites pas non plus ma salive. « Oh putain, l’alcool va me faire oublier la vie de looser que j’ai. » Bravo, tu fais une belle salope.

Tu jettes ta cigarette contre le sol, l’écrase violemment, et continues de ne pas lui lâcher un regard. Tu veux lui faire comprendre comment tu le vois en ce moment, il faut qu’il se dise qu’il n’a plus qu’une solution à trouver pour se sortir de là. Il y a toujours une solution. Tu lui offres un petit rire mesquin, puis t’en vas les mains dans les poches comme à ton arrivé.

Ton bouclier est toujours activé, au cas où.

Au moment même où tu as entendu le verre s’exploser sur ton bouclier, tu t’es mis à sourire. Un grand sourire de gagnant, parce que c’est ce que tu avais fait. Tu venais de gagner. Tu arrivais même à sentir toute cette rage engendrée par ton comportement qui renaissait en Nathan, debout derrière toi. Un grand plaisir. Ce gars tu ne l’aimes pas, mais il te divertit tellement que c’en est jouissant. Ton sourire ne disparaît pas, mais il ressemble un peu plus à un sourire narquois qu’autre chose. Une fois retourné, tu peux observer l’homme empli de rage devant tes yeux. Tu le regardes de plus près, tu vois ce jeune homme prêt à tout pour te cogner avec ce fameux regard plein de haine. Combien de fois l’as-tu vu ce regard, combien de fois t’a-t-il été adressé. Combien de victime pleine de haine pour toi, qui ne pourront hélas jamais te faire du mal.

Tu le savais depuis le début qu’il allait craquer. Nathan tu le considères comme un gosse bien qu’il ait un an de plus que toi. Un gamin peureux, un gamin qui veut devenir une petite brute. Il veut faire peur bien qu’il ait lui-même une trouille innée. Nathan n'est qu'un enfant, tu ne peux pas vraiment lui en vouloir. Le jeune roux se réveille enfin. Il est prêt à hurler sa rage, c'est dans cet état que tu aimes voir les autres. Impuissant bien que completement fou. En furie.

Il te menace en t'approchant d'un pas sûr. Bien loin d'être effrayé, tu ne te souviens même plus ce que ça fait d'avoir peur. Tu le retrouves enfin, tu es un peu fier. Fier de toi, et surtout fier de lui. Il veut te cogner, fais la queue pls. Boom, et viens là te cogner contre ton boucler. Il s'est fait mal tout seul le pauvre. Un léger rire s'échappe, celui là tu pouvais vraiment pas le retenir. La tête qu'il fait, c'est trop pour toi. Il lèvre sa main pour comprendre ce qui vous sépare.  Il termine -enfin- par s'en rendre compte, ce qui le met un peu plus de mauvaise humeur. Nathan te demande, avec la plus grande gentillesse du monde, de bien vouloir le désactiver afin qu'il puisse se battre avec toi.

La réponse était tellement évident que tu préférais ignorer cette demande.

J'y croyais presque plus, mais j'avais finalement raison.

Tu ne lui donnes pas plus de détail, de toute façon il peut lire dans tes pensées. Tu avais raison sur le fait qu'il lui restait encore la rage de vaincre, l'oeil du tigre. Ton objectif était simplement de réveiller la bête. Tu replaces tes lunettes de soleil un peu plus haut sur ton nez. Ton sourire s'enfuyait petit à petit pendant que tu reprenais de plus belle.  

Bon. J'ai pas que ça à foutre.

Ton job était terminé. Tu te mis de nouveau à t'en aller, mais cette fois pour de bon. Tu pensas très fort; C'est du dégoût, pas de la pitié en espérant qu'il entende ça mentalement. Tu te répétais avec l'espoir de le persuader. tu voulais aussi te persuader toi-même. Mais au fond tu sais bien que c'est de la pitié.