14/10 - Londres ✘ Just talk about it. | PV

La nouvelle était tombée quelques jours plutôt, elle avait claquée dans les oreilles du pensionnat sans que personne n'y comprenne grand chose. Tu avais été tabassé et laissé pour mort dans le Bungalow provisoire où tu t'étais installé. Gabriel Oswald était tombé. Beaucoup avaient pensé que ça ne faisait qu'une grande gueule de moins, d'autres avaient éprouvés plus de pitié pour toi et ton corps meurtri. Peut-être n'auraient-ils pas dû, peut-être ne le méritais-tu pas. Alessandra elle avait d'abord sourit, elle avait sourit parce qu'elle te haïssait du plus profond de son cœur, parce qu'elle n'avait pas saisit la gravité de la situation. Ou peut-être simplement parce que si tu devais crever la bouche ouverte devant son nez elle serait celle qui t'achèverait. Diable d'Alessandra. Puis l'esquisse malsaine s'était estompée, doucement effacée pour laisser apparaître une mine soudain plus inquiète. C'est parce qu'elle avait comprit que c'était Nathan qui t'avait retrouvé. Et Nathan c'est l'une des personnes auxquelles elle tient le plus dans ce pensionnat de maso attardés.

Elle avait réfléchi une bonne semaine avant de se décider, par respect pour son ami avec qui elle était en froid. Pas de vagues, pas de conneries. Elle voulait simplement discuter, en tête à tête avec toi. Et c'est parce qu'elle savait que Nathan s'y opposerait sans aucun doute qu'elle avait demandé à Pythagore de l'accompagner, parce que Pytha' c'est son meilleur ami, Pytha' elle l'aime aussi énormément. Garde du corps et frère de coeur d'une Blondie un peu trop soucieuse ce 14 Octobre. Ensembles ils avaient prit le train les menant tout droit à la capitale, ils avaient foulés d'un pas plus ou moins certain l'hôpital dans lequel tu logeais. Ça t'allait si bien de vivre ici Gabriel, parmi toutes ces merdes incapables de vivre sans l'aide des autres. Soumis à la société, soumis au bon vouloir d'un autre de te garder en vie, ou pas. Pour la sous merde que tu es il n'y a pas de meilleure place, dommage que tu reprennes bientôt des forces.

Alessandra n'aimait pas les hôpitaux, ce blanc et cette odeur aseptisée lui filaient la migraine, mais elle bravait tout ça pour toi, simplement pour t'accorder un peu d'attention. Sois-en ravi parce qu'elle ne le fait pas à tout le monde. Blondie psychote un peu à l'idée de prendre l'ascenseur alors elle entame une montée d'escalier jusqu'au troisième étage avec son bro', celui qu'elle remercie pour l'avoir suivie jusqu'ici, puis elle s'avance doucement, silencieuse dans les couloirs déserts de St Mary's. Ta chambre se montre enfin, chambre banale pour le gueux que tu es, elle te convient parfaitement elle aussi. Et l'on aperçoit ton visage tourné en direction d'un homme inquiet à ton chevet. Nathan. Lui aussi il est là, c'est d'ailleurs lui qui remarque la Belle et son Prince en premier. Les sourcils qui se froncent des deux cotés lorsqu'il approche de la sortie le pas lourd. Voix grave et sérieuse, on lit la colère dans son regard lorsqu'il leur demande ce qu'ils font ici.

« J'veux lui parler, sans qu'tu sois là pour m'emmerder. »

C'est franc, presque froid. Elle perd patience avant même que le jeu n'ai commencé, Aless. Stress apparent, stress qu'il faut cacher le plus vite possible. Il refuse, elle insiste, c'est presque idiot qu'on dirait une chamaillerie de gosses.

« Fait pas chier, j'vais pas l'étouffer l'amour de ta vie. »

Tss. Connard. C'est ce qu'elle avait omit d'ajouter pour ne pas envenimer la situation, intelligente Alessandra. Finalement le roux cède sous les regards menaçants de l'imposant Pythagore, Prince de la Belle venu à sa rescousse. 1-0, combat remporté. Une victoire dans une guerre qui promettait encore nombre de rebondissements. Si elle savait réellement ce qu'elle faisait, jamais elle n'aurait mit les pieds ici, jamais.

Si elle savait réellement ce qu'elle faisait, jamais elle ne t'aurait abordé de la sorte. Mais Alessandra ne savait pas et elle ne sait toujours pas ce qu'elle fait. Alors elle s'assoit calmement sur la chaise ou Nathan se trouvait plutôt, plongeant son regard dans le sang de tes yeux. Y a quelque chose qui avait changé, ce mec ne ressemblait pas au Gabriel qu'elle connaissait, tu ne pouvais pas être lui. Et pourtant, pourtant elle le savait au fond que c'était toi. Chelou. Truc qui cloche quand elle tilte que tes cheveux sont blancs, elle fouille dans sa mémoire pour en ressortir un article qu'elle avait lu y a longtemps sur les "chocs pouvant entraîner un changement physique". Elle peinait à s'imaginer que ce soit vraiment ton cas. Elle te croyais pas avant, Gabriel, et elle te croit toujours pas. C'est pas possible qu'un gars aussi fort que toi devienne aussi faible d'un coup, juste comme ça. Compliment.

Alors elle te toise longuement, froidement, en silence. Elle détaille chaque parcelle de toi qu'elle peut voir, elle scrute le moindre détail, le moindre signe lui prouvant qu'elle ne se trompe pas. Mais elle trouve rien. Et ça l'énerve.

« J'pensais que t'allais crever. Tu l'mérites. »

so you came here

and problems too

Nathan n'aimait pas les hôpitaux, il avait une sainte horreur de ces lieux. L'odeur, les murs blancs, les gens, tout était désagréable ici. Tout donnait envie de partir le plus vite possible et, s'il n'y avait pas Gabriel, il l'aurait déjà fait.

Mais il était là Nathan, à ses côtés, lui tenant la main comme il l'avait fait ce jour-là, ce jour où il l'avait retrouvé pratiquement mort sur le sol de sa chambre. Et il ne peut s'empêcher d'y repenser à chaque instant, à chaque fois qu'il voit Gabriel dans ce lit d'hôpital. Et il ne peut s'empêcher de culpabiliser.

Sourire adressé à Gabriel, il était maintenant heureux qu'il aille mieux, qu'il soit en vie. Malheureusement, il ne semblait pas avoir retrouvé la mémoire. Nathan savait, les médecins l'avaient prévenu que sa guérison mettrait du temps, qu'il fallait attendre avant qu'il ait retrouvé toutes ses facultés, mais il avait encore du mal à avaler le fait que Gabriel l'ait oublié, lui.

Soudain, des personnes entrent, Nathan tourne instinctivement la tête, s'attendant à voir débarquer une infirmière ou le médecin en charge. Mais non, c'était quelqu'un d'autre. Alessandra, accompagnée en plus de Pytha. Nathan eut un bug mental sur le coup.

- Qu'est-ce que vous foutez là ?

Ton glacial, il se leva immédiatement, menaçant. Pourquoi elle était venue ? Si elle comptait foutre encore la merde, Nathan la laisserait pas faire, c'était certain.

- J'veux lui parler, sans qu'tu sois là pour m'emmerder.
- Mon cul ouais, dégagez d'là.

Ses poings se serrèrent, Nathan était prêt à frapper, depuis l'accident il était prêt à frapper n'importe qui s'en prendrait à Gabriel.

- Fait pas chier, j'vais pas l'étouffer l'amour de ta vie.

Sa mâchoire se contracta, il avait fortement envie de la frapper à cet instant. Son regard se logea dans celui de Pytha, et il finit par soupirer.

- T'fais chier, fais vite hein.

Il se retourna vers son compagnon.

- Si y'a un problème j'suis juste derrière la porte.

Et il lança un regard noir à Alessandra, sous-entendu fais surtout pas d'connerie tu pourrais le regretter avant de sortir, se retrouvant dans le couloir avec l'autre E.

Posé contre le mur, les bras croisés, il soupira, n'adressant pas un regard à Pytha.

- Elle est chiante, tu sais c'qu'elle lui veut à Gabriel ?

Parce que ça l'intriguait quand même, au fond.

« Fe. Nathan, Pytha & Alessandra. »

En haut d’un building de Londres, un jeune homme aux cheveux blancs se tenait près d’une terrasse sans barrière. Il pouvait tomber à tout moment. Et le déluge qui noyait la capitale britannique n’arrangeait rien. Ses cheveux étaient trempés. Comme un flash d’illumination, l’adolescent se retourna. Il n’était pas seul. Il dévisagea le vieillard au derrière de la fenêtre.
« Encore… » Soupira-t-il doucement. Il ne comprenait pas bien ce qui lui arrivait, des sentiments contradictoires s’imposèrent à lui. Serrant les poings, l’européen brisa une nouvelle fois la continuité du temps. Dégageant la fenêtre d’un coup de pied, il tomba nez-à-nez avec une haute silhouette noire.

« N’essaie pas de comprendre. N’essaie même pas. » Cette voix… Elle lui glaça le sang. Son corps se raidit, et il manqua de tomber à la renverse. Il ne le voyait pas, il ne distinguait pas les formes de son visage. « Je suis en train de rêver ? » La réponse fusa. Comment savoir ? Oui. Cette chose avait raison. Comment savoir s’il était oui ou non en train de rêver.
« Tu touches au but, Oswald. Les cloches sonnent. Je dois me retirer. Je n’aime pas trop ta couleur de cheveux… » Ledit Gabriel ne sut quoi répondre. Il releva la tête, apercevant ses mèches blanches. Pourquoi ?

« … Pour laquelle vous allez devoir rester à l’hôpital encore un moment. » L’étudiant tourna la tête à gauche et à droite. Un médecin lui parlait. Visiblement depuis longtemps, parce qu’une tasse à café dont il n’avait pas le souvenir trônait sur sa table de chevet. Avec beaucoup d’aplomb, il posa une main sur son visage. Pâle. Les mèches brunes. Quel message pouvait-il bien y avoir dans ce foutoir ? Ancrant son regard dans celui du psychiatre, celui-ci annota quelque chose à la lumière de ses étranges gestes. Oswald n’osa rien dire. Après le départ de la blouse blanche, il cala sa tête contre l’oreiller. Il se sentait tellement fatigué. Il ne se souvenait même plus de son propre prénom, mais c’était avec une certaine fatalité qu’il avait décidé d’accepter tous les noms qu’on lui donnait sans rechigner. Le thérapeute lui avait bien dit et répété : un élément l’empêchait de débloquer la totalité de sa conscience. Les dommages causés à son cerveau sont minimes, il s’en remettra. Mais une partie de lui a été détachée, une partie de lui a été arrachée. Il ne savait comment faire pour la retrouver. Pestant intérieurement, il se demandait aussi qu’est-ce que signifiant ces… absences.

Depuis une semaine maintenant, chaque fois qu’il prenait conscience, il était dans une telle position qu’il demeurait impossible de n’avoir que dormi. Son esprit semblait se désynchroniser de son corps pendant de nombreuses heures, dans lequel il sommeillait dans un entre-deux jusqu’à être rappelé par son enveloppe charnelle. Il décida de ne pas en parler à Nathan. Nous étions le douze octobre. Des progrès significatifs dans sa motricité commençaient à être faits. Des premiers flashbacks lui revenaient, sa conscience reprenait péniblement ses forces. Pour une raison incomprise, même par lui-même, le jeune homme faisait une obsession sur sa couleur de cheveux. « Malheur à ceux que j’ai rencontrés sur son chemin ! » Sa vie avait dû être un vrai calvaire pour qu’il soit ainsi obsédé.

Un petit chemin partit en montagne. Cette fois-ci, cela devenait vraiment bizarre. La silhouette terrifiante, celle qui terrorisait ses rêves. Elle reprenait une forme humaine, elle lui donnait accès à des souvenirs, à des lieux qu’il avait visités. Il les voyait : un bébé, des parents. Un garçon plutôt frêle, mais mignon du prénom de Leith. Un mal de crâne épouvantable s’empara de lui pendant de longues heures où il souffrait.
« Où suis-je ?! » Finit-il par crier, moins pour la situation présente que pour ce qu’il faisait dans sa chambre d’hôpital, loin de son corps.

« Tout ceci est loin d’être terminé. Tu croyais peut-être que tout serait simple ?
— Je n’ai jamais rien cru. » Le dialogue s’arrêta net. Le temps sembla se figer. Pendant un long moment. Un très long moment. Où il dormit. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore.


Quand il reprit le contrôle de lui-même, il se trouvait dans une chambre d’hôpital. Alité, une nouvelle fois. Mais quelque chose avait changé. Ses cheveux blancs, cette impression d’avoir bougé, d’être terriblement fatigué. Qu’est-ce qui se passait ? Qu’est-ce qui pouvait bien se passer ? Et ces gens qui l’entouraient. Une femme blonde, un garçon… Et celui qui restait là depuis le début. Celui qui ne l’abandonnait jamais. Ouvrant les yeux en grand, il regarda à droite, puis à gauche. Une petite altercation dont il se sentait déconnecté se produisit sous ses yeux, sans qu’il ne puisse rien faire, sans qu’il trouve le mot pour intervenir. Dans quelle merde avait-il bien pu se foutre ? Son allié disparut dans les ténèbres du couloir. Seule la femme resta, l’autre garçon sortit à son tour. Il savait que Nathan était fort… Mais que Nathan s’inquiétait aussi pour lui, parce que cette… fille. Elle ne semblait pas le tenir dans son cœur. Ce qu’elle lui dit lui fit froid dans le dos, et il en devint très pâle. Son cœur se mit à battre la chamade, il serra des poings les draps de son lit. Pourquoi méritait-il de crever ?

« Je… Qui t’es, toi ? » Lui balança-t-il avec une pointe d’angoisse sur les lèvres. Quelque chose le gênait. C’était comme si… il portait des lentilles. Et puis ses cheveux, pourquoi ils étaient blancs ? Il ne devait pas montrer qu’il était si désorienté, et Gabriel tenta de reprendre le contrôle de la situation.

« Va… droit au but s’il te plaît. Que me veux-tu ? D’où viens-tu ? On ne se connaît pas… et. Je dois avouer… que je n’ai pas le moindre souvenir de ton existence. » Fou rire. La situation devait être d’un comique.

« Je crois que je suis gay. » Balança-t-il soudain tout-à-fait sérieusement, avant de se raviser. Fuyant le regard de cette jeune femme vulgaire qui lui souhaitait sa mort. « Rassure-moi… Je ne t’ai pas trompé ? Je ne crois pas être hétéro. Oh, euh, laisse. Tu as l’air de me haïr. »

HRP > C’est normal si vous comprenez rien, j’expliquerai en temps et en lieu.

Elle avait pensé devoir lutter plus que ça pour te voir, elle avait pensé devoir en arriver à décrocher une droite à son ami pour pouvoir venir te cracher sa haine. Alessandra te hait, Gabriel, et tu le sais très bien. Mais bizarrement, aujourd'hui Blondie n'est pas comme à l'ordinaire, elle n'est pas cinglante et menaçante. Quelque chose a changé lorsqu'elle a vu l'état pitoyable dans lequel tu étais. Mais ça n'était pas de la pitié qu'elle éprouvait, ni même de la compassion ou quelques sentiments allant dans ce sens. Non, Blondie était surprise, pour ne pas dire choquée de te savoir ainsi. Et bizarrement, elle ne te haïssait que plus encore désormais. Gabriel tu es un voleur, tu lui voles l'un de ses amis les plus chers. N'as-tu donc pas assez de ta misérable vie ? Insecte. Je te hais Gabriel, je te hais tellement.

Alessandra ne te quittait pas du regard, elle te toisait de haut en bas, le regard hautain, pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas chez toi. Pour essayer de trouver des réponses à tous ces pourquoi qui lui brouillaient la tête. Et finalement elle constata un peu de surprise dans tes yeux, un peu de peur aussi et ses idées s'éclaircirent lorsque tu pris enfin la parole. Elle en tomba de bien haut. Elle était abasourdie Alessandra, abasourdie de voir que tu avais tout oublié.

« Arrête tes conneries Oswald. »
« Je crois que je suis gay. »

Elle aurait pu rire là, genre vraiment. Les nerfs qui lâchent, la pression qui monte. Elle aurait vraiment pu rire à en crever. Seulement le truc c'est qu'elle n'y croyait pas, elle croyait pas un mot de c'que tu lui disais. Et ses poings se serraient. Frapper. Frapper frapper frapper. Elle voulait te rendre encore plus mort que tu ne l'étais déjà, elle voulait te faire ravaler ta putain de fierté pour que tu fermes enfin ta gueule. Mais c'est pas comme si c'était sans conséquences, c'est pas comme si elle pouvait se permettre de t'faire bouffer le mur sans aller en taule et perdre Nathan. C'est pas comme si c'était simple, c'est pas simple. Et lutter contre tout ça c'était l'une des choses les plus difficiles qu'elle avait fait jusque là.

« Essaie pas d'te donner l'air malin. Essaie pas d'me faire croire que tu t'souviens de rien. Oswald vient pas m'faire croire à moi qu't'as oublié le connard que t'es ! »

Le ton monte en même temps que son corps se dresse sur ses deux jambes. Alessandra a le regard en feu et le coeur blessé, Alessandra elle t'en veut d'avoir fait tout ça, elle t'en veut d'être en vie. Alessandra elle veut juste que tu disparaisse, parce que t'es qu'un connard Gabriel, t'es qu'un putain d'connard de merde. Et tu l'sais, tu fais juste semblant d'avoir oublié. Alessandra c'est pas Nathan, Alessandra n'est pas crédule à c'point. Elle a vécu dans la rue, les fils à papa débiles et salopards elle connait. Elle est l'une de ces gosses-là, elle aussi. Alors ça peut pas marcher avec elle tu comprends ? Ta connerie ça passe pas, et ça l'énerve tellement.

« T'es qu'un gosse de riche prétentieux, un putain de fils de pute qui aurait pas dû naître. Une erreur de la nature, un insecte qui veut être le Roi alors qu'il devrait juste s'écraser et fermer sa gueule. » Blondie lâche un soupir, elle ferme les yeux et souffle doucement avant de se rasseoir pour retrouver son calme. Mais ne te fie pas à ça Gabriel, Blondie elle bout et elle n'attend qu'une seule occasion pour te balancer au cimetière. « Un conseil, arrête de jouer au grand alors que t'es encore qu'une grosse merde, et barre-toi d'ce pensionnat. »