broken hope

La mort fait partie des choses inévitables de la vie. Tu étais bien placée pour savoir que la vie ne tenait qu'à un fil. Pourtant, tu croyais encore pouvoir vivre normalement. Pouvoir grandir, vieillir, auprès d'une nouvelle famille. Enfin ça, c'était avant. Avant que tu apprennes qu'Aiden était parti. Sa mort t'avait laissé un goût amer, la vie était si injuste. Si prêt du but.

Tu avais enfin repris goût à la vie. L'idée même de fonder à nouveau une famille t'avait effleuré l'idée. Cependant, cette fois-ci, tout était bien fini. Tu aurais bien tout lâché, tu aurais bien lâchement abandonné cette promesse que tu avais faite à Ethan... Mais tu ne pouvais tout simplement pas. Tu accordais trop d'importances à ces choses là.

Partir. Loin , très loin. L'idée t'avait effleuré l'esprit. Disparaître, s'engouffrer dans les ténèbres. Ne serait-ce pas plus mal ? Un Monde sans douleur, sans immortalité, ou tu n'aurais pas l'impression de te noyer dans ta propre tristesse, dans la complexité de tes sentiments. Tu ne comprenais rien. Tu voulais sauter de ce toit, en finir, rejoindre tes proches. Mais tu n'y arrivais pas, tu n'en avais tout simplement pas le courage. L'être-humain est si compliqué, Cassandra. Tu te mures dans ta souffrance, tu la cache, et c'est cela qui te fait le plus souffrir, car tu n'as personne pour te réconforter. Tu sais tellement bien jouer la comédie, tu sais tellement bien faire semblant. Un sourire, de l'optimiste et ton entourage pense que tout va bien. Cependant, les choses sont bien plus compliquées.

Inspiration, soupir. Tu ne sais plus quoi faire. Tu t'éloignes du bord car, de toute façon tu ne sauteras jamais. Pour toi le suicide est un acte lâche, et puis de toute façon tu avais promis à ton défunt mari de ne jamais en finir ainsi. Et qui sait à quel point les promesses étaient importantes pour toi. Néanmoins, privée de ta liberté de mourir naturellement, quels autres choix s'offraient à toi ? Aucun, à part le suicide, ou la malchance. Tu avais abandonné l'espoir de changer de pouvoir. Cet élève ne viendrait jamais à toi.

La seule chose qui pouvait te réconforter dans ces moments-là, c'était la musique. Bien que tu n'avais jamais ressentie une tristesse comme celle-ci. Tu sortis délicatement ton violon de son étui, avant de le poser doucement sur ton épaule, avec un léger sourire. Ton regard se lève vers le ciel étoilé, parce que s'il devait être quelque part, c'était bien ici :

▬ Ethan... Ne m'en veux pas, mais pour une fois... Je vais dédier ma musique à Aiden.

Tu posas l'archer sur les cordes de l'instrument avec le plus grand soin. Ce violon, cadeau d'Ethan, était tellement précieux à tes yeux. Tu te rappelais de cette mélodie, celle qu'il avait jouée lors de votre rencontre. En bonne musicienne, tu savais un peu près rejouer une musique que tu avais entendue au moins une fois. Alors, tu t'efforças de lui rendre hommage, tentant de la reproduire à l'identique.

Tes doigts glissent avec grâce sur les cordes, tandis que l'archer leur offre une valse. Le vent te berce, alors que quelques larmes viennent perler au coin de tes yeux. Une fois la mélodie terminée, tes bras tombent le long de ton corps. Tes iris se perdent à nouveau dans le ciel étoilé :

▬ Désolée, c'était pas terrible... Fis-tu, hatelante. Mais j'espère que ça t'a plu quand même

Tes mains viennent cacher ton visage. Bientôt, ce fut un flot de larmes qui vint inonder ton visage poupin. La mort est une chose tellement difficile à accepter. On ne s'en remet jamais. Les sourires peuvent revenir, les larmes peuvent disparaître, mais la blessure que cause cette chose funeste ne guérira jamais. Le manque ne sera jamais comblé. Et ça, tu l'as appris au fil des siècles. Tu t'en remettras probablement Cassandra, avec le temps, cette chose dont tu ne manqueras jamais.



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Tes pleurs ne cessent pas, les larmes coulent indéfiniment. Il était tellement de de perdre quelqu'un, et encore plus compliqué de se dire qu'on ne le reverra plus jamais. On ressasse les souvenirs, tentant vainement de se dire que tout était un rêve, que la mort ne peux pas survenir comme cela. Mais, tout ce que l'on fait, c'est se voiler la face. La mort survient toujours quand on s'y attends le moins. Tout peut dégénérer en l'espace de quelques jours. Et, le plus dur dans le deuil, c'est de réaliser que cette personne est partie pour toujours. On s'en remet, de ce terrible sentiment. Toutefois, un manque, un vide se fera toujours ressentir.

Ton regard se tourne vers le jeune homme qui s'est avancé vers toi. Tu te sentais tellement mal que tu ne te souciais même pas du fait qu'il avait pu t’entendre jouer. Chose qui, d'habituel, te faisait perdre tout tes moyens. Tu essuyas d'un revers de main les larmes qui sillonnaient sur ton visage, avant de croiser le regard du jeune. Il avait l'air perdu, et un air triste se lisait sur son visage. Même au plus mal de ta forme, tu te sentais obligé d'aider les autres :

▬ Ah oui ? Fis-tu, avant de passer tes mains dans ton dos. Elle rend mieux au piano, et l'auteur de cette partition la joue beaucoup mieux que moi.

Tu n'as jamais eu beaucoup d'estime que toi-même, tu essayes de sourire légèrement au pensionnaire, afin de le rassurer, de le mettre en confiance :

▬ Tu as l'air perturbé, quelque chose te tracasse ?

Tu ne te doutais pas que tout était lié à son pouvoir. L'aura qui s'émanait de toi n'était sûrement pas agréable à sentir. Tu étais murée dans ta souffrance, prisonnière des sentiments qui tu intériorisais depuis déjà bien trop longtemps. Ta peine était enfermée dans un si petit corps, peut-être que ce dernier allait finir par céder ? Et que tu allais chuter, encore et encore, au plus profond du désespoir. Tu étais un peu l'esclave de ton don, il te forçait à subir tant de choses douloureuses, la mort, encore et toujours cette chose funeste. Elle te collait presque à la peau. Et tu ne pouvais t'en défaire, tu ne pouvais t'échapper. Parce qu'il te retrouverait toujours. Même en te construisant une forteresse, une coquille froide pour ne plus t'attacher à personne, pour ne plus attirer le regard des autres, afin d'éviter de subir à nouveau une perte, la faucheuse continuera à te prendre ce que tu as de plus cher. Tu savais que tu devais arrêter de t'attacher aux gens d'ici et pourtant tu continuais. Et la mort était ta peine, ta sanction. Et tu étais une récidiviste en la matière, tu continuais d'aimer, alors que tu savais ce qu'il en coûtait. Tu voulais juste satisfaire cette vieille promesse, ne pas qu'il s'inquiète pour toi de la-haut. Ta liberté de mourir naturellement t'avait été enlevé, était-ce une raison pour tout abandonner définitivement ? Parfois, il t'arrivait de penser que oui. Et tu t'en voulais, parce qu'Ethan n'aurait jamais voulu ça. Mais quel délit avais-tu bien pu commettre pour être condamnée à vivre ainsi ? Était-ce la faute de ce souhait égoïste que tu avais formulé dans ta jeunesse ? Tu n'aurais pas du vivre bien longtemps, tu étais malade. Alors tu avais demandé à vivre, suffisamment longtemps pour ne pas faire souffrir tes proches. Était-ce ta punition pour avoir formuler un vœu aussi égoïste ?

▬ On peut parler si tu veux, cela fait toujours du bien de libérer son cœur.

Un conseil que tu devrais également prendre pour toi Cassandra.



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