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BUT WE CANNOT FORGET WHO WE ARE
OR WHERE WE CAME FROMmay 2016 ••• ft. students & Stephen

- Tell me how he died.
- I will tell you how he lived.
~ Emperor Meiji & Algren (The Last Samurai)

Cinéma. Tout le monde aime le cinéma, hum ? Tout le monde a cette image bien sympathique de se poser dans une salle obscure avec des potes, se gavant de pop-corn et autres sucreries qui font bien du bruit, en regardant des histoires dantesques sur grand écran. Voire sur plus petit, dans votre canapé ou votre lit. Moi ? Oh, moi j’ai rien contre. J’ai emmené mes sœurs et frère très souvent au ciné et même mes potes de Skagen étaient plutôt cinéphiles… Mais moi non. Je n’y connais rien. Vraiment. Que dalle. Tous les classiques, faudrait que je les regarde en marathon un jour car ma culture de ce côté est plus que vide. Ce n’est pas forcément une honte mais quand les gens commencent à dire « Mais si, quand Chaplin fait son discours dans Le Dictateur et que… » ou « Haha, nous refais pas la scène de la douche à la Psychose parce que… », je fuis… ou je me tais et j’acquiesce (je ne sais pas trop quoi d’ailleurs) et ça passe.

Mais voilà. Faudrait que ça change. La seule chose que j’ai bien regardé ce sont les Miyazaki parce que Beyla a eu sa période et c’était agréable ces films d’animations. Cela m’a donné un bon goût du Japon même si… même là-dessus, je reste une brêle. Enfin… Ce que je veux dire c’est que quand on m’a parlé des cours de M’sieur Robbins, je me suis dit que ce serait peut-être l’occasion. Bon, au début, j’avais un peu peur car sa réputation le précédait… Mais finalement, c’est franchement cool. Bon, il vaut mieux ne pas être surpris par ces réactions théâtrales (si ce n’est filmiques à ce niveau) mais maintenant que je sais comment il fonctionne, je profite juste et j’apprends. Dans la classe, dans l’ensemble, ils sont plutôt calés dans leur sujet et rien qu’écouter les élèves et M’sieur Robbins échanger : c’est super enrichissant ! Mais bon, je me suis promis que j’allais participer en classe : vu que je vois et que j’apprécie les films que le prof nous donne, autant partager moi aussi, non ? Même si ce ne sera pas aussi brillant…

Quand M’sieur Robbins arrive, j’arrête de discuter avec Ansel, redevenant l’élève sérieux que j’ai toujours été. Le silence se fait peu à peu, après qu’il est martyrisé un livre contre le bois du bureau. J’acquiesce à sa première phrase, bien trop sensible à ce regard qui nous épie. Oui, j’ai regardé Le Dernier Samouraï : si me poser devant deux heures épiques est un devoir, je veux bien en faire comme ça tous les jours ! Je souris doucement : il semble prendre cela très au sérieux en tous cas. Et je me réjouies qu’il nous l’ait donné ce film car j’étais vraiment passé à côté de quelque chose. J’agrandis un peu mes yeux verts même si je ne bouge pas quand il nous balance des répliques du film, règle en main. J’avale ma salive, clignant quelque peu des yeux. Okay, il prend vraiment ça au sérieux. Tout de suite, je l’imagine suivre le Bushido et partir combattre des Japs… et je hais immédiatement mon imagination qui me renvoie un film bien différent de celui que j'ai vu. Si Tom Cruise était étonnement (et agréablement) crédible, Stephen Robbins en ‘ricain pur et dur devenu samouraï ne me le semble pas du tout (mais qui sait ?).

Je regarde les autres après qu'il nous ait donné la parole et, timidement, je lève la main. Je racle ma gorge et commence à m’exprimer : « J’ai… j’ai bien aimé le film. Mais encore ? Il a dit au feeling mais aussi analyse. Je tente donc : J’ai trouvé qu’il y avait un bon traitement des couleurs entre… Entre les couleurs plutôt grises et sombres pour l’Occident et les Japonais occidentalisés… Le Japon s’industrialise et ça se voit par une atmosphère assez lourde et négative… ou effacée et comme déjà poluée. Face à l’attaque dans la forêt – aux teintes bleues – qui donnent un effet d’irréel assez intéressant. Les ombres des samouraïs apparaissant comme sortant d'un rêve. Et enfin… les couleurs plus naturelles et vives dans le village de Katsumoto… Les champs de riz… le jardin et les fleurs… Et la scène où Algren s’entraîne avec le ciel orange. Il y a beaucoup de vie qui s’en dégage. Le spectateur est naturellement porté vers ce retour à la nature, aux traditions. Message même du film. » Je toussote. Voilà voilà. Maintenant, laissons les autres dirent des choses plus pertinentes. Enfin, au moins, j’aurais tenté de dire un truc… Même si j’ai adoré le film et ce qu’il défend, appréciant beaucoup le Japon et ses traditions (grâce à Miyazaki, je vous ai dit), je ne pense pas trop être doué pour « analyser un film ». J’espère que M’sieur Robbins tirera de mon intervention quelque chose… Ou je me ferai aussi petit que son don le permet.