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 Disgust || SARAH

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MessageSujet: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockVen 12 Sep 2014 - 0:49

Disgust - Shane & Sarah

Sa main vient rabattre d’un geste sac ses cheveux sur le côté droit de sa tête, un maigre sourire de satisfaction s’empare de son visage d’un froid sans égal quand il observe son reflet dans le miroir. Il agite les épaules, tourne la tête de part et d’autre pour en vérifier l’intégralité. Quand enfin, il se recule du miroir pour observer son image d’ensemble, la conclusion est évidente pour le cerveau détraqué de Shane : il est tout bonnement parfait. Sa main vient effacer l’un des rares plis présents sur sa chemise pâle, marquant la fin de la préparation physique de sa Majesté l’éternelle insatisfaite. Il a beau rechercher toujours plus, il est incapable d’imaginer sa propre personne dans un stade supérieur - et, chaque matin, se complait à observer cette beauté qu’il incarne.

Ce jour était spécial, et ça n’était pas sans raison : Shane partait en pension. Convaincu depuis sa naissance qu’il était exceptionnel, l’arrivée de ce don témoignait aujourd’hui de la véracité de ces pensées qu’il avait entretenu malgré les pensées qu’avait bien pu avoir son paternel. Ayant ouvert lui-même son courrier, il avait annoncé la nouvelle de son départ de façon théâtrale, comme une évidence qui n’attendait que de se confirmer - sur un ton qui mélangeait satisfaction et provocation. C’était à ça que ressemblait sa relation avec son père depuis l’accident, sans compter ces horribles cicatrices qui marquaient ce visage déjà pourri par l’âge et le temps. Et, comme si ça ne faisait pas déjà assez pour qu’il ne le dégoûte, il lui rappelait Sarah.

Alors, Shane ne prit même pas la peine de lui adresser un regard quand il grimpa dans le train pour se rendre à Prismver. Il était heureux Shane, à l’idée de se séparer de ce qui n’était à présent rien de plus qu’une abomination. Trois années sans le revoir, il ne pouvait rien demander de mieux - et un vent de satisfaction lui traversa l’estomac quand il s’affala dans son siège, lorsqu’il repensait à la mine décomposée de son père la veille. Quelle victoire. Il n’aurait probablement pas pu partir pour une école de meilleure humeur.

***

Il serra les dents, repensant à cet homme qu’il avait croisé dans le hall lorsqu’il avait dû porter ses papiers administratifs au secrétariat. Ce type, au visage carbonisé, l’expression aussi laide que la partie morte de son crâne - Shane tira la langue, se fondant en une mine dégoûtée à la simple pensée de cet homme. Trois heures plus tôt, il entrait dans le train avec une bonne humeur parfaite ; à présent, il entrait dans sa chambre, le visage fermé. Son regard balaya la pièce et il ne fallut qu’un instant pour trouver le qualificatif parfait pour cette chambre : dégueulasse. Sa langue glissa sur ses lèvres, le regard fixé sur l’unique canapé du salon. Avec un tel budget, ils auraient pu se payer un décorateur d’intérieur - pour l’anglais, il semblait irrationnel que les gens n’aient pas un sens décent de l’esthétisme.

Résolu à affronter une vision aussi chaotique le temps de négocier un nouveau mobilier, le marionnettiste poussa la porte de sa chambre, en observant les moindres détails. A défaut d’être belle, Shane pouvait au moins lui accorder d’être rangée. C’est un profond soupir qui vint témoigner de l’étendue de son désespoir, quand enfin il se décida à poser ses deux valises dans un coin. Il saisit le sachet plastique qu’il s’était coincé sous l’aisselle, contenant l’uniforme scolaire du pensionnat. Il ne savait même pas pourquoi il l’avait prise, sachant pertinemment qu’il était hautement improbable qu’il se présente avec une horreur pareille sur lui.

Il s’attarda un instant sur la cravate verte qui accompagnait le tout, seul élément potable de la tenue à son goût, et s’affala sur le lit un instant. Il repensa à tout Shane, à tout ce qu’il avait parcouru jusqu’ici, et les nouveaux horizons que lui offrait cette école. Rictus cruel dessiné sur le coin de ses lèvres, il se redressa, se dirigea vers la porte, décidé à faire un tour de promotion avant la visite qu’il aurait demain en compagnie d’un membre du personnel.

Seulement, ce qu’il vit en ouvrant la porte le figea pendant quelques instants. Ou plutôt, celle qu’il vit. Son rictus se déforma en un sourire glacial, l’expression de son visage changea du tout au tout. Il avait son propre visage en tête Shane, pour l’avoir vu maintes fois dans la glace. C’était cette expression bourrée d’une satisfaction indescriptible, cet éclat cruel qui nichait dans son regard d’ébène, et plus que tout, cet insupportable sourire hypocrite qui trônait sur ses lèvres, comme la preuve de la victoire d’un combat qu’il venait de commencer. Décidément, rien n’aurait su être plus amusant pour Shane que de croiser Sarah Edwige Blackmore dès le premier jour de son arrivée à Prismver.

« Tu n’as vraiment aucun respect pour personne. »


Il s’avance, longe le panneau d’affichage et retire une à une les punaises de ce dernier, laissant les papiers glisser sur le sol sans aucun respect. Son expression se durcit, sa voix se fait plus sèche, franche, méprisante. Ses doigts jouent avec les punaises, simple occupation manuelle à la connotation dangereuse. Elle le connait, Shane, lui ne fait que lui rappeler ce qu’il est capable de faire.

« Imposer au monde la vision de l’horreur que tu es. Quelle cruauté, Blackmore. »

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockDim 14 Sep 2014 - 2:58

loath.

Et c’est tombé comme ça, de nul part, sans prévenir.
J’avais beau avoir dit à Etienne que je m’attendais à ce que quelque chose arrive dans ma vie bien trop douce et calme en ce moment, je ne m’attendais pas à. A ça. Qui aurait pu s’attendre à ça ? Entre toutes les merdes que j’avais pu affronter - entre tout ce qui aurait pu tomber, c’était bien la seule chose à laquelle je ne m’étais pas préparée.

J’étais debout dans le salon, à fumer tout en rangeant quelques détails de-ci de là. “Ranger” n’étant peut être pas le mot - vu que je ne faisais qu’enlever les conneries que Sil’ avait accroché un peu partout. Tout en prenant soin de mettre un peu de vie dans toute cette organisation plus qu’effrayante. Bref, c’était le moment le plus banal d’une journée banale.

Mais comme d’habitude, la vie est cette salope qui vient trouver la douleur et la peur dans les recoins les plus secrets de votre coeur. Une garce qu’on entretient, une garce à qui l’on donne tout pour une simple caresse - et qui vous gratifie d’une gifle au lieu d’un baiser.

Debout dans le salon, mon sang s’est glacé dans mes veines. Mes lèvres qui tiraient sur ma clope se sont serrées brusquement, m’étouffant de tabac. Mes phalanges ont blanchis, crispés autour de ma jupe d’uniforme. Et mes yeux se sont heurtés aux siens.

Shane. Un nom. Des mots. Un visage.

Il avait exactement le même visage que sur les photos d’il y a 4 ans, sur les photos que j’avais brûlées dans l’espoir d’oublier. Les mêmes traits droits, coupés au couteaux, la même pâleur cadavérique, et les mêmes yeux - si profonds mais pourtant vide, vide d’émotion. Vide de regrets. A quoi tu pensais encore Sarah ? Que cette séparation avait été un malentendu, une erreur, quelques mots échappés sous le coup de l’émotion, de la surprise ? Peut être. Peut être qu’une part de moi, l’ancienne Sarah, avait l’espoir, l’envie de trouver du remord dans ses yeux. Dans ses mots.

Quelque chose d’autre qu’un salut dégoulinant de mépris - qui faillit me faire tomber sur les genoux.

Je croyais pourtant qu’elle était morte, la Sarah de Shane. Il l’avait bien crevée, ce soir là, et jetée aux orties. Elle semble vouloir pleurer, trembler, se couvrir la bouche pour étouffer un sanglot. Mais rien ne vient, à part une montée de bile qui m’envahit la bouche alors que j’enlève ma cigarette d’entre mes lèvres. Oui, elle est bien morte, raide, inutile l’ancienne Sarah - celle qui l’aimait. Celle qu’il avait trompé de mots et pourri de l’intérieur - dévoilant le monstre qui dormait en lui.
En un éclair, c’était la colère, la haine, et tout le dégoût du monde qui m’avait calciné les os et envahit le sang. Est-ce que c’est ça, ce que Drew avait ressenti en croisant mon regard ? - pendant tout ce temps. Si c’est le cas, je me demande bien comment il avait réussi à ne pas me tuer tout de suite.

La rage s’empare de mes veines comme un fulgurant poison. Et mes poings se mettent à trembler - trembler si fort face aux souvenirs. Face à ce malaise qu’il creuse entre mes côtes. Je veux qu’il me rende tout ce qu’il a pris de moi. Mon innocence. Ma beauté. Je veux qu’il replace mon coeur de fille aimante dans ma main - bien nettoyé du bordel qu’il avait fait de moi. Je veux qu’il se plie, qu’il se courbe sous ma lame - celui qu’il a lui même aiguisée. Je veux qu’il m’enlève cette sensation de faim inassouvie qui reste toujours, comme un creux, un néant dans mon ventre.

Je veux qu’il disparaisse de ma vie, qu’il ne soit qu’un mauvais rêve. Je veux sortir d’ici. Je ne veux pas être seule avec lui.
Ses doigts glissent sur les punaises - et il me vient l’envie de lui les enfoncer dans les yeux. Barbarie, sauvagerie. J’étais une jolie jeune fille avant qu’il ne me prenne dans ses bras - et c’était lui qui avait fait de moi un animal. Déjà enragée et prête à s’élancer.

« Qu’est ce que tu fais ici. » Rauque, puissant, vibrant de colère.
Es-tu seulement réel, où est-ce mon esprit qui, en manque de malheur, est allé cherché au plus profond de mon âme la pire de mes terreurs. J’écrase ma clope dans le cendrier près de moi, et avance - avec mes épaules frêles mais mon corps droit. Ma dignité fière. A chaque pas, mon coeur hurle, crie à la vengeance - s’amplifiant de plus en plus à m’en donner le tournis. Je m’arrête à deux pas de lui. Et c’est assez pour sentir. Sa présence, son odeur, son ombre qui me tient encore dans ses griffes. Me tiendra toujours. Si il avait été physiquement absent de ma vie pendant 4 ans, sa voix était dans mon esprit à chaque fois que je me voyais dans un miroir. A chaque fois que, le coeur battant, j’osais dévoiler mon corps à autrui.

Démon personnel tout droit sorti d’un de mes plus sombres cauchemars. J’avale ma salive.

Si je ne tiens pas, je vais m’écrouler au sol - si je m’écroule au sol, je me mettrai à pleurer. Et plutôt crever que de verser des larmes devant lui. Mon regard glisse une nouvelle fois sur lui, de haut en bas. Passe sur sa cravate bien serrée, sa chevelure bien ordonnée. Mes lèvres se déforment en un rictus moqueur - mais tout aussi bien douloureux. Pourquoi je n’avais pas réussi à tuer ces souvenirs, ces détails ? Je connaissais ces détails - je le connaissais beaucoup trop.

« Et ton existence même, ce n’est peut être pas de la cruauté aux yeux du monde ? » Je pose les mains sur le bord du sofa, juste derrière moi. Appui de secours. « Je répète. Qu’est ce que tu fous là, Shane. »

Pourquoi.
Pourquoi.
Réponds moi.
Parle avant que la hyène éternellement affamée que tu as fait de moi se jette à ta gorge. Ta gorge si pâle, si blanche, si puante d’inhumanité. Cadavre ambulant.

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockDim 14 Sep 2014 - 16:01

Disgust - Shane & Sarah

Et c’est la satisfaction qui tiraille son visage, la sensation de domination et de puissance qui l’emplit, forme ces sourires cruels sur ce visage si blanc. Car pourtant, il n’y a plus rien de blanc en lui sinon la peau de son visage fendu par une âme si mauvaise. Et il sait Shane, il sait qu’elle est toujours là, la fille qu’il a autrefois brisée, il sait qu’elle vit toujours, cette part d’elle qui avait trouvé le moyen de l’aimer. Il l’observe, la toise de ses yeux d’obsidienne et voit encore la petite fille qu’elle était il y a quatre ans - faible, fragile, candide. Aujourd’hui, son simple regard réussit à le convaincre qu’elle est bien différente de celle d’autrefois, mais il s’en moque. Il la voit dans son regard, cette peur viscérale qu’elle a toujours à son égard.

Pour lui, c’est jouissif. Il se délecte de cet agréable sentiment de la tenir au creux de sa main, la regardant se débattre. Ses regards durs et son visage sombre lui font l’effet d’efforts futiles, lui qui n’a besoin que de sa présence pour l’écraser de terreur. Alors, Shane se tait, Shane observe, Shane profite. Shane vibre de puissance quand sa colère et son impuissance éclatent au grand jour, Shane existe, quand ce qui lui apparaît comme l’horreur absolue avoue sa peur de part ses gestes. Elle est affectée Sarah, bien qu’il ne pourra jamais l’être par sa faute. L’anglais a placé cette barrière, ce frein à ses émotions qu’il s’est toujours refusé à franchir - et c’est ce qui, plus que de le sauver, lui offre tout ce plaisir malsain aujourd’hui.

Qu’est ce que tu fais ici.
Elle est faible Sarah, faible devant tout le Mal qu’il représente. C’est par sa faute qu’elle s’est engagée sur le sombre sentier, raison pour laquelle elle ne pourra jamais le dépasser. Et, peu à peu, cette cruelle vérité remonte dans son cerveau, lui offre ce goût de victoire pour un combat qui s’achève alors qu’il vient de commencer. Droit comme un pic, fier de sa nature, il la toisait de haut, il la toisait de son trône d’ébène, à l’aise dans ce royaume qu’il estimait sien. Elle n’avait rien à faire là, rien à faire du mauvais côté de la barrière. Trop faible, trop fragile, il se sentait capable de broyer les restes de sa fondation d’un simple mouvement, étanche à tout remord. Et c’est ça, au fond, qui créait la différence entre le seigneur et le simple vassal du mal.

Ecrase-la, Shane.
Ecrase les vestiges de cette humanité.
Ecrase les restes de cette beauté.
Ecrase-la, cette imperfection qui tiraille ton monde si parfait.

« J’ai un don, moi aussi. Et c’est peut-être le seul point commun entre nous qui ne sera pas apte à me dégoûter. »

Il ne retient plus ses mots Shane, il se moque de briser ce qu’il estime déjà en miettes. Maintenant que son jouet a été fissuré, il ne voit plus d’intérêt à prendre des gants. Il ne voit plus aucun intérêt à toucher à la médiocrité, à ce qui ne pourra jamais atteindre l’apogée de la beauté. Ton temps est révolu, Sarah, et il se moque de voir jusqu’où tu descendras, maintenant que tu as quitté sa collection. Tu es l’ange déchu, le brouillon qu’il ne pourra jamais plus accepter. Et, cruellement, il t’observe, seule, te perdre, dénuée de repères. Et, cruellement, torture ce paria, n’ayant maintenant pour seul appui qu’un sofa miteux dans un salon partagé et submergé par un piétinement commun sans cesse.

« Débarrasser le monde de ton abomination est loin d’être de la cruauté, pour moi. La beauté est cruelle, Sarah. Tu étais belle, mais il a suffit d’un petit incident regrettable… »

Familier. Moqueur. Franc.
Il lance la punaise en sa direction, pic pointé vers le front de la demoiselle. L’objet file, à une vitesse sans précédent, prêt à transpercer sa peau déjà hachée par son passé. Et puis, la punaise s’arrête, à quelques millimètres du front de Sarah, retenue par le long fil qui la noue au doigt de Shane, tendu au maximum. Elle reste là, flottant pendant quelques interminables secondes, puis retombe sur le sol, le son couvrant le silence de la pièce. L’ambiance est plus pesante que jamais, et Shane s’en nourrit, heureux de pouvoir user de son pouvoir comme il a toujours rêvé de le faire.

Pour entretenir la terreur, ce qu’il y a de plus plaisant.

« Tu n’as plus rien Sarah. Tu ne me mérites plus. »

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockJeu 25 Sep 2014 - 21:57

loath.

La Reine Sarah crie sa haine, sa vengeance, la Reine fait la forte, mais la Reine est déjà échec et mat.

Il y a pas plus tard que 10 minutes, je me sentais remplie d’une force nouvelle, naissante - d’un sentiment de confiance neuf. Etranger. Et il avait juste fallu qu’il arrive pour détruire, briser les chevilles de cette timide Sarah qui essayait d’être heureuse. Alors c’est ça ? Toutes ces années, toutes ces erreurs, toutes ces douleurs pour revenir au point de départ ? Pour se retrouver au centre de son emprise, les nerfs vifs d’une terreur tachée de haine ? Pourquoi pourquoi pourquoi tout est aussi injuste, pourquoi - Pourquoi toujours moi. Mon existence est-elle un crime à ce point ? Au point que le monde même s’est mis en tête de me détruire ? Ma machoire se serre, alors que mes ongles s’enfoncent dans le cuir du sofa. Ma gorge me brûle. Me brûle de la même manière que lorsque je courais m’agenouiller devant la cuvette des toilettes pour vomir. Âcre, acide, douloureux.

La rage, la colère sont là, mais elles sombrent lentement, laissant la place à tout le reste. Ce reste. Carcasse vide. A toutes ces émotions qui manquent de me briser, de me faire tomber au sol, de me remettre dans cet état instinctif de défense. Prostrée. Griffante. Noyée. J’ai bravé la culpabilité, la haine de Drew. J’ai vaincu la descente aux enfers de Marwin. Et j’ai accepté l’amour d’Orwenn. Mais tout ça ce n’est plus rien, face aux mots du tout premier homme qui m’a brisé. Des mots sans le moindre signe d’attachement - étais-je donc seulement un objet ? Une poupée qu’on pouvait jeter à son gré ? Dire qu’il était l’homme que j’ai aimé le plus longtemps - 2 ans de baisers et de paroles glissées - 2 ans à nourrir à son égard les sentiments les plus purs. Les plus profonds.

Dire que tout ça n’était qu’une illusion.
« Tu étais belle, mais il a suffit d’un petit incident regrettable… »
Des points lumineux envahissent mon champ de vision. L’odeur d’hopital, les voix, la terreur, le dégoût. Mes pas pressés qui se dirigent vers lui, mes mains qui l’enlacent, sa bouche contre mon cou. Les caresses, les baisers, les vêtements qui tombent au sol. Moi, qui le coeur battant décroise les bras de ma poitrine suturée. Les yeux brillant, presque timides qui se heurtent à son mépris. Et puis finalement, la douleur vive à en crever.

Toutes ces sensations me reviennent, sortent du gouffre du souvenir et me font trembler. Frissonner. Quelque chose dans mon ventre se noue - un noeud, long noeud coulant au bout duquel pend le corps de cette pauvre petite Sarah. Une punaise vole en l’air - et j’ai soudainement l’impression d’être la fille attachée à la cible, proie au lanceur de couteau. Impuissante - si impuissante. Un feulement de rage meurt sur mes lèvres.

Je peux pas me laisser faire comme ça. Il faut que je me relève. Que je joue. Que je visse ce masque de vices à ma peau.
« Tu n’as plus rien Sarah. Tu ne me mérites plus. »
Rigole Sarah. Fais en sorte que ta propre voix te redonne la force d’accomplir la vengeance qui barre ton coeur - puise la force dans son mépris.

« Aucune personne ne mérite un monstre comme toi, Shane. Aussi mauvaise soit-elle. » Le coeur qui bat, le coeur au bord des lèvres. L’instinct de survie qui reprend le dessus, une dernière fois avant que je tombe en pièces. Le sourire travaillé - parfait, qui s’affiche de nouveau. Lèvres carmines sur visage pâle.

« C’est toi qui a les mains vides, Shane. Et ceci depuis que tu m’as perdue. » Je me donne une impulsion du bout des doigts, avançant contre mon gré vers lui. Je sais que ma peur est visible, palpable - et je sais que je ne pourrais jamais la cacher. Ni l’effacer. Mes pieds nus se plantent dans le sol, et mon regard se plante dans le sien. Pendant un infime moment, je résiste à l’envie d’écraser mon poing dans son visage - la vision de sa mâchoire craquant sous mes phalanges me procurant ce dangereux plaisir, grisant.

« Tu sais Shane, je ne pensais pas te revoir. Plus jamais. A vrai dire, je m’étais même fait la promesse de t’oublier complètement après ce que tu m’as infligé. » Mon visage se penche vers lui, et mon sourire s’étend un peu plus - reflet de mon mal. « Et tu sais pourquoi ? Tu sais pourquoi je voulais t’oublier ? Parce que si je continuais à penser à toi, j’étais sûre d’aller te retrouver. Pour te détruire. Pour te crever. Pour te faire devenir celui qui coupe l’envie. » Ma voix jusque là suave a eu un raté sur ces derniers mots. Comme une corde d'arc qui libère sa flège. La rage jusque là sous contrôle déborde, vient faire trembler mes jambes. Mes bras. Mes lèvres.

Enivrante, délicieuse sensation de perdre tout contrôle.

« Jamais. J-jamais je ne te pardonnerai. Jamais. Jamais. Et je ferais en sorte que chaque jour, chaque heure, chaque minute de ta vie soit un enfer. » Adrénaline, poussée violente, quand j’avale ma salive, je découvre avec surprise mes doigts autour de sa gorge. Mes ongles plantés dans sa chair. Les poignets secoués de spasmes. Quelque chose de liquide et brûlant me lacère les joues - des larmes, des larmes de rancoeur, de fierté brisée, d’humiliation. Les larmes de la Sarah qu’il a tué, et dont il vient tourmenter le cadavre.

Deux larmes.
C’est tout ce qu’il obtiendra de moi.

Mes mains lâchent leur emprise alors que mes jambes partent en arrière. Le sanglot qui bloque ma gorge m’empêche de rire - pourtant c’est ce que j’ai envie de faire.
Rire de lui, rire de moi, rire de nous.
Ce nous qui a et aura été la plus grosse erreur de ma vie.
Ce nous que je rayerai définitivement de mon être. Finalement l’éclat surgit, pourfendant l’air - pareil à un morceau de verre - rire coupant, visant sa gorge.

Nous avons toujours tout fait ensemble Shane. Toujours été deux contre ce monde. Âmes fusionnelles que nous étions. Et c'est bien pour ça que si tu me détruis, j’en ferai de même. Rien de plus simple que ça.


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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockVen 26 Sep 2014 - 3:09

Disgust - Shane & Sarah

Shane reste silencieux quelques instants, glissant ses doigts sur sa propre gorge pour en caresser la surface. Il ne s’y attendait pas, à voir le premier jouet de sa collection se relever après avoir été brisé. Il ne s’attendait pas à la voir répondre ainsi, faire preuve d’une telle force dans sa souffrance. En un mot, il avait sous-estimé Sarah, et ces fluctuations sur son corps jusque là exempte de défauts l’enrageaient véritablement. Il écarquilla les yeux, découvrant du sang au bout de son index, les dégâts que l’emprise musclée qu’elle lui avait porté avaient faits. Il avait baissé sa garde Shane, parce qu’il pensait cette victoire acquise dès lors que ses jambes avaient ployé quand les premiers mots sincères à l’égard de Sarah avaient franchi ses lèvres.

C’était là, sa première erreur, et il en payait le prix fort. C’était lui, qui avait transformé cette reine blanche en une pièce grisâtre, noircie par ses tourments, c’était lui qui s’était créé une opposition qui était plus fort qu’il ne saurait l’imaginer. Il n’aurait jamais pensé ça Shane, il n’aurait jamais soupçonné une telle force chez celle qu’il avait brisé en trois petits mots. Et ces cicatrices, cette imperfection sur son corps qu’il entretenait si bien, c’était le prix de sa vanité, les conséquences d’une trop grande négligence. Il l’avait faite tomber de haut Sarah, mais visiblement, elle avait su se relever plus forte que jamais de cette chute terrible.

Mais ses jambes, face à lui, étaient encore vacillantes.
Shane releva son visage, croisant cet agaçant sourire arrogant, toisant cet insupportable regard ébène, au fond duquel résidait cet éclat de force et de détermination. Il vit tout ça Shane, toute cette puissance qu’elle renfermait, toute cette force qu’il avait lui-même éveillé - et ça le rendait fou, fou de joie et d’amertume, fou de retrouver la beauté dans cet éclat brisé. L’éclat nouveau d’un diamant brisé maintenant devenu obsidienne. Son sourire s’élargit, son visage se fendit en une expression de plaisir, le visage depuis longtemps tiraillé par cette folie qui le faisait vivre. Il était heureux Shane, heureux de trouver une compensation dans la destruction de son plus beau joyau. Pour la première fois depuis qu’il était parti, il se sentait bien. Il se sentait mieux que jamais.

« Je suis heureux Sarah. J’ai réussi à te rendre un peu moins pitoyable. Désormais, tu sembles valoir un peu plus que la gamine écervelée qui traînait à mes pieds. »

Les mois sont durs mais sincères. Il n’est plus hypocrite Shane, il ne cherche plus à la détruire par le mensonge. Il la toise, et c’est la sincérité qui se voit dans son regard ; il la toise, et c’est un mélange de mépris et d’admiration qui brille dans ses yeux. Il est fier Shane, qu’elle ait su se relever de ça pour en devenir meilleure. Il est fier, mais le liquide écarlate qui tâche son doigt le contrarie. Contrarié, et plus dangereux que jamais - il lève son regard vers le plafond, s’improvise une réflexion. Plus que jamais, il a envie de la briser, la mettre en pièces pour faire disparaître toute cette arrogance qui semble l’avoir gagné. Il a beau aimer cette nouvelle part d’elle, il déteste se voir défié par celle qu’il avait manipulé pendant si longtemps.

Et ça, ça, le rendait fou de rage.
Ses mains pianotèrent l’air, manipulant ses fils invisibles avec précision, emprisonnant les bras de Sarah dans son dos. Son corps vint se plaquer, presque trop violemment, contre l’armoire, son visage relevé pour que son regard croise celui de l’anglais. Il détestait se salir les mains Shane, et cette soirée ferait une exception à son schéma habituel. Sa langue glissa sur ses lèvres et cette expression de satisfaction vint se glisser à nouveau sur son visage, masquant l’étendue de la rancoeur qu’il avait maintenant vis-à-vis de Sarah. Il comptait lui faire payer ce qu’elle avait fait, et pour ça, il n’aurait aucun scrupule.

« C’est impossible Sarah, tu ne peux pas gagner. Viens, essaie donc, fais de ma vie cet enfer dont tu parles ! Nous savons tous deux comment ça finira. C’est moi qui jouera avec toi, et au final, tu seras l’unique personne à en souffrir. »

D’un geste vif, il sortit un mouchoir en tissu de sa veste, le dépliant d’un mouvement de poignet. Le tissu vint tamponner la peau de la D pour essuyer ses larmes, la laissant toujours privée de mouvements à cause du pouvoir. Prenant son temps, Shane replia son mouchoir, le rangeant de la même façon que précédemment. C’est comme si elle n’était qu’un caillou sur son chemin, dans ses habitudes - il la balayait d’un revers de main, sans laisser la moindre trace dans son tableau si parfait. Elle pouvait y faire Sarah, avec ses phrases cinglantes et sa haine viscérale, mais le Shane d’aujourd’hui était bien incapable d’en ressentir la moindre chose.

« Je ne suis pas un monstre, tu as simplement refusé d’accepter la réalité des choses. Tu as perdu toute beauté, et avec ça, tout l’intérêt que j’avais pour toi. »

Ses mains viennent serrer le coup de la demoiselle, son regard d’ébène se plante dans le sien, le défiant sans mal pour lui exhiber l’étendue de sa cruauté. Regarde Sarah, vois-tu l’indifférence dans ses yeux ? Vois-tu la cruauté de mon coeur ? Vois-tu l’indifférence de mon âme ? Il plante ses ongles Shane, teint ses propres mains de ce liquide écarlate pour le plaisir de sa vengeance. Et puis, ses mains viennent glisser sur son cou, descendre le long de son dos en évitant soigneusement les cicatrices de Sarah, son visage frôle le cou de la déléguée toujours immobilisée, son souffle chaud caressant sa peau glaciale pour en raviver les souvenirs de nombreuses heures de plaisir. Et puis, plus rien - il se redresse, creuse à nouveau la distance entre eux, insensible, après avoir réveillé en elle ce plaisir menteur.

« Tu te penses spéciale, Sarah ? Importante ? Laisse-moi rire. C’est parce que tu continues de te voiler la face que tu ne pourras jamais m’atteindre. Mais plus encore, parce qu’au fond de toi, tu continues de m’aimer. Inexorablement. »

Monstre.

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockMer 1 Oct 2014 - 3:22

loath.

« Je suis heureux Sarah. J’ai réussi à te rendre un peu moins pitoyable. Désormais, tu sembles valoir un peu plus que la gamine écervelée qui traînait à mes pieds. »
Le rire se bloque dans ma gorge. Pars en fumée. Pourtant, mon regard continue de le brûler, de prier pour qu’il tombe en cendres à mes pieds.
Que croit-il ? Qu’il est celui qui m’a construite ? Façonnée ? Non non non. C’est moi qui, toute seule dans mon chagrin, ai griffé ma chair pour changer de peau. C’est moi qui, en rejetant tous ces autres, en brisant tous ces coeurs, me suis bâtie. Reconstruite.  Et je devrai le remercier pour ça ? Lui qui a pris mon innocence. Ma candeur. Qui a changé l’amour de mes rêves en passions dévastatrices.

Je me suis blâmée, blâmée pour tout - mais maintenant qu’il est revenu, c’est à son tour de porter le poids de ma haine. Tout est de sa faute.

L’humidité de son sang sous mes ongles fait picoter le bout de mes doigts. Me donne la force de rester debout. Et une fois de plus, je me retrouve telle que je me suis toujours détestée - trop humaine. Violente. Cruelle. Tais toi mon coeur, pourquoi tu ne veux pas te taire ? Plaquée au mur, empêtrée dans ses fils arachnéens, je ne cherche pas à me débattre. J’ai depuis longtemps compris que se débattre est inutile - que c’est calme, avec de la glace dans le sang, qu’il faut frapper. Je sens derrière ma tête le bois de ma commode, et je sens dans mon poignet une douleur - pas assez grande pour vouloir crier, pas assez petite pour l’ignorer. Mes lèvres tremblent toujours - alors que mes yeux secs de toute larmes continuent de le maudire.

Oh oui, je ne peux pas faire grand chose. Je n’ai pas de don offensif, je n’en ai jamais eu, et je n’en aurais jamais eu. Ma seule arme sont mes mots, mon souffle - cet opium que je glisse sous leur peau pour lentement les empoisonner. Non, Shane, je ne te briserai pas de suite - ce serait trop simple. Pour toi, j’ai envie de quelque chose de spécial, de quelque chose de lent. Douloureux. D’une cruelle et insensible agonie.
Est-ce que tu la vois vibrer au fond de mes pupilles, cette envie de te blesser ? Moi je la sens, elle implose dans chacune de mes cellules - qui faute de pouvoir crier, s’animent et s’enflamment.

Puis, tu t’approches.
Et là, c’est le dégoût qui afflue dans mes veines, le rejet - et mon dos qui se cambre, s’arc-boute contre l’armoire. Tu m’as touché, tu me touches - comment oses-tu, comment peux-tu ? “Ne me touche pas.” C’est presque un cri, un hululement de rage pur sort de ma gorge alors que je tourne la tête pour éviter son contact. Réaction viscérale. J’ai beau savoir qu’il ne faut pas se débattre, je ne peux pas. Pas supporter sa peau. Pas le supporter lui.

C’est lui, en entier, en intégralité - que j’exècre, que je hais, que je tue.
Peut être même plus que moi même.

Mes mains serrés en poings, ongles plantés dans mes paumes - je suis à deux doigts de crier. C’est ce que j’aurais fait, d’ailleurs, face à tout autre. Crier pour les étouffer de désespoir. Crier pour les faire crouler sous le poids de tout ce que subis et ce que je m’inflige. Mais face à lui, il était hors de question de crier. Partager avec lui mon mal - qui est tout ce que j’ai et tout ce que je suis - aurait signifié lui donner trop d’importance.
Tout ce que je veux lui donner, c’est de l’indifférence. Une froide indifférence qui l’étranglera pendant son sommeil.

Ses mains autour de mon cou, son souffle contre moi - la bile qui monte dans ma gorge. Et de sa gorge, ce sont les mots toujours aussi distordus qui me parviennent presque étouffés.

« Mais plus encore, parce qu’au fond de toi, tu continues de m’aimer. Inexorablement. »
Le rire. Tordu, défoncé, désabusé, grotesque. Le rire qui me fait tomber à genoux, tête en arrière - me faisant mal aux côtes, pourrissant tout l’intérieur de mon corps.
Ridicule, tout ça était vraiment ridicule. Comment pouvait-il penser - ou tout du moins oser dire que je pouvais l’aimer encore. De tous les hommes que mon coeur avait voulu posséder, il était le seul qui avait définitivement été rayé, effacé. Un vrai record de monstruosité.

« Non Shane. Non. » Non Shane, je ne t’aime plus. Non Shane, tu m’apprends à faire la parfaite distinction entre la haine et l’amour qui ont toujours été bien trop proches.
Et si ma peau a vibré, frémit sous ton contact - c’était bien de désir. Désir de te détruire et de te faire payer pour moi, pour moi, pour ces salopes qui sont tombées comme moi et encore pour moi.

« Je ne t’aime plus Shane. » Lèvres étirées en un grand sourire, presque trop rayonnant, heureux. Non, je ne t’aime pas malgré tout le mal que tu m’as fait - oui j’ai réussi à surmonter ça. Je l’ai surmonté dès l’instant où tu as parlé en arrivant.
Et maintenant, quand je le regarde, je ne vois rien. Car il est vide Shane. Car il est juste cet égoût où les filles comme moi vomissent leur haine. Cette fosse, abysse sans fond dont je ne peux plus supporter la vue.

Alors je ferme les yeux.
Genoux toujours au sol, sourire toujours en place, sentant sa présence juste devant moi. Je ferme les yeux. Efface son image de ma rétine. Et tout de suite, je me sens presque mieux - tellement mieux parce que -

« A vrai dire, le simple fait de te regarder me dégoûte. »
Parce que mes mots résonnant à mes propres oreilles sont si violents, si durs - mais si vrais qu’ils me font trembler, qu’ils me font m’aimer.
Parce qu'en parlant comme lui, j'ai l'impression de lui voler quelque chose - comme il m'a dérobé un morceau de ma vie.
Parce que à détruire sans culpabilité, je me sens libre. Si libre.
Enfin libre.


I want my innocence back And if you can't pacify me
I will break your bones You think I'm bluffing just try me

Il plongea dans un océan infini d’espoir. Il vit milles éclats d’optimisme. Il vit la fraîcheur. Il vit les rires. Le visage de Jim. Sous les doigts de Sarah, les lèvres du Roi Blanc s’étirèrent en un sourire infime. Les pupilles noisette disparûrent derrière ses paupières closes, et comme Sarah, le regard d’Etienne resta accroché à cet infime sourire.

Il ressenti alors cette pulsion. La joie. Un battement de coeur, une goutte d’adrénaline. Ce sentiment qui vous dit que la vie est sublime, et qu’il faut jouir de chaque instant. Ce sentiment qui vous donne des ailes, vous donne envie de courir, sauter, d’éclater en un milliard de particules de bonheur se laissant porter par milles et un vents.

▬ Je suis là. J’ai toujours été là, et je le serai toujours.

Alors c’était ça, la magie de Jim Reed. C’était tout simplement le regarder. Le regarder, et voir le Bonheur. L’artiste su à cet instant que si il aurait à donner un visage au bonheur dans l’une de ses oeuvres, ce serait celui-ci. Jim était le bonheur. Etienne se sentit bien. Et voila. Il avait été touché par le soleil. Qu’importe. Qu’importe les jalousies, les fierté. Il était heureux que ce gars soit là pour Morgan et Sarah. Et ça ne l’empêcherait pas à lui d’être là également. Au contraire.

Contagieux. Etienne, dans son regard qui vint couvrir Sarah d’une affection infinie, possédait l’espoir, l’optimisme, la joie de vivre. Et il voulait transmettre ça à Sarah. Plus que tout. Qu’elle prenne, qu’elle remonte, au moins pour un temps. Car contrairement à Jim, Etienne comprenait qu’elle veuille replonger, encore et toujours, éternellement. Il la comprenait. Roi Blanc, Reine Noir; il était peut-être dans ce parfait entre-deux qui lui permettait d’accepter l’un et l’autre.

A son tour, il se retrouva à terre, glissant du canapé sur ses genoux. Et tandis que Jim déposait un baiser sur le front de Sarah, pétillant d’un optimisme qu’il faisait pénétrer en elle comme de puissants rayons de soleil, Etienne s’approcha d’eux et les prit tout deux dans ses bras, purement et simplement, calant sa tête contre Sarah. Jim ressera l’étreinte avec force et chaleur.

Etienne voulait partager. Comme Jim, et grâce à Jim, lui aussi voyait le monde sous l’angle de la beauté, de l’optimisme, de l’espoir. Au moins pour un temps. Alors, il allait partager. Donner ça à Sarah. Comme Jim, il se sentait capable de la faire sourire. Il n’était pas le Roi Blanc. Il n’était qu’Etienne, dans toute sa simplicité.

▬ ...Jim, va falloir régler quelques détails avant le threesome...

Etienne, dans toute sa beauté. Et le souffle chaud de Jim glissa sur l'oreille de Sarah dans un rire grave, sourire éclatant aux lèvres.





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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockLun 27 Oct 2014 - 0:46

dislocated.

Je me dégoûte. Je me déteste. J’ai envie de disparaître.
Ce n’est plus de l’air qui passe dans mes poumons, c’est un liquide noir et épais ; le même qu’à cette époque où ma vie n’était que destruction. Enfouie dans mes bras, le monde a perdu toutes ses couleurs - et ne se joue plus qu’en noir et blanc. La couleur des souvenirs.
Ces souvenirs qui ne devaient m’atteindre sous aucun prétexte, et qui se sont fichés dans mon coeur en une flèche parfaitement décochée. Sous-estimé Shane, sous-estimé son don à raviver les douleurs passées. Noyade dans l’océan d’encre. La peur, la colère, et la douleur - tout à quelque chose de différent, quelque chose qui fait encore plus mal. Quelque chose de pire ; pire que tout ce qui avait déjà pu me bouffer les entrailles. Le contact des mains de Jim sur mes poignets ne me soulage pas. Au contraire. Il ne fait que libérer mes craintes, qu'accélérer la propagation de ce poison. Ne me touche pas Jim.
J’ai envie de le griffer. J’ai envie de le mordre. J’ai envie d’hurler - et ma peau frissonne, et mes cris s’étouffent dans un gargouillis déjà brisé. La crise est là, la crise est partout - coincée dans mes poumons.

Je ne veux pas le regarder Jim. Je ne peux pas. Parce que mon reflet est là, dans ses yeux, et que je ne veux pas me voir comme ça. Est-ce que tu peux faire quelque chose pour ça, Jim ? Et toi, Etienne ? Regarde-moi Sarah. J’ai perdu le refuge que mes bras m’offraient. Libre de mes chaînes - mais exposée. Fragile. Sa voix m’appelle, encore et encore - et alors que j’essaie de me libérer de son contact, nos regards se croisent.
Je ne voulais pas tomber au fond des yeux de Jim, tout comme je ne voulais pas qu’il tombe au fond des miens. Qu’est ce que tu vois dans mes yeux Jim ? Tu plonges toi aussi ? Est-ce que tu plonges pour moi ? Dans le reflet de ses pupilles, je me vois. Je vois la terreur, je vois le mal, je vois ces émotions qui me donnent envie de vomir.
Arrête Jim, ne fais pas ça. La Lune, elle a pas le droit à la protection du Soleil ; la Lune elle ne fait que tourner autour de cette Terre pourrie sans jamais le croiser, sauf en ces jours d’éclipse ou tout s’aligne et où tout devient noir. Ces jours où la Lune montre ses cratères et ses cicatrices.

▬ Je t’aime.

C’est horrible ce que tu fais Jim. Mes mains contre ses joues continuent de trembler alors que je rejette ses mots d’un regard - habitude, auto-défense. C’est tellement plus simple d’attendre que tout ça passe, de rester seule. C’est pas moi que t’aime, Jim. Ca a jamais été moi. Celle que t’aimais c’était l’autre, c’était celle qui vivait sans cri et sans pleurs. Celle que Shane a tuée, et celle qui ne reviendra jamais. Mais les yeux de Jim sont un puits où je me noie de contradictions. Et déjà, mes doigts qui voulaient le griffer se raccrochent à lui, mes paumes absorbent sa chaleur. Vampire Sarah qui ne survit qu’en volant un peu de vie aux autres.
Il m’a eue. Il m’a attrapée. Et voilà que la Lune se met à graviter autour du Soleil - le repoussant tout en le couvant ; l’attaquant tout en l’embrassant d’un regard.

▬ Je suis là. J’ai toujours été là, et je le serai toujours.
Tu n’étais pas là quand il m’a détruit - pourquoi Jim ?
Les dernières accusations meurent dans mon regard - et tout s’éteint. Un sanglot plus lourd que les autres explose sur son prénom que je parviens à peine à articuler. Reine Noire et Roi Blanc - et c’est toujours ce dernier qui gagne. Un fin soupir, encore tremblant, file d’entre mes lèvres. Le temps se perd - absorbé par lui, et par ce sourire qui brise la haine, le malheur. Ce sourire, qui avait toujours été et sera une drogue faisant oublier la douleur. Happy pills ? Prenez Jim Travis Reed. Pourtant toi aussi tu pleures Jim.

Ma conscience me rattrape lentement, et j’aperçois - je sens la présence d’Etienne qui vient se raccrocher à celle de Jim. Le contact de leurs bras autour de moi - comme s’ils me protégeaient du monde est si apaisant que s’en est cruel. Je ne mérite pas d’avoir de tels amis - c’est vraiment ce que je pense. Mais pourtant, je suis incapable de les rejeter - les utilisant jusqu’au bout. Quant au baiser que Jim dépose sur mon front, il me fait frissonner, se répercutant jusque dans mes os. Un étincelle de joie, d’amour qui brûle la peur hors de mon sang - qui me transperce et me transporte. Dans leurs bras j’ai retrouvé l’air qui me manquait - et je m’y accroche pour ne pas refaire naufrage. Comme une enfant qui s’accroche à ses parents dans l’espoir qu’ils chassent les monstres qui vivent sous le lit.

▬ ...Jim, va falloir régler quelques détails avant le threesome…
Leurs souffles chauds viennent chatouiller mes oreilles, et j’étire un sourire. Douloureux, ce sourire. Mais si c’est pour eux, je peux bien supporter ça. Lentement, je me défais de leur étreinte pour revenir m’appuyer contre l’armoire - gardant mes mains liées à chacune des leurs. Les yeux fermés. Les lèvres tremblotantes. Mais la Vie bien de retour dans mon coeur. Je prends une grande inspiration, combattant jusqu’au bout les pleurs qui me secouent - et lorsque je rouvre les yeux, c’est pour les voir eux.

Juste tels qu’ils sont.
Juste là pour moi.

« Imbéciles. » Chuchotement. Mes mains exercent une pression, dernière vérification du fait qu’ils soient bien réels. Je ne sais pas quoi dire. Pas quoi faire. La honte qu’ils m’aient vu si faible encore bien trop présente - tout comme la douleur - pour que je puisse tenter de plaisanter moi aussi. La voix rauque, j’arrive enfin à énoncer. « Shane est à Prismver. » J’ai peur « Et il menace Orwenn. » Si peur. Je regarde Jim, car lui sait, lui connait la profondeur de la blessure que Shane m’avait infligée. Mais ma main serre toujours Etienne - montrant que je sens sa présence, et que je lui en suis reconnaissante. « Qu’est ce que je peux faire ? » J'ai jamais su quoi faire, moi. Je suis encore la gamine brisée sous le poids de chacun de ses mots - je suis encore le pantin retenu par ses fils. Un aigu frôlé, une syllabe qui se brise. Sarah a besoin d’aide, Sarah demande conseil. Sarah ne peut plus porter ça toute seule - ce fardeau d’une vie. « J’ai froid. » Parce que je suis terrifiée, par ce que je suis à semi-morte, parce que j’ai besoin d’eux. De leur chaleur. Alors je me ravance, passant chacun de mes bras autour de leur cou pour les étreindre avec toute la force que mon coeur fou peut donner. Mes ongles griffant la peau de leur cou. Mon coeur froid battant contre leur chaud.

J’aurais aimé pouvoir rester ainsi jusqu’à ce que mon coeur reprenne de ses couleurs - pour une éternité. Voix douce, voix triste. « Moi aussi. Moi aussi je vous aime. Et j’en suis tellement désolée. »

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockMer 29 Oct 2014 - 18:46
Sarah & Etienne • Octobre • #7BAC43
Les minutes sont passées, et on a tous bougé. Ils ont parlé de ce Shane sans que je comprenne bien l’histoire, tout les deux avec des visages graves. Shane, c’est le nouveau de ma classe. Il a l’air sympa comme tout. J’ai pas voulu les interrompre ni poser de questions, alors je suis resté discret, assis sur le canapé, à les regarder parler. A les regarder chuchoter dans la cuisine, pendant que Jim préparait des cafés. Ernest est arrivé, je l’ai salué rapidement et Jim, après avoir rassuré Sarah d’une tape sur l’épaule, puis d’un calin, est allé avec Ernest dans la chambre de ce dernier. Si je me trompe pas, c’est à l’acteur qu’il achète sa drogue. Et j’crois pas me tromper en voyant que le regard de Sarah est bouffé d’inquiétude quand elle les regarde disparaître derrière la porte.

L’attention de la jolie brune revient sur moi, qui suis resté sage et discret sur le canapé. Je sais me faire oublier quand je veux.

« Faut l’aider... »

Je fais un signe du menton vers la porte, faisant référence à Jim et à son problème qui n’échappe ni à elle ni à Morgan.  Elle acquiesce, elle en a bien conscience, même si elle ne doit pas trop savoir comment faire. Apparemment ils ont déja dit à Ernest d’arrêter de le fournir, mais quand il le fait, c’est pire, Jim se fournit ailleurs et d’après l’acteur, “mieux vaut savoir exactement quelle merde il prend”. ... Il a pas vraiment tord. Ernest a aussi promis qu’il essayait de le convaincre de réduire les doses, feignait la pénurie de certains produits et avait même augmenté ses prix.

Je fini par me lever, rejoins Sarah en quelques enjambées et lui pose la main sur le bras, baisse ma tête pour capter son regard, lui glisse une caresse.

« Ca va aller... ? » Elle était déja mal, et elle est clairement affectée de voir encore une fois Jim et Ernest s’enfermer pour quelques échanges. Moi, j’ai juste envie de la sortir de là ; ça pue les choses négatives, ici.

« Met tes chaussures, on va faire un tour. » Une proposition qui ne laisse pas vraiment le choix à la brune. Le King a laissé l’opération cafés en suspend, y’en a qu’un qui traîne sur le plan de travail; je contourne ce dernier, prend le mug et boit deux gorgées avant de revenir à Sarah et de lui coller la tasse entre les mains pour le finir. Je réajuste mon éternelle écharpe autour de mon cou et récupère mon manteau gris abandonné sur le canapé depuis mon arrivée. Je l’enfile et, jetant un oeil au miroir, calme et patient, me passe la main dans les cheveux en réajustant un peu tout ça pendant qu’elle se prépare. Et une fois dehors, après quelques pas, une clope sortie et une roulée, je lui demande enfin:

« qu’est-ce qu’il s’est passé alors, avec Shane ? Tu m’explique ? »


Codé par Liixi4

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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockMar 11 Nov 2014 - 13:26

dislocated.

Voir Jim rentrer avec Ernest dans cette chambre m’aura tuée une deuxième fois.
C’est beaucoup, quand même, mourir deux fois en l’espace d’une heure.
Je me mords la lèvre inférieure et crispe mes mains contre le rebord de la table où je suis appuyée. Il faut l’aider. Oui Titi, il faut l’aider. Faire quelque chose. Mais le problème c’est que moi, je sais pas faire grand chose. J’ai jamais été capable de faire arrêter à Jim, j’ai jamais été capable de faire arrêter à Marwin, j’ai jamais été capable de faire arrêter à qui que ce soit. J’ai toujours perdu face à cette connasse de drogue - même en criant, en griffant, en faisant tout ce que je fais de mieux - c’est à dire rien que du bruit. Et Jim, Jim c’est ce type trop brillant qu’a toujours été là pour entretenir la minuscule lumière que je peux avoir ; et que je ne peux même pas lui rendre.
Imbécile de Jim, qui me sort de ma piscine de détresse pour me jeter dans celle de la culpabilité.

Le contact de la main d’Etienne sur mon bras me sort de mes pensées, et je tente de lui sourire pour ne pas l’inquiéter. Mais je pense pas être très convaincante.  « Met tes chaussures, on va faire un tour. » De l’air, j’ai besoin d’air. Je finis rapidement mon café, et fais un tour dans la salle de bain pour essuyer les stries de mascara - prenant soin de ne pas trop m’attarder sur mon reflet. On va pas se dégoûter au dessus du dégoût.

L’air. Il me brûle la gorge, alors que je progresse à pas lents, les mains enfoncées dans les poches, le nez dans l’écharpe. L’esprit ailleurs - et toujours pas au bon endroit. « qu’est-ce qu’il s’est passé alors, avec Shane ? Tu m’explique ? » Souffle rauque qui s’échappe de ma gorge, je tourne ma tête vers lui, le regard morne, et la peur d’en parler bien accrochée au fond de mes pupilles. Mais dans ses yeux, à Etienne , il y a une inquiétude que je ne peux pas ignorer. Et doucement, mon armure fond, tout comme ma résolution à rester muette.

« Viens on va s’asseoir. » Coup de tête vers le banc, je m’installe bras croisés sous ma poitrine. Ma tête vient tout naturellement se poser sur son épaule quand il me rejoint enfin. Je prends une grande inspiration. « C’est un peu pitoyable comme histoire, je te préviens » M’enfin, il devrait être au courant, vu qu’il s’agit de la mienne. J’essaie de prendre un ton détaché, méthodique, mais j’ai du mal à éviter les fausses notes qui font trembler ma voix. « Je suis sortie avec Shane quand j’avais quoi … 14 ans ? Et j’étais très très amoureuse de lui. C’était le seul qui disait que j’étais belle à aller me faire vomir dans les toilettes du collège. Celui qui a pris ma première fois, sans avoir peur de me serrer à m’en marquer la peau. » Inspiration. « On est restés 1 an et demi ensemble, et après … après mon accident, tout s’est arrêté. Mes cicatrices lui coupaient l’envie. » Un rire blessé au possible franchit mes lèvres, alors que je remarque que mes mains se sont remises à trembler. Je les glisse dans mes poches, et m’appuie un peu plus contre Etienne. Car c'est seulement sa présence qui me permet de parler.

« C’était le premier à me rejeter …. et le dernier. Je crois qu’après ça, j’ai jamais su comment gérer mes relations amoureuses correctement. Enfin bon, je dois aussi avoir une part de responsabilité dans tout ça. Au final c’est pas si dramatique que ça. » C’est juste moi qui fonctionne pas avec calme, moi qu’arrive pas à aimer sans passion et sans destruction - moi qui suis mauvaise. J’hausse les épaules, comme lui le fait si souvent, avant de me lever brusquement du banc. Deux pas, toujours dos à lui, tête vers le ciel. Un petit instant pour calmer l’émotion qui une fois de plus s’empare de mon corps.

Putain, Sarah, t’as plus 14 ans, t’es plus asservie à Shane, t’es plus impuissante.
L’image de Jim aux bras couverts de piqûres me frappe à la gueule, et je serre les dents. T’es putain d’impuissante. Et ça fait mal.

Je me retourne vers lui et vient lui piquer sa clope d’entre ses lèvres pour la porter aux miennes. Latte amère, et fumée à l’odeur de terreur. « C’était l’histoire passionnante de Sarah Edwige Blackmore, j’espère que ça t’a plu. » Toujours cette habitude à cacher les choses qui font mal derrière de la désinvolture - bien ancrée comme principe de survie. Un silence passe, et j’enchaîne, assez déterminée à arrêter de parler de moi. Pourtant, c’est une toute petite voix sort de ma grosse bouche.

« Faut qu’on arrête Jim. »
Faut qu’on arrête le Soleil de brûler.


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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockMar 11 Nov 2014 - 16:09
Sarah & Etienne - Octobre - Darkseagreen
- Faut qu’on arrête Jim.
- C’est toi qu’il faut qu’on arrête Sarah...

Etienne releva la tête vers elle, mains désormais dans les poches de son jogging gris. Il attendit quelques secondes qu’elle se retourne, observant sa silhouette, et lorsque son regard brun vint se poser dans ses pupilles azurées à lui, il reprit en haussant les épaules:

- Comment tu veux aider qui que ce soit alors que t’es la première à avoir besoin d’aide ?

Ses yeux glissèrent sur ses propres pieds qu’il croisa, jambes tendues, cherchant ses mots en dodelinant doucement de la tête.

- C’est pas une tare d’avoir besoin d’aide. Ca arrive à tout le monde, à un moment ou a un autre. Même aux plus forts. Mais toi... Tu peux pas espérer réparer quelqu’un alors que t’es brisée...

Ses pupilles turquoises fixées sur les lacets de ses propres baskets, Etienne se repassait en tête ce qu’elle venait de lui apprendre, sur Shane et ce premier amour. Alors c’était donc ça, la source du fameux “problème Sarah”. Il leva de nouveau les yeux sur elle, la dévisageant.

- Ca va mieux depuis qu’Orwenn est là, non ?

La jeune fille acquiesça et lui s’humecta les lèvres, se relevant en se raclant la gorge. Elle s’était faite rejeter par Shane, et depuis ne savait plus comment gérer l’Amour. Elle s’était à la fois renfermée, et en même temps, avait aimé Drew et Marwin avec passion. Une passion destructrice. Elle ne savait pas faire dans la demi-mesure en amour, c’est ce qu’Etienne comprenait. Et en ça, peut-être qu’en effet il était plus saint qu’elle soit avec quelqu’un de posé comme Orwenn plutôt qu’avec un passionné.

- Mais Shane t’a mise dans la tête que tu étais pourrie... alors tu as été vers des âmes sombres, pourries elles aussi par la drogue, la violence, par des démons intérieurs..., supposa t-il doucement en se rapprochant jusqu’à se positionner à côté d’elle, observant les jardins devant les yeux. ... Et du coup tu pense ne pas mériter Orwenn. ... J’me trompe ?

Il baissa les yeux sur elle, pivotant doucement la tête pour l’observer. Et il comprit qu’il avait raison. Alors son regard se détourna d’elle dans un roulement de tête et de nouveau son regard parcouru l’étendue d’herbe flamboyante devant eux.

- C’est vraiment dommage. Que t’ai pas conscience de ta valeur. Parce-que, sans chercher bien loin... regarde ne serait-ce que ce que tu m’apporte à moi...

Ses yeux turquoises vinrent timidement trouver les siens, puis le sol dans une déglutition. Il ouvrit la bouche, hésitant, et se lança finalement en triturant son briquet entre ses mains.

- T’sais... ‘fin. T’es..., il haussa une épaule, les mots peinant à sortir de sa grosse bouche, non pas par manque de sincérité mais parce-que c’était bien là le fond de ses sentiments. ... T’es une de mes raisons de vivre, donc...

Il laissa les mots en suspend, bouche entrouverte,  mâchoire décalée comme il le faisait souvent, tandis que ses beaux yeux remontèrent avec hésitation dans les siens.

- C’est pas rien, pas pour moi. Tu nous rend heureux, Charlie, Mo, Jim, moi... Orwenn... Quand t’aura conscience que tu fais plus de bien que de mal, alors... tu pourras être en paix. Avec toi-même., acheva t-il d’un hochement de tête sur le côté en rabaissant son regard sur son briquet. Il haussa les sourcils. T’es un diamant brut. Et j’espère vraiment que tu l’acceptera un jour et arrêtera de te rendre malheureuse seule. Surtout maintenant que t’a quelqu’un de saint qui ne demande qu’à te rendre heureuse à tes côtés.



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MessageSujet: Re: Disgust || SARAH   Disgust || SARAH 1400359500-clockMar 11 Nov 2014 - 18:57
dislocated.

«  C’est toi qu’il faut qu’on arrête Sarah... »

Coup dans le bide.
Mes yeux papillonnent rapidement vers lui, alors que chacun de mes muscles se tendent.
Je ne le connais pas depuis longtemps, Etienne. Mais je sais que lorsqu’il prend ce ton, c’est pour dire la vérité - sa foutue vérité qu’il balance à la tête des gens sans se soucier de leur avis. L’appréhension monte d’un coup - et l’envie de partir, de fuir me chope les tripes. De me boucher les oreilles, secouer la tête, crier. Je la connais, la vérité - sa vérité. Et même si une part de moi crève d’envie de l’entendre, mon coeur se ferme, comme à son habitude.

Je sais je sais je sais.
Je sais que je suis inutile.
Je sais que je sais pas comment m’occuper de moi même - alors comment je pourrais m’occuper des autres ?
Je sais que je suis incapable de m’aimer - et il y a ces jours où je doute même de ma capacité à aimer les autres.
Et ça me tue.

Les dents serrées, je suis restée le regard ancré sur lui, alors qu’il a appuyé sur chacune de mes faiblesses, de mes travers. Je n’ai pas cherché à répondre.
Moi, Sarah Edwige Blackmore, j’ai fermé ma grande gueule ; face à ce mec que j’arrivais pas à attaquer. Pourtant, j’en avais l’envie - prête à tout pour rester dans mon petit monde désolé.

« ... Et du coup tu pense ne pas mériter Orwenn. ... J’me trompe ? »
« Mais c’est pas une question de mérite, c’est juste que … » J’ai parlé trop fort, et mon cri s'affaiblit en un soupir énervé. Je serre les poings dans mes poches, fuyant son regard. « C’est juste que … tous les hommes que j’ai fréquenté sont devenus malheureux. Par ma faute. Je les ai tous brisé, parce que justement, moi même je suis pas quelqu’un de bien, pas quelqu’un de sain et ... » Et le pire dans tout ça, c’est que même lorsque je les rejettais, même lorsque je les blessais, les frappais avec tout la force de ma cruauté - ils revenaient. Ils revenaient vers la traînée qu’avait fait de leur vie un enfer. Parce qu’ils étaient devenus comme elle - comme moi. Une de ces personnes qui ne fait que se nourrir du malheur et de la peine.

Ma voix s’est brisée une fois de plus, laissant en suspension cette phrase que je n’arriverais jamais à finir.  ... Si jamais Orwenn devenait comme ça par ma faute, je ne pourrais pas le supporter. J’ai engendré assez de monstres d’amour comme ça.

« C’est vraiment dommage. Que t’ai pas conscience de ta valeur. Parce-que, sans chercher bien loin... regarde ne serait-ce que ce que tu m’apporte à moi… »
Je tourne ma tête vers lui, et m’apprête à protester. Je veux pas de compliments. Je veux pas de réconfort. Je veux pas vivre du bonheur que les autres me donnent - comme on nourrit un clebs qui crève de faim dans la rue. Mon bonheur, je veux qu’il me corresponde - qu’il soit égoïste.

Qu’il naisse de toute cette rage qui me maintient encore en vie aujourd’hui.
« ... T’es une de mes raisons de vivre, donc.. »
Toute cette rage qui vient d’être emportée, lavée par la vague de ses simples mots.
« Je suis pas une de tes raisons de vivre. J’ai pas à être une raison de vivre. C’est à toi d’être ta propre raison de vivre. »
Une boule se forme dans ma gorge, alors que mes yeux rencontrent les siens, et qu’une douce chaleur se met à crépiter entre mes côtes. Je sens mes lèvres trembler de nouveau. S’il me dit des choses aussi belles, jamais je n’arriverai à tenir les résolutions que je me suis imposée depuis Shane. Jamais je ne pourrai tenir jusqu’au bout le rôle de ma propre petite vie, le rôle de la triste, désolée, déçue, passionnée Sarah Blackmore.

Ma main va doucement trouver son poignet, et je me mets face à lui. Le regard brouillé de contradictions. L’envie de lui crier dessus mélangée à celle de sourire. Je passe mes bras autour de son cou, grimpant sur la pointe de mes pieds - et je le serre avec toute la force de la rage qu’il osait défier.
Une étreinte pour prouver que tout ça est bien réel.
Une étreinte pour cacher les larmes de je-ne-sais-trop-quoi qui glissent sur mes joues.

« Je vais continuer d’essayer. De m’accrocher. De détruire peu à peu toute la haine que je peux avoir envers moi-même si t'y tiens tant. Alors tais-toi je t'en prie. » Mes lèvres soufflent cette dernière supplique dans son cou et mes mains se délient pour glisser dans son dos.
Juste tais-toi. J’ai le coeur qui siffle, qui crie, qui rit et qui chante. Je ne sais plus quoi penser. Je veux juste tout éteindre.
Juste tais-toi, toi qui vient de me balancer tout ce que j’aurais voulu entendre plus tôt, tout ce qui m’aurait permis de ne pas me briser en morceaux.
« J’aurais tellement souhaité te rencontrer avant. Toi et ton coeur d’encre bien plus humain que moi. »
Throw you stones, do your damage,
your worst And your best,
all the world is a judge But that doesn't compare
to what I do to myself When you're not there
robb stark

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