Je regardais l'heure. 10h pm. Aujourd'hui était une journée spéciale - enfin, plutôt une soirée spéciale. Cette nuit, ce serait le Jim's party. J'en avais souvent entendu parler, mais y'en avait pas vraiment eu depuis que j'étais arrivée. Donc cette fois, ce serait la première fois et je comptais bien m'y amuser, hihi. En faire un souvenir inoubliable. Aussi une occasion de voir Gaugau'. Je regardais autour de moi, Alessia était entrain de regarder la télé, dans sa couverture. C'est qu'elle l'avouerait probablement pas, mais à zapper comme ça, elle devait probablement vraiment s'emmerder quoi. JE VAIS LUI RENDRE UN SERVICE HIHI. Je souris donc et décide de m'approcher d'elle. Je lui met un coup sur l'épaule puis enroule mes bras autour de son cou. - Oui je suis chiante. -
Dis. Tu sais qu'il est 10h pm là ? Tu vas pas rester à t'emmerder comme ça toute la soirée alors qu'y a un giga party au complexe pas loin hein ? Et avant même qu'elle me réponde, je glousse bêtement -lol-, la prends par le bras l'assois sur ma chaise devant un miroir. U KNOW LE JIM'S PARTY, C'EST CE SOIR. TU VIENS AVEC MOI. Pas de mais. OH MY GOOOSHH, ON VA TROP S'AMUSER HIHIIH. Je la fais tourner rapidement sur sa chaise - je l'étourdis pour mieux l'utiliser après lol. #pan Je la regarde un moment dans le miroir - elle a pas tant l'air de quelqu'un qui est resté sur le sofa toute la journée. COOL. Je lui mets juste un peu de eyeliner et de mascara sur le visage puis lui mets un peu de parfum - rien de bien gros, pas vraiment un truc classy - sensuel whatever, juste un petit truc subtile qui fait fresh. CEY PAS MIEUX COMME ÇA ? Oui. Chut. U fresh my baby. Je la prends encore par la main et la lève avant de la diriger vers mon walk-in. PRENDS CE QUE TU VEUUX Après quelques essais et erreurs, elle finit par prendre un t-shirt noir et des shorts denim simples, avec des vans noires. Quant à moi j'ai pris une robe noire, décolletée sans bretelles et très bouffie, avec des louboutins de la même couleur. J'applique un peu de maquillage aussi - même chose qu'elle, ça fait ressortir mes yeux bleus puis je mets un peu de parfum. J'agrippe aussi un sac de "ces substances" aussi, parce que bon, on s'entend qu'à ce genre d'événements .. Ça peut toujours être amusant, même si c'est pas moi qui les prends. Hihi. Bref.
Et nous voilà maintenant parties pour. The. Party. De. L'année.
[...]
Plus tard, on était à l'intérieur - et quel bordel - Jim qui se jetait dans la piscine, à poil en plus. Je le regardais, la bouche grande ouverte avant de la refermer - bah oui j'allais pas oublier de préciser, lol sinon lé moush & d'autres trucs entrent oci - et rire légèrement, gardant un sourire. Je me retourne vers Alessia puis remarque Gautier en arrière. Donc je souris jusqu'à en avoir mal aux pommettes et m'approche de lui. Je lui donne une tape sur l'épaule pour qu'il me remarque GAUTIIIIIER avant de le câliner du plus fort que je peux - le pauvre - ÇA FAIT UN BOUT QU'ON S'EST PAS VUS. Puis je recule un peu et souris encore plus à sa vue Bogoss pls. Une pensée à Alessia, non non je n'oublie pas ce qui s'est passé entre ces deux là. Aujourd'huii, pas d'embrouilles, pas d'emmerdes, on est là pour s'amuser, tous, alright ? Garder un bon souvenir. Donc j'agrippe une bouteille de Jack Daniel's au mec à côté - qui était déjà bourré, c'est fou comment certains supportent mal l'alcool - puis j'affiche un sourire mesquin - diabolique même et je commence à secouer la bouteille comme personne ne l'a jamais fait, de façon à faire un peu comme quand on secoue une canette de soda, et je l'ouvre, faisant bien attention d'en mettre sur Gautier et Alessia, juste pour l'éclate. Soirée arrosée. Oups. Hihi. Et maintenant, je sais qu'Alessia voudra me tuer, mais tant pis. NO RAGRETS, ÇA EN VAUT TOTALEMENT LA PEINE. Donc je me faufile entre les gens, je pars à courir tandis qu'elle me court après, pauvre petite enragée lol. Et je me rends devant la piscine, merde. J'ai pas le temps de me retourner pour la pousser à ma place dans l'eau, donc je la tire avec moi, et accroche aussi Gautier avec nous. Nous voilà tous déjà trempés, complètement mouillés, sans double-sens. Je suis sous l'eau, je descends un peu, je me retiens d'aspirer toute l'eau en riant, je reste quelques secondes puis je remonte et je pouffe de rire, incontrôlablement alors qu'ils sont tous à la surface de l'eau. Oups. On dirait bien qu'y faudra enlever nos fringues .. lol. C'est nul, hin ? Je sens qu'on va bien s'éclater.
Et puis soudainement, ces rires, dans l'eau, alors qu'on est tous complètement fringués, l'alcool, les drogues qui flottent dans l'air et dans mon sang; tout ça me rappelle mon passé. Avant, aux USA. Quand c'était le quotidien. Quand j'avais aucun principe. Quand j'étais libre.
Ce soir, je redeviens la moi d'avant. Ce soir, je suis libre.
J'avais longuement hésite à venir. Ma récente réputation, mon passager noir toujours actif et le risque de croiser des connaissances que je n'avais pas forcément envie de voir. Certaines m’avaient manqué, d’autres moins - mais ce qui est certain, c’est que mon arrivée ici n’était peut-être pas très enviable de tous. J’avais pris des heures pour y penser et, constatant que je remontais inexorablement la pente, j’avais décidé de tenter l’expérience. J’avais décidé de prendre un risque pour mon propre plaisir - décision égoïste, mais que à laquelle j’avais bien pensé. Pesant le pour et le contre, j’avais jugé que ça valait le coup de la tenter - parce qu’une Jim’s Party, ça n’arrive pas souvent ces temps-ci. La raison m’en était inconnue, mais Jim n’avait pas brillé comme avant ces derniers temps - et la soirée à la plage n’avait rien à voir avec ça.
Premiers pas dehors, voir à nouveau la lueur du soleil. Sourire, décontracté, je m’étire et observe les alentours. Me remets à l’affût, inconsciemment. C’est bon - il n’y a personne à qui s’en prendre, personne qui ne veut s’en prendre à moi non plus. J’avais les nerfs à fleur de peau depuis ces jours passés à travailler mais une fête était ce qu’il fallait pour me détendre. Elle arrivait au moment parfait - et je devais en profiter, car m’enfermer n’allait pas résoudre mes problèmes. Car rester au pensionnat ne servirait qu’à m’énerver davantage.
Tout mettre de côté. Les seules personnes que j’avais fréquenté ces derniers temps, Entropy, la seule chose à laquelle je m’étais réellement dédié. Ce temps de recul était terminé - j’allais me lâcher à nouveau dans la civilisation. Franchement, c’était peut-être le meilleur moyen de le dire. Peut-être la seule façon d’exprimer ce que je ressentais vraiment, la seule façon de parler de cette vérité indéniable. Mais être une bête ne me dérangeait pas vraiment tant que je n’étais pas en cage - privé de liberté, car c’était ce qui servait à me contrôler. La liberté, le fait de pouvoir agir librement. Une fête aussi gigantesque, ça ne pouvait m’apporter que du bien.
Je laisse mon chapeau sur mon lit, m’habille d’une chemise rose et d’un pantalon, vêtements simples pour ne pas me prendre la tête. Je fais un petit détour par la salle commune des E, fouille partout pour y trouver une bombe rose : parfait. Je saisis une mèche de cheveux au beau milieu de mon front et l’asperge pour vite la transformer en une magnifique mèche de cheveux rose. Honneur à Jim. Remerciement pour ce qu’il a fait. Je rattrape mon retard avec une allure rapide, me rends rapidement au complexe sportif. Je connais le chemin, je l’ai fait mille fois, je connais les raccourcis. Sur la route, je suis arrêté par un vigile - je l’observe, sceptique, alors qu’il me tend un verre. Si tôt ? J’observe la mixture - alcool fort à n’en pas douter. Est-ce vraiment bon ?
Oh et puis, au diable toutes ces conneries. Je saisis le verre - cul sec, je ferme les yeux, hume l’air quelques instants.
Calme. Je me rappelle ces jours à la plage, ou plutôt, l’alcool me les rappelle. Je retire bien vite ces pensées de ma tête, me rappelle la soirée. L’alcool m’embrouille le cerveau. Mauvaise décision - je dois rester concentré, sobre. J’extirpe à nouveau, fortement, m’avance et glisse sur le toboggan, prenant soin de ne pas mouiller mes cheveux. C’est mon trésor de la soirée, mon cadeau pour Jim, et je veux le garder jusqu’au lendemain. Je m’approche du groupe, salue les personnes que je connais - humour, quelques rires, les relations vont bien. En apparence. Je traverse la foule, sceptique, cherchant le bar du regard pour un soda - et m’arrête brusquement. Devant moi, Holly et Alessia. Si proches de moi. Si proches du danger.
Malaise.
Je me fige - mais trop tard, Holly me remarque. Alors, cette fois, j’opte pour le masque. Je laisse tout tomber, reste cependant moi-même, concentré, sincère. Je la serre dans mes bras, écoute ses premiers mots - adresse un sourire à Alessia. Oui ça fait un moment - depuis que je vous ai lâchés pour aller seul dans une autre cabane. Tu peux le dire, c’est la simple vérite et elle ne me vexera pas. Mais t’as raison, ce soir il faut s’amuser. Ce soir, c’est l’alcool, l’amusement, les rires. Enfin, l’alcool, pas pour moi - pas encore. Et pourtant, il ne faut pas longtemps à Holly pour faire surchauffer la machine. Une bouteille d’alcool, elle la secoue bruyamment, nous asperge - réflexe automatique, je protège mes cheveux du bras, tente de protester : « Attends, pas sur les chev…. » Trop tard. La furie est lancée - elle la pousse dans la piscine, m’entraîne. Tout va vite. Trop vite. Je n’ai pas le temps de me dégager, ma tête est plongée sous l’eau, mon esprit se perd. Je ressors vite, l’alcool remonte. Je lui arrache presque la bouteille des mains, regarde mon reflet dedans.
Le rose a disparu. Mon trophée a disparu. Relâchement - un instant seulement, mais il n’en faut pas plus.
« BORDEL MAIS REGARDE C’QUE T’AS FOUTU ! »
Dans le noir, la peur se répand. Dans le périmètre, silence, les gens se tournent vers nous - vers moi. Ils se figent, regarde la situation, mais ne tardent pas à retourner bien vite à leurs occupations, à oublier cette querelle. Dans une soirée comme celle-ci, tout ça n’est qu’un détail. Tout ça n’a pas vraiment d’importance, et tout le monde le sait. J’étais tellement concentré sur ça que j’en ai oublié de faire attention à elles. Dans le noir, elle n’a sans doute même pas remarqué cette mèche - sûrement pas plus que les autres. Mes priorités sont en désordre. Je suis littéralement perdu.
« Excuse-moi, je… tout ce monde m’oppresse. J’ai l’impression que ma tête va éclater dans cette putain de foule. Saleté d’alcool. J'suis désolé. »
Tu n’aurais pas dû en boire, et pourtant, tu te l’étais dit. Tu ne sais pas tenir une seule de tes paroles - moi, je suis ton inverse, je ne lâche jamais.
« Confort dans le sofa, chaleur dans ma couverture, détente puisque, depuis quelques minutes, l'inquiétude avait quitté mon esprit. Une inquiétude qui me hantait depuis maintenant plusieurs jours, plusieurs nuits. Des nuits que je passais à cauchemarder, à me réveiller sans cesse. Des réveils suite auxquels ma respiration était saccadée, où je sentais la peur m'envahir. Mais une peur de quoi ? Peut-être de finir oubliée, rayée de sa mémoire, de son coeur. Peut-être une peur de l'avoir trop blessé, d'être la cause du malheur qui s’abat sur lui, ce malheur qu'il n'arrive pas à contrôler. Ce côté sombre qu'il prétend faire parti de son caractère, de ses désirs.
J'ai été dégoûtée durant les premiers instants où il m'en a parlé, lorsqu'il m'avait tout avoué. J'ai eu des doutes. J'ai eu des craintes. Mais tout s'est vite dissipé. Tout s'est vite dissipé lorsqu'il m'a dit qu'il avait cru en notre amour. Une phrase qui, à la fois, m'a redonné espoir & qui fut source de tous les remords qui suivirent dans les prochains jours, de tout ce sentiment de culpabilité, de toute cette tristesse qui me rongeait de l'intérieur, qui me dévorait corps & âme, & qui me fit déverser des litres & des litres de larmes, à tous les jours.
J'ai tellement pleuré que mes yeux étaient devenus rouges, ils me brûlaient sans cesse, ils me piquaient sans cesse. Lors de mes douches, je restais sous l'eau pendant des heures, jusqu'à ce que l'eau refroidisse et me force à sortir me réchauffer dans une serviette. J'allais me coucher plus tôt qu'à l'habitude, et avant tout le monde. Je dormais beaucoup plus, et je me sentais toujours dépourvue d'énergie. Pour ce qui est de l'appétit, il ne me fallait que quelques bouchées pour être rassasiée.
Et ensuite, j'allais tout vomir. Je ne me forçais pas, ça venait tout seul.
Mais aujourd'hui, je me sentais libérée, libérée pendant quelques instants seulement, car j'avais un mauvais pré-sentiment. Je sentais que je devais en profiter, car bientôt, j'allais probablement retomber dans un état encore bien plus pire que celui-ci. Je sentais que j'allais rejoindre les enfers encore bien plus rapidement que prévu.
Tu vas pas rester à t'emmerder comme ça toute la soirée alors qu'y a un giga party au complexe pas loin hein ?
C'est peut-être à cause d'elle, le mauvais pré-sentiment finalement. Non j'déconne.
Une Holly sauvage apparaît, qui vient me faire tourner sur moi-même juste avant de commencer à me maquiller. Mascara et eye-liner. Yay. Direction les toilettes dès qu'elle termine pour enlever toutes ces merdes. En plus avec ça j'peux même pas me frotter les yeux, sinon ça s'étend partout. J'vois pas l'utilité.
Elle me présente ensuite son garde-robe & me demande de choisir des fringues parmi les siennes. C'est ce que je fais toujours de toute manière. J'me prends un t-shirt noir ainsi que des shorts, puis j'enfile des vans de couleur noires, et, hop, on sors.
À l'entré, on nous offrait à boire. Hésitations.
Il y a quelques années de cela, je m'étais promis de ne plus jamais me laisser tenter par des boissons alcoolisées, et ce, dû au fait que je n'avais pas eu toute ma tête une fois, et qu'à cause de cela, c'est ma petite soeur qui a dû en payer le prix.
Je fixe l'homme qui me tendait le verre pendant plusieurs instants avant de me décider à boire. Ce goût qui avait l'air de plaire à mes papilles gustatives, ce liquide qui s'écoulait le long de mon oesophage, cette forte boisson, m'avaient énormément manqués.
Une pensée pour ma soeur, et nous voilà, Holly et moi, entrées, face à une énorme foule de personnes toutes venues pour ce même party.
GAUTIIIIIER !
Je stop. Je me retourne. Holly n'a pas halluciné, c'est bien lui.
Et là, trop d'émotions, trop de sentiments, trop de pensées, trop de questions se bousculaient d'un coup.
Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il va mieux ? Est-ce qu'il m'en veut ? Est-ce qu'il est en colère contre moi ? Est-ce qu'il m'a pardonné ? Est-ce qu'il voudrait bien me reparler ? Est-ce qu'il voudrait renouer des liens avec moi ? Est-ce qu'il serait prêt à complètement oublier l'histoire de l'autre fois ? Est-ce que je compte encore pour lui ? Est-ce qu'il a pensé à moi ces derniers jours ? Est-ce qu'il m'aime ?
Tandis qu'il prend Holly dans ses bras, il me sourit. Mais j'étais bien trop absorbée ou encore hypnotisée par lui pour lui rendre ce sourire. Je ne faisais que le regarder, légèrement perturbée de le voir ici, de le voir après autant de temps. Mais j'étais heureuse, heureuse de pouvoir peut-être reprendre de ses nouvelles, heureuse de le voir lui, de voir qu'il a l'air d'aller bien mieux que la dernière fois.
Puis je n'ai pas trop compris ce qui s'est passé, mais je me suis ramassée à l'eau. J'étais à présent mouillée, de la tête aux pieds. Complètement mouillée, avec mes vêtements & chaussures compris. Et ce, alors que je ne venais à peine d'arriver. Elle aurait pu prévenir, ce serait le minimum - ou mieux, simplement ne pas le faire. Car là, une fois que je sortirais de l'eau, j'allais fort probablement avoir l'impression de patauger dans un marécage ou je sais pas quoi, parce que mes chaussettes sont trempées tout comme mes vans, et qu'elles ne risquaient pas de sécher de si tôt.
- P'tain. Regardes moi maintenant... rah !
L'eau autour de moi se teintait d'une couleur rosée, puis mon regard se déposait sur Gautier qui arrachait de manière violente la bouteille des mains de Holly et qui se regardait dans son reflet, visiblement à la recherche de sa mèche rose.
Sa voix s'élève, provoquant un court instant de silence. Puis les gens recommencent à parler normalement.
J'avais l'impression que c'était comme un cycle qui s'apprêtait à commencer, un cycle qui n'était pas prêt de s'arrêter. Ça commence par une dispute, puis la tension monte & monte & monte & ne cesse d'augmenter, et, enfin, il y a un froid. Plus personne n'ose aborder l'autre, jusqu'à ce que le destin fasse en sorte qu'ils se rencontrent, les mettant dans une situation où le malaise s'installe en les défiant de se reparler. Mais il s'excuse, il reprend son calme. Est-ce que ce sera le cas pour Holly aussi ?
Rien ne s'était encore produit, et j'avais envie de mourir. Pourtant, je m'efforçais de sourire, la gorge nouée.
Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Jeu 1 Mai 2014 - 4:02
BORDEL MAIS REGARDE C’QUE T’AS FOUTU !
Impulsivité. Violence. Alcool.
Silence. Les gens se retournent et nous regardent, le temps d'une seconde ou deux mais qui semblaient tellement plus. Je ne dis rien, je le regarde, jusqu'à ce que les gens retournent à leur occupations et nous oublient. Je le fixe, reste silencieuse. Même si je bous de l'intérieur. Rage. Il y avait quelque chose qui m'était tellement familier dans ce qui venait de se passer, et qui me mettait tellement en colère en même temps. Ses paroles. Non, ce n'est pas ça. Son ton de voix me rappelait quelque chose dont j'aurais préféré ne pas me rappeler ce soir. Quelque chose qui me mettait tellement en colère quand j'y pensais, qui me faisait tellement rager en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.
Il me rappelait mon père. Abusif. Bourré. Brutal. Et détestable.
Je fixe encore Gautier, essaie de me retenir, mais au moment où il ne fallait pas, au moment où on aurait pu tout éviter, une goutte vient faire déborder le vase. Une. Seule. Goutte.
P'tain. Regardes moi maintenant... rah !
Mes poings fermés tremblent, et j'essaie de me retenir encore, même si je sais que c'est déjà peine perdue. Je me mords la lèvre, tellement fort que du sang coulerait à flots si je continuais encore une seconde de plus. Mais le sang ne coule pas. Parce qu'il n'a pas le temps. Rage. Colère. Frénésie. Et j'explose. Bruyamment, violemment, soudainement. The game is over.
J'ESSAYAIS DE METTRE DE LA BONNE HUMEUR, GARDER TOUT LE MONDE HEUREUX, COMME SI C'ÉTAIT MON JOB ET VOUS ME CRACHEZ À LA GUEULE. On me met tellement de pression, je devrais même pas essayer de garder la bonne humeur ça devrait pas être MON problème. Tout ça parce que TU es en mode grosse larve dépressive, Je pose mon regard sur Alessia pour la désigner, et je commence à pleurer en même temps; de rage, de frustration, de colère, d'émotion quoi. Parce que jusqu'à présent, j'avais tout retenu, accumulé. Et maintenant ça sortait, parce que j'en pouvais plus. J'avais rien dis, j'étais allée voir personne. Parce que tu te forces plus à rien, que tu mets plus d'émotion ni de vie dans rien de ce que tu fais malgré mes efforts, parce que je dois te forcer à sortir, à faire tout ce que tu dois faire sans même que tu en sois reconnaissante ! Parce qu'il y a autre chose qui te préoccupe et tu ne penses qu'à ça. Parce que tu m'envoies chier depuis un bout, aussi. Parce que je me soucie trop de gens, qui, au final, s'en contrefoutent. Et moi dans tout ça ? Vous y avez déjà pensé ? Bien sûr que non. Personne y pense. Blablabla Alessia, blablabla Gautier, blabla rupture, méchant et gnagnagna. Sérieux meuf, aies un peu de fierté. On dirait que t'es à ses pieds. Il te laisse un tout petit peu de temps, et tu deviens carrément dépressive. Tu penses qu'à ça. T'es plus toi. Où est ma soeur hystérique qui pue le bonheur à 10km à la ronde ? Oublie un peu. MOVE ON, have fun. Putain j'en ai marre. Vous êtes tellement égoïstes.
Putain. Et là j'ai envie de me casser, maintenant. De faire un gros doigt d'honneur et aller m'isoler quelque part.
✯ FUCK OFF
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Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Jeu 1 Mai 2014 - 14:16
Silence. Malaise. Pendant quelques secondes, elle reste silencieuse - Alessia a râlé, elle aussi, s’est plainte comme moi, plus calmement. Même si en un sens, ça me rassure, ce n’est pas pour plaire à Holly. Parce que la soirée a à peine commencé que tout est déjà parti en vrilles - parce qu’il n’a suffit que deux minutes pour que tout parte en vrilles, me confortant dans l’idée que mon éloignement était le bon choix. Je me suis repris, lâche la bouteille que je tiens dans ma main - intacte, le verre, les blessures physiques ne seront pas de mise ce soir. La douleur a bien trop à faire pour s’attaquer à de simples enveloppes corporelles. Je ferme les yeux quelques instants, respire plus lentement, régulère mon souffle - la tension part, le passager noir s’éclipse. Je suis de nouveau moi - Alessia sourit, crispée, se reprend, raisonne avec logique.
Mais c’est déjà trop tard. Holly se lâche aussi - tout ça part en engueulade, sa voix pleine de colère et de reproche. Elle a raison sur ce point, elle a toujours été pleine de bonne humeur dans cette situation. Elle a sûrement été là pour aider Alessia, a fait abstraction de la haine qu’elle aurait pu avoir à mon égard après tout ça. Parce que j’étais celui qui l’avait blessé - et qui l’avait piquée au vif, à présent. Sur les deux plans, j’étais responsable de ce qui arrivait. Je m’assis sur le sol, ramassais la bouteille et m’observais à nouveau - le regard jonglant entre mon reflet et le visage colérique de Holly. Elle aussi, égoïste l’espace d’un soir - elle peut se le permettre. Tout lâcher comme je l’avais fait, mais surtout comme je le regrettais à présent.
Dégoût. Tristesse. Solitude. Colère. Mais ce soir c’est mon combat - et celui de personne d’autre.
Sûrement pas de toi, saleté de bête. Car je suis résigné aujourd’hui, à subir les conséquences de mes actes, car je suis prêt à faire face aux suites de mon propre choix. Car je les ai privées d’un bonheur en espérant les conserver du mal qui viendrait, sans même avoir le certitude que je ne pourrai pas le contenir. Sans même avoir essayé de le faire. Effrayé, lâche, et aujourd’hui pourtant, je n’en payais pas les conséquences. C’était Alessia qui prenait tout - victime de la colère de Holly. C’était elle qui goûtait au revers de la médaille alors que j’avais moi-même lancé ce processus, sans même me soucier de ce qui en résulterait. Ma faute. Encore une fois. Et pas question que je laisse passer ça.
« T’agis comme si tu comprenais mais j’crois sincèrement que tu captes rien à ce que ça peut faire. J’sais pas si t’as connu mieux qu’un coup d'un soir avec 4 joints dans la cervelle mais j’en ai pas l’impression. »
Une colère à nouveau, mais une colère calme. Rester moi-même sera un grand pas en avant - et j’espère entre bien parti pour. Je reste maître, dominant, mais les envies du passager me soufflent les pires scénarios - éclater cette bouteille sur sa tête, hurler ma haine au monde, me débarrasser de toutes ces relations inutiles et pesantes. Tout laisser, partir loin et oublier. Tout lâcher, vivre à ma manière, ne plus avoir à porter ce masque, à contenir mon passager noir. Vivre en étant moi, vivre en dehors de tout ça. Ca semblait tellement tentant, ça semblait tellement réel. Mais je ne pouvais pas succomber. Pas aujourd’hui. Pas ce soir. Pas cette fois.
« Tu peux pas comprendre c’que ça fait de devoir tout lâcher pour protéger ses proches - tout simplement parce que t’en a rien à foutre et que tu penses qu’à t’amuser. J’sais pas qui est le plus égoïste de nous deux mais j’sais en tout cas que tu t’en es pris à la mauvaise personne. »
J’observe la bouteille dans ma main, la balance à la flotte - écarte définitivement toute tentation, toute envie. J’ai peut-être blessé quelqu’un ce soir, mais ma prise de conscience me fait garder espoir. Cette honnêteté peut vraiment faire du bien à tout le monde - et je ne la laisserai pas s’en prendre à quelqu’un d’autre que moi. Parce que c’est comme ça, que je vais assumer mon choix.
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Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Ven 2 Mai 2014 - 6:14
YOUNG, WILD & FREE # feat. Holly & Gautier
« Critiques. Elle critique ma façon d'agir ces derniers temps, elle critique mon humeur, elle critique mon changement de caractère, elle me critique. Elle ne se retient pas, elle balance tout - elle me balance tout. Elle cri, elle hurle. Elle ne s'arrête pas.
Accusations. Elle m'accuse de ne pas lui être reconnaissante. Reconnaissante pour ses belles paroles, pour ses actes, pour ses efforts, pour son soutient. Elle m'accuse de négliger tout ce qu'elle a fait pour moi, seulement pour me rendre le sourire, alors qu'elle aurait simplement pu me regarder pleurer les bras croisés. Ce ne sont cependant pas des accusations; mais que de simples vérités. Je n'ai pas pris en compte tout ce qu'elle a fait pour moi, c'est vrai. Je la regardais faire sans jamais prononcer ne serait-ce qu'un seul merci. Je la regardais se fatiguer sans faire l'effort ne serait-ce que de sourire.
Insultes. Larve dépressive. Râleuse. Égoïste. Là par contre, c'est non.
Gautier prend la parole, mais mon attention reste rivée sur Holly. Sa manière de le dire, le moment où elle l'a fait, et, surtout, qu'elle l'ait réellement pensé, ne m'avait pas plu. Elle aurait pu me l'avouer d'une manière plus délicate, plus douce. C'était trop rude pour moi. Car en fait, quelques jours plus tôt, j'aurais pu encaisser sans me sentir vexée, mais, malheureusement, là elle me donnait plutôt envie de retourner sous mes couvertures & de pleurer encore davantage. Je suis particulièrement sensible, il ne m'en faut donc pas énormément pour être littéralement chamboulée.
À la vue de ses larmes, les miennes se sont mises à perler à leur tour, les unes après les autres, coulant à flot sur mes joues. Je me sentais trembler toute entière, je me sentais rougir, je sentais mon visage brûler, bouillir plus que jamais. Et, surtout, l'envie de délivrer toute cette colère me submergeait, et c'est ainsi que je me suis écriée, écriée comme elle l'a fait. Écriée sans retenue, suite à une longue inspiration, durant laquelle mes mains vinrent se déposer de chaque coté de ma tête.
- ...PARCE QUE T'AURAIS PRÉFÉRÉ QUE JE SAUTE DE JOIE À LA PLACE PEUT-ÊTRE ? HEIN ? QUE ÇA ME PLAISE QU'IL ME QUITTE ? DÉSOLÉE DE TE DÉCEVOIR, MISS !
Deuxième inspiration.
- MAIS JE TIENS À LUI, JE L'AIME, MOI. TU CROIS PAS QUE CE SOIT UN PEU LOGIQUE QUE JE RÉAGISSE COMME ÇA ? HEIN ? MAIS NOOON ! TOUJOURS LA FAUTE À ALESSIA ! ELLE VA MAL, C'EST ENCORE ET TOUJOURS DE SA FAUTE ! TOUJOURS À CAUSE D'ELLE QUE LES GENS PRENNENT LES NERFS ! ALESSIA, ALESSIA, ALESSIA ! BORDEL ! ET VU QU'ELLE PASSE SES JOURNÉES À PLEURER, ON EN CONCLU QU'ELLE EST CARRÉMENT AUX PIEDS DU MEC DONT ELLE EST AMOUREUSE !
Troisième inspiration. Ma tête tourne. Ma tête est lourde. Ma tête me fait mal. Je baisse le ton de ma voix.
- Si je te fais autant chier, alors arrête d'essayer. J't'ai jamais rien demandé. J'suis jamais venue te voir pour avoir une épaule sur laquelle pleurer. Si t'es pas contente, alors fermes-là & ignore-moi - je ferais de même. Ça va t'enlever ce poids, cette pression dont tu parles, non ? Tss.
Je sais que tu ne voulais que mon bien. Je sais que ton but n'était que de me rendre ma bonne humeur. Alors ne m'en veux pas, je ne veux simplement pas l'avouer. Pardonnes-moi. Oublies ce que je viens de dire. »
Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Ven 2 Mai 2014 - 17:12
T’agis comme si tu comprenais mais j’crois sincèrement que tu captes rien à ce que ça peut faire. J’sais pas si t’as connu mieux qu’un coup d'un soir avec 4 joints dans la cervelle mais j’en ai pas l’impression. Tu peux pas comprendre c’que ça fait de devoir tout lâcher pour protéger ses proches - tout simplement parce que t’en a rien à foutre et que tu penses qu’à t’amuser. J’sais pas qui est le plus égoïste de nous deux mais j’sais en tout cas que tu t’en es pris à la mauvaise personne.
Et là je suis frustrée. Parce que j'ai l'impression qu'il parle de quelque chose dont il ne connaît rien. Est-ce qu'il me connaît ? Est-ce qu'il m'a connu, avant ? Est-ce que je lui ai déjà parlé de quoi que ce soit concernant ce sujet ? Bien sûr que non. Et on assume, on juge, comme toujours. Les larmes coulent toujours à flots sur mes joues mais je me calme. Fini de se défouler.
Et toi ? Tu crois que tu sais tout, Gautier ? C'est sympa de savoir que le mec que je considérais J'accentue bien le 'ais' pour faire comprendre que c'est au passé. comme mon petit frère me voit comme une salope sans coeur et droguée. Mais qu'est-ce que tu connais de moi ? T'y as déjà pensé ? Tu ne me connais pas. Personne me connaît dans ce pensionnat.
Parce que tu dirais pas ça si tu savais que je me suis défoncée la première fois pour m'isoler et ne pas entendre mes parents se battre et que maintenant c'est une addiction. Que j'ai sauté personne depuis que je suis arrivée ici. Que j'ai déjà connu l'amour de ma vie, et qu'il m'a changé pour toujours et m'a carrément détruit. Mais ça, je te le dirai pas. Parce que j'ai pas besoin de ta pitié. Pourtant, j'ai l'impression qu'il faudrait mettre les choses au clair parfois.
Tu diras pas ça si tu savais que j'ai pris mes premières pilules d'ecstasy pour m'isoler et ne pas entendre mes parents se battre et que maintenant c'est une addiction. Que j'ai pas couché depuis que je suis arrivée ici. Que j'ai déjà connu l'amour de ma vie, et qu'il m'a changé pour toujours et m'a carrément détruit. Mais je te l'ai jamais dis, ça. Parce que j'aime pas qu'on ait pitié de moi. Portant j'crois que des fois faut mettre des trucs au clair; Tu me connais pas, tu peux pas me juger.
Puis vient le tour d'Alessia. Et même si elle explose et crie, je l'écoute attentivement sans m'énerver.
...PARCE QUE T'AURAIS PRÉFÉRÉ QUE JE SAUTE DE JOIE À LA PLACE PEUT-ÊTRE ? HEIN ? QUE ÇA ME PLAISE QU'IL ME QUITTE ? DÉSOLÉE DE TE DÉCEVOIR, MISS ! MAIS JE TIENS À LUI, JE L'AIME, MOI. TU CROIS PAS QUE CE SOIT UN PEU LOGIQUE QUE JE RÉAGISSE COMME ÇA ? HEIN ? MAIS NOOON ! TOUJOURS LA FAUTE À ALESSIA ! ELLE VA MAL, C'EST ENCORE ET TOUJOURS DE SA FAUTE ! TOUJOURS À CAUSE D'ELLE QUE LES GENS PRENNENT LES NERFS ! ALESSIA, ALESSIA, ALESSIA ! BORDEL ! ET VU QU'ELLE PASSE SES JOURNÉES À PLEURER, ON EN CONCLU QU'ELLE EST CARRÉMENT AUX PIEDS DU MEC DONT ELLE EST AMOUREUSE ! Si je te fais autant chier, alors arrête d'essayer. J't'ai jamais rien demandé. J'suis jamais venue te voir pour avoir une épaule sur laquelle pleurer. Si t'es pas contente, alors fermes-là & ignore-moi - je ferais de même. Ça va t'enlever ce poids, cette pression dont tu parles, non ? Tss.
Pincement au coeur. Je la comprends. Pourtant, je lui suis reconnaissante car contrairement à Gautier, elle est allée droit au problème - elle est pas passée par la case traiter Holly de salope pour essayer de l'attaquer personnellement. J'ai comme une boule dans la gorge, je me retiens de pas laisser couler plus de larmes et je la regarde.
Tu comprends pas .. J'peux pas t'ignorer. J'peux pas te laisser tomber comme ça. T'es comme ma soeur, Alessia. C'est plus fort que moi. Je baisse la tête, putain je suis nulle. .. C'est juste que je suis comme une gosse, c'est pas ma faute, je m'énerve trop vite. Mais cette fois j'ai rien dis pendant tout le long, je me suis retenue pour pas empirer la situation, et j'ai pas pu tenir le coup. Je me retourne vers Gautier et je recommence à sangloter malgré moi. Tout ce que je voulais, c'est que vous soyez heureux tous les deux. Au moins juste ce soir. Mais personne comprend, ça. On me prend juste pour une chieuse et une salope sans coeur, droguée h24 qui pense qu'à sauter tout le monde. Mais je suis pas comme ça, crois moi.
Mais si c'est comme ça, la salope sans coeur va aller sauter un mec au hasard et avaler tout ce qu'elle a de pilules pour "s'amuser". Ou faire une overdose. J'affiche un grand faux sourire, sortant un sachet de drogues de ma poche. De toute façon, une salope de plus ou de moins, qu'est-ce que ça change Je laisse échapper un rire tout aussi faux que mon sourire.
Parce que c'est quand on te prend pour une salope, que tu en deviens une. Mais tu sais quoi ? La salope s'en fout. La salope fait ce qu'elle veut.
Je sors de la piscine et je me dirige rapidement vers l'endroit le plus près où je pourrais être tranquille, et seule.
✯ F IS FOR FAKE FRIENDS
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Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Ven 2 Mai 2014 - 17:55
Des mots qui piquent, des mots qui blessent, des mots pourtant véridiques. Je ne la connais pas c’est vrai - en fait je connais aucune putain de personne qui avait pu faire parti de ma chambre d’avant. En fait, j’ai joué avec les apparences comme elles se sont aveuglées dans les miennes, une engueulade ridicule entre deux types aveugles, entre deux inconnus. Le voile est levé, la vérité apparait - des mots sous le coup de la colère, une tristesse nouvelle. Elles pleurent, toutes les deux, mais moi je ne pleure pas. Je les regarde, impassible, le chagrin écrasé par l’adrénaline du moment, par la colère. Bien trop en rogne pour être triste. Bien trop en rogne pour songer à le montrer. Mais en même temps, bien trop triste pour ne pas être énervé - parce que c’est cet instinct animal, ce désir de protection qui m’a poussé à parler. Parce que je ne regrette rien - sauf peut-être ces paroles impulsives.
« Que j'ai déjà connu l'amour de ma vie, et qu'il m'a changé pour toujours et m'a carrément détruit. - Ok alors t’es juste conne pour le coup. »
Moi pour le coup, je fais pas dans le sentimentalisme. Je la toise comme je l’avais fait avec Anshu, je peste intérieurement comme j’avais pu le faire avec Drew, je la maudis comme j’avais maudit tous ceux qui m’avaient rejeté. Je n’envisage même pas d’excuse, me contente de la fixer en silence. Je l’ai déjà fait, elle l’a refusé - alors c’est la guerre, toutes les vérités vont fuser sans écarts. Ouais c’est ce que je pense, ouais parce que c’est l’impression que tu m’as toujours donné, parce que tu t’es toujours comportée comme tous les types qui traînent dans cette soirée. Alcool, drogue, sexe. C’est génial, tout ça, de faire les pires conneries sous prétexte de s’amuser, de s’amuser sous prétexte de pouvoir faire les pires conneries. Mais moi j’suis pas comme toi, moi j’suis pas comme tous ces jeunes abrutis.
Et ça pleure. Pour le coup, je me sens seul, seul à ne pas chialer comme je devrais être en train de le faire. Je devrais culpabiliser, m’excuser, aller lui montrer tous mes regrets comme je pourrais mais je ne veux pas. L’espace d’un soir, égoïste - regarde donc ce que c’est. Elle s’est emportée elle aussi, elle en subit les conséquences. Elle n’a pas su s’arrêter comme je l’avais fait maintes fois, voilà ce que ça donnait. Je me sens mauvais, je me sens cruel et insensible, mais dans un sens, je me sens bien - parce que je ne suis pas le seul à connaître ça. Comme un désir, un besoin de faire du mal - comme les désirs de ma noirceur. Mes désirs.
Puis, elle lâche tout.
Des larmes, un speech interminable sur sa vie - elle a jeté les armes, sorti les larmes. Le soucis, c’est que c’est déjà trop tard, le truc, c’est que tu m’as déçu aussi Holly. C’est stupide, égoïste, mais tu m’as juste confirmé ce que je pensais. C’est la pièce finalement qui transforme mes doutes en une certitude absolue - il nous a fallut quoi, une minute ? Présence nocive, zizanie. Une minute pour nous engueuler, non seulement nous, mais aussi que tu t’engueules avec Alessia. Pourtant, ce soir, je ne peux pas me résoudre à m’en vouloir - à avoir craqué, parce que je sais que j’ai résisté. Parce que je sais que ce soir, après cette faille d’une seconde, pour toutes ces paroles, ça n’avait été que moi.
Silence à nouveau. Elle s’est barrée. Genre elle fait sa victime - y’a pas plus chiant. Je tourne mon regard vers Alessia, silencieux quelques secondes. Parce qu’il lui faut certainement quelques secondes pour capter ce qu’il vient de se passer - et sûrement quelques une de plus pour comprendre qu’au fond, il n’y avait qu’un seul foutu coupable à ce qu’il venait de se passer : moi.
« Sérieux, il a fallu quoi, une minute ? Une putain de minute et c’est parti en couilles. Tu comprends pourquoi je suis parti maintenant ? Ça n’a duré qu’une seconde mais ça a suffit à créer un bordel pareil. »
Et à la faire ragequit. Mais je ne vais pas en rajouter parce que je sais que bientôt, cette colère disparaîtra - que ma mauvaise foi dissiper, les regrets vont me prendre à la gorge. Je sais que demain, c’est mon passager noir que je maudirais, que c’est ma propre faiblesse que je maudirais. Le truc, c’est qu’on est pas demain, que j’étais certainement aussi remonté qu’elle et que j’avais loin d’avoir la moindre foutue envie de m’excuser. Cruauté humaine ? Sûrement.
« J’attendais pas vraiment de réponse. Et te sens pas obligée de choisir parce que j’me casse aussi. »
Mes mains se glissent dans mes poches et je me retourne, poussant un long soupir qui me fait méditer sur cette soirée absolument merveilleuse. Engueuler sa prétendue soeur avec son ex déprimé c’était plutôt un bon bilan des choses - à peu de choses près, j’arrivais à faire aussi bien qu’à la plage. Noyons nos soucis dans l’alcool - ça a l’air d’être une manière efficace de faire. Je traverse la foule, me dirige vers le bar - bousculant quelques types au passage, sans gêne. J’aurai sûrement pris quelques coups si les gars en question n’étaient pas bourrés au point d’en avoir oublié ce qui venait de leur arriver. Pour moi, la soirée était déjà terminée.
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Sujet: Re: YOUNG, WILD & FREE ✖ Alessia & Gautier Sam 3 Mai 2014 - 22:02
YOUNG, WILD & FREE # feat. Holly & Gautier
« Pourquoi ? Pourquoi ça ? Suis-je une mauvaise personne ? Ai-je fait quelque chose de mal ?
Pourquoi ? Pourquoi en si peu de temps ? Pourquoi est-ce qu'en si peu de temps j'en reçois autant dans la gueule ? Pourquoi est-ce que je me prends tout dans la gueule ?
Pourquoi ? Pourquoi eux ? Pourquoi ceux à qui je tiens le plus ? Pourquoi Holly & Gautier ?
En fait, après avoir prit la parole, j'ai cessé de les écouter. Je les entendais s'engueuler sans capter un seul mot de ce qu'ils racontaient. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils étaient entrain dire ou de ce qu'ils étaient entrain de faire. Je les regardais, la tête ailleurs. J'avais l'impression de ne pas être consciente. J'avais l'impression d'être tombée sans connaissance alors que je tenais encore sur mes deux pieds. Je n'étais pas là mentalement.
Il aurait pu y avoir une explosion & je suis sûre que je n'aurais pas réagis. Non pas par indifférence, mais seulement parce que je n'en aurais pas été consciente. Je n'ai aucune idée de ce à quoi je pouvais bien être entrain de penser. J'crois même que je ne pensais à rien. Mon regard était vide - je regardais le vide. Mes bras étaient lourds, ma tête était lourde - mon corps entier était lourd. On aurait cru que si je ne tenais pas en équilibre, j'aurais pu caler dans cette eau comme une pierre que l'on balance à l'eau. Couler, sans faire l'effort de remonter. Couler. Me laisser couler.
Ça m'arrive souvent, ces temps-ci. Ça m'arrive souvent d'être absente, d'avoir l'air d'écouter mais de ne pas le faire, de faire quelque chose sans m'en apercevoir, de me rendre compte que quelqu'un me parle qu'après qu'il m'ait secoué, qu'il m'est secoué une dizaine de fois avant que je ne sorte de ma bulle. Une bulle - une bulle d'eau. Une bulle d'eau dans laquelle je me noie, petit à petit. Cette bulle qui ne cesse de grandir, qui ne cesse de prendre de l'expansion, cette bulle dans laquelle l'eau devient de plus en plus dense, à un point où je me sens complètement écrasée, où je ne peux plus supporter toute cette densité. Une bulle où je me trouve seule, où ma seule confidente est mon propre être, parce qu'elle me comprend à 100%, parce qu'elle sait ce que c'est que d'avoir la sensation d'être la cause d'une rupture, d'avoir donné l'impression d'avoir rejeté, de culpabiliser, de s'inquiéter. Elle sait ce c'est que d'avoir fait mal, que d'avoir mal, que d'être loin de celui qu'on aime, que de s'être disputé avec celle qui te considérais comme sa soeur, que d'avoir le sentiment de gaffer, de faire une erreur par-dessus une autre. Elle le sait. Et même si cette personne n'est nul autre que moi, il y a des fois où j'y trouve un certain réconfort.
Un réconfort que j'aurais préféré éprouver chez quelqu'un d'autre, dans les bras de quelqu'un d'autre, contre quelqu'un d'autre. Un réconfort que j'aurais aimé éprouver grâce à la chaleur, à la voix, aux paroles, aux gestes de cette même personne. Cette personne qui se trouve à être Gautier, la même qui s'est éloignée, la même que j'ai blessé sans le vouloir, la même que j'aime. C'est lui, c'est celui qui m'a fait le plus rire, celui avec qui j'ai le plus souris & celui qui a su me donner de son amour en échange du mien.
Puis mes larmes cessent de couler. Et je restais là, plusieurs secondes, plusieurs minutes durant lesquelles c'était la pesanteur du silence qui régnait, durant lesquelles mes larmes ont eu le temps de sécher & durant lesquelles les battements de mon coeur ont pu reprendre un rythme régulier. C'était également des instants qui m'ont permis de me calmer, de dissiper cette colère. Ou encore serait-ce du stress ? Ou peut-être de la peur... je n'en sais rien. Mais c'était un sentiment particulièrement désagréable, qui me prenait par la gorge et me donnait l'impression d'étouffer, d'avoir envie d'exploser, de leur dire que c'est assez. Ce même sentiment que je ressentais ces derniers jours, mais amplifié.
Je me fais éclabousser par une personne que je ne connais pas. Elle ne la sûrement pas fait exprès, mais elle m'a permis d'éclater cette bulle qui m'enveloppait.
- ...Elle est partie ? Je relève la tête, avant de constater que lui aussi était parti.
Panique.
Il repart, encore une fois. Il s'en va, encore une fois. Il me laisse là, encore une fois. Ils sont tous les deux partis. Elle, pour l'espace de quelques heures, étant dans la même cabane que moi, mais lui, peut-être pour toujours cette fois. Peut-être que cette fois je ne le reverrais pas, que ce sera la dernière fois que je pourrais le voir, lui parler, avant d'avoir à supporter une fois de plus son éloignement qui durera peut-être plusieurs jours, voire même semaines. J'ai peur.
Je sors de la piscine - mes vêtements, mes chaussures, mes cheveux ; je suis toute mouillée, de la tête aux pieds. Je le cherche du regard parmi la foule, puis je l'aperçois, là-bas. Il se dirige vers le bar.
- GAUTIEEEEER BORDEL !
Je les pousse tous, tous ceux qu'il a poussé lui aussi. J'ai besoin qu'on me cède le passage.
- VOUS ME FAITES TELLEMENT CHIER, TU LE SAIS ? je cherche à le regarder dans les yeux. POURQUOI VOUS PARTEZ ? POURQUOI ELLE PART ? POURQUOI TU PART ? POURQUOI TU T'EN VAS TOUJOURS, GAUTIER ? mes poings se serrent. J'EN AI MARRE DE TE VOIR AUSSI LOIN, JE TE VEUX PRÈS DE MOI. mes larmes recommencent à couler. J'en ai marre... tu comprends pas hein ? Ou peut-être qu'en fait, tu t'en fout tout simplement, et que je t'aime bien trop pour m'en rendre compte.
Puis là, je n'ai aucune espèce d'idée de ce qui aurait pu se passer dans ma tête, mais je sais que je l'ai pris dans mes bras, tout comme la dernière fois, tout comme la dernière fois que je l'ai vu, avant qu'il ne parte pour aussi longtemps - la fois où il m'a quittée. Mes mains s'agrippaient à son chandail exactement de la même manière. C'était comme un besoin, ce besoin de réconfort dont je parlais tout à l'heure, même si en fait, c'était lui la cause de cette tristesse qui m'étouffait depuis maintenant quelques temps, ou plutôt, c'était simplement dû à cette distance qu'il avait créé.
- Tu m'as tellement manqué. pas toi ? ça ne m'étonnerait pas que ce ne soit pas le cas. ...beaucoup trop, même.
Et c'est là, et seulement là que je me rends compte que j'étais restée dans cette position durant plusieurs secondes. Trop de secondes. Je me recule brusquement.
- ...Désolée. Je me suis pas aperçue que je... que je te... enfin... je suis désolée. Ne bois pas trop, aussi. je secoue la tête. j'suis trop bête. et dire que je me prends encore la tête pour qu'il fasse attention. ... désolée pour ça aussi.
Mon regard se pose sur lui une dernière fois, puis je lui tourne le dos et je m'en vais. Je cherche une poubelle dès que je pose le pied dehors. J'ai besoin de vomir, j'peux plus me contenir. J'ai à peine mangé et j'ai besoin de tout vider. J'en ai marre. »